Il était une fois Lurdo & Sygbab, deux internautes passionnés de séries tv et de cinéma, et qui cherchaient un endroit où archiver leurs avis (semi) éclairés...
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Justice League : Crisis on Infinite Earths, part 3 (2024) :
L'Anti-Moniteur continue de détruire monde après monde, et les héros et méchants de toutes les Terres unissent leurs forces pour trouver une solution... quitte à se sacrifier.
La première partie de cette Crisis était assez brouillonne, pas particulièrement rythmée, et semblait souffrir d'un budget inférieur à la norme ; la seconde partie était encore un petit cran en dessous, encore plus éparpillée, dépourvue du fil conducteur de Flash, et relativement répétitive.
Cette troisième partie se place entre les deux : c'est moins répétitif que la deuxième partie, mais ce n'est pas forcément plus maîtrisé : c'est toujours assez bordélique, mélangeant les Terres, les époques, et plaçant de nombreux caméos inutiles et gratuits (Les Losers, qui massacrent plein de dinos paniqués ; Batman '92 ; des nazis ; Constantine dans un saloon western ; les Superfriends...) ; ça n'a toujours pas grande identité musicale ; c'est toujours très inégal visuellement ; et niveau écriture, c'est laborieux, avec des explications et de l'exposition interminables, et des sacrifices qui se succèdent et qui perdent à chaque fois un peu plus de leur impact. Avec pour résultat des moments théoriquement émotionnels qui tombent trop souvent à plat.
Après, malgré tout ça, les enjeux sont plus clairs, le récit plus linéaire et direct, donc ça fonctionne mieux. Mais cette Crisis reste trop ambitieuse dans son désir de rebooter une nouvelle fois l'univers DC animé, et le résultat est tout sauf satisfaisant.
2.5/6
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Justice League - Crisis on Infinite Earths, part 2 (2024) :
Alors que la crise des vagues d'antimatière continue de menacer des dimensions entières, le Monitor et tous les héros qu'il a rassemblés tentent de préserver les tours sophistiquées qui permettent aux différentes Terres de survivre. Mais la menace se fait de plus en plus prononcée, et finit par prendre l'apparence de l'Antimonitor, une entité vivante qui manipule différents héros et vilains, et qui envoie des vagues de créatures des ombres à l'assaut des protecteurs des tours...
Le précédent volet de Justice League : Crisis on..., adaptation (très libre) de la Crisis de Wolfman et Pérez, était peu convaincant, bordélique et décousu, mais était tout de même centré autour de Flash, ce qui lui donnait un semblant de direction et de dynamique.
Pour cette seconde partie (sur trois, au secours !), c'est tout aussi bordélique et décousu, passant d'un univers à un autre, d'un personnage à un autre, montrant le combat de chacun contre les vagues d'antimatière qui dévastent les différentes dimensions, puis contre les ombres de l'Antimonitor, etc... mais sans le fil conducteur de Flash, remplacé ici par deux sous-intrigues, celle de Kara, recueillie par le Monitor après la destruction de Krypton et dont la relation est compliquée, et celle du Psycho-Pirate (un personnage de méchant bien ridicule visuellement) qui raconte sa vie de jeune nazillon en flashbacks à un Docteur Fate capturé, avant d'être forcé de rejoindre le camp des gentils pour sauver l'univers... ou pas.
Ça palabre, ça se manipule (le Monitor est particulièrement naïf et stupide), ça se dispute (Batman et la Batfamily d'une autre Terre, Wonder Woman et les Amazones radicales d'une autre Terre), ça se bat, mais ça n'est malheureusement jamais passionnant, à cause de problèmes de rythme, de structure et de personnages secondaires assez peu intéressants. Un deuxième volet très patchwork, qui devient assez répétitif dans sa deuxième moitié, avec des combats incessants contre les ombres.
2.25/6
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Justice League - Crisis on Infinite Earths, part 1 (2024) :
Alors que l'androïde Amazo (Nolan North) sème le chaos à Metropolis, forçant Flash (Matt Bomer), Batman (Jensen Ackles), Superman (Darren Criss) et d'autres héros à créer la Justice League, une menace bien plus importante plane sur le multivers, incitant le Moniteur (Jonathan Adams), un observateur omnipotent, à réunir les plus grands héros de toutes les dimensions...
Encore une histoire de multivers, encore une adaptation (très libre) de la Crisis de Wolfman et Pérez, ici centrée totalement sur la relation Barry Allen/Iris West, et sur leur vie, narrée de manière déconstruite, depuis leur rencontre jusqu'à leurs vieilles années, en passant par leur mariage, la création de la Justice League, etc.
Ce qui donne une structure assez décousue, voire bordélique, qui s'attarde sur de longs segments pas forcément probants (le Crime Syndicate, Amazo et Luthor, etc), et passe en avance rapide sur d'autres éléments de récit, pour arriver, à mi-parcours, à la Crise en elle-même, et à la réunion de multiples héros par le Moniteur et Harbinger (qui, ici, est Kara).
C'est forcément frustrant et incomplet (puisque ce n'est que la première partie sur trois), ça tente de faire dans le mélodrame et l'émotion vers la fin, quand tout le monde est réduit en poussière façon Thanos, mais ça ne fonctionne pas vraiment, c'est assez mou, c'est redondant et ça semble parfois souffrir d'un budget animation un peu moindre que d'habitude.
2.5/6
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Shazam ! :
Jeune orphelin au caractère bien trempé, Billy Batson (Asher Angel) est un jour sélectionné par un vieux sorcier (Djimon Hounsou) pour devenir le détenteur de pouvoirs incroyables déclenchés en prononçant le mot "Shazam" : il se retrouve alors dans le corps d'un super-héros tout-puissant (Zachary Levi), mais il découvre bien vite qu'il va devoir utiliser ces nouvelles capacités surhumaines pour lutter contre le maléfique Dr Sivana (Mark Strong)...
Après le succès démesuré d'un Aquaman bourrin, bas de plafond, mais aussi spectaculaire, divertissant et décomplexé, on pouvait espérer que DC allait continuer sur cette lancée, avec quelque chose d'ambitieux.
Malheureux, dès les débuts de sa production, Shazam ! a clairement laissé comprendre qu'il était tout sauf ambitieux : confié au réalisateur d'Annabelle 2 (que j'ai pourtant plus apprécié que d'autres), et aux scénaristes de Shrek 4, Chair de Poule 1 et 2 et de Echo (pas vraiment des pointures, donc), l'objectif était clairement d'adapter la réinvention New 52 du personnage, et de produire un film à l'atmosphère festive, lorgnant très fortement sur Big (avec Tom Hanks) - auquel Shazam ! fait d'ailleurs un clin d'oeil très appuyé - et sur un style d'humour à la MCU.
Et honnêtement, l'intérêt du film s'arrête là, à mi-chemin entre une origin story répondant aux codes du genre, et une parodie super-héroïque, pour donner au final quelque chose qui ressemble fortement à ce qu'on pouvait produire dans les années 90-00 (les Tortues Ninja ne sont pas loin).
