Il était une fois Lurdo & Sygbab, deux internautes passionnés de séries tv et de cinéma, et qui cherchaient un endroit où archiver leurs avis (semi) éclairés...
Chez les Téléphages Anonymes,de mi-septembre à début novembre, on fête Halloween et l'Oktorrorfest, un marathon quotidien de cinéma fantastique et d'horreur...
The Radleys (2024) :
Lorsque Clara (Bo Bragason), leur fille adolescente, échappe à un viol en massacrant son agresseur, ses parents Helen (Kelly Macdonald) et Peter (Damian Lewis) doivent lui avouer qu'ils sont une famille de vampires pratiquant l'abstinence. Rowan (Harry Baxendale), le frère de Clara, le prend mal, et lorsque Helen et Peter font appel à Will (Damian Lewis), le frère jumeau de Peter, pour les aider à se débarrasser du cadavre et à gérer la situation, Rowan trouve en ce vampire assumé et décomplexé un nouveau modèle pour débuter cette nouvelle vie...
Une comédie anglaise réalisée par un réalisateur de Doctor Who et de Sherlock (entre autres), et à la ditribution très sympathique, mais qui malheureusement ne convainc pas vraiment, conséquence d'un rythme un peu mollasson (plus d'1h50 de film), d'un ton fluctuant (tour à tour comédie noire, drame familial, couple en crise, film de vampires, romance adolescente, métaphore sur l'addiction à l'alcool/la drogue) et d'une écriture inégale (certains personnages sont oubliés en cours de route et sous-développés - la fille -, d'autres sont gentiment bancals - le père du petit ami de Rowan), probablement le résultat d'une adaptation incertaine et brouillonne de ce qui était, à la base, un roman young adult.
Alors certes, Damian Lewis semble s'amuser, Sophia Di Martino a un petit rôle qui ne débouche sur rien, et la romance LGBTQ de Rowan plaira sans doute aux critiques, mais dans l'ensemble, ça ne fonctionne que très ponctuellement, l'espace d'une scène ou d'une autre. Le reste du temps, la mayonnaise ne prend pas vraiment.
2.5/6
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Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de tous les films passés en revue dans le cadre de l'Oktorrorfest dans le menu Index de haut de page, ou en cliquant directement sur ce lien...
En Angleterre, le petit Mikey (Bamber Todd) est un délinquant juvénile issu d'une famille pauvre et en difficultés : sa mère (Laura Donnelly) peine à leur ramener à manger chaque jour, est humiliée par son patron malhonnête, et leur réserve un Noël que Mikey sait à l'avance décevant. Lorsqu'un braqueur de banque (James Nesbitt) déguisé en Père Noël se cache dans les bois voisins, Mickey décide alors de profiter de l'occasion pour aider ce dernier, et gagner un peu d'argent au passage, pour notamment offrir un cadeau de Noël à son petit frère. Mais en lieu et place du braqueur, il tombe sur un inconnu (Timothy Spall) qui affirme être le vrai Père Noël tombé de son traîneau...
Mouais. Un téléfilm de Noël anglais diffusé sur Sky, et qui choisit une approche misérabilisme et réaliste de la vie comme toile de fond à son récit, une approche bien déprimante qui plombe joyeusement tout ce qui se déroule à l'écran.
Parce que non seulement le récit prend bien son temps pour démarrer, mais en plus, bien entendu, il n'y a pas de "magie de Noël" ou que sais-je encore (SPOILER : Spall est un ancien flic sénile qui se prend pour Santa), ou presque, et le tout se limite à un Nesbitt qui cabotine, une Donnelly (excellente) en mère éplorée prête à presque tout pour joindre les deux bouts, à un Spall en retrait (voire absent et sous-exploité), et à Bamber Todd efficace, mais dont le script présente les actions (il met feu au sapin de Noël de l'école, entre autres) comme un simple acte de rébellion pardonné à la fin (et la gifle qu'il reçoit de sa mère comme un scandale absolu).
