Précédemment, dans le monde merveilleux de Marvel/Netflix :
- deux saisons mitigées de Daredevil : du 3/6, pour des raisons un peu différentes - d'un côté, les balbutiements du héros et du MCU-Netflix, sauvés par un antagoniste mémorable, et de l'autre, un excellent Punisher, mais un arc Elektra/La Main insipide qui a rendu Murdock antipathique ;
- une saison similaire de Luke Cage : 3/6, très stylisée, mais s'effondrant totalement dans sa seconde moitié, après la mort de son premier antagoniste ;
- une saison de Jessica Jones particulièrement encensée par la critique (la même critique qui a décrété que Wonder Woman était le meilleur film de super-héros de tous les temps, parce que girl power !!), mais que j'ai particulièrement détestée et qui, hormis Killgrave & Hellcat, est tout simplement une perte de temps (2/6) ;
- une saison d'un Iron Fist mal choisi et incapable (1.75/6), avec un protagoniste qui n'apporte rien aux personnages déjà en place, et se fait totalement éclipser par ses personnages secondaires ; une série qui peine à établir la Main comme une menace crédible, et son personnage principal comme un héros crédible.
Bref, à la veille du grand crossover entre tous ses héros, façon Avengers, un bilan plus que mitigé pour les séries Marvel/Netflix, bourrées de problèmes d'écriture, de rythme et de casting...
The Defenders :
Alexandra (Sigourney Weaver), le leader de la Main, est mourante : ramener à la vie Elektra (Élodie Yung) sous la forme du Black Sky a coûté très cher à son organisation, et Alexandra est désormais contrainte d'accélérer notablement les plans nébuleux de la Main. Mais ces manigances ne passent pas inaperçues, et vont mener à l'association de tous les justiciers de New York : Luke Cage (Mike Colter), Daredevil (Charlie Cox), Iron Fist (Finn Jones), et Jessica Jones (Krysten Ritter)...
La promesse de ce Defenders, diffusé en plein été par Netflix, c'était de réussir à plus petite échelle ce que les films Avengers avaient plus ou moins accompli au cinéma : réunir tous les héros du MCU/Netflix déjà établis dans leurs séries respectives, afin de les confronter à une menace de taille.
Et avec seulement huit épisodes de prévus, la mini-série Defenders promettait aussi un rythme plus soutenu et mieux maîtrisé, réglant ainsi l'un des problèmes principaux de toutes les séries Netflix.
Malheureusement, autant le dire tout de suite, la promesse n'est pas tenue. Problème de budget, d'écriture, de scénario ? Une chose est sûre : Defenders tombe vraiment à plat, et plutôt que de s'appuyer sur les points positifs des séries qui l'ont précédée, la série est véritablement plombée par les défauts récurrents de celles-ci, et par leurs erreurs créatives.
À commencer par :
- Des antagonistes insipides.
La Main n'a jamais fait un adversaire particulièrement intéressant, et hormis Madame Gao, ses représentants ont toujours déçu. Ici, on en apprend plus sur leurs motivations : Alexandra et ses quatre sbires - dont Gao et Bakuto - forment les cinq doigts de la Main, ils sont immortels, ils veulent déterrer un squelette de dragon enterré sous New York, afin d'en utiliser les os pour continuer à vivre éternellement (et retrouver le chemin de K'un-Lun)... et tant pis si la ville est détruite à cette occasion.
Soit. Malheureusement, cette incarnation de la Main est tout sauf menaçante, et semble avoir licencié 95% de ses ninjas depuis la dernière saison de Daredevil. Pire : Sigourney Weaver a beau faire tout son possible, et dominer ses sbires de son charisme (et de sa taille), son personnage est affreusement sous-exploité (et cantonné à débiter des platitudes insipides).
Ce qui intéresse les scénaristes, c'est Elektra (devenue le Black Sky, l'arme suprême de la Main), et lorsque cette dernière élimine Alexandra aux deux-tiers de la saison, on ne peut qu'avoir de mauvais flashbacks de la transition Cottonmouth/Diamondback de Luke Cage.
- Elektra, donc.
