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LES TÉLÉPHAGES ANONYMES

Il était une fois Lurdo & Sygbab, deux internautes passionnés de séries tv et de cinéma, et qui cherchaient un endroit où archiver leurs avis (semi) éclairés...

Les bilans de Lurdo - Halloween Oktorrorfest 2023 - Archive 81, saison 1 (2022)

Publié le 22 Octobre 2023 par Lurdo in Drame, Thriller, Les bilans de Lurdo, Halloween, Horreur, Oktorrorfest, Fantastique, Religion, Review, USA, Netflix, Télévision

L'Halloween Oktorrorfest touche aussi le petit écran, avec chaque week-end, durant tout le mois d'octobre, des critiques de séries fantastiques et horrifiques... 

Archive 81, saison 1 (2022) :

Lorsqu'il est engagé par le patron d'une mystérieuse multinationale (Martin Donovan) pour restaurer les bandes vidéos du projet de Melody (Dina Shihabi), apprentie documentariste disparue, qui porte sur un immeuble ayant mystérieusement brulé, Dan (Mamoudou Athie) ne se doute pas qu'il va être embarqué dans une sombre conspiration surnaturelle...

Seule et unique saison de cette anthologie américaine basée sur le podcast du même nom, développée et produite par James Wan et par la scénariste de The Haunting of Molly Hartley, The Boys, et Vampire Diaries, Archive 81 propose 8 épisodes d'une petite heure pour développer une histoire de secte quasi-lovecraftienne, pas forcément inintéressante, mais dont la forme hésitante et éparpillée fait qu'au final, le tout ne m'a pas vraiment convaincu.

La série semble en effet ne pas vraiment savoir sur quel pied danser, formellement parlant : sur un postulat assez classique de found footage (le protagoniste qui regarde de vieilles bandes et découvre un mystère surnaturel et sinistre qui finit par le concerner, c'est de la mise en place classique d'anthologie à la V/H/S, par exemple), le programme change régulièrement de style visuel et de point focal, passant d'une mise en scène de found footage (mal cadrée, tremblotante, neigeuse, pseudo-documentaire) à un récit au format plus traditionnel dans le présent ou dans le passé, puis présentant des scènes du point de vue de personnages extérieurs à tout ça, ou même utilisant l'artifice du flashback dans son avant-dernier épisode (un épisode dans les années 20, totalement inutile et répétant des informations déjà fournies).

Le résultat, narrativement parlant, c'est un récit très redondant (on nous présente des informations ou des images d'un certain point de vue, on les répète ultérieurement dans un autre cadre, on les réitère à nouveau sous une autre forme), bourré d'exposition balourde, à la caractérisation évidente et simple, qui tente de mêler les genres et les tons (les épisodes s'ouvrent sur des extraits d'actualité, des publicités, etc, parfois inutiles, parfois redondants), mais ne les laisse jamais véritablement s'établir ou respirer.

D'un côté, on a Dan, isolé, qui regarde les vidéos dans le présent et sombre lentement dans la paranoïa, de manière très classique... sauf qu'en fait d'être isolé, il reste constamment en contact avec son meilleur ami qui l'aide dans son enquête, il reçoit la visite fréquente de son employeur ou de la gardienne des lieux, il adopte un rat (qui est oublié en cours de route par les scénaristes), bref, le sentiment d'isolation et d'opression est peu présent.

De l'autre côté, dans le passé, on a Melody, toujours fébrile, qui s'installe dans un immeuble à la recherche de sa mère biologique, se mèle de ce qui ne la regarde pas, se promène constamment caméra allumée au point et se fait manipuler de bout en bout par les autres occupants du bâtiment : un personnage un peu agaçant, qui prend des décisions improbables, a des réactions toujours un peu trop intenses, un peu trop impulsives, et qui est affublée d'une meilleure amie lesbienne sarcastique rapidement soûlante.

Deux personnages principaux qui évoluent en parallèle dans des intrigues très dérivatives et balisées, voire prévisibles (encore un problème du scénario, qui répète et surligne tout, ce qui fait que le spectateur a vingt longueurs d'avance sur les protagonistes, et que les rebondissements et révélations tombent bien à plat) et qui ne sont réellement intéressants que lorsque les frontières du temps deviennent poreuses, et qu'ils parviennent à communiquer.

Le reste du temps, c'est assez plan-plan et peu original : des cultistes qui vénèrent un "démon" et tentent de le faire entrer dans notre monde, d'innocentes victimes choisies pour leurs talents psychiques, le passage d'une comète, de la moisissure aux effets toxiques et hallucinogènes, ça fait illusion le temps de quelques épisodes, mais rapidement, on s'aperçoit (pour peu qu'on soit un peu amateur de genre) que la série se contente de dérouler des éléments bien éprouvées, sans avoir la structure, l'efficacité, la rigueur ou l'atmosphère nécessaires pour que cela passe.

D'autant que, pour ne rien arranger, la série a ponctuellement un problème d'efficacité visuelle : que ce soit le rendu des vieilles bandes (parfois trop nettes, trop "images modernes soumises à un vieillissement artificiel") ou ceux du démon (un mec en costume de latex, façon extraterrestre d'Independence Day maladroitement incrusté dans des images de neige à l'écran), ce n'est pas totalement abouti, et fréquemment, cela fait décrocher le spectateur, cassant par la même occasion le suspense ou la tension.

Alors pour compenser, la série insiste lourdement sur une illustration musicale dissonante et hypnotique, façon Philip Glass, mais cela ne parvient pas à compenser les nombreuses grosses ficelles du récit, et sa dernière ligne droite bordélique, qui vire presque au Stranger Things, se conclue sur une queue de poisson vraiment maladroite (qui repose sur les tours du 11/09).

Bref. Archive 81 avait du potentiel, et ça fait presque illusion (la série a eu beaucoup de critiques enthousiastes, outre-atlantique), mais je n'ai jamais pu chasser cette sensation d'approximation et de déjà vu, du début à la fin, sans que le programme ne parvienne jamais à réellement susciter l'angoisse ou la tension. 

Dommage.

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