Toute la semaine, Les Téléphages Anonymes passent la carrière télévisuelle & cinématographique de Frank Castle en revue, pour le meilleur... et pour le pire.
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Punisher : Zone de Guerre (Punisher - War Zone) :
Actif depuis cinq ans, le Punisher (Ray Stevenson) continue d'éliminer un à un les membres de la pègre new-yorkaise. Mais lors d'une mission, après avoir tué par erreur un agent infiltré, il défigure atrocement Billy Russotti (Dominic West), un mafieux vaniteux. Désormais rebaptisé Jigsaw, ce dernier perd la tête, et décide de libérer son frère cannibale (Doug Hutchison) pour l'aider à traquer et à tuer Castle, quitte à utiliser pour cela la veuve (Julie Benz) et la fille de l'agent tué par le Punisher.
Autant le Punisher 2004 est généralement considéré comme un ratage, autant ce Punisher War Zone semble diviser. Conçu par ses producteurs pour être un film comic-book décomplexé et cartoony, PWZ est par ailleurs notable pour avoir été réalisé par une femme, Lexi Alexander.
Au premier abord, le résultat, à l'écran, n'est malheureusement pas à la hauteur des promesses de la production, ni des attentes du spectateur... ou du moins, cela dépend de ce que l'on attend d'un film Punisher.
Si tout ce que l'on demande d'un film Punisher, c'est un héros impassible, badass et bourrin, un Terminator indestructible qui démolit des méchants ultra-caricaturaux à tour de bras de manière toujours plus sanglante et improbable, alors oui, PWZ est une réussite.
Si par contre, on a une tolérance assez faible aux scripts prétextes et dérivatifs (de nombreux moments rappellent, par exemple, la structure du script du Batman de Burton), à une direction artistique et à des méchants en roue libre (façon Joel Schumacher), à une interprétation très inégale, et à un aspect technique (réalisation, montage, effets) parfois très approximatif, alors là, ça risque de coincer.
Il va sans dire qu'entre deux mises à mort sanglantes et les innombrables scènes consacrées au duo de méchants risibles, il n'y a pas beaucoup de place pour développer le personnage de Castle, qui n'est guère plus ici qu'un Jason Voorhees opérant dans le camp du bien. On revient bien en micro-flashback sur ses origines (pour une fois respectées !) et il y a bien une tentative d'adoucir brièvement Castle en lui donnant des remords, et un attachement à la fillette dont il a tué le père, mais rien de vraiment probant.
Pas de place non plus pour un univers plus noir ou réaliste. Car là n'est pas le propos : un peu comme pour Man of Steel (qui tentait de satisfaire les fans de Superman les plus vocaux, qui se plaignaient du manque de bagarres dans Superman Returns), l'objectif était ici de plaire aux fans du Punisher ayant trouvé la version 2004 lamentable, et pas assez extrême (la scène de la torture à la glace est souvent citée en exemple... malgré le fait qu'elle ait directement été tirée des comics).
D'où un côté très bourrin et bas-de-plafond, qui, pour moi, s'avère vite insupportable (et évoque des films comme Crank ou Shoot'em up). Ajoutez à cela un film constamment éclairé aux néons multicolores (on se croirait devant The Defenders, ou, comme mentionné plus haut, chez Schumacher) et un script écrit à plusieurs mains, assez décousu et mal rythmé, et au ton constamment hybride, mi-sérieux mi-cartoon (un peu comme si, en s'inspirant de plusieurs époques et tonalités des comic-books Punisher - du grotesque, de l'über-violence, de la comédie, de l'émotion, etc -, le film finissait par n'être qu'une mayonnaise ne prenant pas), et on se retrouve devant un métrage inabouti, à la dernière fusillade efficace, mais à la boss battle de conclusion assez médiocre.
Ce film a ses fans. Des fans assez nombreux, généralement amateurs de cinéma de genre, et qui ont souvent trouvé là ce qu'ils cherchaient : de l'action, de la violence et du fun.
(c'est d'autant plus vrai par chez nous, où le film est sorti directement en vidéo, ce qui a d'office diminué les attentes des spectateurs, façon "pour du DTV, ce n'est pas mal du tout !")
En l'état, je n'ai pas du tout aimé ce Punisher - War Zone, au point que la vision de ce film m'a presque fait revoir le Punisher de 2004 (aussi fidèle aux comics que celui-ci, n'en déplaise à certains) à la hausse... Au moins, malgré ses innombrables défauts, la version de Thomas Jane ressemblait à un film de cinéma. Et avait un thème musical principal mémorable.
Dommage, parce que Ray Stevenson campait plutôt bien le Punisher (en dépit d'une direction d'acteurs globalement insuffisante) malgré une tenue tactique assez laide, et un crâne à peine plus présent que chez Dolph...
2/6
(mais si l'on aborde ce film comme un DTV de série b fini à la truelle, avec pour objectif de voir un Punisher démolir tout ce qui bouge, il y a moyen de s'amuser... un peu)
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