Il était une fois Lurdo & Sygbab, deux internautes passionnés de séries tv et de cinéma, et qui cherchaient un endroit où archiver leurs avis (semi) éclairés...
Toute la semaine, Les Téléphages Anonymes passent la carrière télévisuelle & cinématographique de Frank Castle en revue, pour le meilleur... et pour le pire.
Avengers Confidential - La Veuve Noire & le Punisher (AC - Black Widow & Punisher) :
Après avoir fait capoter une mission secrète du SHIELD, le Punisher (Brian Bloom) est arrêté par les hommes de Nick Fury. En échange de sa libération, Frank est contraint de faire équipe avec la Veuve Noire (Jennifer Carpenter) pour infiltrer l'organisation terroriste Leviathan, qui a prévu de revendre de la technologie et des armes volées au SHIELD...
Co-produit par Marvel et par le studio Madhouse, un long-métrage d'animation forcément sous influence anime, dans ce que ça a de bon comme de mauvais : d'un côté, les scènes d'action sont spectaculaires; fréquentes et dynamiques, et ce n'est pas mal réalisé.
Mais de l'autre, le scénario est creux au possible, la caractérisation des personnages est très inégale, la gestion de la physique des personnages est improbable (Frank Castle se déplace comme Flash, Widow fait des quintuples vrilles piquées au moindre mouvement...), l'illustration musicale est assez mauvaise (des grosses guitares métal, ou de la dance music pourrie), le rythme est plutôt bancal, et tout le dernier tiers est un gros bordel énorme, qui réunit de nombreux méchants anonymes de l'univers Marvel, pour organiser un gros affrontement général contre les Avengers (histoire de justifier leur présence sur l'affiche), ainsi qu'une boss battle pour occuper les deux héros (enfin, pas exactement).
Bref, en soi, pas grand intérêt que cet Avengers Confidential, qui compte un peu trop sur du mélodrame romantique centré sur Widow pour meubler entre ces scènes d'action un peu répétitives.
Mais quid du Punisher ? Et bien ce cher Frank Castle a ici droit à une incarnation plutôt convaincante : il est froid, distant, implacable, indépendant, il défend les petites gens que le SHIELD ignore, trop plongé dans ses complots et ses infiltrations, et surtout, il n'hésite pas un seul instant à passer à l'action, arme à la main.
Seul problème, donc : ici, il passe au second plan, après Widow et sa romance, voire même au troisième plan, après Widow et sa romance, Amadeus Cho, les Avengers, etc. En fait, Castle disparaît presque des dernières vingt minutes du film, totalement éclipsé par tous les autres personnages bien plus puissants que lui.
Et c'est bien dommage, car cette version du personnage est loin d'être désagréable - et il n'est probablement pas étonnant de voir que c'est en contraste avec les autres personnages de l'univers Marvel que Castle brille le plus, comme lors de la saison 2 de Daredevil.
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Punisher : Zone de Guerre (Punisher - War Zone) :
Actif depuis cinq ans, le Punisher (Ray Stevenson) continue d'éliminer un à un les membres de la pègre new-yorkaise. Mais lors d'une mission, après avoir tué par erreur un agent infiltré, il défigure atrocement Billy Russotti (Dominic West), un mafieux vaniteux. Désormais rebaptisé Jigsaw, ce dernier perd la tête, et décide de libérer son frère cannibale (Doug Hutchison) pour l'aider à traquer et à tuer Castle, quitte à utiliser pour cela la veuve (Julie Benz) et la fille de l'agent tué par le Punisher.
Autant le Punisher 2004 est généralement considéré comme un ratage, autant ce Punisher War Zone semble diviser. Conçu par ses producteurs pour être un film comic-book décomplexé et cartoony, PWZ est par ailleurs notable pour avoir été réalisé par une femme, Lexi Alexander.
Au premier abord, le résultat, à l'écran, n'est malheureusement pas à la hauteur des promesses de la production, ni des attentes du spectateur... ou du moins, cela dépend de ce que l'on attend d'un film Punisher.
Si tout ce que l'on demande d'un film Punisher, c'est un héros impassible, badass et bourrin, un Terminator indestructible qui démolit des méchants ultra-caricaturaux à tour de bras de manière toujours plus sanglante et improbable, alors oui, PWZ est une réussite.
Si par contre, on a une tolérance assez faible aux scripts prétextes et dérivatifs (de nombreux moments rappellent, par exemple, la structure du script du Batman de Burton), à une direction artistique et à des méchants en roue libre (façon Joel Schumacher), à une interprétation très inégale, et à un aspect technique (réalisation, montage, effets) parfois très approximatif, alors là, ça risque de coincer.
Il va sans dire qu'entre deux mises à mort sanglantes et les innombrables scènes consacrées au duo de méchants risibles, il n'y a pas beaucoup de place pour développer le personnage de Castle, qui n'est guère plus ici qu'un Jason Voorhees opérant dans le camp du bien. On revient bien en micro-flashback sur ses origines (pour une fois respectées !) et il y a bien une tentative d'adoucir brièvement Castle en lui donnant des remords, et un attachement à la fillette dont il a tué le père, mais rien de vraiment probant.
Pas de place non plus pour un univers plus noir ou réaliste. Car là n'est pas le propos : un peu comme pour Man of Steel (qui tentait de satisfaire les fans de Superman les plus vocaux, qui se plaignaient du manque de bagarres dans Superman Returns), l'objectif était ici de plaire aux fans du Punisher ayant trouvé la version 2004 lamentable, et pas assez extrême (la scène de la torture à la glace est souvent citée en exemple... malgré le fait qu'elle ait directement été tirée des comics).
D'où un côté très bourrin et bas-de-plafond, qui, pour moi, s'avère vite insupportable (et évoque des films comme Crank ou Shoot'em up). Ajoutez à cela un film constamment éclairé aux néons multicolores (on se croirait devant The Defenders, ou, comme mentionné plus haut, chez Schumacher) et un script écrit à plusieurs mains, assez décousu et mal rythmé, et au ton constamment hybride, mi-sérieux mi-cartoon (un peu comme si, en s'inspirant de plusieurs époques et tonalités des comic-books Punisher - du grotesque, de l'über-violence, de la comédie, de l'émotion, etc -, le film finissait par n'être qu'une mayonnaise ne prenant pas), et on se retrouve devant un métrage inabouti, à la dernière fusillade efficace, mais à la boss battle de conclusion assez médiocre.
Ce film a ses fans. Des fans assez nombreux, généralement amateurs de cinéma de genre, et qui ont souvent trouvé là ce qu'ils cherchaient : de l'action, de la violence et du fun.
(c'est d'autant plus vrai par chez nous, où le film est sorti directement en vidéo, ce qui a d'office diminué les attentes des spectateurs, façon "pour du DTV, ce n'est pas mal du tout !")
En l'état, je n'ai pas du tout aimé ce Punisher - War Zone, au point que la vision de ce film m'a presque fait revoir le Punisher de 2004 (aussi fidèle aux comics que celui-ci, n'en déplaise à certains) à la hausse... Au moins, malgré ses innombrables défauts, la version de Thomas Jane ressemblait à un film de cinéma. Et avait un thème musical principal mémorable.
Dommage, parce que Ray Stevenson campait plutôt bien le Punisher (en dépit d'une direction d'acteurs globalement insuffisante) malgré une tenue tactique assez laide, et un crâne à peine plus présent que chez Dolph...
2/6
(mais si l'on aborde ce film comme un DTV de série b fini à la truelle, avec pour objectif de voir un Punisher démolir tout ce qui bouge, il y a moyen de s'amuser... un peu)
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The Punisher - Dirty Laundry :
Alors qu'il fait sa lessive dans une laverie, Frank Castle (Thomas Jane) est confronté à la violence ordinaire d'un petit gang des rues, et il doit décider si oui ou non il veut intervenir...
Un court-métrage d'une dizaine de minutes, visible sur YouTube, réalisé par Phil Joanou, et conçu par Avi Shankar, dans le cadre de sa collection de courts-métrages Bootleg Universe, adaptations officieuses de franchises et de titres très connus.
Ce Dirty Laundry se veut un prolongement du Punisher de 2004, et c'est bien là le problème : si l'on ne peut pas nier que la continuité amenée par la présence de Thomas Jane soit agréable (idem pour le caméo de Ron Perlman), ce court souffre des mêmes problèmes que la version 2004, et en rajoute une couche en tentant de compenser ces derniers.
Ainsi, ce court est assez symptomatique de ce que j'abordais dans les deux critiques précédentes du Punisher : en faisant de son traumatisme fondateur quelque chose de trop personnel, en donnant un visage trop identifiable au "crime", et au combat de Frank, on transforme sa croisade contre le crime (en général) en une simple vengeance personnelle.
Ici, Frank passe la moitié du court-métrage à ne pas punir les coupables : une femme se fait violer, un enfant se fait tabasser, et Frank, qui a eu sa vengeance dans le film de 2004, n'intervient pas. Problème.
Certes, il finit par "punir", suite à un discours de Ron Perlman, mais ce Frank torturé, ambivalent, hésitant dans sa mission, n'est pas particulièrement convaincant.
Et dès que Frank bascule en mode Punisher, c'est l'inverse : le court surcompense la violence modérée du film de 2004, et soudain, Castle casse des bras et des jambes comme s'il avait la force d'un Luke Cage, dans des gerbes de sang numérique à la limite du cartoon.
Paradoxalement, cela a l'effet inverse de celui escompté, et plutôt que de retranscrire la brutalité implacable du Punisher, la scène prend presque une tournure comique.
Bref, pas très réussi, tout ça, et ce quand bien même cette incarnation du Punisher, à la violence gratuite et caricaturale, fasse partie des préférées des amateurs de comics, sur le web (un peu comme Punisher - Zone de Guerre, en fait). Pas forcément surprenant, mais pas non plus à la hauteur de ce que peut - et devrait - être le Punisher...
3/6 - 0.5 pour l'utilisation du score de The Dark Knight =
2.5/6
(par contre, le nouveau crâne, conçu par Tim Bradstreet, et à mi-chemin entre la version traditionnelle, et sa version stylisée, n'est pas désagréable)
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The Punisher :
Indirectement responsable de la mort du fils du mafieux Howard Saint (John Travolta) au cours d'une opération, Frank Castle (Thomas Jane), un agent du FBI sur le point de prendre sa retraite, devient la cible de la pègre de Floride. Laissé pour mort lors de vacances à Porto Rico, Castle survit pourtant, et, décidé à venger le massacre de sa famille, il s'installe dans un immeuble, où il a pour voisins Joan (Rebecca Romijn), Bumpo (John Pinette) et Dave (Ben Foster) et où, endossant l'identité du Punisher, il entreprend d'éliminer un à un les hommes de Saint.
Réalisé et co-écrit par Jonathan Hensleigh (un scénariste éprouvé, notamment sur Jumanji, Die Hard 3 ou Armageddon) et plus ou moins adapté de l'arc Welcome Back, Frank d'Ennis/Dillon, et du Punisher - Year One d'Abnett et Lanning, ce Punisher interprété par Thomas Jane est très loin de faire l'unanimité, et est assez peu apprécié par les fans du personnage.
Parfois, pour des raisons légitimes, qu'elles soient conceptuelles, techniques, thématiques (la Floride et Porto Rico à la place de New York, le ton bâtard du film, tour à tour violent, comique, romantique, etc) et parfois pas du tout (certains reproches faits au film proviennent directement des comic-books sources : la scène de la torture à la glace, les voisins... ; Travolta n'est pas mauvais du tout)... mais une chose est sûre : l'adaptation est loin d'être vraiment convaincante.
Commençons par les problèmes les plus évidents, à savoir au niveau technique : le film est très long, l'origin story de Castle dure 45 minutes, le récit est assez pauvre en action, et la réalisation est particulièrement poseuse et laborieuse : on sent que Hensleigh a voulu se faire plaisir, avec des cascades à l'ancienne, et une iconisation visuelle du personnage, mais l'homme est piètre réalisateur, et chacun de ses plans "iconiques" paraît forcé et télégraphié, au point d'en être risible (le plan final, notamment, en est un exemple parfait).
Et cela se combine à un autre problème : Thomas Jane. J'apprécie cet acteur, il a l'air sympathique IRL, c'est apparemment un vrai fanboy passionné de comics et de cinéma de genre... mais il n'est tout simplement pas à sa place en Frank Castle, malgré tous ses efforts.
(et honnêtement, ce n'est pas en présentant son personnage déguisé en trafiquant blond décoloré à l'accent des pays de l'est à couper au couteau que l'on va le prendre au sérieux).
Un bon réalisateur et/ou un bon scénariste aurait pu compenser son regard un peu bovin, ou rendre sa performance virile plus subtile et pertinente, mais là, ce n'est pas le cas : Jane fait tout son possible, mais systématiquement, la réalisation et le script le desservent.
Et l'un des nœuds de ce problème, c'est le problème récurrent d'adaptation du personnage de Frank Castle. Comme dans le Punisher 1989 (et dans l'univers Marvel Ultimate), ce Castle est un homme de loi, un père de famille doux et aimant qui défend l'ordre et la justice au quotidien, et qui est victime de maychants très maychants qui lui en veulent personnellement à cause de son métier de gentil très gentil.
Et non seulement cela enlève le côté "violence aléatoire et imprévisible" de ses origines papier (dans lesquelles Frank, militaire de carrière, était abattu avec sa famille au milieu de Central Park, en plein pique-nique, pour avoir assisté, par hasard, à une mise à mort de la mafia au milieu du parc), mais en plus, ça donne un visage humain à la mission de Frank : avec cette approche, Castle ne se lance plus dans une croisade folle pour exterminer le Crime avec un grand C, mais il veut simplement se venger de celui qui a commandité l'assassinat des siens.
Cette version 2004 pousse d'ailleurs le tout à son paroxysme : ce n'est plus seulement Castle et sa femme/ses enfants qui sont abattus, c'est toute sa famille (plus d'une trentaine de personnes), au cours d'une fusillade générale, avec poursuites en voitures, cascadeurs anonymes qui virevoltent, etc. Plutôt que de renforcer l'impact de ce drame, tous ces rajouts l'amoindrissent, et rendent cette partie du film presque too much.
Et se pose aussi le problème de l'après : après avoir tué Saint et ses sbires, et avoir mis un terme à sa croisade personnelle, que reste-t-il à Frank ? Ailleurs, le Punisher n'aurait pas hésité une seule seconde, et serait parti à l'assaut des autres familles du crime. Ici... il songe à se suicider, puis se reprend in extremis, et décrète qu'il va punir tous les criminels, quels qu'ils soient.
(sauf que dans Dirty Laundry, la suite semi-officieuse de ce Punisher 2004, que je chroniquerai dès demain... Castle est revenu sur ses dires, et rechigne à punir du méchant. Oups.)
En somme, au niveau conceptuel, ce Castle émotif, torturé, à la mission et à la volonté fluctuantes, bref, ce Punisher Begins pose quelques problèmes. D'autant qu'il passe les trois-quarts du film à se contenter de faire ce qu'il faisait au FBI : enquêter, piéger les gens, faire pression sur ses ennemis, faire des filatures, etc. Ce Punisher ne punit pas beaucoup, mais il manipule autrui : c'est une approche intéressante, et pas forcément erronée, mais qui est très peu satisfaisante niveau action.
Face à lui, les mafieux, donc, assez compétents (bien qu'un peu trop développés, présence de Travolta oblige), et des antagonistes ponctuels sous-exploités (le joueur de guitare, le Russe) et très caricaturaux, uniquement là pour amener des scènes d'action un peu trop cartoonesques pour leur bien (et bourrées de problèmes de continuité).
En fait, une fois Castle devenu le Punisher, le film peine à trouver un ton homogène, avec ses voisins tirés des comics, mais qui arrivent bien trop tôt dans la vie de Castle pour fonctionner comme dans la bande-dessinée, et justifier leur existence.
En résumé, on a un cadre géographique hors-sujet ; un protagoniste manquant cruellement de charisme ; une réalisation médiocre et poseuse ; un script laborieux, au ton fluctuant ; une violence très limitée à une scène ou deux ; de l'humour déplacé ; et un Punisher manquant de la folie et du jusqu'au-boutisme du personnage original, car trop manichéen et rangé dans le camp des gentils.
En soi, cela donne un film qui n'est pas calamiteux, et fonctionne même ponctuellement, mais au final, ce n'est pas bon, loin de là.
Du 2/6, auquel se rajoute d'office un demi point pour son excellent thème musical, et son générique d'ouverture.
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The Punisher (1989) Workprint/Unrated :
En 5 ans, le mystérieux Punisher - Frank Castle (Dolph Lundgren), ancien flic décidé à se venger de ceux qui ont abattu sa famille et l'ont laissé pour mort - a décimé plus de 125 criminels de la pègre de New-York. Désormais affaiblie, celle-ci tente de s'unir sous la direction de Gianni Franco (Jeroen Krabbé), lorsque les Yakuzas de Lady Tanaka (Kim Miyori) kidnappent les enfants des mafieux, pour les forcer à leur céder la place. Pris entre deux feux, et traqué par son ancien partenaire (Louis Gossett Jr.), le Punisher doit alors choisir entre laisser les deux camps s'entre-tuer, ou intervenir pour protéger la vie des enfants kidnappés...
