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LES TÉLÉPHAGES ANONYMES

Il était une fois Lurdo & Sygbab, deux internautes passionnés de séries tv et de cinéma, et qui cherchaient un endroit où archiver leurs avis (semi) éclairés...

Articles avec #netflix catégorie

Halloween Oktorrorfest 2017 - 70 - Little Evil (2017) & It Stains the Sands Red (2016)

Publié le 3 Novembre 2017 par Lurdo dans Critiques éclair, Cinéma, Review, Halloween, Horreur, Fantastique, Oktorrorfest, Comédie, Canada, Netflix, Drame

Chez les Téléphages Anonymes, l'Halloween Oktorrorfest - notre marathon de cinéma fantastique et d'horreur - continue jusqu'à la fin de la semaine prochaine...

Little Evil :

Gary (Adam Scott) est ravi d'avoir épousé Samantha (Evangeline Lilly), une jeune mère séduisante et attachante, qu'il aime profondément. Mais Samantha a un fils un peu étrange, Lucas (Owen Atlas), assez sinistre et capable de pousser autrui à commettre l'impensable. Rapidement, Gary s'aperçoit alors que Lucas est peut-être bien l'antéchrist, et qu'il ne peut le laisser détruire le monde...

Une comédie horrifique d'Eli Craig (Tucker & Dale fightent le Mal) qui souffre d'une structure bien trop bancale pour vraiment fonctionner : en effet, pendant ses deux premiers tiers, le film se contente de parodier La Malédiction, en en reprenant toute la structure et le déroulement, et en y passant simplement une couche de sarcasmes et de vannes pas très mémorables.

Ce n'est alors pas très drôle, pas très intéressant, et ça tourne rapidement à vide, malgré les seconds rôles sympathiques (Clancy Brown, Tyler Labine, Donald Faison, Chris D'Elia, Kyle Bornheimer, Sally Field), globalement sous-exploités.

Et puis, après la première heure de métrage, le film bascule dans quelque chose d'un peu plus décalé, avec un renversement de perspective pas forcément surprenant ou imprévisible : Gary décide de protéger l'enfant, de devenir un bon beau-père pour lui, et avec l'aide des autres beaux-pères de son entourage, ils partent à l'assaut des méchants satanistes qui veulent provoquer l'apocalypse.

Encore une fois, ce n'est pas forcément nouveau, dans le genre, mais ce bref virage vers l'action permet au film de retrouver un peu de l'énergie de Tucker & Dale, ce qui rend cette partie du film déjà plus intéressante.

Malheureusement, dans l'ensemble, le tout reste assez inabouti et sous-développé (les seconds rôles restent totalement inutiles), ça se prend un peu trop au sérieux, et les fast-cuts façon Edgar Wright m'ont paru hors-sujet.

2.5/6 (en étant généreux)

It Stains the Sands Red :

En pleine apocalypse zombie, Molly (Brittany Allen), une fêtarde,  se retrouve en panne au milieu du désert du Nevada, poursuivie par un unique zombie (Juan Riedinger). Mais plus le temps passe, et plus ce dernier devient son compagnon, son confident, voire même... son ami.

Une dramédie zombiesque pas désagréable, réalisée et écrite par les Vicious Brothers (Grave Encounters), et qui fait globalement illusion pendant trois bons quarts d'heure : l'héroïne est intéressante, l'actrice joue bien, et le film est alors plutôt sympathique, avec un ton légèrement décalé qui fonctionne.

Dans la dernière demi-heure, cependant, tout commence à se déliter un peu, à commencer par des micro-flashbacks (pas très réussis et en mode contemplatif) servant à développer un peu le personnage et à lui donner une composante émotionnelle et un parcours rédempteur qui ne convainquent pas ; par une tentative de viol clichée et inutile ; et par quinze dernières minutes tout simplement quelconques (l'aéroport et tout ce qui suit), qui finissent le film de manière anémique. Dommage.

3/6

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Les bilans de Lurdo : Halloween Oktorrorfest 2017 - Amandine Malabul, Sorcière Maladroite - Saison 1 (2017)

Publié le 22 Octobre 2017 par Lurdo dans Critiques éclair, Review, Télévision, Les bilans de Lurdo, Oktorrorfest, Halloween, Fantastique, Jeunesse, UK, Comédie, BBC, Netflix

L'Halloween Oktorrorfest touche aussi le petit écran, avec chaque week-end, de mi-Septembre à début Novembre, des critiques de séries fantastiques et horrifiques...

Je le mentionnais dans la rétrospective tv de fin septembre : Amandine Malabul/The Worst Witch, de Jill Murphy, a connu une nouvelle adaptation en 2017, co-production Netflix/ZDF/CBBC tournée en décors naturels, dans des châteaux allemands (Hohenzollern) et anglais (Peckforton & Alnwick).

Amandine Malabul, Sorcière Maladroite - Saison 1 (The Worst Witch - 2017) :

Les mésaventures de Mildred Hubble/Amandine Malabul (Bella Ramsey), la seule sorcière issue d'une famille de mortels à étudier à l'Académie Cackle, et de ses amies Maud Spellbody/Pamela Ducharme (Meibh Campbell) et Enid Nightshade/Isabelle Tromplamor (Tamara Smart)...

Une nouvelle adaptation en 13 épisodes, entièrement bâtie autour de Bella Ramsey, remarquée par les spectateurs et les critiques pour son interprétation de Lyanna Mormont dans le Trône de Fer. Et ce n'est pas plus mal, car Ramsey compose ici une Amandine Malabul très attachante et spontanée, qui fait une protagoniste naturellement sympathique. Seul petit problème : Ramsey, si elle a un peu tendance à basculer systématiquement en mode ébahissement incrédule, est tellement expressive et naturelle qu'elle éclipse un peu ses collègues de travail, qui ne sont pas forcément à son niveau.

Ethel Hallow (Jenny Richardson) est un peu bloquée en mode peste hostile et ultra-ambitieuse (même si les scénaristes tentent d'en faire une fillette blessé par l'indifférence de sa mère, et par l'héritage de sa famille, le personnage retombe systématiquement dans une caractérisation simpliste) ; Enid est victime du syndrome "diversité à tout prix" (comme Drusilla, la sbire d'Ethel, d'ailleurs), et est passée d'une grande brune turbulente et un peu brute de décoffrage à une petite black fille d'une star (Tamara Smart est souvent assez moyenne dans son interprétation) ; et Maud/Meibh Campbell, si elle est immédiatement sympathique, et meilleure actrice que Smart, a elle aussi quelques faiblesses évidentes... qui importent peu, au final, vu qu'elle devrait être remplacée pour la saison 2.

Face à ces jeunes filles, on retrouve Miss Cackle (Clare Higgins), assez inégale (pas mal de réactions un peu trop outrées/forcées), et Miss Hardbroom (Raquel Cassidy), plus nuancée et intéressante que dans les adaptations précédentes (joli moment d'émotion, notamment, lorsqu'elle renoue avec une amie d'enfance, interprétée par Amanda Holden).

Un peu à l'image du casting d'Enid Nightshade, cette version de The Worst Witch se veut résolument moderne (les ardoises magiques qui permettent d'envoyer des textos ^^), et veut donner un bon ravalement de façade aux ouvrages de Jill Murphy... pour le meilleur et pour le pire.

Si visuellement, les décors naturels et les effets spéciaux proposent un spectacle dans la moyenne basse de ce que produit la CBBC de nos jours (le vol à dos de balai - avec fils pour tendre la cape ! -, les sorts, les effets spéciaux matériels et les fonds verts ne semblent pas avoir vraiment progressé en 20 ans !), les ajouts et modifications apportés aux romans sont plus ou moins inspirés.

Ainsi, si la série reprend la plupart des intrigues des romans (l'arrivée de Mildred, le choix du chat, la potion d'invisibilité, les transformations en truie et en grenouille, Algernon le crapaud, Enid et son chat-singe, l'enchantement sur le balai, les cheveux de Mildred, la rivalité entre les sœurs Cackle...), elle ne les utilise généralement que comme des sous-intrigues, voire comme de brefs moments de fanservice vite oubliés.

Autour de ces moments, le show préfère faire de la mère de Mildred un personnage récurrent (présentée en long, en large et en travers dans le pilote, qui voit Mildred vivre dans des HLMs anglais des plus classiques, avec sa mère célibataire), développer les relations parents-professeurs-élèves, laisser planer un mystère sur les origines de Mildred, et rajouter une bonne couche de rivalité familiale, que ce soit chez les Hallow (Ethel est jalouse de sa sœur aînée), ou les Cackle (Agatha est jalouse de sa sœur, dont on découvre, en fin de saison, qu'elle a hérité par erreur de la direction de l'Académie familiale).

En soi, ce n'est pas bien grave, et la rivalité entre les Cackle donne même lieu à l'arc narratif de fin de saison, assez simpliste et brouillon, qui utilise l'artifice du voyage dans le temps pour faire basculer l'Académie aux mains d'Agatha et de sa sbire... mais cet accent mis sur les inventions des scénaristes a l'effet secondaire de brouiller les cartes, et ne jamais donner de victoire claire à Mildred  : résultat, lorsqu'on nous dit, en cours de saison, que Mildred a déjà sauvé l'école à deux reprises, on n'en a pas du tout l'impression.

(pire, cette histoire d'acte de naissance des Cackle, qui amène les événements du finale, est tellement balourde et télégraphiée dans son écriture qu'elle fait involontairement de Mildred la responsable du drame qui frappe l'Académie, et qu'elle affaiblit considérablement l'aura et la sagesse de Miss Cackle)

Et puis, bien entendu, la série lorgne très fortement sur Harry Potter (ce qui est un juste retour des choses, après tout) : que ce soit au niveau des couleurs choisies pour chaque couloir de la maison, de l'atmosphère de l'Académie sous le régime d'Agatha, du passage d'Ethel du côté obscur, du fait que l'opposition moldu/sorcière de pure race fasse désormais partie intégrante de cet univers, et des relations entre Mildred et Ethel...

Mais peu importe.

Malgré son budget que l'on imagine restreint, ses effets spéciaux un peu limités, son interprétation parfois inégale, et son écriture faiblarde (qui tente désespérément de faire du neuf avec du vieux, sans vraiment y parvenir), The Worst Witch 2017 n'est pas désagréable à suivre, et est probablement d'un niveau qualitatif équivalent à l'incarnation 1998 de la série (même si je préfère toujours la distribution de l'époque... voire celle du film).

Le show, notamment, est sauvé par son interprète principale, attachante, et par sa direction artistique globale, qui fonctionne assez bien (malgré ses limites évidentes).

Qui plus est, je dois avouer que la série m'a surpris dans son final, en poussant le bouchon un peu plus loin que je ne l'aurais imaginé : Agatha y tente de faire dévorer certaines élèves (transformées en gâteaux) par les autres fillettes, puis elle cherche tout simplement à toutes les tuer en faisant s'effondrer l'école. Pour une série pour enfants, ça ne lésine pas, et ça donne une fin de saison très prévisible, mais relativement spectaculaire.

Au final, Amandine Malabul, Sorcière Maladroite est une série inoffensive, gentillette, regardable... et tout à fait moyenne. On aurait pu attendre mieux de la part de la CBBC (après tout, certaines des autres séries produites par la chaîne bénéficiaient de meilleurs effets, d'un plus gros budget, et d'une meilleure écriture), mais ça aurait tout aussi bien pu être bien pire, et il n'y a ici vraiment rien de honteux ou de ridicule.

En espérant que certains des défauts de cette première saison soient rectifiés par la prochaine saison à venir...

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Les bilans de Lurdo : Halloween Oktorrorfest 2017 - Little Witch Academia (2013-2017)

Publié le 21 Octobre 2017 par Lurdo dans Critiques éclair, Review, Télévision, Cinéma, Les bilans de Lurdo, Oktorrorfest, Halloween, Fantastique, Comédie, Jeunesse, Animation, Japon, Netflix

L'Halloween Oktorrorfest touche aussi le petit écran, avec chaque week-end, de mi-Septembre à début Novembre, des critiques de séries fantastiques et horrifiques...

Franchise animée japonaise, produite par le studio Trigger, et conçue par l'animateur Yō Yoshinari, Little Witch Academia narre les aventures de la jeune Akko, une jeune Japonaise colérique et débordant d'énergie qui, inspirée par la sorcière Shiny Chariot, intègre la fameuse Luna Nova Magical Academy, pour y faire des études de magie.

Là, elle y côtoie de nombreuses élèves, dont elle est plus ou moins proche : Lotte, une Finlandaise rousse discrète ; Sucy, une Philippine excentrique qui concocte des potions improbables et dangereuses ; Amanda, une Américaine rebelle ; Constanze, une Allemande bricoleuse ; Jasminka, une Russe gourmande et bien-portante ; et Diana, une étudiante studieuse et sérieuse, issue d'une famille anglaise noble...

Et tandis que Akko tente, tant bien que mal, de poursuivre ses études magiques, elle s'efforce aussi de marcher dans les traces de Shiny Chariot, qui a mystérieusement disparu, mais qui pourrait bien se cacher sous les traits de la discrète Mme Ursula, enseignante à l'école...

Lancée en 2013, dans le cadre du Young Animator Training Project's Anime Mirai 2013 (un programme cherchant à développer les talents prometteurs du monde de l'animation japonaise), la franchise LWA a commencé sous la forme d'un court-métrage de 23 minutes, diffusé dans les salles japonaises, puis sur le web.

Little Witch Academia (2013) :

Étudiante à la Luna Nova Magical Academy, Akko n'est pas la meilleure des élèves. Néanmoins, au cours d'une chasse au trésor dans les souterrains de l'école, elle découvre le Shiny Rod, un instrument magique ayant appartenu à la mythique Shiny Chariot. Et lorsqu'un dragon absorbant la magie est malencontreusement libéré par Diana, l'une des élèves de l'Académie, c'est à Akko, Lotte et Sucy de l'arrêter, avec l'aide du Shiny Rod...

Un petit court-métrage qui, après un prologue façon origin-story d'Akko, embraye directement sur l'univers, en nous plongeant dans le fonctionnement de l'école, et en esquivant quelques clichés pourtant inhérents à ce type d’œuvre très dérivatif : on est clairement dans Harry Potter + Amandine Malabul, on y retrouve beaucoup d'archétypes... mais le métrage sait les manier avec précaution, ce qui augure du meilleur.

Et puis, bien sûr, niveau visuel, c'est superbe : c'est coloré, c'est chatoyant, c'est ludique, c'est dynamique, l'animation sait se faire cartoonesque lorsqu'il le faut (avec une influence occidentale indéniable çà et là), et la direction artistique est très réussie, souvent adorable, et toujours attachante. Pour l'instant, ça commence bien (et la musique orchestrale est un plus non négligeable).

Little Witch Academia : The Enchanted Parade (2015) :

Punies suite à une bêtise, Akko, Sucy et Lotte n'ont pas le choix : soit elles acceptent de s'occuper du char représentant l'Académie lors de la Grande Parade municipale, soit elles sont renvoyées. Contraintes de faire équipe avec trois autres étudiantes turbulentes, Amanda, Constanze et Jasminka, les jeunes filles finissent par se disputer, mais lorsqu'un géant maléfique est réveillé par des enfants, toutes les sorcières doivent se serrer les coudes pour sauver la ville...

Suite au succès et à la popularité de la première OAV, l'équipe a remis le couvert en 2015 pour un second épisode d'une cinquantaine de minutes, partiellement financé via Kickstarter.

Une Parade Enchantée qui a toutes les qualités du métrage précédent, avec en prime de nouveaux personnages attachants, un univers qui est développé par petites touches, un visuel toujours plus enchanteur, une animation dynamique (les scènes d'action sont spectaculaires), et un refus du manichéisme qui fait plaisir (Diana est ainsi tout sauf une Ethel Hallow ou une Draco Malfoy-bis, et a déjà plus de personnalité que ces derniers).

Seul bémol, le bref passage magical girl, finalement assez superflu dans sa forme.

Little Witch Academia, saison 1 (2017) :

Une saison de 25 épisodes, diffusés dans le reste du monde par Netflix, et qui reprennent les aventures de la jeune Akko depuis le début, réinventant les événements de la première OAV (d'ailleurs, je préférais la découverte originale du Shiny Rod, plutôt que cette version "on se promenait dans la forêt, et soudain, on a trouvé cet objet", quand bien même cela participe logiquement aux enjeux de la saison), et développant l'univers de LWA au rythme d'un épisode/une aventure.

Alors certes, série d'animation oblige, le résultat visuel est parfois légèrement en dessous de celui des OAVs, forcément plus travaillées, mais la magie opère toujours, et le fait d'avoir nettement plus d'espace et de temps pour développer les choses permet à la production d'en rajouter dans tous les sens : plus de personnages secondaires (Ursula/Chariot, notamment, mais aussi les autres enseignantes, Croix et compagnie), plus de créatures amusantes, plus de sorts improbables, et plus de mésaventures en tous genres.

La saison est ainsi divisée en deux moitiés distinctes : la première est principalement composée d'épisodes indépendants, retraçant les premières étapes de l'année scolaire de Akko, et ses mésaventures maladroites.

On retrouve là tous les passages obligés du concept de l'école de magie, que ce soit chez Potter ou Malabul : les examens, les cours de balais, les sorts ratés, la compétition sportive, etc... avec en prime une jolie touche d'absurde et de fantaisie, comme avec la coquatrice de l'épisode d'ouverture, Fafnir le dragon créancier boursicoteur, l'épisode spécial fandom, le professeur-poisson, ou encore ce grand n'importe quoi dans l'esprit de Sucy (qui permet aux animateurs de se lâcher totalement).

Le tout culminant à l'occasion d'Halloween (forcément), lorsque le trio d'héroïnes parvient à surprendre tout le monde grâce à leur approche peu orthodoxe de la magie.

En parallèle, on devine quelques pistes plus intrigantes, puisque Diana enquête sur l'avenir de la magie (de moins en moins populaire et puissante), et Akko, elle, comprend sa destinée lorsque Ursula, l'enseignante maladroite, la prend sous son aile ; dans l'ensemble, les dix-douze premiers épisodes sont divertissants et attachants, mais finalement assez anecdotiques.

Et puis, à l'approche de la mi-saison, la série commence à développer sa trame globale, alors même qu'arrive l'antagoniste principale, Mme Croix, une sorcière mêlant magie et technologie 2.0.

Sur cette seconde moitié de saison, je suis plus mitigé.