Le premier souci, c'est l'absence totale d'ambition : avec son budget très limité (à peine 100 M$), Shazam ne pouvait pas se permettre les excentricités visuelles d'un Aquaman - et de toute façon, personne derrière la caméra ne semblait avoir la vision d'un James Wan. Ici, la photographie est générique, la réalisation est anonyme, la direction artistique est basique, et que ce soit au niveau des Sept Péchés Capitaux (des gargouilles génériques), de la grotte de Shazam (qui fait souvent grotte en polystyrène de studio), du costume du sorcier (Djimon Hounsou affublés de postiches risibles), ou des costumes rembourrés de Levi et du reste de sa famille (des muscles suits qui, selon les plans, font à peu près illusion - sur certains plans larges - ou semblent totalement risibles - lors de certains mouvements), tout paraît assez approximatif et superficiel.
Un problème que l'on retrouve au niveau du scénario, assez mal rythmé et structuré, puisqu'il ne semble pas savoir quoi faire de sa durée de deux heures : 30-40 minutes de mise en place, une petite heure de découverte des pouvoirs et de l'univers, et le reste pour affronter le Dr Sivana dans un déluge d'effets spéciaux et de doublures numériques au succès mitigé.
Un Dr Sivana basique, interprété par un Mark Strong monolithique, et qui, à l'image des autres personnages secondaires, souffre d'une caractérisation assez sous-développée : il en va de même pour les autres membres de la famille de Batson, dont les sous-intrigues ou le développement ne débouche sur rien. La grande sœur et ses histoires universitaires ? Une scène. Le petit asiatique hacker de Bienvenue chez les Huang ? Une scène. Le gros latino ? Moins d'une scène. L'histoire de la mère biologique de Batson ? Survolée, et pas totalement crédible (forcément, quand on utilise une trentenaire pour jouer une adolescente de 17 ans dans les flashbacks, ça passe moyen).
Bref, je ne peux pas dire que le film m'ait convaincu. Et pourtant, l'accueil critique outre-atlantique est unanime, comme pour Aquaman et pour Wonder Woman... mais le reste du monde semble plus réfractaire à ce Shazam ! inabouti, et je le comprends. Ça m'ennuie d'autant plus que j'avais fini par y croire, et que j'appréciais assez la réinvention de Geoff Johns (probablement l'un des rares projets du ponte de DC auquel j'aie jamais accroché).
Mais non : Shazam ! peut faire sourire, voire faire rire (et encore, beaucoup des gags du film sont attendus dès lors que l'on envisage le tout comme une parodie), mais ça ne décolle jamais vraiment, et ça reste assez bancal de bout en bout.
Pas forcément désastreux, et une fois que Zachary Levi (et son abattage comique semblant parfois hors-sujet compte tenu de la personnalité de Batson enfant) entre en jeu, ça se regarde sans trop de difficultés, mais dans l'absolu, c'est un bon cran en dessous d'Aquaman.
3.25/6 (dont -0.25 pour Mister Mind en conclusion, et pour le toutéliage constant mais jamais totalement assumé au reste du DCEU)
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Aquaman :
Autrefois un royaume florissant, l'Atlantide est désormais en ruines, divisée entre de multiples peuplades, et dirigée d'une main de fer par Orm (Patrick Wilson). Ce dernier est bien décidé à conquérir les sept mers, puis à s'attaquer à la surface, pour faire payer les humains pour les dégâts qu'ils infligent à l'océan. Mais sur son chemin se dresse son demi-frère, Arthur (Jason Momoa), mi-humain, mi-Atlante, qui avec l'aide de Vulko (Willem Dafoe), le conseiller du royaume, et de Mera (Amber Heard), princesse d'un royaume allié, va partir à la recherche du mythique Trident d'Atlan, qui confère à celui qui le possède le contrôle de toutes les créatures marines...
Voilà donc la dernière itération de l'univers DC/Warner, autrefois dominé par la vision créative de David Goyer et Zack Snyder, avec l'échec créatif que l'on connaît : de la vision polarisante et quasi-hors-sujet (Man of Steel, Batman v. Superman), au film honorable mais encensé outre-mesure sur la base du sexe de son protagoniste (Wonder Woman), en passant par le bordel pas possible d'un film bâtard aux effets spéciaux indigents (Justice League) ou un film pseudo-cool et rebelle finalement très médiocre (Suicide Squad), le DCEU n'a jamais su trouver le succès critique et financier qu'il cherchait, surtout en comparaison de l'empire Marvel.
De cet univers partagé avorté, DC a décidé de garder Jason Momoa en Aquaman, un Aquaman très particulier, sorte de gros fêtard alcoolique et bas-du-front (à mille lieux de l'Aquaman des comics et bien plus proche, même au niveau de l'apparence, d'un certain Lobo - voire même, sacrilège, de ce qu'a longtemps été Thor sur le papier).
Momoa revient donc ici sous la direction de James Wan (Fast & Furious 7, Saw et les Insidious et Conjuring), pour nous offrir plus de deux heures d'origin story tardive, racontant la conquête du trône d'Atlantis par ce cher AquaMomoa, et se démarquant ouvertement du reste de l'univers partagé établi préalablement (en même temps, c'est préférable, car face au Superman ultra-puissant de Justice League, la menace d'Orm ne ferait pas vraiment le poids).
Et honnêtement, libéré du ton sérieux et sombre du Snyderverse (le film ré-écrit d'ailleurs certains éléments de Justice League), cet Aquaman s'avère plutôt divertissant, s'établissant un peu comme le Thor Ragnarok de DC (la musique rétro-synthétique, notamment, renforce encore cette impression).
Alors certes, le scénario est ultra-cousu de fil blanc (au point que le spectateur ait constamment vingt longueurs d'avance sur le script et ses rebondissements), l'humour est un peu immature, le rythme et la structure du film sont un peu en dents de scie, avec une forte impression de fourre-tout narratif, et le film est assez lourd en exposition, mais l'intention première du film - proposer quelque chose d'épique, sous l'océan, et débarrasser Aquaman de son aura de personnage ringard - est respectée, et ça fonctionne globalement.
C'est loin d'être parfait, notamment au niveau de la direction artistique - les couleurs capillaires/perruques sont immondes ; Nicole Kidman fait peur ; les rajeunissements numériques sont médiocres ; la bande originale est générique au possible, voire même clichée et risible (le motif du méchant, ou les riffs de guitare électrique illustrant la première apparition de Momoa *soupir*) ; les doublures numériques sont un peu trop visibles - mais le film reste généreux et décomplexé, et propose plus de bonnes choses que de mauvaises.
Ce qui en fait probablement le meilleur film du DCEU, pour le moment, malgré une implication émotionnelle proche du néant, due au ton vacillant du métrage, toujours tiraillé entre sarcasmes goguenards et premier degré absolu.
