Il était une fois Lurdo & Sygbab, deux internautes passionnés de séries tv et de cinéma, et qui cherchaient un endroit où archiver leurs avis (semi) éclairés...
Pendant une semaine, comme chaque année, les Téléphages Anonymes fêtent l'Irlande à l'occasion de la Saint Patrick, le 17 mars !
Le Dragon de mon père (My Father's Dragon - 2022) :
Après des années idylliques passées dans l'épicerie familiale de leur village, Elmer (Jacob Tremblay) supporte assez mal la nouvelle situation de sa mère (Golshifteh Farahani), qui peine à vivre de son maigre salaire en ville. Il fuit bientôt leur minuscule appartement citadin et, suivant un chat étrange, il s'embarque dans une aventure improbable qui l'emmène à l'autre bout du monde, sur une île maintenue à flots par un jeune dragon, Boris (Gaten Mararazzo), capturé par un peuple de primates dirigés par Saiwa (Ian McShane)...
Nouveau film d'animation, pour Netflix, du studio d'animation à l'origine de Brendan et le secret de Kells, du Chant de la mer, et du Peuple-loup, ce Dragon de mon père se débarrasse de ses atours celtiques et irlandais pour adapter un livre pour enfants de 1948 globalement inconnu chez nous, et en faire un récit d'aventure métaphorique plutôt réussi visuellement, mais avec nettement moins de charme que les œuvres précédentes du studio.
C'est tout sauf mauvais, attention : la technique est toujours au rendez-vous, la musique aussi, c'est inventif et spectaculaire, et le doublage, s'il est polarisant (Netflix oblige, on a droit à une distribution vocale nettement plus diverse et internationale, de Whoopi Goldberg à Gaten Matarazzo en passant par Judy Greer, Charlyne Yi, Golshifteh Farahani, Rita Moreno, etc, avec des accents qui s'éparpillent), est compétent... mais l'histoire est relativement inégale, tour à tour brouillonne, simpliste, superficielle ou générique. Et l'artifice de la narration justifiant le titre est sous-développé au point de paraître rajouté à la dernière minute.
Résultat, je n'ai pas franchement accroché à ce récit et à ses enjeux limités, tout en reconnaissant la maîtrise technique du tout.
3/6
--
Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de tous les films passés en revue sur ce blog dans le menu Index de haut de page, ou en cliquant directement sur ce lien (000-1000) et sur celui-ci (1001-2000)...
Série d'animation japonaise en 7 épisodes de 20-25 minutes, Dragon's Dogma adapte les grandes lignes du jeu de Capcom de 2012, pour en faire un programme sérialisé axé autour des 7 péchés capitaux...
Dragon's Dogma (2020) :
Lorsqu'un dragon attaque la ville où vit Ethan et sa femme enceinte, c'est un véritable massacre. Ethan, cependant, s'en sort miraculeusement, car le dragon en question a décidé de lui dérober son cœur, faisant du jeune veuf un Insurgé. Désormais animé d'une soif de vengeance inextinguible, Ethan part alors en quête de l'antre du dragon, accompagné d'un Pion, une jeune femme froide et impassible, entièrement dévouée à l'aider dans son aventure...
Une mini-série Netflix de 2020 dont je suis ressorti assez mitigé, principalement pour son aspect visuel très inégal : autant les scènes d'actions sont ultra-dynamiques et spectaculaires, autant les monstres sont tous en 3d intégrée plus ou moins à l'animation 2d, et les personnages ont quelque chose de raide et d'artificiel qui tire fréquemment le tout vers le bas.
Ajoutez à cela un développement très superficiel de ces mêmes personnages, dont on suit les aventures d'épisode en épisode (un format "l'aventure de la semaine" pas désagréable, d'ailleurs), mais qui ne semblent vraiment n'évoluer que par à coups (soit trop brutalement soit trop subtilement, mais jamais de manière plausible), ainsi qu'une conclusion somme toute prévisible du parcours d'Ethan, et voilà, il y a de quoi être un peu déçu.
Pas trop, non plus, parce que le programme propose un récit de fantasy typique, mais plutôt divertissant à suivre : le côté épisodique est agréable, et les interprétations des 7 péchés capitaux globalement intéressantes, à défaut d'être toujours bien développées ou d'être particulièrement originales et subtiles.
Ici, une histoire de Cyclope et de villageois qui lui font des sacrifices ; là, une horde de gobelins violeurs et Ethan qui se fait chauffer par une blonde esseulée (première dose de nudité gratuite !) ; ailleurs, un village de drogués cachés dans une grotte, traqués par une hydre ; ou encore une liche et son trésor ; une succube totalement expédié après avoir rempli le quota nudité (15 minutes à peine d'épisode, comme si les scénaristes ne savaient pas quoi faire d'autre que "Ethan se fait draguer par une succube, mais les flashbacks de son épouse décédée l'empêchent de céder à la tentation" ; et puis la toute fin, un long boss fight contre le dragon, plutôt spectaculaire, mais à l'issue, comme je disais, un peu trop prévisible.
Au final, de par la durée limitée du programme, ce Dragon's Dogma passe sans trop de difficultés le cap du visionnage, mais a probablement trop de défauts pour être réussi.
Pas un désastre, en somme, mais rien non plus qui mériterait de se relever la nuit.
---
Retrouvez aussi toutes les autres séries passées en revue sur ce blog en cliquant ici.
Sitcom en une saison de 10 x 25 minutes, Blockbuster est chapeauté et écrit par une ancienne de Superstore et de Brooklyn 99, et se concentre sur le personnel du dernier magasin de la chaîne Blockbuster, ancien géant des vidéoclubs américains éliminé par la concurrence du Web et des plateformes de streaming.
Un postulat qui donne lieu à une sitcom de bureau très familière, probablement trop, puisque le programme a été refusé par NBC, puis annulé par Netflix moins d'un moins après la diffusion, dans l'anonymat le plus total, de cette première saison...
Blockbuster, saison 1 (2022) :
Lorsqu'il apprend qu'il est désormais le gérant du tout dernier magasin Blockbuster encore en fonction, Timmy Yoon (Randall Park) décide de tout faire pour que son magasin survive, ainsi que tout ses employés : Eliza (Melissa Fumero), pour qui Timmy a un faible, Connie (Olga Merediz), l'employée la plus âgée du magasin, Carlos (Tyler Alvarez), jeune apprenti réalisateur, Hannah (Madeleine Arthur), jeune femme un peu naïve et lunaire, et Kayla (Kamaia Fairburn), la fille de son meilleur ami Percy (JB Smoove), qui tient un magasin voisin et est le propriétaire du centre commercial...
Et honnêtement, après visionnage de cette première saison, il n'est pas difficile de comprendre pourquoi le programme a rapidement été annulé.
La saison 1 de Blockbuster n'est pas désastreuse, sa distribution est plutôt sympathique, mais tout, dans la série, semble recyclé d'autres œuvres, et l'on se retrouve avec une workplace comedy sans la moindre identité, où l'environnement de travail (le vidéoclub) de donne lieu qu'à quelques vannes et références cinématographiques, qui pourraient tout aussi facilement être remplacées par autre chose, en changeant de type de magasin.
Blockbuster est donc ultra générique et formaté, avec (comme Superstore) son épisode d'Halloween et son épisode de Noël ; la série oublie son thème de l'importance du contact humain en cours de route, et ne se mouille jamais trop sur la responsabilité de Netflix et d'Amazon dans la fin des vidéoclubs et autres magasins de ce type (quelques vannes dans le pilote, et c'est tout) ; elle repose sur une étrange nostalgie pas très probante pour ces vidéoclubs, nostalgie qui fonctionne encore moins bien de notre côté de l'Atlantique.
Ajoutez à cela un accent bien trop fort mis sur la tension sexuelle/romantique entre Timmy et Eliza, un shippingwill they/won't they qui en vient à phagocyter ces dix premiers épisodes, et des sous-intrigues parallèles pas très marquantes ou intéressantes, et l'on se retrouve bien avec une sitcom de bureau globalement anonyme et anecdotique.
Tout au plus peut-on en retenir la relation de Percy et Kayla, plutôt touchante, mais même là, ça ne va pas bien loin (d'autant que Percy est un personnage assez peu sympathique, en soi).
---
Retrouvez aussi toutes les autres séries passées en revue sur ce blog en cliquant ici.
Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine, et des critiques d'une vingtaine de lignes, tout au plus.
Guillermo Del Toro's Pinocchio (2022) :
Né de la magie d'un être surnaturel (Tilda Swinton) et du travail de Geppetto (David Bradley), menuisier encore traumatisé par la mort de son fils Carlo lors de la première Guerre Mondiale, le petit Pinocchio (Gregory Mann), marionnette en bois doué de parole et de mouvement, découvre l'Italie fasciste des années 30, aidé par sa "conscience", un criquet nommé Sebastian (Ewan McGregor)...
Après le Pinocchio raté de Disney, je ne peux pas dire que j'étais très motivé à l'idée de revoir une autre version du même récit, même chapeautée par Guillermo Del Toro (coréalisateur avec Mark Gustafson) à partir des illustrations de Gris Grimly.
Et puis finalement, la magie de l'animation image par image et du savoir-faire de tout ce petit monde a opéré, notamment au travers d'un récit qui évite une bonne partie des poncifs du Pinocchio traditionnel, pour l'intégrer à une fable sur la mortalité, le fascisme, la religion, le pardon et la paternité... entre autres.
D'un point de vue technique, ce Pinocchio est un travail remarquable d'animation manuelle, de designs intéressants (même si les deux Esprits de la nature sont presque trop typés GDT pour leur propre bien), de choix scénaristiques audacieux (remplacer l'Île aux Plaisirs par un camp d'entraînement pour les jeunesses mussoliniennes, c'est osé), de doublage impeccable (McGregor est excellent) et de décisions créatives intéressantes.
GDT et Patrick McHale (le créateur de Over the Garden Wall) changent subtilement les personnages, pour les écarter des archétypes usés qu'ils incarnent habituellement, entre Geppetto le père éploré et alcoolique, furieux contre Pinocchio qui lui rappelle constamment son fils, Sebastian Crisket l'aventurier revenu de tout et pensant tout savoir sur tout, mais qui passe tout le film à être dépassé par les évènements, Spazzatura, le singe assistant/victime de Volpe, qui remplace ici le Chat, Pinocchio, à l'immortalité fascinante et au caractère anarchique se mariant mal à la rigidité fasciste de Mussolini.