La première adaptation cinématographique du Punisher, signée Mark Goldblatt, est un actioner typiquement fin des années 80, et qui divise : de nombreux fans du personnage affirment que c'est là la meilleure adaptation de Castle sur grand écran, et d'autres, tout aussi nombreux, trouvent que ce métrage est une daube datée, et qui n'a même pas l'iconographie culte du t-shirt au crâne pour justifier son titre.
La vérité, comme souvent, se trouve quelque part à mi-chemin entre les deux (même si, personnellement, je penche plutôt pour l'option A). Comme je le disais plus haut, ce Punisher est un film d'action assez typique des années 80, tant dans sa forme que dans son exécution. Ça manque un peu d'ampleur, c'est un peu répétitif, le rythme pourrait être plus soutenu, mais c'est aussi solide et compétent de bout en bout, et tout à fait honorable dans son adaptation du personnage.
Alors certes, ce n'est pas exactement le Punisher revenu de l'armée, pris par accident dans une fusillade mafieuse, et arborant son célèbre crâne : le Punisher-Lundgren ressemble parfois plus un croisé illuminé, qui prie nu dans les égouts, tentant de parler à un Dieu dont il s'est fait le chevalier servant, et l'ange vengeur punissant les coupables. Avec son visage volontairement creusé (pour retrouver l'imagerie du crâne), Lundgren est crédible, et donne naissance à un Castle un peu différent de l'original, mais pas tant que ça.
On pourra aussi pinailler sur le fait que le glissement militaire -> policier adoucit un peu le personnage en le rangeant instinctivement du côté de la Loi, alors que le Castle militaire pouvait ainsi être plus ambigu (je reviendrai plus en détail sur ce point dans ma critique de la version 2004) ; ou encore que d'en faire la victime d'un assassinat mafieux délibéré change un peu la nature de la mission du Punisher, en supprimant le côté "victime collatérale d'une pègre omniprésente" ... mais bon, c'est inévitable, à un degré ou un autre (et c'est un problème qui revient constamment dans les adaptations du personnage, comme on le verra).
La violence et l'action sont ici aussi implacables - ça défouraille à tour de bras, les hommes de main tombent par poignées entières (Castle fait plus d'une centaine de victimes au cours du film), Castle est loin d'être invulnérable, et la fin du métrage parvient même à être très noire, sur le papier : Castle demande au fils du mafieux (qui a ramassé l'arme de son père et la pointe sur la tête de Castle) de l'abattre, s'il en a le courage, puis il le menace une dernière fois en lui intimant de se tenir à carreaux, et repart prier dans les égouts, à la recherche de coupables à punir.
Vraiment impensable aujourd'hui, cette scène caractérise pourtant bien ce Punisher 1989, et compense un peu le fait que Castle-Lundgren ait tendance à avoir la punchline facile (un trait typique de l'époque) : c'est loin d'être parfait, il n'y a pas "le crâne", mais peut-être plus que toutes les autres adaptations cinématographiques, cette version 80 a su saisir l'essence du personnage, un certain jusqu'au-boutisme sombre et désespéré qui fait de Castle un anti-héros typique du genre.
Et puis le métrage nous offre cette réplique culte :
"- What the fuck do you call 125 murders in 5 years? - Work in progress."
3.75/6
(par contre, l'introduction de 16-17 minutes, coupée de la version salles, et développant en longueur la relation de Frank et de son partenaire, ainsi que la vie de famille de Frank, et le drame qui l'a frappé, est totalement inutile : le tout est un peu fauché, les flashbacks de la version cinéma sont bien suffisants, et la caractérisation des personnages n'y gagne pas grand chose)
Précédemment, dans le monde merveilleux de Marvel/Netflix :
- deux saisons mitigées de Daredevil : du 3/6, pour des raisons un peu différentes - d'un côté, les balbutiements du héros et du MCU-Netflix, sauvés par un antagoniste mémorable, et de l'autre, un excellent Punisher, mais un arc Elektra/La Main insipide qui a rendu Murdock antipathique ;
- une saison similaire de Luke Cage : 3/6, très stylisée, mais s'effondrant totalement dans sa seconde moitié, après la mort de son premier antagoniste ;
- une saison de Jessica Jones particulièrement encensée par la critique (la même critique qui a décrété que Wonder Woman était le meilleur film de super-héros de tous les temps, parce que girl power !!), mais que j'ai particulièrement détestée et qui, hormis Killgrave & Hellcat, est tout simplement une perte de temps (2/6) ;
- une saison d'un Iron Fist mal choisi et incapable (1.75/6), avec un protagoniste qui n'apporte rien aux personnages déjà en place, et se fait totalement éclipser par ses personnages secondaires ; une série qui peine à établir la Main comme une menace crédible, et son personnage principal comme un héros crédible.
Bref, à la veille du grand crossover entre tous ses héros, façon Avengers, un bilan plus que mitigé pour les séries Marvel/Netflix, bourrées de problèmes d'écriture, de rythme et de casting...
The Defenders :
Alexandra (Sigourney Weaver), le leader de la Main, est mourante : ramener à la vie Elektra (Élodie Yung) sous la forme du Black Sky a coûté très cher à son organisation, et Alexandra est désormais contrainte d'accélérer notablement les plans nébuleux de la Main. Mais ces manigances ne passent pas inaperçues, et vont mener à l'association de tous les justiciers de New York : Luke Cage (Mike Colter), Daredevil (Charlie Cox), Iron Fist (Finn Jones), et Jessica Jones (Krysten Ritter)...
La promesse de ce Defenders, diffusé en plein été par Netflix, c'était de réussir à plus petite échelle ce que les films Avengers avaient plus ou moins accompli au cinéma : réunir tous les héros du MCU/Netflix déjà établis dans leurs séries respectives, afin de les confronter à une menace de taille.
Et avec seulement huit épisodes de prévus, la mini-série Defenders promettait aussi un rythme plus soutenu et mieux maîtrisé, réglant ainsi l'un des problèmes principaux de toutes les séries Netflix.
Malheureusement, autant le dire tout de suite, la promesse n'est pas tenue. Problème de budget, d'écriture, de scénario ? Une chose est sûre : Defenders tombe vraiment à plat, et plutôt que de s'appuyer sur les points positifs des séries qui l'ont précédée, la série est véritablement plombée par les défauts récurrents de celles-ci, et par leurs erreurs créatives.
À commencer par :
- Des antagonistes insipides.
La Main n'a jamais fait un adversaire particulièrement intéressant, et hormis Madame Gao, ses représentants ont toujours déçu. Ici, on en apprend plus sur leurs motivations : Alexandra et ses quatre sbires - dont Gao et Bakuto - forment les cinq doigts de la Main, ils sont immortels, ils veulent déterrer un squelette de dragon enterré sous New York, afin d'en utiliser les os pour continuer à vivre éternellement (et retrouver le chemin de K'un-Lun)... et tant pis si la ville est détruite à cette occasion.
Soit. Malheureusement, cette incarnation de la Main est tout sauf menaçante, et semble avoir licencié 95% de ses ninjas depuis la dernière saison de Daredevil. Pire : Sigourney Weaver a beau faire tout son possible, et dominer ses sbires de son charisme (et de sa taille), son personnage est affreusement sous-exploité (et cantonné à débiter des platitudes insipides).
Ce qui intéresse les scénaristes, c'est Elektra (devenue le Black Sky, l'arme suprême de la Main), et lorsque cette dernière élimine Alexandra aux deux-tiers de la saison, on ne peut qu'avoir de mauvais flashbacks de la transition Cottonmouth/Diamondback de Luke Cage.
- Elektra, donc.
Il faut être lucide : Defenders, c'est une sorte d'Iron Fist 1.5 et de Daredevil 2.5, ni plus, ni moins : Luke Cage et Jessica Jones font globalement de la figuration, puisque tout gravite autour de la Main, et des personnages ayant été en contact avec eux. Et sur le front de Daredevil, cela implique toujours plus de Murdock et d'Elektra, une romance impossible qui ne fonctionnait déjà que très moyennement dans la série de base, et qui est supposée, ici, ancrer l'apogée émotionnelle de la mini-série, et notamment les deux derniers épisodes de la saison.
Pas de chance, si l'on ne s'intéresse pas du tout au couple, on finit par regarder tout ça d'un oeil très passif, et à attendre la résolution inévitable du combat Murdock/Elektra.
- Le rythme.
Huit épisodes seulement, dont certains d'une quarantaine de minutes à peine... et pourtant, impossible de se défaire de l'impression que les showrunners sont incapables de gérer leur rythme ou leur narration, et qu'ils n'avaient que quatre ou cinq épisodes de contenu : c'est inutilement bavard, c'est souvent plat, ça privilégie les dialogues à l'action, ça fait du surplace...
- La réalisation.
J'ai bien ri en lisant les critiques extatiques qui applaudissaient la réalisation stylisée de Defenders : les deux premiers épisodes sont tout simplement affreux, de ce point de vue.
S.J. Clarkson, leur réalisatrice, a supervisé l'ensemble de la série, définissant le code couleur simpliste un héros = un éclairage coloré au néonétabli dans le pilote (et abandonné en cours de saison), mais elle possède par ailleurs un style visuel immonde, digne d'une débutante en école de cinéma, qui pense que réalisation excentrique et arty = bonne réalisation.
On se retrouve ainsi, dans les deux premiers épisodes, avec des plans debullés à gogo, des cadrages improbables, des transitions ratées, d'énormes problèmes d'axes et de raccords, d'éclairage, de découpage, un montage illisible, etc. Autant dire qu'une fois Clarkson évacuée du poste de réalisatrice, j'ai enfin pu respirer un peu, même si la réalisation de la série, dans l'ensemble, est restée quelconque et insipide.
- L'action.
Malheureusement plus proche de celle d'Iron Fist que de celle de Daredevil : souvent dans l'ombre, souvent approximative (notamment au niveau des doublures - celle de Jessica Jones est assez visible), souvent décevante et plombée par une réalisation et un montage cache-misère, et à la mise en scène particulièrement médiocre.
C'est bien simple, on se demande souvent si le budget de Defenders n'a pas été drastiquement réduit en cours de production, tant les 3/4 des affrontements et des scènes d'action souffrent de maladresses et d'astuces de films à petit budget, visant à rendre le tout artificiellement dynamique (je pense notamment aux figurants anonymes qui déplacent de nombreuses caisses dans les couloirs et escaliers de l'immeuble, lors de la première scène d'action de la série, ou encore à l'utilisation du Wu-Tang Clan en bande originale d'un affrontement).
- La gestion des personnages.
Non seulement les personnages secondaires sous assez mal utilisés (ils sont parqués dans le commissariat et n'en sortent quasiment pas ; Misty Knight, elle, est cantonnée au rôle de policière-obstacle), mais en plus, les personnages principaux ne fonctionnent réellement bien qu'en duo : Jessica Jones & Murdock, Iron Fist & Luke Cage... lorsqu'ils sont tous placés ensemble, Fist & Murdock deviennent redondants, et Jessica Jones finit par faire de la figuration dans les combats.
- L'écriture en général.
Entre toute la mythologie de la Main et du Black Sky, pas forcément totalement cohérente avec ce que l'on en sait depuis la première saison de Daredevil, les dialogues laborieux dont les acteurs s'acquittent tant bien que mal (Jones et Colter ont un peu de mal avec les scènes d'exposition), la caractérisation fluctuante de certains personnages (scène A : Colleen incite Danny à trouver des partenaires pour leur combat, Danny refuse fermement ; scène B : Danny tente de convaincre les autres Defenders de faire équipe avec lui, Colleen préfèrerait faire cavalier seul), et les ellipses inexplicables dans la narration (Cage percuté par un camion, mais qui réapparaît dans la scène suivante en ayant capturé un méchant hors-champ ; les Defenders confrontés à la police dans l'entrée de l'immeuble, Cage qui s'avance en disant qu'il ne peut pas les laisser faire, et dans la scène suivante, tout le monde est en train d'évacuer poliment l'immeuble... tout ça, ça sent les scènes coupées au montage ou au tournage), l'écriture de la mini-série sent le bâclage et la précipitation.
Bref, énormément de problèmes et de défauts récurrents dans cette mini-série, des défauts qui ne sont pas surprenants pour quiconque a visionné les séries-mères en gardant un regard objectif.
Heureusement, tout n'est pas à jeter dans ce Defenders, et j'avoue avoir été surpris pas certaines des qualités de cette saison.
+ Iron Fist.
Oui, Danny Rand est un petit con privilégié, pompeux et prétentieux, qui a un balai profondément enfoncé dans le fondement, une haute opinion de lui-même et de sa destinée, et qui, au final, n'est pas bon à grand chose.
Mais là, il est délibérément écrit comme tel, et ça change tout : alors qu'il était sensé être le héros de sa série, ici, son ineptitude fait partie intégrante du personnage.
Danny Rand est donc officiellement incapable, il tombe dans le piège d'Elektra, il se fait tabasser par les autres Defenders, il se fait remettre à sa place par Luke Cage, tout le monde se moque de son ton péremptoire, etc.
Et en prime, Danny semble murir un peu au cours de la saison, en voyant Daredevil se sacrifier pour sa ville ! Miracle ! Peut-être qu'il sera enfin supportable dans la saison 2 d'Iron Fist !
+ Jessica Jones.
Un peu comme dans le cas de Danny, Defenders m'a quasiment réconcilié avec Jessica Jones. Débarrassée de sa caractérisation caricaturale et de la plupart de ses personnages secondaires insipides, Jessica Jones trouve ici des personnages avec du répondant, et qui l'obligent à s'impliquer.
Résultat : elle devient drôle, forme un duo intéressant avec Murdock, et surtout, elle mène un gros travail d'investigation dans la première partie de la saison. On la voit enfin vraiment faire son travail, ce qui manquait cruellement à sa série, tant elle était trop centrée sur son personnage.
On pourra regretter que les scénaristes n'aient pas su vraiment comment justifier son intégration à l'équipe sur la fin (elle est dépassée en force par Luke, et n'a aucun entraînement au combat, ce qui ne la rend pas très efficace sur le champ de bataille), mais bon...
+ Stick.
Il est mort. Avec son moignon en plastique acheté dans un magasin de farces et attrapes. Bon débarras. Idem pour la Main, d'ailleurs.
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Alors que dire, au final, de cette mini-série crossover des séries du MCU/Netflix ?
Pas grand chose de positif. Au mieux, Defenders est médiocre, et se regarde distraitement, en attendant que les scénaristes en aient fini avec leurs ninjas insipides, et leur budget visiblement ultra-limité.
Et l'on se demande de quoi le futur sera fait. On sait d'office que les prochaines séries auront toujours le format 13 épisodes, ce qui posera toujours les mêmes problèmes de structure et de narration.
Daredevil saison 3 ? Une probable adaptation de l'arc Born Again, comme sous-entendu par l'image finale de Defenders... le retour de Kingpin, l'opposition Nuke/Daredevil, la mère de Matt... mouais. Pas forcément le plus intéressant, mais ça dépendra du traitement.
Luke Cage saison 2 ? À part le bras cybernétique de Misty (d'ailleurs, ils ont raté là une belle occasion d'intégrer Stark Industries au monde Netflix), et la présence de Shades et Mariah, pas de pistes évidentes.
Iron Fist saison 2 ? Un Danny plus mûr, mieux entraîné, et... ? Mystère.
Jessica Jones saison 2 ? La réouverture d'Alias Investigations, une Jessica plus ouverte et sociable... ?
Outre le Punisher, qui devrait rester relativement indépendant des séries Defenders à venir, le futur du MCU/Netflix est assez flou, comme si les scénaristes n'avaient pas vraiment songé à celui-ci, au delà de la première saison des Defenders.
Espérons qu'ils vont profiter de ce flou artistique pour remettre les choses à plat, et repenser leur approche scénaristique (des saisons composées de deux ou trois mini-arcs seraient déjà nettement plus intéressantes qu'un seul arc principal qui s'essouffle à mi-parcours)...
Dès lundi, les Téléphages Anonymes entament une semaine Punisher, retraçant chaque jour le parcours cinématographique de ce bon vieux Frank Castle, pour finir par la série Punisher qui lui a été très récemment consacrée par Netflix.
Dès lundi, les Téléphages Anonymes entament une semaine Punisher, retraçant chaque jour le parcours cinématographique de ce bon vieux Frank Castle, pour finir par la série Punisher qui lui a été très récemment consacrée par Netflix. Le moment est donc venu pour moi de conclure, en dépit de mes premières impressions mitigées, le visionnage des séries Marvel/Netflix...
Marvel's Iron Fist, saison 1 :
Après avoir été porté disparu pendant 15 ans, Danny Rand (Finn Jones), héritier de la fortune Rand, reparaît à New York, bien décidé à reprendre sa place dans l'entreprise familiale. Mais celle-ci est désormais contrôlée par les Meachum, et en parallèle, Danny a des intentions cachées : possédant le pouvoir de l'Iron Fist après 15 ans d'entraînement en Asie, il est aussi revenu là pour détruire la Main, qui infeste la ville...
Un ratage. Pas un ratage intégral, mais un ratage tout de même. Et Marvel - ou du moins, sa branche tv s'occupant des séries Netflix - en est le principal responsable.
Principal responsable, pour avoir choisi Scott Buck (désastreux showrunner des dernières saisons de Dexter) afin de chapeauter ce projet. Responsable aussi d'avoir validé de choix de Finn Jones comme Iron Fist : un Finn Jones limité dans son jeu et pas toujours juste dès qu'il sort de sa zone de confort du jeune héritier arrogant mais charmeur, un Finn Jones jamais vraiment crédible dans les scènes d'arts martiaux (quelque part, je ne peux pas vraiment lui en vouloir, il n'a eu que deux-trois semaines pour se préparer), un Finn Jones dans une condition physique largement insuffisante pour représenter un moine guerrier qui a passé 15 ans à s'entraîner.
