Il était une fois Lurdo & Sygbab, deux internautes passionnés de séries tv et de cinéma, et qui cherchaient un endroit où archiver leurs avis (semi) éclairés...
Chez les Téléphages Anonymes,de mi-septembre à début novembre, on fête Halloween et l'Oktorrorfest, un marathon quotidien de cinéma fantastique et d'horreur...
Mad God (2021) :
Dans un monde de cauchemar en pleine décomposition, un soldat est envoyé, par le biais d'un caisson de plongée descendant dans les entrailles de la terre, en mission suicide. Guidé par une carte qui tombe en lambeaux, il cherche son chemin dans un enfer peuplé de créatures toutes plus improbables les unes que les autres...
Gros tour de force pour Phil Tippett, figure incontournable de l'animation image par image et des effets spéciaux des années 70-80, qui travaille sur ce projet phantasmagorique depuis trente ans et l'a terminé seul pendant le confinement : au programme, un film mêlant stop-motion, maquettes et prises de vue réelles, où la logique et la narration laissent place au cauchemar et à la folie, une ambiance de fin du monde poisseuse, glauque et en putréfaction, du sang, de la moisissure, de la violence, et certainement plein de degrés de lecture différents et de symboliques qui ne sont pas forcément ce que le film cherche vraiment à transmettre, puisqu'ici, on est clairement plus dans une expérience qu'un film à proprement parler.
C'est fascinant, éprouvant et impressionnant à la fois, même si ça ne plaira clairement pas à tout le monde, notamment parce que la gestation longue et douloureuse du projet se reflère dans son côté décousu et dans de multiples changements de direction narrative (si tant est que l'on puisse parler de direction narrative).
4.5/6
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Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de tous les films passés en revue dans le cadre de l'Oktorrorfest dans le menu Index de haut de page, ou en cliquant directement sur ce lien...
L'Halloween Oktorrorfest touche aussi le petit écran, avec chaque week-end, de mi-septembre à fin octobre, des critiques de séries fantastiques et horrifiques...
Inside No.9, saison 9 (2024) :
Neuvième et ultime saison de cette anthologie britannique globalement de très bonne qualité, toujours en six épisodes de 25-30 minutes, et après une saison 8 un peu inégale, mais toujours intéressante.
- 9x01 - Boo to a Goose :Lorsqu'une rame de métro tombe en panne dans un tunnel, et qu'un porte-monnaie disparait dans l'obscurité, tous les passagers commencent à s'accuser...
Une bonne reprise saisonnière, avec un huis-clos assez tendu, des personnages excentriques, une jolie montée en puissance... et un virage de dernière minute dans la SF/l'anticipation, qui satirise les messages de prévention que l'on peut retrouver dans tous les métros du monde, le conformisme, l'obéissance aveugle à l'autorité, etc. Efficace.
- 9x02 - The Trolley Problem : Un psychothérapeute (Pemberton) sauve de justesse un homme désespéré sur le point de se suicider (Shearsmith), et il le ramène chez lui pour tenter de le calmer. Mais les apparences sont trompeuses...
Un épisode en mode pur thriller psychologique, pas forcément très surprenant, mais reposant totalement sur le jeu et l'alchimie de Shearsmith et Pemberton, sur une tension assez efficace et sur une chute très noire.
- 9x03 - Mulberry Close :Peu de temps après l'arrivée de Valerie (Vinetta Robinson) et de Damon (Shearsmith) rue Mulberry Close, leurs voisins, Sheila (Dorothy Atkinson) et Kenny (Pemberton), ainsi que Larry (Adrian Scarborough) et son chien, se persuadent rapidement que Damon a tué son épouse au cours d'une dispute conjugale. Ils décident de mener l'enquête...
Un épisode intégralement filmé par l'objectif d'une caméra de sonnette, mais qui parvient cependant à proposer un récit à l'humour noir typiquement anglais, et au dénouement funeste. Plutôt réussi, à nouveau, avec toujours cette touche d'humour décalé qui fait mouche.
- 9x04 - CTRL/ALT/ESC :Jason (Pemberton), son épouse Lynne (Katherine Kelly) et leurs deux adolescentes participent à une escape room reconstituant la cave d'un tueur en série. Mais rapidement, les choses se compliquent...
Un peu plus mitigé, pour cet épisode qui, bizarrement, est considéré parmi les meilleurs de cette saison. Il faut dire que le gimmick de l'escape room et du couple dans la tourmente qui évolue en métaphore de la prison mentale d'un Jason dans le chaos m'a paru assez éventé et déjà vu ("tout se déroule dans sa tête !" est un twist final qui me lasse un peu), et que l'épisode fait le choix de poursuivre son récit un certain temps après ce rebondissement, ce qui ne m'a pas forcément convaincu dans la forme.
- 9x05 - The Curse of the Ninth :Jonah (Reece Shearsmith), accordeur de piano, arrive dans la luxueuse demeure de la veuve BUrnham (Natalie Dormer), dont l'époux, un célèbre compositeur, s'est donné la mort en composant sa 9e symphonie. Bien vite, Jonah est alors contraint de terminer cette symphonie, et de faire face à la malédiction qui l'accompagne...
Un épisode délicieusement gothique dans son approche de l'horreur, avec une incarnation de la figure de la Malédiction toujours au coin de l'œil, dans un reflet ou dans une ombre, et d'autant plus efficace. L'épisode ne révolutionne rien, en soi, et est même relativement prévisible, mais il a cependant totalement fonctionné sur moi, tant au niveau du cadre, que de l'atmosphère et des personnages.
- 9x06 - Plodding On :Alors que toute l'équipe d'Inside No. 9 célèbre son ultime épisode, un conflit éclate entre Reece Shearsmith et Steve Pemberton, conflit qui remet en question l'avenir du duo...
Une conclusion très méta, dans laquelle Shearsmith et Pemberton jouent leurs propres rôles, invitent tous leurs amis et collègues des 9 saisons de leur série (y compris Mark Gatiss, qui a droit à son petit caméo), et réfléchissent à leur avenir sans jamais se départir de leur sens de l'humour et de leur touche de noirceur.
Ici, en l'occurrence, on a droit à une fin de collaboration entre les deux amis, une "rupture" émotionnelle et très bien interprétée, alors que Pemberton veut s'engager pendant 7 saisons dans un navet américain friqué produit par Amazon, alors que Shearsmith préfèrerait continuer en duo dans une série policière à petit budget pour la BBC.
Pas forcément la conclusion de saison ou de série noire et macabre à laquelle certains auraient pu s'attendre, mais la chute finale (qui revient sur la saison précédente de manière ludique) fonctionne bien.
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Bilan saisonnier :
Pour une ultime saison, Inside no. 9 s'en sort bien, avec une fournée d'épisodes plus homogènes et réussis que dans certaines saisons précédentes, toujours de l'imagination et une forme aboutie (même si je ne suis pas forcément d'accord avec les critiques sur l'épisode CTRL/ALT/ESC).
Une chose est sûre, cependant, le duo me manquera (en espérant un nouveau projet au ton similaire), tout comme la dose annuelle d'humour noir et de décalage typiquement british qui accompagnent leurs projets.
Après, ce qui était à l'origine la League of Gentlemen opère depuis 1999 dans le même registre, ils ont peut-être aussi besoin de souffler un peu...
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Us or Them (2023) :
Parce qu'il a gagné un séjour dans les Caraïbes en remportant un jeu en ligne, Jude (Jack Donnelly), endetté, en fait profiter son meilleur ami (Wayne Gordon), leurs compagnes, et des proches ; mais sur place, ils sont accostés par l'Officiante (Malin Akerman), représentante de la société du jeu, qui leur propose de gagner jusqu'à 20 millions de dollars, en prenant part à un autre jeu toujours plus mystérieux...
Un thriller inspiré du dilemme du prisonnier, et qui tient uniquement sur l'interprétation de son trio de tête, plutôt convaincante. Le reste, c'est sans surprise, quelque chose qui tient autant de Saw que de Squid Game et qui tient globalement les 85 minutes, malgré un peu de remplissage inutile : une fois l'introduction sanglante passée, les 15 premières minutes sont de la mise en place classique visant à justifier toutes les décisions ultérieures des personnages, mais ces dernières finissent par être sans surprise, et les rebondissements "inattendus" ne le sont jamais vraiment. Et puis le tout monte un peu trop rapidement en tension durant le premier round, de manière assez artificielle.
Pas désagréable, sans plus.