Bref, c'est un peu trop "cinéma anglais réaliste", un peu trop brouillon, un peu trop cabotin, et trop le postérieur entre deux chaises (film pour adultes et film pour enfants) pour me convaincre.
2.25/6
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Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine, et des critiques d'une vingtaine de lignes, tout au plus.
Kings of Coke (2022) :
Un documentaire Sky/Crave intéressant qui revient sur l'histoire du West End Gang, un réseau de criminels canadiens d'origine irlandaise qui a fait de Montréal, dans les années 80-90, la plaque tournante du trafic de drogues pour toute l'Amérique du Nord.
Le métrage retrace ainsi tout l'historique du milieu criminel de Montréal, de ses différents clans, de ses particularités, et de comment, sous l'influence du West End Gang, la criminalité locale est passée du braquage de banque (une spécialité locale) au trafic international de cocaïne.
Le tout au travers de nombreuses images d'archive, de témoignages de policiers et de journalistes qui reviennent sur cette période trouble de la ville, et sur la façon dont l'assassinat d'un avocat véreux, qui défendait les criminels de toutes les bandes, a fini par mener plus ou moins directement à la chute du réseau, et à la révélation d'une corruption institutionnalisée, jusqu'aux plus hauts niveaux de la Gendarmerie.
Je n'avais aucune attente particulière, et puis finalement, je me suis laissé prendre au jeu de ce documentaire qui m'a appris beaucoup de choses, et a bousculé quelques-unes de mes idées reçues à propos de Montréal.
4.25/6
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Patronne cynique et amère dont la grande entreprise de décorations de Noël est sur le point d'être revendue à un géant américain, Carole McKay (Suranne Jones) est prévenue par l'esprit de sa mère qu'elle va recevoir la visite de trois esprits (Jo Brand, Nish Kumar, Jonty Stephens, Ian Ashpitel) la nuit de Noël, afin de l'aider à retrouver l'esprit de Noël et de changer son comportement...
Un téléfilm spécial d'une soixantaine de minutes qui revisite le Christmas Carol de Dickens à la sauce moderne et british... et ça s'arrête plus ou moins là.
Ce n'est pas mauvais, en soi, mais le tout ne décolle malheureusement jamais vraiment et reste trop balisé, malgré quelques efforts pour rendre le film un peu décalé et british, comme par exemple ces deux fantômes des Noël passés, deux acteurs imitant apparemment des présentateurs anglais d'il y a plusieurs décennies.
Ça amusera probablement les Anglais, mais le métrage peine par ailleurs à maintenir un rythme et une énergie suffisantes pour tenir ses 66 minutes, et pour justifier son côté émotionnel : l'épiphanie de Carole arrive un peu trop tôt, l'humour est trop peu présent, les postiches sont discutables, et si c'est bien interprété, le spectateur reste bien trop passif devant le film, jamais particulièrement diverti, impliqué, ou surpris par ce que pourrait proposer le métrage.
2.5/6
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Habitués à se croiser dans le train de banlieue qu'ils prennent tous les jours, les passagers d'un wagon décident, à l'initiative d'Adam (Alfred Enoch), d'organiser ensemble une fête à l'approche de Noël, afin d'apprendre à mieux se connaître... De quoi susciter bien des rapprochements, romantiques ou autres.
Une comédie dramatique festive à l'anglaise, où la romance n'est que l'une des composantes d'un récit collectif et plein de bons sentiments, ma foi tout à fait regardable et agréable à suivre : la distribution est compétente et talentueuse, le rythme plutôt efficace, c'est visuellement honorable, il y a une petite touche de dépression hivernale et d'émotion, et dans l'ensemble, le tout ne sombre jamais vraiment dans le sirupeux ou le niais, même si l'on n'en est pas si loin que ça par moments.
Pas grand chose à dire de plus sur ce film, en fait, qui n'a pas d'autres ambitions que d'être un feel-good movie de Noël, ce qu'il parvient à accomplir.