3.5 + 0.25 pour le capital sympathie de la fantaisie sous-marine décomplexée = 3.75/6 (tout en ayant conscience que c'est gentiment balourd et bas de plafond)
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On le sait tous : jusqu'au récent Aquaman (et dans une moindre mesure, Wonder Woman), DC/Warner pataugeait au cinéma, en comparaison de son concurrent Marvel. En confiant les rênes de son univers cinématographique à Zack Snyder, DC/Warner avait opté pour une approche réaliste, sombre et violente de ses super-héros, très similaire à la mode du dark & gritty qui avait fait beaucoup de mal à l'industrie des comics, dans les années 90. De quoi se démarquer initialement de la concurrence de Marvel, au ton plus léger et bigarré, malheureusement sans vraiment convaincre spectateurs et critiques.
À la télévision, cependant, il en allait tout autrement, avec un Marvel aux résultats très limités et aux séries à la peine, tiraillées entre l'univers cinématographique isolé, et la concurrence d'un Ike Perlmutter jaloux et égoïste, dirigeant d'une main de fer la branche télévisuelle de Marvel, et s'opposant constamment à Kevin Feige, responsable cinéma. Face à eux (et à leur succès télévisuel très discutable - les séries Marvel/Netflix sont bancales et quasiment toutes annulées, Agents of SHIELD vivote faiblement), DC a su créer un univers partagé chapeauté par Greg Berlanti, un univers au ton nettement plus léger, et au succès qui ne se dément pas.
Certes, l'univers Arrow/Flash/Legends of Tomorrow/Supergirl est loin d'être parfait, mais il est nettement au-dessus de son homologue cinématographique, et lorsque DC a décidé de lancer sa propre plate-forme de VOD exclusive, le choix de la firme s'est naturellement porté sur Berlanti pour superviser toute une nouvelle fournée de séries et de héros. En l'occurrence, Titans, l'adaptation des Teen Titans, groupe de jeunes super-héros très populaires, notamment si l'on prend en compte ses incarnations animées qui, depuis 15 ans, sont une présence indéboulonnable du petit écran...
Titans, saison 1 :
Traquée par une mystérieuse organisation, Rachel (Teagan Croft), une jeune adolescente aux sombres pouvoirs, finit par croiser le chemin de Dick Grayson (Brenton Thwaites), inspecteur de police à la double vie secrète. Rapidement, le duo rencontre alors Garfield (Ryan Potter), capable de se transformer en animaux, et Kory (Anna Diop), une femme amnésique transformant la lumière du soleil en flammes destructrices. Ensemble, les quatre héros vont tenter de résoudre le mystère entourant Rachel, avant qu'il ne soit trop tard...
Le seul problème de ce Titans, en réalité, c'est que ce projet semble avoir été mis en chantier alors que Snyder dirigeait encore le pendant cinéma de DC, et, par conséquent, la série en subit directement l'influence tonale : pour faire bref, ces Titans, c'est la "rigueur" d'écriture (et les perruques) des séries Berlanti combinée au dark & gritty bourrin du Snyderverse, au "rythme" des séries Marvel/Netflix, le tout chapeauté par Akiva Goldsman et par Greg Walker, un ancien de Smallville.
Voilà : cela devrait suffire à vous donner une bonne idée de ce à quoi vous attendre avec ce programme. Si cependant cela ne vous parle pas vraiment, pas de panique, je vais développer point par point (mais pas forcément dans l'ordre).
En commençant par les bases : les Teen Titans (quelle que soit leur incarnation, papier ou animée) sont une équipe colorée, dynamique, et dégageant une atmosphère souvent joyeuse et positive. C'est ainsi que plusieurs générations de spectateurs et de lecteurs les ont connus, et s'attendaient à les voir portés à l'écran : avec un ton correspondant justement parfaitement à l'univers partagé habituel des autres séries Berlanti.
Mais comme chez DC/Warner, on va toujours à contre-courant, la firme a, dès sa première image promotionnelle, vite fait comprendre que Titans ne correspondrait pas du tout aux attentes, et serait une production sombre, violente, et edgy - en d'autres termes, Titans, saison 1, c'est le ton du Snyderverse, sur le petit écran... et avec, en prime, les occasionnelles fautes de goût des séries Berlanti.
Ainsi, si vous avez toujours voulu voir une Starfire en mode Jason Bourne, amnésique, vêtue comme une prostituée des années 70, brûler des gens grâce à ses pouvoirs pyrokinétiques ; un Dick Grayson tourmenté et accro à la violence, qui rejette Batman et sa formation extrême, mais démolit des méchants à tour de bras, dans de grandes gerbes de sang et de fractures, et n'hésite pas à ordonner l'explosion d'un asile et de ses occupants ; un Beast Boy dont les transformations se font à grands renforts d'os qui craquent, et qui est paniqué à l'idée de se laisser consumer par ses instincts animaliers (spoiler : il finit par le faire, par dévorer un maychant, et Starfire l'encourage même à le faire) ; une Raven gamine et paumée, qui fait un mauvais cosplay de Natalie Portman dans Léon...
Si vous avez toujours rêvé de voir un Batman présenté comme un être sadique et cruel, qui traumatise des enfants pour en faire ses soldats et leur implante un traceur à leur insu ; un Jason Todd (Curran Walters) ultra-rebelle qui massacre des policiers et des bad guys sous l'anonymat de son masque, pour se venger de ce qu'il a subi durant sa jeunesse ; un Hawk (Alan Ritchson) impuissant, névrosé et bourré de médicaments, à l'origin story dramatique à base de pédophilie et d'accident ayant coûté la vie à son frère ; une Dove (Minka Kelly) à la perruque et au costume immondes, plongée dans le coma en cours de saison, et privée elle-aussi de sa mère dans un accident...
Bref, si vous voulez de la tragédie, de la noirceur, des environnements sous-éclairés (au point d'être parfois illisibles à l'écran), du mélodrame à gogo, du sexe (qui reste tous publics, tout de même), du sang, de la colère, de la violence, et des insultes, alors cette version des Titans devrait être faite pour vous.
Et en soi, pourquoi pas : tout comme l'approche du Snyderverse, c'est une approche qui peut être intéressante, en théorie, si elle est bien traitée.
Seulement voilà : sur 11 épisodes de cette saison 1, il y a environ 6 épisodes de contenu, au maximum. En cela, la série rejoint les séries Marvel/Netflix, qui faisaient beaucoup de remplissage... sauf qu'ici, ce remplissage est d'autant plus visible que des épisodes entiers de cette saison 1 sont consacrés à d'autres personnages. On a ainsi un épisode consacré à la Doom Patrol, un et demi centrés sur Hawk & Dove, un sur Dick et Todd enquêtant sur une affaire totalement détachée de l'intrigue principale... ajoutez à cela un récit qui prend largement son temps et fait beaucoup de surplace, et l'on se retrouve avec une série qui, bien souvent, ressemble à une collection de backdoor pilots visant à recycler d'autres projets avortés, ou à les tester avant leur mise en chantier officielle (ce qui s'est produit pour Doom Patrol).
De quoi être rapidement frustré par l'approche créative du tout, d'autant que les personnages sont loin d'être traités sur un pied d'égalité : cette saison, c'est Robin, Raven (et les autres), puisque Dick Grayson est clairement la star du programme, histoire de capitaliser sur ses liens avec Batman, sans jamais pouvoir montrer ce dernier (sauf dans l'épisode final de la saison, mais uniquement en silhouette).
