Il était une fois Lurdo & Sygbab, deux internautes passionnés de séries tv et de cinéma, et qui cherchaient un endroit où archiver leurs avis (semi) éclairés...
Alors que les festivités de Noël 1983 battent leur plein et que la famille Oliverio, un clan italo-américain installé sur les rives du fleuve Monongahela, préparent la fête des sept poissons, Tony (Skyler Gisondo), l'un des jeunes hommes de la famille, rencontre Beth (Madison Iseman), une jolie blonde protestante issue d'une famille aisée et traditionaliste. Aussitôt, c'est le coup de foudre, et les Oliverio invitent Beth à partager leurs traditions, au grand dam de certain(e)s...
Une très sympathique comédie festive indépendante écrite et réalisée par Robert Tinnell à partir de ses souvenirs de jeunesse, ce Feast of the Seven Fishes est loin d'être parfait (problèmes de rythme, de structure) mais s'avère néanmoins une tranche de vie très agréable à suivre. Cette plongée dans les traditions d'une famille italienne forcément bruyante bénéficie d'une distribution très attachante (outre Gisondo et Iseman, il y a aussi Joe Pantoliano, Ray Abruzzo, etc), de personnages secondaires excentriques, et n'oublie pas de développer des sous-intrigues qui sentent le vécu (à défaut d'être forcément toujours indispensables ou bien intégrées).
Je mentirais en disant que le film est une réussite totale, et un classique du même acabit que A Christmas Story : ce n'est pas le cas, c'est un peu brouillon, et ça manque d'énergie. Mais dans l'ensemble, ça reste tout de même un petit film qui change beaucoup des romances festives interchangeables de rigueur à cette époque de l'année, et ce quand bien même tout serait centré sur une romance toute aussi importante.
4/6 pour le capital sympathie de l'ensemble, pour la grand-mère et pour le couple principal.
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Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de tous les films de Noël passés en revue sur ce blog dans le cadre de la Christmas Yulefest en cliquant directement sur ce lien (classement alphabétique), ou celui-ci (classement saisonnier)...
Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine, et des critiques d'une vingtaine de lignes, tout au plus.
Mucho Mucho Amor, la Légende de Walter Mercado (2020) :
Documentaire Netflix consacré à Walter Mercado, voyant excentrique de la télévision latino-américaine, sorte de croisement portoricain entre Elizabeth Tessier, Paco Rabanne, Liberace et Michou, et dont l'influence flamboyante s'est brusquement éteinte lorsqu'il a disparu des ondes durant les années 2010, suite à des disputes contractuelles avec son manager, et à des problèmes de santé.
Un personnage excentrique qui nous est totalement étranger, mais qui a clairement profondément marqué plusieurs générations de latino-américains (120 millions de spectateurs quotidiens !), comme le prouve cette rencontre avec un Lin-Manuel Miranda ébloui par la star de son enfance, ou encore la popularité des memes Walter Mercado sur les réseaux sociaux.
Il faut dire que le bonhomme a de quoi plaire (même ironiquement) aux générations plus jeunes : kitsch, nostalgique, il a toujours arboré une image flamboyante, queer et non-binaire (même s'il refuse de l'avouer, Walter est certainement clairement gay, vivant avec son "assistant" depuis plusieurs décennies et décorant son intérieur surchargé et clinquant de photos d'Oscar Wilde et autres livres LGBTQ) rarissime dans les sociétés latino-américaines.
Et puis il y a le message de Walter : un message astrologique combinant les préceptes de toutes les religions, un message toujours positif, prêchant l'amour de soi et des autres - plus qu'un simple astrologue, Walter se rapprochait souvent d'un motivational speaker incitant son public à se montrer bon, généreux, et optimiste.
Alors oui, tout ça se faisait de manière flamboyante, dramatique, théâtrale et assez risible. Mais ça marchait. Et ses ennuis professionnels, notamment avec son manager sans scrupules (interrogé dans le documentaire, et sans le moindre remords - vu comment Walter parle de lui, ainsi que les photos de l'époque, on ne peut que se demander si leur relation est vraiment toujours restée professionnelle) ont détruit cet ancien acteur, danseur et artiste en représentation constante, qui se décrivait pourtant comme une force de la nature.
Le documentaire se termine sur un Walter assistant à l'inauguration, en 2019 à Miami, d'une exposition étant consacrée aux 50 ans de sa carrière : l'homme retrouve alors un peu d'énergie, de mystique et de prestance, malgré l'âge, la maladie et la fatigue. Une véritable résurrection pour Walter... qui a fini par s'éteindre deux mois plus tard.
Un documentaire sympathique (bien qu'un peu complaisant - on sent qu'ils ne voulaient pas risquer d'écorner le mythe) qui dresse le portrait d'une figure à part de la télévision latino, une institution au carrefour des sexes, des métiers et des disciplines.
4/6
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Todd McFarlane - Like Hell I Won't (2020) :
Un mini-documentaire d'une heure diffusé sur Syfy et servant de portrait à Todd McFarlane, dessinateur de talent aux silhouettes particulières et excentriques, devenu un businessman affuté ayant connu le succès dans les domaines des jouets, des comics, et de la télévision.
Un portrait-rétrospective de sa carrière mis en parallèle de la publication du 300e numéro de Spawn, son personnage vedette. Plutôt agréable à suivre, ce moyen-métrage dépeint ainsi un McFarlane ambitieux et volontaire, un homme sensible dont les ambitions et les projets dépassent parfois ses connaissances, mais qui a parfaitement conscience de ses points forts, de ses points faibles, et de ses limites.
Dans l'absolu, Like Hell I Won't est la success story d'un self made man comme l'Amérique les aime tant, et c'est probablement pour cela que l'histoire de McFarlane fascine tant, aux USA. Marc Silvestri, Jim Lee, Joe Quesada, Robert Kirkman, les collègues de McFarlane n'ont que des compliments à faire à propos du dessinateur et businessman, et c'est peut-être là que le documentaire peine un peu à convaincre : à trop ressembler à une hagiographie du bonhomme, à trop passer sous silence ses échecs (le film Spawn, présenté comme un succès) pour se concentrer sur ses victoires, à trop le mettre en valeur par des plans contemplatifs et ronflants (McFarlane, seul dans le désert, ou en train de boxer un sac), sans réel point de vue contradictoire pour nuancer le tout, le documentaire peut frustrer, çà et là.
On se tournera ainsi vers The Image Revolution pour avoir un aperçu plus complet de la période Image et des ses dérives, et par ricochet, de la personnalité de McFarlane (que sa femme décrit effectivement d'ailleurs comme à deux facettes : celle du génie artistique sensible et sympathique, et celle du chef d'entreprise ambitieux, intense et implacable... un caractère qui n'est qu'effleuré dans ce métrage).
3.5/6
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Happy Happy Joy Joy - The Ren & Stimpy Story (2020) :
Un documentaire intéressant (mais imparfait) qui retrace l'intégralité de la genèse et du succès de la série animée Ren & Stimpy, au début des années 90, en mettant cette histoire en parallèle du parcours de son créateur, John Kricfalusi, décrit comme un Andy Warhol de l'animation, un homme ultra-talentueux, excentrique, agité, caractériel, dictatorial... et ayant un fort penchant pour les jeunes filles.
Mais ce dernier point, on ne le découvre qu'à la fin du documentaire, comme un ajout de dernière minute effectué après la publication de plusieurs articles à ce sujet, en 2018, lorsque l'une des petites-amies de John K (qu'elle a fréquenté dès l'âge de 14 ans) s'est confiée à des journalistes.
