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LES TÉLÉPHAGES ANONYMES

Il était une fois Lurdo & Sygbab, deux internautes passionnés de séries tv et de cinéma, et qui cherchaient un endroit où archiver leurs avis (semi) éclairés...

Les bilans de Lurdo : Defenders Week-End (2/4) - Luke Cage (2016)

Publié le 18 Novembre 2017 par Lurdo in Critiques éclair, Review, Télévision, Les bilans de Lurdo, Action, Thriller, Fantastique, Marvel, MCU, Netflix

Dès lundi, les Téléphages Anonymes entament une semaine Punisher, retraçant chaque jour le parcours cinématographique de ce bon vieux Frank Castle, pour finir par la série Punisher qui lui a été très récemment consacrée par Netflix. Le moment est donc venu pour moi de conclure, en dépit de mes premières impressions mitigées, le visionnage des séries Marvel/Netflix...

Luke Cage, saison 1 :

Après un séjour en prison, qui a fait de lui un combattant hors-pair, et la victime d'une expérience le dotant d'une peau invulnérable et d'une force incroyable, Luke Cage (Mike Colter) tente de se refaire une nouvelle vie à Harlem, dans le barber shop de son beau-père. Mais lorsqu'il découvre les agissements criminels de Cottonmouth (Mahershala Ali), un caïd local, Cage n'a d'autre choix que se montrer à la hauteur de ses pouvoirs, pour rétablir la paix dans son quartier...

Alors pour être totalement franc, Luke Cage a toujours été la série m'intéressant le moins de tout l'univers Marvel/Netflix. Déjà parce que le personnage ne m'intéresse guère, en soi, mais aussi parce que le Luke Cage aperçu dans Jessica Jones manquait cruellement de charisme et de présence, et, last but not least, parce qu'à en juger par les critiques et le buzz (qui louaient le communautarisme revendicatif typiquement américain de la série), je n'étais clairement pas le coeur de cible de cette série faite par des afro-américains, pour des afro-américains, avec des afro-américains.

Et puis en fait, cette série s'est avérée une assez bonne surprise. Principalement parce que ce communautarisme, ce black power, est bien intégré à l'essence même du show, et à son style très particulier : Luke Cage, avec sa musique, ses costumes, son éclairage, ses visuels, est probablement le show le plus stylisé de la gamme Marvel/Netflix, et une vraie tentative de coller au près au genre de la Blaxploitation (pour le meilleur et pour le pire).

Une tentative aux intentions souvent meilleures que son exécution, puisque Luke Cage souffre des mêmes problèmes que les autres séries Netflix, à savoir son rythme (13 épisodes, c'est beaucoup trop), son écriture (les dialogues sont souvent laborieux, les rebondissements téléphonés)... et son interprète principal.

En effet, comme dans Jessica Jones, Iron Fist, ou même Daredevil (du moins, en saison 1), Luke Cage n'est tout simplement pas au niveau de ses personnages secondaires (que ce soit Misty Knight, Cottonmouth, ou les autres), qui le dévorent tous plus ou moins de leur charisme ou de leur talent.

Le problème, en fait, c'est que Mike Colter, s'il n'est pas forcément mauvais acteur, est néanmoins, dans ce rôle, globalement assez transparent et inexistant : il est grand et musclé, certes, mais est perpétuellement impassible, généralement inexpressif, les bras ballants, il parle d'un ton monotone (le grand discours lors de la cérémonie en mémoire de Pops tombe ainsi totalement à plat), et il n'a pas le moindre langage corporel, au point que l'on remarque aussitôt sa doublure cascade dès qu'elle prend sa place.

Comme je le disais plus haut, les intentions (ici, "Luke Cage, c'est la force tranquille") ne sont pas forcément bien retranscrites à l'écran, et le Luke Cage de cette série n'est que rarement à la hauteur de son homologue de papier, beaucoup plus optimiste, ouvert et dynamique.

