Birds of Prey, et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn (2020) :
Harley Quinn (Margot Robbie) en a assez du Joker, et décide de faire carrière seule. Mais privée de la protection du Clown Prince du Crime, Harley a tous les criminels de la villes à ses trousses. Et pour ne rien arranger, elle prend sous son aile Cassandra Cain (Ella Jay Basco), une petite voleuse qui a dérobé un diamant hors de prix et l'a avalé, attirant sur elle les foudres de Roman Sionis (Ewan McGregor). Et puis il y a aussi Helena "Huntress" Bertinelli, une vigilante ; Dinah Lance (Jurnee Smollett-Bell), une chanteuse à la voix surpuissante ; et Renee Montoya (Rosie Perez), une inspectrice dure à cuire : autant de femmes décidées, qui toutes tournent autour de Cassandra et de Sionis...
On ne pourra pas dire que la bande annonce du film était mensongère. Elle promettait un métrage clinquant, une sorte de clip vidéo branché bourré de girl power et d'émancipation féminine, un film par des femmes pour des femmes, avec un méchant cabotin et une direction artistique très polarisante...
Et c'est exactement ce qu'on a au final. Et c'est exactement la raison pour laquelle je n'ai pas accroché : je ne suis clairement pas le public visé.
Déjà, de par son esthétique trashy, mais aussi pour ses choix d'adaptation : en ce qui concerne Harley, le film suit effectivement globalement les grandes lignes des comics de Palmiotti/Conner (le roller derby, Bernie, le cadre...), ce qui n'est pas désagréable... mais pour Sionis, Zsasz, et les Birds, c'est un festival. Ewan McGregor cabotine (amusant, mais assez éloigné de Black Mask et un peu gâché dans le rôle), Zsasz est presque un homme de main générique (malgré un Chris Messina qui fait tout son possible dans le rôle), et les Birds sont globalement inexistantes : Huntress est écrite de manière semi-parodique, et ne ressemble à rien ; Canary n'utilise ses pouvoirs qu'en toute fin de métrage ; Montoya est une fliquette générique ; et le groupe ne se réunit qu'à la toute fin, pour un combat contre les méchants.
(ah, et Cassandra Cain, aka une Batgirl meurtrière, silencieuse et dure à cuire dans les comics, est ici une pickpocket basique à la bouille rondouillarde)
Et puis le côté adaptation pose un certain problème : on s'attendait à ce qu'il n'y ait pas de Joker, ça, pas de problème, mais quand Harley démolit Ace Chemicals et le commissariat de la ville, que Sionis lance la pègre au trousses d'une adolescente et met Gotham à feu et à sang, que le tout vire au grand n'importe quoi... où est Batman ? Ou, à défaut de Batman, où sont les autres membres de la Batfamily ? La réponse évidente n'est pas DTC, mais bien "on n'avait pas les droits"... ce qui rappelle un certain Deadpool avec ses X-men... sauf qu'ici, ils n'assument pas.
D'ailleurs, en parlant de Deadpool, je dois dire que le scénario du film, en soi, ne m'a pas du tout convaincu. Entre la structure à la Deadpool de sa première partie (voix off sarcastique narrant en flashbacks le pourquoi du comment, ruptures de tons, visions fantaisistes quand le personnage se prend un grand coup dans la tronche, etc), et les enjeux très limités de la suite du script, on se retrouve avec un hybride de Deadpool, donc, et de Suicide Squad, saupoudré d'effets à la Guy Ritchie, de clichés et dialogues gentiment creux typiques de cette période #metoo (tous les personnages masculins sont, au mieux, des connards), le tout affreusement surjoué par Margot Robbie dans son premier tiers.
Une Margot Robbie qui habite le personnage, certes, mais qui semble tenter d'en faire un personnage de cartoon live, alors qu'autour d'elle tout est plus réaliste et assez bourrin (très bourrin, même, dans l'action). Un contraste qui peut fonctionner sur le papier, ou en animation (la série animée actuelle est assez médiocre, mais ce ce n'est pas pour cette raison), mais qui là, fait un peu grincer des dents, d'autant qu'Harley n'est pas très amusante dans cette incarnation.
Bref, puisque je n'ai pas accroché à la direction artistique, à la musique, à l'interprétation, au script, au rythme global, et à la provoc rebelle quasi-adolescente, il reste des combats supervisés/tournés par l'un des réalisateurs de John Wick : ils fonctionnent assez bien, malgré certains moments où le manque d'impact des coups portés par les actrices et une maîtrise limitée de la chorégraphie globale donnent lieu à des passages un peu ratés.
Mais quelques rares combats, c'est trop peu, et alors que la critique outre-atlantique s'enflamme pour le métrage, aidé par le même message de diversité et de représentativité que celui qui avait entouré Wonder Woman à sa sortie, je dois dire que j'ai trouvé le tout assez raté, forcé, voire insipide.
Décidément, les adaptations DC, ce n'est pas ma tasse de thé, ces temps-ci.
2.5/6
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