3.5/6
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Lord of Misrule (2023) :
Fraîchement installée dans un petit village rural anglais, Rebecca (Tuppence Middleton), prêtre, s'intègre assez bien à la vie locale, avec son époux Henry (Matt Stokoe) et sa fille Grace (Evie Templeton). Jusqu'à ce qu'arrive la saison des moissons et son festival païen, au cours duquel Grace disparaît. Rapidement, Rebecca comprend alors que tout le village est de mèche, et que les croyances anciennes des habitants du bourg sont responsables...
Un film de folk horror plutôt joli visuellement et au niveau de l'atmosphère, mais qui malheureusement ne parvient jamais à se démarquer de son ancêtre The Wicker Man, si ce n'est à la toute fin, un peu plus chargée en effets spéciaux.
C'est dommage, parce que le tout est assez bien interprété, et qu'encore une fois, l'ambiance est lourde, grinçante et pesante. Mais le film ne parvient jamais vraiment à cristalliser cette ambiance en réelle tension, tant les chemins qu'il emprunte sont bien balisés.
Le spectateur connaît les clichés du genre, le script les utilise sans sourciller, et l'on a donc plusieurs longueurs d'avance, ce qui n'aide pas vraiment à créer le suspense.
Dommage.
2.5/6
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Comédie anglaise absurde en six épisodes d'une petite demi-heure, Dick Turpin s'inscrit dans la continuité d'un Black Adder et assimilés : une vision décalée et british de l'histoire, des personnages excentriques, et beaucoup de flegme, pour un programme Apple Tv plutôt réussi.
Les aventures imaginaires de Dick Turpin, saison 1 (The Completely Made-Up Adventures of Dick Turpin, season 1 - 2024) :
Le destin improbable de Dick Turpin (Noel Fielding), fils de boucher flamboyant et excentrique qui décide de s'improviser bandit de grand chemin dans l'Angleterre du 18e siècle, aux côtés de Moose (Marc Wootton), grand barbu porteur de robes, d'Honesty (Duayne Boachie), pas très vif d'esprit, de Nell (Ellie White), criminelle aux origines famililales mystérieuses et de Craig (Asim Chaudhry), sorcier pas très doué. Face à eux, Jonathan Wilde (Hugh Bonneville), traqueur de voleurs, et le syndicat criminel de Lady Helen Gwinear (Tamsin Greig)...
Comme on pouvait s'y attendre avec Noel Fielding dans le rôle principal, Dick Turpin ne se prend absolument pas au sérieux, et c'est tant mieux : entre sa distribution éclectique (dont ce bon vieux Marc Heap dans le rôle du père boucher de Turpin), son ton déconneur, et son mélange des genres - comédie historique, comédie fantastique (dès le deuxième épisode, on entre dans des histoires de diligence maudite, il y a une sorcière hystérique - Jessica Hynes - qui transforme Turpin en poulet), histoire de famille, le programme se regarde très facilement, provoquant fréquemment des éclats de rire francs.
Les jeux de mots sont joyeusement capillotractés, les personnages ont une caractérisation très particulière, et dans l'ensemble, Dick Turpin est une excellente surprise, tout au plus un peu faiblarde sur sa fin de saison, quand le programme oppose à Dick "Tommy Silversides" (un bandit de grand chemin meilleur que lui en tout) et part dans une intrigue (un peu) plus sérieuse sur Lady Gwinwear, ses ambitions criminelles et sa relation avec sa fille.
Mais globalement, j'attends avec impatience la saison 2, en espérant encore plus de folie et de n'importe quoi.
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La première moitié de cette saison 14 était globalement sympathique, bien qu'un peu inégale. Place aux 4 derniers épisodes, en attendant l'épisode spécial de Noël à venir...
Doctor Who, saison 14 - suite et fin (2024) :
- 14x05 - Dot and Bubble : Le Docteur et Ruby arrivent dans la ville de Finetime, dont tous les jeunes habitants, dontLindy Pepper-Bean (Callie Cooke), vivent dans des bulles de réseaux sociaux... et ne voient donc pas les limaces géantes qui menacent de les dévorer dans le monde réel.
Un épisode assez surprenant, puisque globalement très inspiré de Black Mirror, avec une critique des réseaux sociaux et de la bulle dans laquelle les jeunes s'enferment sur le Web, blablabla, des influenceurs insipides, immatures et écervelés traqués par des monstres aux allures de limaces, une ambiance très pastel et outrancière... et puis à la fin, soudain, Davies remet les pendules à l'heure, replace le Docteur face à sa condition d'homme noir confronté à une société creuse et superficielle de caucasiens quasi-aryens, fils et filles de bonne famille refusant d'interagir et de parler avec quelqu'un de différent d'eux, quitte à ce que cela leur coûte la vie.
Pas forcément ultra-subtil, à tous les niveaux, mais l'interprétation fait fonctionner le tout (d'autant qu'une énorme partie de l'épisode est tourné en face caméra), et Susan Twist refait une apparition, cette fois-ci identifiée comme une anomalie par le Doc et Ruby.
- 14x06 - Rogue :Le Docteur et Ruby arrivent en 1813, à l'occasion d'un bal aristocratique... mais rapidement, des morts étranges et la présence d'un chasseur de primes extraterrestre (Jonathan Groff) mettent la puce à l'oreille du duo.
Un épisode au premier abord plus léger, en mode Bridgerton, sur des aliens qui décident de faire du larping de leur show tv préféré en incarnant des humains en 1813... et puis progressivement, ça évolue dans une direction inattendue, alors que Davies et son équipe créent un Captain Jack 2.0, dont le Docteur s'éprend, et qui se sacrifie après avoir échangé un baiser avec le Doc.
Et au delà du côté délibérément provocateur et "shocking" d'avoir un Docteur ouvertement gay dans cette incarnation, tout ça fonctionne plutôt bien, avec une conclusion tragique qui ne fait qu'ajouter au destin malheureux du Doc. On regrettera seulement que la feinte sur le remplacement de Ruby soit un peu trop évidente...
- 14x07 - The Legend of Ruby Sunday :Ruby et le Docteur rejoignent les locaux de UNIT, et tentent de résoudre le mystère de la femme apparaissant à chacun de leurs voyages : c'est Susan Triad (Susan Twist), une génie de la tech, sur le point de lancer un nouveau produit révolutionnaire...
Assez surprenant, celui-là, puisque totalement consacré aux différents fils conducteurs de la saison, depuis l'apparition récurrente de Susan Twist jusqu'au personnage de Ms. Flood, sans oublier les origines mystérieuses de Ruby, avec en prime quelques éléments sur la parenté du Docteur, et le retour de plusieurs visages familiers - notamment la fille de Donna et toute l'équipe de UNIT.
Et ça fonctionne plutôt bien, tout ça, avec une jolie montée en tension progressive, un côté explosif et spectaculaire typique des fins de saison de Davies, et un cliffhanger efficace.
Maintenant, comme tous les cliffhangers, il va falloir que la résolution soit à la hauteur des attentes...
- 14x08 - Empire of Death :Le réveil de Sutekh a des conséquences galactiques, alors même que l'entité maléfique s'empare du Tardis, et que le Docteur est contraint d'effectuer une retraite stratégique...
... Dommage. Une fin de saison à l'image des fins de saison préalables de Russell Davies : c'est très spectaculaire, c'est bourré de grandes émotions, de larmes, etc... et c'est très brouillon sur le fond. Pas de surprise, donc, juste une déception de voir toutes les intrigues de fond saisonnières plus ou moins bouclées de manière approximative.
Sutekh, par exemple : autant l'explication de sa survie était plutôt intéressante, tout comme le fait qu'il ait plus ou moins amené le Doc à semer pour lui la mort à chacun de ses voyages, autant la manière bâclée par laquelle il est vaincu, comme un toutou en laisse, tombe gentiment à plat. Idem pour la façon dont il joue les Thanos, et réduit en poussière toute la galaxie... c'est sympa, mais... le Flux est déjà passé par là, et n'a jamais été correctement résolu.
Ruby ? Elle identifie prestement sa mère à l'aide d'un test ADN, et découvre... qu'elle est normale. De l'aveu même de Davies, Ruby est victime du syndrome Rey Skywalker : comme beaucoup (trop) de personnes, Davies s'est persuadé que prendre les attentes du public à contre-pied dans The Last Jedi, c'était audacieux et intelligent, et que le fait que Rey ne provienne pas d'une lignée héroïque était une super bonne idée originale et innovante, au message radical ; il a donc décidé de faire de même avec Ruby, en consacrant une saison à son mystère, et en bottant en touche à la fin, avec un "elle est totalement générique et normale, mais c'est parce qu'on s'est intéressé à elle et qu'on l'a considérée comme mystérieuse et exceptionnelle qu'elle l'est devenue".
