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LES TÉLÉPHAGES ANONYMES

Il était une fois Lurdo & Sygbab, deux internautes passionnés de séries tv et de cinéma, et qui cherchaient un endroit où archiver leurs avis (semi) éclairés...

Les bilans de Lurdo : Daredevil, saison 1 (2015) - première partie

Publié le 22 Janvier 2017 par Lurdo in Critiques éclair, Les bilans de Lurdo, Télévision, Action, Marvel, Netflix

Après avoir jeté l'éponge face au Marvel's Agents of SHIELD d'ABC juste à temps pour ne pas succomber au syndrome de Stockholm que ressentent souvent les spectateurs de séries médiocres ("mais si, ça s'améliore considérablement au bout de la x-ième saison, et de toute façon, je ne vais pas m'arrêter maintenant, je me suis attaché à tous les personnages"), j'ai tout de même décidé de tenter de combler le vide laissé dans ma téléphagie par l'univers télévisuel Marvel made in Netflix.

Car si, jusqu'à présent, je n'avais jamais franchi le pas du microcosme Marvel/Netflix, ce n'était pas sans raisons : a) le manque total de continuité cinéma/tv ne m'incitait pas à m'y intéresser, b) les personnages sont tout sauf au nombre de mes favoris de l'écurie Marvel (à la base, je n'ai absolument aucun intérêt pour les personnages de Daredevil, de Luke Cage, ou de Jessica Jones, ainsi que pour tout ce qui se déroule à Hell's Kitchen), c) les retours critiques de personnes de confiance étaient au mieux mitigés, notamment à cause des défauts récurrents de rythme de toutes les séries Netflix, et d) les histoires de pègre et de crime organisé, et le côté réalisme dark & gritty ne m'intéressent généralement pas en matière de super-héros (sauf si l'on parle de personnages bien précis comme le Punisher... et encore !).

Mais bon, il faut bien se jeter à l'eau un jour ou l'autre... dont acte.

Daredevil, saison 1 - épisodes 01 à 06 :

Depuis qu'il perdu la vue, enfant, dans un accident, Matt Murdock (Charlie Cox) mène une double vie : le jour, il est avocat aux côtés de son ami Foggy Nelson (Elden Henson), et la nuit, il est Daredevil, un justicier vengeur aux capacités surhumaines, qui tente de rétablir l'ordre dans les rues de Hell's Kitchen, à New York...

Mouais. Je crois que c'est le terme qui qualifie le mieux mon avis, pour le moment. "Mouais".

Les plus : 

- La fidélité et le respect de l'adaptation : Daredevil, showrunné par Steven S. DeKnight, est un travail fait dans le respect de l'oeuvre originale, notamment dans la représentation des pouvoirs de Daredevil (j'aurais aimé plus d'écholocation à l'écran, mais bon). Toutes les adaptations ne peuvent pas en dire autant.

- Wilson Fisk : D'Onofrio en impose par son charisme, et l'approche du personnage (le présenter comme un homme hésitant, raisonnable, timide, à la recherche d'une compagne... avant de révéler son côté obscur et brutal) fonctionne, bien qu'elle soit immédiatement identifiable par les spectateurs avisés, et donc relativement téléphonée.

- Claire Temple et sa relation avec Matt Murdock : les deux acteurs ont de l'alchimie, ils fonctionnent très bien ensemble, et Rosario Dawson apporte à chacune de ses scènes une vraisemblance qui leur permet d'être crédibles.

- L'interprétation : tout le monde est globalement juste, tout simplement, sauf peut-être Foggy dans les premiers épisodes.

- La réalisation : bien que la photographie soit hyper-sombre et terne, certains des réalisateurs tentent des choses, et parviennent à rendre certaines scènes (pourtant trop longues) visuellement intéressantes, quitte à télégraphier un peu, parfois, ce qui va se produire (je pense notamment à la caméra fixe et tournoyante, dans un des épisodes, à l'intérieur d'une automobile).

Les ni plus/ni moins :  

- Foggy Nelson : pas tant le personnage, techniquement, que l'acteur, assez inégal (dans les premiers épisodes, j'ai eu un peu de mal avec son interprétation, ainsi que l'impression qu'il récitait son texte de manière un peu artificielle), et ses sous-intrigues ne m'intéressent pas du tout.

- Karen Page : Deborah Ann Woll est très attachante, elle est plutôt juste, mais... Karen n'a pas grand intérêt, pour le moment. Ses sous-intrigues sont insipides (cf Foggy Nelson), et ce qui semble être son attirance pour Murdock laisse augurer du pire (j'espère qu'on va éviter le triangle amoureux).