Avant cela, pendant 80 minutes, le métrage décrit en détails la création et la mise en chantier de Ren & Stimpy, une série Nickelodeon pour laquelle je n'ai jamais eu grande affection (le style graphique ne m'a jamais plu). Une série créée et imaginée par John K, donc, qui y a injecté toute sa rébellion et ses névroses (notamment ses rapports vis à vis de son père), pour y donner vie à Ren (décrit par tous les artistes du show comme un gros connard pas si éloigné que ça de Kricfalusi) et à Stimpy, gentil et un peu bête (symbolisant, pour beaucoup, la compagne de longue date de John K. , artiste discrète et réservée qui a fini par quitter la série).
Sans surprise, l'équation années 90 + jeunes animateurs rebelles se décrivant comme des bad boys + ton immature et humour de sale gosse + tempérament d'artiste excentrique quasi-gourou a donné naissance à un succès fou, et avec le succès sont arrivés les problèmes.
Délais non respectés, crises de nerfs, humiliations, relations tendues avec la chaîne : à cause de John K., la série et le studio d'animation se sont fissurés, et Kricfalusi finit par être renvoyé.
En solo et en roue libre, l'animateur est ainsi parti en vrille, donnant naissance à des projets ratés, tentant un revival de Ren & Stimpy qui s'est soldé par un flop, et se brouillant définitivement avec son co-directeur, ami de longue date ayant tenté de reprendre R&S au départ de John K.
Et puis bien sûr, il y a le problème de ses relations avec des adolescentes, qu'il engage au studio et à qui il promet parfois une carrière d'animatrice... à nouveau, c'est une partie de la vie du personnage qui aurait été plus intéressante intégrée au reste du film, et pas reléguée à la fin du documentaire, quasi-survolée.
D'autant que les différents points de vue donnés ici par les représentants du network, les ex-collègues de K, et K lui-même, dressent un portrait plutôt cohérent du personnage, mais un portrait qui, par la force des choses et de la structure du documentaire, semble parfois un peu trop flatteur : on a fréquemment l'impression que malgré son caractère incontrôlable et malgré ses errances amoureuses, ses ex-collègues l'admirent toujours, et repensent à ces années dorées avec une certaine nostalgie...
4.5/6
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Chez les Téléphages Anonymes,de fin septembre à début novembre, on fête Halloween et l'Oktorrorfest, un marathon quotidien de cinéma fantastique et d'horreur...
Smoke and Mirrors : The Story of Tom Savini (2015) :
Un documentaire biographique sur Tom Savini, grand créateur de monstres et d'effets sanglants devant l'éternel, qui retrace ici toute sa vie et sa carrière, depuis ses débuts humbles au sein d'une famille nombreuse d'immigrants, jusqu'à sa carrière de cascadeur/acteur/réalisateur, etc, en passant par son passage au Vietnam (qui l'aura bien laissé traumatisé, comme tant d'autres) et par, bien entendu, l'intégralité de sa carrière de spécialiste en effets spéciaux.
Un long-métrage sincère, complet, et sans fard, dans lequel Savini se livre complètement, se révèle avant tout comme un père de famille attentionné, et explique pourquoi sa carrière d'acteur a toujours été en dents de scie (père divorcé, il a toujours fait passer sa fille avant d'éventuels rôles), ainsi que la raison pour laquelle il s'est mis à la retraite du monde du maquillage hollywoodien (problèmes de santé).
Un film agréable, sur un personnage touchant et discret, passionné depuis toujours par les monstres et les être étranges, et qui en a fait sa carrière, côtoyant au passage d'innombrables légendes du grand écran, actuelles ou passées, et gagnant le respect de tous ceux qui ont croisé son chemin.
4.5/6
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The Very Excellent Mr Dundee (2020) :
À Hollywood, le quotidien de l'australien Paul Hogan, ex-acteur vedette de la franchise Crocodile Dundee, qui tente de se remettre en piste à l'âge de 80 ans, au grand dam de ses proches...
J'ai de la sympathie pour Paul Hogan, comédien australien qui a décroché le gros lot avec les Crocodile Dundee, mais s'est rapidement trouvé enfermé dans ce rôle iconique.
Ici, "Dundee" et son équipe ont clairement pris, pour inspiration, le Curb Your Enthusiasm de Larry David : on y retrouve ce concept d'un vieillard ronchon admiré de tous, qui vit au beau milieu d'une société hollywoodien creuse et superficielle (pour être plus exact, le film a été tourné en Australie, mais se déroule théoriquement à Los Angeles), et qui ne peut s'empêcher de gaffer encore et encore tant il n'a absolument rien à faire du politiquement correct.
Et comme dans Curb, on a droit à un défilé de guest stars dans leur propre rôle, avec par exemple Chevy Chase, un Hemsworth, Olivia Newton-John, Wayne Knight, Reginald VelJohnson ou encore John Cleese (qui, ruiné par son divorce, s'est apparemment reconverti en chauffeur Uber et pilote de course, à en croire ce film ^^).
Malheureusement, si le métrage se regarde tranquillement (il dure à peine 85 minutes), le tout reste beaucoup trop gentil et convenu, surtout lorsqu'on le compare au travail de Larry David : la critique de Los Angeles et du milieu des acteurs est générique (et un peu redondante avec Crocodile Dundee 3), la musique constamment primesautière (façon 30 Rock) finit par fatiguer, et le tout se finit mollement, sans vraiment raconter grand chose d'autre qu'une suite de quiproquos et d'incidents qui s'accumulent.
Seul moment mémorable : le passage Crocodile Dundee : The Musical, plutôt rigolo.
3/6 (en étant gentil, et principalement pour le capital-sympathie du bonhomme)
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Undertaker - The Last Ride (2020) :
Un documentaire passionnant en 5 épisodes d'une heure, revenant sur les dernières années de la carrière du légendaire Undertaker, et ouvrant exclusivement la porte sur l'intimité et sur les angoisses de Mark Calaway, l'homme derrière le masque.
Une fois passée la surprise d'entendre Taker s'exprimer avec sa voix naturelle teintée d'accent texan, on y découvre un Calaway sincère et franc, respecté par tous les catcheurs et les cadres de la WWE, un père de famille attentionné, passionnément épris de son épouse, Michelle McCool.
Un athlète humble, manquant étrangement de confiance en soi, et constamment à la recherche d'un ultime match à la hauteur de sa légende, en vain.
Les cinq épisodes de cette mini-série narrent ainsi les quelques derniers Wrestlemania du catcheur, à commencer par Wrestlemania 33, et son match contre Reigns. Un match censé être le dernier de la carrière de Taker (après un affrontement contre Brock, à Wrestlemania 30, dont il ne garde aucun souvenir suite à une commotion cérébrale, et qui avait ébranlé la confiance en soi de Taker), mais tellement peu probant (Calaway n'était pas en forme) que le lutteur a décidé de tout faire pour effacer ce mauvais souvenir.
En l'occurrence, un match contre John Cena à Mania 34, match pour lequel Taker s'est préparé intensivement... pour un résultat de quelques secondes à peine, convaincant, mais particulièrement frustrant pour tout le monde : de quoi relancer à nouveau la machine.
Le troisième épisode (moins bien structuré) revient ensuite sur 2018, une année qui a vu Taker tenter de mettre en place une intrigue de conclusion à sa carrière, et au feud qui l'oppose depuis des années à Triple H. On y découvre un Triple H qui voit en Taker un égal, un homologue ayant la même vision du catch, de sa carrière et la même fidélité envers Vince - malheureusement, cela se traduit aussi par un circuit en boucle fermé : les deux hommes (et Shawn/Kane) sont persuadés de la qualité de leur intrigue et de leurs matches, du caractère épique de ce feud... et personne ne veut les contredire.