Bref : Finn Jones ne convainc pas, et comme toute la série repose en théorie sur ses épaules, ça ne passe pas.
D'autant plus qu'il y a tromperie sur la marchandise : la série passe ses deux premiers tiers à nous répéter et nous expliquer que l'Iron Fist est un super-guerrier invincible, mais le personnage, lui, s'avère un gamin immature, traumatisé et colérique, dont les pouvoirs sont mal définis (et artificiellement limités), dont les capacités martiales (par la faute de l'acteur, mais aussi de la réalisation souvent cache-misère) paraissent médiocres, et sont systématiquement éclipsées par celles d'autres personnages, que ce soit ses adversaires (Lewis Tan impressionne de charisme et de maîtrise lors de son combat façon drunken master.... et il fait regretter que Marvel ne l'ait pas choisi en tant qu'Iron Fist, alors qu'il était l'un des finalistes pour le rôle ; Sacha Dhawan est plus subtil et convaincant que Jones en exilé de K'un-Lun) ou ses partenaires (Jessica Henwick).
Ce qui m'amène aux personnages secondaires de la série, qui sont une réussite.
Une bonne moitié de la saison repose ainsi sur les nombreuses intrigues de bureau de la famille Meachum, malheureusement. Je dis malheureusement, car les trois acteurs impliqués (David Furr, Jessica Stroup et Faramir) se donnent à fond dans leurs rôles respectifs, et portent bien souvent l'essentiel de leurs sous-intrigues (voire de la série) sur leurs épaules.
Dommage cependant que l'écriture de ces intrigues ne leur fasse pas de cadeau et s'avère souvent insuffisante, voire soporifique.
À l'identique, là où Danny Rand finit par être agaçant, immature, impulsif et idiot, Colleen Wing est longtemps tout son contraire, un personnage de femme forte, décidée, charismatique, qui donnerait presque envie de suivre ses aventures en lieu et place de celles de Danny.
Mais là aussi, l'écriture pose problème : la caractérisation de Colleen fluctue soudain à mi-parcours, quitte à être frustrante (elle passe de sensei sérieuse et un peu distante à adolescente fébrile et amoureuse en un claquement de doigts, à mi-saison) voire incohérente (le retournement de veste dans le dernier tiers de la saison, tiré par les cheveux, et qui affaiblit grandement Colleen, en la transformant en victime des mensonges de la Main).
Et puis il y a aussi Claire Temple, une bouffée d'air frais dans la série, avec son approche plus cynique et critique de tout ce que fait Danny : à nouveau, on a presque plus envie de suivre ses aventures en compagnie de Colleen, que celles d'un Iron Fist qui se jette si souvent tête baissée dans les ennuis, et ne s'en sort que grâce à autrui, et pas parce qu'il a quinze ans d'entraînement martial rigoureux.
Bref : combats médiocres, interprète principal insuffisant, musique hors-sujet (de l'électro rétro façon Tron), personnages secondaires plus intéressants que le protagoniste (Madame Gao, toujours impeccable ; Bakuto, nettement moins convaincant et mémorable, honnêtement)... et donc, l'écriture.
Une écriture globalement très très faible, bourrée de grosses ficelles et de facilités, de caractérisations aléatoires, de remplissage inutile (le passage en Chine-tournée-à-Vancouver, totalement creux et sans raison d'être), d'exposition maladroite, de dialogues bancals, et d'un refus constant d'exploiter au mieux le sujet de l'Iron Fist.
À l'image du dernier épisode de la saison, très symptomatique du problème Iron Fist : alors que tout devrait mener vers un duel final épique (après tout, si Harold est montré, pendant toute la saison, en train de s'entraîner aux MMA dans son loft, c'est bien pour préparer l'affrontement final... non ?), on se retrouve devant un affrontement générique dans la pénombre, très peu satisfaisant, et on conclue sur un duel au cours duquel Danny se fait dominer par son adversaire, qui a une arme à feu ou un objet contondant en main, et il ne gagne que grâce à l'intervention d'autrui.
C'est presque comme si la production, tout au long de la saison, avait honte de son personnage principal, et se refusait à en exploiter la mythologie, les talents, les pouvoirs, etc, n'acceptant de les aborder que de biais (le simple fait de priver Danny de l'Iron Fist pendant plusieurs épisodes est assez parlant, à ce titre).
Et je ne parle même pas de la toute fin, qui montre Danny et Colleen dans un Tibet toujours aussi fauché et carton-pâte, vêtus de tenues de randonnée Quechua à 25€... *soupir*
Difficile aussi de se défaire de l'impression d'un changement de direction créative, à plusieurs reprises durant la gestation de la série : certains personnages, intrigues, ou directions semblent avoir été bâclées et/ou sabotés, çà et là, pour évoluer vers quelques chose de moins probant, et de moins maîtrisé.
Ça, ou bien c'est simplement le fait que Scott Buck est un scénariste et showrunner déplorable, incapable de mener sa barque de manière compétente.
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En somme, alors que les Defenders sont sur le point de se former, on peut se poser la question de l'intérêt de Danny Rand au sein du groupe : de ce que l'on a pu en voir au terme de cette saison, Daredevil est bien meilleur combattant, Luke Cage est plus résistant, Jessica Jones est plus débrouillarde et intelligente (en plus d'avoir une meilleure maîtrise de soi !), et tous les personnages secondaires de toutes les séries Marvel/Netflix ont plus de jugeote et d'intérêt que lui.
Dès lundi, les Téléphages Anonymes entament une semaine Punisher, retraçant chaque jour le parcours cinématographique de ce bon vieux Frank Castle, pour finir par la série Punisher qui lui a été très récemment consacrée par Netflix. Le moment est donc venu pour moi de conclure, en dépit de mes premières impressions mitigées, le visionnage des séries Marvel/Netflix...
Luke Cage, saison 1 :
Après un séjour en prison, qui a fait de lui un combattant hors-pair, et la victime d'une expérience le dotant d'une peau invulnérable et d'une force incroyable, Luke Cage (Mike Colter) tente de se refaire une nouvelle vie à Harlem, dans le barber shop de son beau-père. Mais lorsqu'il découvre les agissements criminels de Cottonmouth (Mahershala Ali), un caïd local, Cage n'a d'autre choix que se montrer à la hauteur de ses pouvoirs, pour rétablir la paix dans son quartier...
Alors pour être totalement franc, Luke Cage a toujours été la série m'intéressant le moins de tout l'univers Marvel/Netflix. Déjà parce que le personnage ne m'intéresse guère, en soi, mais aussi parce que le Luke Cage aperçu dans Jessica Jones manquait cruellement de charisme et de présence, et, last but not least, parce qu'à en juger par les critiques et le buzz (qui louaient le communautarisme revendicatif typiquement américain de la série), je n'étais clairement pas le coeur de cible de cette série faite par des afro-américains, pour des afro-américains, avec des afro-américains.
Et puis en fait, cette série s'est avérée une assez bonne surprise. Principalement parce que ce communautarisme, ce black power, est bien intégré à l'essence même du show, et à son style très particulier : Luke Cage, avec sa musique, ses costumes, son éclairage, ses visuels, est probablement le show le plus stylisé de la gamme Marvel/Netflix, et une vraie tentative de coller au près au genre de la Blaxploitation (pour le meilleur et pour le pire).
Une tentative aux intentions souvent meilleures que son exécution, puisque Luke Cage souffre des mêmes problèmes que les autres séries Netflix, à savoir son rythme (13 épisodes, c'est beaucoup trop), son écriture (les dialogues sont souvent laborieux, les rebondissements téléphonés)... et son interprète principal.
En effet, comme dans Jessica Jones, Iron Fist, ou même Daredevil (du moins, en saison 1), Luke Cage n'est tout simplement pas au niveau de ses personnages secondaires (que ce soit Misty Knight, Cottonmouth, ou les autres), qui le dévorent tous plus ou moins de leur charisme ou de leur talent.
Le problème, en fait, c'est que Mike Colter, s'il n'est pas forcément mauvais acteur, est néanmoins, dans ce rôle, globalement assez transparent et inexistant : il est grand et musclé, certes, mais est perpétuellement impassible, généralement inexpressif, les bras ballants, il parle d'un ton monotone (le grand discours lors de la cérémonie en mémoire de Pops tombe ainsi totalement à plat), et il n'a pas le moindre langage corporel, au point que l'on remarque aussitôt sa doublure cascade dès qu'elle prend sa place.
Comme je le disais plus haut, les intentions (ici, "Luke Cage, c'est la force tranquille") ne sont pas forcément bien retranscrites à l'écran, et le Luke Cage de cette série n'est que rarement à la hauteur de son homologue de papier, beaucoup plus optimiste, ouvert et dynamique.
Dans l'absolu, ce n'est pas vraiment un problème pendant la première moitié de la saison, puisque ce qui entoure Cage est intéressant : Cottonmouth est fascinant, l'atmosphère de ce Harlem made in Marvel est palpable, les seconds rôles sont attachants, Misty Knight (Simone Missick) charismatique, l'arrivée de Claire Temple apporte encore un autre personnage fort (même si honnêtement, malgré les efforts du script, il y a moins d'alchimie entre Luke et Claire qu'entre Luke et Misty ou Claire et Murdock), Shades (Theo Rossi) est intrigant, et si l'écriture n'est pas exempte de défauts, notamment dans la structure, dans l'enchaînement des situations, etc, et que l'action est assez quelconque dans sa mise en images, le tout se suit sans problème, notamment lorsque Cage assume enfin son rôle de défenseur de Harlem.
Une première moitié de saison qui culmine avec la mort de Cottonmouth... et c'est alors qu'une véritable rupture se produit dans la série. De Cottonmouth, un petit caïd ultra-charismatique et distingué, en quête de respectabilité (l'un des grands thèmes de la série, avec la famille, etc) et aux motivations multiples, on passe à Diamondback (Erik LaRay Harvey), un marchand d'armes caricatural, interprété et écrit comme le méchant d'un mauvais film de super-héros, qui veut se venger de son demi-frère Luke Cage.
La transition est rude, et elle fait rapidement basculer le show vers quelque chose d'approximatif, d'insipide et de répétitif, d'autant que le point focal de la série bascule alors, pendant plusieurs épisodes, sur Diamondback, Shades, la corruption croissante de Mariah (Alfre Woodward) - la cousine de Cottonmouth, politicienne aux dents longues - alors même que Cage passe le plus clair de son temps alité, entre la vie et la mort, à ressasser son passé et l'expérience scientifique l'ayant transformé (bien moins passionnant que ce que le show semble penser).
Autant dire que la série freine subitement des quatre fers, le temps que Cage se remette, puis fuie la police, et, privée de son héros et du charisme d'un antagoniste compétent, Marvel'sLuke Cage s'éparpille, tourne en rond, joue la carte du remplissage et finit à genoux, victime d'un affrontement final assez risible (le duel était long, certes, mais il manquait d'impact sur les corps, et entre le costume de "pimp stromptrooper" de Diamondback, le montage en parallèle avec des flashbacks inintéressants, et la conclusion du combat en pilotage automatique, le tout était particulièrement décevant), et du syndrome Netflix des séries trop longues et mal rythmées.
C'est d'autant plus dommage que le style était là, que la série était particulièrement ancrée dans le MCU, avec probablement plus de références et de liens que dans les autres séries Netflix, et que, finalement, il y avait là de quoi faire une série tout à fait honorable.
Mais entre le manque de progrès et de rythme flagrant dans la dernière ligne droite, les décisions créatives mal avisées (la mort de Cottonmouth à mi-saison), l'écriture inégale et le choix d'un ton souvent trop sérieux pour son propre bien (et pour permettre à l'interprète principal de se décoincer), on se retrouve au final avec une demi-saison intéressante et plus ou moins réussie, suivie de beaucoup de médiocrité.
D'ailleurs, le final est assez représentatif des problèmes de la série : l'affrontement Diamondback/Luke est rapidement expédié, et le discours de Luke (assez moyen, Colter oblige) au commissariat tout aussi vite éclipsé par le grand numéro d'Alfre Woodward qui suit.
Un peu comme si ce qui intéressait vraiment la production, c'était plus l'origin story de Mariah et de Shades, que les aventures de Luke Cage, qui fait parfois presque de la figuration dans sa propre série...
(j'ai tout de même trouvé ça plus intéressant que Jessica Jones, et je me demande ce que la même série aurait pu donner avec quelqu'un comme Terry Crews ou Morris Chestnut dans le rôle titre)
Dès lundi, les Téléphages Anonymes entament une semaine Punisher, retraçant chaque jour le parcours cinématographique de ce bon vieux Frank Castle, pour finir par la série Punisher qui lui a été très récemment consacrée par Netflix.
Et sans surprise, comme je suis complétiste dans l'âme, cela signifie qu'en dépit de mes meilleurs instincts (et de mes mauvaises expériences passées), je me sens obligé de conclure le visionnage des séries Marvel/Netflix, entamé avec Daredevilsaison 1, et Jessica Jones.
Daredevil, saison 2 :
Alors que le Punisher (Jon Bernthal) massacre des criminels à tour de bras, New York est lentement envahi par les hordes de ninjas de la Main ; bien décidé à percer à jour le mystère de cette secte étrange, et motivé par le retour, dans sa vie, de la belle Elektra (Elodie Yung), Matt Murdock délaisse alors progressivement sa carrière d'avocat, pour rejoindre le combat de Stick (Scott Glenn) et de ses hommes contre les troupes de la Main...
Après avoir terminé la saison 1 de Daredevil, mon impression générale des aventures du Diable de Hell's Kitchen était assez mitigée. Sous la direction de Steven S. DeKnight, la série avait mis en place les grandes lignes de l'univers Marvel/Netflix, que ce soit dans ses qualités - réalisme, action - ou dans ses défauts - rythme, sous-intrigues inutiles, etc.
Ici, en saison 2, on a droit à un changement de showrunners, ce qui amène de légères différences d'approche et de structure. La saison 2 de Daredevil s'articule ainsi sur la mise en parallèle de deux grandes intrigues : d'un côté, l'arrivée du Punisher en ville, ses massacres, son arrestation, son procès et son évasion ; de l'autre, tout ce qui a trait aux ninjas de la Main, à Elektra, à Stick, etc.
Deux grandes lignes directrices qui occupent tous les personnages de la série, pour le meilleur et pour le pire.
Tout ce qui en est rapport avec le Punisher est ainsi très réussi : à ma grande surprise, alors que j'avais d'énormes appréhensions à son sujet après sa prestation désastreuse dans The Walking Dead, Jon Bernthal est excellent en Frank Castle, un Frank brutal, torturé, implacable et touchant à la fois, ayant la présence physique et l'intensité nécessaires pour rendre justice au personnage.
On pourra toujours regretter certains échanges un peu bavards et maladroits, surtout lorsque l'on aborde les thématiques du vigilantisme, ainsi que la résolution capillotractée de la "conspiration" du Blacksmith - que la présence de Frank dans le parc, avec sa famille, ait été le fruit du hasard, ou qu'il ait délibérément été pris pour cible, le résultat est le même : la coïncidence est bien trop grosse et pataude, et affaiblit la nature même du Punisher.
Mais reste que les quatre premiers épisodes de la saison sont clairement les meilleurs (et les plus courts et dynamiques), une sorte de mini-arc narratif complet et convaincant, qui lance cette seconde année de Daredevil dans une direction efficace.
Le procès du Punisher, à l'identique, fonctionne assez bien, tout comme son incarcération (formidable scène de massacre en prison, brute de décoffrage et intense), son face à face avec Fisk, et son retour à la vie civile. À nouveau, seule la résolution bancale de la conspiration déçoit, ainsi que, çà et là, quelques longueurs et improbabilités dans l'enquête de Karen Page - une Karen Page dont la reconversion en journaliste n'est pas forcément crédible, mais qui s'intègre relativement bien à l'intrigue sur le Punisher ; idem pour Foggy, d'ailleurs, dont l'évolution ne pose pas de problème flagrant.
Il n'est pas surprenant, donc, que dès que la série s'éloigne du Punisher pour s'intéresser à la Main, à Elektra, etc, elle perd pied, et commence à devenir farouchement inintéressante.
Alors que les quatre premiers épisodes de la série lançaient celle-ci dans une direction intéressante, dès la fin du quatrième, Elektra arrive, et c'est presque immédiatement que le show quitte ses rails et se perd en chemin.
On a ainsi droit à tous les clichés de l'ex trop dangereux(se), qui, au final, font de cette Elektra un personnage assez proche de ce que pouvait être Faith dans Buffy : un double négatif, une représentation des pulsions animales du héros, et une tentation perpétuelle qui l'incite à céder à ses penchants violents et débridés.
Rien de vraiment intéressant ou original, en soi, et l'interprétation arrogante d'Elodie Yung rend assez rapidement le personnage antipathique, d'autant qu'elle entraîne avec elle Matt Murdock dans sa chute : Murdock se détourne de tout le monde, et devient lui aussi assez antipathique et agaçant.