Sur le fond, l'arc narratif d'Akko, qui doit parvenir à illuminer les sept "Feuilles d'Arcturus" (les pierres précieuses du Shiny Rod) en faisant preuve des sept qualités essentielles d'une vraie sorcière, est loin d'être inintéressant ; certes, on passe occasionnellement par des moments un peu agaçants (l'impatience et le caractère d'Akko, notamment, en frustreront plus d'un), mais dans l'ensemble, cela se marie bien avec le propos de la série sur la magie, depuis le début de la série : la magie se meurt, et seule Akko peut réveiller le Grand Triskèle, source absolue de magie, pour redonner aux sorcières et au monde le merveilleux dont ils ont tant besoin.

Non, le vrai problème, pour moi, c'est que Croix, la grande "méchante", ne m'a jamais convaincu. Entre son look improbable, ses Rumbas volants, ses pouvoirs technologiques bancals, ses plans dignes de mauvais Docteur Who ("je vais voler les émotions négatives de tous les humains en les mettant en colère à propos d'un match de foot, et en aspirant leurs émotions grâce à une application pour smartphone, et je serai toute puissante !!") contrôlés depuis une tablette tactile, et ses motivations un peu faiblardes (elle est simplement jalouse de ne pas avoir été choisie par le Shiny Rod), Croix n'est pas particulièrement intéressante, en soi.

Et son omniprésence durant la seconde moitié de saison affaiblit celle-ci plus qu'elle ne la renforce. C'est dommage, parce qu'à part ça, on a droit à plusieurs épisodes sympathiques : je pense notamment au double épisode chez Diana (qui développe très joliment celle-ci et ses relations avec Akko), au passage en Laponie (totalement non-sensique), ou encore à la Chasse Céleste qui se transforme en combat de méchas (!).

Non seulement Diana bénéficie vraiment d'un développement poussé, mais il en va de même pour Chariot, dont la quête est retracée par de nombreux flashbacks au cours de la deuxième moitié de saison : ça fonctionne, même si on peut regretter que, dans sa version Ursula, Chariot finisse par être une super-héroïne capable des acrobaties les plus improbables. C'est une sorcière, d'accord, mais par moments, on tombe dans de l'anime totalement débridé, ce qui a ses limites.

Heureusement, malgré les faiblesses de Croix, et l'inintérêt chronique de toute la sous-intrigue bavarde centrée sur les hommes politiques (et sur Andrew, le fils de l'un d'eux), la série finit par vraiment monter en puissance sur la toute fin, et par utiliser un toutéliage agréable pour livrer une conclusion vraiment explosive : on a ainsi droit à une poursuite ébouriffante entre un missile destructeur et les sorcières chevauchant un méga-balais à étages multiples, ce qui permet aux animateurs de tirer toutes leurs cartouches, pour assurer un final épique au possible...

... un final qui, malheureusement, se déroule partiellement sur fond de j-pop insipide (qui sert par ailleurs de générique à la série).

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Mais dans l'ensemble, Little Witch Academia s'avère une série d'animation familiale des plus appréciables, dans le genre.

Ce n'est pas parfait, loin de là : non seulement c'est gentiment dérivatif, mais il y a aussi des défauts inhérents à ce type de production et de concept (le personnage principal, Akko, reste un personnage polarisant, et si on la déteste (elle et son statut d'élue), ou si l'on est trop cynique pour adhérer au "pouvoir magique de l'amour et de l'amitié", il est probable que la série devienne rapidement agaçante, d'autant que la seconde moitié de la saison se prend nettement plus au sérieux (et met un peu de côté certains personnages secondaires), et que l'écriture n'est pas toujours maîtrisée (ça vire régulièrement à l'exposition très/trop verbeuse).

Mais si on se laisse porter, l'univers est attachant, avec un récit parfois touchant, occasionnellement très spectaculaire, et toujours sympathique.

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Critiques éclair - Star Trek Discovery 1x05

Publié le 21 Octobre 2017 par Lurdo dans Critiques éclair, Review, Télévision, Science-Fiction, Star Trek, CBS, Netflix, Action, Discovery

Cinq épisodes, et Star Trek Discovery ne décolle toujours pas...

​Star Trek Discovery 1x05 :

Burnham comprend que le tardigrade se meurt à chaque saut sporique : elle tente d'en avertir le capitaine Lorca, mais celui-ci est fait prisonnier par des Klingons, et rencontre Harry Mudd (Rainn Wilson) en cellule...

Je commence honnêtement à perdre patience, et cela s'est vraiment ressenti durant cet épisode, que je n'ai pas du tout aimé, et devant lequel j'ai vraiment trouvé le temps long.

Les personnages antipathiques restent un problème de taille, d'autant plus lorsque les scénaristes (ici, ils étaient trois) décident de rendre le seul protagoniste attachant (Saru) aussi borné et hostile que les autres.

Ensuite, toute l'intrigue de l'épisode (Lorca en prison) m'a semblé particulièrement forcée, non seulement au niveau de l'utilisation de Mudd (totalement inutile, si ce n'est pour faire du fanservice, et à la scène d'introduction très mal écrite, façon scénariste incompétent qui balance un mur d'exposition en vrac), mais aussi du propos et de l'utilité de toute la sous-intrigue, de la manière dont les Klingons sont montrés à l'écran (faibles, manichéens, et avec un maquillage vraiment sommaire, et des costumes régulièrement caoutchouteux), et au niveau de la résolution du tout (on va dire que tout était bien trop facile pour être crédible, et que je ne serais pas surpris que Ash Tyler soit un espion klingon, qui sera reconnu par le tribule sur le bureau de Lorca).

Vient ensuite l'intrigue du tardigrade, là encore écrite avec des moufles (encore un mur de techno-babble inutile), et se déroulant de manière vraiment trop convenue (dès l'apparition de l'hypospray, on devinait que soit Burnham soit l'ingénieur allait se l'injecter).

Après, bien entendu, histoire de bien montrer que Star Trek, maintenant, c'est dark & gritty & moderne & adulte, on a deux "fucks" bien gratuits (*soupir*), un couple gay (bon, ça, à la limite, peu importe, mais ça aurait pu être amené plus finement), et de la rétro-continuité qui sous-entend que les Klingons ont deux pénis (*facepalm*).

(et puis, bien sûr, aucun optimisme, une Burnham qui continue de désobéir à tous les ordres qu'on lui donne, et de faire la tête, et Starfleet qui, apparemment, est tellement militarisée qu'elle peut désormais enrôler de force des civils pour se battre... W.T.F.) 

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Critiques éclair - Star Trek Discovery 1x04

Publié le 14 Octobre 2017 par Lurdo dans Critiques éclair, Review, Télévision, Science-Fiction, Star Trek, Drame, Action, CBS, Netflix, Discovery

Nous arrivons au quart de cette première saison et, pour l'instant, le bilan STD est très discutable : un double épisode prologue finalement assez inutile, et un troisième épisode de transition, pas forcément très satisfaisant en soi...

​Star Trek Discovery 1x04 :

Burnham & l'équipage du Discovery étudient la créature ayant dévasté le Glenn, tandis que les Klingons sont en proie à des conflits internes, et attaquent une colonie minière sans défense...

Je crois que l'absence totale de subtilité de la série est bien représentée par ce simple fait : les Klingons - que la production se targue de nous présenter ici comme moins caricaturaux, plus développés, plus subtils et plus originaux qu'avant - ont dévoré le cadavre de Michelle Yeoh.

On est donc passés d'une société klingonne stratifiée, organisée en maisons basées sur un code de l'honneur et sur des traditions et un langage millénaires, à des cannibales difformes (certains ont même des coneheads !!), fanatiques religieux qui peinent à articuler leurs phrases, qui passent leur temps à se trahir, et à être très maychants.

W.T.F.

(niveau absence de subtilité de l'écriture, j'aurais aussi bien pu citer le compte à rebours des boucliers de la base minière, qui apparaît à l'écran juste avant l'arrivée du Discovery, ou encore l'héritage de Georgiou, que l'on devine tout de suite être un télescope dès qu'elle commence à en parler, qui s'avère bien être un télescope, et qui est pourtant étiqueté en gros "télescope", histoire que même le téléspectateur le plus idiot comprenne bien ce que c'est)

Sinon, le reste, c'est ultra pataud dans son écriture (on a constamment trois longueurs d'avance sur les rebondissements du script, depuis la nature du tardigrade à son statut de pilote officieux, etc) ; les Klingons en mode Game of Thrones & conflits politiques, c'est un calvaire à suivre ; et la plupart des personnages du Discovery ne sont tout simplement pas attachants ou sympathiques (à part Saru).

(bon, l'avantage, c'est que s'ils commencent à les tuer un par un, on devrait rapidement avoir de nouvelles têtes à l'écran)

En un mot : bof.

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Critiques éclair - Star Trek Discovery 1x03 & The Orville 1x04

Publié le 7 Octobre 2017 par Lurdo dans Critiques éclair, Review, Télévision, Science-Fiction, Star Trek, Comédie, Drame, Action, Aventure, CBS, Netflix, Fox, Orville, Discovery

Gros prologue de 90 minutes, arbitrairement coupé en deux par CBS, les deux premiers épisodes de Star Trek Discovery ne m'avaient pas convaincu, ne proposant pas grand chose de pertinent ou d'intéressant, hormis un budget conséquent, une héroïne antipathique, et un ton grimdark faussement adulte et mature.

​Star Trek Discovery 1x03 :

Six mois après sa mutinerie, alors qu'elle est transportée en compagnie d'autres prisonniers, Michael est secourue par le Discovery, un navire scientifique commandé par le mystérieux Capitaine Lorca (Jason Isaacs)...

Je crois que là, on a une meilleure idée de ce que sera cette série, à savoir Star Trek : Section 31.

Entre son héroïne torturée mais exceptionnelle, l'équipage du Discovery et ses expériences top-secrètes, Lorca le capitaine clairement dérangé et prêt à tout pour vaincre ses ennemis, le ton général de la série, l'immatriculation du Discovery, etc, on est clairement dans quelque chose qui va opposer Michael et son éthique aux méthodes peu orthodoxes du Discovery, et de son officier supérieur.

Et pourquoi pas, dans l'absolu... si c'était écrit avec plus de subtilité. Si l'héroïne n'était pas aussi antipathique. Si sa colocataire n'était pas un cliché ambulant. Si le passage à la Alien était mieux découpé et filmé, et pas autant plongé dans le noir. Si les uniformes n'étaient pas à ce point génériques et interchangeables entre les différents départements du navire. Si l'on n'avait pas l'impression constante que la noirceur du show n'était là que pour justifier l'appartenance de la série au genre des séries de prestige à destination d'un public sérieux et adulte.

Ou encore, de manière plus basique, si cet épisode était mieux structuré, et pas seulement un épisode de transition lançant quelques pistes, et présentant le vaisseau.

Bref. Je ne suis toujours pas convaincu, loin de là, même si dans l'absolu, ça reste regardable et bien produit. Le seul problème, en fait, c'est qu'à aucun moment je n'ai l'impression de regarder du Star Trek (quelle que soit l'incarnation de référence), et ça, ça me dérange vraiment.

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Applaudi par les critiques pour son aspect progressif, et pour son message, le troisième épisode de The Orville n'était pourtant guère plus qu'une relecture de The Measure of a Man (épisode de Star Trek The Next Generation) à la sauce pseudo-féministe, qui n'apportait pas vraiment quoi que ce soit de frais ou d'inédit au format. Mais bon, au moins, c'était un pas dans la bonne direction...

The Orville 1x04 - If the Stars Should Appear :

L'équipage de l'Orville rencontre un immense vaisseau spatial à la dérive, contenant un monde clos sous la coupe d'un dictateur cruel (Robert Knepper) imposant la vénération d'une entité mystérieuse, et maintenant son peuple dans l'ignorance de leur voyage interstellaire. Mais la présence de l'Orville va changer bien des choses...

Et allez, MacFarlane & co continuent de reprendre littéralement les grandes lignes de ce qui a déjà été fait par Star Trek (Au Bout de l'Infini, TOS 3x08, inspiré de Robert Heinlein), d'y rajouter quelques gags graveleux et lourds (totalement dispensables), une référence à Friends qui fait tache, un caméo final parfaitement gratuit, et d'enrober le tout d'une couche d'effets spéciaux modernes, pour vendre ça comme quelque chose de nouveau, et un "hommage" à la franchise Trek.

Je veux bien, mais franchement, plus le temps passe, et plus la série s'éloigne de l'hommage et du pastiche, pour se rapprocher du plagiat fainéant et creux. Et les audiences, elles, continuent de chuter...

(et puis honnêtement, la civilisation extra-terrestre à l'architecture terrienne, aux voitures et camionnettes terriennes,et aux seringues en plastique terrienne, c'est assez limite)

(par contre, les compositeurs se font plaisir)

 

(Critiques de Orville 1x01-02, STD 1x01, STD 1x02/Orville 1x03)

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Critiques éclair - Star Trek Discovery 1x02 & The Orville 1x03

Publié le 1 Octobre 2017 par Lurdo dans Critiques éclair, Review, Télévision, Science-Fiction, Star Trek, Comédie, Drame, Action, Aventure, CBS, Netflix, Fox, Orville, Discovery

​Après le pilote de Star Trek Discovery, diffusé sur CBS aux USA, la série continue... exclusivement sur la plate-forme de VOD de la chaîne... pour la seconde moitié du pilote... une seconde moitié qui fait à peine 35 minutes une fois dépouillée de ses génériques.

​Star Trek Discovery 1x02 :

Confronté à toute une flotte composée des 24 Maisons de l'Empire Klingon, le Shenzhou et son équipage sont dans une situation périlleuse... aggravée par la trahison de Michael Burnham.

Sans surprise, on a donc là affaire à une seconde moitié de pilote, une moitié tellement courte qu'on ne peut qu'en déduire que CBS a arbitrairement découpé le pilote original pour en optimiser la rentabilité, et inciter les fans à s'abonner à leur service de VOD...

Et sans surprise, toujours, les défauts et qualités du pilote sont toujours présentes : c'est spectaculaire, mais c'est inutilement bavard ; les caméras sont toujours penchées sans raison ; les ficelles narratives sont toujours un peu trop grosses pour leur propre bien (Georgiou qui part seule avec Michael - pourtant suspendue et indigne de confiance - se téléporter sur le vaisseau ennemi pour tenter de placer un Klingon en état d'arrestation.... mouais), les Klingons sont toujours problématiques et caoutchouteux (et, plus ennuyeux, ils sont dépourvus du moindre sens de l'honneur), et Michael Burnham ne me convainc toujours pas, trop émotive, trop tête brûlée, et ne correspondant pas vraiment à l'image qu'en donnent les dialogues et les flashbacks.

(ah, et j'ai un peu de mal avec cette version de Sarek, qui manque un peu du charisme et de la présence de Mark Lenard)

Pour couronner le tout, ce pilote semble ne servir que de gros prologue au reste de la série, une introduction détachée du reste, qui devrait voir Burnham sortie de prison et assignée au Discovery, comme un certain Tom Paris en son temps. Pourquoi pas... mais l'on peut se poser la question de la pertinence d'une telle technique pour vendre la série : on propose au spectateur un pilote coupé en deux, présentant des personnages, un vaisseau et une situation qui ne sont pas vraiment représentatifs de ce que sera la série ensuite, et on espère que cela suffira à convaincre le fan de payer pour voir la suite..

Mouais. Pour l'instant, Star Trek Discovery n'est pas un désastre, mais j'espère tout de même que ça proposera à l'avenir quelque chose de plus.substantiel que des Klingons qui débattent entre eux, et une héroïne qui pourrait en remontrer à Janeway au rayon décisions improbables...

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The Orville, elle, continue son bonhomme de chemin, après deux premiers épisodes particulièrement laborieux et mitigés, peinant à conjuguer humour bas de plafond et pastiche de Star Trek : The Next Generation...

The Orville 1x03 - About a Girl :

Bortus et son époux viennent d'avoir une fille, ce qui va à l'encontre des traditions de leur peuple, et ils décident de l'opérer pour qu'elle devienne un mâle ; l'équipage de l'Orville s'oppose à eux.

Troisième épisode de The Orville, un épisode qui a fait dire à de nombreux critiques et spectateurs que la série était soudain devenue une digne héritière de la franchise Star Trek, et un programme à ne pas rater...

Pourtant, MacFarlane ne fait que continuer à y reprendre à la lettre la formule Next Generation, en la pastichant fidèlement, avec cette semaine, le classique débat philosophique et sociétal qui se finit devant un tribunal, façon La Mesure d'un Homme. Et si l'intention est louable (et que le tout est clairement un pas dans la bonne direction), il faut reconnaître que l'exécution est vraiment trop simpliste pour être à ce point applaudie.

Non seulement les arguments apportés par l'équipage de l'Orville sont particulièrement faibles, mais tout le déroulement de l'intrigue manque de profondeur et de pertinence : en somme, ça ne fait pas vraiment avancer le débat, ça n'est pas particulièrement intelligent ou original, et ça fleure franchement de déjà vu, notamment du côté de chez Trek ou de Babylon 5.

Et comme en plus, il y a toujours cette couche d'humour pas très fin qui enrobe le tout (le blob qui tente de séduire le Docteur en lui montrant l'un de ses gros pseudopodes), et que Halston Sage bénéficie toujours d'un temps de présence indu par rapport à son utilité et à son intérêt (m'enfin bon, ça paie de sortir avec MacFarlane... demandez donc à Palicki), l'ensemble paraît toujours assez moyen, et surtout bien trop simpliste et basique.

Même si, encore une fois, ça avance - très lentement - dans la bonne direction.

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Critiques éclair - Star Trek Discovery 1x01 (premières impressions)

Publié le 30 Septembre 2017 par Lurdo dans Critiques éclair, Review, Télévision, Science-Fiction, Star Trek, Action, Aventure, Drame, CBS, Netflix, Discovery

On ne va pas revenir en détails sur la gestation particulièrement difficile de Star Trek Discovery, qui, au fil des décisions improbables de CBS, a perdu son showrunner (Bryan Fuller), est passé à mi-parcours d'une anthologie annuelle "1 saison = 1 époque, du passé au futur de Star Trek", à une énième préquelle vendue sur son fanservice et ses références à des personnages établis, a failli avoir Edgar Wright à la réalisation (trop excentrique et original pour CBS), a perdu beaucoup de ce qui faisait l'intérêt du projet, à l'origine, et a été maintes fois retardé sous des prétextes toujours plus transparents.