Ou un truc du genre, ce n'est pas clair. Tout comme les flocons de neige, d'ailleurs.
Bref. Je n'ai pas détesté cet épisode ou cette saison : quand ça fonctionne, ça fonctionne bien, et quand ça se rate, ça reste regardable (et contrairement aux saisons de Chibnall, on ne s'ennuie pas). La distribution est impeccable, les épisodes variés, le fanservice présent mais pas trop, et le fil conducteur globalement bien mené, mais j'aurais préféré une résolution moins brouillonne, mieux construite, et plus maîtrisée. Tant pis.
Peut-être à Noël, avec la résolution de Ms Flood ?
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## Au programme : des films et des séries, pour un minimum de quatre critiques par semaine...##
The Ministry of Ungentlemanly Warfare (2024) :
Pour empêcher les Nazis de ravitailler leurs U-Boats dans l'Atlantique, Churchill (Rory Kinnear) décide de lancer l'opération Postmaster, une opération ayant pour but de saboter un navire amarré sur l'île de Fernando Po. Pour ce faire, les Britanniques dépêchent deux agents, Marjorie Stewart (Eiza González) et Mr Heron (Babs Olusanmokun), ainsi qu'un commando clandestin de soldats aguerris et controversés, composé de March-Phillipps (Henry Cavill), Lassen (Alan Ritchson), Alvarez (Henry Golding), Appleyard (Alex Pettyfer) et Hayes (Hero Fiennes-Tiffin). Face à eux, toute une garnison de Nazis, et le malveillant Heinrich Luhr (Til Schweiger)...
Un film de guerre goguenard signé Guy Ritchie, qui a décidé ici d'adapter à sa sauce une histoire vraie pour en faire un film à l'ancienne, avec une musique lorgnant fortement sur du Ennio Morricone, une troupe d'acteurs qui s'amusent à prendre des accents improbables, un casting color-blind... et c'est à peu près tout.
Je dois bien avouer que je suis resté sur ma faim : quelque chose ne fonctionne pas totalement dans cette troupe de personnages sous-développés, de méchants nazis très méchants, d'espions nonchalants, etc. Peut-être est-ce dû aux allers-et-retours entre le lieu de l'action, et les bureaux de Churchill et compagnie, qui empêchent le film de créer une dynamique et de décoller. Peut-être est-ce dû aux grosses scènes d'action, toutes filmées de nuit et jamais suffisamment spectaculaires. Peut-être est-ce l'absence du style et de l'énergie habituels de Ritchie, qui semble coincé aux entournures par le matériau de base. Peut-être est-ce au contraire parce que les personnages sont trop nonchalants, et jamais en réel péril.
Je ne sais pas trop, en fait. Ungentlemanly Warfare, c'est un peu Inglorious Basterds sans le fun, sans l'énergie, et sans les moments mémorables. Dommage.
Un petit 3/6 (pour Cavill, qui porte très bien la moustache et la barbe)
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Après les derniers épisodesspéciaux, sympathiques, mais un peu brouillons (typiques de Russell T. Davies, donc), place à la saison 14 du programme, une saison en 8 épisodes co-financée par Disney+ et qui continue avec Ncuti Gatwa dans le rôle-titre...
Doctor Who, saison 14 - première partie (2024) :
- 14x01 - Space Babies : Pour leur premier voyage ensemble, le Docteur (Ncuti Gatwa) et Ruby (Millie Gibson) se rendent sur une station spatiale peuplée uniquement de bébés doués de parole, et ils découvrent qu'un monstre sanguinaire rode dans les entrailles de la station...
Un épisode globalement léger et rigolo, avec des bébés aux effets spéciaux gentiment cheaps, un monstre morveux assez réussi, un duo de tête plutôt sympathique et qui fonctionne bien, des soupçons d'arc saisonnier saupoudrés ici ou là, et toujours des valeurs défendues fermement par le show, bien que ce soit de manière improbable et décalée.
Pas mon épisode préféré, loin de là, mais ça se regardait tranquillement pour une reprise.
- 14x02 - The Devil's Chord :Le Docteur et Ruby arrivent à Abbey Road, en 1963, mais découvrent bien vite que la Terre est privée de musique par Maestro (Jinkx Monsoon), une entité dévoreuse de musique faisant partie des légions du Toymaker...
À nouveau, c'est ici à un épisode assez léger et amusant auquel on a droit, avec un grand méchant théâtral et flamboyant, des caméos historiques, et tout ce qui va avec, mais l'ensemble fonctionne nettement mieux que dans le premier épisode, notamment parce que les effets spéciaux sont plus aboutis, que les soupçons d'arc saisonnier continuent d'affluer, et que tout le monde s'est clairement amusé à tourner l'épisode (ne serait-ce qu'au niveau de la séquence musicale finale, au premier abord totalement gratuite mais ludique).
Et je continue de trouver cette caractérisation du Docteur - moins confiant, moins tête brulée, plus marqué par ce qu'il a vécu avec le Toymaker - assez intrigante et pleine de potentiel. Plutôt sympathique, tout ça, je dois dire.
- 14x03 - Boom :À son arrivée sur une planète en proie à un conflit mondial, le Docteur met le pied sur une mine, et se trouve contraint de rester sur place, tandis que la réalité de ce conflit s'impose autour de lui et de Ruby...
Moffat de retour au scénario, pour un épisode de Who plus tendu et énervé - mais pas dans le sens "action débridée" - puisque le scénariste (et donc le Docteur) en a ici après le complexe militaro-industriel, le capitalisme et la religion organisée.
Il en résulte un épisode très efficace, gentiment tendu (j'avoue que la présence de Varada Sethu, future compagne du Docteur, ici dans un second rôle, m'a fait me demander si la série allait déjà se débarrasser de Ruby pendant quelques épisodes), et surtout très bien interprété ; probablement le meilleur de cette saison, jusqu'à présent, et hormis cette fin un peu facile et précipitée (mais bon Moffat aime bien ces moments où les grands sentiments parviennent à résoudre tous les conflits), on peut saluer le retour en force du scénariste (qui a déjà annoncé qu'il allait écrire l'épisode de Noël à venir).
- 14x04 - 73 Yards : Lorsque le Docteur marche malencontreusement dans un cercle de fées, sur une falaise du Pays de Galles, il disparaît soudainement, et Ruby se retrouve seule, hantée par une mystérieuse femme immobile se tenant toujours à 66 mètres d'elle. Commence alors le début d'une existence solitaire à la destinée improbables...
Ah, c'est dommage, parce que cet épisode, qui ressemble parfois à une sorte de variation de It Follows écrite par Davies, était plutôt bien parti, un mélange intrigant de folklore, de boucle temporelle, de politique fiction, etc, pour un récit tendu et mélancolique qu'aurait pu écrire Moffat.
Seulement voilà, la toute fin arrive, et Davies tente une boucle temporelle trop brouillonne et approximative pour convaincre : alors que cette conclusion aurait pu être émouvante et touchante, renforcer la solitude du personnage de Ruby, apporter des informations inédites sur son destin... le scénario retombe à peine sur ses pattes, et se conclut de façon frustrante et maladroite, trop ouverte aux interprétations pour être satisfaisante.
Donc dans l'ensemble, c'était sympathique et bien mené... jusqu'à la fin bancale. M'enfin au moins Susan Twist aura eu une autre apparition.
(à suivre...)
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Coffee Wars (2023) :
Barista végane et idéaliste, Jo (Kate Nash) tente d'imposer les subtituts laitiers végétaux dans son café, mais elle peine à avoir un impact autour d'elle. Passionnée par son métier, cependant, elle décide de participer aux concours international des baristas, pour prouver au monde que ses choix de vie sont compatibles avec un café de qualité...
Une comédie britannique VÉGANE, apparemment produite de manière VÉGANE et écoresponsable, et dans laquelle son actrice principale VÉGANE (la sympathique Kate Nash, récemment vue dans G.L.O.W.) interprète le personnage d'une barista VÉGANE bien décidée à remporter un concours mondial de préparation de café, afin de prouver à la planète que la philosophie de vie VÉGANE, c'est bien, et qu'il est possible de préparer un café de façon VÉGANE et écoresponsable, sans utiliser de produits d'origine animale.
Voilà voilà. Déjà, avec ça, on cerne à peu près le projet de ce métrage peu probant, assez long, et qui réussit l'exploit de rendre son personnage principal antipathique dès la première scène, quand un faux Morgan Freeman nous fait une narration sarcastique qui débouche sur Jo faisant la leçon à l'une de ses clientes, et la mettant dehors en lui hurlant dessus.
