Il était une fois Lurdo & Sygbab, deux internautes passionnés de séries tv et de cinéma, et qui cherchaient un endroit où archiver leurs avis (semi) éclairés...
Pendant une semaine, place à l'héroïsme, à la fantasy, aux mythes et à l'aventure sur le blog des Téléphages Anonymes...
Hercule et le Cercle de Feu (Hercules and the Circle of Fire - 1994) :
Alors qu'il arpente le pays à la recherche d'un remède à la blessure magique qui torture son ami Chiron (Kevin Atkinson), un faune, Hercule découvre que Hera a dérobé la flamme éternelle de Prométhée (Mark Ferguson), qui permet aux hommes de se chauffer et de s'éclairer. Accompagné de Deianeira (Tawny Kitaen), une villageoise impertinente, Hercules part alors dans une grande aventure, au grand dam de son père Zeus (Anthony Quinn), qui craint pour l'immortalité de son fils...
Un métrage un peu au croisement des deux précédents téléfilms de la série : écrit par plusieurs scénaristes, il est un peu décousu et connait toujours des problèmes de rythme (on sent que le format 90 minutes se marie mal avec les aventures que les scénaristes veulent raconter), mais il est aussi plus cohérent et homogène au niveau de ses péripéties et de ses thématiques, notamment en ce qui concerne la relation Zeus/Hercule, le mépris de ce dernier pour les Dieux et leurs manigances, et la relation naissante entre Deianeira et Herc (d'ailleurs, on remarquera que Deianeira porte ainsi le même nom que Renee O'Connor dans le précédent téléfilm, et a un peu le même genre de dynamique dans ses échanges avec le héros).
Il y a aussi un peu de mieux au niveau des décors, puisque le temple glacé de Prométhée est plutôt réussi ; les antagonistes rencontrés par Hercule sont aussi plus intéressants, visuellement, entre le sorcier du début (qui évoque à la fois les contes et légendes norvégiennes, avec son cœur enfermé dans un bocal, et la saga Evil Dead, dans la manière dont il bondit et se bat contre Hercule), et le géant de pierre et de végétaux, visuellement efficace.
À contrario, je n'ai pas été particulièrement convaincu par la jeune sauvageonne, Phaedra (Stephanie Barrett) envoyée par Zeus pour détourner Herc de son chemin. Son interprétation est assez moyenne, et le personnage est amené de manière un peu forcée, ce qui ne fait que ralentir un peu plus un récit au rythme étrangement nonchalant. Ajoutez à cela le score de LoDuca qui semble s'inspirer, çà et là, de l'œuvre de James Horner, et l'on voit bien que ce Circle of Fire n'est pas sans problèmes.
Malgré tout, le téléfilm parvient à bien établir différents traits de caractères de Hercule, ce qui l'étoffe joliment, Kevin Sorbo est de plus en plus à l'aise, ses rapports avec Anthony Quinn sont convaincants, et dans l'ensemble, il est toujours agréable de passer un moment dans cet univers qui ne se prend jamais trop au sérieux.
Pas au niveau du pilote, mais au-dessus du Royaume Oublié.
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Hercule et le Royaume Oublié (Hercules and the Lost Kingdom - 1994) :
Alors qu'il tente de se faire discret et d'éviter Héra et ses sbires, Hercule (Kevin Sorbo) reçoit l'appel à l'aide des anciens habitants de Troie, cité disparue dont ils ont été chassés par les Prêtres bleus de la Reine des Dieux. En compagnie de Deianeira (Renee O'Connor), une jeune femme rebelle qu'il a sauvé d'un sacrifice, le héros part pour Troie... suivi par Waylin (Robert Trebor), un esclave persuadé d'être au service du fils de Zeus.
Un téléfilm écrit par le créateur de la série, Christian Williams, un journaliste presse... et ça se sent, puisque le produit fini est assez brouillon, mal rythmé, et que sa structure est gentiment bancale.