3.75/6
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C'est bientôt Noël : chez les Téléphages Anonymes, c'est l'heure du marathon de cinéma festif de la Christmas Yulefest, et ce jusque début janvier...
A Christmas Number One (2021) :
Pour exaucer le souhait de Nina (Helena Zengel), sa nièce adolescente atteinte d'un cancer incurable, Blake (Iwan Rheon), bassiste de métal, accepte d'écrire une chanson de Noël sirupeuse et clichée, mais sincère. Le morceau attire alors l'attention de Meghna (Freida Pinto), manager aux dents longues mécontente d'un boys band en perte de vitesse, qui décide d'acheter les droits du morceau... mais Blake, lui, est réticent : il accepte, mais tient à produire le morceau, d'autant que Nina est fan du groupe.
Un métrage diffusé l'année dernière par Sky, la chaîne anglaise, et qui s'appuie sur une grande tradition musicale britannique, celle des singles de Noël : tous les ans, à l'approche des Fêtes, des artistes sortent des chansons de Noël qui tentent toutes d'arriver en première place des classements... Love Actually en avait fait l'une de ses sous-intrigues, et voilà une comédie dramatico-romantique qui y est consacrée... au premier abord.
Ici, en effet, le duel du boys band et du musicien passe presque au second plan, éclipsé par la composante comédie, et notamment comédie romantique ; si le côté comédie british décalée fonctionne assez bien, ludique et rythmée, la romance est plus discutable.
Déjà, parce que le caractère antipathique et carriériste du personnage de Freida Pinto est probablement trop prononcé et caricatural pendant la première moitié du métrage pour vraiment être évacué en un clin d'œil lorsque vient le temps de la romance. Et puis parce que le tout est encadré par la maladie de Nina (jeune actrice au demeurant très attachante), et qu'il n'y a pas tant de place que ça pour que la romance soit correctement développée.
Après, ce n'est pas non plus bien grave, et dans l'ensemble, le film fonctionne, malgré ces quelques défauts et une main un peu lourde sur le côté pathos larmoyant de la fin. C'est simplement un peu brouillon, et les mélodies du songwriter de Robbie Williams sont inégales.
4/6
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Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine, et des critiques d'une vingtaine de lignes, tout au plus.
Moi, Jennifer Strange, Dernière Tueuse de Dragons (The Last Dragonslayer) :
Choisie par le Grand Zambini (Andrew Buchan), l'un des derniers sorciers de la planète, pour être son apprentie, Jennifer Strange (Ellise Chappell) découvre bientôt, à la disparition de son maître, qu'elle est l'élue désignée par une prophétie, et qu'elle est censée mettre fin aux jours du dernier Dragon (Richard E. Grant) pour le compte du roi Snodd (Matt Berry). Mais avec le dragon s'éteindra toute magie dans le monde, et Jennifer refuse d'en être responsable...
Un téléfilm SkyTV adapté du roman du même nom de Jasper Fforde, et diffusé à Noël 2016, juste en face de Doctor Who.
Ici, le récit prend place dans un univers de fantasy où la magie a presque totalement disparu, remplacée par une technologie semi-moderne (voitures, caméras, gramophones, etc).
Un récit ambitieux, à base de dragons qui parlent, de sortilèges et d'effets spéciaux en tous genres, mais qui se traduit malheureusement, à l'écran, par un mélange pas particulièrement convaincant de néons et de décors pseudo-médiévaux qui font un peu carton-pâte.
Un côté un peu fauché et toc qui se retrouve dans l'interprétation gentiment surjouée et caricaturale, dans la bande originale intéressante mais envahissante, et dans les costumes, les accessoires (l'épée magique énorme qui pèse un gramme et demi) et maquillages très moyens.
La narration laborieuse et décousue, et l'actrice principale pâlichonne n'aident pas forcément à s'intéresser vraiment au récit, d'autant que tout semble hésiter à prendre trop au sérieux ce qui est raconté : The Last Dragonslayer se retrouve ainsi le postérieur entre deux chaises, entre fantasy émouvante et épique, et farce satirique à l'anglaise (avec Garth Marenghi en Roi déglingué, difficile de rester crédible...).