Résultat, un match décevant, un Undertaker encore plus mécontent de la direction de sa carrière, et une comparaison qui commence à devenir récurrente dans le documentaire, de la bouche de multiples intervenants retraités (Foley, Shawn, Triple H, Edge, etc) : celle avec la drogue. Le monde du catch est une drogue, se produire devant des millions de personnes est incomparable, et lorsque l'on a connu les sommets, on passe le reste de sa carrière à tenter de les atteindre de nouveau.
Taker est donc un junkie, passant son temps à tenter de mettre en place un ultime match à la hauteur de son personnage, un personnage qu'il a longtemps habité 24h/24, 7j/7 - mais confronté à la réalité de l'âge, de la fatigue et des blessures, ses matches sont de moins en moins convaincants... c'est un cercle vicieux, que l'on retrouve encore dans le quatrième épisode, avec un match contre Goldberg en Arabie Saoudite.
Un fiasco, qui frustre encore un peu plus Taker... mais le lutteur semble commencer à se résigner, et après un feud honorable contre Shane McMahon et Drew McIntyre, l'Undertaker prend sa retraite.
Ou presque, puisque l'ultime épisode du documentaire est centré sur son Boneyard Match contre AJ Styles. AJ, un vieil ami de la famille, pour qui Taker a tout le respect du monde... et un match initialement prévu pour se dérouler dans le ring, jusqu'à l'irruption de la COVID.
AJ et Taker ont beau sembler totalement satisfaits de leur affrontement cinématique (surjoué, surproduit, illogique et incohérent) de Mania 36, le doute subsiste : désormais à la retraite, on devine qu'il n'en faudrait pas beaucoup pour que l'Undertaker remonte une nouvelle fois sur le ring, toujours à la recherche d'un ultime match spectaculaire...
Une conclusion en demi-teinte pour ce documentaire instructif permettant à Mark Calaway de s'ouvrir, de révéler des facettes inédites de sa personnalité, sa vie de famille, ses émotions, et surtout ses doutes.
Malgré quelques moments inégaux (on aurait pu se contenter d'un documentaire de quatre heures en condensant un peu certains passages et témoignages, notamment tous les hommages hagiographiques des autres catcheurs, vers la fin), une belle rétrospective pour un personnage hors du commun, un véritable Parrain du monde du catch, dans tout ce que ça a de positif.
4.5/6
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Feels Good Man (2020) :
Documentaire sur la création du personnage Pepe the Frog, récupéré par l'alt-right et la fachosphère après avoir été popularisé dans le comics indépendant underground Boys Club, un projet à l'humour stoner et post-universitaire assez représentatif de son créateur, Matt Furie.
On y suit donc ce dernier alors qu'il retrace la création du personnage, la popularisation de sa catchphrase ("Feels Good Man") sur les forums de bodybuilding, puis sur 4chan. À partir de là, tout commence à dégénérer, lorsque les channeurs, incels et social rejects assumés, en font le symbole de leurs sentiments et de leur trollage... un symbole qui s'est progressivement radicalisé, notamment en réponse à la récupération mainstream de Pepe par les internautes normaux (en particulier par de jeunes filles).
La suite, on la connaît : sur 4chan, Pepe est devenu un symbole de rébellion contre le système, un emblème de politiquement incorrect aussitôt coopté par l'alt-right et étroitement associé à Trump à l'occasion des élections de 2016.
Une récupération qui a accompagné le virage à droite de 4chan, qui voyait alors en Trump une sorte de bulldozer nihiliste capable de faire exploser le système - soit tout ce qu'un bon troll recherche.
Outre cet historique de la radicalisation d'un personnage de comics, le documentaire s'intéresse aussi aux réactions de Matt Furie, un artiste un peu déconnecté et bro, qui vit en colocation avec sa copine, leur fille et son meilleur copain, un stoner à cheveux longs.
Cet artiste naïf, qui a trop longtemps laissé les channeurs faire ce qu'ils voulaient de Pepe, a désormais décidé de se réapproprier le personnage, et l'on suit ainsi ses tentatives légales et créatives visant à empêcher des gens comme Alex Jones (ou d'autres individus aussi peu fréquentables) de se faire de l'argent en exploitant l'image d'un Pepe raciste et haineux. De manière assez ironique, c'est grâce à l'Asie, et de manière organique, que le blason de Pepe est redoré, lorsque ce dernier devient l’emblème des manifestants pro-démocratie à Hong-Kong...
Dans sa forme, ce documentaire est loin d'être inintéressant, associant la narration documentaire à des séquences d'animations signées Matt Furie ; le fond du métrage, lui, retrace de manière assez complète l'histoire de Pepe, une création détournée de ses origines par des internautes immatures qui n'avaient qu'un seul désir : troller la planète.
Reste qu'on ne peut s'empêcher de se dire qu'en intervenant plus tôt, à un niveau ou un autre, toute cette dérive aurait pu être (au moins partiellement) évitée... et qu'on se demande à quel point le témoignage d'un "occultiste" est vraiment pertinent, même pour analyser la "religion" que les channeurs ont construite autour de Pepe.
3.75/6
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Greed (2019) :
À l'occasion du soixantième anniversaire de Richard McCreadie (Steve Coogan), entrepreneur richissime ayant fait fortune dans le milieu de la mode et du prêt-à-porter, une fête dantesque est organisée sur une plage grecque. De quoi revenir sur le parcours de McCreadie, et sur la débauche de luxe, d'argent et de faillites qui ont entouré sa carrière tumultueuse...
Une comédie dramatique de Michael Winterbottom, qui retrouve là son compère Steve Coogan pour une satire pas très fine ou inspirée du monde des milliardaires et des riches et puissants, très inspirée de la vie de Sir Phillip Green, milliardaire anglais magouilleur à la réputation sulfureuse.
Le vrai problème de Greed, en fait, c'est que c'est un film de "dénonce", d'indignation, qui braque un projecteur sur les inégalités sociales et monétaires du monde du travail, qui s'inscrit dans la lutte des classes, qui critique les riches en opposant leurs excentricités et leurs dépenses, leur cruauté et leur avarice, au sort malheureux de réfugiés, à l'exploitation subie par les ouvrières indiennes, etc, etc, etc.
Ce qui aurait pu être fait de manière ludique et corrosive, surtout avec une distribution constituée de Coogan, d'Isla Fisher, de Pearl Mackie, d'Asa Butterfield, ou encore de Shirley Henderson. Mais dans les faits, le film ne fonctionne vraiment que dans sa première moitié, lorsqu'il met en place cette fête d'anniversaire décadente, avec en parallèle des flashbacks sur la jeunesse et la carrière de cet industriel manipulateur, ambitieux et revanchard.
Jamais McCreadie n'est présenté comme un exemple à suivre, ou comme un anti-héro : c'est une ordure complète, d'un bout à l'autre du film, et c'est quelqu'un de finalement très Trumpien. Le seul souci, c'est que progressivement, le film s'éloigne de la comédie satirique pour partir en direction de quelque chose de plus dramatique et larmoyant, notamment lors de ces explications sur les conditions de travail dans les usines de McCreadie, etc. Le métrage sort alors les gros violons bien patauds, et le film devient aussitôt pontifiant.
Le tout culminant de manière grotesque, et bien moins efficace que prévu, par le face à face "accidentel" de McCreadie et du lion qu'il voulait avoir pour sa soirée : un bain de sang numérique pas très probant, suivi d'une conclusion tout aussi plate, et d'un générique de fin qui, à grands renforts de cartons-titres, assène des chiffres et des données statistiques sur l'état du monde, de l'économie, la répartition des richesses, etc, histoire de faire une ultime leçon de morale au spectateur.