On passera aussi sur le flou savamment entretenu par CBS quant à l'univers dans lequel la série prend place (ils affirment que c'est la continuité traditionnelle, alors que tout à l'écran évoque l'univers des reboots de JJ Abrams), sur l'embargo imposé aux critiques, ou sur le fait que, sur papier, l'héroïne de la série avait tout du cliché ambulant : ethnicité exotique, coupe de cheveux inhabituelle, nom étrange ("Michael"), origines dramatiques (orpheline adoptée par des Vulcains) qui la lient directement à des personnages principaux du canon Trek (c'est la demi-soeur adoptive de Spock, et donc la fille adoptive de Sarek), talents exceptionnels (c'est la seule humaine à sortir de l'Académie vulcaine), destin hors-du-commun...

... soit la définition exacte de ce que le web (et tvtropes) appelle une Mary Sue, alias le degré zéro de l'écriture.

Et n'oublions pas le problème CBS Access (qui nous touche peu, nous autres Européens), avec une chaîne qui place STD comme un produit d'appel pour sa plate-forme de VOD avec publicités, et a choisi de ne diffuser que le pilote sur sa chaîne principale, pour tenter d'attirer le chaland sur CBS Access pour voir la suite : de quoi se mettre à dos beaucoup de spectateurs potentiels, payant déjà un accès Netflix, si ce n'est plus.

Autant dire que la série ne partait pas forcément avec un buzz particulièrement positif... mais qu'en est-il, dans les faits ?

Star Trek Discovery 1x01 :

Au cours d'une mission de routine pour enquêter sur la panne d'un relais de communication, l'équipage de l'USS Shenzhou, mené par le Capitaine Georgiou (Michelle Yeoh) et son premier officier Michael Burnham (Sonequa Martin-Green) tombent nez à nez avec des Klingons belliqueux...

Et en fait... il n'y a pas grand chose à dire de ce pilote, puisqu'il ne s'y passe pas énormément de choses. Principalement parce que ce n'est qu'un demi-pilote s'arrêtant sur un cliffhanger, qui ne sera résolu que dans l'épisode 02 exclusif à CBS Access : c'est malin de la part de CBS, mais ça a aussi clairement frustré bon nombre de spectateurs, qui attendaient un pilote complet et structuré comme tel, pour se décider si oui ou non ils voulaient investir 10$ par mois pour voir la suite.

Techniquement, le pilote est assez réussi : le budget est clairement là, les effets spéciaux sont nombreux et de qualité, c'est moderne, c'est sérialisé, et on se plonge sans trop de difficultés dans ce pilote.

L'univers présenté, par contre, est difficile à concilier avec celui des Kirk & compagnie originaux, qui se déroulent pourtant dix ans plus tard ; même en mettant de côté l'aspect visuel des uniformes, la technologie, et les Klingons relookés, il existe quelques problèmes chronologiques (les Klingons capables de se camoufler, alors qu'ils n'obtiennent cette technologie des Romuliens que 13 ans plus tard) qui font que l'hypothèse d'une série prenant place dans l'univers nuTrek est toujours des plus plausibles.

Le visuel du show, d'ailleurs, est assez polarisant : c'est moderne, comme je l'ai mentionné, mais c'est aussi assez sombre, et régulièrement surchargé. Je pense notamment à tout ce qui est Klingon, des costumes aux vaisseaux, en passant par leur maquillage caoutchouteux : peu lisible à l'écran, un peu trop uniforme et interchangeable, et vraiment peu inspiré. Et je ne parle même pas de la réalisation, qui passe son temps à enchaîner les plans penchés, encore et encore, à longueur de dialogues, que la scène le nécessite ou non.

Passons au contenu : les personnages fédéraux sont assez peu attachants, dans l'ensemble... et c'est normal, puisque l'on ne nous en montre que trois (et demi, avec le médecin). Georgiou semble destinée, depuis l'annonce du projet, à être le Ned Stark de Discovery : difficile de s'attacher à elle quant on s'attend à ce qu'elle y passe d'une minute à l'autre ; Saru (Doug Jones) est sympathique, mais son personnage d'alien un peu couard n'est pas forcément très captivant ; et Burnham pose problème.

Pas forcément à cause de ses caractéristiques de Mary Sue, finalement assez peu présentes (ou du moins problématiques) dans ce pilote. Mais plutôt parce qu'il y a un gouffre entre le personnage tel qu'il semble écrit sur le papier (une humaine élevée parmi les Vulcains, et qui s'efforce constamment d'être la plus vulcaine possible), et la manière dont SMG l'interprète (un officier impulsif, aux émotions à fleur de peau et aux décisions spontanées et illogiques).

Ce qui n'aide pas, ce sont ces dialogues et cette exposition assez maladroits, à l'écriture laborieuse : non seulement ça rend toute l'introduction de l'épisode assez pataude, mais ça alourdit considérablement les scènes klingonnes, déjà peu intéressantes en tant que tel pour qui a déjà eu droit à des années de développement de cette race extraterrestre.

Dans l'ensemble, donc, bilan mitigé pour ce (demi) pilote de Star Trek Discovery.

On sent que les intentions étaient clairement de manger à tous les râteliers : une préquelle pour rassurer le grand public en lui assurant qu'il n'a pas besoin de connaître l'univers pour regarder, du fanservice pour s'assurer la sympathie des fans, de l'ultra-sérieux dark & gritty pour s'inscrire dans la tendance des prestige dramas du câble, et de l'action et un visuel ultra-chatoyant pour rassurer ceux qui ont découvert Star Trek avec les films de JJ Abrams.

Malheureusement, pour l'instant, il manque plein de chose à ce pilote pour convaincre : de l'inédit, de l'exploration, de la camaraderie, de l'humour, de la musique, de l'optimisme...

On verra bien si ça s'améliore à l'avenir, mais personnellement, comme de nombreux spectateurs, je ne paierais pas 10$/mois sur la seule base de ce pilote.

(demain, la suite)

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Les bilans de Lurdo : Halloween Oktorrorfest 2017 - Castlevania, saison 1 (2017) & Hôtel Transylvanie - la Série, saison 1 (2017)

Publié le 30 Septembre 2017 par Lurdo dans Critiques éclair, Review, Télévision, Les bilans de Lurdo, Halloween, Horreur, Fantastique, Animation, Disney, Netflix, Oktorrorfest, Comédie, Action, Jeu Vidéo

L'Halloween Oktorrorfest touche aussi le petit écran, avec chaque week-end, de mi-Septembre à début Novembre, des critiques de séries fantastiques et horrifiques...

Castlevania - la série (saison 1) :

Un an après la mort de son épouse, brûlée pour sorcellerie par un clergé local intolérant et fanatique, Dracula (Graham McTavish) revient à la tête d'une horde démoniaque pour ravager le pays et tuer tous ses habitants. Seul capable de l'arrêter, Trevor Belmont (Richard Armitage), héritier de la dynastie excommuniée des chasseurs de vampires Belmont, et alcoolique notoire. Mais il aura besoin de l'aide de Sypha (Alejandra Reynoso), prêtresse capable de manipuler les forces élémentaires, et d'Alucard (James Callis), fils de Dracula, pour espérer sauver le monde et vaincre les forces du mal...

Honnêtement assez déçu par cette série d'animation "prestige" produite par Netflix, écrite par le célèbre Warren Ellis, et qui s'inspire directement du jeu Castlevania III pour nous narrer le combat de Trevor contre les hordes de Dracula.

Déçu, car on se trouve ici, ni plus ni moins, devant un long-métrage de 80-90 minutes découpé artificiellement en quatre épisodes, dont les 3/4 sont tout simplement inutiles. Cette première saison de Castlevania, en réalité, n'est qu'une sorte de gros prologue aux événements de Castlevania III, et par conséquent, c'est principalement de la mise en place, à base de longs tunnels de dialogues soporifiques et superflus.

Sans surprise, les rares scènes d'action (et encore, pas toutes) sont ce que l'on retient le plus de ces épisodes, principalement l'ultime scène (les dix dernières minutes de la saison, à partir de la découverte du cercueil d'Alucard). Hormis quelques massacres gratuitement sanglants et brutaux, et le tout début sur Dracula et sa femme (une approche intéressante et originale, façon obscurantisme opposé à la science, qui donnerait envie de s'attarder sur ces personnages), le reste des épisodes est bien souvent aussi vite oublié que vu.

Il faut dire que la technique n'aide pas vraiment : Castlevania est joli... en images fixes. Il faut bien admettre que certains décors, certaines scènes ont visuellement beaucoup de qualités... mais dès que l'animation, très inégale et parfois saccadée, entre en jeu, on déchante.

Idem pour la bande originale insipide de Trevor Morris, parfois même totalement déplacée (les combats n'ont pas le moindre rythme, et il n'y a globalement quasiment pas d'ambiance), et pour le doublage anglo-saxon, pas particulièrement convaincant (certains accents font mal aux oreilles), malgré les acteurs renommés engagés pour ce travail.

Et pour finir, la direction artistique des personnages (et des monstres) est franchement quelconque. J'ai bien conscience que son côté anime est en grande partie hérité des jeux, mais ce n'est pas pour autant qu'elle est particulièrement inspirée (le pantalon taille basse d'Alucard...), et le héros, notamment, accumule tous les clichés du genre, agrémentés d'une caractérisation peu convaincante façon Madmartigan.

Bref, si cela avait été vendu comme un Prologue, à la limite, mais comme une saison 1, cela donne vraiment l'impression que Netflix n'avait aucune confiance dans ce projet, et a préféré limiter la casse en cours de production. Espérons que la saison 2 sera plus intéressante, et ne perdra pas les 2/3 de son temps à meubler avec des dialogues mollassons et au doublage caricatural.

Hôtel Transylvanie - la série :

Adaptation télévisée de la série de films Hôtel Transylvanie, cette série de 26 épisodes de 11 minutes prend place quatre ans avant le premier film, et met en scène Mavis et ses amis monstres adolescents, durant leurs mésaventures au sein de l'Hôtel Transylvanie.

Et là, premier problème : on est dans une préquelle télévisée qui, visiblement, utilise des personnages qui auront tous disparu dans les longs-métrages.

On a ainsi Wendy Blob, la fille du Blob ; Hank N Stein, la fille de Frank ; Pedro, une momie obèse ; plusieurs personnages secondaires récurrents (une famille d'humains normaux installée non loin du château) ; et, en lieu et place de Dracula - qui est ici absent pour une raison peu étayée -, la Tante Lydia, une vampiresse traditionaliste ressemblant comme deux gouttes d'eau à son frère, doublée par un homme, et ayant pour animal domestique une poule intelligente, Diane.

Aucun de ces personnages ne réapparaît donc dans les films, ce qui pose d'office un certain problème de continuité, et donne l'impression d'un univers parallèle à celui des longs-métrages, malgré quelques apparitions des adultes, de temps à autre. 

Autre problème : on est dans une sitcom animée Disney pour enfants de 11 minutes, et si le style 3D des films fonctionne assez bien adapté en 2D, les limites de la production sont rapidement visibles (et inhérentes au genre du programme).

C'est principalement frénétique, très orienté slapstick absurde gentiment macabre (mais pas trop) ; aucun des acteurs principaux des films ne revient au doublage, ce qui donne des voix assez inégales aux personnages ; il n'y a forcément aucune continuité intrinsèque entre les épisodes, ni aucun fil conducteur ; les personnages secondaires (comme les voisins humains) sont affreusement sous-exploités ; et l'intérêt intrinsèque des épisodes varie grandement selon le scénariste et l'idée de base, comme dans beaucoup de dessins animés jeunesse de ce format.

Cela dit, les personnages sont sympathiques, on a occasionnellement droit à quelques passages musicaux décalés (souvent le fruit des squelettes mariachis qui traînent dans le château, mais pas seulement) qui sont les bienvenus, et dans l'ensemble, le tout a bon fond, mais on est clairement loin de la série incontournable, ou même de quelque chose qui fonctionne aussi bien que les longs-métrages (malgré les réserves que je peux avoir sur ceux-ci).

En résumé, pas désagréable, gentillet, mais peut mieux faire.

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Halloween Oktorrorfest 2017 - 16 - Under The Shadow (2016)

Publié le 27 Septembre 2017 par Lurdo dans Critiques éclair, Cinéma, Review, Oktorrorfest, Halloween, UK, Jordanie, Qatar, Fantastique, Horreur, Netflix

Halloween approche lentement, et comme tous les ans, c'est l'heure de l'Oktorrorfest sur le blog des Téléphages Anonymes, avec au programme un marathon de cinéma fantastique et d'horreur pendant un peu moins de deux mois, de mi-Septembre à début Novembre...

Under The Shadow :

À Teheran, au milieu des années 80, alors que la Guerre Iran/Irak fait rage, Shideh (Narges Rashidi), ancienne étudiante en médecine désormais contrainte de jouer les mères au foyer, se retrouve seule avec sa fille Dorsa (Avin Manshadi) lorsque son époux est mobilisé. Mais lorsqu'une bombe irakienne s'abat sur son immeuble, une entité étrange semble commencer à se manifester, invisible de tous, sauf de Dorsa. Un à un, les voisins de Shideh quittent le bâtiment pour se mettre à l'abri, mais celle-ci reste, alors même que les phénomènes paranormaux se multiplient...

Un film d'épouvante indépendant, réalisé/écrit par un Iranien et tourné en persan, qui fait un buzz pas possible sur le web et chez les critiques internationaux : ça parle de film de l'année, de meilleur film d'horreur de ces dix dernières années, etc.

Et quelque part, ce n'est pas surprenant, tant le cadre et les thématiques historiques, sociales et religieuses sont pile le coeur de cible de bon nombre de critiques, entre l'oppression de la femme dans les sociétés musulmanes, le manque de représentation des acteurs d'origine moyen-orientale au cinéma, le manque de femmes dans des rôles principaux forts et non-sexualisés dans le cinéma d'horreur, les thématiques de la maternité, etc, etc.

Autant de sujet que la critique adore voir traiter au cinéma, et qui donne à ce film d'épouvante une épaisseur, un sous-texte qui plaît forcément. Malheureusement (et les critiques sont les premiers à faire la comparaison), Under The Shadow rappelle énormément Mister Babadook, sans même parler de tout un pan du cinéma d'horreur japonais. Et au jeu des comparaisons, Under The Shadow n'en sort pas forcément gagnant...

On est en effet en terrain ultra-balisé, même au niveau des métaphores, et en ce qui concerne l'horreur et l'épouvante, il s'agit ici plus d'une atmosphère (un peu) étouffante, renforcée par un grondement constant en arrière plan, plutôt que d'un film terrifiant et angoissant.

En fait, malgré sa distribution plutôt bonne, sa technique compétente, et une mise en place efficace, Under The Shadow se noie étrangement dans tout ce qui a fait son succès critique : trop de métaphores, trop de symbolique, trop de sous-texte... et pas assez d'horreur ou de tension.

(d'autant que, pour ne rien arranger, la menace, lorsqu'elle prend forme physique, s'avère assez peu impressionnante)

C'est loin d'être mauvais, mais ça ne restera certainement pas dans ma mémoire.

Un petit 3/6

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Un film, un jour (ou presque) #590 : Naked (2017)

Publié le 29 Août 2017 par Lurdo dans Critiques éclair, Cinéma, Review, Comédie, Fantastique, Netflix

Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine, et des critiques d'une vingtaine de lignes, tout au plus.

Naked :

Sur le point d'épouser sa fiancée Megan (Regina Hall), Rob (Marlon Wayans) se réveille soudain totalement nu dans un ascenseur désert. Il comprend vite qu'il est pris au piège dans une boucle temporelle, et qu'il n'a qu'une heure pour tenter de rendre cette cérémonie de mariage parfaite, avant d'être renvoyé, nu, dans l'ascenseur...

Adaptation afro-américaine d'un film suédois de 2000 (Naken), produite pour Netflix, ce Naked n'est tout simplement qu'un Un Jour Sans Fin black, mou, sans rythme, sans énergie, à la réalisation et à la direction artistique plate et terme, et sans la moindre dose d'originalité.

Reste Wayans, qui fait tout son possible, en vain, et Eliza Coupe en antagoniste.

1.5/6

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Les bilans de Lurdo : Dirk Gently, détective holistique - saison 1 (2016)

Publié le 20 Août 2017 par Lurdo dans Critiques éclair, Review, Télévision, Les bilans de Lurdo, Comédie, Science-Fiction, Fantastique, Drame, UK, USA, BBC, Netflix

Co-production BBC America/Netflix en huit épisodes de 42 minutes, Dirk Gently's Holistic Detective Agency est une adaptation très libre des romans de Douglas Adams, l'auteur du Guide du Voyageur Galactique, de ses suites, d'épisodes du Docteur Who, et de sketches des Monty Python.

L'oeuvre originale était donc typiquement british dans son ton, dans son décalage et dans son humour, et en faire une adaptation moderne et actuelle demande donc à la fois une rigueur formelle et un certain je-ne-sais-quoi d'excentricité et de flegme anglais, ce qui n'est pas à la portée de tout le monde... surtout dans le cas présent.

Dirk Gently's Holistic Detective Agency, saison 1 :

Renvoyé de son poste de garçon d'étage après avoir découvert le meurtre sanglant et incompréhensible du milliardaire Patrick Spring (Julian McMahon) dans son hôtel, Todd (Elijah Wood), un jeune trentenaire paumé, croise le chemin de Dirk Gently (Samuel Barnett), un pseudo-détective anglais totalement excentrique, qui décide spontanément de faire de Todd son assistant. Rapidement, le duo va se trouver embarqué dans une affaire improbable mélangeant voyage temporel, pouvoirs psychiques, héritière disparue, requin invisible, secte étrange, conspiration gouvernementale, enquêteurs incapables, garde du corps kidnappée, assassin invulnérable, et incubes rebelles...

Max Landis, showrunner américain de cette série et fils du réalisateur John Landis, est un grand dadais excentrique, jeune trentenaire hipster survolté et épuisant, au look improbable, au débit vocal soûlant, aux opinions bien arrêtées sur tout et sur tout le monde, à la personnalité versatile, à la vision très particulière de la vie, de l'univers et de la société, et qui semble parfois se croire plus rusé, original et intelligent qu'il ne l'est réellement. 

Sa version de Dirk Gently, donc - dans les romans, un homme rondouillard au long manteau en cuir, aux lunettes épaisses, au chapeau rouge assorti à sa chemise à carreaux, à la cravate rayée verte et au costume usé -, s'avère être un grand dadais excentrique, jeune trentenaire hipster survolté et épuisant, au look improbable, au débit vocal soûlant, aux opinions bien arrêtées sur tout et sur tout le monde, à la personnalité versatile, à la vision très particulière de la vie, de l'univers et de la société, et qui semble parfois se croire plus rusé, original et intelligent qu'il ne l'est réellement. 