Il faut être lucide : Defenders, c'est une sorte d'Iron Fist 1.5 et de Daredevil 2.5, ni plus, ni moins : Luke Cage et Jessica Jones font globalement de la figuration, puisque tout gravite autour de la Main, et des personnages ayant été en contact avec eux. Et sur le front de Daredevil, cela implique toujours plus de Murdock et d'Elektra, une romance impossible qui ne fonctionnait déjà que très moyennement dans la série de base, et qui est supposée, ici, ancrer l'apogée émotionnelle de la mini-série, et notamment les deux derniers épisodes de la saison.
Pas de chance, si l'on ne s'intéresse pas du tout au couple, on finit par regarder tout ça d'un oeil très passif, et à attendre la résolution inévitable du combat Murdock/Elektra.
- Le rythme.
Huit épisodes seulement, dont certains d'une quarantaine de minutes à peine... et pourtant, impossible de se défaire de l'impression que les showrunners sont incapables de gérer leur rythme ou leur narration, et qu'ils n'avaient que quatre ou cinq épisodes de contenu : c'est inutilement bavard, c'est souvent plat, ça privilégie les dialogues à l'action, ça fait du surplace...
- La réalisation.
J'ai bien ri en lisant les critiques extatiques qui applaudissaient la réalisation stylisée de Defenders : les deux premiers épisodes sont tout simplement affreux, de ce point de vue.
S.J. Clarkson, leur réalisatrice, a supervisé l'ensemble de la série, définissant le code couleur simpliste un héros = un éclairage coloré au néon établi dans le pilote (et abandonné en cours de saison), mais elle possède par ailleurs un style visuel immonde, digne d'une débutante en école de cinéma, qui pense que réalisation excentrique et arty = bonne réalisation.
On se retrouve ainsi, dans les deux premiers épisodes, avec des plans debullés à gogo, des cadrages improbables, des transitions ratées, d'énormes problèmes d'axes et de raccords, d'éclairage, de découpage, un montage illisible, etc. Autant dire qu'une fois Clarkson évacuée du poste de réalisatrice, j'ai enfin pu respirer un peu, même si la réalisation de la série, dans l'ensemble, est restée quelconque et insipide.
- L'action.
Malheureusement plus proche de celle d'Iron Fist que de celle de Daredevil : souvent dans l'ombre, souvent approximative (notamment au niveau des doublures - celle de Jessica Jones est assez visible), souvent décevante et plombée par une réalisation et un montage cache-misère, et à la mise en scène particulièrement médiocre.
C'est bien simple, on se demande souvent si le budget de Defenders n'a pas été drastiquement réduit en cours de production, tant les 3/4 des affrontements et des scènes d'action souffrent de maladresses et d'astuces de films à petit budget, visant à rendre le tout artificiellement dynamique (je pense notamment aux figurants anonymes qui déplacent de nombreuses caisses dans les couloirs et escaliers de l'immeuble, lors de la première scène d'action de la série, ou encore à l'utilisation du Wu-Tang Clan en bande originale d'un affrontement).
- La gestion des personnages.
Non seulement les personnages secondaires sous assez mal utilisés (ils sont parqués dans le commissariat et n'en sortent quasiment pas ; Misty Knight, elle, est cantonnée au rôle de policière-obstacle), mais en plus, les personnages principaux ne fonctionnent réellement bien qu'en duo : Jessica Jones & Murdock, Iron Fist & Luke Cage... lorsqu'ils sont tous placés ensemble, Fist & Murdock deviennent redondants, et Jessica Jones finit par faire de la figuration dans les combats.
- L'écriture en général.
Entre toute la mythologie de la Main et du Black Sky, pas forcément totalement cohérente avec ce que l'on en sait depuis la première saison de Daredevil, les dialogues laborieux dont les acteurs s'acquittent tant bien que mal (Jones et Colter ont un peu de mal avec les scènes d'exposition), la caractérisation fluctuante de certains personnages (scène A : Colleen incite Danny à trouver des partenaires pour leur combat, Danny refuse fermement ; scène B : Danny tente de convaincre les autres Defenders de faire équipe avec lui, Colleen préfèrerait faire cavalier seul), et les ellipses inexplicables dans la narration (Cage percuté par un camion, mais qui réapparaît dans la scène suivante en ayant capturé un méchant hors-champ ; les Defenders confrontés à la police dans l'entrée de l'immeuble, Cage qui s'avance en disant qu'il ne peut pas les laisser faire, et dans la scène suivante, tout le monde est en train d'évacuer poliment l'immeuble... tout ça, ça sent les scènes coupées au montage ou au tournage), l'écriture de la mini-série sent le bâclage et la précipitation.
