saison 3, une saison durant laquelle le couple a phagocyté tout le temps d'antenne de la série, reléguant la moitié des personnages secondaires au rang de faire-valoirs absents, et multipliant les obstacles gentiment forcés (grossesse imprévue, rivale amoureuse, etc).
Trois saisons de Superstore passées en revue sur ce blog, pour le moment, et un gros problème qui m'a contraint à faire une vraie pause de plusieurs semaines dans mon intégrale : l'insistance des scénaristes à faire d'Amy et de Jonah le centre de la série, un shipping autour duquel gravite tout le programme. Au point d'en devenir envahissant au cours de laCe qui aurait pu passer si Jonah et Amy avaient le capital sympathie de Pam et Jim... mais non : autant Jonah est plus ou moins figé depuis trois saisons, autant Amy accumule de plus en plus de défauts, pour aboutir à une sorte de Michael Scott-bis assez antipathique. D'où mon sentiment de ras-le-bol, et ma pause de quelques semaines avant cette saison 4 qui annonce du changement, puisque le créateur/showrunner de Superstore a quitté le programme à la fin de ces 22 épisodes...
Superstore, saison 4 (2018) :
Alors que Jonah et Amy tentent de faire oublier leur relation et la diffusion publique de leur sex tape involontaire, la quotidien de Cloud 9 est chamboulé, lorsque Glenn décide de quitter son poste et de passer plus de temps avec son bébé. Ce qui laisse un poste vacant à la tête du magasin...
Paradoxe intrigant : alors que la majorité des spectateurs a trouvé la saison 4 de la série un bon cran en dessous des trois premières saisons de Superstore... j'ai plutôt apprécié le tout.
Probablement parce que les scénaristes font le choix très clair de prendre le contre-pied de la saison précédente, en faisant passer Amy/Jonah au second plan (ils sont en couple, tout le monde le sait, et c'est tout), et en s'intéressant de nouveau (pour le meilleur et pour le pire) aux personnages secondaires qui font tout le sel de la série.
Une vraie bouffée d'oxygène pour moi qui supporte difficilement le shipping Amy/Jonah, et j'ai accueilli avec un certain plaisir un retour à des sous-intrigues plus variées, centrées sur Cheyenne, Mateo, la relation Carol/Jerry/Sandra, Glenn, etc.
À l'identique, la production semble vouloir oublier certains éléments de la saison précédente : Kelly est rapidement kelleyrisée, la sex tape publique d'Amy et Jonah n'a aucune conséquence concrète, Myrtle revient au magasin, les deux grossesses sont rapidement expédiées et les bébés rarement mentionnés ensuite...
Quelque part, on sent un désir de retour au status-quo, voire même une volonté, pour Justin Spitzer, de développer un maximum de sous-intrigues avant son départ : Mateo et l'immigration, notamment, mais aussi le changement de carrière de Glenn, et la promotion d'Amy au poste de responsable du magasin.
Des sous-intrigues qui sont un peu catapultées et qui ne fonctionnent pas totalement sur un plan structurel et logique (les rouages narratifs grincent un peu), mais qui ont le mérite de faire avancer des personnages qui stagnent un peu trop (même Marcus, pourtant loin d'être mon favori, est ici écrit avec un peu plus de "subtilité", et acquiert un semblant d'épaisseur).
Malheureusement, cela s'accompagne aussi, dans le dernier tiers de la saison, d'une écriture parfois sommaire des personnages : constamment associée à Mateo, Cheyenne devient cassante et presque bitchy ; Glenn agit de manière peu cohérente (désormais simple employé, il se rebelle contre les règles, et tente notamment d'imposer son pasteur dans le magasin) ; et Amy, désormais à nouveau au centre de tout (à croire que c'est parce qu'America Ferrera est l'actrice la plus connue du show, et qu'elle a de l'influence sur la production), devient une patronne opportuniste et couarde, que tout le personnel déteste immédiatement.
C'est un peu dommage, d'autant que la série tente, en parallèle, de continuer ses messages sociaux (qui sont honnêtement survolés, mais ont le mérite d'exister), néanmoins affaiblis par l'empressement du show à atteindre certains objectifs narratifs : on s'étonnera ainsi de la manière dont Amy, jeune maman célibataire qui a déjà une adolescente à la maison, travaille toute la journée à Cloud 9 (Jonah aussi, d'ailleurs) et trouve tout de même le temps de se lancer dans une formation de responsable, de devenir manager, et de gérer le magasin, tout ça en six-huit mois à peine, et sans jamais que le bébé soit vraiment pris en compte - sans même parler du chiot que Glenn offre à Amy en début de saison.
Après, dans les deux premiers tiers de la saison, la série reste plus ou moins égale à elle-même : assez amusante, dans la droite lignée de ce qu'elle était avant, avec cependant certains épisodes qui font un peu redite (Halloween, la rivalité entre magasins, le laser tag, la Saint Valentin, la tempête de neige qui bloque tout le monde au magasin).
Certains personnages secondaires (ou plutôt tertiaires) disparaissent totalement ou presque (le pharmacien, Bo, Jerusha, Kelly, les bébés...), l'humour cringe est toujours moyennement bien dosé (et Amy en est toujours la victime principale), l'absurde apparaît toujours par petites touches (mais on sent que la série se refuse encore à vraiment aller jusqu'au bout de ses délires, comme Community pouvait le faire à l'époque) et il y a quelques problèmes de continuité entre la première moitié de la saison et la fin (Marcus sans-abri qui vit dans les tunnels d'entretien sous le magasin depuis des mois et des mois, alors que quelques épisodes plus tôt, on apprenait qu'il touchait 130 000 $ par an depuis des années)... mais ça se regarde.
Et je ne sais pas si c'est dû à la pause, ou à un véritable changement créatif, mais cette saison m'a vraiment été bien plus agréable à suivre que la précédente.
Après... la saison 5 est celle du grand changement, puisque Spitzer est remplacé à la tête du programme par Gabe Miller et Jonathan Green, deux scénaristes de longue date de la série, et que c'est cette saison 5 qui divise le plus les fans à ce jour.
J'attends de voir.
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