C'est dommage, parce que la mise en valeur des paysages néo-zélandais est efficace et que l'histoire n'est pas inintéressante ; sans oublier la distribution, franchement amusante, dont on retrouve bon nombre d'acteurs récurrents de la série : Renee O'Connor avant qu'elle ne soit Gabrielle, Robert Trebor avant qu'il ne soit Salmoneus, Elizabeth Hawthorne avant qu'elle ne reprenne le rôle de la mère d'Hercule (passer d'une reine qui couche avec Hercule à sa mère, en l'espace d'un an ou deux, ça doit faire bizarre), Nathaniel Lees (un abonné des séries de cet univers) et un tout jeune Eric Close en soldat forte-tête.
Mais dans l'ensemble, le déroulement haché de ce métrage, avec ses mini-aventures quelconques - la tribu risible, très africano-amazonienne ; le marché aux esclaves et la Reine Omphale ; le passage des 48 frères ; la séquence Jonas dans le ventre d'un serpent de mer ; l'entraînement des villageois incapables ; la bataille contre les Prêtres ninjas... etc, etc, etc - ne convainc pas franchement.
En fait, tout ça manque de liant, ça semble bricolé à partir de péripéties sans grand rapport, comme un grand patchwork conçu à partir d'idées éparses. Ajoutez à cela un Joseph LoDuca qui repompe allègrement le Conan de Poledouris pour le thème "romantique" de Deianeira et Hercule, etc voilà, un téléfilm assez médiocre, décousu, et bien moins agréable que le précédent.
Encore une fois, dommage.
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Hercule et les Amazones (Hercules and the Amazon Women - 1994) :
Alors qu'il retourne brièvement dans son village natal pour y célébrer le mariage de son meilleur ami Iolaus (Michael Hurst), Hercule (Kevin Sorbo) l'aventurier reçoit l'appel à l'aide des hommes d'un village reculé, attaqué par des créatures étranges vivant dans les bois. Bien vite, cependant, il comprend que ces créatures sont en réalité des Amazones, menées par l'imposante Hippolyte (Roma Downey), et qui sont au service d'Hera, la jalouse reine des Dieux...
Coup d'envoi d'une rétrospective intégrale de la série Hercule (une intégrale que je risque bien d'étaler sur plusieurs mois, voire sur une année complète), ce premier téléfilm de l'Action Pack (un bloc de deux heures de programmes produits pour Universal par Renaissance Pictures, la société de production de Sam Raimi et Robert Tapert) sert de pilote à la série Hercules : The Legendary Journeys... et à ma grande surprise, plus de 25 ans après son tournage, ça tient plutôt agréablement bien la route.
Attention : comme le reste de la série et des programmes de Renaissance Pictures de l'époque, Hercules est tongue-in-cheek - comprendre que c'est un programme décontracté, décomplexé et parfois quasi-parodique, et qu'il ne faut donc pas le prendre au premier degré, comme une adaptation fidèle et sérieuse de la mythologie grecque (et par conséquent, approcher la série en se pinçant le nez de manière méprisante, comme le faisait une certaine critique française de l'époque, c'est passer totalement à côté de la série et de ses intentions).
Ici, notamment, ce qui frappe, c'est le côté revendicatif du métrage : Hercule est présenté comme un bourrin au grand cœur empreint des coutumes et du machisme de la société grecque, et, comme son père Zeus (Anthony Quinn, qui s'amuse bien dans ce rôle), il considère les femmes comme des objets à conquérir et dont on peut se moquer (ou à craindre dès qu'elles ont trop de pouvoir, comme Hera).
Mais rapidement, grâce à cette première aventure, Hercule change totalement de perspective sur la place de la femme, alors qu'il rencontre Hippolyte, et qu'il s'éprend d'elle (même s'il faut bien avouer que cette romance/rivalité reste moyennement convaincante à l'écran) - après sa prise de conscience, il règle les conflits de ce pilote par la discussion et la douceur, il cesse de considérer les femmes comme des trophées, bref, tout l'épisode (co-écrit par une femme) a un propos féministe engagé... qui paradoxalement, aujourd'hui, déclencherait probablement une vague de protestations en ligne de la part d'internautes frustrés qu'on leur fasse ainsi la morale.