Ils changent aussi le déroulé des évènements les plus connus, se rapprochant parfois du récit original, y faisant des allusions plus ou moins directes (les lapins squelettiques qui travaillent pour la Mort), et à d'autres moments collant un peu plus à la version Disney (léger bémol, le grand final avec Monstro la baleine aurait pu être lui aussi réinventé en profondeur), et concluent le tout sur une note assez déprimante, celle de l'évocation de la mortalité de chacun...
Après, tout n'est pas parfait dans cette relecture assez sombre du récit de Collodi : la bande originale d'Alexandre Desplat est, comme souvent, trop subtile, trop en retrait, et ses chansons (pour une raison inexpliquée, le film est aussi une - très timide - comédie semi-musicale) sont franchement ratées pour la plupart, des embryons de mélodies jamais développées ou abouties.
Et l'on pourrait aussi critiquer un peu le rythme fluctuant du récit, qui occasionnellement se perd un peu dans son contexte historique.
Mais dans l'ensemble, cette version en stop motion est à des kilomètres au-dessus de la version récente de Disney, et de la plupart des versions de Pinocchio produites depuis 1940. Ce qui est une bonne chose, surtout quand c'est le produit d'un travail passionné et impliqué d'un cinéaste aussi créatif que GDT.
4.5/6
--
Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de tous les films passés en revue sur ce blog dans le menu Index de haut de page, ou en cliquant directement sur ce lien (000-1000) et sur celui-ci (1001-2000)...
À peine eu le temps de passer en revue la saison 2 de la série que la saison 3 est arrivée sur Netflix au moins de novembre dernier, pour 11 épisodes au format nettement plus variable que précédemment, avec notamment une prépondérance de double-épisodes, et un épisode spécial Noël dépassant les 25 minutes.
Le Cuphead Show ! - saison 3 (The Cuphead Show, season 3 - 2022) :
À nouveau, une saison mi-figue mi-raisin, qui part un peu dans plein de directions plus ou moins convaincantes, avec cependant une présence plus importante du Diable et de Chalice, principalement dans la seconde moitié de la saison.
Le début de saison, en effet, est un peu anecdotique, avec un épisode qui résout le cliffhanger de fin de saison 2 de manière assez catapultée (Cuphead va chercher son frère en enfer, y sème la zizanie, et voilà...), et puis rapidement, ça retombe dans une certaine routine d'épisodes individuels de 7-8 minutes : les deux frères refusent d'ouvrir la porte à Baby Bottle, ils tentent de décrocher le rôle de Cup Rogers au théâtre, Cuphead s'improvise impresario de King Dice, etc.
Seule différence : le diable est plus présent, tentant lui aussi d'obtenir le rôle de Cup Rogers, puis infiltrant le foyer de Cuphead sous la forme d'un chat... jusqu'à l'arrivée des épisodes de Noël. Un premier épisode dans lequel Cuphead et Mugman tentent de trouver un arbre de Noël, puis l'épisode spécial Noël de 25 minutes, totalement centré sur le Diable.
Ce dernier tente ainsi de passer sur la liste des enfants sages du Père Noël, et finit par prendre la place de ce dernier pour effectuer la tournée de Noël. Plutôt joli visuellement, amusant, plein de clins d'œil à certains classiques festifs, des chansons - une réussite, en somme.
Et puis arrive la dernière ligne droite de la saison (trois épisodes), avec le retour de Chalice, une Chalice qui a droit à une origin story (assez moyenne)expliquant ses pouvoirs (elle a fait un pacte avec le diable), et qui est placée, en fin de saison, en face d'une décision de taille : sacrifier les âmes de Cuphead et Mugman, ou risquer d'être envoyée immédiatement en Enfer.
Malheureusement, si un peu plus de continuité est toujours une bonne chose, il faut bien avouer que les enjeux sont limités, et la manière dont Chalice se sort de cette situation (elle défie le Diable à un concours de danse, et finit par être sauvée par Cuphead au cours d'un jeu de pierre-feuille-ciseaux) semble un peu facile et catapultée, avec une Chalice qui se découvre soudainement une conscience (un développement de ce personnage jamais totalement mérité, la faute à une caractérisation globale assez sommaire).
À la fin de cette saison 3, donc, The Cuphead Show se trouve dans une situation bancale : la série est fascinée par son diable incapable et balbutiant, et lui consacre toujours plus de temps, mais il en résulte un manque total de menace et d'enjeux pour le reste des personnages.
On se retrouve donc avec un paquet d'épisodes unitaires sans grand intérêt à part un peu de slapstick brouillon, et avec quelques épisodes sérialisés sans réels enjeux. Alors certes, comme dans la saison précédente, dès que la série se donne le temps de respirer et de développer son monde dans des épisodes plus longs (ici, l'épisode de Noël), ça devient tout de suite plus intéressant, mais ce n'est clairement pas à l'ordre du jour de manière plus régulière... et c'est bien dommage.
---
Retrouvez aussi toutes les autres séries passées en revue sur ce blog en cliquant ici.
Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine, et des critiques d'une vingtaine de lignes, tout au plus.
You People (2023) :
Caucasien juif passionné de culture afro-américaine, Ezra (Jonah Hill) tombe amoureux d'Amira (Lauren London), fille d'un musulman noir radical, Akbar (Eddie Murphy), qui voit d'un mauvais œil cette union évoluant rapidement vers le mariage. Et tandis que Shelly (Julia Louis-Dreyfus), la mère d'Ezra, essaie de se rapprocher d'Amira (sans cesser de gaffer), Ezra, lui, tente de se faire accepter d'Akbar et de sa famille...
Aïe. Honnêtement, ce que j'ai vu de l'œuvre de Kenya Barris ne m'a jamais vraiment convaincu, entre son Shaft générique et plat, son The Witches insipide, son Prince à New-York 2 semblant tout droit sorti des usines de Tyler Perry (grand ponte du cinéma afro-américain pour afro-américains), son Black AF satirique mais très oubliable, et son Treize à la douzaine dont le couple mixte était un prétexte pour que le scénariste fasse une leçon de morale aux blancs sur la souffrance incommensurable du peuple noir/afro-américain face à l'oppression de la société (notamment via une scène assez surréaliste durant laquelle un footballeur noir richissime expliquait au personnage de Zach Braff, juif, sans argent, que ce dernier avait beau avoir une femme noire et des enfants métis, il ne comprendrait jamais ce que les noirs ont subi au fil des siècles, et qu'il ferait mieux de se taire - menant, naturellement, à de plates excuses de la part de Braff).
Ce You People, c'est un peu un Treize à la douzaine 2.0 en mode Mon beau-père et moi, en encore moins rythmé et drôle. Dans ce métrage Netflix de près de deux heures, Barris nous rejoue une partition très similaire, celle d'une famille juive aisée mais ignorante et maladroite, qui passe deux heures à se faire remettre en place par une famille noire radicale (Eddie Murphy interprète un membre de la Nation of Islam suprémaciste, antisémite, religieuse et nationaliste) dans une sorte de Jeux Olympiques de la souffrance.
Des Jeux Olympiques de la souffrance qui présentent ainsi une famille afro-américaine très agressive et cassante, aux arguments que le scénario ne remet jamais vraiment en question (au mieux, Ezra traite Akbar de connard et l'on apprend vaguement que tout comme Ezra, qui prétend savoir beaucoup de choses de la culture noire, Akbar est un peu aussi un poseur se prétendant plus "noir" et radical qu'il ne l'est réellement), et qui pousse constamment la famille juive à s'excuser d'être ignorante, avec, à la clef, leçons de morale didactiques de la part des personnages afro-américains du film.
C'est peut-être ça le problème le plus flagrant : malgré le fait qu'une romance est au cœur du récit, aucun des personnages du film n'est attachant (la famille d'Ezra est composée d'imbéciles bienveillants, la famille d'Amira de radicaux hargneux, Ezra est un ex-trader reconverti en podcasteur poseur), mais jamais les positions d'Akbar, de son épouse ou d'Amira (qui est présentée comme sans défaut de caractère, d'ailleurs) ne sont contrées, rejetées ou débattues - du moins, sans que Akbar et compagnie ne finissent par avoir raison.
Bref, le film est déséquilibré, très laborieux (la romance est sans grande alchimie, son déroulement est basique), jamais très drôle, il sous-exploite grandement certains acteurs (Nia Long ou Duchovny, par exemple), et son approche des thématiques raciales est tellement manichéenne et hyperbolique (en plus de ses aspects problématiques... et de l'utilisation répétée de Kanye West comme illustration musicale), qu'on en vient à se facepalmer fréquemment, surtout en tant que spectateur européen moins atteint par la white guilt qui imprègne la société américaine.
Et puis il y a cette forme un peu décousue, l'impression de scénettes semi-improvisées mises bout à bout comme autant de moments sitcoms, et reliés par des effets de montage et des transitions hip-hop.
Ça ne fonctionne pas, en somme, pas plus que la précédente comédie de mariage interracial Netflixchroniquée en ces pages.
1.5/6
--
Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de tous les films passés en revue sur ce blog dans le menu Index de haut de page, ou en cliquant directement sur ce lien (000-1000) et sur celui-ci (1001-2000)...
Après une première saison de 12 épisodes diffusée plus tôt cette année, et visuellement convaincante à défaut d'être particulièrement mémorable scénaristiquement (c'est là tout le problème de proposer une suite de petits épisodes anecdotiques et superficiels destinés à un public jeune, alors que le produit de base est un jeu vidéo dur et éprouvant destiné aux joueurs éprouvés et nostalgiques de l'animation des années 30), la série Cuphead revient déjà sur Netflix pour une saison 2 de 13 épisodes, diffusée en août dernier...
Le Cuphead Show ! - saison 2 (The Cuphead Show, season 2 - 2022) :
Et honnêtement, j'ai fréquemment eu l'impression que la série se cherchait toujours, entre épisodes indépendants de 8 minutes (génériques exclus) bourrés de slapstick frénétique et criard, trop souvent anecdotiques et oubliables au possible, et quelques tentatives narratives plus ambitieuses - l'épisode 03, notamment, d'une durée proche de 20 minutes, envoie Mugman et Cuphead sur l'océan, à bord d'un bateau pirate, pour aider un capitaine à retrouver l'amour de sa vie, Cala Maria la méduse géante (doublée par Natasia Demetriou de What We Do in the Shadows) : il y a des chansons, des hommages à d'autres œuvres, c'est moins hystérique que d'habitude, bref, c'est plutôt sympathique.
Parce qu'à part ça, difficile de retenir grand chose de cette saison, tant bon nombre d'épisodes sont des prétextes pour réutiliser des visuels du jeu (c'est honnêtement un peu tout le concept de la série : reprendre les noms et les visuels du jeu pour en faire quelque chose de totalement différent).
