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LES TÉLÉPHAGES ANONYMES

Il était une fois Lurdo & Sygbab, deux internautes passionnés de séries tv et de cinéma, et qui cherchaient un endroit où archiver leurs avis (semi) éclairés...

Un film, un jour (ou presque) #751 : Girl 27 (2007)

Publié le 6 Juillet 2018 par Lurdo in Critiques éclair, Cinéma, Review, Documentaire, Drame, Thriller, Policier, USA

Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine, et des critiques d'une vingtaine de lignes, tout au plus. ​​ 

Girl 27 :

En 1937, à l'occasion d'une convention organisée par la MGM pour remercier ses représentants de commerce, Patricia Douglas, l'une des 120 danseuses/figurantes mineures employées par le studio, est violée par un employé. Rapidement, elle porte plainte, et l'affaire fait les gros titres des journaux américains, mais tant la justice que l'industrie cinématographique font alors tout pour la discréditer, et pour étouffer le scandale... avec succès.

Un documentaire que j'avais déjà vu en partie il y a sept ou huit ans, et qui a retrouvé une certaine popularité dans le cadre du mouvement #MeToo, tant ce récit assez glauque illustre bien un système souffrant de problèmes endémiques qui existent depuis la création du Vieil Hollywood.

Et ce métrage est effectivement plutôt intéressant dans sa première partie, tant qu'il narre les événements et reconstitue le puzzle de ce qui est arrivé à Patricia Douglas en 1937, à grands renforts d'images et d'archives d'époque, et de témoignages en tous genres (même si l'on peut se demander s'il n'y avait pas plus pertinent comme expert que la spécialiste juridique de Fox News).

Le problème, à vrai dire, c'est que rapidement, on en vient à percevoir un certain côté manipulateur dans ce Girl 27, à mesure que le réalisateur, David Stenn, un scénariste et journaliste spécialisé dans le Vieil Hollywood et dans la vie de ces stars d'antan, se met en scène, ou qu'il utilise de multiples images et extraits d'actualité et de vieux films, sortis de leur contexte, pour illustrer ses propos, ses conclusions ou certains témoignages.

À l'identique, on devine une dramatisation un peu superflue et forcée, comme lorsque Stenn attend dans une chambre d'hôtel un coup de téléphone, avec musique tendue en prime, ou quand il rajoute systématiquement des bruitages de téléphone brutalement raccroché lorsque Douglas décide d'interrompre à plusieurs reprises son témoignage (un témoignage clairement pas effectué par téléphone, mais bien enregistré de visu).

Cette forme et cette omniprésence de Stenn (non seulement sert-il de voix off, mais on le voit donc aussi dans sa chambre d'hôtel, marcher dans la rue, se rendre sur les lieux des événements, danser sur la tombe du violeur (!)...), finissent par prendre le pas sur le fond, notamment quand, dans sa seconde partie, le documentaire historique qui tentait de développer le contexte historique de cette histoire cède la place à une interview de Patricia Douglas, et à l'histoire de Patricia et de Stenn, et de leur relation chaotique.

Une Douglas qui ne s'est jamais vraiment remise de ce qu'elle a traversé, et qui a désormais son petit caractère (un caractère qui la coupe de tous et de toute sa famille), mais qui répète beaucoup de choses déjà abordées dans la première partie du documentaire. Pire, la réalisation se limite alors à une caméra fixe, et à des plans de coupe de mauvais goût, qui illustrent le témoignage ému et brutal de Douglas par des extraits de films montrant des violences faites à des personnages féminins. L'effet est contre-productif, et affaiblit le témoignage plus qu'il ne le renforce.

En somme, un documentaire au sujet très intéressant, mais à la réalisation et à l'écriture vraiment pas à la hauteur de ce dernier.

Malheureusement, Stenn semble être aussi intéressé par l'histoire de Douglas qu'il ne l'est par l'idée de raconter comment lui seul a su dénicher cette histoire (à plusieurs reprises, il laisse des commentaires très flatteurs pour sa personne, le genre de moments qu'un autre documentariste digne de ce nom aurait coupé au montage), et en fin de compte, cela dessert le témoignage de Douglas, tout en donnant parfois l'impression que le journaliste exploite celle-ci pour faire sa publicité.

3.25/6

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Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de tous les films passés en revue sur ce blog dans le menu Index de haut de page, ou en cliquant directement sur ce lien...

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