Suite et fin de mon visionnage des huit épisodes de la première saison de cette adaptation libre des comics Marvel centrés sur le personnage de Legion/David Haller, adaptation showrunnée par Noah Hawley (Fargo), et produite par Bryan Singer.
Malgré un épisode 4 en demi-teinte, j'étais ressorti assez convaincu par l'audace visuelle et narrative de ces quatre premiers épisodes. Espérons que les quatre suivants sauront capitaliser sur le potentiel du début de saison, plutôt que de laisser se développer les quelques défauts commençant à poindre le bout de leur nez...
Legion saison 1 - suite et fin
1x05 - Chapitre 5 :
David, soudain empli d'une confiance en soi et d'une arrogance inattendues, décide d'aller secourir sa soeur sans l'aide de l'équipe de Melanie, mais les membres de l'équipe découvre bientôt l'existence du parasite étrange qui occupe l'esprit de David, et qui a apparemment pris le dessus sur son hôte...
À nouveau un épisode qui m'a laissé mitigé : on retrouve un peu le même manque de "structure déstructurée" que dans l'épisode 3, du même scénariste ; la caractérisation est un peu hors sujet, çà et là (pour David, c'est normal ; Syd, par contre, agit comme une ado rebelle ; et Cary, lui, verse dans la comédie surjouée) ; certaines scènes sont un peu forcées (le ralenti inutile sur fond de musique pop lorsque l'équipe part à la recherche de David), ou peu réussies visuellement (lorsque Cary fait son briefing "céleste" au reste de l'équipe, et que Bill Irwin surjoue affreusement) ; Rachel Keller a toujours des postures et une gestuelle maniérées et peu naturelles (même lorsqu'elle est sur le point de succomber à la créature, à la toute fin, elle s'étend sur le lit de manière assez artificielle) ; et il reste encore quelques lignes de dialogues qui arrivent, ici ou là, comme un cheveu sur la soupe (je pense notamment au "who teaches us to be normal when we're one of a kind" de Syd, qui tombe totalement à plat avec sa confession, et sonne assez faux).
Après, il y a toujours du bon, notamment dans la seconde partie de l'épisode, entre la créature qui massacre du soldat sans broncher, ou encore la scène finale, dans la Pièce Blanche. Et bien sûr, Plaza semble se diriger vers quelque chose de plus ouvertement maléfique, et de moins "April Ludgatesque", ce qui est toujours un plus.
M'enfin bon, dans l'ensemble, je m'attendais à un peu mieux, et à un peu plus de contenu.
1x06 - Chapitre 6 :
Alors que l'équipe de Melanie est prise au piège dans une hallucination collective - l'hôpital psychiatrique -, tous ses membres subissent, un à un, l'influence et les questions de Lenny, leur psychiatre...
Mouais, l'équivalent d'un bottle épisode à la sauce Legion, qui souffre d'un peu trop de redondances et de diversions esthétiques assez gratuites.
En résumé, à l'image du numéro de danse d'Aubrey Plaza (Plaza qui devient par ailleurs une antagoniste très convaincante, et s'amuse clairement dans ce rôle), ce n'est pas désagréable, ce n'est pas forcément hors sujet, mais c'est aussi relativement anecdotique au niveau de la saison.
Un épisode dispensable, qui fait globalement du surplace, et qui souligne encore un peu plus les points faibles du casting secondaire et de l'écriture de la série (sans surprise, cet épisode est écrit par Halpern, scénariste du 04, jusqu'alors l'épisode que j'ai le moins apprécié de la saison).
1x07 - Chapitre 7 :
Sur le plan astral, Oliver et Gary mettent au point un plan d'attaque pour s'en prendre au parasite de David, le Shadow King. Mais pour cela, ils doivent réussir à réunir les autres, et à les réveiller...
Un épisode plus court que d'habitude, mais qui s'avère captivant de bout en bout : on ne voit pas le temps passer, ça va constamment de l'avant, ça expérimente visuellement, encore et encore, ça passe de petits moments comiques entre Oliver et Cary, à un flashback animé sur tableau noir retraçant la vie de David et du Shadow King, à un passage film muet façon Caligari ou Murnau (avec une Plaza impériale en monstre expressionniste), à un cliffhanger final réussi, en passant par Oliver qui utilise ses pouvoirs musicaux, tel un chef d'orchestre, par David qui retrouve le contrôle, et par des indices très clairs quant à l'identité du père de David.
Bref, après le passage à vide des deux ou trois épisodes précédents, ça fait plaisir. J'espère que le show ne va pas rater son atterrissage dans l'épisode qui suit...