Des épisodes qui, bien souvent, tiennent en une phrase : M&C s'évadent du pénitencier, M&C se disputent et chacun tente de trouver un remplaçant à l'autre, M&C visitent Candyland, M ne supporte plus la musique de la camionnette du vendeur de glaces, M & C apprennent le piano, M&C font une photo de famille, ou encore l'épisode de Werner, le rat teuton qui annexe la maison de Kettle "parce que les frontières ne sont pas fermées la porte n'est pas fermée" (tandis que Kettle répète encore et encore que laisser les frontières ouvertes la porte ouverte, c'est inviter tous les parasites, les mouches clochardes et les rats à entrer et à piller les réserves de nourriture de la maison).
Peu probable que les scénaristes aient voulu faire passer là le moindre message (c'est simplement un portage du boss du jeu, à la base), mais l'épisode pouvant être interprété sous divers angles radicalement opposés (certains plus problématiques que d'autres), difficile de ne pas en sortir sans lever un sourcil dubitatif.
Quant au côté continuité, il est à nouveau très peu présent. Comme je le mentionnais, M&C s'échappent du pénitencier en début de saison, se font embarquer juste ensuite dans une folle escapade par Chalice, qui révèle alors être capable de devenir un fantôme (?)... mais qui disparaît aussitôt pendant tout le reste de la saison, ne faisant son retour que dans l'épisode 09, un épisode de chasse aux fantômes.
Le diable (incompétent), lui, réapparaît dans l'épisode 08, un peu plus long, et convoque ses pires démons pour vaincre M&C, puis dans l'ultime épisode de la saison, pour kidnapper Mugman en échange de sa fourche, dérobée par Cuphead.
Une fin en cliffhanger, pour une saison qui ne change guère : on sent, au travers de certains clins d'œil ou d'éléments de récit, que l'équipe créative connaît et respecte ses classiques, mais le tout se marie étrangement mal au rythme et à l'animation modernes de la série, et au postulat récurrent "Mugman et Cupman sont frères, ils se disputent tout le temps, c'est trop drôle".
Ça plaira probablement aux plus jeunes (qui sont la cible de la série), les adultes resteront plus dubitatifs.
---
Retrouvez aussi toutes les autres séries passées en revue sur ce blog en cliquant ici.
Pendant deux semaines, à l'occasion de la Saint Valentin, place aux grands sentiments et à la séduction, avec des critiques quotidiennes de films romantiques...
Une vie ou l'autre (Look Both Ways - 2022) :
Étudiante texane passionnée de dessin, Natalie (Lili Reinhart) a intégralement planifié les cinq prochaines années de sa vie et de sa carrière dans l'animation, mais une aventure d'un soir avec Gabe (Danny Ramirez), son meilleur ami, change tout, alors qu'elle soupçonne soudain être enceinte. Et tandis qu'elle attend le résultat de son premier test de grossesse, elle s'imagine deux existences : la première en mère célibataire vivant avec ses parents et délaissant ses ambitions professionnelles, l'autre en tant qu'animatrice à Los Angeles, avec sa meilleure amie Cara (Aisha Dee), et son nouveau collègue, le séduisant Jake (David Corenswet)...
Mouais. Une comédie semi-romantique Netflix qui lorgne fortement sur Pile ou Face (1998) et sur Et si on le gardait ? (1988), présentant ainsi deux réalités parallèles dépendant d'un choix tout sauf innocent en ces temps de recul des droits en matière de l'avortement aux USA : garder ou pas un bébé non dési- ah, mais on me fait signe que ce n'est pas du tout le sujet du film, qui botte honteusement en touche à ce niveau.
Visiblement, en effet, chez Netflix, on aime montrer que l'on est socialement engagé ("regardez, la meilleure copine de l'héroïne est une lesbienne afro-américaine, et le père de son enfant est latino, on est woke !"), on aime se prétendre "pro-choice" (un personnage le dit texto dans le film - "je suis pro ton choix !"), mais quand ce choix (l'avortement) n'est même pas évoqué plus de 3 secondes (et encore, il ne l'est qu'à mots couverts !), et certainement jamais envisagé sérieusement par les personnages, ça affaiblit considérablement ce message.
Un message qui se résume donc ici à "que l'on préfère sa carrière à une vie de famille épanouie, ou l'inverse, tout finit par s'arranger, il suffit de faire preuve de volonté et de ne jamais baisser les bras pour que le destin se charge de vous offrir une happy end".
Avec d'un côté une héroïne carriériste animatrice à succès et amoureuse d'un collègue tout aussi carriériste, et l'autre côté une héroïne mère de famille animatrice à succès et amoureuse du père musicien de son enfant. Deux résultats supposément équivalents, mais qui semblent tout de même un peu déséquilibrés.
La magie du cinéma, en somme, qui évacue habilement toutes les difficultés et les détails problématiques du statut de mère célibataire (argent, absence de temps libre, post-partum) en quelques lignes de dialogues, pour présenter d'un côté un parcours assez idéalisé et accéléré à son personnage principal (et de l'autre une rom-com générique et très classique).
Le tout mâtiné de tout un propos sur l'industrie du cinéma d'animation (ça sent bizarrement le vécu), et de coïncidences bien pratiques qui font qu'au final, on finit presque par lever les yeux au ciel quand tout s'arrange à la fin. Bref, Look Both Ways apparaît comme un film ultra-consensuel, frustrant, qui évite délibérément de prendre ses spectatrices (et spectateurs) à rebrousse-poil et de sortir d'une vision fantaisiste de la réalité, et qui dure trop longtemps pour son propre bien (près de deux heures).
2.75/6 (parce que la distribution est sympathique)
--
Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de tous les films passés en revue sur ce blog dans le menu Index de haut de page, ou en cliquant directement sur ce lien (000-1000) et sur celui-ci (1001-2000)...
La franchise The Witcher de Netflix est actuellement dans une situation problématique : les deux saisons de la série-mère n'ont pas convaincu, Henry Cavill a annoncé son départ au terme de la saison 3, et les coulisses de la franchise semblent parasitées par des conflits d'égo, révélés par un ancien scénariste (celui du spin-off animé et du meilleur épisode de la saison 2) regrettant le fait qu'une bonne partie de l'équipe créative de la série n'avait aucune connaissance des ouvrages originaux ou des jeux, s'en moquait ouvertement, et était uniquement là pour remplir son CV... ce qui n'est pas forcément surprenant lorsque l'on sait comment fonctionne Netflix.
Et puis il y a ce spin-off, une préquelle en quatre épisodes (initialement six épisodes, avec une actrice principale différente) à la genèse compliquée, confiée à un scénariste d'Iron Fist et de The Witcher, et qui a été très mal reçue par la presse et le public à sa sortie, en décembre dernier. Reste à voir si cette mauvaise réputation se confirme au terme du visionnage de ces (quatre heures de métrage... ???)
The Witcher - L'héritage du sang (The Witcher : Blood Origin - 2022) :
Pour contrer la menace croissance du mage Balor (Lenny Henry), qui tente de maîtriser la magie du chaos pour ouvrir des portails et conquérir d'autres mondes, un groupe d'elfes s'unit bon gré mal gré et tente de sauver son monde : Fjal (Laurence O'Fuarain), un guerrier tombé en disgrâce ; Éile (Sophia Brown), ancienne assassin devenue barde itinérante ; Scian (Michelle Yeoh), sa maîtresse d'armes ; Syndril (Zach Wyatt), le mage ayant découvert les portails magiques vers d'autres mondes ; Zacaré (Lizzie Annis), son âme-sœur à la jambe handicapée ; Callan (Huw Novelli), un mercenaire ; et Meldof (Francesca Mills), une naine éprise de vengeance contre les elfes...
Et effectivement, au visionnage de cette seule et unique saison, on comprend vite 1) que la production a été problématique, et 2) pourquoi le tout a été assez mal reçu.
Dès les premiers instants, avec cette introduction bancale qui voit une métamorphe (Minnie Driver) raconter à un Jasquier un peu bouffi les événements de cette mini-série (une narration qui se poursuit en voix off pendant toute la saison, et ce de manière très maladroite), on devine qu'il s'agit là d'une énorme rustine de post-production, servant à cacher des coupes franches dans ce récit très "les Sept mercenaires".
Et tout au long de la saison, il en va de même : les personnages (à la diversité très Netflix, y compris une sourde-muette utilisant la langue des signes américaine) sont sous-développés, ils se rencontrent de manière totalement artificielle, "par pure coïncidence", leurs relations évoluent par à coup, jamais organiques, le worldbuilding est encore plus catapulté et sommaire que dans la série-mère, bref, l'écriture est sérieusement insuffisante, bourrée de clichés, et pas aidée par le remontage sommaire en post-production.
En prime, le tout réécrit un peu les origines des Witchers (à l'origine, un moyen désespéré pour les humains d'avoir une chance de se battre contre des créatures magiques dans un nouveau monde inconnu et hostile, ici, un bref rituel elfe conçu pour permettre aux sept mercenaires de tuer un unique monstre amené par un sorcier ambitieux), invente un toutéliage bancal avec Ciri, force une histoire d'amour très plate, et enrobe le tout de chansons folk assez médiocres (ainsi que d'une bande originale de Bear McCreary qui lorgne très fortement sur son Black Sails).
Et puis il y a de toute façon un problème de base, récurrent à cette incarnation du Witcher : la société elfe n'a aucune personnalité. Les elfes sont tout simplement (visuellement et dans leur écriture) des humains avec des oreilles pointues, insipides et génériques, et leur société ressemble à du sous-Game of Thrones, une impression encore renforcée par les jeux de pouvoir sur lesquels les scénaristes se concentrent ici, avec cette jeune Impératrice trop ambitieuse. C'est générique et quelconque, et ça, c'est un souci qui remonte aux deux premières saisons de la série-mère.
Au final, cette mini-série tombe effectivement à plat : effets spéciaux plus fauchés, écriture bancale, personnages peu mémorables (exception faite de la naine, très sympathique et attachante, et dont l'interprète méritait mieux), et rustines permanentes pour dissimuler la production chaotique (post-synchro évidente sur des plans larges, coupes maladroites, montage bancal), on se retrouve avec une mini-série à oublier rapidement, et qui n'apporte clairement rien de positif à l'univers du Witcher de Netflix.
---
Retrouvez aussi toutes les autres séries passées en revue sur ce blog en cliquant ici.
Une unique saison de six épisodes de 20 minutes, conçus en coproduction avec BioWare : voilà le contenu de cette première fournée de Dragon Age : Absolution, production Netflix prenant place dans l'univers des jeux vidéo Dragon Age, et tentant de faire le pont entre le précédent jeu DA, et le prochain.
