Il était une fois Lurdo & Sygbab, deux internautes passionnés de séries tv et de cinéma, et qui cherchaient un endroit où archiver leurs avis (semi) éclairés...
Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine, et des critiques d'une vingtaine de lignes, tout au plus.
La Demoiselle et le dragon (Damsel - 2024) :
Elodie (Millie Bobby Brown), princesse d'un royaume pauvre et affamé, part avec sa famille pour le royaume d'Aurea où elle doit épouser le prince Henry (Nick Robinson) en échange d'une dote considérable permettant de sauver sa terre natale. Mais la famille royale d'Aurea cache un sinistre secret : cette union n'a pour but que de sacrifier Elodie et d'autres princesses à un féroce dragon qui menace le royaume...
Millie Bobby Brown continue son contrat avec Netflix, en produisant et en interprétant ici le rôle principal de ce film de Juan Carlos Fresnadillo (plus spécialisé dans les films d'horreur), écrit par le scénariste de La colère des Titans (aïe) et de Fast X (double aïe).
Le résultat : un film de dark fantasy/conte de fées déconstruit (avec quelques moments joliment sombres - les oiseaux enflammés), où la princesse rebelle et badass n'a pas besoin d'un prince pour être sauvée (comme elle l'annonce en voix off en ouverture de métrage), et retourne éliminer seule le dragon à qui elle est censée être sacrifiée afin de sauver sa petite sœur.
Damsel est un film énervant, en fait. Énervant, parce que ce n'est pas mauvais, c'est bien interprété, et qu'avec un rythme un peu plus maîtrisé (la première demi-heure est mollassonne et clinquante, la dernière s'essouffle un peu tant tout est prévisible), ça aurait fait un film tout à fait honorable et original... s'il était sorti il y a 25-30 ans.
Parce qu'honnêtement, le girl power un peu vieillot façon déconstruction des mythes des récits de chevaliers, l'héroïne qui se débarrasse visuellement des atours du patriarcat (le corset, tout ça) et se coupe les cheveux elle-même pour devenir une girl boss badass qui botte des culs, toute la dernière ligne droite en mode Khaleesi, tout ça, c'est bien daté, pour ne pas dire périmé.
Les intentions sont bonnes, c'est même assez spectaculaire (les effets spéciaux du dragon sont assez réussis, certains autres un peu moins) et ça se regarde, mais le tout reste trop pataud, manquant cruellement de subtilité à tous les niveaux : l'écriture (tout est très télégraphié et classique), le casting (la diversité made in Netflix est bien présente, avec une Angela Bassett en belle-mère d'Elodie... juste histoire de placer une actrice afro-américaine au casting ; Robin Wright est là pour évoquer Princess Bride), la musique (d'un sbire de Hans Zimmer, qui produit le score), le rythme, la photographie (très sombre), les cascades (la doublure escalade de MBB, et ses épaules de catcheuse) et tout simplement le côté très calibré ado rebelle qui s'oppose au système... qui évoque aussi les Enola Holmes de MBB et de Netflix.
Ça se regarde... mais ça s'arrête là.
3.5/6
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Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de tous les films passés en revue sur ce blog dans le menu Index de haut de page, ou en cliquant directement sur ce lien (000-1000) et sur celui-ci (1001-2000)...
L'un des avantages à avoir une liste de séries en retard longue comme le bras, c'est que l'on peut se détacher de la hype du Web entourant la sortie de telle ou telle série, ainsi que de tout le discours positif ou négatif qui pollue généralement l'appréciation objectif d'un programme : finis, les "c'est la meilleure série de toute la planète !" ou les "c'est la pire m*rde jamais produite !" sur la base d'un épisode et demi ou d'un rebondissement volontairement inexpliqué...
Il en va ainsi de ce Rings of Power, série blockbuster d'Amazon au budget faramineux, s'inscrivant dans l'univers du Seigneur des Anneaux de Tolkien, et dans les traces des adaptations de Peter Jackson : huit épisodes d'une heure dix minutes environ, diffusés sur Amazon Prime en fin d'année 2022, à raison d'un épisode par semaine... et qui ont hérité, en ligne, d'une réputation absolument désastreuse.