Pour ne rien arranger, toute l'intrigue de la Main, de Nobu et du Black Sky n'apporte finalement pas grand chose à la saison : trop souvent, le tout se limite à des affrontements sous-éclairés entre Daredevil/Elektra et des ninjas anonymes, sans réel enjeu autre que "il faut survivre à cet affrontement pour pouvoir en savoir plus sur les mystères mystérieux de la Main".
Autant dire que, pour moi qui ne suis pas du tout passionné par tout ce pan de l'univers Marvel, toujours à la limite de la grosse caricature, la fin de saison centrée sur la Main a été assez laborieuse et frustrante, d'autant que cette intrigue n'était, au final, que de la mise en place pour le reste de l'univers - Iron Fist et The Defenders en tête.
En résumé :
- Une moitié Punisher intéressante, une moitié Elektra insipide.
- Des acteurs désormais à l'aise dans leurs rôles respectifs, notamment Charlie Cox, beaucoup plus crédible en Daredevil, grâce à un beau travail de posture (ce qui n'empêche pas Elden Henson et D'Onofrio de toujours avoir les quelques problèmes d'interprétation que j'avais déjà repérés en saison 1).
- Une bonne alchimie du trio de tête (détruite par le caractère et les choix de Murdock, cette saison).
- Un Clancy Brown malheureusement sous-exploité dans un rôle mal écrit (espérons qu'il revienne en flashbacks dans la série Punisher).
- Une écriture inégale.
- Des combats toujours impressionnants et bien chorégraphiés (mais pas toujours lisibles).
- Un rythme global égal à lui-même (c'est trop long, et sur la fin, c'est laborieux).
- Des thématiques (sur l'héroïsme, le vigilantisme, le destin, etc) au traitement parfois maladroit.
Tout ça donne une saison mitigée, dont l'appréciation dépendra fortement de ce que le spectateur préfère dans le matériau de base.
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Dans l'ensemble, cependant, je suis loin d'avoir détesté cette saison de Daredevil. Elle bénéficie du travail déjà effectué en saison 1, et si elle n'en corrige pas forcément les défauts, et souffre d'une intrigue asiatique sans intérêt intrinsèque - sauf, peut-être, pour les fans du comics et des personnages - elle bénéficie largement d'un très beau travail d'intégration du Punisher à l'univers Marvel/Netflix.
C'est loin d'être parfait, mais par rapport aux autres saisons de Marvel/Netflix vues jusqu'à présent par mes soins, ça me redonnerait presque l'espoir d'un crossover satisfaisant dans les Defenders... malgré la Main et ses ninjas inintéressants.
Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine, et des critiques d'une vingtaine de lignes, tout au plus.
Thor Ragnarok :
Lorsque Hela (Cate Blanchett) ressurgit pour conquérir le trône d'Asgard - ou le détruire, le cas échéant - Thor (Chris Hemsworth) voit son monde bouleversé : son marteau est pulvérisé, et il est envoyé à l'autre bout de l'univers, sur Sakaar, pour y devenir un gladiateur dans les jeux du cirque du Grand-Maître (Jeff Goldblum). Mais, là, il retrouve (contre toute attente) l'incroyable Hulk (Mark Ruffalo), qu'il va devoir affronter dans l'arène s'il veut s'échapper...
Troisième chapitre des aventures Thor (un pan de l'univers Marvel au succès, il faut bien l'admettre, assez mitigé), confié cette fois-ci à Taika Waititi, réalisateur et scénariste néo-zélandais très porté sur la comédie (voir l'excellent Vampires en toute intimité, et Hunt for the Wilderpeople).
Ce qui, forcément, se retranscrit à l'écran par un Thor en mode comédie pure, totalement déjanté et au parfum nostalgique 80s & néons façon Flash Gordon & pochettes d'albums de heavy metal : c'est bigarré, c'est déconneur, c'est drôle, ça part dans tous les sens (quitte à être bordélique), et pour peu qu'on accroche au ton cabotin, aux caméos improbables, ou qu'on ne soit pas trop aigri, ça fonctionne plutôt bien, un peu à l'instar d'un Spider-Man Homecoming (mais en nettement moins sage).
Alors certes, comme pour toute chose, il faut manier l'humour avec mesure et subtilité, et Thor Ragnarok a un peu tendance à systématiquement désamorcer ses scènes dramatiques avec des punchlines et des vannes - un reproche que les détracteurs font systématiquement à tous les films Marvel, mais qui, en réalité, ne s'applique qu'à une poignée d'entre eux.
On peut effectivement le regretter, et se dire que le récit de ce Thor 3 aurait pu être plus fort sans ces gags à répétition (on peut notamment regretter que l'exécution de certains personnages secondaires ne soit jamais développée, et n'ait pas de répercussions sur Thor).
Mais il ne faut pas non plus oublier que Thor Ragnarok, en dépit de son titre menaçant, est en réalité le calme avant la tempête Avengers 3 & 4 : deux films qui devraient s'avérer nettement plus sérieux et sombres que tout ce qui aura précédé, pour ne pas dire plus apocalyptiques.
Il faut donc prendre ce Ragnarok (qui pourrait aussi bien être sous-titré Asgardians of the Galaxy, tant les deux franchises ont désormais beaucoup en commun) comme une récréation qui permet enfin à Thor et à son univers d'exister loin de Jane Foster et de son cadre très étriqué : ce n'est pas plus mal, on ne s'ennuie pas un seul instant, et le film réussit son pari de divertir, tout en chamboulant assez clairement l'équilibre des forces établies du MCU.
4/6 (probablement un peu plus lorsque je le verrai en VO, parce qu'on y perd un peu en VF au niveau de la diction et de l'interprétation improbable de Jeff Goldblum)
Alors même que du côté d'ABC, on continue de tenter d'adapter les personnages et comics Marvel sans y mettre les moyens ou le talent (cf les Inhumans), sur la Fox, on exploite jusqu'à la dernière goutte la franchise des X-men, et tout ce pan de l'univers Marvel dont le studio possède les droits exclusifs.
Et pour ce faire, on confie The Gifted à Matt Nix (Burn Notice, Bailey et Stark), le showrunner, et on sort le chéquier, pour obtenir de Bryan Singer (et toute son équipe habituelle) et de Len Wiseman qu'ils réalisent les premiers épisodes de la série...
The Gifted, 1x01 :
Après des années de vie normale, la vie des Strucker est bouleversée quand Andy (Percy Hynes White), le fils de la famille, révèle des pouvoirs mutants lors d'un passage à tabac par des brutes du lycée. Rapidement, ses parents (Amy Acker et Stephen Moyer) découvrent que leur fille Lauren (Natalie Alyn Lind) est elle-aussi une mutante, et, confrontés à l'hostilité du gouvernement, les Strucker sont contraints de prendre la fuite, et de se tourner vers la Résistance Mutante (Jamie Chung, Blair Redford, Sean Teale, Emma Dumont...) pour espérer survivre.
J'ai vraiment du mal à m'enthousiasmer pour l'univers X-men tel que supervisé par Singer et compagnie. À trop vouloir faire dans le "réalisme", dans la métaphore, dans le sérieux, etc, on en perd en fantaisie, et lorsque Singer se mesure justement aux concepts les plus extravagants de l'univers mutant, on se retrouve avec un X-Men : Apocalypse kitschouille et très décevant.
Ici, sans surprise, on retombe dans l'univers mutant de Singer tel qu'il était initialement conçu : contemporain, sobre, sombre, etc, sans costumes ni mutants trop identifiables.
En fait, l'univers de The Gifted, supposé ne pas appartenir de manière stricte aux continuités déjà mises en place au cinéma, ressemble pourtant fortement aux prémices du futur de X-men : Days of Future Past, avec des mutants traqués et exterminés, des Sentinelles (ici au format araignées mécaniques), aucun des grands noms des X-men... et donc, on est en terrain ultra-balisé, pour le meilleur et pour le pire.
Et si ce n'est pas particulièrement mauvais (c'est même relativement regardable, et 20 km. au dessus des Inhumans), c'est aussi assez quelconque et terne, avec une Amy Acker (blonde... mouais) sous-exploitée en mère de famille éplorée (j'espère qu'ils ont quelque chose de plus intéressant pour elle en stock, parce que là, bof), des résistants mutants assez quelconques et insipides, et une ambiance générale assez peu engageante, du moins, en ce qui me concerne.
Les critiques sont globalement positives (bien que relativement mitigées tout de même), donc ça plaira probablement nettement plus à d'autres spectateurs (d'autant que les touches de fanservice et le namedropping m'ont laissé de marbre), mais vu que je suis vraiment las des mutants à la sauce Singer, je ne pense pas continuer à suivre le show au fil de sa diffusion.
Marvel's Inhumans, c'est le bébé d'Ike Perlmutter, l'un des pontes de Marvel (et désormais conseiller de Trump), qui a toujours vu dans ces Inhumains une poule aux oeufs d'or inexploitée, et une alternative bon marché aux mutants des X-men.
Et pour cause : alors que les X-men sont exploités, au cinéma, par la Fox, et ne rapportent pas beaucoup d'argent à Marvel (qui ne peut pas les utiliser au cinéma ou à la télévision), les Inhumains sont totalement sous l'égide de la Maison des Idées, et peuvent être résumés à "une peuplade d'êtres aux pouvoirs surhumains, martyrisés et traqués par les humains, et qui doivent vivre dans l'ombre".
Ça tombe bien, c'est comme ça que les X-men sont vendus au grand public depuis des décennies, et Perlmutter espérait, par un tour de passe-passe, minimiser l'importance des mutants au sein de sa firme, et accroître celle des Inhumains, pour en faire les nouveaux porte-étendards de Marvel.
Dans les faits, cela s'est traduit par une mise en avant très prononcée de ces personnages dans les comics, par une intégration du concept des Inhumains dans Marvel's Agents of SHIELD, et par un projet de long-métrage Inhumans, imposé par Perlmutter à la branche cinéma de Marvel.
Seul problème... les Inhumains n'intéressent pas grand monde, et certainement pas Kevin Feige, le patron de Marvel Studios qui, dès le rachat de Marvel par Disney, a court-circuité Perlmutter, et a obtenu l'indépendance de sa branche.
Le projet de film a aussitôt été annulé, et Marvel's Inhumans a été refourgué à la branche tv de Marvel, toujours sous contrôle de Perlmutter. Une branche au succès très inégal avec ses projets, sans le budget nécessaire pour réaliser quelque chose ayant l'ampleur nécessaire au succès de l'adaptation des Inhumains, et qui a confié le tout à Scott Buck, responsable des plantages Dexter et Iron Fist.
Et pour couronner le tout, la production de ce Marvel's Inhumans a été lancée de manière précipitée, avec des délais intenables, car Perlmutter ne voulait pas s'avouer vaincu, et tenait à voir les Inhumains en salle : les deux premiers épisodes de la série ont donc été produits précipitamment pour pouvoir être diffusés dans les salles IMAX, une expérience qui s'est soldée par un échec financier, et, à en juger par le produit fini, qui ne devait pas franchement valoir le prix des billets.
Marvel's Inhumans 1x01-03 :
Sur la Lune vivent les Inhumains, dotés de pouvoirs surhumains, et réunis en une société monarchique hautement stratifiée. En bas de l'échelle, les sans-pouvoirs, contraints de travailler dans les mines. Au sommet, la famille royale de Black Bolt (Anson Mount) et Medusa (Serinda Swan). Jusqu'au jour où le frère de Black Bolt, Maximus (Iwan Rheon), dépourvu de pouvoirs, décide de se rebeller contre l'ordre établi, et de monter un coup d'état : la famille royale a tout juste le temps de s'échapper, et de se réfugier sur Terre, à Hawaï, où ils sont séparés...
On peut se demander pourquoi j'ai passé autant de temps à faire ce récapitulatif historique de la genèse de la série... ? Et bien tout simplement parce que je n'ai pas grand chose à dire sur les premiers épisodes.
C'est mauvais, tout simplement. En fait, c'est bien simple, si on enlève les paysages naturels d'Hawaï, et le capital-sympathie de Lockjaw, l'énorme chien téléporteur en images de synthèse, il ne reste absolument rien de valable.
Certainement pas la direction artistique, entre les costumes dignes d'un cosplay basique, les couleurs beiges, kakies et ternes d'Attilan, l'illustration médiocre des pouvoirs de chacun, les effets numériques inégaux, la réalisation plate, la musique hors-sujet, le carton-titre bâclé, les scènes d'action miteuses, et l'apparence de tous les personnages, avec des maquillages simplistes et basiques...
Certainement pas non plus l'écriture, ultra-laborieuse et bancale, notamment dans les dialogues... ou dans le fait que le script s'attende à ce que le spectateur se range instinctivement du côté d'une famille royale qui traite clairement certains de ses sujets comme des citoyens de seconde zone, en accord avec les traditions injustes et éculées d'une société ségrégationniste, et qui prend autrui de haut, comme si elle était supérieure à tous les êtres humains.
Et l'interprétation n'aide pas vraiment. Rheon est, comme toujours, plutôt bon, mais les autres sont très inégaux, ce qui donne lieu à des personnages souvent peu convaincants - mention spéciale à Karnak, qui est 1) mal casté, 2) mis en image comme Cassandra dans The Librarians/Flynn Carson (mâtiné de Sherlock Downey Jr. et de Docteur Strange), et 3) n'a absolument pas une once du charisme, du mordant ou de l'ambiguïté du personnage de comics... bref, il est hors-sujet.
(et je ne parle même pas de Nicola Peltz, qui se fait tuer au bout de deux lignes de dialogue, en ouverture de pilote)
Bref, ça ne ressemble à rien, c'est bavard et bancal, ça tente de faire dans la tragédie épique sans jamais dépasser le stade du "laborieux fauché façon Mutant X", ça met en scène des personnages antipathiques, et c'est bel et bien l'échec auquel tout le monde s'attendait. Je m'arrête là.
Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine, et des critiques d'une vingtaine de lignes, tout au plus.
Ghost Rider - L'Esprit de Vengeance (Ghost Rider - Spirit of Vengeance) :
Huit ans après sa confrontation avec Mephistopheles (Ciarán Hinds) et son fils Blackheart, Johnny Blaze (Nicolas Cage), le Ghost Rider, se cache en Europe de l'Est. Là, il est contacté par Moreau (Idris Elba), un prêtre français, qui lui demande de protéger le petit Danny (Fergus Riordan) et sa mère (Violante Placido), en fuite. Car le Diable a des vues sur l'enfant, et il a lancé ses sbires à ses trousses.
Le premier terme qui m'était venu à l'esprit, la première fois que j'avais vu ce Ghost Rider 2, c'était "pourrigolo". Forcément, la combinaison d'un script de David Goyer, d'une production d'Avi Arad, d'une interprétation d'un Nicolas Cage cocaïné, et des deux réalisateurs des Crank/Hyper Tension ne pouvait pas donner un chef d'oeuvre, surtout en partant d'un premier opus déjà particulièrement raté, et avec un budget coupé en deux par rapport à ce dernier.
On se retrouve donc avec ce qui se rapproche d'un DTV fauché, tourné pour pas cher dans les pays de l'Est, avec des figurants locaux, et tout ce que la production a pu trouver d'acteurs européens bon marché, et partants pour quelques jours de tournage en Roumanie : Christophe Lambert, Idris Elba, Violante Placido, Ciarán Hinds, Anthony Head...
Bien évidemment, qui dit Neveldine & Taylor (les réalisateurs), dit aussi cabotinage à tous les étages : Hinds est calamiteux en remplaçant de Peter Fonda, Elba risible en moine français alcoolique bagarreur, et Cage, lui, a sombré dans la drogue, apparemment, puisqu'il ne joue plus ici son personnage, mais bien sa propre caricature, qui lui vaut encore de tourner quelques téléfilms fauchés de ci de là, et de payer ses impôts.
Et d'ailleurs, tout le film est à l'identique : on est dans une déclinaison sarcastique et bordélique du premier opus, qui au moins ressemblait à un film digne de ce nom. Ici, tout est vulgaire, cheap, la réalisation se fait encore plus approximative et improvisée, le rythme est moins bien géré (malgré la demi-heure en moins), le montage est cache-misère (avec ses inserts animés qui remplacent ce qui était trop cher à tourner), bref, c'est pire que l'original sur tous les plans... ou presque.
Car étrangement, le Rider est plus réussi. Non seulement visuellement (le crâne noirci est vraiment plus crédible), mais aussi dans ses mouvements, clairement interprétés pas un Cage en surjeu. Résultat : non seulement on retrouve bien les mimiques et les choix de jeu improbables de Cage, mais en prime, ça donne une certaine aura d'étrangeté au Rider. Du moins, quand il ne pisse pas des jets de flammes.
Et à l'identique, quand le film s'énerve un peu - la poursuite finale - le rendu visuel est plutôt agréable : il y a des angles de caméra inattendus, des renversements surprenants, des changements de formats, d'objectif, etc, qui servent des effets numériques globalement convaincants.
Malheureusement, tout le reste est raté, et il se dégage tout simplement de ce Ghost Rider 2 une impression d'amateurisme vraiment désagréable.
Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine, et des critiques d'une vingtaine de lignes, tout au plus.
Ghost Rider :
Lorsqu'il était plus jeune, Johnny Blaze (Nicolas Cage), cascadeur à moto, a vendu son âme au diable en échange de la guérison de son père cancéreux. Désormais, il est le Ghost Rider, chasseur de primes squelettique et implacable au service de l'Enfer. Et lorsque Blackheart (Wes Bentley), le fils du Diable (Peter Fonda) arrive sur Terre pour détruire le monde, son père charge le Rider de mettre un terme à cette rébellion...
