Série ABC en deux saisons pour un total de 23 épisodes d'une vingtaine de minutes, Not Dead Yet est un étrange mélange de sitcom de network façon comédie de bureau, et de comédie surnaturelle à la Pushing Daisies, Dead Like Me ou encore Reaper.
Un mélange un peu bancal, supposément adapté d'un livre (qui en réalité n'a pas grand chose en commun avec le programme), auquel ajoute ici un portrait de femme qui se reconstruit et apprend des leçons de vie hebdomadaires que lui apportent les esprits qui la visitent...
Not Dead Yet, saison 1 et saison 2 (2023-2024) :
Journaliste quadragénaire paumée après s'être séparée de son compagnon, pour lequel elle avait tout quitté et s'était installée à Londres, Nell (Gina Rodriguez) revient aux USA pour tenter de se reconstruire. Elle accepte un poste dans la rédaction où ses amis Sam (Hannah Simone) et Dennis (Joshua Banday) officient toujours, mais se retrouve sous la direction de la cassante Lexi (Lauren Ash), une ancienne ennemie de lycée, fille du propriétaire du journal. Désormais en charge de la rubrique nécrologique, Nell découvre alors qu'elle est hantée par les esprits de ceux don't elle doit rédiger la biographie, qui ne disparaissent qu'une fois cette tâche terminée...
Et honnêtement, le résultat de tous ces ingrédients disparates est assez inégal.
Après un pilote dans lequel Gina Rodriguez surjoue affreusement (ça s'arrange ensuite), la série s'établit rapidement dans une routine assez peu mémorable, dans laquelle ni l'humour de bureau, ni le portrait de femme paumée, ni le surnaturel ne sont vraiment percutants ou exploités à la pleine mesure de leur potentiel.
Les relations professionnelles sont très classiques - d'ailleurs, les relations tendues avec Lexi sont rapidement évacuées pour l'intégrer à la bande façon électron libre, idem pour les frictions avec Edward (Rick Glassman), le colocataire de Nell atteint d'Aspergers très rapidement passé d'antagoniste abrasif à la Sheldon Cooper à meilleur pote excentrique -, les leçons de vie sont assez convenues (surtout lorsqu'elles sont explicitées en voix off en fin d'épisode), et le surnaturel n'est vraiment qu'un prétexte pour apporter ces petites morales et autres platitudes existentielles (mention spéciale à l'épisode où Nell doit écrire la nécro d'un chien, qui fait de la figuration pendant 20 minutes).
Çà et là, les scénaristes essaient bien quelques trucs, comme au travers de Monty (Martin Mull), le fantôme qui revient régulièrement depuis que son épouse Cricket (Angela E. Gibbs) est devenue la meilleure amie de Nell dans le premier épisode, ou lorsque la série évoque un certain épisode de Scrubs, avec la romance éclair de Nell avec un inconnu... qui s'avère être un fantôme à la fin de l'épisode.
Mais la routine s'installe rapidement, et le programme finit par s'établir dans une zone de confort consistant en 40 % d'humour de bureau et de péripéties professionnelles, 20 % de surnaturel, et 40 % de relationnel et de sentimental, surtout lorsque, vers la fin de saison, l'ex de Nell revient dans sa vie.
Pas forcément mauvais en soi, mais pas ultra convaincant non plus.
Pour rehausser la sauce, en saison 2, la série ajoute Brad Garrett dans le rôle récurrent du père milliardaire de Lexi. De quoi pimenter un peu les dix derniers épisodes du programme (depuis annulé), du moins, en théorie. Parce que dans les faits, cela ne fait que renforcer le problème récurrent de la série : son manque de temps. 20 minutes par épisode, c'est insuffisant pour laisser de la place à tout le monde, et aux différentes facettes du programme (notamment à ses fantômes, plus que jamais en mode figuration, voire absents de certains épisodes).
Lexi et Edward s'insultent, puis couchent ensemble et cachent cette relation à tout le monde, alors même que la présence de son père (tout aussi détaché qu'elle des réalités du monde du travail) stresse Lexi ; Sam divorce (mais en grande partie hors-champ : Hannah Simone reste particulièrement sous-exploitée) ; Dennis est papa ; Nell cherche l'amour (notamment avec un journaliste sportif travaillant dans le même immeuble... mais avec lequel elle fait tout capoter de manière scénaristiquement très très artificielle et sortie de nulle part).
Du côté fantastique, ça reste ultra-superficiel, ça ne s'intéresse jamais aux spécificités du don de Nell, ça se limite fréquemment à une poignée de répliques par épisode, bref, c'est clairement au second plan des préoccupations de la série, qui préfère faire dans l'émotion facile et dans le faux suspense, notamment à l'approche de la fin de saison, lorsque le père de Lexi décide de vendre le journal.
Bref, la série, si elle se regarde (les comédiennes y mettent de l'énergie, et pris comme une sitcom de bureau classique, ça fonctionne globalement), reste aussi bien trop sage pour son propre bien, n'exploitant jamais vraiment son potentiel, faute de temps, de motivation, et probablement aussi d'envie de le faire.
Dommage, car en développant le tout de manière plus équilibrée, peut-être que le programme aurait dépassé les deux saisons... ou peut-être pas, tant la série semble constamment incertaine de ce qu'elle voudrait être : une sitcom de bureau caricaturale où tout le monde surjoue, ou un programme plus dramatique, sur une jeune femme paumée qui trouve une source d'espoir et de sagesse dans un don surnaturel qui surgit soudain dans sa vie lorsqu'elle est au plus bas.
Avec une vision plus claire, dès le début, et un format approprié, ça aurait probablement mieux fonctionné.
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