La Belle et la Bête (Beauty and the Beast) :
Au XVIIIème siècle, près d'un petit village français, une jeune femme intelligente et studieuse, Belle (Emma Watson), accepte, pour sauver la vie de son père, de devenir la captive d'une Bête terrible (Dan Stevens), en réalité un Prince maudit par une enchanteresse, et qui doit trouver l'amour s'il veut rompre ce sort improbable...
Aïe, ce carnage. Bon, tout de suite, autant prévenir :
1) Je n'ai jamais vu la version animée de La Belle et la Bête de Disney. J'en connais quelques mélodies et quelques scènes par osmose culturelle, mais je n'ai jamais eu le moindre intérêt pour l'histoire, pour son héroïne, et surtout, il est sorti en salles lorsque j'avais 9/10 ans - et à cette âge, j'étais plutôt Star Wars que Princesse Disney.
2) J'ai toujours trouvé qu'Emma Watson était une bien piètre actrice, qui confond souvent "exprimer des émotions" avec "jouer des sourcils", avec une tendance récurrente au manque d'investissement dans ses rôles, comme si elle n'y croyait pas à fond.
3) Jusqu'à présent, je n'ai vraiment pas été convaincu par les remakes en prises de vue réelles des classiques Disney, que ce soit Maléfique, Cendrillon, ou Peter et Elliott le Dragon (Le Livre de la Jungle est, à ce jour, la seule exception à mes yeux).
Autant dire que déjà, à la base, ce remake avait du pain sur la planche pour me convaincre.
Pourtant, réserves ci-dessus mises à part, j'y allais plutôt curieux. Curieux de voir ce qu'un bon réalisateur comme Bill Condon pouvait faire avec un conte aussi connu, par ailleurs un classique de l'animation vénéré par des générations mais inédit pour moi, et dont le compositeur revenait justement pour écrire de nouvelles chansons.
Malheureusement, la réponse à cette interrogation est sans appel : Condon en a fait un remake studieux, mais rallongé artificiellement pour passer de 80+ minutes à plus de deux heures, avec de nouvelles chansons insipides, un rythme anémique (gros coup de mou une fois Belle enfermée chez la Bête), des protagonistes fades qui n'ont pas la moitié du charisme de leurs équivalents animés, et un univers tellement calibré pour plaire aux critiques que ce petit village français du XVIIIème siècle est ethniquement plus divers et intégré qu'un bon paquet de villages actuels.
Les protagonistes, pour commencer : Emma Watson est fidèle à elle-même (trois expressions faciles pendant la majeure partie du film) ; Dan Stevens parvient à créer une Bête à l'animation et l'interprétation convaincantes (malheureusement, elle n'est jamais menaçante, et le rendu visuel/l'intégration sont très inégaux) ; Luke Evans fait illusion en Gaston ; Josh Gad n'est pas mauvais du tout en LeFou (même si le côté "premier personnage Disney homosexuel" sombre dans la caricature) ; et toutes les stars assignées au doublage des personnages animés s'en sortent honorablement.
Là où ça coince déjà plus - et c'est globalement un problème général du film - c'est que tout apparaît constamment surchargé : les personnages animés, de la Bête aux objets du château, souffrent du syndrome Transformers, à savoir qu'ils sont tellement détaillés et surchargés qu'ils en deviennent brouillons, et peu lisibles ; les décors et les costumes sont tellement clinquants qu'on n'a jamais l'impression d'être devant une "réalité", mais bien devant un spectacle scénique filmé ; idem pour les numéros musicaux, les chorégraphies, etc... tout est tellement surchargé et surproduit que ça en devient contre-productif, pataud et "kitsch".
On finit par se lasser vraiment de ce qu'on a sous les yeux, surtout quand le métrage s'engouffre dans des tunnels de chansons, et aborde l'assaut des paysans sur le château, l'occasion d'un déluge d'effets numériques pas toujours très réussis (à l'image des effets du film dans son ensemble - les loups sont réussis, mais certains plans d'ensemble du château, du village ou des paysages environnants semblent manquer de finalisation).
Enfin, pour conclure, comme le film n'est ni plus ni moins qu'une comédie musicale, n'oublions pas de mentionner l'interprétation musicale de la distribution... une distribution qui peut dire merci à l'auto-tuning, tant il est évident et flagrant, notamment dans les morceaux chantés par Emma Watson.
En résumé, je n'ai pas du tout aimé, alors que je m'attendais à simplement rester indifférent. La distribution, le rythme, les (nouvelles) chansons, les chansons réinterprétées, une partie des effets numériques, le script... énorme bof.
2.25/6, pour les efforts de production.