Pas revu depuis la sortie cinéma, assez traumatisante, et en cette période de quasi-Halloween, je me suis dit que j'allais retenter le coup, et que, peut-être, j'allais trouver cela meilleur que dans mes souvenirs.
Et non. Vraiment pas. Pour faire simple, Ghost Rider est un métrage qui se vautre lamentablement à tous les niveaux, y compris les plus élémentaires.
Le ton global ? À demi-déconneur, avec des répliques et des détails débiles, qui cassent la moindre atmosphère, et l'aura du héros. Une approche assez typique des adaptations Marvel produites par Avi Arad, à l'époque...
La réalisation de Mark Steven Johnson (Daredevil) ? Souvent forcée, risible et artificielle, jamais subtile, montée avec les pieds (la première transformation en Rider, avec caméra tournoyante autour de Cage qui cabotine et plans de coupe sur des explosions numériques... aïe), avec des zooms, des rétroprojections bancales, etc.
La direction artistique ? Bipolaire : autant le travail effectué sur le Rider et sur certains décors est très sympathique, autant les méchants ont un look ridicule, digne de Charmed, que ce soit au niveau de la garde-robe ou du maquillage (Bernadette Chirac en Satan, c'est intéressant, comme choix de casting :p).
Les effets visuels ? Le Rider qui chevauche en ville est assez réussi, bien que manquant de poids et souffrant de proportions aléatoires, et les effets de transformations ne sont pas désagréables, mais tout le reste va du médiocre au calamiteux, notamment le Regard d'expiation, le générique d'ouverture, ou encore les effets des démons.
L'interprétation ? Cage fait du Cage, tour à tour en surjeu ou en sous-jeu, tous les seconds rôles sont mauvais (notamment Bentley), et à part les deux vétérans (Sam Elliott et Fonda), c'est globalement des plus médiocres.
Et enfin, le scénario ? Ça regorge de raccourcis improbables et de scènes débiles (Elliott qui se transforme en Rider pour une ultime chevauchée... et repart aussitôt !), d'affrontements bâclés et de moments inutiles, bref, c'est assez naze.
Au final, hormis un ou deux moments qui fonctionnent grâce aux équipes des effets spéciaux, le capital sympathie d'Eva Mendes, et les dix premières minutes de flashbacks, à peu près sobres et potables, il n'y a vraiment qu'une chose à sauver de ce naufrage : la bande originale de Christopher Young, qui a composé sa partition comme s'il avait sous les yeux un bon film épique et sombre.
Malheureusement, dans le produit fini... sa musique n'est pas du tout mise en valeur. Oups.
1.5/6 (j'ai hâte de revoir la suite : ça ne pourra pas être pire...?)
Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine, et des critiques d'une vingtaine de lignes, tout au plus.
Spider-Man - Homecoming :
Après son intervention durant la Guerre Civile des Avengers, Peter Parker (Tom Holland) retourne à sa vie de jeune lycéen, où il s'ennuie de plus en plus, espérant désespérément que Tony Stark (Robert Downey Jr.) le contacte à nouveau. Décidé à se montrer héroïque, à son petit niveau, Parker utilise donc ses pouvoirs pour aider son quartier de New York contre les petites frappes en tout genre. Jusqu'à ce qu'il découvre les machinations d'Adrian Toomes (Michael Keaton), qui pille depuis des années les chantiers et les entrepôts de la compagnie Damage Control, et récupère ainsi d'innombrables pièces de technologie extra-terrestre, qu'il transforme en armes revendues aux criminels...
Parfois, le hasard fait vraiment bien les choses. Traîné à l'insu de mon plein gré dans une salle de ciné pour voir Dunkerque, le dernier Nolan (qui combine tout ce qui ne m'intéresse pas au cinéma : Nolan, un film de guerre, et Dunkerque), une panne technique de projecteur a redirigé gratuitement tous les spectateurs vers la séance suivante, dans la salle voisine... Spider-Man Homecoming.
Et là, bonne surprise (surtout pour moi, qui place généralement Spider-Man en bas de ma liste de super-héros préférés, voir qui ne l'y place pas du tout) : un film volontairement à plus petite échelle que les autres Spider-Man récents et que les autres films du MCU, un hybride de teen comedy et de film super-héroïque, et dans l'ensemble, quelque chose de nettement plus frais et différent que les deux ou trois derniers Spider-Man sortis en salle.
Ici, on se retrouve avec un Spider-Man maladroit et débutant, l'humour est constant, l'environnement de Spidey est cosmopolite et moderne, le Vautour est probablement l'un des méchants les plus réussis de l'univers Marvel cinématographique (Keaton est impérial), et dans l'ensemble, on ne s'ennuie pas, le film réussissant un habile mélange de fidélité aux comics, et de modernisation du personnage pour l'adapter à l'univers un peu différent du MCU.
Bref, malgré un premier tiers formellement un peu décousu (on sent qu'il y a dû y avoir quelques coupes au montage et lors de l'écriture), un petit souci de lisibilité de certaines scènes d'action (non pas qu'elles soient incompréhensibles, loin de là, mais on devine que beaucoup d'effets de lumières, d'étincelles, de fumée, de texture, etc, ont été rajoutés pour la 3D, et ça surcharge un peu inutilement le tout, tout en empêchant ces scènes d'avoir une réelle ampleur visuelle), et un Michael Giacchino qui se sent obligé (ou qui a été obligé, allez savoir) de nous pondre encore un nouveau thème musical (médiocre) pour Iron Man (alors que le reste de cette bande originale est très réussi, notamment le logo Marvel), le tout s'avère drôle, entraînant, attachant, et globalement réussi.
Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine, et des critiques d'une vingtaine de lignes, tout au plus.
Doomed - The Untold Story of Roger Corman's The Fantastic Four :
En 1992, Bernd Eichinger, un producteur, comprend qu'il doit à tout prix produire, avant la fin de l'année, un long-métrage inspiré des Quatre Fantastiques de Marvel, s'il ne veut pas en perdre définitivement les droits. Il se tourne alors vers Roger Corman, spécialiste des films de genre à petit prix, et c'est alors le début de la production d'un film mythique, pour la somme d'1 million de dollars. Un film mythique, car une fois terminé, le film ne sortira jamais en salles, et disparaîtra à jamais dans les archives de Marvel...
Documentaire de Marty Langford retraçant intégralement le parcours de la production de ce film maudit, Doomed s'avère très intéressant à suivre, car bénéficiant d'interviews de quasiment toutes les personnes impliquées dans le tournage : de Corman à la distribution principale au grand complet, on comprend alors que tout le monde s'est lancé dans ce projet en y croyant complètement, persuadé que ça allait être là la petite porte par laquelle ils allaient rentrer dans le monde d'Hollywood et des films à succès. Par conséquent, toute l'équipe s'est complètement donnée au métrage, allant même jusqu'à assurer une grosse partie de sa promotion de sa propre poche...
Il se dégage donc de ces 90 minutes une impression très claire de sincérité et de passion, particulièrement contagieuse, et qui ne peut que mener à une certaine compassion lorsque vient le moment où tout s'effondre. On apprend ainsi que si le film a été "tué" dans l'oeuf, c'est parce que le fameux (pas pour les bonnes raisons) Avi Arad (qui a refusé d'être interviewé) avait de bien plus grandes ambitions pour la branche cinématographique de Marvel :il n'avait d'ailleurs tout simplement aucune considération pour l'équipe technique et créative, se contentant de signer un gros chèque à Corman et Eichinger, et laissant tous les subalternes de ces derniers sans même une chance de découvrir à quoi ressemblait le film dans sa version finale.
Un documentaire très sympathique et instructif, mais qui perd un demi-point pour l'utilisation non-stop, en fond sonore, d'un morceau clairement photocopié sur le thème des Pirates des Caraïbes, en nettement plus fauché.
Suite et fin de mon visionnage des huit épisodes de la première saison de cette adaptation libre des comics Marvel centrés sur le personnage de Legion/David Haller, adaptation showrunnée par Noah Hawley (Fargo), et produite par Bryan Singer.
Malgré un épisode 4 en demi-teinte, j'étais ressorti assez convaincu par l'audace visuelle et narrative de ces quatre premiers épisodes. Espérons que les quatre suivants sauront capitaliser sur le potentiel du début de saison, plutôt que de laisser se développer les quelques défauts commençant à poindre le bout de leur nez...
Legion saison 1 - suite et fin
1x05 - Chapitre 5 :
David, soudain empli d'une confiance en soi et d'une arrogance inattendues, décide d'aller secourir sa soeur sans l'aide de l'équipe de Melanie, mais les membres de l'équipe découvre bientôt l'existence du parasite étrange qui occupe l'esprit de David, et qui a apparemment pris le dessus sur son hôte...
À nouveau un épisode qui m'a laissé mitigé : on retrouve un peu le même manque de "structure déstructurée" que dans l'épisode 3, du même scénariste ; la caractérisation est un peu hors sujet, çà et là (pour David, c'est normal ; Syd, par contre, agit comme une ado rebelle ; et Cary, lui, verse dans la comédie surjouée) ; certaines scènes sont un peu forcées (le ralenti inutile sur fond de musique pop lorsque l'équipe part à la recherche de David), ou peu réussies visuellement (lorsque Cary fait son briefing "céleste" au reste de l'équipe, et que Bill Irwin surjoue affreusement) ; Rachel Keller a toujours des postures et une gestuelle maniérées et peu naturelles (même lorsqu'elle est sur le point de succomber à la créature, à la toute fin, elle s'étend sur le lit de manière assez artificielle) ; et il reste encore quelques lignes de dialogues qui arrivent, ici ou là, comme un cheveu sur la soupe (je pense notamment au "who teaches us to be normal when we're one of a kind" de Syd, qui tombe totalement à plat avec sa confession, et sonne assez faux).
Après, il y a toujours du bon, notamment dans la seconde partie de l'épisode, entre la créature qui massacre du soldat sans broncher, ou encore la scène finale, dans la Pièce Blanche. Et bien sûr, Plaza semble se diriger vers quelque chose de plus ouvertement maléfique, et de moins "April Ludgatesque", ce qui est toujours un plus.
M'enfin bon, dans l'ensemble, je m'attendais à un peu mieux, et à un peu plus de contenu.
1x06 - Chapitre 6 :
Alors que l'équipe de Melanie est prise au piège dans une hallucination collective - l'hôpital psychiatrique -, tous ses membres subissent, un à un, l'influence et les questions de Lenny, leur psychiatre...
Mouais, l'équivalent d'un bottle épisode à la sauce Legion, qui souffre d'un peu trop de redondances et de diversions esthétiques assez gratuites.
En résumé, à l'image du numéro de danse d'Aubrey Plaza (Plaza qui devient par ailleurs une antagoniste très convaincante, et s'amuse clairement dans ce rôle), ce n'est pas désagréable, ce n'est pas forcément hors sujet, mais c'est aussi relativement anecdotique au niveau de la saison.
Un épisode dispensable, qui fait globalement du surplace, et qui souligne encore un peu plus les points faibles du casting secondaire et de l'écriture de la série (sans surprise, cet épisode est écrit par Halpern, scénariste du 04, jusqu'alors l'épisode que j'ai le moins apprécié de la saison).
1x07 - Chapitre 7 :
Sur le plan astral, Oliver et Gary mettent au point un plan d'attaque pour s'en prendre au parasite de David, le Shadow King. Mais pour cela, ils doivent réussir à réunir les autres, et à les réveiller...
Un épisode plus court que d'habitude, mais qui s'avère captivant de bout en bout : on ne voit pas le temps passer, ça va constamment de l'avant, ça expérimente visuellement, encore et encore, ça passe de petits moments comiques entre Oliver et Cary, à un flashback animé sur tableau noir retraçant la vie de David et du Shadow King, à un passage film muet façon Caligari ou Murnau (avec une Plaza impériale en monstre expressionniste), à un cliffhanger final réussi, en passant par Oliver qui utilise ses pouvoirs musicaux, tel un chef d'orchestre, par David qui retrouve le contrôle, et par des indices très clairs quant à l'identité du père de David.
Bref, après le passage à vide des deux ou trois épisodes précédents, ça fait plaisir. J'espère que le show ne va pas rater son atterrissage dans l'épisode qui suit...
1x08 - Chapitre 8 :
Alors que David et son groupe sont aux mains de la Division 3, le Shadow King tente de reprendre le contrôle de l'esprit du mutant, et cherche un nouvel hôte...
Et malheureusement, malgré le retour de Noah Hawley au scénario, ce season finale est une déception.
Pas forcément parce qu'il est beaucoup plus linéaire et sage, formellement parlant : compte tenu de l'évolution de l'état mental de David, c'est cohérent, bien que cela ait pour conséquence de rendre le tout nettement moins ludique et intéressant ; pas forcément non plus pour l'écriture occasionnellement pataude (le "I don't care if you save me... or the world... if you don't save yourself" de Syd est affreusement bancal, tant dans la forme que dans la diction et le jeu de Rachel Keller), ou pour tout ce temps passé sur la vie privée de Clark, l'agent de la Division 3, sans que cela ne débouche sur grand chose.
Non, la vraie frustration, c'est que cette saison 1 de Legion débouche sur un gros "tout ça pour ça", une sorte d'affrontement fauché dans un couloir, formellement médiocre et peu inspiré, et réglé en un claquement de doigts : l'exorcisme du Shadow King, la résolution de toute la situation, les transferts, le départ d'Oliver, tout cela semble précipité, presque bâclé, et particulièrement frustrant.
Quant au post-générique... disons qu'il laisse perplexe.
Bilan saison 1
Dans l'ensemble, une première saison frustrante, qui semblait parfois posséder environ 5 ou 6 épisodes de contenu, malheureusement étalé sur 8 épisodes.
Ce n'est pas forcément rédhibitoire (et c'est nettement mieux que les séries Netflix façon "6 à 8 épisodes de contenu délayé pendant 13 épisodes"), et la série bénéficie toujours clairement de grandes qualités graphiques, d'inventivité, et d'une audace certaine, mais globalement, difficile de ne pas avoir l'impression que le show a raté son atterrissage.
Après une saison entière passée à faire monter la pression au sujet du Shadow King et de son emprise sur David, voilà que tout est réglé en quelques minutes, sans grande difficulté, ni réelle résolution digne de ce nom. À se demander si Hawley n'avait tout simplement pas la moindre idée de comment résoudre son intrigue principale sans botter en touche...
De plus, je me répète, mais je n'ai pas été particulièrement convaincu par les seconds rôles. Autant Dan Stevens assure très bien son rôle (malgré quelques moments de surjeu), tout comme Aubrey Plaza, autant l'écriture, la caractérisation et le casting des autres personnages sont nettement plus inégaux : outre Rachel Keller (dont les 3 expressions faciales et le jeu maniéré m'ont suffisamment agacé pour me gâcher pas mal de scène, d'autant que son personnage est étrangement immature impertinent et rentre-dedans, de manière injustifiée), Amber Midthunder reste sous-développée, affichant perpétuellement une même moue boudeuse, et Bill Irwin semble être là pour assurer la caution comique du show, avec plus ou moins de succès.
En fait, Legion semble avoir du mal à trouver un niveau qualitatif régulier : le show atteint parfois des sommets, ou se ramasse totalement dans ce qu'il tente, mais il peine à s'équilibrer sur la longueur, et semble vraiment dépendant de la capacité de chacun des scénaristes de l'équipe à se fondre dans le moule imposé par Hawley.
Mettons cela sur le dos de la saison 1, toujours une saison de rodage pour une nouvelle série, et espérons que Hawley et compagnie apprendront de leur essai.
On peut néanmoins rester dubitatif sur l'avenir de la série : compte tenu des audiences assez faibles de la saison 1 (pas surprenantes, puisque les premiers épisodes de la saison demandaient énormément d'attention et de concentration au spectateur), FX va peut-être imposer aux scénaristes d'écrire quelque chose de plus accessible, de moins excentrique, voire d'intégrer un peu plus le show à l'univers X-men, en insérant par exemple une apparition, le temps d'un épisode, de Patrick Stewart en Xavier.
Dans un cas comme dans l'autre, cependant, la saison 2 risque d'être difficile à gérer : si le show répète un peu trop les expérimentations visuelles et narratives de la saison 1, Hawley sera accusé de céder à la facilité, et de refaire une nouvelle fois la même chose ; s'il part dans une direction nettement plus classique, à la structure basique, alors Legion risque de perdre une grande partie de ce qui la distingue du reste du genre, et qui a tant fasciné son public.
C'est un numéro d'équilibriste complexe qui attend la série et son showrunner, pour l'année prochaine, mais une chose est sûre : malgré les défauts et les problèmes que je peux avoir avec la distribution secondaire de la série, je serai au rendez-vous.
Adaptation libre des comics Marvel centrés sur le personnage de Legion/David Haller, cette série en 8 épisodes est la première collaboration Marvel/FX, créée et showrunnée par Noah Hawley (Fargo), et produite par Bryan Singer.
Au programme, le destin improbable de David (Dan Stevens), schizophrène depuis son plus jeune âge, et qui découvre, après un séjour en hôpital psychiatrique, qu'il n'est peut-être pas fou : recueilli par Melanie Bird (Jean Smart), qui supervise un groupe de jeunes gens possédant des pouvoirs incroyables, David découvre qu'il est un mutant aux multiples dons psychiques particulièrement puissants et qu'il est la cible du gouvernement, ainsi que d'une présence maléfique qui hante ses souvenirs...