Dragon Age - Absolution, saison 1 (2022) :
Un groupe d'aventuriers - Miriam (Kimberly Brooks), une voleuse elfe au passé d'esclave ; Hira (Sumalee Montano), son ex-compagne mage de l'Inquisition ; Roland (Phil LaMarr), un mercenaire humain ; Qwydion (Ashly Burch), une mage Qunari ; Lacklon (Keston John), un nain grincheux ; et Fairbanks (Matthew Mercer) - tente de dérober le Circulum Infinitus, un objet mystique, des mains de Rezaren (Josh Keaton), l'un des sorciers qui étudient l'artefact...
Au programme, beaucoup d'action, mais aussi un développement des personnages et de leurs relations assez honorable pour 6 petits épisodes à ce point compressés : pour être totalement franc, étant absolument novice de l'univers Dragon Age, j'ai eu un peu de mal avec les premiers moments de la série, qui n'est pas franchement très facile d'accès pour les spectateurs non-familiers du lore de la franchse.
Qui plus est, j'ai rapidement levé les yeux au ciel en découvrant le protagoniste central de toute l'histoire, une elfette LGBTQ rebelle et caractérielle au sombre passé d'esclave, qui lui donne un caractère tourmenté, mais ne l'empêche pas d'être une tornade indestructible sur le champ de bataille.
Pas franchement le summum de l'originalité, mais quelque part, c'est un peu comme avec les personnages de Vox Machina : on est dans les clichés du medfan peu inspiré, dans de la création de rôliste peu originale, et il faut faire avec.
Tout comme il faut faire avec une diversité assez maladroite et avec un style graphique typiques de Netflix...
Heureusement, après quelques épisodes de mise en place, Dragon Age Absolution décolle plutôt bien, et s'avère finalement agréable à suivre, quand bien même le tout ne serait qu'une succession de scènes d'action. C'est visuellement réussi, dynamique, et assez pêchu, ce qui permet de bien faire passer la pilule quand arrive cette fin ouverte en forme de "à suivre dans le prochain jeu Dragon Age !".
Pas forcément une mini-série exceptionnelle, mais elle remplit son office.
---
Retrouvez aussi toutes les autres séries passées en revue sur ce blog en cliquant ici.
Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine, et des critiques d'une vingtaine de lignes, tout au plus.
Troll (2022) :
Lorsqu'un chantier dans une montagne norvégienne libère une créature de légende qui commence alors à arpenter le pays, semant la destruction sur son passage, seule Nora Tidemann (Ine Marie Wilmann), une paléontologue, sait à quoi ils sont confrontés : la Norvège doit faire face à un Troll de légende, comme l'avait prédit son père Tobias (Gard B. Eidsvold), pourtant toujours considéré comme un excentrique...
Ah, pourtant, je voulais l'apprécier, celui-là... J'ai toujours eu beaucoup de sympathie pour les mythes et le bestiaire norvégiens, et j'étais curieux de voir ce que Roar Uthaug (Tomb Raider) allait pouvoir nous concocter sur le thème du Troll. Mieux encore, l'accueil critique enthousiaste laissait présager de quelque chose d'amusant et d'original.
Et puis finalement, déception. Troll se contente d'être "Godzilla, mais à la sauce norvégienne", un film catastrophe ultra-basique et dérivatif qui accumule les poncifs du genre, et les dissimule à peine derrière des éléments mythologiques norvégiens... malheureusement, peu ou prou déjà utilisés dans le Troll Hunter d'André Øvredal, mais ici de manière moins ludique.
Bref, un blockbuster Netflix assez quelconque, qui n'a réellement pour lui que des effets spéciaux plutôt réussis, et qui frustre par son cruel manque d'originalité, d'imagination, de fantaisie et d'intérêt.
2.75/6 (peut-être un peu plus si on n'a jamais vu un Godzilla ou Troll Hunter)
--
Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de tous les films passés en revue sur ce blog dans le menu Index de haut de page, ou en cliquant directement sur ce lien (000-1000) et sur celui-ci (1001-2000)...
Épisode spécial Noël de cette série comique made in Netflix, qui plonge, dans chaque épisode, ses invités dans une enquête scénarisée qu'ils doivent résoudre, en improvisation totale, aux côtés d'un Will Arnett bien décidé à leur mettre des bâtons dans les roues.
Who Killed Santa ? A Murderville Murder Mystery (2022) :
Après une première saison de Murderville amusante mais très inégale (car reposant sur les talents d'improvisation des invités de chaque épisode et dépendant forcément des antécédents et de la spontanéité de chacun, voici donc une enquête à la durée XXL (50 minutes au lieu de la petite demi-heure habituelle), avec pour invités Maya Rudolph et Jason Bateman (et Pete Davidson, vers la fin), habitués de l'exercice de l'improvisation, et toujours très bons clients pour ce genre de programme.
Le résultat, c'est un épisode amusant, avec un Bateman pince-sans-rire qui se prête totalement au jeu et fait le con, tentant de faire rire un Arnett qu'il connaît très bien ; une Maya Rudolph qui en fait trois tonnes (sans surprise) et passe presque plus de temps à rigoler qu'à participer ; un Pete Davidson paumé mais qui joue le jeu ; et des invités qui décident de saboter totalement l'enquête à la toute fin en désignant des coupables WTF, ce qui provoque le fou-rire de tout le monde, y compris l'équipe technique hors-champ.
Un Christmas Special rigolo, en somme.
--
Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de tous les films de Noël passés en revue sur ce blog dans le cadre de la Christmas Yulefest en cliquant directement sur ce lien (classement alphabétique), ou celui-ci (classement saisonnier)...
À l'approche de Noël, la famille Claus part au ski, mais rapidement, la petite Noor (Amber Metdepenningen) découvre le secret que son frère Jules (Mo Bakker) et son grand-père Noël (Jan DeCleir) leur cache à tous. Une découverte inattendue qui va mettre en péril les fêtes de Noël, lorsque Noor met la main sur le globe magique de son grand-père, et que ce dernier finit dans une prison à l'autre bout du monde...
Le premier Famille Claus, film belge/flamand à l'écriture un peu approximative, m'avait laissé un peu indifférent. Le second, plus maîtrisé, m'avait paru un peu plus abouti. Pour ce troisième volet, c'est surtout sur un plan visuel que ça fonctionne bien : le métrage semble avoir augmenté son budget global, et visuellement, c'est très chaleureux, esthétique, et plutôt joli, malgré quelques incrustations sur fond vert un peu moyennes.
Parce que sur le front du scénario, pas de surprise : c'est toujours de l'à-peu-près, notamment en ce qui concerne le personnage du jeune skieur antagoniste, très caricatural et simpliste. À côté, on a les parents qui cherchent à se fiancer, la grand-mère alcoolique qui pousse au mariage (assez amusante), quelques quiproquos, le Père Noël dans une prison mexicaine bien caricaturale, et un jeune Jules à l'interprétation inégale : pas de quoi se relever la nuit en somme, d'autant qu'il se dégage de cet épisode un fort parfum de "on ne sait pas trop quoi faire pour ce troisième volet, tiens, si on envoyait les protagonistes en vacances", soit la grosse ficelle narrative systématiquement employée par les franchises en panne d'inspiration.
Mais malgré cela, cette Famille Claus 3 se regarde sans trop de problèmes, grâce à sa durée limitée, à ses décors enneigés très agréables (une station de ski française en lieu et place de l'Autriche), et à la petite Amber Metdepenningen, finalement assez sympathique, naturelle et attachante.
Pas meilleur que l'épisode 2, mais plus joli à regarder (et à écouter, aussi, la bande originale est aussi passée au niveau supérieur).
3.5/6
--
Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de tous les films de Noël passés en revue sur ce blog dans le cadre de la Christmas Yulefest en cliquant directement sur ce lien (classement alphabétique), ou celui-ci (classement saisonnier)...
C'est bientôt Noël : chez les Téléphages Anonymes, c'est l'heure du marathon de cinéma festif de la Christmas Yulefest, et ce jusque début janvier...
Scrooge - Un (mé)chant de Noël (Scrooge : A Christmas Carol - 2022) :
L'histoire désormais classique d'Ebenezer Scrooge (Luke Evans), vieillard acariâtre et avare, qui reçoit le soir le Noël la visite de quatre esprits venus le remettre dans le droit chemin...
Long-métrage d'animation produit pour Netflix à partir du film musical de 1970 de Leslie Bricusse (dont certains éléments, notamment musicaux, sont repris ici), et qui adapte à nouveau le Chant de Noël de Dickens, mais en mode comédie musicale assez médiocre, malgré les efforts de la distribution.
Déjà, parce que les chansons et numéros musicaux sont clinquants et simplistes, avec des paroles niaises et des mélodies oubliables, mais aussi parce qu'au niveau conceptuel, le film souffre de nombreux problèmes évidents : Scrooge a un gros toutou affectueux et sympathique hérité de Marley (ce qui élimine totalement la dimension "vieux grippe-sou isolé, égoïste et reclus" du personnage), une chienne comic-relief qui pète au visage de Scrooge ; l'exposition est balourde et sans subtilité aucune, avec des parallèles bien surlignés entre la vie de Scrooge et ce qu'il inflige désormais à autrui ; deux des trois fantômes sont affublés de sidekicks clairement conçus pour être trop mignons et plaire aux petits ; il y a quelques anachronismes de Noël ; le métrage tire à la ligne vers la fin, avec une conclusion rallongée...
Bref, si visuellement, c'est assez réussi, inventif (j'aime beaucoup le fantôme des Noël passés en cire) et spectaculaire, bien doublé, les ajouts inutiles et le côté comédie musicale du tout (pas le score en lui-même, assez solide, mais bien les chansons) tirent nettement le tout vers le bas, et c'est bien dommage.
3/6 (pour l'aspect visuel, même si j'ai envie de mettre moins pour tout le reste)
--
Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de tous les films de Noël passés en revue sur ce blog dans le cadre de la Christmas Yulefest en cliquant directement sur ce lien (classement alphabétique), ou celui-ci (classement saisonnier)...
C'est bientôt Noël : chez les Téléphages Anonymes, c'est l'heure du marathon de cinéma festif de la Christmas Yulefest, et ce jusque début janvier...
Le Journal de Noël (The Noel Diary - 2022) :
Lorsque, pour les fêtes de Noël, Jake Turner (Justin Hartley), auteur de best-sellers, revient s'occuper de la maison abandonnée de sa mère décédée, il croise le chemin de Rachel (Barrett Doss), une jeune femme à la recherche de ses origines. Rapidement, la découverte d'un vieux journal intime ayant appartenu à la mère de Rachel va alors lier leurs destins de manière inextricable...