Pour faire simple : Dirk Gently, ici, est un avatar à peine dissimulé de Max Landis, et c'est la voix de ce dernier qui domine toute la série (d'autant qu'il est responsable de l'écriture de la grande majorité de ces huit épisodes). Le show a l'énergie frénétique de Max Landis, les goûts très particuliers de Max Landis, l'absence caractéristique de subtilité et de discipline de Max Landis, l'obsession caractéristique de Max Landis pour les conspirations gouvernementales et les organisations paramilitaires surveillant des personnages dotés de capacités extra-ordinaires, bref, on va faire simple : Dirk Gently version Landis, c'est 95% de Landis, et à peine 5% de ce qui fait l'essence des romans et de Douglas Adams.

Ou encore, je pourrais dire que Dirk Gently version Landis, c'est une représentation assez fidèle de l'imagination, de la personnalité et de l'oeuvre de Landis, saupoudrée d'un peu de Doctor Who (la comparaison est inévitable, tant les romans d'Adams étaient adaptés de scripts refusés écrits pour Who, et tant le nouveau Gently rappelle immédiatement Tennant et Matt Smith dans leur énergie et leur excentricité), d'un peu de Terry Gilliam (pour les visuels improbables et l'esthétique de beaucoup de choses), et d'un peu de Wilfred (car le personnage interprété ici par Elijah Wood ressemble comme deux gouttes d'eau à celui qu'il interprétait alors dans la série de F/X).

Mais surtout, Dirk Gently version Landis, c'est une oeuvre à laquelle on adhère totalement ou pas du tout.

Car ici, tout est perpétuellement survolté, et tout le monde surjoue de manière caricaturale, en adoptant des accents forcés et bizarres (mention spéciale au grand méchant, sorte de croisement entre Terry Gilliam pour le physique, et Mr. Plinkett pour la voix) ; tout le monde débite ses dialogues à deux cent à l'heure, et en criant (c'est surtout vrai dans les épisodes écrits par Landis, soit 80% du show : chaque dialogue y est a) hystérique et/ou b) des tirades d'exposition dans laquelle les personnages se racontent mutuellement leur parcours, leurs sentiments, ou résument les tenants ou aboutissants du show) ; les personnages entrent et sortent du récit comme bon leur semble ; la violence est très prononcée et particulièrement gratuite ; le récit est totalement déstructuré, avec des flashbacks, des in media res, des deus ex, une boucle temporelle, etc ; l'illustration musicale est particulièrement décalée, occasionnellement agaçante, mais parvenant aussi à établir une certaine ambiance étrange qui n'est pas désagréable (les bruitages du van des Rowdy 3 sont à ce titre assez réussis).

Bref, Gently made in Landis, c'est une sorte de gros cartoon frénétique qui remplace le flegme et la subtilité absurde de l'humour anglais par un barrage constant d'images, de sons, et d'idées aléatoires qui finissent, progressivement, par prendre un semblant de forme vers la fin de la saison. Ou pas, c'est selon.

On adhère donc ou pas à la proposition... mais les personnages principaux, malgré leur hystérie un peu épuisante, finissent par s'avérer attachants. Todd est rongé par ses problèmes et ses mensonges, mais Elijah Wood lui apporte son innocence naturelle, qui contrebalance son caractère ; Hannah Marks est impeccable dans le rôle de sa soeur ; Jade Eshete est surprenante en garde du corps ultra-compétente à la coiffure improbable (même si l'accélération visuelle de ses scènes de combat est assez risible) ; et Fiona Dourif - pour peu qu'on supporte son personnage de tueuse implacable en surjeu complet et à la voix éraillée de fumeuse - se donne totalement à son rôle, et parvient même à se montrer touchante.

Petite pensée aussi pour la jeune fille qui joue le rôle de l'héritière, et qui passe toute la saison à quatre pattes à imiter un chien : un rôle ingrat dont elle s'acquitte très bien (paradoxalement, elle est nettement moins convaincante lorsqu'elle "est" humaine).

Reste Dirk Gently. Qui est bien interprété, là n'est pas le problème. Le problème, c'est sa caractérisation. Malgré quelques moments supposés l'humaniser (par sa solitude, notamment), Gently-Landis s'avère un personnage frustrant, sorte de croisement entre le Docteur, Mister Bean, Pee-Wee Herman et Sheldon Cooper. Il est très maniéré (pour ne pas dire... flamboyant), il est globalement incompétent, il ne sert pas à grand chose, et de manière générale, il est faire-valoir comique au sein de sa propre série, et n'est que rarement sympathique ou intéressant. 

Encore une fois (je me répète), on adhère ou pas au programme : on adhère ou non à la version Landis de Gently et de son univers, à son rythme frénétique, à son surjeu, à ses accents, à ses costumes et postiches assez médiocres (seule exception : l'armure Steampunk des derniers épisodes), à son style assez "artificiel", à son écriture pas forcément aussi subtile, drôle ou fine qu'elle ne pense clairement l'être, à ses rebondissements parfois forcés, etc, etc, etc 

Bref : l'univers de Dirk Gently, vu par Landis, c'est le toutéliage fait monde, une sorte d'hybridation bâtarde et pas totalement aboutie du décalage anglo-saxon d'Adams, de la direction artistique de Terry Gilliam, et d'une certaine rébellion adolescente pseudo-punk à l'américaine, clinquante et bruyante, où la subtilité n'a pas vraiment droit de séjour, et où le chaos fait force de loi.

Ce n'est pas forcément totalement désagréable, ce n'est pas dénué de bonnes idées, de moments amusants et de personnages attachants, mais l'emballage bordélique et indiscipliné peut clairement rebuter. D'autant que paradoxalement, c'est lorsque la série n'est pas directement écrite par Max Landis qu'elle s'avère mieux écrite et structurée, plus homogène, pour ne pas dire plus touchante et sincère...

En ce qui me concerne, je n'ai pas vraiment accroché à cette version de Dirk Gently, qui m'a plus souvent agacé que séduit. De plus, la conclusion de la saison (à base de fusillade et de cliffhanger ramenant une nouvelle fois la série à cette histoire de conspiration et d'organisation gouvernementale qui ne m'intéresse pas le moins du monde) ne m'a pas du tout envie de revenir en deuxième année, donc il est très probable, pour ne pas dire certain, que je vais laisser là ce Dirk Gently, détective holistique...

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Les bilans de Lurdo : GLOW, saison 1 (2017)

Publié le 30 Juillet 2017 par Lurdo dans Critiques éclair, Catch, Review, Télévision, Netflix, Comédie, Drame, Action, Histoire

En 1985, à Los Angeles, Ruth (Alison Brie), une actrice au chômage, répond à une annonce de casting, et découvre sur place qu'elle auditionne pour G.L.O.W., un show de catch féminin réalisé par Sam Sylvia (Marc Maron) et financé par Bash Howard (Chris Lowell).

Contre toute attente, la timide Ruth décroche un rôle, et entame alors la préparation du tournage aux côtés de Machu Picchu (Britney Young), de Melrose (Jackie Tohn), de Britannica (Kate Nash), de Scab (Britt Baron), d'Ethel et Edna (Kimmy Gatewood et Rebekka Johnson), de Beirut (Sunita Mani), de la Welfare Queen (Kia "Awesome Kong" Stevens), de la Louve (Gayle Rankin), de Fortune Cookie (Ellen Wong), de Vicky la Viking (Marianna Palka), et de Junkchain (Sydelle Noel). Sans oublier Liberty Belle (Betty Gilpin), la star du show, une actrice de soap récemment séparée de son mari, après que Ruth ait couché avec lui...

GLOW - saison 1 :

Une série Netflix à côté de laquelle je ne pouvais définitivement pas passer : j'aime le catch, j'apprécie beaucoup Alison Brie, je suis très client des années 80, et de manière générale, j'ai toujours accroché au format court de 30 minutes des comédies dramatiques du câble, notamment à l'époque de Weeds.

Et donc, forcément, en apprenant que Jenji Kohan (la créatrice de Weeds et d'Orange Is The New Black), ainsi que deux scénaristes et productrices de ces deux séries, de Nurse Jackie et de Homeland, avaient choisi Alison Brie (entre autres) pour réaliser une adaptation très libre de la genèse des Gorgeous Ladies of Wrestling (dont elles avaient pris connaissance grâce au documentaire que j'ai chroniqué ici cette semaine), je n'ai pas hésité.

Et j'ai bien fait, puisque les 10 épisodes de GLOW s'avèrent une réussite globale. Une réussite globale n'évitant pas l'aseptisation de son sujet, certes (déjà un problème qui hantait le documentaire), ce qui est assez normal : l'angle d'approche principal de la série, c'est comment ses protagonistes mises à l'écart de la société pour des raisons diverses et variées (race, physique, sexe, obsessions, etc) finissent par former une véritable famille d'adoption grâce à GLOW, par devenir des soeurs, et par s'émanciper au travers de ce projet.

C'était déjà le thème du documentaire, et on le retrouve dans de nombreuses sous-intrigues du show (Macchu Picchu et sa famille ; Liberty Belle et son ex-mari ; Ruth qui prend le contrôle du projet lorsque les mecs s'effondrent ; Justine et ce dernier....) : l'approche est pertinente, elle fonctionne ici grâce au caractère assez léger de la série, et à ses personnages tous bien développés.

D'ailleurs, j'en profite pour souligner le travail des scénaristes et des responsables du casting, qui ont vraiment mis dans le mille à tous les niveaux : il n'y a pas de véritable maillon faible dans la distribution qui, si elle est clairement dominée par Brie, Maron et Gilpin, tous trois excellents, parvient toujours à faire vivre des personnages attachants et bien développés (mention spéciale à Awesome Kong, qui fait preuve d'une personnalité mémorable, et devrait donner lieu à une seconde saison spectaculaire).

Cependant, cette optique "féministe" fait tout de même abstraction des problèmes de G.L.O.W., en idéalisant un peu l'organisation : oui, Sylvia se comporte comme un connard avec ses employées, mais on est loin des insultes et humiliations constantes que subissaient les véritables catcheuses de G.L.O.W. à l'époque. À l'identique, l'exploitation et le sexisme de l'époque et de l'industrie ne sont finalement pas si présents que ça une fois les premiers épisodes passés : les filles se prêtent au jeu, et on passe à autre chose.

D'un autre côté, difficile de faire de GLOW une critique du sexisme des médias américains quand la série se doit, en parallèle, d'obéir par exemple à un quota nudité finalement franchement superflu. C'est à un numéro d'équilibriste que se livre la production, tiraillée entre réalités de l'époque et concessions aux normes contemporaines, et bien qu'on puisse toujours critiquer tel ou tel choix éditorial, il faut reconnaître que l'essence de G.L.O.W. reste présente.

Quoiqu'il en soit, la série fonctionne bien, voire même très bien à partir du moment où toutes les filles emménagent (comme en réalité) dans un même motel. Cela permet des rapprochements inattendus, et de rendre attachantes quasiment toutes les catcheuses, ce qui n'est pas un mince exploit vue la taille de la distribution.

(et là, je pense à un show comme American Gods, qui peine à rendre son couple principal attachant ou intéressant malgré deux fois plus de temps d'antenne ^^)

À partir de là, la série s'enchaîne sans réel temps mort, se permettant des passages impressionnants (le match solo d'Alison Brie est une petite performance d'actrice), des passages inévitables (le training montage tellement 80s !), de nombreuses apparitions plus ou moins importantes de catcheurs et catcheuses connu(e)s (John Morrison, Brodus Clay, Carlito, Joey Ryan, Christopher Daniels et Kazarian, Alex Riley, Brooke Hogan)... et aussi, il faut bien l'avouer, quelques sous-intrigues dont on aurait pu se passer, surtout vers la fin de la saison.

On retombe alors dans des digressions et des rebondissements un peu plus convenus et clichés, et finalement assez dispensables : je pense notamment à tout le passage de Ruth chez les Russes, pas très drôle, aux personnages secondaires masculins (le livreur de pizza, le concierge russe, les frères et le père de Machu Picchu), guère plus que des figurants, ou même à tout le faux suspense du dernier épisode, que ce soit sur Justine et Sam, ou sur Debbie et son époux.

Il en va un peu de même pour l'histoire de l'avortement, qui apparaît comme une manière de créer du drame gratuitement, et de forcer un rapprochement entre Ruth et Sam. Heureusement, le tout est assez bien écrit pour faire oublier cet aspect un peu artificiel, et il faut féliciter le show d'avoir abordé le problème de l'avortement de manière frontale, sobre, et intelligente, sans en avoir fait une histoire de morale ou de conviction religieuse.

La toute fin de la série, elle, marche dans les pas de tous les films sportifs des années 80 : finalement assez logique, compte tenu de la série, mais aussi un peu trop prévisible dans son happy end intégral.

Mais trêve de pinaillage : dans l'ensemble, GLOW est une relecture engagée et féministe de l'histoire du véritable G.L.O.W., et ça fonctionne plutôt bien. J'espère vraiment que Netflix va laisser libre court à l'équipe en place pour continuer dans cette direction, et monter la barre un peu plus haut encore pour la suite.

Car entre les conditions de sécurité discutables, les blessures mémorables, les conflits, le niveau de catch qui monte en puissance, les nouveaux personnages, et le succès croissant des lutteuses, il y a de quoi faire, avec tout ce petit monde.

Et si l'on pouvait en rajouter encore une couche dans les paillettes, le mauvais goût, les couleurs fluos et la caricature, ce serait parfait (bien qu'encore un niveau en dessous de la réalité :p)

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Les bilans de Lurdo : Unbreakable Kimmy Schmidt, saison 3 (2017)

Publié le 9 Juillet 2017 par Lurdo dans Critiques éclair, Review, Télévision, Les bilans de Lurdo, Comédie, Sitcom, Netflix, Kimmy

Après une première saison très attachante, et une seconde saison plus sérieuse, et en demi-teinte (dont j'avais brièvement fait des critiques éclair ici et ), je passe à la troisième saison des mésaventures de Kimmy Schmidt, récemment diffusées sur Netflix.

Unbreakable Kimmy Schmidt - saison 3 :

Cette année, Kimmy Schmidt et ses compères ont décidé de grandir, d'évoluer, et de trouver une direction à leur vie. Plus facile à dire qu'à faire pour tous ces personnages plus improbables que jamais...

 

3x01 - Le Révérend veut forcer Kimmy à divorcer, mais elle hésite, et Titus passe une audition pour Rue Sésame, avant de retrouver son petit ami.

Pas exceptionnelle, cette reprise : il y a un étrange manque de rythme dans le montage de certaines scènes, et tout ce qui a trait à Lillian et à Fred Armisen ne fonctionne pas vraiment, que ce soit dans l'interprétation ou dans l'écriture. À part ça, Kimmy reste adorable (d'autant plus avec sa coupe de cheveux courte), et quelques répliques font vraiment mouche, mais dans l'ensemble, le tout s'avère assez inégal.

 

3x02 - Titus se prend pour Beyonce et parodie Lemonade, Kimmy visite des facs, et Lillian et Jacqueline tentent de se faire élire au conseil municipal.

Alors je sais que Lemonade est devenu une institution et un incontournable aux USA, mais moi, je n'ai que faire de Beyonce, je n'ai jamais vu le clip/la vidéo, et donc, la parodie est totalement tombée à plat en ce qui me concerne. Le reste, classique et peu mémorable, d'autant plus que le tout est paradoxalement assez daté (entre les références à Lemonade, le "lock her up", la mention des "deplorables", on sent que Tina Fey a écrit l'épisode mi-2016), qu'il y a des vannes prévisibles, et que la sous-intrigue des élections municipales est assez quelconque.

 

3x03 - Jacqueline et Russ tentent de convaincre le père de Russ de rebaptiser les Redskins par le biais de tout un stratagème improbable ; Kimmy reçoit la visite de la fiancée (Laura Linney) du Révérend qui veut l'amener à signer les papiers de divorce.

À nouveau un peu mitigé : les "Redskins", ça date aussi pas mal l'épisode, la manière peu cavalière dont la série évacue David Cross est assez décevante, et l'intrigue est moyenne ; du côté de Kimmy, c'est ponctuellement amusant, mais dans l'ensemble, l'épisode est assez plat.

 

3x04 - Kimmy accepte de petits jobs pour payer la Fac ; Titus devient le choriste de Judah Friedlander, conspirationniste reclus mais qui paie bien.

Pas désagréable du tout, cet épisode : mis à part le retour de Xan, insipide, les petits jobs de Kimmy étaient drôles, et tout ce qui avait trait aux chansons de Titus & du conspirationniste fonctionnait bien, malgré une chute très prévisible.

3x05 - Kimmy réquisitionnée par le FBI pour convaincre Gretchen de ne pas se faire sauter avec sa secte d'adolescents glandeurs ; Jacqueline fait de la cuisine avec un fantôme ; Lillian aide Titus, atteint de scorbut. 

Un épisode assez équilibré, rythmé et drôle, malgré un féminisme assez pataud chez Kimmy/Gretchen ; avec en prime un crossover avec Orange is the new Black. 

 

3x06 - Kimmy découvre sa première fête universitaire, et y retrouve Perry (Daveed Diggs) ; Jacqueline, Titus et Lillian tentent de tromper le frère de Russ (Josh Charles).

Épisode longuet, qui manque de punch et de subtilité, avec une caricature pataude et facile des millennials et des universités libérales. Le seul truc qui fonctionne vraiment, dans tout ça, c'est la relation de Kimmy et de Perry, et encore, on a droit à un obstacle gentiment artificiel inséré par les scénaristes pour rendre cette relation impossible.

 

3x07 - Kimmy découvre les fake news devant une alerte météo, et Titus comprend qu'il n'est pas un mec bien lorsqu'il découvre qu'il est devenu, à son insu, le méchant d'une publicité pour un médicament.

Mwé. La romance de Lillian et d'Artie n'est pas désagréable, bien que l'interprétation de Carol Kane soit toujours assez agaçante, mais le reste m'a paru plutôt laborieux et mollasson. 

 

3x08 - Cloîtrés dans l'appartement pour cause de tempête, Titus raconte enfin ce qui s'est passé durant sa croisière à Kimmy & co : il a dévoré Dionne Warwick (Maya Rudolph).

Avec une Maya Rudolph en pilotage automatique dans la peau de Dionne Warwick, pour un résultat relativement mitigé : trop de Rudolph en roue libre, trop de Titus manipulateur et mesquin, pas assez de Kimmy, une réconciliation finale précipitée, mais quelques scènes et gags très efficaces. J'attendais mieux de Tina Fey.

3x09 - Kimmy s'intéresse à la religion, et accompagne Titus à l'église, où ce dernier rencontre une grand-mère médisante, et le directeur du choeur ; Jacqueline relooke Lillian.