Bref, ça se veut dans la lignée de Pratchett, mais ça manque clairement soit de moyens, soit de savoir-faire. Dommage.
2.25/6 (dont 0.25 pour Samwell de Game of Thrones)
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Un bilan saisonnier assez compliqué à écrire, car une série assez difficile à cerner. The Young Pope souffle en effet constamment le chaud et le froid, passe régulièrement d'un grotesque ridicule à des moments de grâce improbables, alterne les idées inspirées avec les métaphores pataudes, le somptueux avec le kitsch, le bon goût avec le mauvais goût, et s'avère, en fin de compte, une expérience des plus frustrantes.
The Young Pope, saison 1 :
Jeune quadragénaire séduisant, discret et tempéré, le cardinal Lenny Bernardo (Jude Law) est, contre toute attente, élu nouveau Pape au grand dam du Cardinal Voiello (Silvio Orlando), qui tire toutes les ficelles de Rome en secret. Mais dès son élection, Bernardo, désormais rebaptisé Pie XIII, révèle son vrai visage, celui d'un homme caractériel et intransigeant, hanté par son enfance, et à la vision de l'Église particulièrement radicale et traditionaliste. Aussitôt, Pie XIII entame une transformation intégrale de l'Église, désireux de rendre à cette dernière son aura sinistre et menaçante, et de ramener par la force et la peur la Foi dans le coeur des gens...
Co-production italo-franco-espagnole diffusée chez nous sur Canal + et outre-Atlantique sur HBO, The Young Pope est la création de Paolo Sorrentino, réalisateur et scénariste italien, et présente en 10x55 minutes les premiers mois du règne de Pie XIII, depuis sa première apparition publique, jusqu'à... sa dernière ?
Impossible d'affirmer que ce Young Pope est une série mal interprétée : Jude Law s'en donne à coeur joie, et la plupart des seconds rôles (y compris français - Cécile de France, Ludivine Sagnier) sont justes, avec une mention spéciale à Silvio Orlando, impeccable en Cardinal Voiello. Difficile aussi d'affirmer que la série est mal filmée : Paolo Sorrentino sait clairement y faire derrière la caméra, il sait composer un plan (j'ai par exemple le souvenir marquant d'une opposition visuelle Pope/Voiello utilisant le décor pour souligner, de manière frappante, la supériorité de l'un sur l'autre), il sait retranscrire exactement à l'image ses intentions (quelles soient comiques, oniriques, symboliques ou dramatiques) et la plupart du temps, sa réalisation sait parfaitement souligner le faste et le clinquant de l'univers papal et de l'Église Catholique.
Malheureusement, les problèmes de cette série se situent ailleurs, pour moi. Car le Young Pope est une série profondément italienne, avec un sens du grotesque et de l'outrancier typique des artistes de ce pays, et surtout, comme je l'ai mentionné en introduction, elle manie constamment le chaud et le froid, d'une manière qui plaira à certains, et en rebutera d'autres (moi, notamment).
Une autre série dramatique plus conventionnelle aurait articulé cette première saison sur l'ascension au pouvoir de Lenny Belardo, culminant sur son élection : de quoi donner lieu à des jeux de pouvoir, à des manigances, etc, une sorte de House of Cards dans l'univers de la religion catholique.
Ici, il n'en est rien : comme la série et Sorrentino refusent formellement de se conformer aux schémas habituels de la télévision, et désamorcent systématiquement la moindre intrigue dramatique, le show commence par l'élection de ce pape, et suit ses premiers mois sur le trône pontifical : toute opposition à Pie XIII (notamment Voiello) est assez rapidement écrasée, les manigances et jeux de pouvoir disparaissent très rapidement, et Pie XIII semble vite invincible. La série devient alors contemplative, se concentrant le plus souvent sur les mesures radicales du Pape, et sur son obsession récurrente pour ses parents qui l'ont abandonné, enfant.