Un métrage à l'ancienne, tel que les principaux networks en produisaient dans les années 90-00, et qui tient plus du drame sentimental que de la comédie romantique à laquelle Hallmark et compagnie nous ont habitués (certaines productions Hallmark Movies & Mysteries ressemblent déjà un peu plus à ce format old-school, mais The Noel Diary est nettement mieux produit) : ici, on est dans l'émotion, dans la mélancolie, dans les liens familiaux reforgés, dans les relations sincères, etc, et ça fonctionne plutôt pas mal, je dois dire.
Ce qui m'a assez surpris, puisque je ne suis habituellement pas trop client des téléfilms de Noël qui nous ressortent les gros violons larmoyants, etc. Cependant, dans cette adaptation d'un roman, les violons et l'émotion sont contrebalancés par un certain sens de l'humour et de la répartie entre les deux personnages principaux, par des acteurs sympathiques (ainsi qu'un chien attachant), et par un format road movie qui fonctionne toujours.
C'est loin d'être parfait, il y a quelques moments d'écriture assez maladroits, une caractérisation un peu inégale, et quelques scènes qui manquent de subtilité (la grande déclaration finale), mais dans l'ensemble, c'est tout à fait honorable, et ça change un peu de la moyenne du genre.
4/6
--
Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de tous les films de Noël passés en revue sur ce blog dans le cadre de la Christmas Yulefest en cliquant directement sur ce lien (classement alphabétique), ou celui-ci (classement saisonnier)...
C'est bientôt Noël : chez les Téléphages Anonymes, c'est l'heure du marathon de cinéma festif de la Christmas Yulefest, et ce jusque début janvier...
Christmas with You (2022) :
Superstar de la pop latino, Angelina (Aimee Garcia), en panne d'inspiration et en perte de vitesse, doit réussir à produire un nouveau single de Noël avant la fin de l'année, sous peine d'être abandonnée par son label. Elle décide alors de partir, avec son assistante Monique (Zenzi Williams), rendre visite à Cristina (Deja Monique Cruz), sur le point de fêter sa quinceanera, et dont la reprise d'un hit d'Angelina, publiée en ligne, a attiré l'attention de cette dernière. Là, elle fait alors la connaissance de Miguel (Freddie Prinze Jr), le père de Cristina, professeur de musique dont l'une des compositions inspire Angelina...
Honnêtement, je m'attendais à pire. Une comédie romantique Netflix à l'ambiance latino, avec un Freddie Prinze Junior en papa latino (?) qui se déplume et séduit une pop-star, ça ne rassurait pas forcément, surtout lorsque l'on connaît le niveau qualitatif des productions Netflix du genre.
Mais finalement, si ce Christmas With You est loin d'être exceptionnel (visuellement, notamment, il y a quelque chose d'ultra-cheap dans cette photographie abusant du filtre de diffusion et des halos sur les éclairages et les intérieurs décorés, et FPJ donne vraiment l'impression d'avoir au moins 10 ans de plus qu'Aimee Garcia), finalement, ça ne fonctionne pas trop mal, porté par l'enthousiasme et l'énergie de Garcia, et par cette touche latino qui apporte un vrai plus au tout.
Après, ça reste une rom-com lambda, avec des personnages principaux sous-développés, des obstacles un peu basiques (l'ex petit ami, star de telenovela), un budget décoration mal exploité, et un FPJ qui est un peu trop en retrait. Mais je m'attendais à pire.
3.25/6
--
Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de tous les films de Noël passés en revue sur ce blog dans le cadre de la Christmas Yulefest en cliquant directement sur ce lien (classement alphabétique), ou celui-ci (classement saisonnier)...
C'est bientôt Noël : chez les Téléphages Anonymes, c'est l'heure du marathon de cinéma festif de la Christmas Yulefest, et ce jusque début janvier...
Noël tombe à pic (Falling for Christmas - 2022) :
Héritière jet-setteuse d'une fortune hôtelière, Sierra Belmont (Lindsay Lohan) est fiancée à Tad (George Young), un influenceur. Mais la demande en mariage tourne mal lorsque a un accident de ski, et se retrouve amnésique. Elle est accueilli par Jake (Chord Overstreet), père célibataire et veuf, gérant d'une auberge en difficulté, et va retrouver là le goût des choses simples...
Rom-com festive made in Netflix (enfin, techniquement, made in MPCA, une maison de production bon marché parmi tant d'autres) qui a pour principal intérêt la présence de Lindsay Lohan au casting, et un budget un peu plus important (quelques plans numériques) pour une relecture générique au possible d'Un couple à la mer (1987, avec Goldie Hawn et Kurt Russell)... ou, pour être plus évident encore, d'Un Noël mémorable de Hallmark (2016, avec Mira Sorvino).
Parce que non seulement on est en terrain balisé au niveau du postulat de départ, mais on y reste totalement du début à la fin du film, dont l'objectif qualitatif est clairement "téléfilm de Noël Hallmark milieu de gamme", et qui n'essaie jamais de faire mieux.
Alors que Netflix pourrait se permettre quelques excentricités et audaces, un ton plus mordant, plus débridé, etc, non, on reste dans les clous, avec une romance fade (Lohan est moins botoxée qu'à l'accoutumée, mais Chord Overstreet est vraiment peu marquant, en pseudo-Cary Elwes jeune et sans le charme ou l'accent), un déroulé cousu de fil blanc (les montages musicaux, les activités festives, l'auberge à sauver, la fillette souriante, la grand-mère bienveillante, le Père Noël magique, le montage flashback sur une musique triste à dix minutes de la fin, blablabla), une écriture basique, et un côté paradoxalement un peu cheap à l'écran, çà et là (principalement dû à la photographie, je pense).
Bref, c'est tout aussi quelconque que la majorité des métrages Hallmark, avec en prime une interprétation un peu caricaturale et outrée par moments, notamment dans la sous-intrigue avortée sur l'influenceur et le bucheron.
2.25/6
--
Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de tous les films de Noël passés en revue sur ce blog dans le cadre de la Christmas Yulefest en cliquant directement sur ce lien (classement alphabétique), ou celui-ci (classement saisonnier)...
Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine, et des critiques d'une vingtaine de lignes, tout au plus.
L'École du Bien et du Mal (The School for Good and Evil - 2022) :
Meilleures amies depuis toujours, Sophie (Sophia Anne Caruso) et Agatha (Sofia Wylie) sont bien différentes. La première est persuadée d'être destinée à devenir princesse, tandis que la seconde, rebelle, se satisfait très bien d'être vue comme une fille de sorcière. Jusqu'au jour où toutes deux sont emportées jusqu'à l'École du Bien et du Mal, où Sophie est placée du côté du Mal, et Agatha du côté du Bien. Et alors que les deux jeunes filles tentent de convaincre les responsables de l'École (Charlize Theron, Kerry Washington) qu'elles ne sont pas à leur place, une menace ancestrale plane sur l'établissement...
C'est amusant, on m'aurait dit, il y a quelques semaines, que Paul Feig (Mes meilleures amies, Ghostbusters, Les flingueuses, Spy, Last Christmas : que des films trop longs, mal rythmés et trop souvent mal pensés) aux commandes d'une adaptation d'un roman young adult ultra-dérivatif et balisé (à mi chemin entre Harry Potter, Roméo et Juliette, les Descendants de Disney et la série Once Upon a Time, entre autres) pour Netflix, à la durée abusive (près de 2 h 30) et aux visuels affreusement clinquants et kitschs, ça allait être regardable, je ne l'aurais jamais cru.
Et pourtant, c'est le cas. Oui, cette École du Bien et du Mal mange allègrement à tous les râteliers, traine en longueur, s'essouffle totalement lors de sa dernière ligne droite dégoulinante d'effets numériques et de rebondissements téléphonés, déroule sa critique bancale contre le manichéisme, la conformité, la vision binaire du monde tout en écrivant tous ses personnages de la manière la plus basique possible, sous exploite tous les acteurs qui ne sont pas les deux héroïnes (tous les professeurs, notamment), manque cruellement d'énergie et rate un peu son coup en choisissant, pour Sophie (la princesse de conte de fées sur laquelle tout le monde se retourne, et dont le prince aux faux airs d'un jeune Henry Cavill tombe instantanément amoureux) une crevette blonde aux lèvres de poisson, aux cheveux filandreux décolorés, aux épais sourcils sombres, et à l'interprétation un peu trop forcée (elle vient de Broadway), instantanément antipathique, même avant qu'elle ne bascule du côté obscur...
Mais bizarrement, ça se laisse regarder. Probablement parce que tout le budget semble passé dans la direction artistique et les effets spéciaux, que Ted Shapiro s'amuse bien à la musique, et que Sofia Wylie, elle, est très attachante et sympathique dans son rôle.
Alors certes, cela n'est pas suffisant pour sauver le tout de la médiocrité, mais j'en attendais un désastre (et par certains aspects, ça l'est, notamment tout ce qui tourne autour du relookage gothique de Sophie, et de sa mise en image risible, ou encore de l'utilisation de Toxic de Britney pour illustrer la grande bataille finale entre l'École du Bien et celle du Mal), et ce n'est que très moyen. C'est toujours ça de pris !
3/6
--
Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de tous les films passés en revue sur ce blog dans le menu Index de haut de page, ou en cliquant directement sur ce lien (000-1000) et sur celui-ci (1001-2000)...
La saison 1 de The Witcher avait eu pour tâche ingrate de présenter tout un univers bien établi et apprécié de ses fans, que ce soit sous forme littéraire et vidéoludique - ce qui revenait plus ou moins à tendre un bâton pour se faire battre.
Une situation pas aidée par certains choix de casting discutables (mais inévitables sur Netflix et les autres plateformes de streaming) et surtout par une structure volontairement déstructurée d'un point de vue chronologique, qui embrouillait un peu plus un univers déjà assez compliqué à présenter...
The Witcher, saison 2 (2021) :
Geralt amène Ciri à Kaer Morhen, la forteresse des Witchers, pour la protéger, et pour l'entraîner au combat. Mais rapidement, il s'aperçoit que la jeune femme possède des capacités hors norme, qui vont bientôt faire d'elle l'objet des convoitises de nombreuses factions rivales : sorcières, mages, elfes... et même les autres Witchers.
Honnêtement, j'y ai cru, le temps d'un épisode. Un premier épisode quasi unitaire, pas parfait, mais faisant une sorte de remake de la Belle et la Bête à la sauce Witcher, a la fois réussi, concis et intéressant, malgré quelques passages et intrigues politiques inintéressantes chez les sorciers, à la sauce sous-Game of Thrones.