Le fil conducteur de la série, lui, est donc Raven et ses origines, des origines qui lui valent d'hériter de Rachel Nichols en mère, et, dans le rôle de Trigon, le démon destructeur de mondes, la menace ultime de tout l'univers, le géant cornu aux yeux multiples... Seamus Dever, le flic irlandais de Castle. Tout de suite, on revoit ses ambitions à la baisse (et j'aime bien l'acteur, mais là... non).
Ce qui laisse à Beast Boy (réduit à une transformation en tigre) et à Starfire (qui rejoue la même partition de l'amnésie et des tenues disco lamées pendant ces 11 épisodes - et ce, quand bien même les producteurs avaient passé leur temps à jurer que Starfire allait revêtir une tenue plus super-héroïque en cours de saison... ) une part congrue de la saison, éclipsés par leurs collègues, par leurs antagonistes (les cultistes de Trigon, assez peu inspirés), et par les guests stars (la fliquette de début de saison, qui ne sert que de chair à canon ; le bref passage de Donna Troy, la Wonder Girl de service, vers la fin de la saison ; sans compter un certain clone kryptonien qui vient dire bonjour en post-générique de fin de saison, et qui revient un peu à mettre la charrue avant les boeufs).
Titans est donc un programme schizophrène, qui tente de faire 250 choses à la fois : établir un univers partagé pour la plate-forme de VOD DC, réinventer les Titans en personnages dark, gritty et sexy (Starfire/Robin, au lit au bout de quelques épisodes), lancer de potentiels spin-offs, créer l'équipe des Titans sans Cyborg, réussir à rendre crédible des costumes approximatifs et peu inspirés, ainsi qu'une histoire de prophétie démoniaque, essayer de remplir 11 épisodes avec un contenu insuffisant, et tenter de dissimuler le fait que la série tente de présenter, par le biais de Dick Grayson, une intrigue condamnant une certaine forme de violence gratuite, tout en s'y adonnant avec complaisance tout au long de ses 11 épisodes.
Les amateurs de comics 90s et du Snyderverse y trouveront probablement leur compte. Les autres, peut-être moins. Tout n'est pas forcément à jeter dans ces Titans : les épisodes signés Richard Hatem sont plutôt bons, l'interprétation de Diop est excellente, et Thwaites, lorsqu'il peut enfin sortir de sa caractérisation colérique, fait un bon Dick Grayson (Croft est nettement plus inégale en Raven) ; ponctuellement, la direction artistique se marie bien avec le propos du scénario...
Mais en ce qui me concerne, cette version alternative et grimdark des Teen Titans (et de l'univers DC) est assez symptomatique de ce qui ne fonctionne pas chez DC : cette vision adolescente et immature de leurs personnages, qui privilégie l'attitude et la "coolitude" à quelque chose de cohérent et de bien structuré.
Nul doute, cependant, que la série aura ses ultra-fans, prêts à la défendre à la vie à la mort.
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Justice League :
Attirés par la peur et le chaos d'un monde dépourvu de Superman (Henry Cavill), les Parademons de Steppenwolf (Ciarán Hinds), un dangereux extra-terrestre, envahissent la Terre. Pour les contrer, Batman (Ben Affleck) et Wonder Woman (Gal Gadot) recrutent des êtres surpuissants aux quatre coins du monde : Aquaman (Jason Momoa), Flash (Ezra Miller) et Cyborg (Ray Fisher)...
On ne va pas y aller par quatre chemins, ni détailler plus avant la genèse catastrophique de ce Justice League, entre la Warner qui panique et tente de réorienter son film vers quelque chose de "plus Marvel", Zack Snyder qui quitte le navire en cours de route suite à un drame familial (et à la réception hostile des critiques à ses films précédents), et Joss Whedon qui prend le relais pour retourner un gros morceau du film, après avoir servi de script doctor et rajouté de l'humour dans le tout.
En l'état, Justice League est un ratage de plus pour l'écurie DC. C'est bien simple, non seulement le film trahit amplement sa genèse chaotique (les styles Snyder et Whedon ne se marient pas bien, les reshoots sont tous flagrants avec leur Affleck bouffi dans les nouveaux plans et leur Superman "moustachu", le script est décousu et simpliste, la direction artistique bipolaire) mais surtout, il est d'une indigence technique assez aberrante pour un produit de ce calibre.
La photographie est bien souvent immonde (avec des couleurs laides au possible, et un étalonnage numérique voyant), et les effets spéciaux improbablement ratés : non seulement sur le plan des incrustations sur fonds verts, flagrantes, sur celui de l'intégration du corps numérique de Cyborg (aux proportions variables), ou sur le rendu approximatif de Steppenwolf et de certaines doublures numériques, mais plus gênant, 90% des plans dialogués de Superman ont été retournés par Whedon, qui n'avait donc sous la main qu'un Cavill moustachu (pour son rôle de Mission Impossible 6). Résultat : tous ces plans de Superman (de l'ouverture du film à sa scène de post-générique) mettent en scène un personnage à la bouche en images de synthèse (pour effacer la moustache), qui finit par ressembler à un mauvais protagoniste de jeux vidéo, à l'animation labiale défaillante.
Et quand bien même on arriverait à passer outre ces problèmes techniques, on se retrouve confronté à un film qui singe de manière bâclée la formule Marvel, et apparaît tout simplement bancal de bout en bout. Ce n'est pas forcément surprenant, quelque part, puisque Whedon est aux commandes : ce Justice League ressemble énormément à Avengers 2 - L'Ère d'Ultron mais en pire (ou du moins, avec les mêmes défauts, sans avoir les qualités nécessaires pour les compenser, ou les personnages attachants déjà établis) : les effets sont inférieurs, le montage est inférieur, l'écriture est inférieure, la continuité est inférieure, les enjeux sont plus faibles, les personnages moins intéressants (Wonder Woman reste égale à elle-même, même si Gal Gadot joue ponctuellement assez mal ; Cyborg n'a pas le moindre charisme, notamment en VO, et son design est raté ; Batman est inutile, pachydermique, et ressemble parfois à une otarie bourrée à la bière lorsqu'il fait des sauts câblés ; Aquaman n'est pas désagréable ; idem pour Flash, hormis sa course étrange de patineur artistique), le méchant est encore moins convaincant, et la bande originale est encore plus faiblarde, sauf lorsqu'elle invoque brièvement (mais de manière quasi hors-sujet) les thèmes mythiques de Batman et Superman, et celui, plus récent, de Wonder Woman.
On se retrouve donc devant un véritable monstre de Frankenstein cinématographique qui prend l'eau de partout, et qui ne fonctionne quasiment jamais : pour faire simple, j'ai vu le film un peu après sa sortie en salles, et à la date d'aujourd'hui, je n'ai le souvenir que d'une scène, celle où un Superman torse nu, fraîchement ramené à la vie, démolit sans efforts tout le reste de la Ligue, y compris un Flash dépassé par la vitesse du Kryptonien.
