Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
LES TÉLÉPHAGES ANONYMES

Il était une fois Lurdo & Sygbab, deux internautes passionnés de séries tv et de cinéma, et qui cherchaient un endroit où archiver leurs avis (semi) éclairés...

Les bilans de Lurdo : Les Maîtres de l'Univers - Révélation, saison 1 - suite et fin (2021)

Publié le 30 Janvier 2022 par Lurdo in Action, Animation, Aventure, Comédie, Critiques éclair, Fantastique, Jeunesse, Les bilans de Lurdo, Review, Science Fiction, Science-Fiction, Télévision, USA, Netflix

Avec sa première moitié de saison frustrante, tiraillée entre fanservice, désir de prendre les fans à contre-pied et besoin d'obéir au cahier des charges Netflix, Masters of the Universe : Revelation laissait dubitatif.

Sans sombrer dans les critiques bas-de-plafond et réactionnaires de nombreux internautes, il fallait bien reconnaître que le tout était assez bancal, pas aidé par une écriture en demi-teinte, par une héroïne abrasive et par un héros quasiment absent... surtout qu'en 5 épisodes, il était difficile de vraiment développer un tout convaincant. Reste à voir ce que le showrunner, Kevin Smith, et son équipe, ont tenté pour redresser la barque dans ces cinq nouveaux épisodes... 

Les Maîtres de l'Univers  - Révélation, saison 1 - suite et fin (Masters of the Universe : Revelation 1x06-10 - 2021) :

Skeletor détient désormais le pouvoir suprême, alors même qu'Adam gît, mortellement blessé. Mais Teela n'a pas dit son dernier mot, et Evil-Lyn manigance de son côté...

Je crois que le personnage de Musclor résume bien toute cette saison de MOTU : Revelation au travers d'une simple réplique adressée à Skeletor, et qui arrive dans l'épisode final : "It's not about us". Effectivement, au final, la série n'aura jamais vraiment parlé de Musclor, de Skeletor ou de leur combat. MOTUR est une série qui parle du Pouvoir, mais aussi et surtout du rapport des femmes à celui-ci, ces deux femmes étant Teela et Evil-Lyn (qui ont toutes deux droit à des origin stories en flashback dans cette deuxième partie de saison).

Ce n'est pas surprenant de voir ainsi que le grand final de la saison est un duel entre celles-ci. D'un côté, une Evil-Lyn déifiée qui a obtenu le Pouvoir, un relooking bodybuildé, et qui, dans son désir d'émancipation et de vengeance envers le genre masculin Skeletor, sombre dans un nihilisme chaotique ; et de l'autre, une Teela qui, en cinq épisodes, passe de super-héroïne confiante et arrogante à jeune femme pleine de doutes, puis, une fois rassurée sur son caractère exceptionnel et formidable, devient une Sorcière 2.0, plus puissante que sa mère la Sorcière ne l'a jamais été, et dépourvue des limites que le Pouvoir imposait à cette dernière.

C'est l'aboutissement logique de la narration de la série, plus intéressée par la déconstruction de la série d'origine, et par l'utilisation clin d'œil d'un maximum de personnages secondaires (je ne me remets toujours pas du "J'aimerais bien le fister" de Fisto, clairement placé là pour le sous-entendu graveleux), que par une intrigue et une adaptation plus classiques.

Et en soi, pourquoi pas. MOTUR fonctionne effectivement mieux dans cette seconde moitié, au point que l'on se demande pourquoi Netflix à tenu à diviser sa saison en deux parties (on devine très bien les raisons financières, mais créativement parlant, c'est vraiment nocif au programme et à sa réception publique). Mais ça fonctionne presque malgré soi : l'écriture de cette seconde moitié n'est pas franchement meilleure, l'évolution des personnages semble assez précipitée (le contraste avec la caractérisation de Teela en première moitié de saison est assez rude), et Skeletor, par exemple, retombe en un claquement de doigt dans son personnage de méchant débile et incapable, quand il n'évoque pas tout simplement le Joker par son doublage (Mark Hamill oblige).

Outre les renvois directs aux multiples incarnations de la franchise (les sbires obscurs du film, notamment), Kevin Smith recycle aussi un peu des éléments piochés à droite et à gauche, notamment chez Marvel, comme tout ce qui tourne autour d'Adam et de l'épée de Pouvoir (que l'on pourrait ramener directement à une autre franchise centrée sur un blond musclé, à qui l'on faisait remarquer qu'il n'était pas le Dieu des Marteaux et n'avait donc pas besoin de son arme fétiche pour invoquer ses pouvoirs), l'arrivée in extremis des renforts sur le champ de bataille, très Avengers Endgame, le Savage He-Man primitif et bondissant à la Hulk, ou encore Andra, dont le seul fait d'armes (et la seule utilité), toute la saison, aura été d'équiper deux lasers à ses poignets et de tournoyer comme Tony Stark dans son armure.

Et tout ça pour aboutir à une conclusion finalement assez typique de l'époque actuelle, réinventant le "I have the power !" de Musclor en un "We have the power !" de Teela, qui mutualise, démocratise et féminise l'idée de pouvoir absolu, pour éviter que le mâle blond aryen ne soit le seul à en faire usage.

Un Musclor qui, lui-même, se pose la question à la fin : puisque Teela est désormais toute-puissante, n'a plus de limites, et est meilleure guerrière que lui, a-t-il vraiment encore une place de champion ? Oui, lui répond Teela, même si le scénario donne à cette réponse des motifs plus romantiques que réellement nécessaires.

Il y aurait donc encore à redire sur les choix faits par la production. Tout comme sur la mort totalement gratuite de pléthore de personnages secondaires (et leur deuxième mort, au Paradis, lorsque celui-ci est détruit par Evil-Lyn), l'Orko ex-machina, ou sur plein d'autres facilités qui trahissent vraiment le fait que Kevin Smith a développé sa culture comics dans les années 80-90, avec ce que cela implique de clichés et de grosses ficelles dramatiques.

Mais au final, cette seconde moitié de saison compense tout de même en grande partie les faiblesses de la première : nettement plus spectaculaire (même si l'animation donne parfois aussi dans les clichés anime lors des combats), plus maîtrisée narrativement (même si, encore une fois, on a un peu l'impression que tout est compressé dans le temps, et paraît précipité), et moins axée sur une Teela à baffer.

On regrettera néanmoins encore une bande originale peu marquante (aucun retour du thème original, pour des raisons de droits), et un Skeletor qui perd toute sa superbe, pour faire place au futur méchant de la série : Hordak. Pourquoi pas...

---

Retrouvez aussi toutes les autres séries passées en revue sur ce blog en cliquant ici.

Commenter cet article