Brièvement, je me suis dit que les scénaristes avaient compris que la force du Witcher, c'était ses aventures variées, contre des monstres divers, avec une intrigue de fond liant ces aventures, et une chronologie claire et plus simple. Que peut-être, on allait retrouver une structure plus limpide, avec un Witcher emmenant Ciri à la chasse à un monstre différent, chaque semaine...
Et puis je me suis souvenu d'une interview de la showrunneuse, qui justement affirmait vouloir faire un film de huit heures, et pas une série d'aventures plus ou moins connectées... et lorsque j'ai vu arriver la suite de la saison, j'ai déchanté. Force a été de constater, très rapidement, que ce premier épisode était une exception à la règle de la saison, une saison certes plus linéaire (adieu la chronologie déstructurée), mais aussi un peu plus aseptisée et qui fait beaucoup de surplace, divisé en deux axes principaux.
D'un côté, l'entraînement de Ciri à Kaer Morhen, une intrigue très statique qui vaut principalement pour les interactions de Gerald avec Ciri et les autres personnages ; et de l'autre, Yennefer, privée de pouvoirs, embarquée dans une sous-intrigue sur la discrimination et la ségrégation des elfes aux mains des humains, avec chemin de fer clandestin, résistance contre l'oppresseur, génocide, etc.
Sans oublier, en filigrane, une (très) vague menace, celle de Baba Yaga Voleth Meir, une sorcière toute puissante qui tente de manipuler tout ce petit monde pour parvenir à ses fins.
Autant dire que pour moi qui trouve toutes les sous-intrigues des rois, des mages et des magiciennes (soit tout l'aspect politique de la série) particulièrement soporifiques et qui n’ai absolument rien à faire du destin de ces elfes insipides, transparents et génériques au possible, les 3/4 de la saison m'ont paru longs, très longs, et elle a été à deux doigts de me faire décrocher (comme Le trône de fer en son temps).
Et ce n'est pas le retour du barde (qui se fait d'ailleurs la voix des scénaristes lors d'une scène méta un peu embarrassante, lorsqu'un garde raciste et violent fait aux chansons de Jaskier toutes les critiques que les spectateurs ont adressées à la saison 1, et que ce dernier le traite de tous les noms en plus d'utiliser l'argument du "t'as qu'à essayer de faire mieux si tu n'es pas content !") qui change grand chose, puis qu'il se trouve immédiatement lié de manière inextricable aux tourments géopolitiques et raciaux de la saison.
Alors il y a bien Ciri et son sang si spécial, espèce de gros MacGuffin de la saison, qui finit par être convoitée par tout le monde pour des raisons diverses et variées. Ce n'est pas inintéressant, tout comme les liens qui se tissent entre elle et les autres personnages, et ça mène à une conclusion durant laquelle presque tout le monde se retrouve... mais ça reste assez plat, dans l'ensemble.
Le souci, c'est que même avec une chronologie linéaire, The Witcher reste toujours très abscons. Le worldbuilding consiste bien souvent en du name-dropping à gogo et des références furtives à des personnages inconnus au bataillon (ou alors pas revus depuis 5 épisodes), la géographie est totalement floue, il n'y a pas réellement d'identité musicale ou visuelle, et la structure globale est toujours problématique : comme en saison 1, on sent clairement que le mot d'ordre de la production, c'était "ne faisons pas une série sur Geralt, faisons une série sur son univers, ses manigances, et tous les personnages féminins qui gravitent autour de lui".
Sauf qu'à trop développer les autres personnages, Geralt en vient à faire de la quasi-figuration dans certains des épisodes, et les scénaristes sont alors contraints de faire du remplissage, avec des jeux de pouvoirs insipides et des personnages qui complotent entre eux à l'autre bout du royaume, et qu'on ne revoit pas pendant une demi-saison.
Remplissage à droite, raccourcis narratifs approximatifs à gauche, exposition balourde et sans intérêt au milieu, incapacité chronique à donner corps et structure au monde du Witcher, honnêtement, l'écriture n'est tout simplement pas à la hauteur - ce qui n'est pas forcément surprenant, quand on sait comment fonctionne Netflix, qui recrute les scénaristes de ses nouveaux projets en interne, dans un réservoir de scénaristes déjà sous contrat... et quand on sait que, de l'aveu même de l'un des scénaristes de la série (qui a écrit Le Cauchemar du loup et le premier épisode de cette saison), une partie non-négligeable de l'équipe d'écriture de The Witcher ne connaît pas les romans, les jeux vidéo, l'univers ou, pire encore, se moque ouvertement de leur contenu considéré comme ringard ou cliché. CQFD.
Bref : nouvelle saison, nouvelle déception, pour une série qui, une nouvelle fois, parvient à paraître brouillonne et approximative, mais pour des raisons différentes de la saison 1. Je suis prêt à laisser encore une chance au programme, d'autant que cette saison 2 s'est pris de plein fouet la crise de la COVID, et que Cavill était apparemment blessé pendant une partie du tournage... mais bon.
Autant la saison 1 m'avait laissé mitigé positif, autant cette nouvelle année me laisse mitigé négatif, même si je reconnais que la saison 2 est plus aboutie au niveau visuel (et que son premier épisode était assez réussi).
---
Retrouvez aussi toutes les autres séries passées en revue sur ce blog en cliquant ici.
Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine, et des critiques d'une vingtaine de lignes, tout au plus.
Le Monstre des Mers (The Sea Beast - 2022) :
Dans un monde où des équipages de chasseurs arpentent les mers pour éliminer les monstres marins terrorisant l'humanité, Jacob Holland (Karl Urban) se retrouve à faire équipe avec Maisie Brumble (Zaris-Angel Hator), une fillette montée en secret à bord de son navire, pour tenter de percer le mystère de Rouge, l'un des monstres les plus craints, qui s'avère en réalité un animal intelligent et paisible...
Un long-métrage d'animation Netflix produit par Sony et réalisé par Chris Williams (Big Hero 6, Bolt, Moana), pour un récit d'aventures marines techniquement très réussi (visuellement, c'est très joli et abouti), mais qui m'a aussi semblé vraiment trop dérivatif pour son propre bien.
Un peu de Moby Dick, un peu de kaijus, de Monster Hunter, de Master & Commander, et énormément de How to Train your Dragon au programme, avec un récit ultra-balisé, des monstres sans originalité, une musique aux accents celtiques de Mark Mancina, une animation convaincante, et une écriture assez générique, que ce soit au niveau des personnages que des enjeux du récit.
Ce n'est pas désagréable, dans l'absolu, mais ça s'arrête là, d'autant qu'on sent une fin de production un peu précipitée (ou du moins inaboutie), entre les personnages secondaires très génériques visuellement (tous les humains de la foule, les soldats), le récit qui se conclue de manière abrupte et trop facile, les nombreux éléments sous-développés (le bestiaire, la sorcière, la Cour) et certains moments de doublage un peu inégaux.
J'aurais voulu plus d'originalité et de maîtrise, pour un film qui dure près de deux heures...
3.75/6
--
Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de tous les films passés en revue sur ce blog dans le menu Index de haut de page, ou en cliquant directement sur ce lien (000-1000) et sur celui-ci (1001-2000)...
L'Halloween Oktorrorfest touche aussi le petit écran, avec chaque week-end, durant tout le mois d'octobre, des critiques de séries fantastiques et horrifiques...
Stranger Things 4 (2022) :
Alors que la bande habituelle est désormais éparpillée aux quatre coins du pays, une nouvelle menace se profile à Hawkins : Vecna, un être tout puissant vivant dans l'Upside Down, contacte psychiquement les jeunes troublés de la ville, pour les tuer de manière sanguinaire et onirique. Mais sans les pouvoirs d'Eleven, la situation est des plus compliquées à gérer...
Trois ans après une saison 3 plutôt agréable et surprenante, voici une saison artificiellement divisée en deux parties, une première constituée de 7 épisodes à la durée oscillant entre 70 et 100 minutes, une deuxième de deux épisodes dont un final de près de 2 h 20, soit de véritables mini-longs-métrages étirés en longueur... et ça se ressent très vite dans la narration.
La série en est en effet à un point où la carte blanche de Netflix lui fait probablement plus de mal que de bien : le récit est intéressant, les personnages sont attachants, les effets sont réussis (Vecna, notamment, est un méchant mémorable et très convaincant, bien que clairement et ouvertement très inspiré de Freddy Krueger - avec caméo de Robert Englund en prime), les thématiques ne sont pas inintéressantes (les traumatismes refoulés, le pardon, le deuil, la culpabilité...) et l'interprétation est solide (Sadie Sink est excellente), mais il y a une telle abondance de sous-intrigues, de personnages secondaires et d'éléments gratuits que le tout finit par paraître brouillon et fréquemment superflu.
D'autant que la bande d'adolescents est de plus en plus éparpillée, et que les sous-intrigues qui en découlent laissent un peu de marbre : autant l'enquête à Hawkins est intrigante et captivante, autant les tribulations de Mike, Will (et son semi-coming out), Jonathan et Argyle (huhu, de l'humour de stoner, trop drôle) n'intéressent jamais vraiment.
À l'identique, une part démesurée de la saison est consacrée à Hopper en Russie, aux mains de soviétiques caricaturaux, et à son sauvetage par Joyce et Murray, ce dernier étant clairement pensé comme un comic relief en contrepoids du reste du show... sauf que ça ne marche pas vraiment : c'est longuet, pas très drôle, ça semble principalement là pour expliquer la perte de poids de David Harbour et lui donner des scènes d'action explosives (une évasion improbable, et un combat armé de l'épée de Conan *soupir*), bref, ça sent le remplissage abusif, pour une sous-intrigue qui, dans une série normale, aurait été condensée en un épisode.
Et puis il y a Eleven, qui nous refait une saison 2, à savoir : elle part à l'autre bout du pays, isolée de ses amis, pour tenter de se chercher et, ici, de retrouver ses pouvoirs - une succession de scènes de laboratoire répétitives avec Matthew Modine et Paul Reiser, et encore une fois, une absence quasi-totale d'interactions avec les autres personnages adolescents de la série.
Il y a d'autres défauts : des digressions inutiles, une caractérisation très années 80 de la pléthore de bullies qui parsèment cette mi-saison, une panique satanique pas forcément très probante, des rebondissements pas forcément surprenants (l'identité de Vecna)... mais finalement, ça ne gêne pas trop.