Une scène efficace, à la fois drôle et impressionnante, et qui, en tant que grand fan de Superman, m'a donné le sentiment, pour la première fois, d'avoir une échelle de pouvoirs respectée à l'écran.
Tout le reste, malheureusement, est à la peine ; oui, c'est ponctuellement plus divertissant, plus positif et moins pompeux que les précédents métrages du DCEU, mais ce n'est pas pour autant que ça en fait un film plus réussi. Plus regardable, peut-être. Mais encore plus anecdotique, c'est certain.
Et particulièrement frustrant pour qui aime, comme moi, ces personnages, et voudrait bien que DC et la Warner se sortent les doigts du boom tube, et arrêtent de saccager des franchises au potentiel pourtant illimité.
2.5 - 0.5 pour les effets spéciaux indignes d'une telle production = 2/6
(presque aussi raté que Suicide Squad, pour des raisons - partiellement - différentes)
(et franchement, malgré tout le capital sympathie de Momoa, je doute vraiment que l'Aquaman en mode glandeur-surfeur métalleux qui nage sur fond vert soit vraiment la solution pour relancer le DCEU)
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Wonder Woman :
Lorsque Steve Trevor (Chris Pine), un espion américain détaché auprès des services secrets anglais, s'écrase sur l'île mystérieuse de Themyscira, Diana (Gal Gadot), princesse des Amazones y vivant cachées en harmonie, ne connait rien du monde des Hommes. Mais en apprenant que la Première Guerre Mondiale fait rage, elle croit comprendre qu'Ares, le Dieu de la Guerre, en est responsable, et qu'il est de son devoir sacré de le vaincre. Contre l'avis de sa mère Hippolyte (Connie Nielsen), elle s'arme alors, et accompagne Steve chez les humains... pour le meilleur, et pour le pire.
Honnêtemtent, cette critique m'a posé des problèmes d'écriture. Et après l'avoir retournée dans tous les sens sans parvenir à trouver un angle ou une structure qui me convienne, j'ai décidé de faire simple.
Wonder Woman, c'est le meilleur film du DCU actuel.
Mais c'est aussi un film affreusement médiocre.
Alors je sais, ça va à l'encontre de l'emballement médiatique absolu que connaît le métrage outre-Atlantique, où ça parle de meilleur film de super-héros depuis 20 ans, de porte-étendard de la cause féministe, de futur film oscarisé, de film qui transforme le tissu sociétal et générationnel des USA, etc, etc, etc, avec une critique unanime qui a vite fait d'écraser le moindre avis dissident sous des accusations de misogynie, de mauvaise foi, etc....
Mais pourtant, c'est le cas : Wonder Woman, c'est du niveau d'un film Marvel très moyen, et ce sur tous les plans.
Le film se divise en trois parties distinctes : l'île de Themyscira, Londres, et le champ de bataille. Trois parties bien séparées, tant stylistiquement qu'au niveau de l'intérêt et du rythme.
- Sur Themyscira, on a droit à l'origin story de Diana, c'est assez bavard, l'exposition est maladroite, ce n'est pas très passionnant, mais visuellement, c'est coloré, c'est agréable, et ça fonctionne. On se dit que, peut-être, Patty Jenkins, la réalisatrice, a tiré la leçon des erreurs du reste d'un DCU particulièrement sombre et dépressif. Malheureusement, on y comprend aussi très vite les problèmes récurrents du film : ses effets spéciaux régulièrement calamiteux, et ses ralentis innombrables (à la Snyder) qui cependant, font alors encore illusion à ce moment-là du film. Arrive alors Steve Trevor (Chris Pine qui nous refait Kirk, en fait), et qui révèle que Gadot possède un assez bon timing comique : leur duo fonctionne, et cela va se confirmer durant la seconde partie du film, à Londres.
- Là, on nage en pleine comédie (façon Thor chez les humains), avec musique primesautière et mickeymousing pataud, une comédie parfois un peu forcée, mais pas désagréable, notamment au niveau des rapports détendus du couple. Mais plus le film se rapproche des tranchées, et plus il devient problématique : les ralentis continuent à se multiplier jusqu'à insensibiliser le spectateur (même la grande scène du No Man's Land, tant louée ici ou là, est tombée un peu à plat pour moi tant elle manque de réel point d'orgue, et qu'elle souffre de trop de ralentis), les motivations et la caractérisation des personnages se font de plus en plus sommaires (les méchants qui caquettent de rire façon Rita Repulsa dans un épisode des Power Rangers, pour montrer qu'ils sont machiavéliques ; la fine équipe de Trevor composée d'un arabe menteur, d'un écossais bagarreur et ivre, et d'un natif-américain appelé Chef qui fait des signaux de fumée... *soupir*), et l'action... dont quasiment toutes les scènes marquantes étaient dans la bande-annonce.
- Toutes, sauf... le dernier acte du film.
Lorsque Wonder Woman affronte, dans un déluge d'effets spéciaux immondes et de doublures numériques en caoutchouc, le dieu Ares (une fin de film digne, dans sa médiocrité, de celle de Batman v Superman). Lorsque Steve Rogers prend l'avion bourré d'explosifs, et se sacrifie en le pilotant jusque dans un glacier pour éviter qu'il ne s'écrase sur une grande ville. Lorsque l'écriture toujours aussi pataude et maladroite se joint à l'interprétation très inégale de Gadot (pas mauvaise dans l'action et dans l'humour, très limitée dans l'émotion, et qui a tendance à dodeliner de la tête pour exprimer le moindre sentiment autre que la confiance en soi) pour nous axer tout ça sur le pouvoir de l'amour...
Alors je veux bien qu'on soutienne le film parce que c'est le premier film du DCU à ne pas être totalement raté (c'est vrai), parce que c'est le premier film de super-héros réalisé par une femme (pauvre Lexi Alexander, tout le monde a oublié son Punisher : Zone de Guerre, au budget certes moins important), parce que c'est le premier long-métrage centré sur Wonder Woman (le film animé de 2009 était cependant très réussi, nettement plus que cette version 2017), ou que sais-je encore... mais lorsque l'on démolit certains films Marvel, à tort ou à raison, pour des défauts (de scénario, d'originalité, d'effets spéciaux, d'antagonistes faiblards, etc) que l'on retrouve systématiquement dans Wonder Woman, mais qu'ici, on décide de fermer les yeux sur ces défauts "parce que c'est réalisé par une femme/ça met une femme en vedette/c'est une date dans l'histoire du cinéma"... là, j'ai nettement plus de mal.
Les défauts de Wonder Woman sont pourtant bien réels, et d'ailleurs, j'irai même plus loin : j'ai trouvé que Patty Jenkins, la réalisatrice, n'était pas particulièrement inspirée. À de nombreuses reprises, j'ai trouvé que son travail, à l'image du script et des effets, était maladroit, manquait de personnalité et de punch, et que tout cela aurait mérité nettement plus de subtilité.