On devine là l'arc narratif (si tant est qu'on puisse le qualifier ainsi) sous-tendant la saison 1 : tellement obnubilé par son abandon par ses parents hippies, Lenny se venge sur la Terre entière, et ce n'est qu'en retrouvant l'Amour (avec un grand A, au sens religieux et philosophique du terme) qu'il parviendra à comprendre la vraie nature de sa vocation, et à accomplir son destin.
Du moins, c'est ce que l'on croit comprendre en fin de saison, et encore, ce n'est pas certain. Car Sorrentino se disperse beaucoup, et la série ressemble souvent plus à une suite de vignettes impressionnistes et métaphoriques qu'à un récit structuré comme on en a l'habitude.
En effet, autour de Lenny et de ses décisions caractérielles, Sorrentino brode un portrait corrosif et moqueur de l'Église, composée d'innombrables névrosés ayant tous un secret traumatisant, Lenny y compris. Une vision désacralisée guère surprenante venant de ce réalisateur et scénariste, qui refuse donc ici toute structure narrative normale, et préfère prendre systématiquement le contre-pied des attentes du spectateur, pour mieux le surprendre... quitte à ce que le show en souffre un peu.
L'arrivée d'un jeune Pape ? Oui, il est jeune, mais il est aussi caractériel, ultra-radical et ultra-croyant, manipulateur, autoritaire, vaniteux, incontrôlable, immature, bref, Pie XIII se trouve au croisement d'un méchant de James Bond et de Donald Trump (il y a d'ailleurs d'improbables similarités entre l'arrivée au pouvoir de Trump et de Lenny). Et en plus il est clairement présenté comme un Saint aux pouvoirs surnaturels...
Voeillo le cardinal machiavélique, manipulateur et comploteur, présenté comme le principal antagoniste de la série dans ses premiers épisodes ? En fait, un religieux progressiste, presque sympathique et qui a bon fond, qui a compris que jouer les politiciens permettait de faire avancer certaines causes, et qui finit par se faire rapidement écraser par le Pape...
Les tentations féminines ? Le Pape les rejette toutes. Les complots de ses ennemis ? Ils échouent tous, et tout le monde finit par rentrer dans les rangs. Une visite en Afrique, pour rencontrer une simili-Mère Teresa ? Lenny n'y va que pour démolir cette dernière pour ses péchés. Quelqu'un tente de manipuler Lenny en lui présentant de faux parents ? Lenny s'en aperçoit instantanément, on nous montre immédiatement qui est le responsable, et l'intrigue se termine là. Le Cardinal Dussollier, le meilleur ami d'enfance du Pape ? Il finit assassiné après avoir pris part à un plan à trois avec la femme d'un mafieux (quota nudité assuré !), et ne sert que de catalyseur au parcours du Pape. La possibilité de la création d'une Église rivale par un stigmatisé illuminé ? L'homme disparaît mystérieusement suite à l'intervention du Pape... sans conséquences. Le mentor de Lenny (excellent James Cromwell) qui estime que ce dernier lui a volé la papauté ? Il tombe malade, décède, et ne sert lui aussi que de catalyseur à la prise de conscience du Pape.
Etc, etc, etc : il en va de même à chaque niveau de cette série, qui préfère largement jouer la carte du symbolisme tantôt limpide tantôt abscons (avec des visions, des métaphores, des moments aléatoires et très contemplatifs) plutôt que celle d'une narration et d'un récit conventionnels. On se retrouve souvent avec des sous-intrigues et des personnages abandonnés en cours de route (Voiello finit par être relégué au second plan de la série, toute l'intrigue d'Esther et du bébé est liquidée hors-champ, Cécile de France disparaît pendant trois ou quatre épisodes (sans que cela ne change quoi que ce soit, vu que son personnage n'apporte rien d'essentiel), la rencontre tendue avec le Premier Ministre italien ne débouche sur rien...), au profit d'effets de réalisation et d'images fortes (il est indubitable que certaines scènes marquent tant elles flattent l'oeil - la prière dans la piscine, ou en Afrique, etc), mais qui peuvent aussi lasser au bout d'un moment.