Oui, cette saison est pleine de défauts, à commencer par son rythme et sa structure, et son intérêt se délite un peu à mesure que l'on se rapproche du grand final (un grand final à rallonge, avant et après le climax et la défaite de Vecna) mais son noyau reste solide et intéressant, bien exécuté (les meurtres de Vecna, le toutéliage qui l'entoure) et attachant.
Cela dit, je mentirais en disant que la dernière ligne droite de la saison et sa conclusion à rallonge ne m'ont pas un peu fait décrocher pendant quelques minutes, et l'on ne m'ôtera pas de l'idée qu'à trop chercher le spectaculaire (qui est bien présent, attention), l'émotion larmoyante et la débauche de moyens, la série perd d'autant en efficacité.
Dans cette saison 4 XXXL de 12 ou 13 heures, il y avait probablement de quoi tailler dans la masse, et produire 8 ou 10 épisodes de 45-60 minutes, pour obtenir un produit final plus rythmé et structuré. Mais pour cela, il aurait probablement fallu oser élaguer tant le récit que cette distribution de personnages qui sans cesse croit en nombre, sans que personne d'important ne soit réellement en danger au fil des évènements...
En l'état, Stranger Things 4 se regarde très bien, mais c'est tout de même un peu le bordel...
---
Retrouvez aussi toutes les autres séries passées en revue sur ce blog en cliquant ici.
L'Halloween Oktorrorfest touche aussi le petit écran, avec chaque week-end, durant tout le mois d'octobre, des critiques de séries fantastiques et horrifiques...
Le Cabinet de Curiosités de Guillermo Del Toro, saison 1 - suite et fin (2022) :
Deuxième moitié de cette anthologie horrifique chapeautée par Guillermo Del Toro, une anthologie qui, pour le moment, ne m'a pas vraiment convaincu, tant pour des problèmes de format trop variable que pour des raisons d'écriture.
1x05 - Pickman's Model :au début du siècle dernier, Thurber (Ben Barnes) fait la connaissance de Richard Pickman (Crispin Glover), un artiste excentrique aux tableaux d'une noirceur vénéneuse et envoûtante. Des années plus tard, alors qu'il a fondé une famille, et tout fait pour oublier Pickman, celui-ci ressurgit dans sa vie, et Thurber sombre dans une spirale infernale...
Du bon vieux Lovecraft au programme, pour une adaptation relativement libre du Modèle de Pickman, nécessaire pour transformer une nouvelle d'une poignée de pages en moyen-métrage d'une heure et quelques. Le résultat, fidèle dans l'esprit à défaut de l'être dans le texte, s'avère une sorte de mélange de la nouvelle originale, et de L'Antre de la folie de Carpenter, avec ces œuvres qui rendent fou ceux qui les regardent.
Dans l'ensemble, un épisode honorable, du réalisateur de The Vigil et Firestarter, avec un monstre réussi, quelques accents un peu bancals, un peu de nudité gratuite, des œuvres d'art pas forcément à la hauteur de leur influence, et une fin superflue.
1x06 - Dreams in the Witch House :traumatisé par la mort de sa sœur jumelle, Gilman (Rupert Grint) est devenu enquêteur pour la Massachussetts Spiritualist Society, et tente de trouver enfin un moyen de communiquer avec l'au-delà. Il finit par découvrir une drogue exotique qui lui permet de franchir la barrière du monde des esprits, et attire l'attention sur lui l'attention de l'esprit malfaisant d'une sorcière...
Aïe. Je ne suis pas hostile à une adaptation très libre de Dreams in the Witch House de Lovecraft, comme par exemple dans le cadre de Masters of Horror... mais là, on est presque dans du freestyle qui ne doit reprendre que 10 ou 15 % du récit original.
On est en effet dans un grand WTF sans grand rapport, qui oublie totalement le côté scientifique et géométrie non-euclidienne de la nouvelle de Lovecraft, pour la remplacer par du spiritisme bancal, met près d'une demi-heure à arriver dans la maison de la sorcière, propose un monde des esprits façon vieille forêt décrépie, une diversité un peu forcée (tous les personnages secondaires importants sont issus de minorités), une résolution médiocre, et des moments parfois assez risibles (en même temps, avec un rat à tête humaine qui parle, difficile de faire très sérieux).
Catherine Hardwicke (Twilight), à la réalisation, s'efforce de donner un peu de style à tout ça, mais honnêtement, c'est un gros bordel frustrant, pas aidé par l'utilisation récurrente de The Skye Boat Song, qui évoque clairement plus Outlander que Lovecraft, ou encore par l'ouverture sur la Valse nº2 de Chostakovitch...
1x07 - The Viewing : en 1979, un groupe d'artistes éclectiques - le romancier Guy Landon (Steve Agee), l'astrophysicienne Charlotte Xie (Charlyne Yi), le musicien Randall Roth (Eric André), et le médium Targ Reinhard (Michael Therriault) - sont invités par le milliardaire excentrique et reclus Lionel Lassiter (Peter Weller) à passer la soirée dans sa demeure isolée, pour y découvrir un objet unique et fascinant...
Ah, c'est dommage que la série tienne à ce point à proposer des épisodes frôlant l'heure de métrage, car là, c'était bien parti.
Dans ce récit écrit et réalisé par le fils de George P. Cosmatos, par ailleurs à l'origine du déjanté Mandy avec Nicolas Cage, l'ambiance est assez prenante, lorgnant sur du Carpenter, avec son esthétique rétro-70s et sa musique synthétique hypnotique.
Mais le problème, c'est qu'avant d'arriver au pourquoi du comment de la soirée, il doit s'écouler les 3/4 de l'épisode, et que pour en arriver là, Cosmatos se laisse aller à des digressions pas forcément probantes, notamment au niveau de la caractérisation de ses personnages. Parce qu'au final, tout ça débouche sur une créature en latex sortie d'un météorite, qui tue la moitié du cast, et s'échappe lors d'une fin en queue de poisson. Tout le développement des personnages n'aura pas servi à grand chose, intrigant sur le moment, mais finalement bien inutile.
Plus court, au format 30 minutes, et sans tous ces moments qui n'apportent rien (le monologue de Boutella sur Kadhafi, l'homme à tout faire et son AK-47 doré, l'alcool, la drogue...), ça aurait probablement été plus efficace.
1x08 - The Murmuring : dans les années 50, un couple de scientifiques endeuillés par la mort de leur enfant, Nancy (Essie Davis) et Edgar Bradley (Andrew Lincoln), tentent de percer le mystère des murmures d'oiseaux, et s'installent, pour leurs recherches, dans une luxueuse demeure délaissée, bâtie sur une île. Rapidement, cependant, les non-dits et leur chagrin réprimé vont revenir hanter Nancy, alors qu'elle croit voir les anciens habitants de la maison, au sort tragique...
Ultime épisode de la saison, réalisé et co-écrit par la réalisatrice du Babadook, un film déjà très axé sur le traumatisme de ses protagonistes, et qui propose donc ici un métrage au visuel rétro assez travaillé, et dans lequel l'élément surnaturel est finalement très anecdotique, uniquement là pour servir de catalyseur au travail psychologique et au deuil de ses protagonistes.
On est dans de l'horreur "elevated", comme aiment le dire nos amis anglo-saxons, et c'est joliment réalisé, mais honnêtement, vu le postulat de départ, j'en attendais plus qu'une bête histoire de maison hantée. Dommage.
- Bilan saisonnier -
Je mentirais en disant que ce Cabinet de curiosités de Guillermo Del Toro ne m'a pas déçu. Je ne sais pas si c'est ma sympathie pour le bonhomme et son travail qui a fait que j'en attendais quelque chose de plus mémorable, mais je ressors de ces huit épisodes avec un étrange goût d'inabouti.
Alors certes, comme les critiques US se sont fait un plaisir de le souligner, cette anthologie présente "les divers visages de l'horreur", et ce n'est pas une mauvaise chose. Mais à mes yeux, il y a tout de même un certain manque de cohésion dans cette anthologie, un manque d'unité formelle, thématique, stylistique, tonale, ou que sais-je encore. L'influence de Lovecraft est pourtant très présente, comme on pouvait s'y attendre avec GDT, que ce soit de manière directe, au travers d'adaptations plus ou moins libres, de récits très inspirés par l'auteur de Providence, ou d'horreurs indicibles et visuellement immondes venues des étoiles.
Mais trop souvent, le schéma narratif des épisodes est le même : énormément de mise en place, pour un bref moment d'horreur dans les dix dernières minutes, trop furtif et trahissant des contraintes de budget ou créatives.
Et c'est bien dommage, car l'un des points forts de l'œuvre de GDT, c'est bien son bestiaire, généralement abondamment présent à l'écran ; ici, visiblement, il ne pouvait pas en être ainsi, et il faut se contenter de miettes, et de récits qui peinent souvent à créer suffisamment de tension et d'angoisse pour pallier leurs limites.
Ce n'est pas forcément mauvais pour autant : c'est bien interprété, bien produit, le générique est plutôt joli, et les introductions de GDT, toutes raides qu'elles soient, font toujours plaisir. Mais j'en attendais plus qu'un Masters of Horror-bis, avec les mêmes problèmes qualitatifs que l'anthologie de Showtime (mais apparemment, ça suffit amplement aux nombreux critiques américains qui ont tout trouvé génial), et quoi qu'on en dise, je ne peux que m'étonner de l'absence d'un épisode réalisé par Del Toro en personne.
---
Retrouvez aussi toutes les autres séries passées en revue sur ce blog en cliquant ici.
Chez les Téléphages Anonymes,de fin septembre à début novembre, on fête Halloween et l'Oktorrorfest, un marathon quotidien de cinéma fantastique et d'horreur...
Hollyblood (2022) :
Javi (Óscar Casas), jeune lycéen timide, est épris de Sara (Isa Montalbán), autre élève de la classe dans laquelle il est récemment arrivé. Mais Sara est passionnée de vampires, et de la série de films Hollybood, une histoire de romance vampirique sirupeuse. Suite à un quiproquo lors de la première du film, Sara se persuade alors que Javi est un vampire se faisant passer pour un lycéen humain, et elle s'éprend de lui, d'autant que Javi joue le jeu. Mais un véritable vampire (Piero Méndez) rode dans les parages, et un YouTubeur (Carlos Suárez) a décidé de s'improviser chasseur de vampires, mettant Javi et les autres en danger...
Une teen comedy fantastique espagnole diffusée sur Netflix et qui, honnêtement, n'est pas vraiment très mémorable. Ce n'est pas forcément mauvais ou raté, mais c'est simplement très quelconque, entre l'interprétation gentiment caricaturale, l'écriture parfois graveleuse, la parodie datée et peu inspirée de Twilight, et la structure finalement mollassonne sur la fin.