Bref, énormément de problèmes et de défauts récurrents dans cette mini-série, des défauts qui ne sont pas surprenants pour quiconque a visionné les séries-mères en gardant un regard objectif.
Heureusement, tout n'est pas à jeter dans ce Defenders, et j'avoue avoir été surpris pas certaines des qualités de cette saison.
+ Iron Fist.
Oui, Danny Rand est un petit con privilégié, pompeux et prétentieux, qui a un balai profondément enfoncé dans le fondement, une haute opinion de lui-même et de sa destinée, et qui, au final, n'est pas bon à grand chose.
Mais là, il est délibérément écrit comme tel, et ça change tout : alors qu'il était sensé être le héros de sa série, ici, son ineptitude fait partie intégrante du personnage.
Danny Rand est donc officiellement incapable, il tombe dans le piège d'Elektra, il se fait tabasser par les autres Defenders, il se fait remettre à sa place par Luke Cage, tout le monde se moque de son ton péremptoire, etc.
Et en prime, Danny semble murir un peu au cours de la saison, en voyant Daredevil se sacrifier pour sa ville ! Miracle ! Peut-être qu'il sera enfin supportable dans la saison 2 d'Iron Fist !
+ Jessica Jones.
Un peu comme dans le cas de Danny, Defenders m'a quasiment réconcilié avec Jessica Jones. Débarrassée de sa caractérisation caricaturale et de la plupart de ses personnages secondaires insipides, Jessica Jones trouve ici des personnages avec du répondant, et qui l'obligent à s'impliquer.
Résultat : elle devient drôle, forme un duo intéressant avec Murdock, et surtout, elle mène un gros travail d'investigation dans la première partie de la saison. On la voit enfin vraiment faire son travail, ce qui manquait cruellement à sa série, tant elle était trop centrée sur son personnage.
On pourra regretter que les scénaristes n'aient pas su vraiment comment justifier son intégration à l'équipe sur la fin (elle est dépassée en force par Luke, et n'a aucun entraînement au combat, ce qui ne la rend pas très efficace sur le champ de bataille), mais bon...
+ Stick.
Il est mort. Avec son moignon en plastique acheté dans un magasin de farces et attrapes. Bon débarras. Idem pour la Main, d'ailleurs.
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Alors que dire, au final, de cette mini-série crossover des séries du MCU/Netflix ?
Pas grand chose de positif. Au mieux, Defenders est médiocre, et se regarde distraitement, en attendant que les scénaristes en aient fini avec leurs ninjas insipides, et leur budget visiblement ultra-limité.
Et l'on se demande de quoi le futur sera fait. On sait d'office que les prochaines séries auront toujours le format 13 épisodes, ce qui posera toujours les mêmes problèmes de structure et de narration.
Daredevil saison 3 ? Une probable adaptation de l'arc Born Again, comme sous-entendu par l'image finale de Defenders... le retour de Kingpin, l'opposition Nuke/Daredevil, la mère de Matt... mouais. Pas forcément le plus intéressant, mais ça dépendra du traitement.
Luke Cage saison 2 ? À part le bras cybernétique de Misty (d'ailleurs, ils ont raté là une belle occasion d'intégrer Stark Industries au monde Netflix), et la présence de Shades et Mariah, pas de pistes évidentes.
Iron Fist saison 2 ? Un Danny plus mûr, mieux entraîné, et... ? Mystère.
Jessica Jones saison 2 ? La réouverture d'Alias Investigations, une Jessica plus ouverte et sociable... ?
Outre le Punisher, qui devrait rester relativement indépendant des séries Defenders à venir, le futur du MCU/Netflix est assez flou, comme si les scénaristes n'avaient pas vraiment songé à celui-ci, au delà de la première saison des Defenders.
Espérons qu'ils vont profiter de ce flou artistique pour remettre les choses à plat, et repenser leur approche scénaristique (des saisons composées de deux ou trois mini-arcs seraient déjà nettement plus intéressantes qu'un seul arc principal qui s'essouffle à mi-parcours)...
Dès lundi, les Téléphages Anonymes entament une semaine Punisher, retraçant chaque jour le parcours cinématographique de ce bon vieux Frank Castle, pour finir par la série Punisher qui lui a été très récemment consacrée par Netflix.
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