1x08 - Chapitre 8 :
Alors que David et son groupe sont aux mains de la Division 3, le Shadow King tente de reprendre le contrôle de l'esprit du mutant, et cherche un nouvel hôte...
Et malheureusement, malgré le retour de Noah Hawley au scénario, ce season finale est une déception.
Pas forcément parce qu'il est beaucoup plus linéaire et sage, formellement parlant : compte tenu de l'évolution de l'état mental de David, c'est cohérent, bien que cela ait pour conséquence de rendre le tout nettement moins ludique et intéressant ; pas forcément non plus pour l'écriture occasionnellement pataude (le "I don't care if you save me... or the world... if you don't save yourself" de Syd est affreusement bancal, tant dans la forme que dans la diction et le jeu de Rachel Keller), ou pour tout ce temps passé sur la vie privée de Clark, l'agent de la Division 3, sans que cela ne débouche sur grand chose.
Non, la vraie frustration, c'est que cette saison 1 de Legion débouche sur un gros "tout ça pour ça", une sorte d'affrontement fauché dans un couloir, formellement médiocre et peu inspiré, et réglé en un claquement de doigts : l'exorcisme du Shadow King, la résolution de toute la situation, les transferts, le départ d'Oliver, tout cela semble précipité, presque bâclé, et particulièrement frustrant.
Quant au post-générique... disons qu'il laisse perplexe.
Bilan saison 1
Dans l'ensemble, une première saison frustrante, qui semblait parfois posséder environ 5 ou 6 épisodes de contenu, malheureusement étalé sur 8 épisodes.
Ce n'est pas forcément rédhibitoire (et c'est nettement mieux que les séries Netflix façon "6 à 8 épisodes de contenu délayé pendant 13 épisodes"), et la série bénéficie toujours clairement de grandes qualités graphiques, d'inventivité, et d'une audace certaine, mais globalement, difficile de ne pas avoir l'impression que le show a raté son atterrissage.
Après une saison entière passée à faire monter la pression au sujet du Shadow King et de son emprise sur David, voilà que tout est réglé en quelques minutes, sans grande difficulté, ni réelle résolution digne de ce nom. À se demander si Hawley n'avait tout simplement pas la moindre idée de comment résoudre son intrigue principale sans botter en touche...
De plus, je me répète, mais je n'ai pas été particulièrement convaincu par les seconds rôles. Autant Dan Stevens assure très bien son rôle (malgré quelques moments de surjeu), tout comme Aubrey Plaza, autant l'écriture, la caractérisation et le casting des autres personnages sont nettement plus inégaux : outre Rachel Keller (dont les 3 expressions faciales et le jeu maniéré m'ont suffisamment agacé pour me gâcher pas mal de scène, d'autant que son personnage est étrangement immature impertinent et rentre-dedans, de manière injustifiée), Amber Midthunder reste sous-développée, affichant perpétuellement une même moue boudeuse, et Bill Irwin semble être là pour assurer la caution comique du show, avec plus ou moins de succès.
En fait, Legion semble avoir du mal à trouver un niveau qualitatif régulier : le show atteint parfois des sommets, ou se ramasse totalement dans ce qu'il tente, mais il peine à s'équilibrer sur la longueur, et semble vraiment dépendant de la capacité de chacun des scénaristes de l'équipe à se fondre dans le moule imposé par Hawley.
Mettons cela sur le dos de la saison 1, toujours une saison de rodage pour une nouvelle série, et espérons que Hawley et compagnie apprendront de leur essai.
On peut néanmoins rester dubitatif sur l'avenir de la série : compte tenu des audiences assez faibles de la saison 1 (pas surprenantes, puisque les premiers épisodes de la saison demandaient énormément d'attention et de concentration au spectateur), FX va peut-être imposer aux scénaristes d'écrire quelque chose de plus accessible, de moins excentrique, voire d'intégrer un peu plus le show à l'univers X-men, en insérant par exemple une apparition, le temps d'un épisode, de Patrick Stewart en Xavier.
Dans un cas comme dans l'autre, cependant, la saison 2 risque d'être difficile à gérer : si le show répète un peu trop les expérimentations visuelles et narratives de la saison 1, Hawley sera accusé de céder à la facilité, et de refaire une nouvelle fois la même chose ; s'il part dans une direction nettement plus classique, à la structure basique, alors Legion risque de perdre une grande partie de ce qui la distingue du reste du genre, et qui a tant fasciné son public.
C'est un numéro d'équilibriste complexe qui attend la série et son showrunner, pour l'année prochaine, mais une chose est sûre : malgré les défauts et les problèmes que je peux avoir avec la distribution secondaire de la série, je serai au rendez-vous.
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