Sans oublier Oscar Casas, que l'on nous présente comme un nerd maigrichon et transparent, alors que l'acteur est tout le contraire, mais bon...
Bref, une comédie fantastique anecdotique destinée aux ados, à laquelle je peinerais bien à mettre plus que la moyenne, et encore...
Un petit 3/6
--
Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de tous les films passés en revue dans le cadre de l'Oktorrorfest dans le menu Index de haut de page, ou en cliquant directement sur ce lien...
Chez les Téléphages Anonymes,de fin septembre à début novembre, on fête Halloween et l'Oktorrorfest, un marathon quotidien de cinéma fantastique et d'horreur...
Wendell et Wild (2022) :
Depuis la mort de ses parents dans un accident pour lequel elle se sent responsable, Kat (Lyric Ross) est devenue une adolescente rebelle qui passe son temps dans des établissements pénitentiaires pour mineurs. Peu de temps après son retour dans sa ville natale, et son arrivée dans une école religieuse pour filles, elle découvre qu'elle est une Hellmaiden, capable d'invoquer des démons, Wendell et Wild (Key, Peele), qui lui promettent de ramener ses parents à la vie si elle leur permet d'investir le monde des vivants, et d'y ouvrir un parc d'attractions pour y accueillir des âmes humaines...
Nouveau film d'animation en stop-motion de Henry Selick, réalisateur de L'Étrange Noël de Mr Jack, ou encore de Monkeybone et de James et la pêche géante, près de 15 ans après son dernier film (Coraline), produit pour Netflix en collaboration avec Jordan Peele (qui a décidément le vent en poupe), Wendell et Wild était attendu au tournant.
Mais avant même de parler du film en lui-même, voyons ce que l'on pouvait attendre d'une telle collaboration. De Selick, un monde à l'imaginaire débridé, aux visuels excentriques et macabres, à la facture technique impeccable, mais aussi un récit un peu brouillon, débordant d'idées innombrables pas toujours très bien canalisées. De Peele, un focus sur des protagonistes afro-américains, et un message social, ainsi qu'un sens de l'humour et du cabotinage prononcé. De Netflix, une carte blanche budgétaire, et un inévitable quota diversité à respecter.
Et sans surprise, c'est exactement ce que l'on retrouve dans ce Wendell et Wild relativement inégal, bourré d'idées et de visuels inventifs, mais aussi débordant de sous-intrigues inutiles et parasites, de personnages peu attachants (désolé, mais Kat la punkette rebelle m'a laissé totalement de marbre), proposant tout un propos sur la corruption de l'église, sur l'insuffisance chronique des programmes de familles d'accueil qui exploitent et broient les délinquants juvéniles pour alimenter le système pénitentiaire américaine, sur la privatisation de ce dernier, sur les minorités qui sont écrasées par les privilégiés, etc... et qui, Netflix oblige, semble vraiment cocher toutes les cases du bingo de la diversité représentative à l'américaine, entre l'héroïne et ses parents afro-américains (ainsi que tous les démons, d'ailleurs, typés afro-américains), ses amies (une asiatique, une indienne, une métisse, un latinx transgenre), ses "guides" (une nonne afro-américaine, une conseillère native-américaine), et de multiples autres personnages secondaires tous issus de minorités (ici un sous-Marlon Brando handicapé, en fauteuil roulant, là une policière musulmane portant le hijab).
Seule exception, la méchante (une sorte de Cruella DeVille blonde), mariée à une parodie de Boris Johnson noir, assez étranges et sous-développés.
Dans l'absolu, rien de rédhibitoire, c'est simplement hyper-maladroit, comme souvent chez Netflix, et surtout ça cache un manque de développement de tout ce petit monde, qui se retrouve dans l'écriture du film : oui, c'est artistiquement intéressant, plein d'excentricité visuelle amusante et d'éléments réussis, mais dans l'ensemble, outre certains partis-pris esthétiques polarisants, j'ai eu l'impression que tout était assez superficiel, tant dans les règles et la "mythologie" de cet univers que dans l'histoire en soi, qui multiplie tant de bouts d'intrigue, çà et là, de manière décousue, qu'au final, on se dit tout ça pour ça (la résolution, notamment, est assez faiblarde).
Et puis la musique de Bruno Coulais, tantôt en mode sous-Danny Elfman, tantôt en mode Choristes, mwébof.
Je suis donc resté assez dubitatif devant le résultat global, un sentiment que semblent partager pas mal de critiques anglo-saxons, même si ils prennent pas mal de pincettes dans leurs textes.
3.75/6 (parce que le travail d'animation est quand même admirable)
--
Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de tous les films passés en revue dans le cadre de l'Oktorrorfest dans le menu Index de haut de page, ou en cliquant directement sur ce lien...
L'Halloween Oktorrorfest touche aussi le petit écran, avec chaque week-end, durant tout le mois d'octobre, des critiques de séries fantastiques et horrifiques...
Le Cabinet de Curiosités de Guillermo Del Toro, saison 1 - première partie (2022) :
Anthologie en huit épisodes de 40-60 minutes, diffusés à raison de deux épisodes par jour en cette fin octobre, et supervisés par Guillermo Del Toro, qui a co-écrit deux des récits adaptés ici, a choisi lui-même les réalisateurs, scénaristes et interprètes de tous ces segments éclectiques, en a conçu le bestiaire, et présente les épisodes, à la manière d'Hitchcock ou de Rod Serling, avec un petit laïus (un peu raide et scolaire) en début de chaque heure de métrage...
1x01 - Lot 36 :Nick (Tim Blake Nelson), un vétéran réactionnaire, cynique et endetté achète un garde-meuble aux enchères, dans lequel il découvre des objets remarquables, hérités d'un fabriquant d'armes pour les Nazis, et renfermant des textes occultes permettant d'invoquer un Démon afin de signer un pacte avec ce dernier...
Une version sataniste de Storage Wars, adaptée d'une nouvelle de Del Toro, et réalisée par son directeur de la photographie habituel, Guillermo Navarro. Paradoxalement, c'est visuellement que l'épisode déçoit, avec sa photographie jaunâtre assez laide ; après, c'est un épisode des Contes de la Crypte, ni plus ni moins, qui met probablement un peu trop de temps à démarrer, et ne parvient pas totalement à imposer un rythme suffisant pour créer le suspense ou l'angoisse. Le démon tentaculaire est assez réussi, cela dit, même si au final, il n'y avait pas forcément dans ce récit de quoi remplir 45 minutes.
1x02 - The Graveyard Rats : à Salem, au début du siècle dernier, Masson (David Hewlett) tente de survivre en dépouillant les cadavres du cimetière dont il est le fossoyeur. Mais sous terre, les rats sont de plus en plus voraces, et, endetté et contaminé par la morsure d'un rat lui faisant perdre toute raison, il s'engouffre dans les tunnels creusés par les rongeurs sous le cimetière...
Vincenzo Natali et l'un de ses acteurs de Cube pour une adaptation de moins de 40 minutes d'une nouvelle d'un membre du Cercle de Lovecraft, et une histoire qui, pour être très honnête, ressemble beaucoup à un succédané de Lovecraft, pas totalement convaincant.
Peut-être est-ce dû à des dialogues au style très littéraire que Natali échoue à rendre naturels ou intéressants ; peut-être est-ce un problème de mise en images - les tunnels des rats sont trop larges, trop spacieux, trop éclairés, il n'y a jamais le moindre sentiment de claustrophobie, et encore moins quand, au détour d'un mouvement de Hewlett, les parois des tunnels se déforment comme du polystyrène ou de la mousse ; peut-être est-ce un problème d'effets spéciaux, entre les petits rats numériques assez moyens, le rat géant aveugle animatronique trop rigide, ou encore le demi-squelette du temple souterrain, dont le retour à la vie est téléphoné par la respiration de l'acteur.
Quoi qu'il en soit, ça ressemblait beaucoup à un épisode de Masters of Horror, avec malheureusement les mêmes qualités et les mêmes défauts.
1x03 - The Autopsy :atteint d'un cancer incurable, le Dr. Carl Winters (F. Murray Abraham), médecin légiste, est appelé par un ami shérif (Glynn Turman), pour tenter de résoudre le mystère d'une explosion minière supposément déclenchée par une bombe, mais en réalité peut-être liée à une série de disparitions non résolues dans la région...
Un scénario de David Goyer adapté d'une nouvelle, pour un épisode d'une heure mis en images par le réalisateur de The Empty Man ; un épisode un peu mitigé, à nouveau, ne nécessitant pas forcément ces 58 minutes et quelques de récit ou cette ambiance 70 qui n'apporte pas grand chose.
En fait, ce qui m'a un peu dérangé, c'est la structure globale du tout, formellement éparpillée, mêlant in media res explosif, flashbacks, narration par le shérif, et point de vue omniscient, pour un résultat un peu brouillon et télégraphié, pas forcément surprenant de la part de Goyer.
Reste l'autopsie en elle-même, qui arrive dans les dix dernières minutes, et qui est elle aussi un peu inégale, avec des éléments superflus (la plongée numérique dans le corps et ses cellules), et d'autres qui convainquent pas autant qu'ils le devraient (tout le côté sanglant de l'autopsie en elle-même m'a paru un peu trop propre et caoutchouteux). Pas un épisode exceptionnel, malgré un tête à tête final pas désagréable.
1x04 - The Outside :complexée par son physique, Stacey (Kate Micucci) découvre qu'elle est allergique à une crème de beauté populaire, mais lorsque le vendeur du produit (Dan Stevens), qui apparaît sur son écran de télévision lors des publicités, se met à l'interpeler directement, Stacey commence à être obsédée par le produit, au grand dam de son mari Keith (Martin Starr) qui s'inquiète de voir son état physique empirer à chaque utilisation de la crème...
Près de 65 minutes réalisées par Ana Lily Amirpour (A Girl Walks Home Alone at Night), qui produit ici un récit très caricatural et satirique se déroulant à Noël, avec réalisation en fish-eye, maquillages et postiches outranciers, illustration musicale goguenarde et interprétation très forcée.
Je vais être franc, je n'ai pas du tout accroché à cette histoire assez grotesque, tant sur un plan conceptuel que formel, au « il faut souffrir pour être belle » satirique, et au propos finalement assez basique sur l'acceptation de soi, la superficialité de l'apparence, tout ça. D'autant que c'est assez long pour ce que ça raconte, et que ça tire vraiment à la ligne sur la fin.
(à suivre...)
---
Retrouvez aussi toutes les autres séries passées en revue sur ce blog en cliquant ici.