L'Halloween Oktorrorfest touche aussi le petit écran, avec chaque week-end, tout le mois d'octobre, des critiques de séries fantastiques et horrifiques...
Contrairement à la majorité des critiques, je n'avais pas été forcément très convaincu par les débuts de Castlevania (critique ici), série d'animation Netflix dont la première saison de quatre épisodes à peine ressemblait à un prologue conçu dans la précipitation, mal rythmé et structuré, bavard et à l'esthétique qui ne m'avait pas séduit.
Depuis, deux saisons de la série ont été diffusées sur la plateforme de VOD, deux saisons qui ont reçu un accueil critique nettement plus tiède... ce qui n'augure pas forcément du meilleur pour mon visionnage.
Castlevania, saison 2 (2018) :
Alors que Trevor, Alucard et Sypha se préparent à affronter Dracula, ce dernier, désintéressé, supervise vaguement sa campagne de destruction de l'humanité, alors même que les manigances et les tensions se multiplient dans ses rangs entre ses lieutenants vampires (dont Carmilla) et ses fidèles assistants humains, Hector et Isaac...
Huit épisodes pour cette seconde année, des accents revus à la baisse (c'est flagrant pour le personnage de Sypha) et un bond qualitatif intéressant, qui m'a assez surpris. Plus que jamais, la saison 1 ressemble, à postériori, à une proof of concept, un brouillon inabouti, qu'il aurait mieux valu intégrer directement à cette saison 2.
Comme inspiration principale, cette saison 2 continue de s'appuyer sur Castlevania 3, piochant par la même occasion du côté de Castlevania : Curse of Darkness pour ses personnages secondaires. De quoi recourir fréquemment au fan-service, et développer en long, en large et en travers les motivations de chacun, dans un style qui n'est pas sans rappeler les machinations de Game of Thrones.
Malheureusement, cela impose à la série un rythme particulièrement mollasson, qui fait fréquemment du surplace - un peu à l'image de Dracula, qui ne bouge quasiment pas du trône dans lequel il se morfond toute la saison. C'est le problème principal du programme, jusqu'à présent : il peine à équilibrer la réflexion et l'action, et à tendance à condenser cette dernière sur de brèves séquences, probablement pour économiser de l'argent.
Résultat : cette saison 2 souffre d'une torpeur généralisée (à l'image de Dracula, à nouveau, qui est en dépression profonde) qui, si elle n'est pas inintéressante en soi, met du temps à démarrer, et se transforme subitement, le temps d'un épisode (l'avant-dernier), en débauche d'action ultra-rythmée et nerveuse (et là, opinion impopulaire : je n'ai pas du tout aimé la réorchestration de Bloody Tears lors de l'affrontement au château, une réorchestration synthétique, accélérée, bancale et forcée).
Un épisode qui culmine en un duel Alucard/Dracula plutôt violent et étrangement touchant, empreint d'une mélancolie globale assez caractéristique de la saison. Malheureusement, arrive ensuite un ultime épisode de conclusion façon fins à répétition du Retour du Roi, épisode qui apparaît étrangement forcé et haché, comme si Warren Ellis et la production n'avaient jamais compté sur une saison 3, et voulaient tout conclure de manière détaillée.
Tous comptes faits, pourtant, et à ma grande surprise, j'ai plutôt apprécié cette seconde saison (en comparaison de la première, surtout), même si elle est loin d'être exempte de défauts (le rythme, l'animation inégale, la musique). Je me demande tout de même à quoi va ressembler la saison 3, maintenant que l'intrigue principale est bouclée.
Castlevania, saison 3 (2020) :
Tandis que, dans la bourgade de Lindenfeld, Trevor et Sypha enquêtent sur un mystérieux ordre de moines, avec l'aide de Saint Germain, Alucard prend sous son aile un duo de jeune chasseurs de vampires japonais. Isaac, lui, arpente le pays avec son armée, et Hector devient le jouet des "sœurs" de Carmilla...
Aïe. Alors là, tout l'inverse de la saison précédente : privée d'un véritable antagoniste, cette saison 3 tourne en rond pendant le plus clair de sa durée, soit 8 épisodes sur 10.
Du surplace à la Game of Thrones, qui multiplie les personnages secondaires inutiles, les machinations transparentes, les dialogues pseudo-profonds et les digressions superflues, pour produire un tout donnant l'illusion de quelque chose de réfléchi et de travaillé.
Alors qu'en réalité, on se demande plutôt si les scénaristes n'ont pas été pris au dépourvu par cette nouvelle année, concoctant précipitamment une sorte de saison de transition semi-brouillonne servant de remplissage après la fin de l'arc Castlevania 3.
Pourtant, il y a du bon dans cette saison : Saint Germain est intéressant, et les deux derniers épisodes (quand tout démarre vraiment) sont plutôt impressionnants (tout le budget animation semble avoir été mis de côté pour ce grand final)... mais honnêtement, je me suis royalement ennuyé pendant tout le reste de ces dix épisodes, ce qui est assez problématique.
Parfois cheesy au possible (Alucard et ses protégés qui gloussent ensemble dans l'herbe ; le montage alterné des scènes de sexe et de bataille, dans les deux derniers épisodes), parfois soporifique (les sœurs de Carmilla et leurs discussions), parfois cliché (l'écriture de la relation Trevor/Sypha ; Hector manipulé par Lenore), parfois maladroit (le flashback récapitulatif quand Trevor et Sypha explorent la maison du Juge et découvrent ses exactions - par ailleurs prévisibles au possible) et souffrant toujours ponctuellement des défauts habituels de la série (direction artistique et animation inégales, doublage parfois neurasthénique, rythme bancal, musique inexistante), je n'ai donc pas du tout accroché à cette cuvée 2020.
Tant pis.
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