Legion saison 1 - première partie
1x01 - Chapitre 1 :
Interrogé par le gouvernement, David explique comment, lors de son séjour dans un asile en compagnie de Lenny (Aubrey Plaza), il s'est épris de l'intouchable Syd (Rachel Keller) : une situation qui a rapidement dégénéré, et a débouché sur la mort de Lenny. Heureusement pour David, Melanie Bird et ses troupes veillent sur lui...
Un pilote ébouriffant écrit et réalisé par Noah Hawley, et qui s'avère une note d'intention parfaite pour le reste de la série : c'est dense, c'est complexe, c'est maîtrisé de bout en bout, ça demande une attention constante du spectateur, et surtout, c'est très ambitieux, à la limite de l'expérimental.
On sent bien que Hawley a réellement pensé et construit ce pilote en amont, pour restituer au maximum sur le spectateur la réalité vacillante de David, au travers d'un jeu de formats visuels, d'effets spéciaux, et de l'interprétation très convaincante de Dan Stevens. Un excellent début, parfois déstabilisant, et qui laisse augurer du meilleur pour la suite.
1x02 - Chapitre 2 :
Désormais entre les mains de Bird et de ses associés, David entame une thérapie grâce aux pouvoirs de Ptonomy (Jeremie Harris), capable d'explorer les souvenirs d'autrui. Mais ce qu'ils trouvent dans les souvenirs de David est des plus confus et sinistres, et il apparaît vite que les pouvoirs du nouvel arrivant dépassent tout entendement...
Le show continue d'être un immense puzzle que l'on continue d'assembler, pièce par pièce, notamment grâce aux explorations des souvenirs du héros. De quoi imposer une ambiance très étrange et pesante, constamment empreinte d'une menace indéfinissable et parfois improbable.
Noah Hawley reste à l'écriture, mais la réalisation de Michael Uppendahl se fait un peu plus posée, et un peu moins expérimentale : rien de bien dramatique, cependant, ni rédhibitoire.
Un bémol pour moi, pourtant : le personnage de Syd. Non seulement ses limites et son handicap sont vraiment trop proches de ceux de Rogue/Malicia pour me convaincre (bien que je me doute qu'à un moment ou à un autre, ils entreront en ligne de compte pour vaincre le Big Bad aux yeux jaunes), je ne suis pas vraiment convaincu par l'actrice, assez terne, et aux choix de jeu parfois assez moyens.
1x03 - Chapitre 3 :
Décidé à mieux contrôler ses pouvoirs avant d'aller secourir sa soeur captive du gouvernement, David se plonge toujours plus profondément dans ses souvenirs, jusqu'à ce que Bird, Syd et Ptonomy découvrent qu'une présence maléfique aux yeux jaunes rode dans l'esprit du jeune homme...
Hawley n'est plus à l'écriture ni à la réalisation, et le tout semble s'assagir un peu, formellement, tout en restant assez inventif et original (mais un peu moins maîtrisé).
La lente montée en puissance de l'être aux yeux jaune est très bien amenée, tout comme l'exploration des souvenirs de David, qui prennent régulièrement un tour assez sinistre (tout ce qui a trait au livre d'enfant).
Je regrette néanmoins qu'Aubrey Plaza reste, pour l'instant, dans son registre habituel de la fille sarcastique, rebelle et ironique, et j'espère que cela va bientôt changer, pour quelque chose de plus intéressant.
1x04 - Chapitre 4 :
Tandis que David est pris au piège sur le plan astral, où il rencontre Oliver Bird (Jemaine Clement), Syd, Ptonomy & Kerry partent mener l'enquête, pour tenter de démêler le vrai du faux de ce qu'ils ont observé dans les souvenirs de David.
Premier épisode qui me laisse un peu mitigé, la faute à un certain déséquilibre entre l'intérieur de l'esprit de David (très réussi visuellement, avec le scaphandrier, et Jemaine Clement totalement excentrique et déjanté), et l'enquête extérieure des compères de David, aux prises avec The Eye.
En théorie, les deux versants de l'épisode auraient pu donner quelque chose d'intéressant, mais en pratique, le temps de présence à l'écran de l'enquête écrase littéralement le reste de l'épisode.
Et là, double problème : non seulement on a l'impression d'une sous-intrigue sans beaucoup de contenu (et donc avec pas mal de meublage graphique et visuel, comme la mise en parallèle un peu pataude combat en pleine nature/pas de danse de Clement, alors que dans les épisodes chapeautés par Hawley, le script et les images n'étaient que rarement gratuits), mais en plus, on se retrouve avec un épisode grandement centré sur Jeremie Harris, Rachel Keller et Amber Midthunder.
Et autant je n'ai rien à redire à la prestation de Harris, classe et mystérieux, autant pour les deux autres, aïe. Midthunder est probablement la moins bien lotie des personnages de la série : les scénaristes ont tenté de jouer le mystère sur sa nature de "siamoise psychique" (malheureusement, on pouvait se douter de quelque chose de ce genre dès l'épisode précédent, si ce n'est avant), et par conséquent, elle est toujours restée en retrait... et finalement ce n'était pas plus mal, parce que l'actrice n'a pas vraiment les épaules pour son rôle. Elle semble un peu perdue et limitée, ses scènes d'action sont assez mal filmées, et par conséquent, on se moque bien de son sort.
Quant à Rachel Keller/Syd... *soupir*. Dès l'épisode 02, je sentais que quelque chose ne passait parfois pas avec son interprétation, et là, ça se confirme, entre sa voix off plate et générique, ses expressions pas toujours en accord avec ce qu'elle dit ou doit exprimer, bref, je ne suis définitivement pas fan.
En résumé, un épisode vraiment en demi-teinte, sauvé par tout ce qui se déroule sur le plan astral.
Bilan de mi-saison
Malgré ces réserves vis à vis d'une partie de la distribution féminine de la série, et d'un début de meublage visuel dès que Hawley n'est pas au scénario ou à la réalisation, je reste très optimiste pour la seconde moitié de la saison. De par son approche rétro-futuriste-70s, et son audace visuelle et narrative, Legion est déjà à mille kilomètres au-dessus des autres productions télévisées Marvel, qu'elles soient sur Netflix ou ailleurs.
Voire même - sacrilège, je sais - cette série semble nettement plus ambitieuse, créative et intéressante que le travail cinématographique de Bryan Singer sur la franchise mutante.
Certes, ce n'est pas forcément un exploit (la production télévisuelle Marvel est assez médiocre, et les derniers X-men de Singer sont trop souvent boursouflés et creux), mais c'est néanmoins à souligner.
Malheureusement, le revers de la médaille, c'est aussi que l'approche très particulière de Legion fait que cette série ne plaira clairement pas à tout le monde, c'est une évidence. En ce qui me concerne, pour l'instant, j'accroche, et je continue avec grand plaisir.
Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine, et des critiques d'une vingtaine de lignes, tout au plus.
Les Gardiens de la Galaxie - vol. 2 (Guardians of the Galaxy vol. 2) :
Au terme d'une mission chez les Souverains, une race extraterrestre menée par Ayesha (Elizabeth Debicki), les Gardiens de la Galaxie (Chris Pratt, Zoe Saldana, Dave Bautista, Vin Diesel, Bradley Cooper) mettent la main sur Nebula (Karen Gillan) et repartent avec une source d'énergie rarissime dérobée par Rocket. Bien vite, les voilà traqués par les troupes souveraines, et par les Ravageurs de Yondu (Michael Rooker), mais ils croisent alors le chemin de Mantis (Pom Klementieff) et de son maître Ego (Kurt Russell), qui affirme être le père biologique de Peter...
Malgré sa réputation désormais démesurée sur le web et dans les médias, le premier Gardiens était une comédie de science-fiction très sympathique, mais pas dénué de défauts, au nombre desquels un rythme discutable, une gestion parfois maladroite de l'émotion, et une romance assez moyenne avec une Saldana pas forcément suffisamment charismatique (quand je pense qu'Olivia Wilde a failli être Gamora...). Mais l'énergie, l'impertinence, le décalage, la distribution hétéroclite, et la musique suffisaient alors à emporter l'adhésion.
Ici, avec Gardiens vol.2, on est à tous les niveaux dans le bigger louder de rigueur pour les suites de blockbusters. Comprendre : on prend les mêmes, et on recommence, en doublant systématiquement la dose. Plus de paysages chatoyants, plus de trognes improbables, plus de musique nostalgique, plus de Bébé Groot qui danse, plus de romance, plus d'humour, plus de clins d'oeil et de références obscures, plus d'émotion, plus d'effets spéciaux, etc, etc, etc, pour le meilleur et pour le pire.
Car c'est bien là à la fois la plus grande force et la plus grande faiblesse de ce Gardiens 2 : si on s'amuse toujours beaucoup, et que les qualités du film sont nombreuses (le générique d'ouverture du film, centré sur les pas de danse de Bébé Groot, est en soi déjà des plus spectaculaires et mémorables), les défauts du film original sont toujours présents, et souvent même renforcés par cette optique bigger louder.
Commençons par le plus anecdotique : la romance Peter/Gamora ; ils se tournent toujours autour, Saldana reste égale à elle-même (mouais), et il faut attendre la fin du film pour espérer une évolution. Soit...
Le rythme du film, lui, est plus problématique, avec plus de 2h10 au compteur : comme dans le premier métrage, il y a quelques coups de mou, et James Gunn peine un peu à bien équilibrer l'action et l'émotion. On verse donc occasionnellement dans des scènes de dialogues un peu forcés, surlignés par une mise en image appuyée (le ralenti sur Peter et Ego qui jouent à la balle, par exemple), qui affaiblissent certaines scènes se voulant émouvantes, plus qu'ils ne les renforcent.
À l'identique, le constant recours à la vanne pour désamorcer le moindre moment sérieux peut parfois agacer (et desservir certains personnages qui ne servent alors plus que de faire-valoir comiques - Drax), tout comme l'omniprésence des chansons vintage, qui passent ici d'illustration musicale logique et pertinente à gimmick commercial forcé et systématique, ce qui étouffe totalement le moindre début de score orchestral (quasiment limité au thème principal).
En résumé, j'ai trouvé ce Gardiens 2 très sympathique... mais frôlant trop souvent l'overdose. Il ne faut pas abuser des bonnes choses (Bébé Groot, par exemple), et maintenant que James Gunn a carte blanche pour ce pan de l'univers Marvel, il se lâche, alors qu'il bénéficierait peut-être d'un peu plus de mesure.
En fait, j'ai bien aimé, mais j'aurais aimé plus l'apprécier encore.
Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine, et des critiques d'une vingtaine de lignes, tout au plus.
Logan :
En 2029, les mutants sont une espèce en voie de disparition. Logan (Hugh Jackman), l'un des plus redoutables, est désormais un chauffeur de limousine affaibli, dont les pouvoirs s'affaiblissent et le tuent à petit feu. Quelque part au Mexique, il cache le professeur Xavier (Patrick Stewart), sénile et incapable de contenir ses pouvoirs. Mais lorsque Logan croise le chemin de la petite Laura (Dafne Keen), clonée à partir de ses cellules, le voilà contraint de reprendre du service, et de protéger Laura et Xavier des Reavers, un groupe de mercenaires assassins envoyés par les personnaes responsables de la création de sa "fille"...
Le chant du cygne pour Hugh Jackman dans ce rôle, et un film loué par le public et les critiques comme un baroud d'honneur crépusculaire et bouleversant rendant joliment hommage au personnage, et le vengeant des deux premiers métrages très inégaux. Dans les faits, un film réussi, mais probablement un peu trop survendu (comme souvent) par les fans et par la presse pour son ton "adulte" et über-sérieux.
À peine inspiré du comics Old Man Logan (et c'est tant mieux), Logan sait se montrer parfois touchant (tout ce qui touche à Xavier et à Logan/Laura), mais n'émeut pas vraiment.
Peut-être un manque d'attachement de ma part à une franchise X-men qui s'est tellement éparpillée au cinéma, pour le meilleur et pour le pire, qu'elle a régulièrement manqué ses moments forts, qui permettraient de vraiment s'attacher à certains de ses protagonistes ; ce qui est d'autant plus vrai pour Logan/Wolverine, dont pas mal de points d'ancrage émotionnels forts dans les comic-books (Jean/Silverfox/Creed/Mariko) sont tombés à plat, par la faute de films malheureusement pas à la hauteur, ou limités par un classement tous-publics.
Et malgré ma sympathie pour Jackman, je dois avouer que je suis assez curieux de voir qui le remplacera (si cela se produit un jour) dans le rôle de Logan (et je ne parle bien sûr pas de X-23, mais du cas d'un éventuel reboot du personnage de Logan).
Quoiqu'il en soit, comme je le disais, Logan est assez réussi, mais somme toute assez balisé : pas de grande surprise à avoir devant les péripéties (aux justifications pas forcément amenées de manière très habile par le script), et on n'échappe pas, étrangement, à cette tendance d'opposer (littéralement et symboliquement) le héros à sa part d'ombre dans le troisième volet d'une saga.
Ce qui donne lieu à un affrontement final attendu, pas forcément exceptionnel, mais qui évite de devoir supporter, comme boss de fin, des antagonistes (les Reavers) creux et transparents au possible. Et le métrage bénéficie d'ailleurs vraiment de sa brutalité assumée, qui permet à Logan et à X-23 de vraiment trancher dans le vif du sujet : des scènes d'action convaincantes (malgré quelques doublures numériques voyantes) et qui donnent un bon coup de fouet au film.
D'ailleurs, en parlant d'effets voyants, comme toujours, la production peine à bien grimer Jackman : sa barbe et sa coupe de cheveux font régulièrement postiches, un problème récurrent dans la franchise X-men (alors qu'une coupe plus naturelle, comme dans le premier Wolverine, ou plus courte et utilitaire, comme dans le second, fonctionnaient tout aussi bien - tout sauf sa coupe dans les films made in Singer, en somme).
En résumé, c'est bien joué (notamment par la petite), c'est bien mené et réalisé, c'est assez balisé mais ça ne se perd jamais en chemin, le traitement est convaincant, mais ça n'atteint jamais les sommets tant vantés çà et là, et c'est un peu dommage.
4.25/6
(en neuf films, ils n'ont pas été capables de mettre Jackman dans le costume iconique de Wolverine, et ça, franchement, c'est une honte)
Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine, et des critiques d'une vingtaine de lignes, tout au plus.
Thor 2 - Le Monde des Ténèbres (Thor - The Dark World) :
Alors qu'une conjonction astrale très particulière est sur le point de se produire, alignant les neuf royaumes d'Yggdrasil, Jane Foster (Natalie Portman) découvre l'Aether, une arme destructrice conçue par Malekith (Christopher Eccleston), le meneur des Elfes Noirs, lors d'une guerre céleste contre les Asgardiens. Désormais la cible de ce dernier, Jane ne peut compter que sur l'assistance de Thor (Chris Hemsworth) et de ses alliés pour survivre, et empêcher la fin du monde.
Revisionnage pour ce Marvel Movie très mineur, et surtout très peu mémorable. Lors du premier visionnage, j'avais pensé ceci :
Hum... c'était... oubliable. À tel point que j'ai déjà oublié la majorité du film, quelques heures après l'avoir vu. Eccleston en méchant caricatural ? Oubliable. Les enjeux de l'histoire ? Oubliables. Portman en pilotage automatique ? Affreusement oubliable. Sa romance avec Thor ? Encore plus oubliable. Etc... Ça se regarde tranquillement (malgré quelques grincements de dents, notamment lorsque Jane Foster, une super-scientifique, ne semble pas plus perturbée/curieuse/intriguée/intéressée/fascinée que ça lorsqu'elle arrive à Asgard, une planète extraterrestre bourrée d'aliens en tous genres, de paysages improbables et de technologie révolutionnaire) mais malheureusement, le manque d'enjeux durables, le manque de prise de risque, le manque de développement des personnages, etc, font que le film reste particulièrement anecdotique.
D'ailleurs, rien à voir, mais je me suis fait la remarque en regardant le film : c'est amusant à quel point, petit à petit, ce pan de l'univers Marvel semble de plus en plus se calibrer pour un public féminin. Là où les autres films du Marvelverse ont un protagoniste principal masculin (et l'éventuelle romance obligatoire est au second plan), ici, c'est Jane Foster qui est au centre de tout, c'est par ses yeux et son point de vue que l'on découvre toujours l'univers de Thor, et ce second film, de manière globale, semble renforcer encore ce female gaze.
Que ce soit Thor (dont le développement se limite à "masse de muscles amoureuse") torse nu qui se lave gratuitement pendant vingt secondes, l'accent mis sur sa romance avec Foster, le fait que Foster soit au centre de toute l'intrigue, qu'elle soit prête à se sacrifier et à mourir pour un Thor inconscient et impuissant à la fin, le pseudo triangle amoureux avec Sif (encore une fois, vu du point de vue des filles, pas de Thor qui n'en a pas vraiment conscience et/ou s'en moque royalement), la mise en avant de Loki le bad boy sarcastique, androgyne et mécompris (devenu le fantasme favori de la fanbase féminine et/ou gay), la présence accrue de Frigga (qui parvient à tenir tête en duel singulier au Méchant méprisant), le soap familial, les vannes de la sarcastique Kat Dennings (qui a un boy toy assistant, désormais, qu'elle renverse virilement pour l'embrasser), les scènes d'action assez sommaires, et les personnages masculins globalement caricaturaux, incapables et sans développement, tout semble orienter le film vers une optique féminine qui tranche en regard du reste de la production Marvel, et qui ne fait que s'accentuer.
