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LES TÉLÉPHAGES ANONYMES

Il était une fois Lurdo & Sygbab, deux internautes passionnés de séries tv et de cinéma, et qui cherchaient un endroit où archiver leurs avis (semi) éclairés...

Un film, un jour (ou presque) #946 : Mayor of the Sunset Strip (2003)

Publié le 23 Avril 2019 par Lurdo in Critiques éclair, Cinéma, Documentaire, Review, Musique, Biographie, Histoire

Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine, et des critiques d'une vingtaine de lignes, tout au plus. ​​ 

Mayor of The Sunset Strip :

Le portrait de Rodney Bingenheimer, un petit bonhomme timide et réservé, caché sous sa frange, complexé, et qui accessoirement est une légende de la radio et de la scène musicale américaine : il a côtoyé toutes les plus grandes stars, de Sinatra à Bowie en passant par Elvis et les Beatles, qui toutes sont unanimes dans leurs interviews données pour le documentaire, et adorent Rodney.

Il faut dire que le bonhomme était l'un des pionniers du rock aux USA dans les années 60 : doublure lumière du leader des Monkees, c'est lui qui a importé Bowie en Amérique, puis les Sex Pistols, Coldplay, etc...

Au cours du documentaire, qui retrace grosso modo sa vie de manière chronologique, on voit ainsi des photos et des images de Rodney en compagnie de Lennon, de Hendrix, de Zappa, bref, de tous les géants de la musique du 20è siècle. Et l'on découvre un personnage discret, qui pourtant était de toutes les fêtes et de toutes les orgies, et conserve dans son "musée" des reliques aussi diverses que le permis de conduire d'Elvis, les tenues d'Elton John, un autographe de Kennedy et de Marilyn, etc, etc, etc...

Et paradoxalement, ce documentaire est empreint d'une profonde tristesse, directement dégagée par Rodney.

Oui, il connaît tout le monde, mais il reste toujours seul. Il a toujours côtoyé les stars, sans jamais réussir à en devenir une lui-même. Il a quelques amis proches, dont sa confidente de toujours, mais il apparaît perpétuellement songeur et triste, presque dépressif... sauf lorsqu'il oublie ses soucis dans la musique.

Une mélancolie d'autant plus amplifiée par les propos d'un employé de la radio, interviewé à part, et qui explique que si Rodney a toujours son émission après toutes ces années, c'est que personne n'a le courage de le mettre à la porte, alors qu'il est clairement en décalage total avec la cible de la radio.

On se rend alors compte que Rodney est parfaitement conscient de son statut de has-been aux yeux de beaucoup. Et que la mort de sa mère l'a profondément touché. Ce qui vaut d'ailleurs une scène très émouvante, vers la fin du métrage, lorsque Rodney retourne en Angleterre pour la première fois depuis des années, pour y déverser les cendres de sa mère dans la Manche.

Le documentariste conclut alors en posant une question face caméra à Rodney : "Est-ce que tu préfères que ce film ait une fin heureuse, ou une fin triste ?" Rodney, plus déprimé que jamais, répond alors qu'il veut une fin heureuse, et que les spectateurs se soient amusés en regardant le film. Et le réalisateur de le montrer s'en allant d'un bon pas, lunettes de soleil sur le nez, avec en fond sonore une musique dynamique et optimiste.

Mais le spectateur n'est pas dupe. En regardant MOTSS, on a parfois le sentiment d'assister à l'histoire vraie de ce qui aurait inspiré Almost Famous. Sauf qu'Almost Famous célébrait ces années musicalement et culturellement exceptionnelles. MOTSS, lui, sonne plutôt comme l'éloge quasi-funèbre d'un (petit) monsieur de la musique américaine, la fin d'une ère, et de ceux qui s'en souviennent.

4.75/6

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Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de tous les films passés en revue sur ce blog dans le menu Index de haut de page, ou en cliquant directement sur ce lien...

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