Honnêtement, jusqu'à ce quart d'heure de fin, j'aurais mis la moyenne au film, moins percutant, amusant et corrosif qu'il n'aurait pu l'être, mais sympathique néanmoins. L'ultime quart d'heure, cependant, m'a gentiment agacé, et fait redescendre la note.
2.5/6
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Série semi-documentaire en 8 épisodes de 25 minutes, It's Personal with Amy Hoggart met en vedette (comme son nom l'indique) Amy Hoggart, déjà aperçue dans Almost Royal et comme correspondante dans l'émission de Samantha Bee (qui produit par ailleurs ce programme-ci). Sans surprise, It's Personal se trouve au carrefour de ces deux formats, pour un résultat amusant, mais un peu inégal...
It's Personal with Amy Hoggart, saison 1 (2020) :
Amy Hoggart n'est pas thérapeute. Elle n'est pas psychologue. Du tout, même. Mais elle est (ou plutôt se prétend) empathe, et parce qu'elle a (spontanément) décidé qu'elle était gentille, elle a décidé d'aider des inconnus à faire face aux problèmes qui les accablent...
Si j'évoquais, en introduction une sorte de carrefour de deux formats, c'est qu'un peu à l'instar d'Almost Royal, Amy Hoggart joue en effet ici la carte de la cringe comedy, se confrontant à des milieux et à des thématiques dont elle ignore tout ; une confrontation qui prend la forme d'un segment tel qu'elle pouvait en tourner pour l'émission de Samantha Bee, mais étendu sur plus de 20 minutes.
En se positionnant en pseudo-thérapeute cherchant à aider son prochain, Hoggart navigue ainsi dans des eaux difficiles, constamment sur le fil du rasoir entre parodie de télé-réalité (avec commentaires sarcastiques et bourrés de second degré, propositions absurdes, et raisonnements improbables) et émission "transformative" sincère : un équilibre périlleux qui fonctionne plus ou moins bien en fonction des épisodes, des thématiques abordées, et des personnes qu'elle doit aider.
On a ainsi, dans l'ordre, Laura, une femme dépourvue de sens de l'humour ; Livi, une jeune habitante de Miami complexée par son physique et par sa méconnaissance de la ville et de ses habitants ; Gilbert, anxieux et stressé par la vie à New York ; un couple de Pennsylvanie qui veut s'essayer à la polygamie ; Collette, une musicienne qui veut renouer avec les anciens membres de son groupe ; Matthew, un enfant voulant se venger de son père ; Kevin, honteux de s'être abstenu lors des élections de 2016 ; et John, qui peine à faire son deuil à la fois de son père et de son chien...
Des personnalités et des problèmes bien différents, et donc des épisodes à l'intérêt très variable - parfois très premier degré et donc moyennement probants, parfois totalement déjantés, comme l'épisode Revenge, dans lequel Amy tente d'aider un petit garçon à se débarrasser de sa colère envers son père en écrivant un livre pour enfants, en lui faisant rencontrer un groupe de métal et en embauchant un ex-Marine pour monter un plan d'attaque...
Un programme en demi-teinte, donc, qui fonctionne principalement sur le flegme et l'humour à froid de Hoggart, mais qui flirte un peu trop avec le genre de la télé-réalité pour totalement fonctionner en tant que parodie de ces programmes.
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You Cannot Kill David Arquette (2020) :
Un documentaire consacré à l'acteur David Arquette qui, en 2000 et dans le cadre de la promotion de la comédie Ready to rumble, s'est essayé au monde du catch américain, dont il est brièvement devenu champion sur un coup de tête des scénaristes de la WCW.
Un événement qui, pour beaucoup de fans, a signé un point de non-retour, le début de la fin de l'âge d'or des années 90, et a valu à Arquette la haine d'une communauté rancunière, pourtant aussi fan que lui de la discipline.
Et donc, 20 ans plus tard, alors que sa carrière cinématographique est au point mort (il blâme pour cela la franchise Scream et son rôle de comic relief, son bref passage dans le monde du catch, et tous ses problèmes psychologiques), Arquette décide de remettre le couvert, et de tenter de trouver une sorte de rédemption en remontant sur le ring.
Cette fois-ci, cependant, il veut bien faire les choses, et commence vraiment en bas de l'échelle, par un entraînement (avec Peter Avalon, DDP, etc) et par des matches de backyard wrestling.
Il y a d'ailleurs une certaine ironie dans ce documentaire mi-sincère, mi-kayfabe : voir des pratiquants de backyard wrestling se targuer de défendre la pureté du catch américain et critiquer Arquette parce qu'il n'avait pas appris à catcher à l'époque, et qu'il a ridiculisé l'industrie, c'est un peu l'hôpital qui se moque de la charité, mais c'est aussi symptomatique de la tendance des catcheurs US à toujours se prendre au sérieux, ou à être tellement en mode kayfabe qu'ils en deviennent clichés.
Mais peu importe : tout au long du documentaire, on retrouve un Arquette sincère, triste, déprimé, qui a troqué l'alcool contre le catch, et malgré une crise cardiaque, se donne totalement à cette nouvelle vocation, s'entrainant au Mexique et arpentant de multiples fédérations indépendantes pour faire ses armes.
L'occasion pour le spectateur de croiser de nombreux visages familiers, tant dans le ring (Flair, Hogan, Booker T, Mr Anderson, Bischoff, Russo, RJ City, Jungle Boy, MJF...) qu'en dehors (toute la famille Arquette, Courtney Cox...), avec, à la clef, une réputation réparée, et une inclusion (un peu artificielle et symbolique, certes) d'Arquette dans le Top 500 du PWI 2019.
Seul bref obstacle sur le chemin de cette rédemption, la mort de Luke Perry (ami proche de David et papa de Jungle Boy) en mars 2019, une mort qui, quelques mois après un death match controversé contre Nick Cage, ayant expédié Arquette à l'hôpital et provoqué bien des réactions atterrées dans les médias, a brièvement renvoyé l'acteur à ses démons.
Dans l'ensemble, malgré ses errances dramatisées et ses deux ou trois échanges scénarisés, ce métrage est des plus agréables à regarder, et particulièrement attachant, à l'image de son protagoniste torturé - mais décidé, et lucide sur ses capacités réelles.
4.5/6
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Misbehaviour (2020) :
En 1970, alors que le concours Miss Monde va prendre place à Londres, présenté par le comédien américain Bob Hope (Greg Kinnear), le Mouvement de libération de la Femme décide d'envahir la scène pour promouvoir son message d'égalité et de respect. Emportée dans la tourmente, Sally Alexander (Keira Knightley), étudiante en histoire las de la patriarchie dominant ce domaine, et Jennifer Hosten (Gugu Mbatha-Raw), Miss Grenade, qui va gagner le concours envers et contre tout...
Une comédie dramatique anglaise tout à fait dans l'air du temps, avec ses thématiques de libération de la femme, d’intersectionnalité des luttes, du privilège blanc, du racisme, de la pauvreté, etc... mais aussi une comédie dramatique anglaise tout ce qu'il y a de plus anglaise. Film produit par la BBC, réalisatrice de The Crown, scénaristes de tv et de documentaires, reconstitution historique, histoire vraie : malgré l'affiche, il ne fallait pas s'attendre à une comédie décalée et énergique, bien au contraire.
Ce n'est donc pas surprenant de découvrir ici un period drama anglais assez studieux et académique, jamais particulièrement drôle, dramatique, surprenant ou audacieux, qui tente de jouer sur tous les tableaux sans jamais froisser personne (l'opposition entre les féministes militantes anglaises blanches, privilégiées, et les participantes au concours, souvent issues de pays baignant dans le racisme, et qui voient dans leur participation un symbole politique et racial, est un peu esquissée, mais sans vraiment déboucher sur grand chose), et qui finit par laisser globalement de marbre, tant le tout est sage et scolaire.