Ce qui est intéressant... Du moins, ça le serait si c'était bien fait, si Jane Foster était bien écrite, attachante, si le scénario n'était pas semi-improvisé pendant le tournage (avec interventions ponctuelles de Joss Whedon pour rajouter des vannes ou des scènes dix minutes avant de les tourner), si ce n'était pas la grosse gaudriole constante, et si Thor n'était pas un archétype sans réelle profondeur. Là, le produit fini a le postérieur entre deux chaises, n'étant jamais vraiment convaincant dans aucune catégorie.
En revoyant le métrage, donc, le tout passe nettement mieux qu'au premier visionnage. Si le female gaze reste évident et toujours un peu bancal et forcé, le film paraît tenir nettement mieux la route pendant sa première heure, jusqu'à la mort de Frigga. Ça reste un peu trop porté sur la vanne et le gag, mais ça conserve une certaine énergie, et la direction artistique est rafraîchissante, surtout après tous ces films Marvel qui se déroulent sur Terre ou en milieu urbain.
Malheureusement, passé ce cap, le script perd beaucoup de son liant et de son homogénéité, l'énergie du métrage chute drastiquement, et les passages obligés se succèdent mollement, avec notamment tout une séquence sur le Monde des Ténèbres, assez vilaine visuellement par faute de manque d'inspiration.
L'action est assez intéressante, cependant, grâce au système des portes dimensionnelles, mais le gros affrontement final est particulièrement décevant, n'exploite pas totalement ce gimmick de téléportation, et est vraiment parasité par un recours systématique et mécanique à la vanne, qui casse la moindre tentative de tension ou de suspense.
En résumé, donc, un 4/6 pendant la première heure, qui finit par redescendre, au final à un minuscule 3/6, assez décevant. Thor reste vraiment le maillon faible de l'univers Marvel cinéma, et il reste à espérer que Thor 3 saura remonter la barre.
Après Daredevil (passé en revue ici et ici), dont la première saison m'avait laissé particulièrement mitigé, je m'attaque à la suite de l'univers partagé Marvel/Netflix, à savoir, Jessica Jones.
Et pour être totalement franc, initialement, j'avais prévu d'adopter le même format une demi-saison = un bilan pour traiter de Jessica : malheureusement, j'ai très vite changé d'avis durant le visionnage de la série, qui m'a tellement frustré que j'ai décidé de limiter la casse. Un seul bilan, donc, cette fois-ci, pour une série qui a réussi l'exploit de me détourner de quasiment tout le reste de l'univers Marvel/Netflix.
Jessica Jones, saison 1 :
Après avoir subi l'impensable aux mains de Kilgrave (David Tennant), un criminel capable de manipuler l'esprit d'autrui, Jessica Jones (Krysten Ritter), apprentie super-héroïne réticente, décide de jeter l'éponge, et s'installe à New York, traumatisée, où elle officie en tant que détective privée. Mais bien vite, alors même qu'elle se rapproche de Luke Cage (Mike Colter), un barman doué de pouvoirs surhumains, comme elle, Kilgrave refait surface, entraînant Jessica Jones à sa poursuite...
Seconde série Marvel/Netflix, adaptée du comic-book ALIAS réservé à un public averti, et de tout ce qui en a découlé, Jessica Jones était peut-être la série pour laquelle j'étais le plus optimiste, en théorie. Pas forcément parce que j'ai de l'attachement pour les personnages concernés (pas particulièrement, du moins), mais plus parce que la combinaison de la showrunneuse Melissa Rosenberg (autrefois sur Dexter, avant que la série ne sombre), de David Tennant en grand méchant, et de Krysten Ritter (qui ne correspondait PASDU TOUT à ma vision du personnage, mais que j'appréciais néanmoins dans Don't Trust the B---- in Apartment 23) laissait présager de quelque chose de plus original et intéressant que Daredevil ou Luke Cage. Malheureusement, après cette première saison, force est de constater que j'ai probablement préféré la première saison de Daredevil, avec tous ses défauts... et de loin.
L'un des problèmes principaux, en fait, c'est que Daredevil, malgré tous ses défauts, s'efforçait tout de même de faire dans la série super-héroïque. Ici, avec Jessica Jones, Melissa Rosenberg a choisi (assez naturellement, vu le personnage) de faire dans le pseudo-noir, avec détective torturée qui narre ses enquêtes en voix-off, ville terne et grise, musique avec cuivres et guitare lancinante, et tout et tout. Et non seulement elle fait du pseudo-noir, mais elle fait du pseudo-noir (genre habituellement très codifié d'un point de vue masculin) détourné pour être placé sous une optique féminine.
C'est l'un des points mis en avant par la production et par la chaîne ("la première série super-héroïque sérieuse écrite par une femme, et centrée sur des personnages féminins"), c'est ce qui a valu à la série des torrents et des torrents de louanges critiques, et de commentaires en tous genres de la part de tous les blogs et autres sites féministes applaudissant le caractère supposément révolutionnaire de la série, et tout et tout. Et en théorie, pourquoi pas.
Ou du moins, pourquoi pas, si ces intentions et ce point de vue n'entraient pas en perpétuel conflit avec les aspects super-héroïques et polar noir du show : ces derniers finissent par sembler n'être qu'un simple habillage moins intéressant pour les scénaristes que la psychologie de Jessica, et ses rapports avec les autres personnages (principalement féminins).
Ainsi, une constante, dans cette première saison, c'est que le côté super-héroïque de la série est minimisé au possible (Jessica Jones n'exploite que très rarement sa force et ses pouvoirs, très vagues et nettement affaiblis par rapport aux comics ; et donc, à l'écran, elle paraît souvent visuellement assez chétive et peu intéressante ; Luke Cage a déjà un peu plus d'impact); et quand il est mis en images, c'est tout simplement bâclé, comme si cela n'intéressait pas du tout la production : les effets, les combats, tout paraît fait à l'arrache, mal cadré, improvisé en quelques minutes devant les caméras, bref, médiocre au possible, surtout en comparaison du travail effectué sur Daredevil.
Un problème encore renforcé par l'absence totale d'athlétisme de Ritter, qui semble mal à l'aise et maladroite dès qu'elle a la moindre scène d'action, et par le fait que les pouvoirs de Jessica sont affreusement aléatoires et mal gérés par la production : dans un épisode, elle peut passer des gens sans broncher au travers d' un mur, alors que dans un autre, Ritter peine à actionner le verrou d'un sas blindé...
On se dit alors qu'à la limite, si le côté super-héroïque de la série est raté, peut-être que c'est compensé par des enquêtes captivantes, histoire de justifier le côté polar... mais là aussi, ça tombe à plat. Déjà, parce que le show est tellement centré sur Kilgrave qu'il ne prend vraiment jamais le temps de montrer le quotidien de détective de Jessica. On la voit sur le terrain, on l'entend débiter des monologues en voix off (Ritter n'est pas très convaincante dans ce domaine, d'ailleurs), on la voit faire vaguement une filature (assez ratée, car mal filmée et ponctuée de one-liners inutiles), on nous dit qu'elle est une bonne détective, mais le peu de travail d'enquêtrice qu'elle mène est systématiquement ramené à Kilgrave, et honnêtement peu captivant (puisqu'on se doute bien que Kilgrave ne va pas tomber avant le dernier épisode de la saison).
Mais un autre problème qui affecte le côté polar noir, c'est la personnalité de Jessica Jones. Oui, elle est torturée, traumatisée, elle souffre de PTSD, et toute la série n'est qu'une grosse étude de personnages gérant chacun un traumatisme (viol, manipulation, mort de l'être aimé, etc) et/ou une addiction (drogue, amour, pouvoir, etc) d'une manière différente ... sauf que le résultat, c'est qu'on se retrouve avec un personnage principal non seulement assez cliché (l'enquêteur sarcastique et coriace au passé traumatique, c'est un peu un classique de la littérature de genre, qu'il soit de sexe masculin ou féminin), mais aussi rapidement épuisant d'antipathie, de répliques sardoniques, d'attitudes hostiles, etc. Par moments, plutôt que d'avoir à l'écran une femme traumatisée par la vie et par un criminel odieux, on a presque l'impression d'une adolescente capricieuse et émo, qui boude et n'en fait qu'à sa tête.
Le traumatisme de Jessica finit d'ailleurs par prendre tellement le dessus sur les autres aspects du show qu'il les rend accessoires... ce qui aurait pu passer si l'interprète de Jessica avait les épaules suffisantes pour rendre son personnage un minimum attachant. Or le jeu renfrogné et régulièrement faiblard de Krysten Ritter (le pétage de plomb de Ritter, durant l'épisode 4, est tout simplement risible de non-jeu) fait qu'à aucun moment, je ne me suis vraiment intéressé à son sort. D'autant que l'écriture ne lui fait pas de cadeaux (son caractère, mais aussi ses décisions souvent idiotes, comme par exemple son plan final pour vaincre Kilgrave), et que toute la série est plus ou moins vue par son prisme.
Ce qui, forcément, a des conséquences directes sur le reste du show : puisque tout est vu au travers du prisme de Jessica et de son traumatisme, tout le reste passe au second plan pour les scénaristes, qui semblent parfois plus préoccupés par la portée de leurs messages sociaux que par l'idée de faire une série bien équilibrée.
Par exemple, on retombe ainsi dans les travers de certains scénaristes qui, fiers d'avoir un personnage principal féminin fort et affirmé, semblent refuser de l'accompagner de personnages masculins du même calibre, par peur qu'ils ne lui volent la vedette. Dans Jessica Jones, tous les personnages masculins sont ainsi soit faibles (le drogué, le voisin, etc), soit des antagonistes criminels à punir ; j'inclus aussi dans cette liste Will Simpson, alias "reverse-Captain America" (jusque dans son look), le flic qui se rapproche de Trish, puisque après une ébauche de développement, non seulement toute son expérience militaire est instantanément rejetée par Jessica, mais en plus, il bascule du côté obscur vers la fin de la saison (avant de disparaître).
Les deux seuls personnages masculins qui sortent du lot sont ainsi Kilgrave (David Tennant est formidable, et la seule raison pour laquelle j'ai tenu jusqu'au bout) et Luke Cage (absent de la moitié de la saison), des personnages qui, lorsqu'ils sont réduits à leurs caractéristiques de base, semblent tout droit sortis d'une mauvaise série romantique ou d'un roman de chick-lit : Kilgrave, l'ex plus âgé, sophistiqué, européen, au physique élancé et mince, mais au caractère manipulateur, et toujours obsédé par l'héroïne ; Luke, le nouveau, brut de décoffrage, issu de la rue, grand, musclé, un afro-américain fort, mais aussi doux et sensible (il a perdu un être cher), et qui comprend ce que Jones traverse parce qu'il est "comme elle".
Deux archétypes assez flagrants, qui n'existent presque qu'au travers de leurs rapports avec Jessica, et qui ne font que renforcer les problèmes de caractérisation du show (Mike Colter est sympathique, mais j'ai passé toute la série à me demander s'il était volontairement tout en retenue et en intériorisation, ou si on lui avait simplement dit de non-jouer... j'ai vraiment du mal à le voir en protagoniste principal d'une série, tant il était souvent inexistant ici).
Et au rayon des clichés, les femmes ne sont guère mieux loties, entre Hogarth la lipstick lesbian aux dents longues sortie des années 80 (un homme, dans le comic-book), la stage-mom manipulatrice et menteuse de Patsy, la voisine psychotique à la limite de l'inceste, et une autre prisonnière butch lesbian sortie d'Orange is the New Black, on navigue en plein dans les clichés à gogo. S'en sort néanmoins Patsy "Trish" Walker (à ma grande surprise, puisque le personnage m'importe peu dans les comics, et que Rachael Taylor ne m'a jamais fait forte impression), au parcours intéressant, et dans une moindre mesure, Hope, la victime de Kilgrave, qui ne se sort cependant jamais de ce rôle.
L'on pourrait arguer que "tout ça, c'est voulu, c'est pour renverser les clichés et les rapports de force des récits noirs habituels, dans lesquels le héros dur à cuire est toujours entouré de personnages masculins clichés, et de femmes faibles et/ou n'existant que par leurs relations amoureuses/sexuelles avec le héros". Mais cet argument ne tient pas pour une simple et bonne raison : un récit noir classique n'est pas supposé tenir le spectateur en haleine pendant près de 13 heures. Jessica Jones, si, malheureusement, et ça exige un développement des personnages plus rigoureux.
En somme, entre les personnages peu engageants (les personnages secondaires sont unanimement oubliables, que l'on parle du drogué, du voisin, de Hogarth, etc, voire insupportables - la voisine déglinguée), les acteurs pas forcément ultra-charismatiques ou bien choisis (comme je le disais, Ritter est franchement peu adaptée à ce rôle : assez monotone, pas assez physique, elle n'incarne pas Jessica Jones de manière convaincante, et semble souvent se demander ce qu'elle fait là), la photographie terne, la réalisation basique (voire assez laide dans certains de ses effets, en début de saison), la musique un peu risible (dans l'épisode 6, ce solo de guitare électrique façon Hollywood Night, splendide ! ^^), et l'écriture qui privilégie la description très détaillée d'un stress post-traumatique à des choses élémentaires comme de la tension, du rythme, ou du dynamisme, forcément, difficile pour moi de m'intéresser à Jessica Jones.
Même des choses élémentaires comme le couple Jessica/Luke, pourtant essentiel au comic-book, ne fonctionnent que très peu à l'écran. Pas aidés par une dramatisation inutile de leur relation (la mort de la femme de Luke), Colter et Ritter n'ont pas grande alchimie (lorsque les scénaristes se sentent obligés de faire dire à Trish "mon dieu, c'est évident que vous avez une alchimie du tonnerre", alors qu'il n'y avait pas la moindre étincelle entre les deux acteurs dans la scène d'avant, c'est qu'il y a un vrai problème)... et leurs scènes de sexe sont, pour être totalement franc, à mourir de rire tant elles sont caricaturales et forcées dans leur auto-censure.
En résumé, hormis Tennant, qui cabotine totalement et parvient à faire de son Kilgrave un personnage à part entière, tour à tour sincère et psychopathe, menaçant et attachant, dans l'ensemble, Jessica Jones ne m'a pas convaincu.
Pire, au fil de la saison, et à mesure que les scénaristes usaient et abusaient de grosses ficelles évidentes pour retarder au maximum la confrontation finale Kilgrave/Jones, j'ai commencé à perdre patience. En 8 épisodes, la série serait probablement mieux passée ; en 10 épisodes, ça aurait encore pu être regardable ; mais en 13 épisodes, avec une héroïne antipathique et amorphe, un script très très moyen, et des effets ratés, ça ne fonctionne pas.
À partir de l'épisode 10, notamment, alors que Kilgrave s'échappe une nouvelle fois grâce à l'intervention (à peine forcée) de Hogarth, que la voisine prend de plus en plus d'importance (jusqu'à assommer Jessica en un coup avec une poutre *facepalm*), que les coïncidences bien pratiques se multiplient, que les dialogues sont de plus en plus laborieux (...), tout commence à se déliter, à perdre cruellement le peu d'intérêt que la série avait encore... jusqu'à cette conclusion plate, à base d'écouteurs dans les oreilles (*soupir*) et de face à face quelconque sur un quai.
Et même l'insertion au tractopelle de Claire Temple (la Nick Fury du Marvel/Netflixverse !) n'aide pas à redonner de l'intérêt au tout, tant le personnage arrive comme un cheveu sur la soupe et fait de la figuration.
Bref.
Je ne vais pas me répéter : Jessica Jones, c'est (au mieux) médiocre au possible, nettement en dessous de Daredevil (je n'aurais jamais cru dire ça ^^), et ça a réussi à me couper l'envie de voir une éventuelle saison 2 (Ritter est hors-sujet), de voir Luke Cage (déjà que les critiques étaient assez mitigées, mais en plus Colter ne m'a pas du tout convaincu ; à la limite, j'aurais préféré une mini-série sur Hellcat), et probablement même de tenter Iron Fist (un peu le même problème de casting que pour Jessica Jones : un acteur principal qui semble hors-sujet).
Je finirai bien par m'intéresser à Daredevil saison 2 (pour le Punisher), ainsi qu'à The Defenders, la grosse série crossover, mais pour l'instant, Marvel/Netflix, c'en est fini pour moi. Merci, Jessica Jones !
(et je l'ai déjà dit, mais dans la catégorie "utilisation du genre super-héroïque pour raconter l'histoire d'une jeune femme peinant à se remettre d'un viol, et confrontée frontalement à son agresseur", Sweet/Vicious, de MTV, est nettement plus réussi, plus dynamique, et moins soporifique)
Le week-end dernier, je faisais un premier bilan partiel de cette première saison de Daredevil. Une première saison avec des points positifs, des points négatifs, et des "entre-deux", mais qui m'avait laissé, en fin compte, particulièrement mitigé : problèmes de rythme, de remplissage, et un très évident manque de rythme et d'énergie.
Après avoir terminé cette saison, me voilà confronté au problème du bilan saisonnier plus complet : en effet, après avoir regardé les sept épisodes restants, je suis bien obligé de constater que, malheureusement, ces derniers ne font que renforcer les défauts récurrents de ce Daredevil, tout en affaiblissant d'autant plus ses qualités.