Après... malgré le second degré et l'autodérision du scénario (après tout, c'est anglais, et les personnages sont tous volontairement très excentriques), je dois bien avouer que j'ai lutté avec ce film.
Un film qui frôle fréquemment le cliché que l'on a généralement des végans (selon lequel ils ne perdraient jamais la moindre occasion de parler de leur régime alimentaire, de prêcher la bonne parole et de faire culpabiliser autrui), qui use et abuse d'un style visuel dynamique, goguenard et rythmé pour tenter de donner de l'énergie à son heure cinquante de métrage, et qui m'a tout simplement fait décrocher après 45 minutes, m'obligeant à revenir dessus ultérieurement par acquis de conscience.
Un énorme bof, en somme.
1.75/6 (et encore...)
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Argylle (2024) :
Elly Conway (Bryce Dallas Howard) est l'auteur à succès de romans d'espionnage mettant en scène Argylle (Henry Cavill), un super-espion séducteur. Mais un jour, elle croise le chemin d'Aidan Wylde (Sam Rockwell), un véritable espion qui l'informe que ses romans sont bien trop proches de la réalité, et que cela a attiré sur elle l'attention de la Division, une organisation secrète malveillante bien décidée à éliminer Conway...
Une comédie d'espionnage signée Matthew Vaughn, plus que familier du genre (les Kingsman, notamment), et qui se veut une sorte de relecture goguenarde et décalée de Au revoir à jamais, avec SPOILER son espionne amnésique qui est rattrapée par son passé.
Là-dessus, Vaughn et son scénariste rajoutent une grosse dose de métafiction, avec les irruptions constantes de la fiction littéraire d'Elly Conway dans sa réalité, et ils se font plaisir, avec des passages musicaux et chorégraphiés, qui rappellent certains moments des Kingsman.
Et honnêtement, je n'ai passé un mauvais moment devant Argylle, qui est un film typiquement Vaughnien... et qui, comme souvent, pêche par excès.
Difficile d'arriver à une autre conclusion lorsque le film dépasse largement les deux heures quinze, alors qu'il aurait clairement bénéficié d'un bon quart d'heure en moins.
Cela aurait peut-être permis d'éviter trop de digressions (oui, Rockwell aime bien danser, mais ce n'est pas une raison pour le laisser en roue libre), de resserrer un peu le récit, d'éviter de trop télégraphier certains rebondissements (tout ce qui tourne autour de Keira), etc.
Un film divertissant, donc, mais qui se pense plus malin qu'il ne l'est réellement, probablement trop malin pour son propre bien, puisque le film n'a trouvé ni un accueil critique favorable, ni son public en salles.
Un flop pour Apple Studios, qui a acheté et distribué le projet à hauteur de 200 millions de dollars, mais un film d'action tout de même ludique et sympathique, bien qu'assez bordélique.
3.5/6
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Wonka (2023) :
Willy Wonka (Timothée Chalamet), jeune magicien ambitieux désirant devenir un grand chocolatier, est confronté aux maniganges des membres du Cartel du Chocolat (Paterson Joseph, Matt Lucas, Mathew Baynton), qui, avec l'aide du chef de la police de la ville (Keegan Michael-Key), sont bien décidés à se débarrasser de ce concurrent aux sucreries si... fantastiques !
Un long-métrage anglais auquel personne ne croyait, du réalisateur de Paddington, et qui se retrouve un peu le postérieur entre deux chaises, tentant de s'établir comme une préquelle à Charlie et la chocolaterie... sans jamais vraiment répondre à la question : oui, mais quel Charlie ?
Car ce Wonka reprend ici des chansons du film de 1971, ainsi que ses Oompas Loompas, une partie de l'esthétique de celui de 2005, et bien sûr s'inspire de l'ouvrage de Dahl, pour proposer une préquelle en mode origin story du personnage de Wonka, un personnage ici bienveillant, sociable, optimiste et chaleureux.
On est donc assez loin du reclus excentrique, parfois insensible et émettant un jugement moral envers autrui, qu'il est dans le roman et dans les adaptations qui ont suivi. À la place, Timothée Chalamet incarne ici un chocolatier fantaisiste aux pouvoirs magiques et à la générosité exceptionnelle, un héros nettement plus lisse et gentil, ce qui se marie assez bien avec le ton général du film... et ce n'est pas forcément une mauvaise chose.
En effet, à ma grande surprise, Wonka fonctionne plutôt bien : le tout est particulièrement british, avec ce sens de l'absurde et cet humour si particulier qui font que l'univers de Wonka est à la fois hautement improbable, un peu artificiel, et gentiment décalé.
La direction artistique y est pour beaucoup : les décors, les costumes, les maquillages, tout cela se marie efficacement, et crée une ambiance ludique et magique parfaite pour un film sorti en décembre.
Musicalement, si Joby Talbot produit un score efficace, les chansons sont plus inégales - elles s'inscrivent cependant assez bien dans la continuité de l'univers Wonka, et les acteurs s'en tirent plutôt honorablement, eux aussi.
Reste que le tout est très carré et, encore une fois, assez lisse : les acteurs s'amusent, Hugh Grant est mémorable, certaines scènes sont très jolies (la danse sur les toits, avec les ballons), mais au final, c'est très sage, et ça perd un peu en efficacité dans la dernière ligne droite, alors que Wonka et ses compères tentent de faire un casse sur une réserve de chocolat conservée sous une cathédrale surveillée par Mr. Bean et son armée de moines accros au cacao.
Cela dit, en visionnant ce Wonka, je n'ai pas pu m'empêcher de repenser au Jingle Jangle de Netflix : même genre de production, de spectacle, d'histoire, d'esthétique, d'univers légèrement décalé, etc... sauf que Wonka est nettement plus homogène et maîtrisé de bout en bout, et rien que pour ça, c'est déjà nettement plus agréable.
3.75/6
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Adaptation en 10 épisodes (+ 1 épisode bonus partiellement animé, d'ailleurs probablement le meilleur et le plus homogène de la série) des comic-books de Neil Gaiman, The Sandman se veut un portage à l'écran fidèle à l'œuvre originale, puisque chapeauté par Gaiman lui-même, par David Goyer (aïe), par un producteur/scénariste de Grey's Anatomy et du premier Wonder Woman (re-aïe) et écrite par un paquet de scénaristes pour la plupart inexpérimentés (ou provenant de Grey's ou de The Catch, aïe aïe aïe).
Ce qui explique probablement pourquoi, malgré une direction artistique très travaillée, le produit fini est aussi mitigé...
Sandman, saison 1 (The Sandman, season 1 - 2022) :
Maître du monde des rêves, Morpheus (Tom Sturridge) tombe dans le piège d'un sorcier humain (Charles Dance) et passe ainsi plus d'un siècle en captivité. À son évasion, il retrouve un monde des rêves en ruines, laissé à l'abandon, ses nombreux habitants éparpillés, et il apprend que les outils de sa fonction lui ont été dérobés : il part alors à leur recherche, emprunt d'une colère et d'une misanthropie toujours plus présentes...
Produite au terme d'un development hell conséquent, qui a vu le projet passer du grand écran au petit écran, la saison 1 de The Sandman a été globalement assez bien reçue par les critiques américaines... mais je dois avouer que j'ai été franchement déçu par le tout.
En réalité, il est compliqué de vraiment exprimer ce qui ne fonctionne pas dans l'approche de la série... c'est un ressenti partiellement subjectif, une impression d'adaptation mécanique limitée par le budget et par le talent des personnes impliquées (Gaiman n'a pas écrit un scénario de sa série en solo), et qui trop souvent, se contente de recopier fidèlement la version papier avec raideur et distance... sans parvenir à en retranscrire l'essence onirique si particulière.
En même temps, était-il seulement possible d'adapter l'œuvre originale à un format télévisuel, qui plus est sur Netflix, et en coupant tous ses liens avec l'univers DC comics, sans la dénaturer fortement ?
Et je ne parle pas là du cahier des charges Netflix en matière de représentativité ethnique et sexuelle, une représentativité partiellement héritée du comic-book (et de Gaiman, dont le mot d'ordre pendant le casting, était, de son propre aveu, "est-ce que le fait que le personnage soit blanc et/ou un homme dans la bd est important ? Non ? Alors on change."), mais poussée ici dans ses retranchements de manière très mécanique (c'est bien simple, à part le Sandman et Fiddler's Green, tous les personnages présents sur l'affiche ci-dessus ont été gender-swapped, race-swapped, et/ou sont LGBTQ+) et dont l'épisode 11 semble se moquer un peu (au travers du personnage de Madoc, pseudo-féministe, qui exige de manière pétulante que l'adaptation de son roman soit produite avec 50 % de femmes et de personnes de couleur devant et derrière la caméra - ce qui est peu ou prou le modus operandiNetflix, sous couvert d'égalité des chances).