- Matt Murdock : alors là, problème - je trouve que Charlie Cox n'a pas une once de charisme dans son rôle. En Matt Murdock, passe encore, même s'il fait parfois trop jeune et innocent ; en Daredevil, par contre, il manque cruellement de poids et de présence, est souvent trop émotif et hésitant, bref, il fait tout sauf un vigilante imposant et menaçant. Le pire étant qu'il est loin d'être un mauvais acteur, et qu'il fonctionne bien avec le reste du cast... mais en le voyant, à aucun moment, je n'ai l'impression de voir une tête d'affiche super-héroïque. Espérons qu'une fois débarrassé de son masque actuel, il récupèrera un peu de prestance et de charisme.

- Le costume : justement, le costume, qui est relativement fidèle aux débuts du personnage, mais qui ne fonctionne pas totalement devant les caméras, et rappelle malheureusement le Daredevil du Procès de l'Incroyable Hulk, dans les années 80.

- Les combats : là aussi, j'ai un problème. Car autant la volonté de faire des combats travaillés et fréquents est assez louable, autant ces derniers ont tendance à me laisser assez mitigés. Tour à tour, j'ai eu l'impression qu'ils étaient soit trop chorégraphiés (les pirouettes inutiles), soit trop brouillons, avec fréquemment un manque d'impact réel, puisque tous les personnages passent leur temps à se frapper et à se contrer sans jamais vraiment accuser la moitié des coups. Au final, ça fait beaucoup d'énergie dépensée pour rien, et comme pour les dialogues (et le reste du show), on se dit qu'un peu d'élagage n'aurait pas fait de mal.

Les moins : 

- Le rythme : comme souvent chez Netflix, les showrunners et scénaristes profitent de l'absence de format imposé pour s'étendre en longueur... et comme souvent, ça donne lieu à des épisodes trop longs, trop mous, remplis de meublage et de scènes inutiles (ou qui auraient pu et dû être largement raccourcies). Ici, le show fait beaucoup de surplace, pour l'instant, et certains épisodes sont un vrai calvaire (le 03, notamment, mais aussi le 06, qui partait pourtant bien, avec son Daredevil assiégé par la police corrompue, mais qui finit par échouer totalement à capitaliser sur ce postulat prometteur).

- Les sous-intrigues à gogo : malheureusement, qui dit meublage dit multiplications des sous-intrigues, et donc beaucoup de digressions inutiles, qui auraient pu être coupées. En vrac, je pense donc à la majorité des scènes Karen/Foggy, et à un certain nombre de flashbacks (ceux sur les russes, notamment).

- Le côté procédural juridico-légal : dans cette première moitié de saison, il n'y a vraiment eu qu'un épisode centré sur un procès, le second... et c'était particulièrement médiocre et sans vie. N'est pas David E. Kelley qui veut.

- La musique : volontairement minimaliste, discrète, et donc insipide. Une occasion ratée. Tout comme le générique d'ailleurs, qui rappelle fortement celui de Black Sails, visuellement, sans en avoir l'impact et la musique entêtante.

- L'écriture : très inégale. Certains épisodes bénéficient de dialogues concis, qui vont droit au but ; d'autres souffrent d'échanges patauds, voire même pompeux et forcés, dans lesquels les personnages débitent des pensées improbables sur leur mission, sur leur ville, etc, pensées qui sonnent tout sauf naturelles. Et je ne parle pas des grosses ficelles scénaristiques, comme lorsque Matt se rapproche du russe pour mieux l'entendre murmurer ses dernières paroles (et tomber dans son piège), alors même qu'il peut généralement, sans le moindre effort, entendre une mouche péter à l'autre bout de la ville... 

- Quelques effets ratés : je pense notamment au bras cassé, dans l'épisode 3, et à sa prothèse en latex assez peu réaliste.

- La photographie dark & gritty : c'est terne, c'est désaturé, c'est "réaliste"... mouais, hormis les jeux d'ombre et de lumière, c'est surtout assez laid.

 

En résumé, cette demi-saison me laisse particulièrement mitigé. Les défauts que je redoutais sont bel et bien présents (ce qui ne me surprend guère), et je trouve cette première saison très inégale, pour l'instant, avec beaucoup trop de remplissage et de dialogues inutiles, et avec un étrange manque de punch et d'énergie. On sent que la production veut bien faire, mais l'étincelle nécessaire pour faire d'un tel show une réussite n'est que trop rarement là, noyée par le manque de maîtrise du format et de l'écriture, et par l'incapacité de la série à conserver son dynamisme et son élan au sein de chaque épisode (dès que la mayonnaise commence à prendre, que la tension commence à monter, paf, ça retombe aussitôt pour passer à autre chose).

Reste maintenant à voir comment le show va évoluer... et j'espère en tout cas que les autres shows Marvel/Netflix auront retenu la leçon des défauts de cette première série.

(suite et fin de la saison, la semaine prochaine)

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