Pas désagréable, malgré une résolution globale un peu attendue, et précipitée, ainsi qu'une Anna Camp affreusement sous-exploitée.

 

3x10 - Titus et Kimmy tentent de tromper le propriétaire d'une station service (Ray Liotta), pour accéder gratuitement à ses toilettes ; Jacqueline tente de faire chanter les propriétaires des Redskins avec sa vidéo volée.

Pas aimé du tout, celui-là : très forcé, surjoué et épuisant du côté de T&K ; d'ailleurs, ça aurait très bien pu se dérouler en saison 1 ou 2 sans problème, il n'y a pas la moindre continuité avec le reste, et les études de Kimmy (notamment sa bourse pour aviron) ne sont quasiment pas prises en compte.

 

3x11 - Une des enseignantes (Rachel Dracht) de Kimmy & Perry les invite à un dîner de cons, Kimmy découvre le web, et Titus part dans un délire sur le prénom de la fille de son nouveau compagnon.

Rachel Dracht, un peu comme Maya Rudolph, n'est là que pour faire son numéro, et n'est pas particulièrement convaincante ; de manière générale, un épisode parfois longuet, notamment pour Jacqueline qui se fait la main sur Mimi, et récupère un séducteur en lieu et place de David Cross ; la résolution de la sous-intrigue du rap philosophique était assez sympathique, cela dit.

 

3x12 - Kimmy apprend la philosophie, et hésite à apparaître dans le show de Xan ; Jacqueline découvre que Russ n'a pas changé que physiquement ; Lillian découvre les mystères de la technologie avec Artie.

Un Titus pas très présent, une conclusion évidente et prévisible pour Jacqueline/Russ (Jacqueline a changé, ça fait plaisir), et Artie/Lillian restent touchants, eux aussi.

3-13 - Titus gagne de l'argent grâce à sa chanson, et Jacqueline le prend sous son aile pour impressionner Mikey ; Lillian et Artie se séparent ; Kimmy est renvoyée de l'université, et décide de se fier à son test d'orientation pour trouver une carrière.

Un final mi-figue mi-raisin : le tout semble vraiment précipité, notamment dans la manière dont Kimmie est renvoyée/se reconvertit/se fait à nouveau virer à cause du Révérend/trouve une carrière-miracle bien pratique, une sorte de deux ex machina qui sort de nulle part. On regrettera aussi la disparition totale de Perry, mais on saluera le caméo de Jim Gaffigan, amusant, la prise de conscience de Kimmy, et le clin d'oeil à Retour vers le Futur, gratuit et superflu, mais pas forcément désagréable.

 

Bilan :

Une saison manquant étrangement de liant et de direction : si les thématiques initiales étaient intéressantes, et si certains des personnages ont effectivement évolué dans des directions originales, dans l'ensemble, le nombre de pistes abandonnées en cours de route est assez frustrant. Outre le couple Artie/Lillian, on peut aussi citer la fiancée du Révérend, qui disparaît, David Cross et Fred Armisen, qui font de même, la relation de Perry et de Kimmie, qui ne débouche sur rien, le divorce de Kimmy, les études de Kimmy, etc.

Autant d'idées délaissées (peut-être par la force des choses - Ellie Kemper était enceinte) qui, ajoutées à des guests pas toujours très pertinents, à des références qui datent un peu trop le récit, à un manque d'homogénéité, de structure, et à une présence de plus en plus envahissante de Titus, peuvent frustrer : par moment, on a l'impression de regarder Unbearable Titus Andromedon, tant il vole la vedette à tout le monde, et tant les scénaristes semblent parfois se dire que laisser Tituss Burgess improviser suffit à créer l'hilarité.

Dans l'absolu, pourquoi pas, si le personnage évolue... je ne suis cependant pas convaincu que cela va vraiment se produire au final.

Tout comme je ne suis pas vraiment convaincu par ce que laisse deviner la prochaine saison : Kimmy Schmidt entourée de millennials privilégiés dans une start-up, ça risque d'amener Tina Fey et ses scénaristes à ressortir tous les gros clichés et leurs préjugés sur cette génération, ce qui n'augure pas forcément de quelque chose de très frais et original.

Mais bon, nous verrons bien. Dans l'intervalle, je placerai probablement cette troisième saison au même niveau que la seconde : sympathique, sans plus, et je persiste à penser qu'il y a un problème de format inhérent au passage de la saison 1, conçue pour NBC, à la saison 2, pour Netflix : le show est désormais trop à son aise, ses épisodes dépassent la demi-heure, et ils y perdent en énergie et en concision.

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Un film, un jour (ou presque) #522 : Sandy Wexler (2017)

Publié le 25 Mai 2017 par Lurdo dans Critiques éclair, Cinéma, Review, Comédie, Netflix, Romance

Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine, et des critiques d'une vingtaine de lignes, tout au plus.

Sandy Wexler :

Dans les années 90, Sandy Wexler (Adam Sandler) était un manager de Los Angeles, pas très doué ou efficace, mais possédant un coeur gros comme ça, une tendance à baratiner, et un éventail de clients des plus improbables et ringards. Jusqu'au jour où il a croisé le chemin de Courtney Clarke (Jennifer Hudson), une chanteuse au talent incroyable, dont il s'est épris, et qu'il a voulu mener sur les chemins de la gloire...

Adam Sandler, le réalisateur de Little Nicky, et Netflix s'associent pour produire le remake officieux de Broadway Danny Rose (1984), de Woody Allen, et ça donne un film bien intentionné, inspiré du manager de Sandler, et qui insiste sur l'importance de la fidélité, de l'honnêteté et de la loyauté dans le monde du show-business - ce qui explique probablement pourquoi, après tout ce temps, Sandler fait toujours des films avec toute sa bande de potes, qui sont ici vraiment tous présents (de la famille Sandler à Luis Guzman en passant par Terry Crews, Rob Schneider, Jane Seymour, Kevin James, Milo Ventimiglia, etc, etc, etc, et plus de caméos de célébrités que l'on ne peut en compter).

Le film en lui-même, malheureusement, est beaucoup trop long pour ce qu'il raconte, manque d'humour, et souffre d'un accent débile de Sandler®© comme il aime tant en faire... et c'est dommage, parce que le film aurait probablement nettement mieux fonctionné en allant un peu plus dans une direction douce-amère, sans le surjeu de Sandler.

Au final, probablement l'un des films de Sandler les moins graveleux et débiles depuis bien des années, mais toujours d'énormes problèmes de rythme et d'écriture qui font que ça n'est jamais assez efficace ou convaincant.

Si la seconde moitié du film avait été plus courte/mieux rythmée, je lui aurais mis la moyenne, voire peut-être légèrement au-dessus.

En l'état, 2.75/6

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Les bilans de Sygbab - Gilmore Girls - Une Nouvelle Année - Automne (2016)

Publié le 25 Mars 2017 par Sygbab dans Télévision, Critiques éclair, Review, Romance, Comédie, Netflix, Les bilans de Sygbab, Gilmore Girls

Sygbab regarde (beaucoup) la tv, Sygbab écrit (parfois) des bilans : retrouvez-les sur le blog des Téléphages Anonymes !

Gilmore Girls - A Year in the Life 1x04 - Fall :

Signé de la main d'Amy Sherman-Palladino, ce final représente pour elle une chance d'apporter une conclusion - même si une suite est tout à fait envisageable - à cette fresque vivante, car elle n'en avait pas eu l'occasion en quittant la série originelle à la fin de la saison 6. Et elle s'en acquitte de fort belle manière, en bouclant la boucle.

La scène où Lorelai appelle Emily pour lui raconter une anecdote à propos de son défunt père - celle qu'elle aurait dû évoquer lors de ses funérailles - est vraiment pleine d'émotion et met en route un processus de réconciliation qui apporte une certaine satisfaction. Après tant de tumultes, il était temps que leur relation s'apaise, et il aura fallu la perte de Richard pour les rapprocher. C'est écrit avec justesse, comme aux plus beaux jours de la série.

Au final, le voyage introspectif de Lorelai lui aura servi, même s'il n'a même pas commencé la randonnée qu'elle envisageait. Elle met tout en place pour résoudre tous les problèmes qu'elle rencontre, et décide de se marier pour de bon avec Luke (leur mariage est féérique et magique comme on on aurait pu l'attendre dans cette série), et de demander de l'argent à sa mère pour trouver un nouvel endroit où agrandir le Dragon Fly. Histoire de conserver Michel avec elle, mais pas Sookie qui fait pourtant une petite apparition. Outre l'aspect physique de Melissa McCarthy qui a bien changé, c'est surtout sa voix qui choque au départ. Son timbre n'est plus tout à fait le même, et ça modifie un peu la vision du personnage.

Les avantages que présentaient le concept ont également quelques inconvénients puisque les évènements sont très condensés, mais Chris et Dean sont aussi de passage. L'hommage rendu par Rory à ce dernier est poignant, et rappelle qu'il était effectivement le petit ami parfait. C'est ce que je trouve assez réussi dans cette mini-série : faire appel à la mémoire des téléspectateurs pour se souvenir des bons moments et instaurer une douce nostalgie, tout en faisant avancer les personnages. Les prétextes amenant à certains caméos sont parfois bien commodes, mais c'est inhérent à la volonté de faire apparaître tous les personnages.

Cet épisode propose également une mise en abîme intéressante par le biais de Rory. D'abord avec le livre qu'elle tente d'écrire et qu'elle nomme comme la série - à l'exception du The que sa mère lui conseille d'enlever, ensuite avec l'annonce de sa grossesse, qui la met en position de devoir élever un enfant seule, tout comme Lorelai. Une parfaite manière de boucler la boucle, finalement.

Malgré certains défauts, cette mini-série offre une conclusion plus que satisfaisante si l'on devait en rester là. Elle ouvre également des perspectives intéressantes si l'aventure devait continuer. Il n'était pas évident de proposer une suite en ne jouant pas uniquement sur la nostalgie, et pourtant le pari est réussi. Un seul mot à dire : bravo.

 

Retrouvez l'intégrale des bilans Gilmore Girls de Sygbab en cliquant ici.

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Les bilans de Sygbab - Gilmore Girls - Une Nouvelle Année - Été (2016)

Publié le 18 Mars 2017 par Sygbab dans Télévision, Critiques éclair, Review, Romance, Comédie, Netflix, Les bilans de Sygbab, Gilmore Girls

Sygbab regarde (beaucoup) la tv, Sygbab écrit (parfois) des bilans : retrouvez-les sur le blog des Téléphages Anonymes !

Gilmore Girls - A Year in the Life 1x03 - Summer :

Le nouveau running-gag concerne le retour de Rory dans sa ville natale, puisqu'elle n'arrive pas à convaincre les habitants de Stars Hollow que la situation est juste temporaire.

Lui faire reprendre le rôle d'éditeur de la gazette de la ville afin de la remettre sur les rails est une bonne idée - ça amène aussi une distribution des journaux assez désorganisée et complètement décalée -, d'une part parce que ça justifie qu'elle reste dans les parages, d'autre part cela l'oblige à mener une introspection sans doute salvatrice. Elle reçoit pour cela l'aide de Jess, qui est toujours là pour lui donner des conseils (ou un coup de pied aux fesses, au choix) quand elle en a besoin. L'apparition de ce dernier apparaît naturelle, et il semble apaisé maintenant qu'il a une vie plus stable avec un emploi qui lui plaît.

Le côté excentrique qui a toujours existé dans la série est vraiment développé à fond dans cet épisode, avec Stars Hollow - The Musical. Lorelai se retrouve seule contre tous en pensant que c'est totalement raté, alors que toutes les autres personnes assistant à l'avant-première sont totalement conquis et trouvent la comédie musicale absolument géniale.

En un sens, ça l'est tellement c'est over the top, de manière volontaire pour les scénaristes, mais involontaire pour Taylor qui est convaincu qu'il tient là quelque chose de rare et d'exceptionnel.

Même si elle a sans doute raison, la position de Lorelai ne fait qu'illustrer son isolement progressif. En conflit avec Luke sur la façon dont leur couple fonctionne, elle se fâche également avec Rory car elle refuse que sa fille écrive à propos de sa vie.

S'ajoute à cela le départ futur de Michel, qui a besoin d'un salaire plus élevé et d'un espace moins confiné qu'au Dragon Fly (il était d'ailleurs temps de donner un peu plus d'épaisseur au personnage et de s'attarder sur ses états d'âme). Il y a de quoi se remettre en question, d'autant que Sookie les a déjà abandonnés. Est-ce pour cela qu'il faut partir en randonnée, seule dans la nature ? L'idée peut rendre perplexe.

S'il est un peu plus brouillon que les deux premiers avec des idées un peu fourre-tout par moments, cet épisode valide tout de même le parti pris de relater une année saison par saison avec des ellipses importantes qui sont globalement bien gérées. De plus, l'essence du show est bien présente est c'est un élément indispensable pour le bon fonctionnement de ce revival.

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Les bilans de Lurdo : Jessica Jones, saison 1 (2015)

Publié le 12 Mars 2017 par Lurdo dans Critiques éclair, Review, Télévision, Les bilans de Lurdo, Netflix, Marvel, Thriller, Fantastique

Après Daredevil (passé en revue ici et ici), dont la première saison m'avait laissé particulièrement mitigé, je m'attaque à la suite de l'univers partagé Marvel/Netflix, à savoir, Jessica Jones.

Et pour être totalement franc, initialement, j'avais prévu d'adopter le même format une demi-saison = un bilan pour traiter de Jessica : malheureusement, j'ai très vite changé d'avis durant le visionnage de la série, qui m'a tellement frustré que j'ai décidé de limiter la casse. Un seul bilan, donc, cette fois-ci, pour une série qui a réussi l'exploit de me détourner de quasiment tout le reste de l'univers Marvel/Netflix.

Jessica Jones, saison 1 :

Après avoir subi l'impensable aux mains de Kilgrave (David Tennant), un criminel capable de manipuler l'esprit d'autrui, Jessica Jones (Krysten Ritter), apprentie super-héroïne réticente, décide de jeter l'éponge, et s'installe à New York, traumatisée, où elle officie en tant que détective privée. Mais bien vite, alors même qu'elle se rapproche de Luke Cage (Mike Colter), un barman doué de pouvoirs surhumains, comme elle, Kilgrave refait surface, entraînant Jessica Jones à sa poursuite...

Seconde série Marvel/Netflix, adaptée du comic-book ALIAS réservé à un public averti, et de tout ce qui en a découlé, Jessica Jones était peut-être la série pour laquelle j'étais le plus optimiste, en théorie. Pas forcément parce que j'ai de l'attachement pour les personnages concernés (pas particulièrement, du moins), mais plus parce que la combinaison de la showrunneuse Melissa Rosenberg (autrefois sur Dexter, avant que la série ne sombre), de David Tennant en grand méchant, et de Krysten Ritter (qui ne correspondait PAS DU TOUT à ma vision du personnage, mais que j'appréciais néanmoins dans Don't Trust the B---- in Apartment 23) laissait présager de quelque chose de plus original et intéressant que Daredevil ou Luke Cage. Malheureusement, après cette première saison, force est de constater que j'ai probablement préféré la première saison de Daredevil, avec tous ses défauts... et de loin.

L'un des problèmes principaux, en fait, c'est que Daredevil, malgré tous ses défauts, s'efforçait tout de même de faire dans la série super-héroïque. Ici, avec Jessica Jones, Melissa Rosenberg a choisi (assez naturellement, vu le personnage) de faire dans le pseudo-noir, avec détective torturée qui narre ses enquêtes en voix-off, ville terne et grise, musique avec cuivres et guitare lancinante, et tout et tout. Et non seulement elle fait du pseudo-noir, mais elle fait du pseudo-noir (genre habituellement très codifié d'un point de vue masculin) détourné pour être placé sous une optique féminine.

C'est l'un des points mis en avant par la production et par la chaîne ("la première série super-héroïque sérieuse écrite par une femme, et centrée sur des personnages féminins"), c'est ce qui a valu à la série des torrents et des torrents de louanges critiques, et de commentaires en tous genres de la part de tous les blogs et autres sites féministes applaudissant le caractère supposément révolutionnaire de la série, et tout et tout. Et en théorie, pourquoi pas.

Ou du moins, pourquoi pas, si ces intentions et ce point de vue n'entraient pas en perpétuel conflit avec les aspects super-héroïques et polar noir du show : ces derniers finissent par sembler n'être qu'un simple habillage moins intéressant pour les scénaristes que la psychologie de Jessica, et ses rapports avec les autres personnages (principalement féminins).

Ainsi, une constante, dans cette première saison, c'est que le côté super-héroïque de la série est minimisé au possible (Jessica Jones n'exploite que très rarement sa force et ses pouvoirs, très vagues et nettement affaiblis par rapport aux comics ; et donc, à l'écran, elle paraît souvent visuellement assez chétive et peu intéressante ; Luke Cage a déjà un peu plus d'impact); et quand il est mis en images, c'est tout simplement bâclé, comme si cela n'intéressait pas du tout la production : les effets, les combats, tout paraît fait à l'arrache, mal cadré, improvisé en quelques minutes devant les caméras, bref, médiocre au possible, surtout en comparaison du travail effectué sur Daredevil.

Un problème encore renforcé par l'absence totale d'athlétisme de Ritter, qui semble mal à l'aise et maladroite dès qu'elle a la moindre scène d'action, et par le fait que les pouvoirs de Jessica sont affreusement aléatoires et mal gérés par la production : dans un épisode, elle peut passer des gens sans broncher au travers d' un mur, alors que dans un autre, Ritter peine à actionner le verrou d'un sas blindé...

On se dit alors qu'à la limite, si le côté super-héroïque de la série est raté, peut-être que c'est compensé par des enquêtes captivantes, histoire de justifier le côté polar... mais là aussi, ça tombe à plat. Déjà, parce que le show est tellement centré sur Kilgrave qu'il ne prend vraiment jamais le temps de montrer le quotidien de détective de Jessica. On la voit sur le terrain, on l'entend débiter des monologues en voix off (Ritter n'est pas très convaincante dans ce domaine, d'ailleurs), on la voit faire vaguement une filature (assez ratée, car mal filmée et ponctuée de one-liners inutiles), on nous dit qu'elle est une bonne détective, mais le peu de travail d'enquêtrice qu'elle mène est systématiquement ramené à Kilgrave, et honnêtement peu captivant (puisqu'on se doute bien que Kilgrave ne va pas tomber avant le dernier épisode de la saison). 