Certes, ce cahier des charges est balourd au possible, et l'on se retrouve, de manière assez récurrente, avec un Sandman pas très doué ou intelligent, qui passe tout son temps à se faire remettre en place ou à se voir expliquer la vie par des strong black women... mais c'est Netflix, on commence à être habitués.
Non, ce qui est plus compliqué à adapter, en fait, c'est la forme narrative de la bande dessinée, qui pouvait alterner les récits plus longs avec des récits unitaires plus mélancoliques ou philosophiques. Une dualité quasi-anthologique qui faisait fréquemment passer le personnage-titre au second plan des récits, et qui se retrouve ici plus ou moins bien retranscrite, puisque l'adaptation assez fidèle à la structure des bandes dessinées fait que les 5 premiers épisodes sont ainsi consacrés au Sandman, à sa libération, et à sa tentative de retrouver ses possessions perdues... avant de basculer vers un hybride d'épisodes unitaires et d'adaptation du second arc du comic-book.
Et le sort réservé au Corinthien (Boyd Holbrook, dans un rôle présenté très tôt, en filigrane, comme le Big Bad de la saison, une menace, un cauchemar/tueur en série échappé du monde des rêves, vénéré par la communauté des tueurs en série... et qui finit évacué en manière honteuse en fin de saison, après avoir été notamment éclipsé tout du long par d'autres personnages, et notamment par John Dee/David Thewlis, excellent) est assez emblématique de la bataille constante que se livrent, dans cette série, les forces du récit original, de son aura mystique et onirique, de ses concepts improbables et de son décalage typiquement gaimaniens, opposées au formatage d'une adaptation télévisuelle modernisée, étriquée et parfois techniquement approximative.
En effet, si la direction artistique est intéressante et travaillée, la post-synchro de la série est assez mauvaise, l'image est immonde (pour une raison incompréhensible, toute la série est délibérément filmée avec un format d'image légèrement étiré dans le sens de la hauteur, une décision créative agaçante jamais justifiée, et dont Gaiman et compagnie ont du mal à expliquer les motifs), les effets numériques sont inégaux, les incrustations sur fond vert flagrantes et bancales...
L'écriture est, elle, très variable, avec des épisodes plutôt bons (notamment les épisodes 5 - un huis-clos dans un diner - et 6 - deux mini-récits sur le thème de la mort -, ou encore l'épisode 11), pas mal d'éléments sous-développés (qui semblent uniquement là pour faire "comme dans le comic-book") et d'autres passages qui font grincer des dents (tout ce qui concerne Johanna Constantine paraît particulièrement forcé, y compris l'interprétation de Jenna Coleman, et tout ce qui tourne autour de la convention de serial killers tombe à plat, avec de l'humour qui fait lever les yeux au ciel)...
De manière globale, une fois que la série adapte le second arc du comic book et se consacre à Rose Walker, le niveau retombe un peu, Morpheus passe largement au second plan, et la série préfère se consacrer au personnage de Rose, à son parcours, à ses proches, à sa nouvelle "famille" excentrique, etc.
Autant d'éléments qui passent nettement mieux sur papier, dans le cadre d'une série écrite par un Anglais et ne se prenant pas forcément toujours au sérieux, que sur le petit écran, qui manque totalement de la finesse, du recul, et du style nécessaires pour créer cette réalité improbable.
C'est peut-être ça, le vrai problème de cette adaptation de The Sandman : un manque de style, de vision et de personnalité. En confiant cette série a une poignée de scénaristes américains et à des réalisateurs de télévision, la série peine à imposer sa marque et ressemble trop souvent à une adaptation servile et formatée, ne cherchant jamais à transcender le matériau de base pour son passage au petit écran, si ce n'est de manière superficielle et complaisante.
Ça perd une grande partie de son charme, ça paraît un peu bordélique, et c'est peu ou prou ce à quoi je m'attendais de la part de Netflix, en fait...
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Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine, et des critiques d'une vingtaine de lignes, tout au plus.
Nandor Fodor and the Talking Mongoose (2023) :
Lorsque Nandor Fodor (Simon Pegg), parapsychologue anglais de renom, reçoit en 1935 un dossier sur une étrange manifestation paranormale (une mangouste douée de parole) survenant depuis bien longtemps au sein d'une famille vivant sur l'Île de Man, il part enquêter sur place avec Anne (Minnie Driver), son assistante...
Une comédie anglaise étrangement frustrante, puisque malgré sa distribution intéressante (il y a même Neil Gaiman qui double la mangouste), le tout semble manquer de direction, de substance, et rester très en surface de ce que le film cherche à raconter : Nandor se rend sur l'île de Man, Nandor mène brièvement l'enquête, Nandor repart, fin du film.
La profondeur supposé des réflexions amenées par le phénomène tombe à plat, le film n'a pas de point de vue sur les événements, le ton n'est jamais particulièrement drôle, mystérieux ou tendu, la satire semble hésitante, les personnages sont assez sous-développés, bref, la mayonnaise ne prend jamais vraiment, et l'on reste sur sa faim.
Dommage.
2.5/6
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Avec son retour aux commandes de la franchise Who, Russell T. Davies a immédiatement rappelé aux spectateurs pourquoi son showrunning a si bien su faire renaître Doctor Who, en 2005 : un premier épisode familial et amusant, un second épisode plus sérieux et tendu, et maintenant, quelque chose de nettement plus flamboyant, avec le caméo de Neil Patrick Harris, et la transition vers un nouveau Docteur...
Doctor Who - The Giggle (2023) :
Lorsqu'un signal étrange se répercurte sur tous les écrans de la Terre et rend les humains fous à lier, le Docteur reconnaît là la signature du Toymaker (Neil Patrick Harris), une entité toute puissante qu'il a vaincu de justesse autrefois, et qui cherche désormais à se venger...
Après le Meep mignon et déglingué, et The Thing à la sauce Who, place à un troisième épisode plus flamboyant, qui voit Neil Patrick Harris incarner un grand méchant omnipotent qui se donne en spectacle, danse sur du Spice Girls, transforme les gens en ballons, en marionnettes, etc.
Face à lui, un Docteur délibérément épuisé et au bout du rouleau, une Donna toujours très efficace, les troupes de UNIT (ainsi que Mel, compagne des Sixième et Septième Docteurs)... et une bi-régénération inattendue, qui voit Tennant partager l'écran avec son successeur, et remporter l'épisode au cours d'une partie de... lancer de balle.
Je mentirais en disant que l'épisode ne m'a pas semblé un peu bordélique, avec un Toymaker à l'efficacité étrangement variable. En fait, c'est bien simple, j'ai vraiment eu l'impression que le tout avait été conçu comme un épisode en deux parties, un nouvel adieu à Tennant, avant d'être reconfiguré en épisode simple un peu plus court, mais moins satisfaisant : tout semble ainsi se résoudre de manière un peu trop facile, y compris au niveau de la birégénération, et du sort de Docteur-Tennant (qui laisse ainsi à l'acteur une porte entrouverte pour reprendre son rôle quand bon lui semble).
Cela dit, c'était amusant et dynamique, avec quelques moments de menace efficaces, et Ncuti Gatwa fait bonne impression : sans être exceptionnel, le tout se regarde donc très bien.
Doctor Who - The Church on Ruby Road (2023) :
Jeune orpheline abandonnée, à sa naissance, sur le seuil d'une église, Ruby Sunday (Millie Gibson) se retrouve un jour au centre de multiples coïncidences étranges et accidents malencontreux, qui se font de plus en plus prononcés. Et lorsque le bébé confié à son foyer d'accueil est enlevé par des gobelins le soir de Noël, elle rencontre alors le Docteur, qui l'emmène dans une aventure improbable pour sauver le nourrisson...
Un épisode de Noël façon conte de fées, avec des pirates gobelins qui chantent, un Docteur aux tenues flamboyantes et qui, lui aussi, chante et danse, une nouvelle Compagne dynamique, une guest star qui meurt dans d'affreuses souffrances de manière rigolote, des pistes intrigantes lancées pour la saison 2024, bref, un Doctor Who festif plutôt agréable et léger, bien qu'étant toujours un peu brouillon, comme à l'accoutumée avec Davies.
