La saison 3 de The Boys était pour moi l'occasion de prendre conscience d'une certaine lassitude que je ressentais vis à vis du programme et de son écriture trop "facile" (de la provoc gratuite, du gore, un propos politique souvent résumé à un calque de la réalité américaine avec quelques noms modifiés, des thématiques balourdes) ; des défauts que l'on retrouvait dans la première saison du spin-off Gen V... et qui sont toujours aussi présents dans cette saison 4, une saison de mise en place (pour ne pas dire de surplace) pour l'ultime saison 5 de la série.
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The Boys, saison 4 (2024) :
La campagne électorale touche à sa fin, et Victoria Neuman (Claudia Doumit) va être élue vice-présidente des USA début janvier : une date butoir pour les Boys comme pour Homelander et Vought, qui mettent en place un grand plan visant à garantir l'accession au pouvoir de la politicienne... quoi qu'il en coûte.
À nouveau huit épisodes de 55 minutes, pour une saison globalement en demi-teinte, qui a pour thématique principale "les erreurs et regrets liés au passé", notamment du côté des Boys.
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Annie refuse d'assumer son héritage de Starlight, et est confrontée à Firecracker, une superhéroïne alt-right/MAGA revancharde maltraitée par Annie durant leurs jeunes années, et qui rend publique l'avortement de cette dernière ; Frenchie retrouve Colin, un ex dont il a tué toute la famille durant l'une de ses missions ; Kimiko croise le chemin d'une autre victime du réseau terroriste qui l'avait enlevée ; Hughie doit gérer l'AVC de son père (excellent Simon Pegg) et le retour dans leur vie de sa mère (Rosemarie DeWitt), partie depuis bien longtemps ; Butcher, victime d'une tumeur cérébrale, est hanté par des visions de sa femme et d'un collègue barbouze (Jeffrey Dean Morgan), sorte de dualité ange/démon qui influence toutes ses actions... et même du côté des Supes, les scénaristes insistent sur ce schéma narratif, avec par exemple Homelander qui retourne dans le laboratoire où il a grandi pour se débarrasser des scientifiques de Vought, ou A-Train qui rejoint le camp du bien, après notamment avoir tourné un film sur son origin story...
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Mais au delà de cette thématique et de ses conséquences sur les personnages, le souci, c'est que la saison ronronne beaucoup.
On sent les scénaristes se plier en quatre pour coller à l'actu (de manière toujours plus forcée et artificielle : la satire, ça ne peut se limiter à prendre une news récente et à y insérer les noms des personnages, de Vought, ou que sais-je encore), ou du moins pour essayer d'y coller (honnêtement, toutes les vannes sur le MCU, ses diverses phases, etc, elles ont au moins un an de retard) ainsi que pour pousser le bouchon toujours un peu plus loin (arrive cependant un moment où trop de violence et de provocation finissent par désensibiliser le spectateur - ça n'a plus grand effet), mais dans l'ensemble, la saison peine à proposer un tout vraiment homogène et efficace.
Pourtant, on a droit à plein de choses : une fausse bande-annonce avec Will Ferrell, une convention alt-right conspirationniste, un remake de Human Centipede, une Bat-mitzvah qui dégénère, une pieuvre doublée par Tilda Swinton, Homelander on Ice, la Comicon de Vought, une soirée BDSM chez Tek-Knight, des animaux de ferme dopés au V, un coup d'état le 6 janvier, une métamorphe surpuissante, etc.
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Mais un bon paquet d'éléments semblent forcés : tout ce qui touche à Kimiko et Frenchie tombe à plat, séparant le duo pour le faire se retrouver in fine, et faisant disparaître Frenchie durant tout un épisode ; la révélation sur la nature réelle de Kessler, le collègue barbouze de Butcher, est télégraphiée ; et puis il y a Sage (Susan Heyward), une nouvelle membre des 7, supposément la "personne la plus intelligente de la planète".
Difficile à mettre en image pour les scénaristes, qui se contentent donc de la faire manigancer de manière plus ou moins évidente, de la faire disparaître de la série pendant un temps, et de la faire revenir ensuite à la fin avec un "j'avais tout prévu, c'était mon plan génial depuis le début" qui ne convainc pas franchement.
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Dommage, parce que l'actrice est efficace, tout comme Valorie Curry (déjà vue dans The Tick, entre autres), qui campe une Firecracker détestable à souhait.
Mais bon, voilà. Les fans de The Boys adoreront (sauf s'ils se reconnaissent un peu trop dans ce que satirise pataudement la série), et je reste mitigé - ça se regarde, c'est bien produit, tout le monde s'amuse, mais il est temps que le programme touche à sa fin, car réutiliser toujours les mêmes grosses ficelles pour que Homelander épargne ses ennemis, ou que les Boys échouent par pure incompétence, ça va un certain temps.
Et la provoc gratuite (ainsi que le recours systématique au raccourci sexualité déviante=méchant pervers, très américain) ne parvient plus à camoufler les faiblesses d'une écriture qui se croit plus maline qu'elle ne l'est vraiment.
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