Reste que... ce téléfilm fonctionne bien : il présente de manière efficace l'univers de la série, ses protagonistes et antagonistes, la famille d'Hercule, son amitié indéfectible avec Iolaus ; il est assez bien mis en images, depuis son ouverture mettant en scène une menace invisible en vue subjective à la Evil Dead, jusqu'à la première apparition d'Hercule, en passant par une réalisation et une chorégraphie des combats à mille lieux de séries comme Conan et compagnie (bon, il n'y a rien d'exceptionnel non plus, mais ça suffit amplement) ; les acteurs sont compétents (j'apprécie toujours autant la décontraction de Sorbo) ; on s'amuse à reconnaître certains seconds rôles (Roma Downey, avant qu'elle ne tombe dans ses bondieuseries ; Lucy Lawless, déjà en amazone, et qui connaît l'extase avec Anthony Quinn ; Rose McIver, alors toute jeune) ; et la musique de Joseph LoDuca reste l'une des plus mémorables du genre.
Alors certes, les effets spéciaux ont pris un bon coup de vieux (déjà à l'époque, le mélange animatronique/effets numériques de l'hydre faisait un peu fauché), et la fin de l'épisode, façon Superman remonte le temps, est une facilité, mais dans l'ensemble, pour un pilote de série au budget limité, ça se regarde sans problème, et c'est même une bonne surprise, dans l'ensemble.
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Suite de la première saison de cette série internationale en 22 x 45 minutes adaptant de façon assez libre les aventures de Conan le barbare, après un premier tiers de saison très chaotique, et à l'intérêt plus que discutable...
Conan, saison 1 (Conan The Adventurer, season 1 - 1997) - deuxième partie :
Armé de son épée atlantéenne et épaulé par ses amis Otli (Danny Woodburn), Bayu (T.J. Storm) et Zzeban (Robert McRay), Conan continue d'arpenter le royaume à la recherche du maléfique Hissah Zuhl (Jeremy Kemp)...
1x09 - The Curse of Afka : Lorsqu'ils rencontrent Katrina (Lydie Denier), une belle danseuse gitane, Conan et ses compères sont dépouillés de leur argent, mais rapidement, ils se trouvent mêlés aux manigances du sorcier Zingara (Scott Ripley) et du Prince Shadizar (Anthony De Longis), rivaux à la recherche d'un artefact maudit...
Une grosse escort quest de 45 minutes, avec des gitans menteurs, une Lydie Denier habituée des séries de la maison de production à l'origine de Conan (et à l'accent assez calamiteux), une roulotte à double fond, un Otli amoureux, un Sorcier maniéré, un Prince interprété par la doublure fouet de Harrison Ford (et le Blade des Maîtres de l'Univers), et une visite de Karella, toujours dans les bons coups.
Pas forcément désagréable, ni mémorable, mais la nonchalance de Conan est assez amusante, dans l'ensemble, et le groupe conserve une bonne alchimie, y compris avec Karella.
1x10 - Impostor : Le sorcier Evad (Joseph Rye), aux ordres de Zhul, crée un double maléfique de Conan qui sème le chaos sur son passage et dans le pays... jusqu'à ce que le véritable Conan soit mis au courant de la situation, et décide de réparer sa réputation. Mais Evad a d'autres plans, et prévoie de trahir son maître...
Un épisode gentiment je-m'en-foutiste, avec une pseudo-intrigue du doppelgänger maléfique qui est évacuée en 15-20 minutes, pour laisser toujours plus de place à Dave Evad le sorcier efféminé (comme la plupart des sorciers de cette série !) et à sa compagne/apprentie/souffre-douleur, Ega (Renee Graham), une écervelée un peu idiote et pas très bonne actrice, avec laquelle il passe son temps à se disputer, comme un Luthor avec Miss Tessmacher (mais en plus débiles).
Ajoutez à cela un Zhul qui improvise des incantations en babillant comme s'il était un nourrisson, un golem métallique qui tire des lasers (et fait très Power Rangers), et un Bayu qui, jusqu'à présent, se battait comme une panthère (avec bruitages félins dignes de Manimal à la clef), mais qui désormais, décide de se battre comme un singe, sans raison... et voilà, un épisode étrangement décomplexé et fait de bric et de broc.
1x11 - Amazon Woman : Conan et compagnie croisent le chemin d'Aura (Jacqueline Collen), une amazone protégeant un bébé, et tentant de protéger le fils de Prada (Brian Cousins). Mais Zorga (Brian Cousins), le frère jumeau de Prada, est prêt à tout pour le tuer, sur les ordres de Zhul...