Cela dit, les effets spéciaux étaient très réussis, et Davies a toujours ce chic pour rendre instantanément le côté humain de la série attachant et sympathique, au travers de personnages crédibles et de relations naturelles. Reste à voir ce que donnera la future saison en tant que telle.
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Après plusieurs saisons insipides et globalement ratées (malgré une interprète principale attachante, qui aurait mérité mieux) sous l'égide de Chris Chibnall, retour de Russell T. Davies aux commandes de la franchise Doctor Who, pour une tentative de résurrection de cette dernière à l'occasion de son 60e anniversaire, une résurrection qui s'accompagne du retour attendu de David Tennant et de Catherine Tate devant la caméra...
Doctor Who - The Star Beast (2023) :
Alors qu'il vient de retrouver l'apparence du Dixième Docteur (David Tennant), le Docteur arrive à Londres, à deux pas de Donna Noble (Catherine Tate) : le destin semble le pousser vers elle et vers sa famille, dont sa fille Rose (Yasmin Finney), qui vient justement de découvrir le Meep, une créature étrange récemment écrasée sur Terre et traquée par plusieurs groupes lourdement armés...
Retour pétaradant aux commandes de la série pour Davies, qui semble prendre un malin plaisir à prendre les néanderthals du web à rebrousse-poil (on a parfois l'impression qu'il a écrit tout l'épisode à l'envers, en partant de la dichotomie binaire/non-binaire et du personnage transgenre de Rose, pour s'en servir comme d'une justification capillotractée au retour de Donna et à sa happy end), et qui nous fournit ici une reprise dynamique, drôle, légère, explosive, rythmée et tout et tout.
Certes, c'est un peu brinquebalant, le temps que tout le monde retrouve son rythme, mais le Doctor Who de Davies a toujours été un peu bancal sur les bords, donc rien de surprenant ou de rédhibitoire. En tout cas, même si ce n'est pas le meilleur épisode de tous les temps, et si ça joue beaucoup sur la nostalgie du Dixième Docteur, ça reste nettement plus fun et intéressant que l'ère Chibnall.
Doctor Who - Wild Blue Yonder (2023) :
Endommagé, le TARDIS laisse Donna et le Docteur sur un immense vaisseau abandonné perdu aux confins de l'univers... où rapidement, ils réalisent qu'ils ne sont pas seuls, confrontés à des formes de vie capables d'imiter leur apparence et de leur voler leurs souvenirs.
The Thing, dans l'espace, matiné d'Event Horizon, pour un épisode reposant intégralement sur le duo Tennant/Tate, excellent comme toujours, et sur une atmosphère plus sérieuse et angoissante que dans l'épisode du dessus.
Et ça fonctionne très bien, franchement, après un gag d'introduction assez typiquement Daviesien (Issac Newton réinventé en jeune métis sexy qui découvre la théorie de la "mavité"), permettant même à Tennant de dévoiler une part plus vulnérable et affaiblie de son Docteur, dominant ici nettement moins la situation que d'habitude, avec une Donna qui est, comme elle le dit si bien, "brillante".
Bref, un épisode tendu, très réussi (hormis une incrustation ou deux sur fond vert, mais bon, ça, même les blockbusters à 300M ne sont plus foutus de les rendre crédibles), et qui se termine, pour le plus grand des plaisirs, sur un dernier caméo de Bernard Cribbins...
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Bernard et le génie (Bernard & The Genie - 1991) :
Renvoyé par son patron cruel (Rowan Atkinson), Bernard (Alan Cumming) découvre que sa petite-amie le trompe, et qu'il a tout perdu à l'approche de Noël... tout, sauf une lampe antique, dont émerge un génie (Lenny Henry) qui lui accorde des vœux illimités.
Histoire de boucler cette Christmas Yulefest 2023, revenons sur Bernard & The Genie, un Christmas Special de la BBC diffusé en 1991, et que son créateur, Richard Curtis, a récemment remaké avec son Genie (chroniqué en ces pages un peu plus tôt durant la saison).
Et immédiatement, lorsque l'on compare les deux, c'est le jour et la nuit : ici, on est dans une production télévisuelle des années 90, avec ce que ça implique de limites et d'éléments datés (musicaux, notamment), mais aussi de ton bien différent de la version cinéma de 2023.
On oublie le côté sentimental "père de famille absent qui doit se faire pardonner de sa fillette et de sa femme", pour quelque chose de plus direct, de plus "sitcom". Car l'on retrouve bien ici le ton comique de bon nombre de productions télévisuelles de Richard Curtis de l'époque : c'est plus décomplexé, plus rythmé (67 minutes), Atkinson s'amuse en patron malfaisant, le portier mythomane est rigolo, et le génie est immédiatement plus vivant et attachant que Melissa McCarthy dans l'original.
Et puis difficile aussi de ne pas comparer la structure des deux métrages : malgré sa durée plus limitée, ce Bernard et le génie parvient à être plus cohérent et mieux articulé, et certains éléments qui paraissaient survolés ou sortis de nulle part dans la version 2023 (les références à Jésus, le vol de la Mona Lisa, etc) font ici sens.
Alors c'est daté, oui, et limité par le format tv et le ton sitcom, mais ça m'a semblé nettement plus amusant et ludique que la version McCarthy, qui ne parvient jamais vraiment à faire oublier que c'est Melissa McCarthy qui fait son numéro mollasson.
3.75/6
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En Angleterre, le petit Mikey (Bamber Todd) est un délinquant juvénile issu d'une famille pauvre et en difficultés : sa mère (Laura Donnelly) peine à leur ramener à manger chaque jour, est humiliée par son patron malhonnête, et leur réserve un Noël que Mikey sait à l'avance décevant. Lorsqu'un braqueur de banque (James Nesbitt) déguisé en Père Noël se cache dans les bois voisins, Mickey décide alors de profiter de l'occasion pour aider ce dernier, et gagner un peu d'argent au passage, pour notamment offrir un cadeau de Noël à son petit frère. Mais en lieu et place du braqueur, il tombe sur un inconnu (Timothy Spall) qui affirme être le vrai Père Noël tombé de son traîneau...
Mouais. Un téléfilm de Noël anglais diffusé sur Sky, et qui choisit une approche misérabilisme et réaliste de la vie comme toile de fond à son récit, une approche bien déprimante qui plombe joyeusement tout ce qui se déroule à l'écran.
Parce que non seulement le récit prend bien son temps pour démarrer, mais en plus, bien entendu, il n'y a pas de "magie de Noël" ou que sais-je encore (SPOILER : Spall est un ancien flic sénile qui se prend pour Santa), ou presque, et le tout se limite à un Nesbitt qui cabotine, une Donnelly (excellente) en mère éplorée prête à presque tout pour joindre les deux bouts, à un Spall en retrait (voire absent et sous-exploité), et à Bamber Todd efficace, mais dont le script présente les actions (il met feu au sapin de Noël de l'école, entre autres) comme un simple acte de rébellion pardonné à la fin (et la gifle qu'il reçoit de sa mère comme un scandale absolu).
Bref, c'est un peu trop "cinéma anglais réaliste", un peu trop brouillon, un peu trop cabotin, et trop le postérieur entre deux chaises (film pour adultes et film pour enfants) pour me convaincre.
2.25/6
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Le lapin de velours (The Velveteen Rabbit - 2023) :
Mélancolique et timide, le petit William (Phoenix Laroche)) s'installe avec ses parents à l'autre bout du pays, loin de ses amis et de son école. Là, il s'attache à un lapin en velours qu'il a reçu pour Noël... jusqu'à ce que William tombe gravement malade et que le jouet doive être brulé pour éviter la contagion.
Une adaptation Apple Tv d'un récit pour enfants incontournable en Grande-Bretagne, ce qui explique probablement pourquoi ce Christmas Special de 45 minutes a à ce point plu aux critiques et aux spectateurs.
Toute nostalgie mise à part, et bien qu'étant familier du livre original, j'ai trouvé le tout un peu décevant.
En partie à cause de la mise en scène et du rendu visuel global très télévisuels, mais aussi parce que sur le fond, au niveau de la narration, j'ai trouvé que quelque chose était très (trop) plat, peinant à susciter de l'émotion.
Peut-être est-ce dû à l'écriture et à l'interprétation du petit William, en mode anxiété sociale maladive. Peut-être est-ce le doublage, qui manque un peu de charme. Ou peut-être est-ce dû aux mélanges de styles, avec un récit qui passe de la prise de vue réelle à la pseudo-stop-motion, et qui intègre des animaux en CGI avant de basculer brièvement en animation hybride 2D/3D pour illustrer certains des jeux du garçon (mais pas tous) avec son lapin - le tout semble un peu décousu, comme s'il manquait quelque chose pour vraiment rendre le tout attachant et dépasser la simple démonstration technique.