C'est compétent, mais j'ai beaucoup baillé.
3/6 (et encore)
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Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine, et des critiques d'une vingtaine de lignes, tout au plus.
Le Mans 66 (Ford v. Ferrari - 2019) :
Dans les années 60, en perte de vitesse, la marque Ford décide de se lancer dans les sports automobiles, afin d'écraser Ferrari, sa grande rivale. Pour ce faire, Henry Ford II (Tracy Letts) et ses subordonnés (Jon Bernthal, Josh Lucas) se tournent vers Carroll Shelby (Matt Damon), ancien pilote et concepteur automobile, et vers Ken Miles (Christian Bale), un mécanicien/pilote au tempérament difficile, pour mettre au point, dans des délais limités, une nouvelle voiture plus rapide et plus puissante...
Un film de James Mangold au titre anglo-saxon un peu trompeur, puisque la rivalité Ford/Ferrari, si elle lance les événements du métrage, n'est en réalité que la toile de fond du récit, un récit en forme de bromance entre deux hommes de talent, deux passionnés de course et de pilotage automobile.
Le titre français, paradoxalement, fonctionne mieux : le gros du film se concentre en effet sur les 24 heures du Mans, avec cette course occupant le dernier tiers du film de manière assez spectaculaire et convaincante, et dans l'ensemble, malgré une durée conséquente, Ford v. Ferrari s'avère un métrage nerveux, dynamique et pêchu, y compris pour quelqu'un qui, comme moi, n'a pas grand chose à faire de l'univers de la course automobile.
Le mérite en revient à Mangold, qui sait mettre en image cette histoire d'hommes et de voitures, mais aussi aux équipes d'effets spéciaux, 99 % du temps invisibles, à la direction artistique impeccable, et bien entendu, au duo principal, excellent de bout en bout.
On pourra toujours regretter une caractérisation un peu simpliste du personnage de Josh Lucas, quelques grosses ficelles narratives un peu voyantes, et un épilogue moins convaincant, car trop télégraphié par des scènes préalables, ici ou là, mais dans l'ensemble, ça reste efficace et intéressant de bout en bout.
4.25/6
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Dino De Laurentiis - The Last Movie Mogul (2001) :
Un documentaire BBC de la collection Omnibus qui revient, à l'époque de la post-production d'Hannibal (Ridley Scott, 2001), sur la carrière du producteur mythique Dino De Laurentiis, l'un des dernières empereurs du cinéma, qui a probablement produit autant de films ratés (King Kong1976 et 1986, Orca, Rumpelstilskin...) que de films entrés dans l'histoire du 7è Art (Conan le Barbare, Serpico, La Strada, Ragtime)... et entre deux (Flash Gordon, Evil Dead 2 et 3, Danger : Diabolik).
Un métrage d'une heure, relativement sage et scolaire, dépeignant le producteur de façon assez hagiographique, avec interventions admiratives de nombreux noms de l'industrie (Anthony Quinn, Anthony Hopkins, John Milius, Ridley Scott, Sydney Pollack, David Lynch, Jonathan Mostow), qui tous applaudissent le caractère iconoclaste et rebelle du producteur.
De Laurentiis, producteur fonctionnant à l'instinct, était en effet un homme entier, aux opinions très affirmées, et qui n'hésitait pas à aller à contre-courant et à investir ses propres fonds dans les projets auxquels il croyait... pour le meilleur ou pour le pire. Il a ainsi connu une ascension fulgurante et un succès souvent insolent (qui lui ont valu d'être entouré de nombreuses rumeurs d'association avec la mafia, entre autres), récompensés en 2001 par un Oscar - une cérémonie dont on assiste à la préparation, du point de vue de Dino.
Le documentaire laisse en effet une grande place à la parole de De Laurentiis, et à sa vie de famille, la vie d'un homme débrouillard toujours passionné par son métier, encore plein de vie et d'idées, et pour qui le cinéma reste une vocation, malgré son âge : c'est intéressant à voir, sans être pour autant passionnant, mais la gouaille et l'accent du bonhomme font qu'on s'attache tout de même à ce grand caractériel du monde du cinéma, décédé en 2010 à l'âge de 91 ans.
4/6
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Circus of Books (2020) :
Un documentaire Netflix sur la vie du couple Karen et Barry Mason, d'origine juive conservatrice, bien sous tous rapports, hétérosexuel, rangé et avec trois enfants, mais qui pendant plus de 35 ans, a tenu la librairie Circus of Books, à Los Angeles, une librairie spécialisée dans les magazines et le porno gay hardcore.
Une histoire amusante produite (forcément) par Ryan Murphy, prenant la forme d'un métrage réalisé par la fille des Mason qui, à l'occasion de la fermeture imminente et définitive de la librairie, a décidé de retracer la vie improbable de ses parents : son père discret et souriant, inventeur et technicien en effets spéciaux ayant travaillé sur 2001 l'odyssée de l'espace et Star Trek, sa mère journaliste profondément croyante, et leur relation assez amusante, dominée par un sens commun des affaires et des opportunités.
On découvre ainsi comment, un peu par chance, les Mason en sont venus à racheter la librairie, et à devenir un pilier de la communauté gay de la ville, à la fois lieu de débauche aux yeux de certains (jusqu'à être ciblé par le FBI), et famille de substitution pour d'autres ; paradoxe intéressant avec la foi profonde de Karen, la mère, qui a toujours tenté de prendre un maximum de distance avec l'objet de son commerce, et qui, lorsque l'un de ses fils a annoncé être homosexuel, l'a un temps très mal pris., avant de faire un véritable travail sur elle-même et de devenir une militante pro LGBTQ.
Un portrait de famille qui se double de celui d'une époque révolue, qui a placé les Mason sur le front de l'épidémie du SIDA (le témoignage d'un intervenant fait froid dans le dos, lorsqu'il explique que 90 % des personnes qu'il a connues à l'époque sont désormais décédées), et un documentaire qui, s'il flamboie (forcément) beaucoup, est aussi l'histoire des changements de la scène gay et de l'industrie du porno, tués par le web, comme bon nombre de petites entreprises familiales.
Cela dit, tout agréable qu'il soit, ce métrage semble parfois manquer d'un petit quelque chose, comme si la réalisatrice était trop proche de son sujet pour vraiment réussir à le traiter totalement, à percer l'évasivité fréquente de sa mère, et à être autre chose qu'un regard mélancolique et nostalgique sur une institution de Los Angeles, dont la fermeture s'est faite dans l'indifférence la plus totale.
4/6
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L'une des séries de lancement de la plateforme Quibi, projet de Jeffrey Katzenberg ayant pour but de produire des programmes courts de 7 à 10 minutes à destination des smartphones (avec des épisodes tournés à la fois en mode portrait et en mode paysage, whouhou !) , ce Dummy se veut une comédie semi-autobiographique en 10 x 6-8 minutes, créée par Cody Heller, la compagne de Dan Harmon.
Un projet initialement conçu comme un pilote de série normale, puis comme un long-métrage, avant de finir découpé en tronçons pour Quibi...
Dummy, saison 1 (2020) :
Scénariste névrosée et à la dérive, Cody Heller (Anna Kendrick) vit dans l'ombre de son compagnon, Dan Harmon (Donal Logue), scénariste et producteur génial multi-récompensé. Lorsqu'elle découvre que ce dernier possède une sex-doll dans un placard, toutes les certitudes de Cody sur son couple vacillent. Pire : lorsque Cody commence à discuter avec la poupée, celle-ci lui répond, et devient progressivement la meilleure ennemie de la jeune femme, expression improbable de son subconscient et de ses angoisses...