Pas terrible, cet épisode. Ça commence comme une variation sur Conan and the Amazon, une nouvelle publiée un an ou deux avant l'épisode, et mettant en scène une amazone et des jumeaux, ça continue comme une variation sur le Prince et le Pauvre, et ça se finir en relecture de la mort de Valeria, avec Conan qui pleure sa belle au pied d'un bûcher funéraire.
C'est décousu, l'amazone n'est pas très convaincante (en plus d'être clairement doublée par un homme lorsqu'elle se bat, après s'être transformée dans une armure intégrale cachant son visage), sa relation avec Conan est quelconque, les guests ne sont pas non plus très probants... bof, en somme.
1x12 - Homecoming : Bayu, Otli et Zzeban arrivent dans le village natal de Bayu, où ce dernier reçoit un accueil des plus hostiles : il y retrouve Surette (Mari Morrow), son ancienne petite-amie, désormais en couple avec Drakk (Michael Worth), son rival de toujours, et qui élève Keeta (Kiami Davael), une fillette ressemblant étrangement à Bayu. Et pour ne rien arranger, Lukar (Fawn Reed), la sœur de Bayu, a accepté d'épouser le maléfique Lord Senn (David Amos), pour que ce dernier épargne le village...
Un autre épisode "économie de budget", avec un Conan absent de 95 % de l'épisode (et qui débite ses dialogues sans grande conviction), et un récit centré sur Bayu, sa famille, etc. Et étrangement, ça fonctionne à peu près sur tous les plans, permettant de donner un peu d'épaisseur à un personnage jusque là limité à ses arts martiaux et à son mauvais caractère. On regrettera seulement que la tragédie finale soit un peu redondante avec celle éprouvée par Conan dans l'épisode précédent.
1x13 - The Taming : Redevable du Roi Orad, qui lui a autrefois sauvé la vie, Conan et ses amis secourent sa fille, la Princesse Hana (Julie St. Claire), capturée par un sorcier. Seul problème : non seulement la princesse est une mijaurée insupportable, promise au musculeux Prince Tamul (Xavier Declie), mais en plus, elle est la cible de Lizor (Patrick Lambke), meneur d'un bataillon d'hommes-serpents implacables...
Un épisode plutôt léger et amusant, principalement centré sur les réactions de la bande face à la princesse mégère (ce n'est pas sans raison que le titre anglais renvoie directement à la Mégère apprivoisée de Shakespeare), et sur les combats entre la troupe de Conan et des hommes-serpents.
Le premier point, s'il est rapidement répétitif, fonctionne à peu près, malgré un Conan semi-absent, et un Xavier Declie à l'accent français à couper au couteau. Le second point, lui, est plus inégal, principalement parce que les hommes-serpents sont assez risibles (des cascadeurs encapuchonnés avec un masque de lézard acheté dans un magasin de déguisement), mais aussi parce que Conan, soudain, se prend pour Musclor, brandissant son épée vers le ciel et demandant la toute-puissance de Crom, dans un déluge d'éclairs.
M'enfin dans l'ensemble, ça restait assez distrayant (et il y a un véritable effort de chorégraphie des combats de la part de Robert McRay, ça fait plaisir).
1x14 - Red Sonja : Lorsqu'ils tentent d'aider une caravane en difficulté, Conan et ses amis ignorent qu'elle est envoyée par le vieux Roi Vog (Robert Culp), désireux d'obtenir la vie éternelle grâce aux pouvoirs du jeune sorcier Lutai (Billy Parrish), transporté en captivité. Rapidement, ils croisent alors le chemin de Sonja la rousse (Angelica Bridges), guerrière implacable voulant libérer Lutai, et persuadée que Conan et ses compères ne lui seront d'aucune aide...
Un épisode mollasson et pas très intéressant, avec une Red Sonja bimbo pas très bien interprétée (et à l'origine réinventée), une Baru (Kiki Shepard) qui ne sert à rien en sbire des méchants, un Robert Culp à la fausse barbe risible, et beaucoup de sous-péripéties quelconques.
