En théorie, le postulat de cette série d'animation Gremlins en 10 épisodes d'une vingtaine de minutes n'avait pas forcément de quoi séduire : une tentative de ramener à la vie la franchise Gremlins décédée, de surfer sur la nostalgie qui existe pour les 80s en proposant une origin story vraiment pas indispensable de Gizmo et des Gremlins, et de proposer un récit qui soit plus respectueux et représentatif de la culture asiatique, le tout à destination de la jeunesse.
Et pourtant, allez savoir si c'est grâce à la présence de Joe Dante dans un rôle de conseiller de la production, à la volonté de préserver un certain sens de l'humour noir et agressif, ou bien tout simplement au casting vocal convaincant, mais miracle, la série fonctionne assez bien.
Gremlins - Secrets of the Mogwai, saison 1 (2023) :
Sam (Izaac Wang), jeune garçon vivant dans le Shangaï de 1920, est embarqué dans une aventure terrifiante lorsqu'il trouve Gizmo, un Mogwai convoité par le malfaisant Riley Greene (Matthew Rhys), sorcier désirant exploiter les particularités de la créature magique. Avec l'aide d'Elle (Gabrielle Nevaeh Green), une jeune voleuse travaillant pour Greene, Sam va alors quitter le confort de l'herboristerie familiale pour traverser toute la Chine et ramener Gizmo chez lui... avant que Greene et son armée de Gremlins ne mettent le pays à feu et à sang.
Je dois avouer que durant les premiers épisodes de la série, pendant toute la phase de présentation des personnages, de mise en place, etc, je n'étais guère convaincu : certes, le style visuel 3D cell-shadée a son charme, et l'utilisation des thèmes de Jerry Goldsmith fait toujours son petit effet, mais entre le méchant ultra-caricatural, la voleuse des rues et son gang hétéroclite, et le héros peureux, j'ai hésité.
Et puis, au fil des épisodes, un déclic a eu lieu. Et ce déclic, en réalité, il s'est produit lorsque les Gremlins sont apparus.
Car autant la période de la Chine des années 20 et le mysticisme asiatique ne m'ont jamais vraiment intéressé, autant les Gremlins qui sèment le chaos sur leur passage, ça, ça me parle.
Et l'essence des Gremlins est ici parfaitement respectée : depuis le slapstick inévitable jusqu'aux morts assez graphiques, en passant par la caractérisation improbable (Madame Claws la matronne qui dirige les Gremlins et s'éprend de Gizmo ; le Gremlin malingre mais intelligent et distingué, qui parle avec la voix de George Takei) et la violence débridée (oui, c'est un dessin animé pour enfants, et le sang humain n'est pas visible à l'écran... mais le bodycount des bestioles est conséquent, et le nombre de membres et d'appendices tranchés est loin d'être négligeable), on retrouve bien là ce qui faisait le charme frénétique de la franchise sur grand écran.
Et puis la série, qui prend un temps la forme d'un road trip au travers des traditions et superstitions chinoises (vampires sauteurs, sorcier qui avale ses ennemis en se démontant la mâchoire, métamorphe théâtral, tenancière d'auberge qui efface la mémoire de ses clients pour en faire son personnel, Au-delà bigarré avec esprits malins et déesse alcoolique et cynique), n'oublie jamais de ne pas se prendre trop au sérieux, et de conserver un certain humour plus ou moins noir hérité des films.
Cela passe par le doublage excellent (tout le gratin des acteurs asiatiques y passe, de Ming-Na à BD Wong, en passant par James Hong, Bowen Yang, Randall Park, Sandra Oh, etc), par l'humour parfois un peu osé (les Gremlins sur la Tour Eiffel), ou tout simplement par la myriade de gags visuels dont les Gremlins sont constamment les victimes (ou les auteurs).
Résultat : certes, en soi, l'origin story des Mogwai reste dispensable, et fait parfois ressembler Gizmo et ses copains à des mini-Ewoks (ou à des Schtroumpfs, voire à des Furbies)... mais le reste du programme reste globalement fidèle aux films de Dante, et leur sert de préquelle tout à fait honorable.
Une bonne surprise, donc.
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