Daredevil, saison 1 - épisodes 07 à 13 :
Mais reprenons la liste de la semaine dernière.
# À commencer par les points positifs : la fidélité et le respect de l'adaptation, Wilson Fisk, Claire Temple et sa relation avec Murdock, l'interprétation, et la réalisation.
- Là, premier problème : Claire Temple disparaît quasi-totalement de la seconde moitié de saison, et avec elle, le charisme et le capital-sympathique que Rosario Dawson apportait au show.
- Autre problème : Wilson Fisk. Si le charisme de D'Onofrio assure toujours le minimum syndical, des failles certaines apparaissent dans son jeu : trop émotif, ce Wilson Fisk n'est jamais vraiment aussi menaçant qu'il devrait l'être (on frôle cette menace dans le tout dernier épisode, juste avant qu'il ne se fasse rétamer par Daredevil), et la diction très particulière adoptée par D'Onofrio rend ses monologues et ses tirades parfois redondantes et sur-écrites (et je ne parle même pas de son accent "j'ai appris mon texte phonétiquement, syllabe par syllabe" lorsqu'il parle mandarin ou japonais).
Sans oublier un défaut intrinsèque du personnage tel que porté à l'écran : c'est un bourrin qui a du mal à contenir sa rage, point. À comparer avec le boss de la pègre calculateur et sur-entrainé du comic-book, qui cache derrière sa corpulence un corps tout en muscle et en puissance, et qui démolit une demi-douzaine de ninjas au petit déjeuner pour se mettre en forme.
- Troisième point positif qui s'évapore, la réalisation. Ça tente bien des choses, de temps en temps, mais ça se plante beaucoup plus souvent que ça ne fonctionne. Je pense notamment à Matt Murdock qui fait du parkour sur les toits pour suivre une automobile en contrebas : sur le papier, pourquoi pas, mais dans les faits, bof, surtout mis en images sur de la musique classique.
Et quand Steven S. DeKnight, showrunner et scénariste, décide de passer à la réalisation pour le grand final, on se retrouve avec quelque chose d'un peu maladroit (le montage de l'arrestation des mafieux sur fond de Nessun Dorma) voire de médiocre (l'affrontement final, et la mise en images du costume).
- La fidélité, le respect de l'adaptation, l'interprétation, pas de grand changement dans cette demi-saison ; j'ai bien aimé l'ajout de quelques détails, comme la mamie asiatique qui repousse Daredevil à l'autre bout de la pièce d'un simple coup, et qui vient "de beaucoup plus loin" que l'Asie (K'un-Lun ?).
# Les points mitigés, maintenant : Foggy et Karen, Matt Murdock, le costume, les combats.
- Rien à signaler sur Foggy et Karen : leurs sous-intrigues, nécessaires, sont toujours assez quelconques, pas forcément très passionnantes, et Karen/Matt est une relation potentielle qui ne m'intéresse toujours pas du tout. Mais je dois bien avouer que le trio Foggy/Karen/Matt fonctionne très très bien, car les trois acteurs ont une excellente alchimie.
- Matt Murdock/Charlie Cox : pas de changement non plus sur ce front. Autant j'aime bien son alchimie avec les autres acteurs (et en soi, Cox est quelqu'un de sympathique), autant il n'est pas du tout imposant en Daredevil... d'autant que son Daredevil est constamment essoufflé (même lors d'un effort minime), constamment en position de faiblesse, et il se fait constamment démolir, avant de gagner in extremis.
- Le costume : alors là, pas de chance, le costume finale de Daredevil est assez réussi... sauf le masque, à l'expression renfrognée/boudeuse pas vraiment convaincante. Décidément, Murdock n'a pas de chance avec les masques.
- Quand aux combats, ils se font plus rares en seconde saison, puisque Matt passe un bon moment à se faire démolir et à se remettre. Le combat contre Nobu le ninja est assez réussi ; celui contre Fisk, nettement moins (Daredevil fait des pirouettes inutiles dans tous les sens, Fisk se contente de cogner), et il se termine par un mouvement assez risible qui achève de le rendre décevant ; celui contre Stick souffre d'un abus de doublures évidentes.
# Et enfin les points négatifs : le rythme, les sous-intrigues à gogo, le côté procédural, la musique, l'écriture, et la photographie sombre.
Malheureusement, pas de réelle évolution au programme, en fait : le rythme est toujours ultra délayé (en 13 épisodes de 50/55 minutes, on raconte un Daredevil/Fisk Begins qui aurait pu être résumé à quatre ou cinq épisodes, sans aucun problème) ; les sous-intrigues sont toujours là (Ben Urich... arg), plombées par une écriture particulièrement agaçante et évidente (les discussions théologiques pataudes pour arriver au concept de Daredevil ; la trahison télégraphiée de Leland, que seul un aveugle n'avait pas vue venir ; l'origin story convenue de Fisk ; le combat inutile contre le tailleur simplet qui devient un allié), surtout quand DeKnight s'en charge ; la musique est toujours aussi insipide, sauf sur le dernier épisode, quand elle décide soudain de basculer en mode "super-héros nolanien" ; bref, dans l'ensemble, les points négatifs restent les mêmes, et même si la série tente enfin d'assumer son côté super-héroïque dans son dernier épisode, ça n'empêche pas qu'elle retombe dans ses mêmes travers le reste du temps.
Bref, cette seconde demi-saison a achevé de confirmer mes impressions sur la saison 1 de Daredevil : peu de vraies qualités franches et indiscutables, et beaucoup d'impressions mitigées pour cette adaptation "réaliste" (dans le sens nolanien du terme) de Daredevil, très très moyenne en fin de compte.
Le vrai problème étant l'écriture, tout simplement inutilement bavarde, et qui amène, en conséquence, un rythme particulièrement mollasson, et énormément de meublage. Difficile d'y changer grand chose, à vrai dire, tant cela est inhérent au choix initial de développer une origin story sur plus de dix heures de métrage : forcément, ça ne pouvait que peiner à tenir la distance.
D'autant plus frustrant que, lorsque la série se décide enfin à avancer, généralement, ça fonctionne : les rebondissements ponctuels sont intéressants, et la fin a une jolie montée en tension, avec un début d'ampleur comic-book. Les défauts du show le rattrapent cependant trop facilement, et malgré tous mes efforts, je ne vois pas Daredevil lorsque je vois Charlie Cox, désolé.
Mes attentes pour la saison 2 : DeKnight n'est plus là, à priori, donc j'espère une écriture plus rigoureuse et rythmée, et un show qui assume enfin son côté comic-book (notamment au niveau du Punisher).
Bon, malheureusement, ça risque bien d'aller de pair avec l'arrivée officielle de The Hand, et de toujours plus de ninjas, et ça... pour parler franchement et crûment, je m'en fous un peu. Black Sky, Nobu, The Hand, les ninjas, ça me laisse de marbre (et c'est aussi pour cela que je n'ai jamais été particulièrement passionné par Daredevil, ou par les segments de l'histoire de Wolverine se déroulant en Asie).
En attendant, il ne me reste plus qu'à enchaîner avec Jessica Jones...
Après avoir jeté l'éponge face au Marvel's Agents of SHIELD d'ABC juste à temps pour ne pas succomber au syndrome de Stockholm que ressentent souvent les spectateurs de séries médiocres ("mais si, ça s'améliore considérablement au bout de la x-ième saison, et de toute façon, je ne vais pas m'arrêter maintenant, je me suis attaché à tous les personnages"), j'ai tout de même décidé de tenter de combler le vide laissé dans ma téléphagie par l'univers télévisuel Marvel made in Netflix.
Car si, jusqu'à présent, je n'avais jamais franchi le pas du microcosme Marvel/Netflix, ce n'était pas sans raisons : a) le manque total de continuité cinéma/tv ne m'incitait pas à m'y intéresser, b) les personnages sont tout sauf au nombre de mes favoris de l'écurie Marvel (à la base, je n'ai absolument aucun intérêt pour les personnages de Daredevil, de Luke Cage, ou de Jessica Jones, ainsi que pour tout ce qui se déroule à Hell's Kitchen), c) les retours critiques de personnes de confiance étaient au mieux mitigés, notamment à cause des défauts récurrents de rythme de toutes les séries Netflix, et d) les histoires de pègre et de crime organisé, et le côté réalismedark & gritty ne m'intéressent généralement pas en matière de super-héros (sauf si l'on parle de personnages bien précis comme le Punisher... et encore !).
Mais bon, il faut bien se jeter à l'eau un jour ou l'autre... dont acte.
Daredevil, saison 1 - épisodes 01 à 06 :
Depuis qu'il perdu la vue, enfant, dans un accident, Matt Murdock (Charlie Cox) mène une double vie : le jour, il est avocat aux côtés de son ami Foggy Nelson (Elden Henson), et la nuit, il est Daredevil, un justicier vengeur aux capacités surhumaines, qui tente de rétablir l'ordre dans les rues de Hell's Kitchen, à New York...
Mouais. Je crois que c'est le terme qui qualifie le mieux mon avis, pour le moment. "Mouais".
Les plus :
- La fidélité et le respect de l'adaptation : Daredevil, showrunné par Steven S. DeKnight, est un travail fait dans le respect de l'oeuvre originale, notamment dans la représentation des pouvoirs de Daredevil (j'aurais aimé plus d'écholocation à l'écran, mais bon). Toutes les adaptations ne peuvent pas en dire autant.
- Wilson Fisk : D'Onofrio en impose par son charisme, et l'approche du personnage (le présenter comme un homme hésitant, raisonnable, timide, à la recherche d'une compagne... avant de révéler son côté obscur et brutal) fonctionne, bien qu'elle soit immédiatement identifiable par les spectateurs avisés, et donc relativement téléphonée.
- Claire Temple et sa relation avec Matt Murdock : les deux acteurs ont de l'alchimie, ils fonctionnent très bien ensemble, et Rosario Dawson apporte à chacune de ses scènes une vraisemblance qui leur permet d'être crédibles.
- L'interprétation : tout le monde est globalement juste, tout simplement, sauf peut-être Foggy dans les premiers épisodes.
- La réalisation : bien que la photographie soit hyper-sombre et terne, certains des réalisateurs tentent des choses, et parviennent à rendre certaines scènes (pourtant trop longues) visuellement intéressantes, quitte à télégraphier un peu, parfois, ce qui va se produire (je pense notamment à la caméra fixe et tournoyante, dans un des épisodes, à l'intérieur d'une automobile).
Les ni plus/ni moins :
- Foggy Nelson : pas tant le personnage, techniquement, que l'acteur, assez inégal (dans les premiers épisodes, j'ai eu un peu de mal avec son interprétation, ainsi que l'impression qu'il récitait son texte de manière un peu artificielle), et ses sous-intrigues ne m'intéressent pas du tout.
- Karen Page : Deborah Ann Woll est très attachante, elle est plutôt juste, mais... Karen n'a pas grand intérêt, pour le moment. Ses sous-intrigues sont insipides (cf Foggy Nelson), et ce qui semble être son attirance pour Murdock laisse augurer du pire (j'espère qu'on va éviter le triangle amoureux).
- Matt Murdock : alors là, problème - je trouve que Charlie Cox n'a pas une once de charisme dans son rôle. En Matt Murdock, passe encore, même s'il fait parfois trop jeune et innocent ; en Daredevil, par contre, il manque cruellement de poids et de présence, est souvent trop émotif et hésitant, bref, il fait tout sauf un vigilante imposant et menaçant. Le pire étant qu'il est loin d'être un mauvais acteur, et qu'il fonctionne bien avec le reste du cast... mais en le voyant, à aucun moment, je n'ai l'impression de voir une tête d'affiche super-héroïque. Espérons qu'une fois débarrassé de son masque actuel, il récupèrera un peu de prestance et de charisme.
- Le costume : justement, le costume, qui est relativement fidèle aux débuts du personnage, mais qui ne fonctionne pas totalement devant les caméras, et rappelle malheureusement le Daredevil du Procès de l'Incroyable Hulk, dans les années 80.
- Les combats : là aussi, j'ai un problème. Car autant la volonté de faire des combats travaillés et fréquents est assez louable, autant ces derniers ont tendance à me laisser assez mitigés. Tour à tour, j'ai eu l'impression qu'ils étaient soit trop chorégraphiés (les pirouettes inutiles), soit trop brouillons, avec fréquemment un manque d'impact réel, puisque tous les personnages passent leur temps à se frapper et à se contrer sans jamais vraiment accuser la moitié des coups. Au final, ça fait beaucoup d'énergie dépensée pour rien, et comme pour les dialogues (et le reste du show), on se dit qu'un peu d'élagage n'aurait pas fait de mal.
Les moins :
- Le rythme : comme souvent chez Netflix, les showrunners et scénaristes profitent de l'absence de format imposé pour s'étendre en longueur... et comme souvent, ça donne lieu à des épisodes trop longs, trop mous, remplis de meublage et de scènes inutiles (ou qui auraient pu et dû être largement raccourcies). Ici, le show fait beaucoup de surplace, pour l'instant, et certains épisodes sont un vrai calvaire (le 03, notamment, mais aussi le 06, qui partait pourtant bien, avec son Daredevil assiégé par la police corrompue, mais qui finit par échouer totalement à capitaliser sur ce postulat prometteur).
- Les sous-intrigues à gogo : malheureusement, qui dit meublage dit multiplications des sous-intrigues, et donc beaucoup de digressions inutiles, qui auraient pu être coupées. En vrac, je pense donc à la majorité des scènes Karen/Foggy, et à un certain nombre de flashbacks (ceux sur les russes, notamment).
- Le côté procédural juridico-légal : dans cette première moitié de saison, il n'y a vraiment eu qu'un épisode centré sur un procès, le second... et c'était particulièrement médiocre et sans vie. N'est pas David E. Kelley qui veut.
- La musique : volontairement minimaliste, discrète, et donc insipide. Une occasion ratée. Tout comme le générique d'ailleurs, qui rappelle fortement celui de Black Sails, visuellement, sans en avoir l'impact et la musique entêtante.
- L'écriture : très inégale. Certains épisodes bénéficient de dialogues concis, qui vont droit au but ; d'autres souffrent d'échanges patauds, voire même pompeux et forcés, dans lesquels les personnages débitent des pensées improbables sur leur mission, sur leur ville, etc, pensées qui sonnent tout sauf naturelles. Et je ne parle pas des grosses ficelles scénaristiques, comme lorsque Matt se rapproche du russe pour mieux l'entendre murmurer ses dernières paroles (et tomber dans son piège), alors même qu'il peut généralement, sans le moindre effort, entendre une mouche péter à l'autre bout de la ville...
- Quelques effets ratés : je pense notamment au bras cassé, dans l'épisode 3, et à sa prothèse en latex assez peu réaliste.
- La photographie dark & gritty : c'est terne, c'est désaturé, c'est "réaliste"... mouais, hormis les jeux d'ombre et de lumière, c'est surtout assez laid.
En résumé, cette demi-saison me laisse particulièrement mitigé. Les défauts que je redoutais sont bel et bien présents (ce qui ne me surprend guère), et je trouve cette première saison très inégale, pour l'instant, avec beaucoup trop de remplissage et de dialogues inutiles, et avec un étrange manque de punch et d'énergie. On sent que la production veut bien faire, mais l'étincelle nécessaire pour faire d'un tel show une réussite n'est que trop rarement là, noyée par le manque de maîtrise du format et de l'écriture, et par l'incapacité de la série à conserver son dynamisme et son élan au sein de chaque épisode (dès que la mayonnaise commence à prendre, que la tension commence à monter, paf, ça retombe aussitôt pour passer à autre chose).
Reste maintenant à voir comment le show va évoluer... et j'espère en tout cas que les autres shows Marvel/Netflix auront retenu la leçon des défauts de cette première série.
Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine (tant que j'arriverai à tenir la cadence ^^), et des mini critiques d'une dizaine de lignes, tout au plus.
Doctor Strange :
Après un accident de voiture qui le prive de l'usage normal de ses mains, le Dr. Stephen Strange (Benedict Cumberbatch), chirurgien arrogant aux talents renommés de par le monde, voit son univers s'effondrer. Ruiné et abandonné de tous, il recherche alors des méthodes peu orthodoxes pour guérir... et lorsqu'il découvre les arts mystiques enseignés par l'Ancien (Tilda Swinton), c'est tout un monde inconnu qui s'ouvre à lui, et va lui permettre de renaître, d'une manière assez inattendue.
Un nouveau Marvel ma foi plutôt convaincant, et qui, s'il souffre un peu de n'être qu'une énième origin story au parcours assez balisé (et forcément, au démarrage un peu mou), bénéficie du charisme de Cumberbatch, mais aussi et surtout d'idées et d'effets visuels formidables, qui à eux seuls valent le déplacement en salles.
C'est bien simple, on a un peu l'impression que Marvel et Derrickson, le réalisateur, ont vu Inception de Nolan, et se sont dits : "bof, on peut faire la même chose, mais avec 1000 fois plus d'idées, d'énergie, d'humour et d'inventivité".
Le résultat est donc particulièrement mémorable, avec des kaléidoscopes improbables d'images et de couleurs chatoyantes, et une 3D qui, pour la première fois depuis des années, est particulièrement réussie, voire même, est un véritable plus qui renforce encore tout ce qui est à l'écran.
Un bon 4/6 (probablement plus lorsque je le verrai en VO)