En tout cas, ce n'est pas mauvais, en soi, mais ici, avec cette adaptation, la magie du récit original n'a pas opéré sur moi.
3/6
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C'est bientôt Noël : chez les Téléphages Anonymes, c'est l'heure du marathon de cinéma festif de la Christmas Yulefest, et ce jusque début janvier...
Ton Noël ou le mien 2 (Your Christmas or Mine 2 - 2023) :
La famille Hughes et la famille Taylor partent ensemble en vacances dans les Alpes autrichiennes, mais un quiproquo de dernière minute envoie les Taylor dans l'hôtel de luxe des Hughes, et ces derniers dans une cabane miteuse au milieu des bois...
Le premier Ton Noël ou le mien, diffusé l'année dernière sur Amazon, était une comédie romantique britannique gentillette, mais un peu anecdotique. La suite, très logiquement, est à l'identique : sympatoche, tout à fait regardable, mais aussi peu marquante, et honnêtement un peu redondante.
D'autant que tout le côté romance est alourdi par des ficelles narratives évidentes et caricaturales, des rebondissements prévisibles, du genre de ceux que l'on verrait habituellement dans des téléfilms de base peu inspirés ; alors certes, le film conserve une petite touche british qui fonctionne et qui évite de prendre le tout trop au sérieux, mais ça reste du film de Noël inoffensif, bon enfant et très balisé.
3.5/6
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C'est bientôt Noël : chez les Téléphages Anonymes, c'est l'heure du marathon de cinéma festif de la Christmas Yulefest, et ce jusque début janvier...
Genie (2023) :
Responsable surbooké du catalogue d'une salle de ventes d'antiquités new-yorkaise, Bernard (Paapa Essiedu) est renvoyé par son patron, Mr Flaxman (Alan Cumming) juste avant Noël. En parallèle, son épouse Julie (Denée Benton) lui annonce qu'elle le quitte, car il fait toujours passer son métier avant leur vie de famille. Seul, Bernard libère alors par erreur un génie, Flora (Melissa McCarthy), qui lui accorde des vœux infinis... l'occasion pour Bernard de changer sa vie du tout au tout.
Remake, par Richard Curtis et Sam Boyd, d'un téléfilm anglais de 1991,Bernard et le génie, nettement plus orienté comédie british festive, ce Genie cuvée 2023 est en réalité une comédie fantastique se déroulant à Noël, plus que de Noël.
Comprendre que Noël n'est ici qu'une vague toile de fond sans la moindre importance sur le récit ou sur son propos (là où le téléfilm original insistait plus sur les valeurs de la saison), et que le tout aurait très bien pu se dérouler au mois d'août sans que rien ne change : Genie finit par être une comédie gentillette, un peu basique et creuse, pleine de bons sentiments, mais globalement anecdotique au possible, et dont certains éléments (directement importés de la version originale, comme le vol de la Mona Lisa) ne fonctionnent pas vraiment narrativement.
Même Melissa McCarthy paraît en demi-teinte, pas assez exubérante pour cabotiner, et pas assez dans l'émotion pour emporter l'adhésion.
Pas forcément mauvais, mais hautement oubliable.
2.5/6
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Christmas Time (2023) :
Parce qu'il déteste Noël et souhaite échapper aux célébrations de fin d'année, Kevin Snowdon (Neil James), professeur de physique, part chaque année avec sa famille au ski, loin de tout, aux alentours du 25 décembre. Cette année, cependant, un problème de réservation l'envoie en Laponie, où il va redécouvrir la magie de Noël...
Un long-métrage familial anglais (?) adapté d'un livre pour enfants par son auteur, qui a, entre-temps, scénarisé un court-métrage d'animation festif qui a fini intégré à ce Christmas Time : bref, on devine un budget assez limité pour ce film indépendant bourré de stock shots, tourné au Royaume-Uni, et qui ressemble un peu à ce qui pouvait se faire aux USA dans les années 80, avec des films comme SOS Père Noël et compagnie.
Sauf qu'ici, budget oblige, c'est nettement plus fauché, et surtout très approximatif et naïf : on sent que ça coince quand le film s'ouvre sur une adolescente de 14 qui écrit sa lettre au Père Noël, et ensuite quand le prof de physique explique à des collégiens/ados de 15 ans que le Père Noël ne peut pas exister pour des raisons physiques X et Y.
On a l'impression d'un métrage totalement déconnecté de la réalité, ou plutôt écrit avec, en tête, des enfants ayant 5 ans de moins, ce qui se retrouve dans l'interprétation globale et dans l'écriture très caricaturale.
Ça a bon fond, mais c'est assez maladroit, décousu et amateur.
2/6
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Avec la première saison de Good Omens, sympathique mais assez inégale (du "assez bien mais peut mieux faire", comme je le concluais dans le bilan correspondant), Neil Gaiman s'essayait au difficile métier de showrunner, en adaptant pour l'occasion son propre roman. Là, pour les 6 épisodes de cette seconde saison, on prend les mêmes et on recommence, mais sans avoir de roman déjà écrit sur lequel s'appuyer : la série en sera-t-elle meilleure, ou bien plus éparpillée ?
Good Omens, saison 2 (2023) :
Lorsqu'un Gabriel (Jon Hamm) nu et amnésique arrive sur le seuil de la librairie d'Aziraphale (Michael Sheen), ce dernier et Crowley (David Tennant) acceptent de le cacher du Ciel et de l'Enfer, qui veulent sa peau pour une raison mystérieuse. Ce qui va les entraîner dans une spirale improbable, et les placer au cœur d'une guerre ouverte entre les deux puissances...
Une saison qui, privée de l'influence du livre, se base supposément sur des idées et une trame potentielle échangées par Gaiman et Pratchett avant la mort de ce dernier... mais en réalité, ce que l'on ressent le plus, c'est le fanservice de Gaiman, qui profite de l'alchimie de Tennant et Sheen pour proposer à son public très demandeur une romance improbable entre eux.
Ce n'est pas forcément surprenant, ça va de pair avec deux autres sous-intrigues romantiques parallèles (une, LGBTQ-friendly, entre deux voisines, l'autre plus surprenante et un peu précipitée en fin de saison) et ça développe une thématique d'un troisième choix entre Ciel et Enfer, avec conclusion déchirante à la clef... mais ça prend aussi beaucoup de place dans cette saison de 6 épisodes, au point qu'elle paraisse un peu vide quand on fait le bilan de ce qui s'y est déroulé.
Le gros de la saison prend en effet place dans la librairie d'Azi, les quelques flashbacks historiques çà et là étant des webisodes tournés préalablement et intégrés dans la saison, et il en résulte une impression d'étriqué, comme si le budget avait été largement amputé, et que Gaiman avait dû se concentrer sur le développement de son duo principal pour compenser.
Même les enjeux de la saison, nettement moins importants que précédemment, semblent un peu résolus de manière expéditive, pour laisser plus de place à Azi et Crowley.
Après, cette saison reste agréable à suivre, portée par deux acteurs principaux qui s'amusent beaucoup et par une musique toujours aussi aboutie de David Arnold, qui réorchestre le thème principal de la série dans un style différent, à chaque épisode.
Mais un peu comme pour la saison 1, je reste mitigé positif, au terme de ces six épisodes : Good Omens, c'est sympathique, les acteurs sont impeccables, mais ça reste anecdotique, et il semble manquer d'un petit quelque chose pour vraiment capitaliser sur le postulat de départ du programme.
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Chez les Téléphages Anonymes,de fin septembre à début novembre, on fête Halloween et l'Oktorrorfest, un marathon quotidien de cinéma fantastique et d'horreur...
The Haunting of the Queen Mary (2023) :
En 1938, à l'occasion du bal costumé d'Halloween, un couple de basse extraction, David (Wil Coban) et son épouse Gwen (Nell Hudson), diseuse de bonne aventure, parviennent à aborder, déguisés, certains des passagers les plus prestigieux du RMS Queen Mary, avec leur fille Jackie (Florrie Wilkinson). Mais cette imposture tourne vite au massacre lorsque David, possédé par un esprit maléfique, s'en prend aux passagers. De nos jours, Anne (Alice Eve) et son ex-compagnon Patrick (Joel Fry), accompagnés de leur fils Lukas (Lenny Rush), montent à bord du navire-musée pour proposer au Capitaine Bittner (Dorian Lough) un projet de visite 3D, afin de relancer l'intérêt du public pour le bateau. Les deux époques vont alors se mêler, alors que Lukas est possédé par l'esprit de Jackie, et va se trouver au centre d'une spirale infernale mêlant esprits vengeurs, sacrifice humain et phénomènes paranormaux...