Mais un autre problème qui affecte le côté polar noir, c'est la personnalité de Jessica Jones. Oui, elle est torturée, traumatisée, elle souffre de PTSD, et toute la série n'est qu'une grosse étude de personnages gérant chacun un traumatisme (viol, manipulation, mort de l'être aimé, etc) et/ou une addiction (drogue, amour, pouvoir, etc) d'une manière différente ... sauf que le résultat, c'est qu'on se retrouve avec un personnage principal non seulement assez cliché (l'enquêteur sarcastique et coriace au passé traumatique, c'est un peu un classique de la littérature de genre, qu'il soit de sexe masculin ou féminin), mais aussi rapidement épuisant d'antipathie, de répliques sardoniques, d'attitudes hostiles, etc. Par moments, plutôt que d'avoir à l'écran une femme traumatisée par la vie et par un criminel odieux, on a presque l'impression d'une adolescente capricieuse et émo, qui boude et n'en fait qu'à sa tête.

Le traumatisme de Jessica finit d'ailleurs par prendre tellement le dessus sur les autres aspects du show qu'il les rend accessoires... ce qui aurait pu passer si l'interprète de Jessica avait les épaules suffisantes pour rendre son personnage un minimum attachant. Or le jeu renfrogné et régulièrement faiblard de Krysten Ritter (le pétage de plomb de Ritter, durant l'épisode 4, est tout simplement risible de non-jeu) fait qu'à aucun moment, je ne me suis vraiment intéressé à son sort. D'autant que l'écriture ne lui fait pas de cadeaux (son caractère, mais aussi ses décisions souvent idiotes, comme par exemple son plan final pour vaincre Kilgrave), et que toute la série est plus ou moins vue par son prisme.

Ce qui, forcément, a des conséquences directes sur le reste du show : puisque tout est vu au travers du prisme de Jessica et de son traumatisme, tout le reste passe au second plan pour les scénaristes, qui semblent parfois plus préoccupés par la portée de leurs messages sociaux que par l'idée de faire une série bien équilibrée.

Par exemple, on retombe ainsi dans les travers de certains scénaristes qui, fiers d'avoir un personnage principal féminin fort et affirmé, semblent refuser de l'accompagner de personnages masculins du même calibre, par peur qu'ils ne lui volent la vedette. Dans Jessica Jones, tous les personnages masculins sont ainsi soit faibles (le drogué, le voisin, etc), soit des antagonistes criminels à punir ; j'inclus aussi dans cette liste Will Simpson, alias "reverse-Captain America" (jusque dans son look), le flic qui se rapproche de Trish, puisque après une ébauche de développement, non seulement toute son expérience militaire est instantanément rejetée par Jessica, mais en plus, il bascule du côté obscur vers la fin de la saison (avant de disparaître).

Les deux seuls personnages masculins qui sortent du lot sont ainsi Kilgrave (David Tennant est formidable, et la seule raison pour laquelle j'ai tenu jusqu'au bout) et Luke Cage (absent de la moitié de la saison), des personnages qui, lorsqu'ils sont réduits à leurs caractéristiques de base, semblent tout droit sortis d'une mauvaise série romantique ou d'un roman de chick-lit : Kilgrave, l'ex plus âgé, sophistiqué, européen, au physique élancé et mince, mais au caractère manipulateur, et toujours obsédé par l'héroïne ; Luke, le nouveau, brut de décoffrage, issu de la rue, grand, musclé, un afro-américain fort, mais aussi doux et sensible (il a perdu un être cher), et qui comprend ce que Jones traverse parce qu'il est "comme elle".

Deux archétypes assez flagrants, qui n'existent presque qu'au travers de leurs rapports avec Jessica, et qui ne font que renforcer les problèmes de caractérisation du show (Mike Colter est sympathique, mais j'ai passé toute la série à me demander s'il était volontairement tout en retenue et en intériorisation, ou si on lui avait simplement dit de non-jouer... j'ai vraiment du mal à le voir en protagoniste principal d'une série, tant il était souvent inexistant ici).

Et au rayon des clichés, les femmes ne sont guère mieux loties, entre Hogarth la lipstick lesbian aux dents longues sortie des années 80 (un homme, dans le comic-book), la stage-mom manipulatrice et menteuse de Patsy, la voisine psychotique à la limite de l'inceste, et une autre prisonnière butch lesbian sortie d'Orange is the New Black, on navigue en plein dans les clichés à gogo. S'en sort néanmoins Patsy "Trish" Walker (à ma grande surprise, puisque le personnage m'importe peu dans les comics, et que Rachael Taylor ne m'a jamais fait forte impression), au parcours intéressant, et dans une moindre mesure, Hope, la victime de Kilgrave, qui ne se sort cependant jamais de ce rôle.

L'on pourrait arguer que "tout ça, c'est voulu, c'est pour renverser les clichés et les rapports de force des récits noirs habituels, dans lesquels le héros dur à cuire est toujours entouré de personnages masculins clichés, et de femmes faibles et/ou n'existant que par leurs relations amoureuses/sexuelles avec le héros". Mais cet argument ne tient pas pour une simple et bonne raison : un récit noir classique n'est pas supposé tenir le spectateur en haleine pendant près de 13 heures. Jessica Jones, si, malheureusement, et ça exige un développement des personnages plus rigoureux.

En somme, entre les personnages peu engageants (les personnages secondaires sont unanimement oubliables, que l'on parle du drogué, du voisin, de Hogarth, etc, voire insupportables - la voisine déglinguée), les acteurs pas forcément ultra-charismatiques ou bien choisis (comme je le disais, Ritter est franchement peu adaptée à ce rôle : assez monotone, pas assez physique, elle n'incarne pas Jessica Jones de manière convaincante, et semble souvent se demander ce qu'elle fait là), la photographie terne, la réalisation basique (voire assez laide dans certains de ses effets, en début de saison), la musique un peu risible (dans l'épisode 6, ce solo de guitare électrique façon Hollywood Night, splendide ! ^^), et l'écriture qui privilégie la description très détaillée d'un stress post-traumatique à des choses élémentaires comme de la tension, du rythme, ou du dynamisme, forcément, difficile pour moi de m'intéresser à Jessica Jones

Même des choses élémentaires comme le couple Jessica/Luke, pourtant essentiel au comic-book, ne fonctionnent que très peu à l'écran. Pas aidés par une dramatisation inutile de leur relation (la mort de la femme de Luke), Colter et Ritter n'ont pas grande alchimie (lorsque les scénaristes se sentent obligés de faire dire à Trish "mon dieu, c'est évident que vous avez une alchimie du tonnerre", alors qu'il n'y avait pas la moindre étincelle entre les deux acteurs dans la scène d'avant, c'est qu'il y a un vrai problème)... et leurs scènes de sexe sont, pour être totalement franc, à mourir de rire tant elles sont caricaturales et forcées dans leur auto-censure.

En résumé, hormis Tennant, qui cabotine totalement et parvient à faire de son Kilgrave un personnage à part entière, tour à tour sincère et psychopathe, menaçant et attachant, dans l'ensemble, Jessica Jones ne m'a pas convaincu. 

Pire, au fil de la saison, et à mesure que les scénaristes usaient et abusaient de grosses ficelles évidentes pour retarder au maximum la confrontation finale Kilgrave/Jones, j'ai commencé à perdre patience. En 8 épisodes, la série serait probablement mieux passée ; en 10 épisodes, ça aurait encore pu être regardable ; mais en 13 épisodes, avec une héroïne antipathique et amorphe, un script très très moyen, et des effets ratés, ça ne fonctionne pas.

À partir de l'épisode 10, notamment, alors que Kilgrave s'échappe une nouvelle fois grâce à l'intervention (à peine forcée) de Hogarth, que la voisine prend de plus en plus d'importance (jusqu'à assommer Jessica en un coup avec une poutre *facepalm*), que les coïncidences bien pratiques se multiplient, que les dialogues sont de plus en plus laborieux (...), tout commence à se déliter, à perdre cruellement le peu d'intérêt que la série avait encore... jusqu'à cette conclusion plate, à base d'écouteurs dans les oreilles (*soupir*) et de face à face quelconque sur un quai.

Et même l'insertion au tractopelle de Claire Temple (la Nick Fury du Marvel/Netflixverse !) n'aide pas à redonner de l'intérêt au tout, tant le personnage arrive comme un cheveu sur la soupe et fait de la figuration.

Bref.

Je ne vais pas me répéter : Jessica Jones, c'est (au mieux) médiocre au possible, nettement en dessous de Daredevil (je n'aurais jamais cru dire ça ^^), et ça a réussi à me couper l'envie de voir une éventuelle saison 2 (Ritter est hors-sujet), de voir Luke Cage (déjà que les critiques étaient assez mitigées, mais en plus Colter ne m'a pas du tout convaincu ; à la limite, j'aurais préféré une mini-série sur Hellcat), et probablement même de tenter Iron Fist (un peu le même problème de casting que pour Jessica Jones : un acteur principal qui semble hors-sujet).

Je finirai bien par m'intéresser à Daredevil saison 2 (pour le Punisher), ainsi qu'à The Defenders, la grosse série crossover, mais pour l'instant, Marvel/Netflix, c'en est fini pour moi. Merci, Jessica Jones !

(et je l'ai déjà dit, mais dans la catégorie "utilisation du genre super-héroïque pour raconter l'histoire d'une jeune femme peinant à se remettre d'un viol, et confrontée frontalement à son agresseur", Sweet/Vicious, de MTV, est nettement plus réussi, plus dynamique, et moins soporifique)

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Les bilans de Sygbab - Gilmore Girls - Une Nouvelle Année - Printemps (2016)

Publié le 11 Mars 2017 par Sygbab dans Télévision, Review, Critiques éclair, Romance, Comédie, Netflix, Les bilans de Sygbab, Gilmore Girls

Sygbab regarde (beaucoup) la tv, Sygbab écrit (parfois) des bilans : retrouvez-les sur le blog des Téléphages Anonymes !

Gilmore Girls - A Year in the Life 1x02 - Spring :

Comme pressenti, l'épisode est rythmé par la thérapie de Lorelai et sa mère, ce qui nous offre de longues scènes de silence avant qu'Emily revienne sur le ressentiment qu'elle a depuis toujours à propos du départ soudain de sa fille alors qu'elle était enceinte. Les séances sont parfois hallucinantes, et la pauvre psy qui s'occupe de leur cas est parfois désespérée d'être confrontée à ces deux phénomènes.

Le traitement est en accord avec la relation compliquée qui unit les deux femmes, qui même encore maintenant ne profitent pas de cette opportunité pour dissiper les malentendus en s'enfermant dans certains non-dits ou en ressassant le passé sans avancer. Cela s'inscrit dans la continuité de leurs difficultés à communiquer, c'est donc raccord avec ce qu'on sait des deux personnages.

Le parallèle établi entre Paris et Rory est lui aussi plutôt bien vu. Outre leurs interventions aux styles diamétralement opposés à Chilton - l'occasion de revoir le directeur, et de retourner sur un lieu qui a marqué les premières saisons -, Paris a totalement réussi sa vie professionnelle alors que Rory est complètement perdue. Au moins, ce qui avait été ébauché dans la saison 7 de la série originelle n'est pas oublié.

En revanche, leurs vies personnelles sont chaotiques. Entre une Paris en plein divorce avec Doyle et qui perd toute confiance en elle en apercevant brièvement Tristan et une Rory qui a un petit-ami qu'elle délaisse au profit d'un Logan fiancé, il n'y a pas de quoi se vanter.

Un peu moins de Stars Hollow, mais ça vaut tout de même le coup avec un conseil de ville dont l'ordre du jour concerne la gay pride avec un Taylor un peu dépité de devoir annuler car il n'y a pas assez d'homosexuels dans la ville, et le second court-métrage de Kirk qui est tout aussi barré que le premier.

On sent quand même la volonté de revenir aux sources, avec une multitude de références aux premières saisons, que ce soit en terme de dialogues ou au niveau des caméos (celui de Francie est très amusant, par exemple). Sans aller jusqu'à penser que c'est une façon d'expier certains choix des dernières saisons, il faut bien avouer qu'il n'y avait plus le même esprit.

Cette tentative de raviver la flamme est suffisamment intelligente pour que le tout reste crédible et que le téléspectateur puisse de nouveau se laisser emporter par la fraîcheur qui a toujours fait la force du show. La seule réserve concerne le retour de Rory dans la maison maternelle : cela souligne un peu trop la nécessité de relancer une dynamique entre les deux femmes.

L'essai n'est pas encore transformé, mais il est évident que cette mini-saison a été pensée à la fois pour faire plaisir à ceux qui ont suivi la série depuis ses débuts et pour faire évoluer les personnages. Pas forcément dans le bon sens, mais il y a une certaine cohérence.

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Les bilans de Lurdo : La Fête à la Maison - 20 ans après, saison 2 (2016)

Publié le 5 Mars 2017 par Lurdo dans Les bilans de Lurdo, Télévision, Comédie, Sitcom, Netflix, Review, Critiques éclair

La première saison de La Fête à la Maison - 20 ans après, diffusée sur Netflix en début d'année dernière, avait été (soyons francs) totalement démolie par les critiques à sa sortie (un peu comme l'est chaque film d'Adam Sandler produit par Netflix, justement). Comme je l'avais mentionné dans mon bilan de cette première saison, un tel accueil critique avait tout du lynchage médiatique, et était la conséquence d'une confluence de facteurs négatifs.

À commencer par un certain mépris évident des critiques américains pour le genre sitcom de studio : combien de critiques ai-je pu lire affirmant que Fuller House était bien la preuve que les sitcoms multi-caméras étaient un genre mort et enterré, qui n'avait aucun avenir... alors même que les plus grosses audiences tv, ces dernières années, ont toutes été faites par The Big Bang Theory, sur CBS ! Mais non, pour les critiques cyniques et raffinés, une sitcom multi-caméras part forcément avec un handicap : c'est ainsi que toutes les sitcoms de ce type diffusées sur TvLand se sont faites systématiquement démolir, et ainsi de suite.

Pas assez profond, pas assez raffiné, pas assez prestigieux : typiquement le genre de projet trop populaire pour entrer dans les bonnes grâces d'une certaine critique qui pourtant se prosterne devant tous les drames de la chaîne, y compris ceux qui ont des défauts particulièrement flagrants (les séries Marvel, Stranger Things, etc).

Ajoutez à cela le problème du revival de La Fête à la Maison, une série qui n'a jamais été appréciée par la critique, et qui aujourd'hui, est regardée avec une certaine ironie et un certain cynisme moqueur, typique de la génération internet : les années 80/90, c'est amusant et nostalgique, mais uniquement si on peut s'en moquer allègrement.

Or Fuller House refuse de céder au cynisme, et reste toujours relativement premier degré. Ce qui ne veut pas dire que la série refuse les clins d'oeil ou le fanservice aux années 80/90... mais elle le fait avec une nostalgie sincère, ce qui est assez rédhibitoire pour bon nombre de spectateurs et critiques modernes.

Bref, les critiques détestent la saison 1 de La Fête à la Maison - 20 ans après (une saison 1 pourtant très fidèle à ce qu'était la série originelle, dans ce que ça avait de bon et de mauvais), Netflix s'en moque allègrement, et commande une seconde saison, diffusée début décembre dernier.

La Fête à la Maison - 20 ans après (Fuller House), saison 2 :

À l'instar de la saison 1 de la série, la saison 2 marche donc dans des sentiers bien battus, sans rien leur apporter de vraiment très neuf. Chaque personnage/couple a droit à quelques développements plus ou moins pertinents et intéressants, les anciens font quelques apparitions le temps d'un épisode ou deux, et dans l'ensemble, on est à nouveau dans de la sitcom nostalgique middle-of-the-road, jamais particulièrement bonne, mais jamais non plus particulièrement mauvaise.

# Une grosse partie de la saison est centrée autour de TJ, et de sa vie amoureuse compliquée. Pas de chance, c'est aussi la partie la moins intéressante du lot, malgré l'énergie et la bonne volonté de Candace Cameron-Bure.

# Les enfants, eux aussi, ont droit à une grosse part de l'attention générale. Les plus âgés, ça passe, même si ça frôle régulièrement les D-coms de chez Disney ; le bébé a des réactions adorables ; et le petit Max, lui, malheureusement, en fait toujours un peu trop (et a tendance à confondre "interpréter" et "crier"). Cela dit, sa relation avec la fille de CJ, bien qu'ultra-forcée (et bien que le jeune acteur, depuis le début du show, ait tendance à... flamboyer), fonctionne étrangement bien. Assez mitigé, néanmoins, sur l'ensemble.

# Steph tente de se lancer dans une carrière musicale (assez moyen, mais l'occasion de revoir Marla Sokoloff le temps d'un épisode), et finit par trouver l'amour dans les bras du frère de Kimmy Gibbler, un clone de Kelso du 70s show, en à peu près aussi intelligent. Le couple est amusant, fonctionne, mais Steph - qui était l'actrice/le personnage le plus intéressant du show en s1 - a tendance à passer au second plan sur la fin de saison.

# Les Gibbler restent égaux à eux-mêmes, toujours excentriques, toujours débiles, mais un peu moins envahissants qu'avant, voire même, oserais-je le dire, plus développés et humains.

# L'accent est un peu trop souvent mis sur la danse/la chanson/etc, bref, sur les talents secondaires des actrices. J'ai bien conscience que ça permet de meubler un peu, mais bon.

# Les "anciens" de la série originale ont des destins un peu plus inégaux : la famille de Joey est insupportable (et donc tout à fait appropriée pour lui) ; Jesse et Becky adoptent un petit bébé (une sous-intrigue pas très développée) ; Danny ne sert à rien ; néanmoins, la confrontation finale du trio masculin était assez sympathique, et tout à fait dans l'esprit de la série.

# L'absence de Michelle (les soeurs Olsen refusent toujours de revenir) ne se fait quasiment pas ressentir.

Bref, une saison 2 plus homogène que la première, principalement parce qu'elle joue nettement moins la carte du fanservice nostalgique, et qu'elle a intégré son passé pour pouvoir aller de l'avant, et développer quelque chose de plus cohérent et spontané.

Et comme en plus, l'humour est plus mesuré et moins caricatural, le tout passe mieux.

Mais... ça reste de la sitcom multi-cam tournée en public, typée années 80/90, et avec une distribution qui est presque trop importante pour son propre bien. Ça n'est pas de la télévision prestigieuse, ça n'est pas le dessus du panier dans le genre, mais ça n'en a pas non plus la prétention.

Fuller House, c'est du comfort food télévisuel qui a conscience d'en être, et qui, au moins, fait un petit effort pour se moderniser, et partir dans des direction plus progressistes.