Ajoutez à cela le dernier acte pourri, les effets spéciaux médiocres, la bande originale quelconque (à l'exception du thème guerrier de WW hérité de Zimmer), le script dérivatif, et le rythme inégal, et l'on se retrouve donc avec un film assez bancal : en résumé, on a un premier acte à 3.5/6, un second acte à 4/6, et un dernier acte à 1.5/6...
...ce qui nous fait un tout à 3/6, avec 0.5 de bonus pour certains moments plus efficaces = 3.5/6
(sur l'échelle des films super-héroïques actuels, je le placerais au niveau d'un Iron Man 2, Avengers 2 : l'Ère d'Ultron ou des Thor : ça se regarde, mais ça s'oublie instantanément)
(EDIT de 12/2018 : revu récemment, et la critique ci-dessus reste globalement inchangée ; j'avoue toutefois avoir eu du mal à rester intéressé par le récit dans sa deuxième moitié, alors que les longueurs se faisaient de plus en plus évidentes, et que les doublures numériques étaient de moins en moins travaillées... de quoi redescendre le tout à 3.25/6)
Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine (tant que j'arriverai à tenir la cadence ^^), et des mini critiques d'une dizaine de lignes, tout au plus.
Suicide Squad :
Pour contrer l'émergence des métahumains et pallier la mort de Superman, Amanda Waller (Viola Davis), agent du gouvernement, décide de mettre sur pieds un commando de forces spéciales composée des pires criminels connus : Deadshot (Will Smith), Killer Croc (Adewale Akinnuoye-Agbaje), Harley Quinn (Margot Robbie), Captain Boomerang (Jay Courtney), et autres psychopathes aux capacités spéciales font ainsi équipe pour affronter l'une des leurs, l'Enchantresse (Cara Delevingne), alors même qu'en arrière plan plane l'ombre du maléfique Joker (Jared Leto)...
Récapitulons rapidement : Warner/DC Comics est à la traîne derrière Marvel, et tente d'établir son propre univers cinématographique de manière précipitée et baclée, en laissant Zack Snyder superviser le tout. Mais l'approche Snyder est très polarisante, et après un Man Of Steel destructeur, et un Batman v Superman bordélique, sa vision pluvieuse et bourrine de l'univers DC fait sérieusement débat.
Aussi, pour tenter de contrer cette désaffection croissante du grand public et des critiques (les films font de bons scores au box-office, mais n'atteignent jamais les cartons faramineux de la concurrence, et souffrent d'un bouche à oreille négatif), DC a décidé de faire comme Marvel, et de singer l'approche Guardians of The Galaxy : sur papier, un film d'équipe décalé, original, avec des seconds couteaux DC méconnus du grand public, un sens de l'humour, et une bande-son pop-rock légère et amusante.
Du moins, c'est ce que DC a vendu avec la bande-annonce de Suicide Squad. Seul problème : David Ayer, lui, tournait un film de bande façon Les Douze Mercenaires, pluvieux, sombre et bourrin. Et donc DC de paniquer, d'ordonner des reshoots visant à alléger l'ambiance du film, d'axer la promo sur le tournage excentrique et déjanté, et de commander un second montage parallèle au premier, qui ressemblerait plus au film vendu dans la bande-annonce.
Résultat : à l'écran, Suicide Squad est un bordel improbable, un hybride de ces deux directions créatives opposées, constamment tiraillées entre celles-ci, et ce sans jamais que l'une ou l'autre ne parvienne à s'imposer (et à imposer un ton cohérent au film).
Autrement dit, Suicide Squad a constamment le postérieur entre deux chaises, sans jamais convaincre dans une catégorie ou dans l'autre : à la fois terne et forcé (les morceaux musicaux font vraiment datés et insérés de manière automatique par un monteur incapable), plein d'action insipide (des fusillades, et encore des fusillades), mal rythmé, totalement dominé par Will Smith et Margot Robbie (pas forcément surprenant, tant on pouvait très tôt deviner que tout le reste de la squad, au charisme de poulpe mort, ferait de la figuration se limitant même parfois à deux lignes de dialogues ; le Joker, pourtant omniprésent dans la promo, a quant à lui un temps de présence ultra-limité) et aux choix créatifs très discutables (la relation à sens unique Joker/Harley du comic-book et des dessins animés s'est ici changée en relation amoureuse réciproque), avec un antagoniste totalement décevant, oubliable et disproportionné (le film aurait mieux fonctionné avec le Joker comme big bad), et surtout, un "commando de méchants" qui n'ont absolument rien de méchants, et paraissent presque plus sensés, calmes et héroïques que les Batman et Superman de ce même univers...
Et n'oublions pas la réalisation (bourrée de gimmicks et de moments clichés), ou l'interprétation, affreusement inégale : si Robbie et Smith font leur truc de manière assurée, Cara Delevingne en fait trois tonnes, Kinnaman est, au mieux, médiocre, Jared Leto... disons que son Joker gangsta-bling-in-love n'apparaîtra jamais sur ma liste de méchants réussis au cinéma.... et les autres disparaissent sous leur maquillage (pauvre, pauvre Killer Croc).
Bref, on est dans un ratage indubitable (le troisième, créativement parlant, sur trois films de l'univers partagé DC comics : ça commence à faire beaucoup), un film bancal, sans une once de fun, et qui peine à intéresser le spectateur, ou à rester dans sa mémoire.
0.5 pour Harley + 0.5 pour Deadshot (même si Will Smith se contente de faire du Will Smith) + 0.5 pour Waller + 0.5 pour Boomerang (inutile et une vraie caricature ambulante, mais paradoxalement, Jai Courtney fait un bon comic relief dans ce film) = 2 - 0.5 pour le script qui ne raconte rien et tourne à vide une fois sa première moitié écoulée = 1.5/6
Initialement publié le 18/08/2016 ; Edit du 26/11/2016 :
Suicide Squad - Version longue :
Un petit quart d'heure supplémentaire pour cette version longue de cette seconde grosse sortie DC Comics de 2016... mais contrairement à Batman vs Superman, où les ajouts apportaient plus de clarté et de limpidité au script (tout en rallongeant le film d'autant, ce qui compensait malheureusement les bons points de ces ajouts), ici, ces minutes supplémentaires ne changent absolument rien au produit fini, déjà trop long pour son propre bien.
Certes, on a droit à un peu plus de Harley et de Deadshot, avec quelques moments pas désagréables, (ainsi qu'à un caméo du réalisateur...) mais dans l'ensemble, ce Suicide Squad est toujours un film profondément raté, au montage redondant et médiocre, à la narration bancale, au script plein de trous, au rythme défaillant, à la distribution globalement très fade, et à la méchante de service risible, à mi-chemin entre la Zuul de Ghostbusters et une publicité de parfum Thierry Mugler (et je ne mentionne même pas la manière pataude dont la production a, en VO, fait jouer l'Enchanteresse en anglais par Cara Delevingne, avant de la redoubler avec une grosse voix synthétique dans une langue fictive, et de sous-titrer le tout à l'écran en anglais ; déjà que son interprétation "ondulante" est plus que discutable...).
Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine (tant que j'arriverai à tenir la cadence ^^), et des mini critiques d'une dizaine de lignes, tout au plus.
Batman v. Superman - L'Aube de la Justice : Version Longue (Extended Cut) :
18 mois après avoir assisté au combat destructeur de Superman (Henry Cavill) et de Zod (Michael Shannon), Bruce Wayne (Ben Affleck) est enfin prêt à affronter le Kryptonien, qu'il considère être une menace pour l'humanité. Mais ce que Batman ignore, c'est que Lex Luthor (Jesse Eisenberg) oeuvre dans l'ombre et manipule les deux hommes pour qu'ils s'entretuent...
Il y a deux mois à peine, lors de sa sortie ciné, j'avais publié sur ce blog ma critique de ce film supposé lancer le DC Universe en salles. Une critique que vous pouvez retrouver ici dans son intégralité, et qui se résumait à "une occasion ratée, par la faute d'un réalisateur à la vision polarisante et d'un studio paniqué à l'idée d'être à la traîne par rapport à sa concurrence, qui d'un commun accord ont décidé de fusionner trois films en un, et de faire l'impasse sur tout ce qui faisait fonctionner, sur papier, ces trois intrigues : un tout petit 2.5/6".
On retrouve donc aujourd'hui ce BvS en version longue, avec une bonne demi-heure de plus, une demi-heure concentrée sur la première partie du film, et qui commence, notamment, par développer l'incident en Afrique, avec
"Hi, Miss Lane, my name is Jimmy Olsen. I'm a photographer... obviously."
(trois minutes plus tard, BANG, balle entre les deux yeux)
O_o
Rah là là, pauvre Jimmy Olsen.... cette Extended Edition, en fait, m'a directement rappelé le Director's Cut de Daredevil : comme pour DD, cette version rallonge considérablement le métrage, en développant de manière conséquente les sous-intrigues annexes (ici, en l'occurrence, ça développe comment Luthor manipule l'opinion publique de tous les côtés par le biais d'un Drazik omniprésent, et ça approfondit le travail d'enquête de Lane & Kent pendant les premières 90 minutes du film - bon, dans les deux cas, ça reste hyper-capillotracté et bourré de coïncidences bien pratiques, mais au moins ça redonne un peu de cohérence au tout), ça rend l'ensemble du film plus homogène et fluide, mais ça ne change effectivement strictement rien au niveau qualitatif global, puisque les raccourcis improbables, les trous de scénario, la logique défaillante, et les choix créatifs aberrants restent toujours aussi présents, surtout dans la seconde partie du film (où les rajouts m'ont paru minimes, Steppenwolf et enterrement exceptés, et assez peu intéressants).
Et puis franchement, autant c'est sympathique de voir que Lois et Clark font un peu de travail journalistique, çà et là, autant pas mal de rajouts de la première partie sont tout simplement inutiles, comme les fesses Batfleck sous la douche (c'est bon, on a compris qu'Affleck avait fait du sport, et que Snyder voulait les montrer, tous ces muscles, comme pour Cavill dans la scène - rallongée - de la baignoire de Lois), Batfleck qui se réveille avec une femme anonyme dans le lit de son chalet forestier, Clark qui croise des gens incrédules dans les montagnes enneigées, ou encore le rôle (autrefois très très mystérieux ^^) de Jena Malone en technicienne de laboratoire (ça fait un peu avancer l'enquête de Lois, mais pas tant que ça).
Comme se sont empressés de le dire de nombreuses critiques, l'Extended Cut est meilleure... ou presque.
Elle ne change pas vraiment le film, ça l'améliore juste un peu dans sa première moitié, mais comme en contrepartie ça le rallonge notablement, en fait, le match Ciné vs Extended est un match nul, qui ne fait que souligner les nombreux problèmes du script et du projet (un script qui, malgré les trois heures de cette nouvelle version, semble toujours régulièrement bâclé, maladroit et incohérent).
Autrement dit : toujours 2.5/6
Edit 07/2020 : après un nouveau visionnage dans le cadre d'une rétrospective DC Comics, mon avis ne change pas, ou peu.
J'apprécie toujours le choix d'ouvrir le film (ou presque) sur la bataille de Man Of Steel du point de vue de Wayne, je trouve toujours la bande originale insipide au possible (hormis un thème ou deux made in Zimmer), mais étrangement, je commence à trouver cette incarnation de Luthor plutôt amusante et intéressante (même si, dans l'absolu, c'est Eisenberg qui fait du Eisenberg). Ce, en dépit d'un plan qui est d'autant moins plausible que la version longue l'étoffe outre mesure ; un plan qui, pour fonctionner, exige que tant Batman que Superman perdent 150 points de QI et agissent comme des imbéciles... ce qui n'est pas surprenant, compte tenu de Goyer à la plume (explication évidente aux caractérisations étranges, aux rebondissements improbables, et aux choix créatifs peu inspirés du métrage).
Et en ce qui concerne le travail de Snyder, j'ai de plus en plus de mal avec cette photographie jaunâtre assez laide, et ces choix de format, de cadres et de plans qui compriment les visages. Mais bon.
Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine (tant que j'arriverai à tenir la cadence ^^), et des mini critiques d'une dizaine de lignes, tout au plus.
Batman v. Superman - L'Aube de la Justice :
18 mois après avoir assisté au combat destructeur de Superman (Henry Cavill) et de Zod (Michael Shannon), Bruce Wayne (Ben Affleck) est enfin prêt à affronter le Kryptonien, qu'il considère être une menace pour l'humanité. Mais ce que Batman ignore, c'est que Lex Luthor (Jesse Eisenberg) oeuvre dans l'ombre et manipule les deux hommes pour qu'ils s'entretuent...
Quelle belle ironie de voir que c'est ce même Goyer qui est à l'origine du plus gros du script de ce BvS, lui-même qui rejetait cette notion il y a dix ans de cela. Mais passée cette ironie douce-amère (car il faut bien l'avouer, c'est l'écriture pataude et bancale de Goyer qui est responsable de bien des problèmes du DCEU), c'est toute la politique cinématographique réactive de DC qui est à remettre en question. La pilule du succès absolu (et exagéré ?) de Marvel Studios, et de leur univers partagé très coloré, plutôt bien construit, et plein d'humour n'est clairement pas bien passée chez DC/Warner, et depuis des années, ils tentent donc de rattraper leur retard considérable au box-office.
Problème : cet univers partagé n'est pas du tout établi, et plutôt que d'assumer son retard sur Marvel, et de faire bien les choses au fil des ans, DC/Warner bacle tout. Le résultat de ce baclage étant ce Batman v. Superman qui souffre de tellement de défauts qu'ils seraient trop longs à vraiment développer.
Avant Man Of Steel, les plus méfiants d'entre nous avaient espéré que ce relaunch de Superman serait l'occasion, pour les personnes impliquées dans la production, de combiner leurs forces, et d'éliminer leurs faiblesses respectives : Goyer connaît bien les comic-books, mais n'est pas très bon scénariste ; Snyder est un bon réalisateur qui a tendance à privilégier l'esthétique et les images épiques à base de ralentis, ainsi que le fanservice, a un script et un film maîtrisés ; les Nolan sont de bons techniciens, mais leurs productions sont bavardes, pseudo-intellectuelles, et souvent froides.