Un film de hantise (mâtiné, brièvement, de slasher) anglais assez frustrant car possédant un cadre plutôt unique, bourré d'idées scénaristiques, mais totalement dévoré par un manque de recadrage et de maîtrise de la production : le film dure ainsi plus de deux heures, deux heures pendant lesquelles le scénario passe constamment d'une époque à une autre, se livre à de longues digressions documentaires (insertion de séquences documentaires, d'images d'époque, etc) et autres (un numéro de claquettes avec "Fred Astaire"), et ressemble très (trop) souvent à un projet de passionné qui n'aurait jamais dû être produit tel quel, sans un bon élagage du script.
Ce Haunting of the Queen Mary s'éparpille en effet tellement que les personnages en viennent à être sous-développés, à avoir des réactions étranges (parfois expliquées ultérieurement en flashback, parfois non), à devenir antipathiques, bref, la caractérisation souffre beaucoup de ce récit brinquebalant, dont ne sortent indemnes que les deux enfants (finalement assez peu présents).
Niveau formel, il y a là aussi quelques jolis plans et mouvements de caméra, ainsi qu'une gestion compétente de l'espace du navire, et les effets sont assez réussis, mais là aussi, le réalisateur de Dracula Untold noie ses bonnes idées dans un trop plein de tout, qui dilue l'efficacité du métrage et frustre.
Dans l'ensemble, donc, ce n'est pas inintéressant, mais c'est tout de même globalement inabouti.
2.5/6
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Lockwood & Co., saison 1 (2023) :
Depuis 50 ans, le monde est ravagé par le « Problème » - pour une raison inexpliquée, des esprits vengeurs ont commencé à sortir de leur tombe, et à s'en prendre aux humains - et seules certains adolescents, encore capables de percevoir avec précision ces fantômes, sont habilités à les chasser, regroupés en agence réglementées et surpervisées. Mais face aux grandes agences ayant pignon sur rue, des agences plus artisanales ont vu le jour : c'est notamment le cas de Lockwood & Co, l'agence londonnienne d'Anthony Lockwood (Cameron Chapman), au passé mystérieux, qui travaille avec George (Ali Hadji-Heshmati), un jeune érudit excentrique, et avec Lucy (Ruby Stokes), aux talents d'écoute médiumnique hors du commun...
Seule et unique saison de cette série young adult adaptée par Joe Cornish (compère d'Edgar Wright, coscénariste de Tintin et du premier Ant-man, réalisateur et scénariste de Attack the Block et de The Kid who would be King) à partir des romans de Jonathan Stroud, Lockwood & Co a été sacrifiée par Netflix au mois de janvier dernier, un mois clairement peu propice aux histoires de fantômes et de surnaturel, et a été annulée sur la lancée, parce que Netflix ne sait pas faire autrement.
Et c'est bien dommage, parce que cette série en huit épisodes de 35-45 minutes environ s'avère plutôt sympathique, et très, très british.
Certes, on sent bien, ici ou là, des influences prononcées, que ce soit Ghostbusters, Sherlock, Doctor Who, Dirk Gently ou autre, et la série s'essouffle un peu dans son dernier tiers, quand les relations se font plus "adolescentes", que l'immaturité des personnages se fait plus prononcée, et quand les ficelles narratives s'épaississent un peu... mais globalement, l'univers présenté est intrigant, les personnages présentés intéressants (je suis moyennement fan de Flo, cela dit, de sa caractérisation et de son look excentrique assez forcé), les dialogues amusants, les interprètes compétents, l'illustration musicale originale (beaucoup de musique goth des années 80) et les effets spéciaux de bonne qualité.
Autrement dit, Lockwood & Co. est plutôt réussi, dans l'ensemble, avec notamment un univers convaincant, tant dans sa représentation visuelle que dans sa construction par petites touches, au détour d'un dialogue, d'un élément du décor, d'une référence, etc.
Ce n'est pas parfait, mais ça reste à voir, donc, même s'il faut très clairement regretter que ce programme ait vu le jour sur Netflix, ce qui le condamnait forcément à une annulation précoce et frustrante.
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The Rig, saison 1 (2023) :
À bord d'une plateforme pétrolière au large de l'Écosse, des phénomènes mystérieux se succèdent, au grand dam de Magnus MacMillan (Ian Glen), le responsable de la plateforme, de Rose Mason (Emily Hampshire), représentante de l'exploitant, et de tous les ouvriers présents : une secousse sismique ébranle l'installation, un épais brouillard s'abat soudainement sur celle-ci, et une pluie de cendres venues de nulle part arrose copieusement les travailleurs... dont certains commencent à changer.
Six épisodes de 50 minutes au programme de cette série fantastique écossaise diffusée sur Amazon en janvier dernier, et rapidement renouvelée pour une saison 2 : un format plutôt agréable pour une série chapeautée par un showrunner/scénariste dont c'est là le premier travail... et ça se sent un peu.
Car difficile de ne pas être un peu déçu devant cette série qui commençait pourtant si bien, avec une plateforme pétrolière plongée dans un brouillard épais, et inondée de cendres à l'origine mystérieuse provoquant des phénomènes paranormaux... il y avait là énormément de potentiel, malgré une caractérisation vraiment simpliste et basique - le chef de plateforme au grand cœur traumatisé par la mort de son fils ; l'un de ses subordonnés bourru, revenu de tout, colérique et prompt à la mutinerie ; la petite jeune aux croyances religieuses ; la docteure LGBTQ qui est enceinte ; la représentante de la corporation, antipathique et entêtée, qui couche avec le technicien principal de la plateforme, etc.
Malgré ces quelques scories, et une écriture manquant de subtilité, les deux premiers épisodes se déroulent de manière intéressante, suscitant la curiosité du spectateur, et parvenant à créer une certaine menace impalpable et omniprésente à la The Fog de Carpenter.
Et puis, dès le troisième épisode, c'est vers d'autres films de Carpenter que le tout évolue, mais pas forcément de manière probante : le brouillard se lève, les cendres cessent de tomber, il fait jour, et l'on découvre que (SPOILER) les cendres sont des spores venues du fond des océans, qui contaminent certains humains et les font passer sous son contrôle. Une entité primitive venue du fond des âges, comme une sorte de réponse immunitaire de la planète pour se débarrasser des maychants humains pollueurs et pour provoquer une nouvelle extinction de masse.
On se retrouve alors avec une sorte de mélange de The Thing (les tests sanguins pour savoir qui est contaminé), Prince des Ténèbres (l'entité, les visions apocalyptiques, les humains télécommandés) et autres, mais en mode écolo, avec comme personnage central la représentante de la corporation (Emily Hampshire, jamais attachante ou sympathique dans ce rôle, malgré le face turn du personnage à mi-parcours), qui débite des kilomètres d'exposition et de pseudo jargon scientifique, et qui est la seule à garder son sang froid, capable de prendre le contrôle des opérations alors qu'autour d'elle, tous les hommes s'écroulent émotionnellement.
On revient là au problème de caractérisation mentionné plus haut, qui fait de tous ces employés de la plateforme, supposément professionnels aguerris, des épaves émotionnelles s'effondrant au moindre problème, constamment insubordonnés et n'hésitant pas une seconde à se mutiner et à suivre un méchant cadre de la corporation encore plus pourri et caricatural que les autres (Mark Addy, qui arrive vers la fin de saison).
Bref, voilà : dès le troisième épisode, la série perd toute tension, oublie le suspense et l'horreur, et devient un thriller pseudo-scientifique et écologique assez cliché dans lequel les protagonistes tentent d'empêcher l'extinction de l'humanité aux mains de ces spores décidées à déclencher un cataclysme océanique.
Des enjeux tellement improbables qu'il aurait fallu plus de maîtrise et de subtilité pour les rendre crédibles, d'autant que le propos écologique est assez simpliste et basique, et qu'il y a un vrai manque d'énergie dans tout ça, quand bien même la série serait plutôt bien mise en images (malgré quelques effets numériques discutables).
Bref, je suis ressorti frustré de cette mini-série qui peine à tenir la distance (on se demande si le tout n'aurait pas mieux fonctionné en mode long-métrage), qui n'exploite pas totalement son cadre, et qui finalement n'apporte pas grand chose de nouveau dans le genre de la menace sous-marine réveillée par les maychants prospecteurs d'hydrocarbures...
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