Le Seigneur des Anneaux - Les Anneaux de Pouvoir, saison 1 (The Lord of the Rings : The Rings of Power - 2022) :
Des milliers d'années avant qu'il ne soit vaincu par Frodo et ses alliés, la possibilité d'un retour de Sauron dans les Terres du Milieu met en mouvement de nombreuses forces opposées : Galadriel (Morfydd Clark), générale elfe, tente de convaincre les humains de Numenor de rassembler des troupes pour rejoindre le continent ; Elrond (Robert Aramayo) découvre l'existence du mithril lors d'une discussion avec son ami, le nain Durin IV (Owain Arthur) ; Arondir (Ismael Cruz Córdova), soldat elfe épris d'une humaine (Nazanin Boniadi), tente de défendre le village de cette dernière contre les orcs d'Adar (Joseph Mawle) ; et ailleurs, un mystérieux barbu tombé du ciel (Daniel Weyman) est recueilli par Nori (Markella Kavenagh), une jeune Harfoot au grand cœur...
Mais honnêtement, j'ai plutôt apprécié cette série au budget pharaonique, sorte d'appendice agréable aux versions cinéma de PJ. Attention : ce n'est pas un chef d'œuvre, et les Anneaux de pouvoir souffrent effectivement de scories (souvent) inhérentes à une première saison télévisuelle... mais il n'y a rien de vraiment honteux ici, amha.
En effet, il y a du bon, du moins bon, des libertés évidentes prises avec l'œuvre de Tolkien, mais dans l'ensemble, on est très loin des "c'est vraiment de la grosse daube" qui pullulent désormais en ligne lorsque l'on mentionne la série. Avec ses huit épisodes assez éparpillés, qui finissent par se rejoindre dans la dernière ligne droite, la série prêtait forcément le flanc pour se faire battre : la capacité d'attention du spectateur lambda est trop limitée, désormais, pour rendre une telle approche viable, surtout à l'époque du binge watching, et quand la série, elle, est diffusée au rythme d'un épisode par semaine.
Et puis il faut reconnaître que toutes les sous-intrigues ne sont pas aussi captivantes les unes que les autres : si j'ai bien aimé Nori, son peuple et l'étrange vieillard, ou encore toutes les scènes relatives à Elrond et Durin, j'ai été moins convaincu par la romance d'Arondir et de Bronwyn (il n'y a pas grande alchimie sur ce plan, et les scénaristes semblent étrangement fascinés par le fils de Bronwyn), heureusement sauvée par les évènements et batailles qui les entourent, et par les périgrinations de Galadriel.
Ce n'est pas tant la faute de l'actrice, tout à fait compétente (bien que manquant de ce côté éthéré et bienveillant qu'avait Cate Blanchett), mais plus de tout ce qui l'entoure, notamment le Numenor (globalement peu intéressant, y compris dans toutes ses sous-intrigues), ou encore sa relation avec Halbrand.
On touche d'ailleurs là à un problème du format série : la nécessité de ménager des zones d'ombre et de suspense, des intrigues sur la durée, du mystère. Ici, l'identité du vieillard barbu vêtu de gris, qui ne parvient pas à contrôler ses pouvoirs. Là, Halbrand, supposément héritier en exil des terres du Sud, sorte de pseudo-Aragorn séduisant mais louche, et dont l'une des premières répliques est "les apparences s'avèrent souvent trompeuses". Arrêtons de tourner autour du pot : le mystère que les scénaristes tentent d'entretenir autour de ces deux personnages ne convainc jamais vraiment, et surtout ne surprend pas - le spectateur avisé aura ses doutes dès la première apparition de chacun, et ils seront systématiquement confirmés au fil des épisodes, malgré des tentatives maladroites de brouiller les pistes.
D'ailleurs, on regrettera que le scénaristes tentent de rejouer, un peu trop souvent, la partition du Seigneur des Anneaux, en réutilisant les mêmes archétypes : l'amitié goguenarde entre un nain et un elfe ; l'héritier supposé d'un royaume, réticent et exilé ; un roi malade et son conseiller manipulateur ; la brave proto-Hobbit et sa copine rondouillarde ; une romance impossible entre un elfe et une humaine ; une chevauchée de dernière minute pour sauver des assiégés ; un moment où l'on se cache en contrebas d'un chemin, sous les racines d'un arbre, pour éviter un ennemi... Bref, pas mal de grandes lignes évoquent le Tolkien de PJ, comme reprises ici pour apporter un peu de familiarité au spectateur, à défaut de fraîcheur.
