Adaptation Netflix d'un roman de science-fiction cyberpunk à succès, Altered Carbon est le bébé de Laeta Kalodigris, showrunneuse de Les Anges de la Nuit (aïe), scénariste de Pathfinder (aïe, bis), co-productrice exécutive du reboot de Bionic Woman (ouhlà), et scénariste de Shutter Island et de Terminator Genisys (*soupir*).
Un CV et une décennie de development hell cinématographique qui, ajoutés aux défauts habituels des séries Netflix, laissent d'office craindre le pire, malgré le budget conséquent de la série, et la promotion en grande pompe du programme par la chaîne...
Tentons néanmoins de mettre tous ces à-prioris de côté, et abordons ces 10 épisodes d'une heure d'une manière la plus objective possible : après tout, on n'est pas à l'abri d'une bonne surprise, dans ce genre trop peu exploité sur le petit et le grand écran.
Altered Carbon, saison 1 (2018) - première partie :
- 1x01 : Dans un futur lointain, Takeshi Kovacs, un criminel doté de capacités hors-du-commun, se réveille dans un nouveau corps (Joel Kinnaman) 250 ans après avoir été arrêté, et découvre que Mr Bancroft (James Purefoy), richissime, voudrait qu'il enquête sur son meurtre...
Un premier épisode qui mise totalement sur ses visuels et ses effets spéciaux pour éclipser le fait que l'univers est assez dérivatif et générique, dans le genre cyberpunk, et que le script est assez lourd en exposition.
Et ça fonctionne plus ou moins, puisque l'heure de métrage passe assez vite, malgré des clichés inévitables, et une distribution assez quelconque - Kinnaman n'a pas un charisme exceptionnel, la fliquette ne me semble pas toujours très juste, et tant Dichen Lachman que Tahmoh Penikett ne font que de brèves apparitions...
Bref, le postulat n'est pas inintéressant, mais il faudra voir comment ça évolue.
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- 1x02 : Kovacs mène l'enquête sur le meurtre de Bancroft, tandis qu'Ortega (Martha Higareda), elle, le suit à la trace...
Une enquête basique, digne des Experts, de la nudité gratuite et vraiment racoleuse, digne d'HBO (assez hypocrite, qui plus est, entre les femmes qui sont toutes en full frontal, Purefoy qui se déshabille joyeusement sans hésiter, et Kinnaman qui joue au grand jeu du "quel objet va cacher mon sexe dans quel plan ?"), de l'action mollassonne et mal filmée, des grosses ficelles évidentes, une illustration musicale pataude (le saxophone pendant la scène de sexe), bref... un épisode assez quelconque et trop long pour ce qu'il raconte.
La fliquette est notamment vraiment un personnage blindé de clichés (la religion, sa mère, etc), et qui suscite instantanément l'ennui.
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- 1x03 : Bancroft organise une soirée exclusive dans son manoir, où sont réunis tous les suspects de son meurtre : l'occasion rêvée pour Kovacs de mener l'enquête, avec l'aide de Vernon (Ato Essandoh)...
Ouhlà... je ne sais pas quelle part de cette épisode était dans le roman original, et quelle part est du fait des scénaristes, mais j'ai passé la moitié de l'épisode à pousser de grands soupirs atterrés devant tant de clichés et de grosses ficelles caricaturales.
À commencer par le flashback d'ouverture animé (à la fois inutile et affreusement convenu au niveau de la caractérisation des deux enfants), jusqu'au combat en apesanteur (au câblage médiocre et voyant, et à la chorégraphie faiblarde), en passant par l'écriture de toute la haute société bourgeoise de ce monde (de la grosse caractérisation grossière et pataude), le background de la fliquette (avec le collègue "qui a promis à son père de veiller sur elle" = qui ne passera probablement pas la saison... *soupir*), le flashback de Kovacs & Quell, etc, etc, etc
Alors certes, l'argent investi dans la série se voit plus ou moins à l'écran (encore que : le combat en apesanteur, à nouveau, faisait ultra-fauché, et certaines des armes ressemblent trop à des jouets en plastique recouverts de peinture métallique, sans poids ni usure, pour être convaincantes...), les interactions entre Poe et Kovacs sont amusantes, et l'apparition finale de Michael Eklund fait toujours plaisir, mais j'ai vraiment eu beaucoup de mal avec cet épisode.
- 1x04 : Capturé par Dimi 2 (Mickael Eklund), Kovacs est torturé psychiquement par ce dernier dans un laboratoire indépendant, pendant que Ortega, elle, fête le Dias de la Muerte avec sa famille...
Un épisode un peu plus court que les précédents, et ce n'est pas un mal, car 45 minutes de pseudo-torture porn psychique à l'issue télégraphiée, entrecoupées de flashbacks insipides et pontifiants au possible entre Kovacs et Quell (je ne sais pas si c'est l'actrice, son look ridicule façon Zion du pauvre, ses dialogues, la pseudo-romance à la symbolique pataude, ou son manque cruel de charisme, mais le personnage ne fonctionne pas du tout à mes yeux), c'est beaucoup trop, et j'ai fréquemment eu envie de faire autre chose à côté.
Il restait bien quelques moments amusants au niveau du Jour des Morts, de Poe et de la famille de la fliquette (même si c'était là du remplissage flagrant, et du world-building maladroit), ainsi qu'un caméo d'Adam Busch en technicien de la police, mais ça ne faisait clairement pas le poids face à tout le reste, et notamment face à la manière risible dont le réveil de Kovacs et l'évasion bourrine ont été mis en image sur fond de pop-rock tonitruante, face à l'interprétation très inégale de Martha Higadera (jamais très crédible en fliquette badass), et face à la révélation finale, à nouveau lourde et clichée.
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- 1x05 : L'enquête de Kovacs continue, mais elle se complique maintenant qu'il sait qu'il habite l'enveloppe corporelle d'Elias Ryker, l'ancien partenaire et amant d'Ortega...
Un épisode qui ronronne beaucoup, puisqu'il est principalement centré sur l'enquête de Kovacs - en partie résolue, de manière grandement prévisible - et sur le rapprochement de Kovacs/Ortega, avec trois tonnes de flashbacks sur la demoiselle et sur sa vie avec Ryker.
C'est assez lourd en exposition, histoire de relancer l'intrigue pour la seconde moitié de saison, on évite heureusement les flashbacks de Kovacs sur Quell & compagnie, et on a droit à de la nudité gratuite et à une scène d'action assez médiocre dans l'ascenseur (avec sacrifice inévitable d'un personnage secondaire inutile, et cliché honteux de l'arme à court de balles)... pas particulièrement passionnant, mais bon, ça aurait pu être pire.
(le caméo improbable de Matt Frewer en Carnage était amusant, cela dit)
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Pour l'instant, une première moitié de saison moins racoleuse que ce que je redoutais (on est au niveau d'une série HBO basique de la "grande" époque, ni plus, ni moins), mais vraiment gentiment creuse, et bourrée de clichés en tous genres.
On pourrait dire que c'est fait exprès, et que ça joue justement des clichés inhérents au genre, mais la limite entre pastiche et exploitation basique et sans talent est très fine, et ce show semble se trouver régulièrement du mauvais côté de la barrière.
(et puis comme je le répète depuis le début de la saison, j'ai énormément de mal avec les personnages féminins de la série, que ce soit Quell, ou Ortega, dont l'actrice n'est vraiment pas naturelle dans ses attitudes et ses postures, que ce soit lorsqu'elle joue les fliquettes endurcies, ou dans ses moments plus sexy)
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