Tout au plus retiendrai-je le caméo d'Amy Buchwald (l'épouse de Danny Woodburn IRL) en guerrière sauvage qui s'éprend d'Otli pendant quelques scènes. Dommage qu'elle ait été aussi vite évacuée, cela aurait été amusant de la voir apparaître de manière récurrente dans d'autres épisodes.
1x15 - Shadows of Death : Poursuivie par le général Morgot (Jose Escondon), sbire de Zhul, Karella est secourue par Conan et ses amis, qui, désormais traqués par les troupes de Sergeas (Kevin P. Stillwell), sont alors contraints de se réfugier sur l'île voisine de Vilayet, surnommée l'Île des Ombres.
Un épisode adaptant librement la nouvelle Shadows of the Moonlight de Robert Howard, en en conservant les grandes lignes (la malédiction, les statues, les rêves, etc), en se débarrassant des points les plus problématiques à adapter sans argent (à savoir le singe géant, remplacé par l'esprit d'un bodybuilder vengeur qui se téléporte comme dans Star Trek), et en rajoutant une bonne dose de torture des compères de Conan aux mains de Sergeas.
Pas désagréable à suivre, principalement parce que le tout a un peu de structure, et que la relation Karella/Conan est toujours sympathique, mais les ajouts scénaristiques sont régulièrement un peu maladroits, à l'image des cinq dernières minutes de l'épisode, interminables de remplissage.
1x16 - The Child : Ayant à peine échappé à de dangereux cannibales, Conan et sa troupe tombent sur une caravane en flammes, attaquée par des inconnus, et ils y trouvent Mirimane (Mickey Cottrell), une femme mortellement blessée, mais en plein labeur. Car l'enfant qui va naître est le futur Messie d'un Dieu unique à venir, et Hissah Zuhl a ordonné à ses troupes, menées par Sinjin (Deron McBee), de le tuer dès que possible...
Un épisode assez étrange, qui mélange beaucoup de comédie façon Quatre hommes et un couffin à une approche étrangement judéo-chrétienne de la religion, avec ce futur Messie, ce Dieu unique appelé à remplacer Crom et tous les autres Dieux), et Hissah Zuhl qui tente de le tuer dès sa naissance (d'ailleurs, je m'étais fait la remarque plus tôt dans la saison, mais c'est désormais une évidence : Zuhl est monté sur roulettes, et se déplace en glissant dans toutes ses scènes, comme sur un Segway, ce qui est assez involontairement amusant, je dois dire...).
Ajoutez à cela un certain nombre de scènes clairement filmées sur fond vert (probablement pour éviter d'exposer le bébé aux éléments du "désert") et des scènes d'action encore moins convaincantes que d'habitude (Deron McBee donne des coups qui passent systématiquement à trente centimètres de leur cible), et voilà, un épisode bizarre qui conclue de manière bancale ce deuxième tiers de saison.
Suite et fin de la saison, dimanche prochain...
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Série américano-germano-mexicaine en 22 x 45 minutes adaptant de façon assez libre les aventures de ce cher Conan le barbare à la façon décontractée d'Hercule, Conan the Adventurer remplace ce bon vieil Arnold, dans le rôle-titre, par Ralph Moeller, ex-champion allemand de bodybuilding et montagne de muscles de près de 2 mètres de haut.
Pas forcément totalement fidèle à l'image du Conan des romans, mais un successeur tout à fait honorable au physique de Schwarzie... et à son interprétation.
Conan, saison 1 (Conan The Adventurer, season 1 - 1997) - première partie :
Le royaume de Cimmérie est tombé sous le joug du maléfique Hissah Zuhl (Jeremy Kemp), un sorcier malfaisant ; Conan (Ralph Moeller), barbare dont les parents ont été tués par Zuhl, est alors choisi par le dieu Crom (Richard Burton) pour mener la résistance contre Zuhl, avec l'aide de ses compères Otli (Danny Woodburn), Bayu (T.J. Storm), Zzeban (Robert McRay), Vulkar (Andrew Craig), et de la voleuse Karella (Aly Dunne)...