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Les bilans de Sygbab - Gilmore Girls - Une Nouvelle Année - Hiver (2016)

Publié le 4 Mars 2017 par Sygbab dans Télévision, Review, Critiques éclair, Romance, Comédie, Netflix, Les bilans de Sygbab, Gilmore Girls

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Gilmore Girls - A Year in the Life 1x01 - Winter :

Le premier constat que l'on peut faire est le suivant : malgré les années qui sont gravées sur le visage et dans la chair des acteurs, l'alchimie entre les personnages fonctionne toujours à merveille. L'ambiance est exactement la même, et la magie de Stars Hollow est bien présente, à plus forte raison sous la neige. La première scène nous replonge tout de suite dans le bain, avec des retrouvailles entre Lorelai et Rory marquées par des dialogues toujours aussi incisifs, et débités à toute vitesse.

Il y a un double niveau de lecture puisqu'il s'agit également de retrouvailles avec les téléspectateurs, après de longues années d'absence. La discussion qui s'instaure entre les deux femmes est une bonne occasion de faire un point sur ce qui se passe dans leur vie, et de remplir les blancs entre la fin de la série originelle et le début de celle-ci.

Tous les ingrédients sont réunis pour donner l'impression que nous n'avons jamais quitté cet environnement si familier : les lieux sont intacts, Taylor et Luke sont en désaccord, Kirk essaie encore de monter un nouveau business, Paris est toujours aussi franche et directe et se moque de l'inconfort qu'elle provoque chez les autres. La situation de cette dernière a en revanche évolué, et la voie qu'elle a prise est un peu étrange par rapport aux ambitions qu'elle avait. Mais cela n'est pas non plus en décalage complet avec son côté assez radical, et sa nouvelle activité est bien commode pour que Luke et Lorelai la sollicitent sur les solutions possibles pour avoir un enfant à leur âge. Une idée qui rend d'ailleurs assez perplexe, et qui semble avoir été évoquée pour la forme, sans réelle volonté de creuser un sujet délicat.

Bien entendu, la relation entre Emily et sa fille est au centre des débats, puisque Lorelai a trouvé le moyen de fâcher sa mère lors des funérailles de son père. Il faut dire que les anecdotes qu'elle raconte pendant la veillée funèbre ne sont pas vraiment les plus adaptées... Mais cette façon de rire des évènements les plus sérieux - tout comme la conversation tournant autour du portrait de Richard, qu'il va falloir s'habituer à ne plus voir - est une composante essentielle de la série, ainsi que la marque de fabrique d'Amy Sherman-Palladino.

Le flashback relatant cette soirée est d'ailleurs amené intelligemment, et c'était sympathique de voir Jason apparaître ne serait-ce que quelques instants. Dans la liste des moments cocasses, il faut aussi compter la participation de Kirk à un dîner avec les Gilmore : ça n'avait jamais été fait, et c'est juste génial. Les réactions d'Emily sont à la mesure des sentiments que provoque ce curieux individu.

Le running-gag autour de Paul, le petit-ami de Rory, est appréciable également. Il semble pourtant qu'elle ait décidé d'avoir une liaison avec Logan sans que personne ne soit au courant, ce qui n'est pas forcément la moins bonne option : vu leur relation agitée, il vaut mieux ne pas s'engager avec lui.

Cela d'autant plus que la vie professionnelle de la jeune femme a l'air d'être tout aussi confuse que sa vie amoureuse. Elle a beau avoir écrit des articles fièrement arborés par Luke sur ses menus, son style de vie nomade semble indiquer qu'elle n'a pas autant de succès qu'elle le souhaiterait.

Sur un plan plus formel, le format "téléfilm" offre un peu plus de liberté au niveau de la réalisation. Il n'y a rien de révolutionnaire mais on a quand même le droit à des prises de vue sous de nouveaux angles, que ce soit dans la maison de Lorelai ou autour du square de Stars Hollow, par exemple. Quant à l'écriture, c'est un festival de références aux univers cinématographiques et télévisuels. De Lord of the Rings à Buffy en passant par The Sopranos, ça fuse dans tous les sens.

La conclusion de l'épisode avec cette future thérapie conjointe entre Emily et Lorelai, qui a été abusée bien trop facilement, est très intéressante.

Quoi qu'il en soit, c'est une reprise tout à fait convaincante après tant d'années.

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Les bilans de Lurdo - Santa Clarita Diet, saison 1 (2017)

Publié le 12 Février 2017 par Lurdo dans Critiques éclair, Télévision, Review, Les bilans de Lurdo, Comédie, Netflix, Sitcom, Horreur

Après avoir volontairement laissé dans le flou la véritable nature de cette comédie mettant en vedette Drew Barrymore, Netflix a fini par lever le voile, il y a peu, en publiant l'affiche ci-dessous : une affiche parodie des publicités pour régimes qui pullulent dans les magazines féminins, avec pour seule différence la véritable nature de ce régime Santa Clarita - des morceaux humains empilés dans le cocktail que boit Drew. CQFD : Santa Clarita Diet est donc une comédie horrifique, à mi chemin entre iZombie et Weeds, un ajout inattendu au catalogue du diffuseur...

Santa Clarita Diet, saison 1 :

Couple d'agents immobiliers californiens, Sheila (Drew Barrymore) et Joel Hammond (Timothy Olyphant) ont une fille adolescente, Abby (Liv Hewson), et, ensemble, ils vivent une vie banlieusarde particulièrement routinière et balisée. Jusqu'au jour où Sheila contracte une maladie mystérieuse, qui la désinhibe totalement, mais la force à manger de la chair humaine. Désormais morte-vivante, Sheila doit s'habituer à cette nouvelle existence, une existence qui, étrangement, redonne un second souffle à sa famille : contraints de se serrer les coudes pour faire face à ce problème, les Hammond décident de se mettre à chercher des victimes potentielles pour Sheila parmi les criminels de la région. Plus facile à dire qu'à faire, surtout avec Dan (Ricardo Chavira), leur voisin fouineur, membre des forces de l'ordre, et qui tente de les faire chanter... 

Sitcom single cam Netflix, écrite et pilotée par Victor Fresco (Better Off Ted, Le Monde Merveilleux d'Andy Richter, Earl), et qui s'inscrit totalement dans la lignée de ce que Showtime pouvait faire dans le genre à une certaine époque (Weeds, par exemple), avec une touche de folie et de décalage en plus, et le drama premier degré en moins.

Et c'est peut-être à la fois la grande qualité et le défaut de ce Santa Clarita Diet : le second degré absurde du show, cette réalité où tout le monde est un peu caricatural, un peu déjanté, et pas forcément très finaud, un peu comme dans My Name is Earl.

C'est une qualité, car ça permet de rendre ces 10 épisodes de 25 minutes plutôt regardables et sympathiques, avec des moments improbables, des guests inattendus (Nathan Fillion, Andy Richter, Patton Oswald, Ryan Hansen, Thomas Lennon, Portia DeRossi, Natalie Morales), des seconds rôles excentriques, ainsi que du gore généreux... le tout sans toutefois éclipser totalement, derrière ces aspects grand-guignolesques, un propos sur les liens indestructibles d'un couple qui s'aime, et est prêt à tout l'un pour l'autre, même au pire.

Et défaut, parce que le tout est tellement outrancier, tellement improbable, les acteurs (Barrymore et Olyphant en tête) prennent tellement le tout à la rigolade (ils se donnent complètement à leurs rôles, mais sont clairement et régulièrement en surjeu, quand ils n'ont tout simplement pas un sourire goguenard sur les lèvres dans les scènes les plus délirantes), qu'au final, il est difficile de vraiment prendre tout ça au sérieux, de vraiment s'attacher à ces personnages, bref, on regarde le tout avec une certaine distance, et on finit par s'apercevoir que la série, en fin de compte, tourne un peu à vide.

Parce qu'après tout, cette satire de la vie de banlieue US, soporifique et formatée, a déjà été faite et refaite à la tv : pas grande originalité sur ce plan là. Sur le plan de l'horreur, le show rappelle aussi un iZombie débarrassé de son sérieux et de son aspect procédural, donc rien de neuf non plus de ce côté (d'ailleurs, le semblant de mythologie, ou la promesse d'une épidémie par contagion, sont rapidement étouffés dans l'oeuf). Et comme le relationnel de cette famille est là encore plutôt convenu (les parents enfermés dans le carcan sociétal, la fille rebelle et sarcastique, etc), au final, ne reste que l'humour et le gore.

Ce qui est déjà pas mal, et suffira sans nul doute à plein de spectateurs ; mais dans l'absolu, Santa Clarita Diet se résume à une digression amusante, qui commence bien, ronronne un peu en milieu de saison, et se finit par un cliffhanger assez plat : en somme, une série amusante, sans plus, et qui paradoxalement manque un peu de mordant et de tripes.

Distrayant, sympathique, mais pas particulièrement mémorable ou exceptionnel.

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Les bilans de Lurdo - Les Désastreuses Aventures des Orphelins Baudelaire, saison 1 (2017)

Publié le 5 Février 2017 par Lurdo dans Critiques éclair, Télévision, Les bilans de Lurdo, Netflix, Review, Jeunesse, Drame

Les Désastreuses Aventures des Orphelins Baudelaire (Lemony Snicket's A Series of Unfortunate Events) :

À la mort mystérieuse de leurs parents dans un incendie criminel, l'inventive Violet Baudelaire (Malina Weissman), l'intelligent Klaus (Louis Hynes), son frère, et leur petite soeur Sunny (Presley Smith) aux dents indestructibles, sont confiés par Mr Poe (K. Todd Freeman), exécuteur testamentaire, à la bonne garde du Comte Olaf (Neil Patrick Harris), supposément un parent éloigné. Mais rapidement, il apparaît qu'Olaf est un criminel de la pire espèce, prêt à tout pour faire main basse sur la fortune Baudelaire...

Les Désastreuses Aventures des Orphelins Baudelaire, sorti en salles de cinéma en 2004, était un film plutôt réussi et sous-estimé, qui n'a pas connu un énorme succès en salles, malgré un Oscar pour ses maquillages, et plusieurs autres nominations.

Pourtant, il avait beaucoup pour plaire : un réalisateur à la vision affirmée (Brad Silberling, réalisateur de Casper), un ton original et corrosif (tout droit tiré des romans), une direction artistique somptueuse (signée Rich Heinrichs et Coleen Atwood, habitués de Tim Burton), un Jim Carrey mémorable en Comte Olaf (un acteur personnellement courtisé par Daniel Handler, l'auteur des romans), et dans l'ensemble, une distribution très réussie.

Apparemment, cependant, à en croire les innombrables avis qui ont pullulé en ligne à l'occasion de l'annonce et de la diffusion de cette série Netflix, le film de 2004 était médiocre et inintéressant, une adaptation ratée, bordélique, avec un Jim Carrey trop cabotin et comique pour son rôle, et de manière générale, la version 2004 méritait son échec au box-office

Il est toujours "amusant" de voir les avis "des masses populaires du web" évoluer ainsi en fonction des modes et des générations (la franchise Star Trek souffre des mêmes maux), d'autant que le film avait, à l'époque, été plutôt bien reçu ; il est donc difficile de ne pas y voir un mouvement de foule un peu hypocrite, motivé par le fait que cette fois-ci, la série Baudelaire est un projet plus "prestigieux", étant dirigé/showrunné par Barry Sonnenfeld (La Famille Addams), co-écrit par Daniel Handler, co-produit par Neil Patrick Harris (qui joue aussi Olaf et chante le générique), et diffusé sur Netflix (qui malgré tous les défauts de ses productions, semble toujours bénéficier d'un totem d'immunité inexplicable).

Un duo Sonnenfeld/Handler qui était déjà à l'origine du film de 2004, avant un départ suite à des problèmes de budget, et qui, dans l'esprit des fans, allait pouvoir se venger de cet affront en produisant une série nettement plus fidèle aux romans que le film (qui condensait les trois premiers livres en 110 minutes, contre 8 épisodes ici, couvrant les quatre premiers livres). Du moins, ça, c'était en théorie. Parce qu'en pratique... 

Saison 1 :

En pratique, cette version télévisée de Baudelaire ressemble (du moins, pour ses 6 premiers épisodes) à un portage télévisé du film, portage assez réussi au niveau de la production, mais finalement assez inutile.

La direction artistique est très similaire (avec en prime une petite touche colorée de Pushing Daisies, la série de Bryan Fuller produite par Sonnenfeld), le ton est globalement identique, l'adaptation des romans aussi fidèle, et, peut-être plus gênant, plutôt que d'incarner un Comte Olaf plus sombre et menaçant (comme l'espérait le web), Neil Patrick Harris cabotine tout autant que Jim Carrey, tout en donnant constamment l'impression de faire un cosplay du Comte Olaf de Carrey.

(assez moyen, le cosplay, d'ailleurs, puisque la perruque de NPH déséquilibre sa silhouette en lui faisant une grosse tête disproportionnée, alors que le Olaf de Carrey avait une silhouette toute en longueur et menaçante)

C'est vraiment un problème récurrent de la série : l'impression d'assister à une sorte d'adaptation télévisée du film, une sorte de remake/suite, aux rôles principaux recastés au plus près, et sans réelle plus-value.

Alors certes, il y a bien des sous-intrigues secondaires centrées sur la société secrète VFD, et sur Will Arnett/Cobie Smulders (que l'on tente un temps de nous faire passer pour le Père/la Mère Baudelaire, une feinte qui ne fonctionne pas vraiment, même si c'est assez amusant que Cobie soit créditée en tant que "Mother") ; il y a bien un Lemony Snicket nettement plus présent que dans le film, et intégré de manière originale au récit et à l'écran ; et il y a bien quelques digressions rajoutées spécialement pour étoffer la série et les épisodes.

Mais tout cela participe à un autre problème récurrent de cette série : son rythme défaillant. Malgré ses huit épisodes à peine, Baudelaire est en effet atteinte du syndrome Netflix : tout est trop long, les romans (assez courts) sont délayés en deux parties pouvant aller de 38 à 65 minutes, la narration de Snicket finit par être saoulante et redondante (tout comme les gags à base de définition de tel ou tel mot, ou de répétition par les personnages de ce que vient de dire le narrateur, gags qui deviennent systématiques et répétitifs de par la manière dont ils sont intégrés au script), bref, ça manque cruellement de dynamisme et de rythme (à contrario de Pushing Daisies, qui avait la touche de folie et l'énergie de Fuller pour faire fonctionner son univers décalé).

Et comme les six premiers épisodes ne sont qu'une redite du film, difficile de ne pas commencer à s'ennuyer au bout d'un moment.

D'autant que le ton très particulier de l'ensemble est assez fluctuant et inabouti : on sent que la série tente de trouver un juste équilibre entre pseudo-macabre mélancolique et satire décalée, entre humour littéraire et narratif et pastiche des récits victoriens, entre détails subtils et gags répétés ad nauseum... mais l'équilibre n'est pas vraiment là, et le show oscille constamment entre les deux extrêmes, sans jamais trouver comment parvenir à les fusionner de manière satisfaisante (ce qui ramène au problème de rythme récurrent de la série). Mention spéciale aux vannes ponctuelles faisant référence à Uber ou au mode de streaming de la série, vannes qui seront clairement dépassées dans 5 ans, incompréhensibles dans 10 ans, et qui jurent particulièrement avec l'univers intemporel du show.

Au niveau de la distribution, pas grand chose à dire : les acteurs sont bien choisis, même si tout le monde a tendance à se mettre au diapason de Neil Patrick Harris, pour cabotiner allègrement, quitte à faire passer tous ces adultes pour des bouffons (ce qui est un peu le but, quelque part). Tout le monde... sauf les orphelins Baudelaire.

Malheureusement, le trio est tellement terne et en retrait qu'il se fait totalement éclipser par tout ce qui l'entoure, que ce soit la direction artistique ou le jeu des autres personnages (notamment l'entourage d'Olaf, ici plus développé) ; un peu regrettable, d'autant que l'interprète de Klaus est un peu transparent (le personnage n'est pas des plus faciles à mettre en valeur, cela dit), et que Sunny est (pour être gentil) assez ratée : contrairement à la Sunny du film, la fillette est ici beaucoup plus jeune, et par conséquent, nettement moins réactive.

Les 3/4 du temps, lorsqu'elle n'est pas remplacée par un poupon inanimé dans les bras de Violet, ou intégrée numériquement dans les plans pour espérer avoir une réaction utilisable, la fillette reste totalement indifférente à ce qui l'entoure, et son babillage numérique ne fonctionne pas vraiment à l'écran.

En résumé, Baudelaire ne bénéficie pas du tout du binge watching popularisé par Netflix : longs et bavards, les épisodes souffrent aussi du caractère répétitif des romans, qui est d'autant plus souligné par ce format Netflix. Et les faiblesses de rythme se répercutent directement sur l'écriture, à tous les niveaux : humour inégal d'un scénariste à l'autre, déséquilibre entre premier et second degré, personnages principaux éclipsés par toute la folie qui les entoure, menace trop diluée pour être efficace, etc...

En fait, en regardant la série, plus encore qu'en lisant les ouvrages, on a par moments presque l'impression d'un auteur (et ici, d'une équipe composée de Daniel Handler et de trois scénaristes débutants) ayant trouvé un gimmick d'humour littéraire, et l'appliquant systématiquement à chaque épisode et à chaque scène, ce qui en atténue à chaque utilisation l'impact et l'efficacité : vers la fin de la saison, je commençais vraiment à en avoir assez de ces répétitions et explications incessantes, de ces effets de style mécaniques et de ces dialogues à rallonge, alors même que le script faisait par ailleurs du surplace.

Et malgré l'accueil unanimement positif des critiques, qui se sont empressés de proclamer la supériorité indubitable de la série sur le film... je ne peux m'empêcher de penser que si les deux oeuvres partagent 90% de leur ADN, les 10% restant sont à l'avantage du long-métrage : Olaf y reste plus menaçant (Carrey est naturellement plus inquiétant que NPH, désolé), péripéties plus rythmées, musique plus mémorable (quoique le générique d'ouverture du show est assez mémorable, un peu comme l'était la chanson du petit Elfe dans le film), effets spéciaux forcément plus convaincants (la maison qui se casse en deux, au secours), rendu forcément moins factice et artificiel... et surtout, script écrit par un véritable scénariste (le scénariste de Galaxy Quest !!!). 

Et je ne peux que me demander quel est le public visé par cette saison 1 : les enfants s'ennuieront probablement, les fans du film risquent de trouver le tout redondant, les binge watchers de trouver le show répétitif et mou, le grand public risque de rester à la porte d'un mélange inégal de tons et de genres... ne reste alors que les fans hardcore des livres, qui forment, sans surprise, l'essentiel des critiques dithyrambiques de ce show. 

