Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
LES TÉLÉPHAGES ANONYMES

Il était une fois Lurdo & Sygbab, deux internautes passionnés de séries tv et de cinéma, et qui cherchaient un endroit où archiver leurs avis (semi) éclairés...

Les bilans de Lurdo - Halloween Oktorrorfest 2023 - 1899, saison 1 (2022)

Publié le 21 Octobre 2023 par Lurdo in Critiques éclair, Les bilans de Lurdo, Télévision, USA, Danemark, Netflix, Drame, Thriller, Fantastique, Horreur, Halloween, Oktorrorfest, Review

L'Halloween Oktorrorfest touche aussi le petit écran, avec chaque week-end, durant tout le mois d'octobre, des critiques de séries fantastiques et horrifiques... 

1899, saison 1 (2022) :

En 1899, à bord du Transatlantique Kerberos, l'équipage (Andreas Pietschmann, Tino Mewes, Isaak Dentler) et un groupe de passagers en provenance d'horizons différents (Emily Beecham, Aneurin Barnard, Miguel Bernardeau, José Pimentao, Isabella Wei, Gabby Wong, Yann Gael, Mathilde Ollivier, Jonas Bloquet, Maciej Musial, Clara Rosager, etc) sont confrontés à des phénomènes mystérieux lorsqu'ils croisent le chemin du Prometheus, un autre navire de la même compagnie, abandonné au milieu de l'océan, et qu'il y retrouvent un garçonnet muet et abandonné (Fflyn Edwards)...

Mouais. Voilà peu ou prou l'impression qui me reste au sortir de cette nouvelle série des créateurs de Dark, série Netflix auréolée de succès et d'une réputation flatteuse (que je n'ai pas vue), alors même que tout dans 1899 me prédisposait à apprécier.

Mais non, au final, j'en ressors très mitigé, et comme il va être très difficile de discuter des problèmes de la série sans spoiler, je préviens d'avance : SPOILERS.

Car très vite, il apparaît que 1899 est une mystery box dans la droite lignée de Lost, y compris au niveau de son format : une distribution très diverse, en provenance de nombreux pays différents, une ambiance très mystérieuse, des éléments incongrus comme une trappe dans le sol, des éléments technologiques anachroniques, des disparitions, des flashbacks révélant le passé tourmenté de tous les protagonistes, du mysticisme et de la symbolique, des épisodes qui s'ouvrent sur des gros plans de l'œil de tel ou tel personnage...

Seulement voilà : Lost a fonctionné... un temps, avant de s'essouffler sur la durée, les scénaristes n'ayant aucune réelle idée des tenants et des aboutissants de leur univers. Et cette saison 1 de 1899 (qui sera l'unique saison, Netflix ayant déjà annulé le programme), si elle n'a pas ce problème, est un peu le revers de cette médaille : les scénaristes avaient clairement les réponses aux grandes questions de la série en tête, mais ces réponses sont décevantes, redondantes, et soulignent d'autant plus les défauts de l'écriture.

Commençons par faire semblant d'ignorer les "réponses" que l'on nous apporte ici progressivement à partir du milieu de la saison. Très rapidement, certains défauts récurrents commencent à agacer : les secrets et les flashbacks de chacun, assez quelconques et clichés (x a tué quelqu'un, y est gay, z est hanté par la mort de ses proches, etc), l'illustration musicale excentrique (que ce soit le score musical surligné en mode dââââââârk et menaçant, ou ces inutiles chansons 70s qui concluent chaque épisode pendant plusieurs scènes en tuant littéralement l'atmosphère de la série par leur côté anachronique et hors sujet), une tendance du scénario à tourner à vide et à tirer sur le fil pour atteindre l'épisode suivant, ou encore l'écriture des personnages un peu frustrante (les personnages se cachent tout, réagissent abruptement, se révoltent et prennent d'assaut l'équipage sans hésiter, etc)...

D'ailleurs, à ce sujet, un élément particulièrement agaçant de cette écriture : la barrière de la langue. Délibérément, pour la plupart, les personnages ne se comprennent pas, parlant tous des langues différentes... ce qui aurait pu être un élément de mise en scène ou de scénario intéressant, un moyen d'avoir recours à une langue des signes, quelque chose. Mais non, les personnages se contentent de parler les uns avec les autres dans le vide, voire à se lancer dans des monologues clairement écrits à l'intention des télespectateurs, mais dont leur interlocuteur direct ne comprend pas la moindre ligne.

Alors certes, ça permet de remplir du temps d'antenne et de développer un peu les motivations de chacun, mais ça apporte aussi un vrai sentiment d'artificialité... surtout lorsque l'on a le fin mot de l'histoire (mais j'y reviendrai ensuite).

Malgré cela, la série fonctionne plutôt bien sur le plan de l'intérêt et du suspense : certes, le rythme est très posé, mais ça reste bien produit et interprété, et les petits cliffhangers WTF se multiplient (des écrans de tv, une télécommande magique, etc), gardant le spectateur intrigué... du moins dans la première partie de la saison. Ça se complique en effet vers la fin, le scénario nous demandant de nous intéresser au sort de ces personnages dont on comprend qu'ils n'ont pas grand intérêt, et ce jusqu'au tout dernier épisode, qui explique tout (enfin, qui explique certaines choses, et laisse pas mal de détails dans le flou).

On découvre en effet, à la toute fin, qu'au lieu d'être une histoire de bâteau fantôme, de technologie étrange, etc, 1899 est une série de science-fiction se déroulant dans un vaisseau spatial en 2099, et dont les passagers sont plongés dans une sorte de réalité virtuelle, un holodeck plus vrai que nature, le temps du voyage. Une sorte de bon gros "tout ça n'était qu'un rêve", ou de sous-Matrix (avec en prime, des dialogues façon "il est en train de hacker la mainframe et de répandre le virus dans tout le programme" qui font bien lever les yeux au ciel) qui, avec du recul, rend totalement inutile 95 % de la série, et notamment le passé tragique de chacun.

Pire : on nous dit, à la toute fin, "bienvenue dans la réalité", mais comme la série vient d'établir que quasiment rien de ce que la saison 1 proposait n'était réel, pourquoi prendre ce qu'on nous vend ensuite pour argent comptant ? Peut-être que finalement, ils ne sont pas dans un vaisseau spatial en 2099, mais dans une réalité virtuelle simulant un vaisseau spatial en 2299 ? 

C'est là tout le problème lorsque l'on joue la carte de la simulation virtuelle en guise de réponse à toute une saison de mystères très mystérieux : c'est une boîte de Pandore qui finit par enlever tout intérêt aux personnages, à leur vécu, à leur environnement, et qui fait douter le spectateur de tout. Ici, c'est d'autant plus problématique que la série botte en touche, par la force des choses, puisqu'il n'y aura pas de suite.

Bref, j'ai eu un peu de mal à aller au bout de tout ça, malgré des qualités formelles indéniables, et je me demande si le tout n'aurait pas été écrit et mis en production un peu à la va-vite, pour profiter du succès de Dark, qui se tournait en parallèle de l'écriture de ce 1899

---

Retrouvez aussi toutes les autres séries passées en revue sur ce blog en cliquant ici.

Commenter cet article