Honnêtement, difficile de trouver un véritable intérêt dans ce projet gentiment nombriliste, un vanity project qui raconte (de manière romancée et fantastique) sa propre genèse et les névroses de sa créatrice.
Peut-être est-ce dû au format, qui empêche le récit de se développer, et donne l'impression d'un long épisode constamment entrecoupé de coupures pub. Peut-être est-ce la poupée, doublée de manière stridente par Meredith Hagner (dont je ne suis pas le plus grand fan) et animée de manière très sommaire. Peut-être est-ce l'illustration musical synth-wave ; le côté méta/auto-biographique pseudo-féministe qui tente de dénoncer des choses (le running gag des agents victimes de #metoo, le renvoi constant au fait que l'héroïne est "la petite-ami de Dan Harmon, qui est génial", la discussion sur le test de Bechdel, etc) tout en les exploitant constamment (Harmon y est omniprésent, ses œuvres et ses acteurs aussi, et la série a clairement vu le jour grâce à son nom) ; le passage assez glauque durant lequel Cody tente d'organiser un plan cul à la poupée avec un jeune voisin de 14 ans (ça se veut provoquant, caustique et drôle, c'est seulement malsain) ; l'auto-apitoiement constant dont Heller fait preuve au travers du personnage de la poupée, représentation et expression de ses névroses, qui passe la moitié de la saison à insulter et à manipuler la scénariste...
Ou bien est-ce tout simplement un mélange de tout cela, et le ton nonchalant, qui font que je n'ai pas vraiment accroché à ce qui n'est, en fin de compte, guère plus qu'un moyen, pour Heller, de faire sa psychothérapie à moindre frais, et de confronter ses failles et ses inquiétudes.
Kendrick y met pourtant de l'énergie et du sien, mais dans l'ensemble, ça ne décolle pas vraiment.
(je me demande aussi si les ressemblances avec Wilfred, série sur laquelle Cody Heller a travaillé, ainsi que le mauvais souvenir que je garde de la série Deadbeat, créée et écrite par Heller, n'ont pas joué en défaveur du programme)
Mwébof, en somme.
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Sitcom Netflix en 8 x 25 minutes environ, coproduite par la WWE, et confiée à deux showrunners ayant travaillé sur Happy Endings et LA to Vegas, The Big Show Show se veut un programme ultra-calibré et rétro, aux rires enregistrés et aux décors de studio, comme on en trouve encore sur CBS et ailleurs...
Le show de Big Show, saison 1 (The Big Show Show, season 1 - 2020) :
Désormais retraité de sa carrière de catcheur, le Big Show découvre les joies de la vie de père famille, auprès de sa femme Cassy (Allison Munn), qui travaille dans l'immobilier, et de ses trois filles, Lola (Reylynn Caster), adolescente issue d'un premier mariage, Mandy (Lily Brooks O'Briant), studieuse et ambitieuse, et JJ (Juliet Donenfeld), précoce, géniale, mais très turbulente.
Et il est là, le problème : TBSS n'est rien de plus qu'une énième sitcom familiale de studio sans grand budget ni grande originalité, et surtout, bourrée de clichés et d'interprétation approximative.
Pourtant, je sais ne pas me montrer trop exigeant avec mes sitcoms, pour peu que la distribution soit charismatique ou talentueuse (je regarde toujours Fuller House, après tout). Mais là, le produit fini est trop inégal pour être convaincant.
À commencer par l'interprétation. Si Reylynn Caster est compétente, si Jaleel White (Steve Urkel) compose un personnage excentrique et magouilleur, et si Allison Munn s'avère la MVP de la série, dynamique, excentrique et juste, les deux autres fillettes sont assez brutes de décoffrage : occasionnellement un peu trop en mode récitation, occasionnellement en surjeu, occasionnellement à prendre des poses et des mimiques forcées dignes des années 80, on sent qu'elles débutent plus ou moins, et qu'elles s'amélioreront avec l'expérience.
Cela dit, elles n'ont pas la chance d'incarner autre chose que des clichés de sitcoms, à savoir la jeune adolescente prête à tout pour être présidente de sa classe, et la fillette précoce et surdouée (Max de Fuller House, en somme), qui fait constamment des bêtises et échafaude des plans toujours plus improbables (là aussi, un personnage habituel des sitcoms, notamment du côté de chez Disney et Nickelodeon).
Les actrices y mettent de l'énergie, mais ça n'aboutit donc pas toujours, et leurs sous-intrigues sont des plus clichées. Et il en va un peu de même avec Show : on sent que les épisodes ont été filmés dans le désordre, et qu'il s'est habitué au format sitcom au fur et à mesure de la saison, car à l'instar des fillettes, Show est très inégal. Dans certains épisodes, il s'avère plutôt naturel et à l'aise ; dans d'autres, il est raide, récitatif, et son jeu est caricatural. Heureusement, le bonhomme possède toujours un capital sympathie certain, même si au niveau de la forme physique, ce n'est plus tout à fait ça (l'âge et les blessures ont fait leur office).
Après, il n'y a vraiment pas grand chose à dire de plus sur ce programme : diffusé en plein confinement généralisé, le show n'a pas d'autre ambition que de vider l'esprit par tranches de 25 minutes de gags éventés et de bons sentiments.
Il n'a pas d'intrigue de fond (forcément), si ce n'est, vaguement, les problèmes rencontrés par la mère dans la vente d'une maison supposément hantée, et le rapprochement de Show avec sa fille aînée ; son écriture est assez faiblarde, avec notamment une tendance à finir les épisodes sur un gag ou une réplique trop plats pour être efficaces ; les quelques caméos sont peu mémorables - un présentateur de Queer Eye, le trio Mark Henry/Rikishi/Mick Foley, qui jouent mal - ; et le show présente la WWE comme un véritable sport de combat...
Bref, c'est vite regardé, vite oublié, et s'il ne fallait pas non plus s'attendre à grand chose de plus, on peut regretter tout de même que le tout ne soit pas plus intéressant à suivre.
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Drew - The Man Behind the Poster (2013) :
Un documentaire entièrement consacré à Drew Struzan, fameux artiste derrière la majorité des affiches de film iconiques des années 80, de Star Wars à Indiana Jones, en passant par Retour vers le Futur et Police Academy.
Un documentaire très complet, qui relate toute la carrière et la vie du peintre : son couple, ses débuts dans le pauvreté, son travail publicitaire, ses pochettes d'album (Alice Cooper, etc), ses premières affiches, ses déconvenues avec des managers peu scrupuleux, son statut culte, ses problèmes avec l'industrie cinématographique actuelle...
Bref, de quoi occuper la centaine de minutes du métrage, un métrage illustré de toutes les œuvres du maître.
Alors certes, le documentaire a une certaine tendance aux louanges effusives, avec des témoignages admiratifs de beaucoup de professionnels de l'industrie (Lucas, Spielberg, Guillermo Del Toro, Thomas Jane, Frank Darabont, Michael J. Fox, Steve Guttenberg, Sam Witwer, et même Harrison Ford) que l'on sent fans absolus plus qu'avis objectifs sur l'influence de Struzan sur l'industrie et sur leurs rapports avec lui. Et il faut être cinéphile (ou du moins, s'intéresser un minimum au milieu) pour vraiment être passionné par un tel documentaire.
Cependant, en ce qui me concerne, j'en suis ressorti satisfait, et ravi d'avoir découvert certaines des affiches les moins connues de Struzan qui reste, quoi qu'on en dise, l'une des figures emblématiques de sa discipline.