Mais plutôt que de bénéficier des qualités de toutes ces personnes, Man of Steel (dont le casting était par ailleurs très réussi) a fini par être une compilation de leurs défauts, un métrage inutilement stylisé et bourrin, au propos et aux allégories pataudes, filmé dans un style naturaliste hors-sujet, aux hors-sujets absolument aberrants (Pa Kent) et aux personnages-fonctions ni attachants, ni vivants. On en ressortait avec l'impression que la team DCEU était totalement passée à côté du personnage de Superman, lui préférant un avatar christique geignard, hésitant et destructeur, du genre à rouler une galoche à Lois Lane (après avoir eu une demi-douzaine de scènes à peine avec elle dans le film) au milieu des décombres fumants de Metropolis.
Une conception du superhéroïsme étrangement déphasée avec celle, historique, du personnage de Superman, et qui cachait, derrière ses atours de bourrinage intensif voulant faire oublier Superman Returns (jugé trop mou par une certaine frange très bruyante de la fanbase), des scènes totalement WTF, tant dans leur conception que dans leur exécution (la tornade !!).
Mais revenons à BvS. Lancé à l'improviste avec un seul logo pour accompagner l'annonce, décidée quelques jours à peine avant la Comicon, le projet a connu une genèse compliquée, conséquence du désir de DC/Warner de manger à tous les râteliers. Initialement Man of Steel 2, le film est alors devenu BvS (adaptation de la bd The Dark Knight Returns de Miller), puis a muté en BvS : Dawn of Justice un an après, afin de mettre en place le futur film de la Justice League.
Autrement dit, BvS a rapidement eu pour lourde tâche d'englober, en un seul métrage, une suite de Man of Steel, l'introduction d'un nouveau Batman, la mise en scène de l'affrontement Batman vs Superman, et la présentation d'un ou plusieurs membres de la Ligue. Un peu comme si Marvel, plutôt que de dérouler méthodiquement ses Phases, avait décidé d'intégrer à Iron Man 2 les intrigues de Captain America, de Civil War, et de Avengers, sans prendre la peine de développer le tout plus que ça.
Autant dire que ce BvS est un gros bordel, qui tente de faire tout et son contraire, de se faire pardonner du destruction porn de Man of Steel (tout en en remettant une grosse couche), ou d'exploiter en surface Dark Knight Returns et La Mort de Superman sans en avoir posé les bases émotionnelles ou narratives, comme autant de fanservice gratuit et baclé, et de coups de coude à l'amateur de comics, afin de se le mettre dans la poche.
Pour faire simple, ça ne fonctionne pas. Notamment parce que Snyder ne semble pas intéressé par son Superman constipé (c'est Batman le vrai héros du film), et traite donc beaucoup de ses scènes et de leurs enjeux dramatiques par dessus la jambe : Jimmy Olsen, ou Mercy Graves ? De la figuration, et ils sont aussitôt éjectés de la franchise de manière bien gratuite. Lois ? Demoiselle en détresse mal filmée (Snyder est le seul réalisateur que je connaisse qui réussisse à rendre Amy Adams quelconque), avec en prime pseudo-nudité gratuite et racoleuse dans une baignoire. Maman Kent ? Un peu de morale douteuse ("tu ne dois rien aux gens de la Terre"), et demoiselle en détresse. Luthor ? Une catastrophe aussi bouffonne qu'à l'époque de Gene Hackman. Doomsday ? Un troll des cavernes du Seigneur des Anneaux, ni plus, ni moins. La mort de Superman ? Aucun impact, puisque dix minutes plus tard, on montre qu'il n'est pas mort.
En face, Wonder Woman s'en sort (même si elle semble toujours frêle, et qu'elle n'a pas grand chose à faire dans le film sorti d'un combat et de soirées mondaines dans des robes mal ajustées), et c'est le Batfleck show, un Batfleck show très efficace, même si un peu redondant (les origines de Batman, on les connaît, c'est bon). On pourra toujours pinailler que ses visions prémonitoires sont hors-sujet, que la poursuite en Batmobile est une catastrophe de montage et de réalisation, que de placer Gotham de l'autre côté de la baie de Metropolis, à 10 minutes en ferry, n'a aucun sens, que la carrure Milleresque de Batman, avec ses muscles rembourrés, s'accommode moyennement de certaines scènes de combat (dans lesquelles, comme par magie, l'épaisseur du costume et du cou de Batman diminue pour faciliter les efforts du cascadeur)... mais ce n'est pas bien grave. C'est comme le fait que ce Batman tue allègrement ses proies : c'est le point de vue du réalisateur, je ne le partage pas, mais bon... Affleck est efficace en Batman, et c'est d'autant plus dommage qu'il écope d'un tel univers cinématographique bancal au possible.
Bref, en tant que suite de Man of Steel, c'est insuffisant, c'est inexploité, et ça se perd en palabres ronflantes sur la nature des dieux et des superhéros encapés, au détriment de l'émotion ou du rythme. En tant que Batman Begins 2.0, ça fonctionne relativement bien, grâce à Affleck. L'affrontement Batman vs Superman, lui, ne convainc pas vraiment, relégué au dernier quart du film, juste avant l'arrivée de Doomsday, et réglé par une pirouette scénaristique maladroite et pataude (Martha !!). Quand à la mise en place de la Justice League, elle se fait au forceps, par l'intermédiaire de Wonder Woman, et de vidéos informatiques piratées chez Lex : ce n'est pas très élégant, c'est amené avec la subtilité d'un tractopelle, et ça lorgne tellement sur la méthode Marvel que ça en devient génant.
Ajoutez à cela une musique insipide d'un poulain de Zimmer, des effets inégaux (les transitions acteurs/doublures numériques sont parfois laborieuses, et la gestion à l'écran de la force de Batman l'est encore plus), un film qui, donc, tire à la ligne malgré tout ce qu'il doit couvrir en 2h30, et on se retrouve devant quelque chose qui a de belles images et de beaux moments occasionnels, un métrage qui a quelques beaux restes pleins de potentiel, mais noyés dans un océan de médiocrité et de dépression terne et forcée, une médiocrité résultant à la fois du travail de Snyder, de celui des scénaristes, mais aussi de la gestion du DCEU par DC/Warner, faite en dépit du bon sens.
Toute confrontation Batman/Superman reposant sur le contraste entre les deux protagonistes (l'un heureux, solaire et positif, menant par l'exemple et inspirant les hommes à être meilleurs, l'autre tourmenté, nocturne, sombre et négatif, faisant régner la peur dans le coeur des criminels), quel intérêt alors d'en faire deux êtres tout aussi tourmentés et dépressifs, redoutés par les humains ? Bonne question, à laquelle je serais bien en peine de répondre.
Cela dit, c'était toujours plus divertissant que Man of Steel.