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LES TÉLÉPHAGES ANONYMES

Il était une fois Lurdo & Sygbab, deux internautes passionnés de séries tv et de cinéma, et qui cherchaient un endroit où archiver leurs avis (semi) éclairés...

Un film, un jour (ou presque) #604 : A Cure for Life (2017)

Publié le 17 Septembre 2017 par Lurdo in Critiques éclair, Cinéma, Review, Fantastique, Horreur, Thriller, USA, Allemagne

Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine, et des critiques d'une vingtaine de lignes, tout au plus.

A Cure For Life (A Cure For Wellness) :

Envoyé par ses patrons à la recherche du PDG de la compagnie, enfermé dans un sanitarium mystérieux, dans les Alpes suisses, Lockhart (Dane DeHaan) comprend, dès son arrivée sur place, que quelque chose ne tourne pas très rond. Et plus il se rapproche de la jeune Hannah (Mia Goth), la seule patiente à avoir moins de 20 ans, plus l'étau se resserre autour de lui, et plus les étranges rites surnaturels du Dr. Heinreich Volmer (Jason Isaacs) et de ses employés font basculer son esprit dans la folie...

On ne peut pas nier que Gore Verbinski, quel que soit le film qu'il tourne, d'un Pirates des Caraïbes à un Lone Ranger, en passant par un Rango, soit désormais suffisamment dégagé des contraintes des studios pour pouvoir se permettre toutes les audaces visuelles, et les idées improbables. En ce sens, il correspond bien à la définition de "réalisateur visionnaire" : il a une vision bien à lui, et elle est immédiatement identifiable lors de moments très particuliers, même au coeur des blockbusters les plus généralistes.

Malheureusement, qui dit "dégagé des contraintes des studios" dit aussi "libre de faire tout et n'importe quoi, et de se laisser déborder par ses envies". Et ce qui s'est produit pour Lone Ranger (ce qui aurait été un bon western original et décalé de 100/110 minutes en faisait malheureusement 150) se répète ici. 

Si je ne l'avais pas vu à sa sortie en vidéo, avant l'été, j'aurais probablement attendu Octobre pour le regarder et intégrer directement ce film à l'Oktorrorfest... car ce métrage ressemblant fortement, au premier abord, à un Shutter Island-bis (du thriller psychologique pas vraiment horrifique), s'avère en fait un grand hommage assumé de Gore Verbinski à tout un pan du cinéma et de la littérature d'horreur gothique, dans la lignée de Poe/Lovecraft, mâtiné d'influences transalpines évidentes.

Aidés par des décors naturels somptueux, Verbinski (et son scénariste de Lone Ranger) se lâchent, et produisent ici quelque chose d'ambitieux, de particulièrement travaillé visuellement, d'étrangement malsain, de cotonneux, d'intrigant, de non-sensique, qui se transforme en une oeuvre grandiloquente, glauque... et le problème, c'est que ça fait 2h30.

146 minutes qui prennent bien leur temps pour développer une histoire finalement très classique (cette affaire de comte, de villageois en colère, Hannah... rien de bien surprenant ou original) dont les révélations arrivent facilement 20-30 minutes après que le spectateur ait déjà tout compris.

Résultat : on se retrouve ainsi avec deux premières heures de film qui jouent tellement l'attente, le mystère et le suspense (frôlant même parfois l'imagerie abstraite et lynchienne) que le spectateur a tout le temps du monde d'assembler dans sa tête les pièces d'un puzzle que le script met bien en évidence.

Le film abat paradoxalement ses cartes à la fois bien trop tôt et bien trop tard, sans avoir suffisamment de subtilité pour totalement emporter l'adhésion : on finit frustré par le script, qui n'est jamais à la hauteur des images et des séquences (parfois tendues, cf. le dentiste) que Verbinski propose.

Et pourtant, la dernière demi-heure finit presque par réconcilier avec le film dans son ensemble, entre son bal sinistre, sa musique pompeuse (on sent bien le temp-tracking, çà et là, mais rien de grave), son méchant défiguré (Lon Chaney n'est pas loin), sa perversité, son incendie, et sa conclusion irréelle... c'est un peu de la Hammer ou du Bava, mais avec beaucoup plus de moyens.

En résumé, une expérience mitigée, dont la durée, la structure et les failles (énormément d'éléments du scénario ne servent absolument à rien, si ce n'est à meubler et à faire de jolies images mystérieuses) m'empêchent de lui mettre beaucoup plus que la moyenne.

Néanmoins, Verbinski confirme une nouvelle fois sa folie visuelle et son amour du cinéma, l'interprétation est excellente (Mia Goth, notamment), et le tout s'avère particulièrement surprenant... pour le meilleur et pour le pire.

3.5/6

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