Difficile de prendre trop au sérieux cette adaptation de Conan, tant elle lorgne ouvertement sur la formule de la fantasy télévisée façon Hercule : budget limité, tournage dans un lieu à la nature un peu exotique (ici, le Mexique), direction artistique et réalisation limitées, un réalisateur connu à la production (ici, Brian Yuzna), un acteur mythique dans le rôle d'un dieu (ici, un double numérique du visage de Richard Burton, animé avec les pieds, dans le rôle de Crom), des effets spéciaux fauchés, des actrices typiquement américaines en guise de figurantes siliconées sexy, et un héros costaud et décontracté.
À la formule Hercule, Conan rajoute quelques kilos de muscles en plus à son héros, et des acolytes variés - un nain magicien, un gladiateur muet et son collègue en surpoids, un noir qui fait des arts martiaux : pas de quoi vraiment changer la donne, comme on va le voir assez rapidement...
1x01-02 - Heart of the Elephant :Peu de temps après l'arrivée de Conan dans le village de la belle Tamira (Kimberly Kelley), les troupes du roi-sorcier Hissah Zuhl ravagent les lieux, massacrent l'Ancien (Mickey Rooney), et capturent Conan et Tamira. Désormais gladiateur dans l'arène de Zuhl, Conan doit s'échapper avec l'aide de ses adversaires, puis retrouver le Cœur de l'éléphant, une pierre précieuse magique, afin que Yara (Steven Mattila), le sorcier de Zuhl, l'aide à secourir Tamira...
Un épisode pilote qui pose bien les bases de la série, et annonce ce à quoi il faut s'attendre : une série cheap, à la direction artistique et à la photographie italiennes, à la réalisation très... européenne (un réalisateur français, qui a travaillé sur les séries Highlander, Tarzan, Robin des Bois, Largo Winch), à l'interprétation très inégale (Moeller s'en sort bien, Kemp cabotine au possible) à l'écriture bancale, aux décors en carton-pâte, à l'action très approximative, à la musique insipide et à l'adaptation assez libre du récit original (la nature de la créature de la tour n'est plus la même, et c'est bien dommage).
Sinon, on peut noter un Andrew Divoff en général très méchant, une romance impossible qui ne fonctionne jamais vraiment et une redite de la découverte, par Conan, de son épée dans une tombe, gardée par un squelette étrange et clairement monstrueux (qui malheureusement est rapidement ridicule dès qu'il s'anime).
1x03 - Lair of the Beastmen : Alors qu'ils approchent de la montagne d'Aesgaard, Conan et ses compères tombent dans le piège tendu par des Hommes-Bêtes sanguinaires, aidés par Arali (Jodi Russell). Capturé, Conan est réduit en esclavage par le cruel Gha-Kree (Michael Bailey Smith), mais il finit par monter une rébellion avec l'aide des autres esclaves, dont Kiord (Brad Greenquist)...
Une adaptation assez fidèle du Lair of the Beast-Men ! de Smith/Thomas, publié par Marvel en 1970 (par contre, je ne me souviens plus si c'était adapté d'une nouvelle de Howard ou non), avec un Conan qui, une fois de plus, est capturé et réduit en esclavage, avant de se battre contre un gros monstre à demi-numérique et à demi-caoutchouteux. Otli apporte un peu de comic relief, les maquillages des hommes-bêtes sont calamiteux, mais en tant que récit indépendant, ça fonctionne. À peu près.
1x04 - The Siege of Ahl Son Bar : Conan et ses amis arrivent à Ahl Sohn-Bar, où ils sont confrontés à deux menaces : un blob tentaculaire vivant dans les eaux bordant le village, et les troupes de Zuhl, qui assiègent ce dernier. Pour ne rien arranger, Conan s'éprend de Rah-Sheen (Dawn Radenbaugh), une jeune femme somptueuse et amnésique, sauvée des eaux...
Un épisode très statique (c'est presque un bottle épisode filmé en extérieur) et étrangement nonchalant, à la prise de son parfois catastrophique, et qui nous offre une belle kelleyrisation de Vulkar, évacué d'une phrase de dialogue (et remplacé par TJ Storm, dans le rôle cliché du black toujours en colère) au cours de ces monologues d'ouverture insipides que nous fait Danny Woodburn. Vraiment rien de mémorable, et certainement pas ces effets visuels calamiteux, ni la potiche de la semaine avec ses cheveux blonds platine et son lipstick doré.