Dans l'absolu, ce n'est pas vraiment un problème pendant la première moitié de la saison, puisque ce qui entoure Cage est intéressant : Cottonmouth est fascinant, l'atmosphère de ce Harlem made in Marvel est palpable, les seconds rôles sont attachants, Misty Knight (Simone Missick) charismatique, l'arrivée de Claire Temple apporte encore un autre personnage fort (même si honnêtement, malgré les efforts du script, il y a moins d'alchimie entre Luke et Claire qu'entre Luke et Misty ou Claire et Murdock), Shades (Theo Rossi) est intrigant, et si l'écriture n'est pas exempte de défauts, notamment dans la structure, dans l'enchaînement des situations, etc, et que l'action est assez quelconque dans sa mise en images, le tout se suit sans problème, notamment lorsque Cage assume enfin son rôle de défenseur de Harlem.

Une première moitié de saison qui culmine avec la mort de Cottonmouth... et c'est alors qu'une véritable rupture se produit dans la série. De Cottonmouth, un petit caïd ultra-charismatique et distingué, en quête de respectabilité (l'un des grands thèmes de la série, avec la famille, etc) et aux motivations multiples, on passe à Diamondback (Erik LaRay Harvey), un marchand d'armes caricatural, interprété et écrit comme le méchant d'un mauvais film de super-héros, qui veut se venger de son demi-frère Luke Cage.

La transition est rude, et elle fait rapidement basculer le show vers quelque chose d'approximatif, d'insipide et de répétitif, d'autant que le point focal de la série bascule alors, pendant plusieurs épisodes, sur Diamondback, Shades, la corruption croissante de Mariah (Alfre Woodward) - la cousine de Cottonmouth, politicienne aux dents longues - alors même que Cage passe le plus clair de son temps alité, entre la vie et la mort, à ressasser son passé et l'expérience scientifique l'ayant transformé (bien moins passionnant que ce que le show semble penser).

Autant dire que la série freine subitement des quatre fers, le temps que Cage se remette, puis fuie la police, et, privée de son héros et du charisme d'un antagoniste compétent, Marvel's Luke Cage s'éparpille, tourne en rond, joue la carte du remplissage et finit à genoux, victime d'un affrontement final assez risible (le duel était long, certes, mais il manquait d'impact sur les corps, et entre le costume de "pimp stromptrooper" de Diamondback, le montage en parallèle avec des flashbacks inintéressants, et la conclusion du combat en pilotage automatique, le tout était particulièrement décevant), et du syndrome Netflix des séries trop longues et mal rythmées.

C'est d'autant plus dommage que le style était là, que la série était particulièrement ancrée dans le MCU, avec probablement plus de références et de liens que dans les autres séries Netflix, et que, finalement, il y avait là de quoi faire une série tout à fait honorable.

Mais entre le manque de progrès et de rythme flagrant dans la dernière ligne droite, les décisions créatives mal avisées (la mort de Cottonmouth à mi-saison), l'écriture inégale et le choix d'un ton souvent trop sérieux pour son propre bien (et pour permettre à l'interprète principal de se décoincer), on se retrouve au final avec une demi-saison intéressante et plus ou moins réussie, suivie de beaucoup de médiocrité.

D'ailleurs, le final est assez représentatif des problèmes de la série : l'affrontement Diamondback/Luke est rapidement expédié, et le discours de Luke (assez moyen, Colter oblige) au commissariat tout aussi vite éclipsé par le grand numéro d'Alfre Woodward qui suit.

Un peu comme si ce qui intéressait vraiment la production, c'était plus l'origin story de Mariah et de Shades, que les aventures de Luke Cage, qui fait parfois presque de la figuration dans sa propre série...

 

(j'ai tout de même trouvé ça plus intéressant que Jessica Jones, et je me demande ce que la même série aurait pu donner avec quelqu'un comme Terry Crews ou Morris Chestnut dans le rôle titre)

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