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LES TÉLÉPHAGES ANONYMES

Il était une fois Lurdo & Sygbab, deux internautes passionnés de séries tv et de cinéma, et qui cherchaient un endroit où archiver leurs avis (semi) éclairés...

Un film, un jour (ou presque) #228 : 007 Spectre (2015)

Publié le 14 Janvier 2016 par Lurdo in Critiques éclair, Cinéma, Review, Action, Thriller, Bond

Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine (tant que j'arriverai à tenir la cadence ^^), et des mini critiques d'une dizaine de lignes, tout au plus.

007 Spectre :

Après avoir fait la connaissance de la veuve (Monica Bellucci) d'un criminel recherché, James Bond (Daniel Craig) découvre l'existence d'une organisation criminelle internationale, le SPECTRE, dirigée par le maléfique Blofeld (Christoph Waltz). Privé du soutien du MI6, l'espion doit alors protéger la fille (Léa Seydoux) d'un ancien ennemi des griffes du SPECTRE, et de leur homme de main, Mr Hinx (Dave Bautista).

Je ne m'en suis jamais caché : les Bond période Craig ne m'ont jamais particulièrement convaincus. La faute partielle à l'interprète, monolithique, sans charme, et rarement expressif, qui fait plus tueur du KGB qu'agent flegmatique du MI6 ; mais dans l'absolu il aurait pu etre sauvé par des films de qualité, dynamiques et rythmés.

Malheureusement, Bond période Craig, c'est aussi l'époque du "reboot" sombre et réaliste, où les gadgets sont absents, où le personnage est torturé et introspectif, et où le tout est globalement sérieux et sans joie. Un Bond qui, prétendant faire du neuf, recycle en fait énormément de vieux, et souffre d'énormément de problèmes d'écriture, probablement autant qu'à l'époque de Brosnan.

Casino Royale, ainsi était symptomatique de ces problèmes d'écriture, un film bancal, une romance faisant office de redite, et un film assez moyen, étrangement surcoté pour son style plus que sa substance réelle ; Quantum of Solace... particulièrement médiocre et oubliable ; Skyfall, plein de défauts structurels et formels, éclipsés par un fanservice d'anniversaire, à la fois amusant et frustrant.

Et voilà donc un Spectre qui veut conclure et toutélier (de manière assez forcée, artificielle et peu convaincante) la trilogie des films précédents, en révélant Blofeld, le Spectre, et en en faisant une part intégrale de la vie de Bond. Malheureusement, plutôt que de capitaliser sur les acquis, et d'enfin faire de Bond le Bond qui était en construction depuis Casino (et qui semblait enfin s'assumer, lui et son héritage, dans Skyfall), ici, on capitalise plutôt sur les problèmes de la franchise, et on repart en arrière.

Bond est à nouveau seul, privé du soutien de son gouvernement, et de ses gadgets ; le film a, à nouveau, de faux airs de best-of peu inspiré, dans lequel un Craig vieillissant et fatigué avance en pilotage automatique, indestructible malgré les pires tortures (à la limite de Wolverine, dans cet épisode) ; après trois films refusant l'héritage musical et thématique de James Bond, on fait revenir Thomas Newman, qui fait du Newman et livre ici une partition médiocre et parfois déplacée, nettement inférieure à celle de Skyfall ; le générique, très tentaculaire, a la chance d'être musicalement sympathique ; le rythme est anémique et décousu, passant d'un pays à un autre, enchaînant des scènes d'action pas toujours convaincantes ou abouties, et de l'exposition bavarde guère plus satisfaisante...

Tout cela participe d'ailleurs à cette étrange situation dans laquelle se trouve le film : d'un côté, ultra-stylisé dans sa photographie et sa mise en images (le film est victime dans un étalonnage numérique terne et sans relief - l'introduction, à Mexico, est à ce titre visuellement immonde, baignée dans un jaune pisseux des plus laids, idem pour Tanger), il tente d'être un thriller revanchard et introspectif, et de l'autre, il est obligé de caser ses scènes d'action et de séduction de manière métronomique : le métrage se retrouve le cul entre deux chaises, son style étant paradoxalement trop travaillé et froid pour s'accommoder des cascades improbables de la franchise Bond (Sam Mendes semble tenter de composer de belles images de pubs pour parfum, plutôt que de rendre son récit un tant soit peu dynamique), et vice-versa, puisque ces dernières apparaissent alors molles, bâclées et sans impact (la poursuite automobile en ville, notamment).

Aucun de ces deux aspects n'est suffisamment assumé ni ne convainc, donc, à l'image de ces James Bond girls inévitables et à l'écriture calamiteuse : la première (ici, Bellucci), expédiée en trois minutes chrono, et la seconde (Seydoux, qui continue sa carrière au succès incompréhensible tout en étant fausse dans une scène sur deux), au charisme et à la présence inexistants, et qui pourtant devient celle avec qui Bond part à la fin du film (!?). Mouais.

Et puis il y a les méchants. Batista, tout d'abord, une présence intéressante (mais sous-développée), un affrontement physique crédible (il a clairement le dessus sur Bond, qui est alors vaincu), et une fin... pitoyable. Andrew Scott, en traître ô combien évident et télégraphié. Et Christoph Waltz, alias Blofeld, alias le grand frère adoptif de James Bond jaloux de son petit frère, et qui, complexé, a décidé de devenir sa nemesis, en mocassins sans chaussettes. Un empilement d'idées d'une stupidité confondante, qui instantanément tue toute la crédibilité du personnage, du film et de cet univers "réaliste" (en plus de souffrir d'un Waltz en pilotage automatique).

Avec Spectre, ce nuBond semble vraiment à bout de souffle, et renforce vraiment la nécessité d'une nouvelle équipe, tant devant que derrière la caméra : Bond a besoin de sang frais, et vite !

Reste néanmoins à retenir de ce film l'affrontement dans le train (malgré sa conclusion regrettable). C'est peu.

2/6 

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