1x05 - A Friend in Need : Conan et ses amis croisent le chemin de Savann (Matthias Hues), un barbare que Conan connaît bien et qui cherche à venger la mort de sa bien-aimée. Mais Savann travaille en réalité pour Zuhl, et a pour mission de gagner la confiance de Conan afin de le faire tomber dans un piège...
Un épisode qui n'est pas désagréable du tout, et qui bénéficie de la présence de Matthias Hues, le Dark Angel du film avec Dolph Lundgren, en vieux compagnon de guerre de Conan. J'ai eu un peu peur, au début, en voyant ce village au shaman à l'interprétation calamiteuse, et, ensuite, en découvrant ces méchants peints en bleu, mais en fait, la suite de l'épisode adopte un déroulement assez honorable, avec l'équipe de Conan qui se méfie du BFF du barbare, et ce dernier qui les manipule...
Rien d'exceptionnel, mais ça se regarde, si l'on fait exception de ce duel final très approximatif à l'épée (une constante de la série, jusqu'à présent).
1x06 - The Ruby Fruit Forest : Conan et ses amis arrivent dans une forêt étrange, où des mines de rubis alimentent les invocations de Zhul, et où une rivière emporte Otli. Lorsque ses amis le retrouvent, Otli est vénéré comme une déité par une tribu indigène vivant dans les bois, que Conan et compagnie décident de défendre contre les troupes du général Knorr (Sam Jones)...
Un épisode assez bancal, avec pas mal de remplissage, une réalisation tremblotante, et une tribu locale aux peintures de guerre enfantines sur le visage. Forcément, Conan défend la veuve, l'orphelin, et la jolie autochtone (Ali Landry), et forcément, le tout se finit de manière assez prévisible et déjà formulaïque.
Cela dit, je trouve que les interactions des personnages (Zhul et son crâne, Otli et Bayu) sont plutôt sympathiques, et Robert McCray est étonnamment bon dans un rôle ingrat qui aurait pu virer au Bernardo-bis (en plus musculeux).
1x07 - The Three Virgins : À la recherche de leurs chevaux volés par Karella, Conan et ses compères arrachent trois vierges (Brooke Burns, Christa Sauls, Yvonna Kopacz Wright), prêtresses de Xanata (Suzanne Hunt), aux griffes de Mog (Lou Ferrigno), un vendeur d'esclaves. Mais les trois vestales les convainquent de les aider à retrouver un talisman sacré dérobé par Badai (Jimmie Skaggs), un sorcier rival de Zhul...
Conan et Zzeban à la merci de trois bimbos capricieuses, manipulés par leur copine voleuse, et confrontés à un Lou Ferrigno au look improbablement kitschouille, ainsi qu'à un sorcier maquillé façon black-metal norvégien, pour récupérer une énième pierre précieuse magique : dans un premier temps, pas désagréable à suivre, malgré un serpent numérique très laid et un monstre boueux plutôt approximatif (le frère maudit de Zhul)... mais rapidement, ça finit par tourner en rond, avec des personnages secondaires inutiles, des sous-quêtes quelconques, des femmes tous éprises de Conan, et cinq bonnes minutes de remplissage à la fin.
Et puis quand on voit ainsi un épisode où deux membres principaux de la distribution sont absents du récit, on ne peut que se dire que le show commence déjà à faire des économies pour caser ses guest stars.
1x08 - Ransom : Malgré tous ses efforts, Conan et ses amis se retrouvent recrutés par Lord Ursath (John DeMita) pour qu'ils aillent secourir sa fiancée, la princesse Adraina (Jeanne Chinn), enlevée peu de temps avant son mariage par Garth (Eric Steinberg) et ses hommes...
Un épisode globalement très nonchalant, depuis l'enlèvement de la princesse, particulièrement risible tant personne n'y croit, jusqu'au sauvetage de celle-ci (avec ce duel miteux de Conan contre un vieil asiatique qui fait un quart de son poids), en passant par les cascades toujours ultra-amateures (on sent qu'ils ont rarement fait plus d'une prise, et qu'ils n'ont pas beaucoup répété), et par les pérégrinations des compères de Conan, qui vont, viennent, qui tournent clairement en rond à cheval entre deux mêmes bosquets et deux mêmes prairies, et qui se retrouvent avec une princesse réticente sur les bras.