4/6
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Vice (2018) :
La vie et le parcours de Dick Cheney (Christian Bale), éminence grise du pouvoir républicain qui a tiré les ficelles du gouvernement américain pendant des décennies...
Un biopic signé Adam McKay, et très inspiré par son The Big Short : le casse du siècle de 2015 : même approche satirique et goguenarde, mi-documentaire mi-fiction, de son sujet, même recours à des artifices de réalisation, de montage, et à des excentricités visuelles en tous genres pour dynamiser le tout, et même distribution prestigieuse.
Et en théorie, ça aurait dû me plaire. Alors certes, quiconque a un peu suivi la vie politique américaine de ces 50 dernières années, que ce soit par les infos ou de manière plus approfondie, n'apprendra rien de vraiment nouveau, surtout dans un métrage aussi ouvertement partisan : oui, aux yeux de McKay, les Républicains sont des ordures finies et cyniques responsables de tous les maux actuels de l'Amérique, oui, les grandes figures du parti n'ont que faire du peuple américain et ne sont là que pour s'enrichir et satisfaire leur désir de pouvoir, oui, Dick Cheney est un personnage arriviste sans foi ni loi, oui, il a manipulé, triché, menti et tué (indirectement) pour parvenir à ses fins... what else is new ?
Pendant une grosse moitié de film, malgré des défauts parfois visibles (le film fait l'impasse sur le passage de Dick Cheney du statut d'étudiant raté et alcoolique à aide républicain maîtrisé et sobre, ou encore sur son travail de Secrétaire à la Défense durant la première Guerre du Golfe, le montage déstructuré n'est pas toujours pertinent, l'artifice du narrateur se résume finalement à un "tout ça pour ça"), j'étais plutôt amusé par ce métrage qui brosse ses spectateurs démocrates dans le sens du poil, mais qui le fait de manière dynamique, et est porté par une prestation impeccable de Christian Bale et d'Amy Adams.
Et puis progressivement, à partir du gag du faux générique de fin, j'ai commencé à perdre patience. Il faut dire qu'avec sa durée de 2h15, le film prend son temps développant notamment en long, en large et en travers l'après 11 septembre, et la manière dont Cheney a pris les rênes du pouvoir face à un W. Bush incompétent et idiot (Sam Rockwell) digne du SNL.
Le film tombe ainsi progressivement dans une routine frôlant parfois le résumé wikipedia des exactions de Cheney, une succession de vignettes parfois caricaturales, alternée avec des effets de style gratuits et complaisants dont l'accumulation m'a lassé : séquence écrite à la manière de Shakespeare, musique dissonante, montage mettant en parallèle le sort tragique des USA et l'opération cardiaque de Cheney, gimmick du narrateur (Jesse Plemmons), dîner métaphorique des Républicains dans un restaurant servant de la chair humaine, monologue de fin face caméra (bien moins efficace qu'il ne pense l'être), générique de fin sur du West Side Story, post-générique sur les spectateurs de la projection test du film, etc, etc, etc...
Bref, à trop multiplier les effets de manche humoristiques et les gimmicks de réalisation ou de montage, à trop forcer le trait, le film m'a semblé se déliter progressivement, et, dépourvu d'une véritable structure ou d'un fil narratif autre que "le déroulement chronologique de la vie de Cheney", il n'a pas su conserver mon intérêt.
D'autant que finalement, le message peu subtil et irrévérencieux du film reste toujours le même, manquant d'un certain recul ou d'une maîtrise à la Oliver Stone pour vraiment fonctionner (ou paraître sincère), et paraissant parfois étrangement évasif sur ce qui fait vraiment la personnalité de Cheney.
3/6 (pour l'interprétation)
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Once Upon a Time... in Hollywood (Once Upon a Time in Hollywood - 2019) :
En 1969, le quotidien de Rick Dalton (Leonardo DiCaprio), acteur à la dérive dans un Hollywood en pleine mutation, et de Cliff Booth (Brad Pitt), son meilleur ami cascadeur, installés dans la maison voisine du couple Roman Polanski (Rafał Zawierucha)/Sharon Tate (Margot Robbie)...
Hmm. Pour être franc, je ne peux pas dire que j'ai aimé ce OUATIH. Je n'ai pas détesté non plus, je suis simplement resté globalement de marbre devant la proposition de Quentin Tarantino. Il faut dire que cette proposition est très particulière et polarisante, à la fois une reconstitution ouvertement idéalisée et fantasmée d'une période très précise de l'industrie du cinéma américaine, crime story détournée, réécriture décontextualisée de l'histoire, portrait d'un acteur, tranche de vie...
Forcément, ça peut laisser de marbre. Et ça a été mon cas : dépourvu de trame narrative autre que l'évolution de la carrière de Dalton, et le sort funeste de Polanski et Tate, le film n'a pas su me captiver, malgré de nombreuses qualités formelles et visuelles.
Impossible de dire que l'art de la reconstitution historique échappe à Tarantino : devant sa caméra, Hollywood et la Californie sont dépeints de manière idyllique, une atmosphère constamment baignée de radio et de musique, un paradis perdu au sein duquel évolue une Sharon Tate vaporeuse, délibérément sous-caractérisée, comme un symbole d'une époque et d'un lieu dont le destin constitue le filigrane du métrage.
Sauf que, Tarantino oblige, ce destin ne peut être celui que l'on connaît, et un peu comme dans Inglourious Bastards, le réalisateur réécrit l'histoire dans un bain de sang décomplexé et excentrique : amusant, mais cela ne compense pas pour autant les errances du métrage.
Des errances de rythme, déjà : dans son désir de recréer une époque, une atmosphère à l'apparence insouciante et éthérée, Quentin succombe à la nostalgie, et multiplie les nombreux plans langoureux sur des personnes qui conduisent, sur des paysages, sur sa reconstitution historique des 60s/70s. C'est joli, mais ça rallonge un film n'ayant déjà pas de véritable structure narrative ou de tension dramatique à laquelle se raccrocher.
Des errances créatives, aussi, avec certains passages qui n'apportent rien (je ne suis vraiment pas fan de la voix off qui s'invite ponctuellement, notamment à la barre des 45 dernières minutes), certaines scènes qui semblent uniquement là pour placer un pote du réalisateur ou l'un de ses clins d'œil de cinéphile, d'autres pour s'amuser (les nombreux extraits reconstitués de films et de séries, la scène de Bruce Lee...), d'autres encore pour assouvir le fétichisme des pieds de Tarantino (le nombre de plans avec pieds nus féminins bien en vue ^^)...
En soi, rien de rédhibitoire si l'on adhère à la proposition globale de Tarantino, et d'ailleurs, tant Brad Pitt (qui semble avoir rajeuni de 20 ans) que DiCaprio (forcément très bon en acteur en pleine midlife crisis) sont excellents. Mais dans l'ensemble, cette version fantasmée et improbable, nostalgique et décalée - mais aussi gentiment complaisante et un peu vaine (Tarantino se fait largement plaisir, et se regarde souvent filmer) n'a pas vraiment su m'enchanter.
3/6
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Go Back to China (2019) :
Riche héritière d'un industriel chinois, Sasha Li (Anna Akana) vit une vie de luxe en Amérique, jusqu'à ce que son père lui coupe les vivres : dépourvue de toute ressource, la jeune femme est donc contrainte de partir travailler un an en Chine dans l'usine de jouets de son père (Richard Ng), pour espérer avoir un jour de nouveau accès à sa fortune. Mais sur place, elle découvre des valeurs et un monde radicalement différents...
