Snake Eyes (Snake Eyes : G.I. Joe Origins - 2021) :
Dévoré par la vengeance, "Snake Eyes" (Henry Golding) ne souhaite qu'une chose : venger son père, assassiné par un criminel lorsque le jeune homme était enfant. Recruté par Kenta (Takehiro Hira), un yakuza qui lui promet de l'aider dans sa quête de vengeance, Snake Eyes joue désormais les trafiquants d'armes à Los Angeles. Jusqu'à ce qu'il croise le chemin de Tommy (Andrew Koji), dont le clan ninja des Arashikage cherche à faire tomber Kenta : les deux hommes sympathisent, et Snake Eyes rejoint le clan pour s'y entraîner... et pour l'infiltrer pour le compte de Kenta.
Aïe. Les deux précédents longs-métrages GI Joe étaient loin d'être des chefs d'œuvre (voir mes critiques ici et là), et je n'ai même pas de véritable intérêt ou nostalgie pour le personnage de Snake Eyes, mais cette origin story rate totalement le coche à mes yeux.
En même temps, partir d'un personnage de ninja muet, couvert de noir des pieds à la tête, un guerrier solitaire accompagné de son chien loup, et arriver au personnage incarné par Henry Golding... c'était un choix créatif audacieux.
Pas forcément très judicieux, mais audacieux.
Parce que si certaines grandes lignes du background de Snake Eyes sont respectées (le traumatisme du personnage, sa relation avec le clan Arashikage et avec Tommy, la structure du clan), le film parvient à ignorer le reste (oubliés le silence et le loup, ainsi que le masque, qui n'arrive qu'à la toute fin ; oublié le passé de militaire) et à faire de Snake Eyes un personnage tout simplement antipathique, obsédé par la vengeance, qui trahit sa famille d'adoption pour parvenir à ses fins... là où Storm Shadow, traditionnellement le méchant de l'histoire, apparaît sous un jour nettement plus sympathique, et suscite l'empathie du spectateur.
C'est un peu paradoxal, je dois dire : on se retrouve donc avec un blockbuster d'action dont le héros est en réalité un anti-héros jamais attachant ou intéressant, et qui n'a aucune alchimie avec les autres personnages. Sa caractérisation est donc aux fraises, la manière dont il reçoit son nom aussi, mais quelque part, ce n'est pas surprenant : écrit par le scénariste de nombreuses suites DTV Disney, du reboot de Charlie's Angels (aïe), du Hercule de The Rock (re-aïe), de la suite de Blanche-Neige et le Chasseur (zzzz) et de l'adaptation live de La Belle et la Bête (re-re-aïe), et réalisé par Robert Schwentke (RIPD, les suites de Divergent...), Snake Eyes est d'une platitude confondante, constamment victime des mauvais instincts et de l'incompétence de sa production.
C'est bien simple, pendant une bonne heure, voire plus (les deux tiers du film, en fait), le métrage n'est jamais intéressant, assez mal filmé (beaucoup de caméra portée tremblotante, de plans ultra-serrés déformant les visages), visuellement plutôt laid (des néons partout) et dépourvu de la moindre énergie... ce qui est problématique pour un film d'action.
Ça décolle cependant un peu durant la dernière demi-heure, qui concentre un maximum d'action débridée et explosive (tout en insérant au forceps les personnages de la Baronne et de Scarlett, pas ultra-convaincants), mais c'est un peu trop tard, et même là, les problèmes de mise en image de l'action restent présents (tout comme une incapacité à capitaliser sur les idées les plus comic-book du film - serpents géants, vieux maîtres ninjas qui se camouflent, pierre magique...).
Tout le monde a beau faire de son mieux à l'écran, ça ne suffit pas, et je dois avouer que je me suis rarement autant ennuyé devant un film d'arts martiaux et de ninjas. Après, si l'inversion des rôles Snake/Tommy avait été voulue, ça aurait pu être intéressant d'un point de vue créatif...
2/6
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