Personnellement, me trouvant au croisement de plusieurs de ces catégories, je dois dire que le visionnage de la première saison des Orphelins Baudelaire a été bien moins enthousiasmant que ce à quoi je m'attendais : j'ai lu les livres, j'apprécie le film, j'aime l'univers, mais je suis resté assez déçu par l'adaptation de Sonnenfeld, qui tombe plus souvent à plat qu'elle ne fonctionne. Cela dit, ce n'est pas mauvais, en soi, c'est très bien produit, et je me demande comment j'aurais réagi si j'avais découvert cet univers plus jeune, sans avoir lu les premiers romans ni vu le film (à en juger par les réactions très dubitatives dans mon entourage, le charme n'opère pas forcément sur ce type de public). 

D'ailleurs, il est assez parlant de voir que les deux derniers épisodes de la saison permettent enfin à Baudelaire de s'écarter un peu de l'ombre du métrage, pour aborder de l'inédit. Bon, là aussi, c'est toujours très mal rythmé, trop bavard, et pas toujours très pertinent (la chanson de fin totalement WTF, qui transforme subitement le show en comédie musicale), mais cela permet de sortir un peu des sentiers battus (l'arrivée de Catherine O'Hara en ex du Comte Olaf y fait pour beaucoup dans ce regain d'intérêt, en changeant un peu la dynamique de la série et de ses personnages), et je reste tout de même curieux de voir ce que la saison 2 pourra donner, libérée de cet héritage filmique encombrant, et ayant de nouveaux protagonistes avec lesquels jouer. 

En espérant que la production apprenne de ses erreurs... mais vu que les critiques américains ne trouvent que des qualités à ce Baudelaire, j'en doute.

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Les bilans de Lurdo : Daredevil, saison 1 (2015) - suite et fin

Publié le 29 Janvier 2017 par Lurdo dans Critiques éclair, Les bilans de Lurdo, Télévision, Action, Marvel, Netflix, Review

Le week-end dernier, je faisais un premier bilan partiel de cette première saison de Daredevil. Une première saison avec des points positifs, des points négatifs, et des "entre-deux", mais qui m'avait laissé, en fin compte, particulièrement mitigé : problèmes de rythme, de remplissage, et un très évident manque de rythme et d'énergie.

Après avoir terminé cette saison, me voilà confronté au problème du bilan saisonnier plus complet : en effet, après avoir regardé les sept épisodes restants, je suis bien obligé de constater que, malheureusement, ces derniers ne font que renforcer les défauts récurrents de ce Daredevil, tout en affaiblissant d'autant plus ses qualités.

Daredevil, saison 1 - épisodes 07 à 13 :

Mais reprenons la liste de la semaine dernière. 

# À commencer par les points positifs : la fidélité et le respect de l'adaptation, Wilson Fisk, Claire Temple et sa relation avec Murdock, l'interprétation, et la réalisation. 

- Là, premier problème : Claire Temple disparaît quasi-totalement de la seconde moitié de saison, et avec elle, le charisme et le capital-sympathique que Rosario Dawson apportait au show. 

- Autre problème : Wilson Fisk. Si le charisme de D'Onofrio assure toujours le minimum syndical, des failles certaines apparaissent dans son jeu : trop émotif, ce Wilson Fisk n'est jamais vraiment aussi menaçant qu'il devrait l'être (on frôle cette menace dans le tout dernier épisode, juste avant qu'il ne se fasse rétamer par Daredevil), et la diction très particulière adoptée par D'Onofrio rend ses monologues et ses tirades parfois redondantes et sur-écrites (et je ne parle même pas de son accent "j'ai appris mon texte phonétiquement, syllabe par syllabe" lorsqu'il parle mandarin ou japonais).

Sans oublier un défaut intrinsèque du personnage tel que porté à l'écran : c'est un bourrin qui a du mal à contenir sa rage, point. À comparer avec le boss de la pègre calculateur et sur-entrainé du comic-book, qui cache derrière sa corpulence un corps tout en muscle et en puissance, et qui démolit une demi-douzaine de ninjas au petit déjeuner pour se mettre en forme. 

- Troisième point positif qui s'évapore, la réalisation. Ça tente bien des choses, de temps en temps, mais ça se plante beaucoup plus souvent que ça ne fonctionne. Je pense notamment à Matt Murdock qui fait du parkour sur les toits pour suivre une automobile en contrebas : sur le papier, pourquoi pas, mais dans les faits, bof, surtout mis en images sur de la musique classique.

Et quand Steven S. DeKnight, showrunner et scénariste, décide de passer à la réalisation pour le grand final, on se retrouve avec quelque chose d'un peu maladroit (le montage de l'arrestation des mafieux sur fond de Nessun Dorma) voire de médiocre (l'affrontement final, et la mise en images du costume).

- La fidélité, le respect de l'adaptation, l'interprétation, pas de grand changement dans cette demi-saison ; j'ai bien aimé l'ajout de quelques détails, comme la mamie asiatique qui repousse Daredevil à l'autre bout de la pièce d'un simple coup, et qui vient "de beaucoup plus loin" que l'Asie (K'un-Lun ?).

# Les points mitigés, maintenant : Foggy et Karen, Matt Murdock, le costume, les combats.

- Rien à signaler sur Foggy et Karen : leurs sous-intrigues, nécessaires, sont toujours assez quelconques, pas forcément très passionnantes, et Karen/Matt est une relation potentielle qui ne m'intéresse toujours pas du tout. Mais je dois bien avouer que le trio Foggy/Karen/Matt fonctionne très très bien, car les trois acteurs ont une excellente alchimie.

- Matt Murdock/Charlie Cox : pas de changement non plus sur ce front. Autant j'aime bien son alchimie avec les autres acteurs (et en soi, Cox est quelqu'un de sympathique), autant il n'est pas du tout imposant en Daredevil... d'autant que son Daredevil est constamment essoufflé (même lors d'un effort minime), constamment en position de faiblesse, et il se fait constamment démolir, avant de gagner in extremis. 

- Le costume : alors là, pas de chance, le costume finale de Daredevil est assez réussi... sauf le masque, à l'expression renfrognée/boudeuse pas vraiment convaincante. Décidément, Murdock n'a pas de chance avec les masques.

- Quand aux combats, ils se font plus rares en seconde saison, puisque Matt passe un bon moment à se faire démolir et à se remettre. Le combat contre Nobu le ninja est assez réussi ; celui contre Fisk, nettement moins (Daredevil fait des pirouettes inutiles dans tous les sens, Fisk se contente de cogner), et il se termine par un mouvement assez risible qui achève de le rendre décevant ; celui contre Stick souffre d'un abus de doublures évidentes.

# Et enfin les points négatifs : le rythme, les sous-intrigues à gogo, le côté procédural, la musique, l'écriture, et la photographie sombre.

Malheureusement, pas de réelle évolution au programme, en fait : le rythme est toujours ultra délayé (en 13 épisodes de 50/55 minutes, on raconte un Daredevil/Fisk Begins qui aurait pu être résumé à quatre ou cinq épisodes, sans aucun problème) ; les sous-intrigues sont toujours là (Ben Urich... arg), plombées par une écriture particulièrement agaçante et évidente (les discussions théologiques pataudes pour arriver au concept de Daredevil ; la trahison télégraphiée de Leland, que seul un aveugle n'avait pas vue venir ; l'origin story convenue de Fisk ; le combat inutile contre le tailleur simplet qui devient un allié), surtout quand DeKnight s'en charge ; la musique est toujours aussi insipide, sauf sur le dernier épisode, quand elle décide soudain de basculer en mode "super-héros nolanien" ; bref, dans l'ensemble, les points négatifs restent les mêmes, et même si la série tente enfin d'assumer son côté super-héroïque dans son dernier épisode, ça n'empêche pas qu'elle retombe dans ses mêmes travers le reste du temps.

Bref, cette seconde demi-saison a achevé de confirmer mes impressions sur la saison 1 de Daredevil : peu de vraies qualités franches et indiscutables, et beaucoup d'impressions mitigées pour cette adaptation "réaliste" (dans le sens nolanien du terme) de Daredevil, très très moyenne en fin de compte.

Le vrai problème étant l'écriture, tout simplement inutilement bavarde, et qui amène, en conséquence, un rythme particulièrement mollasson, et énormément de meublage. Difficile d'y changer grand chose, à vrai dire, tant cela est inhérent au choix initial de développer une origin story sur plus de dix heures de métrage : forcément, ça ne pouvait que peiner à tenir la distance.

D'autant plus frustrant que, lorsque la série se décide enfin à avancer, généralement, ça fonctionne : les rebondissements ponctuels sont intéressants, et la fin a une jolie montée en tension, avec un début d'ampleur comic-book. Les défauts du show le rattrapent cependant trop facilement, et malgré tous mes efforts, je ne vois pas Daredevil lorsque je vois Charlie Cox, désolé.

Mes attentes pour la saison 2 : DeKnight n'est plus là, à priori, donc j'espère une écriture plus rigoureuse et rythmée, et un show qui assume enfin son côté comic-book (notamment au niveau du Punisher).

Bon, malheureusement, ça risque bien d'aller de pair avec l'arrivée officielle de The Hand, et de toujours plus de ninjas, et ça... pour parler franchement et crûment, je m'en fous un peu. Black Sky, Nobu, The Hand, les ninjas, ça me laisse de marbre (et c'est aussi pour cela que je n'ai jamais été particulièrement passionné par Daredevil, ou par les segments de l'histoire de Wolverine se déroulant en Asie).

En attendant, il ne me reste plus qu'à enchaîner avec Jessica Jones...

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Les bilans de Lurdo : Daredevil, saison 1 (2015) - première partie

Publié le 22 Janvier 2017 par Lurdo dans Critiques éclair, Les bilans de Lurdo, Télévision, Action, Marvel, Netflix

Après avoir jeté l'éponge face au Marvel's Agents of SHIELD d'ABC juste à temps pour ne pas succomber au syndrome de Stockholm que ressentent souvent les spectateurs de séries médiocres ("mais si, ça s'améliore considérablement au bout de la x-ième saison, et de toute façon, je ne vais pas m'arrêter maintenant, je me suis attaché à tous les personnages"), j'ai tout de même décidé de tenter de combler le vide laissé dans ma téléphagie par l'univers télévisuel Marvel made in Netflix.

Car si, jusqu'à présent, je n'avais jamais franchi le pas du microcosme Marvel/Netflix, ce n'était pas sans raisons : a) le manque total de continuité cinéma/tv ne m'incitait pas à m'y intéresser, b) les personnages sont tout sauf au nombre de mes favoris de l'écurie Marvel (à la base, je n'ai absolument aucun intérêt pour les personnages de Daredevil, de Luke Cage, ou de Jessica Jones, ainsi que pour tout ce qui se déroule à Hell's Kitchen), c) les retours critiques de personnes de confiance étaient au mieux mitigés, notamment à cause des défauts récurrents de rythme de toutes les séries Netflix, et d) les histoires de pègre et de crime organisé, et le côté réalisme dark & gritty ne m'intéressent généralement pas en matière de super-héros (sauf si l'on parle de personnages bien précis comme le Punisher... et encore !).

Mais bon, il faut bien se jeter à l'eau un jour ou l'autre... dont acte.

Daredevil, saison 1 - épisodes 01 à 06 :

Depuis qu'il perdu la vue, enfant, dans un accident, Matt Murdock (Charlie Cox) mène une double vie : le jour, il est avocat aux côtés de son ami Foggy Nelson (Elden Henson), et la nuit, il est Daredevil, un justicier vengeur aux capacités surhumaines, qui tente de rétablir l'ordre dans les rues de Hell's Kitchen, à New York...

Mouais. Je crois que c'est le terme qui qualifie le mieux mon avis, pour le moment. "Mouais".

Les plus : 

- La fidélité et le respect de l'adaptation : Daredevil, showrunné par Steven S. DeKnight, est un travail fait dans le respect de l'oeuvre originale, notamment dans la représentation des pouvoirs de Daredevil (j'aurais aimé plus d'écholocation à l'écran, mais bon). Toutes les adaptations ne peuvent pas en dire autant.

- Wilson Fisk : D'Onofrio en impose par son charisme, et l'approche du personnage (le présenter comme un homme hésitant, raisonnable, timide, à la recherche d'une compagne... avant de révéler son côté obscur et brutal) fonctionne, bien qu'elle soit immédiatement identifiable par les spectateurs avisés, et donc relativement téléphonée.

- Claire Temple et sa relation avec Matt Murdock : les deux acteurs ont de l'alchimie, ils fonctionnent très bien ensemble, et Rosario Dawson apporte à chacune de ses scènes une vraisemblance qui leur permet d'être crédibles.

- L'interprétation : tout le monde est globalement juste, tout simplement, sauf peut-être Foggy dans les premiers épisodes.

- La réalisation : bien que la photographie soit hyper-sombre et terne, certains des réalisateurs tentent des choses, et parviennent à rendre certaines scènes (pourtant trop longues) visuellement intéressantes, quitte à télégraphier un peu, parfois, ce qui va se produire (je pense notamment à la caméra fixe et tournoyante, dans un des épisodes, à l'intérieur d'une automobile).

Les ni plus/ni moins :  

- Foggy Nelson : pas tant le personnage, techniquement, que l'acteur, assez inégal (dans les premiers épisodes, j'ai eu un peu de mal avec son interprétation, ainsi que l'impression qu'il récitait son texte de manière un peu artificielle), et ses sous-intrigues ne m'intéressent pas du tout.

- Karen Page : Deborah Ann Woll est très attachante, elle est plutôt juste, mais... Karen n'a pas grand intérêt, pour le moment. Ses sous-intrigues sont insipides (cf Foggy Nelson), et ce qui semble être son attirance pour Murdock laisse augurer du pire (j'espère qu'on va éviter le triangle amoureux).

- Matt Murdock : alors là, problème - je trouve que Charlie Cox n'a pas une once de charisme dans son rôle. En Matt Murdock, passe encore, même s'il fait parfois trop jeune et innocent ; en Daredevil, par contre, il manque cruellement de poids et de présence, est souvent trop émotif et hésitant, bref, il fait tout sauf un vigilante imposant et menaçant. Le pire étant qu'il est loin d'être un mauvais acteur, et qu'il fonctionne bien avec le reste du cast... mais en le voyant, à aucun moment, je n'ai l'impression de voir une tête d'affiche super-héroïque. Espérons qu'une fois débarrassé de son masque actuel, il récupèrera un peu de prestance et de charisme.

- Le costume : justement, le costume, qui est relativement fidèle aux débuts du personnage, mais qui ne fonctionne pas totalement devant les caméras, et rappelle malheureusement le Daredevil du Procès de l'Incroyable Hulk, dans les années 80.

- Les combats : là aussi, j'ai un problème. Car autant la volonté de faire des combats travaillés et fréquents est assez louable, autant ces derniers ont tendance à me laisser assez mitigés. Tour à tour, j'ai eu l'impression qu'ils étaient soit trop chorégraphiés (les pirouettes inutiles), soit trop brouillons, avec fréquemment un manque d'impact réel, puisque tous les personnages passent leur temps à se frapper et à se contrer sans jamais vraiment accuser la moitié des coups. Au final, ça fait beaucoup d'énergie dépensée pour rien, et comme pour les dialogues (et le reste du show), on se dit qu'un peu d'élagage n'aurait pas fait de mal.

Les moins : 

- Le rythme : comme souvent chez Netflix, les showrunners et scénaristes profitent de l'absence de format imposé pour s'étendre en longueur... et comme souvent, ça donne lieu à des épisodes trop longs, trop mous, remplis de meublage et de scènes inutiles (ou qui auraient pu et dû être largement raccourcies). Ici, le show fait beaucoup de surplace, pour l'instant, et certains épisodes sont un vrai calvaire (le 03, notamment, mais aussi le 06, qui partait pourtant bien, avec son Daredevil assiégé par la police corrompue, mais qui finit par échouer totalement à capitaliser sur ce postulat prometteur).

- Les sous-intrigues à gogo : malheureusement, qui dit meublage dit multiplications des sous-intrigues, et donc beaucoup de digressions inutiles, qui auraient pu être coupées. En vrac, je pense donc à la majorité des scènes Karen/Foggy, et à un certain nombre de flashbacks (ceux sur les russes, notamment).

- Le côté procédural juridico-légal : dans cette première moitié de saison, il n'y a vraiment eu qu'un épisode centré sur un procès, le second... et c'était particulièrement médiocre et sans vie. N'est pas David E. Kelley qui veut.

- La musique : volontairement minimaliste, discrète, et donc insipide. Une occasion ratée. Tout comme le générique d'ailleurs, qui rappelle fortement celui de Black Sails, visuellement, sans en avoir l'impact et la musique entêtante.

- L'écriture : très inégale. Certains épisodes bénéficient de dialogues concis, qui vont droit au but ; d'autres souffrent d'échanges patauds, voire même pompeux et forcés, dans lesquels les personnages débitent des pensées improbables sur leur mission, sur leur ville, etc, pensées qui sonnent tout sauf naturelles. Et je ne parle pas des grosses ficelles scénaristiques, comme lorsque Matt se rapproche du russe pour mieux l'entendre murmurer ses dernières paroles (et tomber dans son piège), alors même qu'il peut généralement, sans le moindre effort, entendre une mouche péter à l'autre bout de la ville... 

- Quelques effets ratés : je pense notamment au bras cassé, dans l'épisode 3, et à sa prothèse en latex assez peu réaliste.

- La photographie dark & gritty : c'est terne, c'est désaturé, c'est "réaliste"... mouais, hormis les jeux d'ombre et de lumière, c'est surtout assez laid.

 

En résumé, cette demi-saison me laisse particulièrement mitigé. Les défauts que je redoutais sont bel et bien présents (ce qui ne me surprend guère), et je trouve cette première saison très inégale, pour l'instant, avec beaucoup trop de remplissage et de dialogues inutiles, et avec un étrange manque de punch et d'énergie. On sent que la production veut bien faire, mais l'étincelle nécessaire pour faire d'un tel show une réussite n'est que trop rarement là, noyée par le manque de maîtrise du format et de l'écriture, et par l'incapacité de la série à conserver son dynamisme et son élan au sein de chaque épisode (dès que la mayonnaise commence à prendre, que la tension commence à monter, paf, ça retombe aussitôt pour passer à autre chose).

Reste maintenant à voir comment le show va évoluer... et j'espère en tout cas que les autres shows Marvel/Netflix auront retenu la leçon des défauts de cette première série.

(suite et fin de la saison, la semaine prochaine)

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