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LES TÉLÉPHAGES ANONYMES

Il était une fois Lurdo & Sygbab, deux internautes passionnés de séries tv et de cinéma, et qui cherchaient un endroit où archiver leurs avis (semi) éclairés...

Critiques éclair - Star Trek Discovery 1x01 (premières impressions)

Publié le 30 Septembre 2017 par Lurdo in Critiques éclair, Review, Télévision, Science-Fiction, Star Trek, Action, Aventure, Drame, CBS, Netflix, Discovery

On ne va pas revenir en détails sur la gestation particulièrement difficile de Star Trek Discovery, qui, au fil des décisions improbables de CBS, a perdu son showrunner (Bryan Fuller), est passé à mi-parcours d'une anthologie annuelle "1 saison = 1 époque, du passé au futur de Star Trek", à une énième préquelle vendue sur son fanservice et ses références à des personnages établis, a failli avoir Edgar Wright à la réalisation (trop excentrique et original pour CBS), a perdu beaucoup de ce qui faisait l'intérêt du projet, à l'origine, et a été maintes fois retardé sous des prétextes toujours plus transparents.

On passera aussi sur le flou savamment entretenu par CBS quant à l'univers dans lequel la série prend place (ils affirment que c'est la continuité traditionnelle, alors que tout à l'écran évoque l'univers des reboots de JJ Abrams), sur l'embargo imposé aux critiques, ou sur le fait que, sur papier, l'héroïne de la série avait tout du cliché ambulant : ethnicité exotique, coupe de cheveux inhabituelle, nom étrange ("Michael"), origines dramatiques (orpheline adoptée par des Vulcains) qui la lient directement à des personnages principaux du canon Trek (c'est la demi-soeur adoptive de Spock, et donc la fille adoptive de Sarek), talents exceptionnels (c'est la seule humaine à sortir de l'Académie vulcaine), destin hors-du-commun...

... soit la définition exacte de ce que le web (et tvtropes) appelle une Mary Sue, alias le degré zéro de l'écriture.

Et n'oublions pas le problème CBS Access (qui nous touche peu, nous autres Européens), avec une chaîne qui place STD comme un produit d'appel pour sa plate-forme de VOD avec publicités, et a choisi de ne diffuser que le pilote sur sa chaîne principale, pour tenter d'attirer le chaland sur CBS Access pour voir la suite : de quoi se mettre à dos beaucoup de spectateurs potentiels, payant déjà un accès Netflix, si ce n'est plus.

Autant dire que la série ne partait pas forcément avec un buzz particulièrement positif... mais qu'en est-il, dans les faits ?

Star Trek Discovery 1x01 :

Au cours d'une mission de routine pour enquêter sur la panne d'un relais de communication, l'équipage de l'USS Shenzhou, mené par le Capitaine Georgiou (Michelle Yeoh) et son premier officier Michael Burnham (Sonequa Martin-Green) tombent nez à nez avec des Klingons belliqueux...

Et en fait... il n'y a pas grand chose à dire de ce pilote, puisqu'il ne s'y passe pas énormément de choses. Principalement parce que ce n'est qu'un demi-pilote s'arrêtant sur un cliffhanger, qui ne sera résolu que dans l'épisode 02 exclusif à CBS Access : c'est malin de la part de CBS, mais ça a aussi clairement frustré bon nombre de spectateurs, qui attendaient un pilote complet et structuré comme tel, pour se décider si oui ou non ils voulaient investir 10$ par mois pour voir la suite.

Techniquement, le pilote est assez réussi : le budget est clairement là, les effets spéciaux sont nombreux et de qualité, c'est moderne, c'est sérialisé, et on se plonge sans trop de difficultés dans ce pilote.

L'univers présenté, par contre, est difficile à concilier avec celui des Kirk & compagnie originaux, qui se déroulent pourtant dix ans plus tard ; même en mettant de côté l'aspect visuel des uniformes, la technologie, et les Klingons relookés, il existe quelques problèmes chronologiques (les Klingons capables de se camoufler, alors qu'ils n'obtiennent cette technologie des Romuliens que 13 ans plus tard) qui font que l'hypothèse d'une série prenant place dans l'univers nuTrek est toujours des plus plausibles.

Le visuel du show, d'ailleurs, est assez polarisant : c'est moderne, comme je l'ai mentionné, mais c'est aussi assez sombre, et régulièrement surchargé. Je pense notamment à tout ce qui est Klingon, des costumes aux vaisseaux, en passant par leur maquillage caoutchouteux : peu lisible à l'écran, un peu trop uniforme et interchangeable, et vraiment peu inspiré. Et je ne parle même pas de la réalisation, qui passe son temps à enchaîner les plans penchés, encore et encore, à longueur de dialogues, que la scène le nécessite ou non.

Passons au contenu : les personnages fédéraux sont assez peu attachants, dans l'ensemble... et c'est normal, puisque l'on ne nous en montre que trois (et demi, avec le médecin). Georgiou semble destinée, depuis l'annonce du projet, à être le Ned Stark de Discovery : difficile de s'attacher à elle quant on s'attend à ce qu'elle y passe d'une minute à l'autre ; Saru (Doug Jones) est sympathique, mais son personnage d'alien un peu couard n'est pas forcément très captivant ; et Burnham pose problème.

Pas forcément à cause de ses caractéristiques de Mary Sue, finalement assez peu présentes (ou du moins problématiques) dans ce pilote. Mais plutôt parce qu'il y a un gouffre entre le personnage tel qu'il semble écrit sur le papier (une humaine élevée parmi les Vulcains, et qui s'efforce constamment d'être la plus vulcaine possible), et la manière dont SMG l'interprète (un officier impulsif, aux émotions à fleur de peau et aux décisions spontanées et illogiques).

Ce qui n'aide pas, ce sont ces dialogues et cette exposition assez maladroits, à l'écriture laborieuse : non seulement ça rend toute l'introduction de l'épisode assez pataude, mais ça alourdit considérablement les scènes klingonnes, déjà peu intéressantes en tant que tel pour qui a déjà eu droit à des années de développement de cette race extraterrestre.

Dans l'ensemble, donc, bilan mitigé pour ce (demi) pilote de Star Trek Discovery.

On sent que les intentions étaient clairement de manger à tous les râteliers : une préquelle pour rassurer le grand public en lui assurant qu'il n'a pas besoin de connaître l'univers pour regarder, du fanservice pour s'assurer la sympathie des fans, de l'ultra-sérieux dark & gritty pour s'inscrire dans la tendance des prestige dramas du câble, et de l'action et un visuel ultra-chatoyant pour rassurer ceux qui ont découvert Star Trek avec les films de JJ Abrams.

Malheureusement, pour l'instant, il manque plein de chose à ce pilote pour convaincre : de l'inédit, de l'exploration, de la camaraderie, de l'humour, de la musique, de l'optimisme...

On verra bien si ça s'améliore à l'avenir, mais personnellement, comme de nombreux spectateurs, je ne paierais pas 10$/mois sur la seule base de ce pilote.

(demain, la suite)

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