À l'identique, l'obsession récurrente de Lenny pour ses parents adoptifs - c'est son traumatisme fondateur, qui revient sans cesse sous forme de visions, et qui le motive, depuis son plus jeune âge, à prendre sa revanche sur le monde - a fini par m'agacer. Il y a une sorte de manque de subtilité, dans The Young Pope, qui m'a rebuté : c'est volontairement une série outrancière et grotesque (certaines des tirades du Pape le font ressembler à un Tony Montana sous cocaïne, en surjeu total, avec en plus une posture et des costumes ridicules qui empêchent de le prendre au sérieux), cherchant à faire rire de l'Église, à choquer et à provoquer en poussant ses idées dans ses derniers retranchements, mais le problème, c'est qu'une fois qu'on a cerné ces idées, le show tourne un peu à vide.
Ainsi, plus la série s'est écartée du format dramatique conventionnel, au fil de la saison, pour tenter de faire basculer Lenny vers une figure plus tragico-mélancolique (avec crise de Foi, visions, etc), et plus j'ai eu du mal à avancer dans ces épisodes. D'autant que la fin de saison correspond au moment où le show freine un peu des quatre fers, pour s'autoriser des digressions pas forcément surprenantes (initialement de 8 épisodes, la saison s'est vue rallongée en cours de production), mais pas non plus forcément indispensables.
Cela dit, à ce stade de la série, à moins d'être doté d'un caractère masochiste et complétiste (comme moi), soit l'on est totalement sur la même longueur d'onde que Sorrentino, et on adore tout ce que le show propose, soit l'on a déjà arrêté de regarder le programme. C'est d'ailleurs assez dommage, puisque sur la toute fin, le parcours de Pie XIII fait (un peu plus) sens. De manière assez radicale, qui laisse présager une saison 2 (intitulée The New Pope, apparemment) bien différente.
Quoiqu'il en soit, si je ne peux pas nier les qualités esthétiques et audacieuses du programme, je ne peux pas dire que j'aie vraiment trouvé cette expérience satisfaisante. J'ai lu, çà ou là, des comparaisons de ce Young Pope avec des séries comme John From Cincinnati, où il ne faut pas trop chercher un sens aux images, et où il faut se laisser porter.
Soit. Il n'empêche qu'entre l'illustration électro assez insipide ; un trait parfois beaucoup trop forcé et caricatural (oui, j'ai ri en voyant le Pape se préparer sur du LMFAO, j'avoue) et ses ruptures de ton brutales, qui font vraiment passer la série d'une farce grotesque à quelque chose de mortellement sérieux ou philosophique au sein d'un même épisode ; et un travail métaphorique volontairement ambigu, qui enchaîne symbolisme profond et pertinent avec des images surréalistes creuses et aléatoires, on finit par avoir du mal à cerner les intentions de Sorrentino, et on hésite : est-ce que le tout est une oeuvre parfaitement maîtrisée, mais difficile d'accès et réservée à un public averti, ou est-ce que c'est une saison particulièrement imparfaite et brouillonne, comportant de nombreux défauts d'écriture et de structure, et pas tout à fait à la hauteur de sa réputation, dans certains cercles, de meilleure série de l'année, si ce n'est de la décennie ?
Personnellement, je penche plutôt pour l'option b), mais je ne saurais vraiment me prononcer. Une chose est certaine : il y a du bon dans ce Young Pope, et la série ne laisse pas indifférent. Néanmoins, malgré les points positifs (interprétation, réalisation, direction artistique, humour), je risque de ne pas tenter l'expérience d'une saison 2 de ce qui semblait clairement conçu comme une mini-série au dénouement sans appel.