Je pourrais aussi citer, sur le plan de l'écriture, des facilités comme la nage de Galadriel et son repêchage par Halbrand, la flotte de 3 bâteaux numénoréens (un peu piteuse, alors qu'il aurait suffi d'en faire partir une dizaine, et d'en détruire la moitié en cours de route, suite à une tempête ou au monstre marin potentiellement attiré par la présence de Halbrand à bord), l'éruption volcanique qui finalement laisse tous les personnages importants en vie malgré une nuée ardente en plein visage... encore une fois, l'écriture se cherche un peu (comme toujours lors d'une première saison), et il suffit de voir l'avant-dernier épisode de la saison, un peu brouillon, pour s'en convaincre.
Après, j'ai lu ici ou là que la série "faisait cheap", que les effets étaient de mauvaise qualité, que les costumes étaient fauchés, etc. On n'a pas dû voir la même série, parce que justement, c'est bien la qualité visuelle de ces Anneaux de pouvoir qui fait une grande partie de son charme, que ce soit au niveau des paysages de la Nouvelle-Zélande, des effets numériques, des costumes et décors (petit bémol sur les coupes de cheveux des elfes, souvent un peu trop modernes) : on voit clairement où est passé le budget. Même la musique de Bear McCreary, si elle n'atteint jamais le niveau de celle d'Howard Shore, parvient à imposer plusieurs thèmes très agréables, comme celui de Galadriel, des Harfoots, des Nains, etc.
Quant à la question de la diversité, qui a tant fait jaser... disons que ce qui aurait pu être une diversité intelligente (certains peuples plus métissés ou représentatifs que d'autres, en fonction de leur situation géographique, de leur ouverture au monde, de leur mixicité sociale) devient ici une diversité quota à l'Américaine, mécanique, systématique et algorithmique - aucune surprise pour qui est habitué à utiliser les plateformes de streaming, mais c'est tout de même dommage.
Bref. Dans l'ensemble, donc, comme je le disais au début de ce bilan, cette première saison des Anneaux de pouvoir m'a plutôt convaincu. Du moins, en tant que base solide, de mise en place pour une suite plus pêchue et mouvementée. C'est bien interprété, ça respecte l'œuvre de Tolkien (sans lui adhérer de manière disproportionnée), c'est visuellement somptueux, et au rythme d'une poignée d'épisodes par semaine, ça se regarde très bien.
En tout cas, nettement mieux, en ce qui me concerne, que toutes les autres séries de fantasy qui se sont succédées ces dernières années, Trône de Fer inclus...
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Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine, et des critiques d'une vingtaine de lignes, tout au plus.
Dudes & Dragons (aka Dragon Warriors) :
Rejeté par la princesse Ennogard (Kaitlin Doubleday), le sorcier Tensley (James Marsters) décide de détruire le royaume, en ordonnant à son dragon de massacrer toute personne exprimant le moindre signe d'amour et d'affection. Ce qui n'arrange pas Camilan (Maclain Nelson), un guerrier arrogant bien décidé à épouser une elfe dont il est épris. Il décide alors d'aller affronter Tensley, et demande l'aide de son frère, Ramicus (Adam Johnson), un chasseur de primes qui n'a pas vraiment envie de risquer sa vie dans une telle quête...
Un film indépendant semi-parodique à microbudget, partiellement financé via plate-forme participative, et globalement tourné sur fond vert.
On peut louer les intentions de l'équipe, mais... malheureusement, le tout est un bon gros plantage. C'est fauché (mais ça, on pouvait s'y attendre), c'est interminable (pas loin de deux heures) et très mal rythmé, ce n'est pas drôle, c'est très moyennement interprété, et ça souffre constamment de la comparaison avec un Votre Majesté ou avec d'autres parodies de fantasy télévisuelle.
La séquence d'introduction avec Luke Perry en preux chevalier queutard est amusante, cela dit, bien qu'ultra-convenue.