Un film semi-autobiographique écrit, réalisé et produit par Emily Ting, et qui s'inscrit un peu dans la lignée de Crazy Rich Asians, mais en adoptant ici le point de vue inverse, celui d'une jeune femme américaine très aisée et privilégiée qui découvre le mode de vie des Chinois "de base".
Quel dommage cependant que le tout soit à ce point générique et superficiel : entre son écriture assez basique et simpliste, son interprétation très inégale (Akana s'en sort bien, malgré quelques passages où elle aurait bénéficié d'une direction d'acteurs plus expérimentée et plus subtile, Lynn Chen est convaincante, mais les autres rôles sont nettement plus en dents de scie), et son déroulement cousu de fil blanc, le film ne semble jamais original, frais ou naturel.
On sent clairement les rouages grincer en arrière-plan, on devine trop facilement les rebondissements et les leçons de vie convenues que le film cherche à asséner sans la moindre subtilité, et finalement, on se dit que le métrage aurait bénéficié à aller soit plus ouvertement dans une direction comique (auquel cas l'abattage occasionnel d'Akana aurait eu sa place), soit dans la comédie dramatique plus sérieuse.
Mais pas cet entre-deux jamais totalement convaincant, et un peu creux.
2.75
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Oh My God ! (Hysteria - 2011) :
En 1880, le docteur Mortimer Granville (Hugh Dancy), médecin avant-gardiste et idéaliste, en est réduit à accepter un poste auprès du Dr. Dalrymple (Jonathan Pryce), spécialiste en guérison de l'hystérie féminine - un diagnostique générique pour toutes les frustrations féminines, qu'il soulage à l'aide de "massages pelviens". Particulièrement populaire, cependant, Granville en vient à mettre au point, avec l'aide de son ami inventeur, Edmund St. John-Smythe (Rupert Everett), un appareil automatisé permettant de soulager sa charge de travail : c'est là la naissance du vibromasseur, un engin révolutionnaire qui devient un succès immédiat.
Une coproduction européenne de celle qui deviendra la réalisatrice de Buffaloed, et qui, ici, donne naissance à un film en costumes décalé, léger et agréablement décomplexé, où chacun tient très bien son rôle, notamment Hugh Dancy, tiraillé entre les attentions des deux sœurs Dalrymple (Maggie Gyllenhaal et Felicity Jones), ou encore Everett, plutôt drôle en inventeur flamboyant.
Une comédie légèrement sarcastique, qui évite systématiquement de verser dans le graveleux ou le vulgaire, mais qui ne plaira pas forcément à tout le monde, car finalement assez moderne dans son message féministe assumé, et dans son approche globalement assez libre de son sujet et de sa réalité historique.
4/6
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Les Aéronautes (The Aeronauts - 2019) :
En 1862, bien décidé à prouver qu'une étude de l'atmosphère permettrait de prédire les grandes tendances météorologiques, James Glaisher (Eddie Redmayne) prend place dans une montgolfière, accompagné d'Amelia Wren (Felicity Jones), une experte en pilotage. Leur objectif : grimper plus haut que jamais, au péril de leur vie et de leur santé mentale...
Il y a, dans cet Aeronauts produit par Amazon, le potentiel de quelque chose de mémorable, un métrage en temps réel (l'expédition dont le film est très librement inspiré a duré dans les deux heures), un exercice de style et d'interprétation tendu et nerveux renforcé par des effets spéciaux compétents.
Là, sous la plume et l'œil de Tom Harper, le tout est "seulement" un film d'aventures sympathique et spectaculaire, mais très convenu dans sa structure : avec ses nombreux flashbacks visant à développer les deux personnages principaux et leur bagage émotionnel, le rythme est un peu cassé, et évoque par moments les mini-séries Hallmark de la grande époque, chaque flashback semblant signaler une coupure pub imminente.
Ce n'est pas forcément rédhibitoire, cela dit, puisque le tout est très bien filmé, de manière inventive, et que le duo vedette (qui se retrouve après Une Merveilleuse Histoire du Temps) est impeccable et attachant.
Bref, un petit film agréable, qui aurait pu être bien meilleur avec d'autres choix narratifs.
3.75/6
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Tolkien (2019) :
La vie et la carrière de J.R.R. Tolkien (Nicholas Hoult), célèbre auteur du Seigneur des Anneaux, ainsi que sa relation avec Edith Bratt (Lily Collins)...
Un biopic assez studieux et un peu opportuniste, mis en chantier dès 2013, et dont la seule réelle fantaisie, honnêtement, est d'illustrer l'imagination de Tolkien sous forme de visions plus ou moins fantasmatiques, que ce soit sur le champ de bataille de la Première Guerre Mondiale, ou dans son quotidien de tous les jours.
Le problème, en fait, c'est que la vie de Tolkien n'est pas très passionnante ni mouvementée, ni ne donne beaucoup de matériau dramatique viable permettant de créer un récit de cinéma dynamique. Résultat, on se retrouve avec un film assez raide et mécanique, qui n'effleure jamais le sujet de la religion (pourtant important dans la vie de Tolkien, et dans ses rapports avec certains de ses collègues), qui reste une amourette gentillette, qui se contente de recycler des clins d'œil aux éléments désormais incontournables de l'œuvre de Tolkien (et de ses adaptations cinématographiques), et qui ne décolle jamais, malgré une structure en flashbacks centrée sur son expérience durant la Guerre.
Et comme en plus le scénario s'arrête délibérément à l'écriture des premiers mots du Hobbit, on passe sous silence tout ce qui a suivi, l'influence des œuvres de Tolkien sur la littérature, etc...
Bref, assez décevant, car trop appliqué et indigeste pour son propre bien.
2.5/6 (cela dit, tout le monde y est très compétent)
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Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine, et des critiques d'une vingtaine de lignes, tout au plus.
Anvil ! The Story of Anvil (2008) :
Un documentaire retraçant la carrière du groupe canadien Anvil, un temps considéré comme l'un des pionniers du thrash metal au même titre que Metallica et compagnie, et pour lequel les stars du milieu ont une admiration assumée (témoignages de Lemmy, de Scott Ian, de Slash, de Tom Araya, etc, à l'appui)... mais qui, après les années 80, a tout simplement disparu des médias et de la scène américaine, pour sombrer dans l'oubli.
Un groupe composé, à la base, de deux amis d'enfance, Steve ”Lips” Kudlow et Robb Reiner (à une lettre, près, le nom du réalisateur de Spinal Tap ^^) , inséparables et aussi proches que des frères, qui, depuis le fin fond de leur Canada enneigé, continuent de se produire et de partir en tournée en Europe de l'Est, vaguement managés par la petite amie d'un des musiciens de la formation.
On suit donc le groupe avant, pendant et après cette tournée DIY (une tournée catastrophique, forcément), qui débouche ensuite sur une tentative d'enregistrement d'un nouvel album produit par un vieil ami anglais. Un album financé par eux-mêmes, mais dont aucune maison de disque ne veut, malgré une demande évidente des fans, prouvée par un concert à guichets fermés dans un festival japonais.
Le portrait d'un duo attachant, que le succès a oublié, mais dont la passion, malgré les engueulades et les problèmes d'argent, n'a jamais disparu. Alors certes, par moments, on se croirait presque devant un mockumentaire à la Spinal Tap (et le documentaire en a conscience, filmant ici un ampli allant jusqu'à 11, là une visite à Stonehenge), mais la sincérité et le capital-sympathie des deux hommes sont indéniables, notamment ceux de Lips, une sorte de proto-Jimmy Pop cheveux longs, à la fois stressé, passionné et prompt à s'emporter.
Un excellent documentaire musical, en somme, à la conclusion feel good qui donne le sourire.
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