Cela dit, j'ai apprécié le fait que Conan ait toujours deux longueurs d'avance sur tout le monde, et qu'il ne soit pas un barbare stupide et bas-de-plafond. Par contre, la sorcière caquetante, elle, était calamiteuse...
(la suite, dès demain...)
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Nouvelle série d'animation en 10 x 22 minutes, signée Genndy Tartakovsky, créateur à l'origine de Star Wars - Clone Wars (la mini-série d'origine) et de Samurai Jack, ce Primal est diffusé depuis le mois d'octobre 2019 sur Adult Swim, et a reçu de nombreuses éloges critiques qui, comme on va le voir, sont plus que méritées...
Primal, saison 1 - première partie (Genndy Tartakovsky's Primal, season 1 - 2019) :
Le quotidien préhistorique de Spear, un homme des cavernes ayant perdu sa compagne et ses enfants, et de Fang, une femelle tyrannosaure dont les petits ont été tués, et qui finit par accompagner Spear dans ses aventures...
On ne présente plus le style Genndy Tartakovsky, et son savoir-faire en matière tant d'animation que de caractérisation et d'action : ici, ce savoir-faire est d'autant plus mis en évidence que la série est dépourvue de dialogues (au mieux, il y a quelques grognements, çà et là), et que tout se doit de passer par l'animation et l'expressivité des personnages, par leurs interactions, et par leurs postures.
Et c'est un véritable succès, sur ce plan. Un succès brutal, sanglant, et sans concessions (dès l'épisode pilote, il y a des morts d'enfants, et le dernier épisode de la mi-saison, Rage of the Ape-Men, est un festival de gore et de tripes), mais dont il se dégage aussi une véritable mélancolie, une poésie brutale qui nous renvoie directement à un passé lointain, et à une étrange harmonie entre l'homme et la nature.
La relation entre Spear et Fang, qui se crée dans le pilote et se développe dès le second épisode, River of Snakes, est ainsi un mélange de respect, de peur et de coopération dans un monde où la survie est plus que difficile.
Rapidement, cependant, cette relation devient celle d'un homme et de son compagnon animal (et la caractérisation de Fang, peu ou prou celle d'un gros chat sauvage, rend la créature immédiatement attachante et compréhensible du public moderne), une relation interdépendante qui trouve son apogée dans l'épisode Terror Under the Blood Moon, un épisode qui aurait été tout à fait à sa place dans un Conan : la population d'hommes-singes émaciés terrorisés par les énormes chauves-souris qui sortent la nuit, et emmènent leurs victimes dans leur montagne, où vit une araignée géante ; Spear, capturé par les bêtes et sauvé par Fang, etc...
Primal flirte ainsi occasionnellement avec la fantasy barbare, comme dans ce dernier épisode de la demi-saison, lorsque les deux compères sont faits prisonniers par une tribu simiesque qui les offre en pâture à leur champion, un champion transformé en un monstre difforme et sanguinaire par une potion étrange : un épisode un peu trop gratuitement violent à mon goût (c'est bien le seul de la saison à voir autant de tripes, de crânes dépecés, et de massacres en gros plan et au ralenti), mais qui se finit sur un cliffhanger efficace.
Cela dit, l'épisode le plus marquant de cette saison reste néanmoins, pour moi, le troisième, A Cold Death, qui confronte Spear et Fang à l'hiver, à la neige, et à un troupeau de mammouths. Un épisode qui parvient à se montrer à la fois touchant et implacable (le pauvre mammouth vieillissant et malade, délaissé par les siens), limpide et poétique (les mammouths qui rendent hommage à leur disparu), le tout en étant superbe visuellement.
Bref, Primal est une véritable réussite, tant dans sa simplicité que dans sa maîtrise, et j'attends donc avec une véritable impatience la seconde moitié de la saison, prévue pour l'automne.
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Mr. Church (Bruce Willis) envoie les Expendables en ex-Union Soviétique, où le groupe de mercenaires tombe dans le piège d'un gang criminel, les Sangs, menés par le maléfique Vilain (Jean-Claude Van Damme). Son but : mettre la main sur un stock de plutonium dissimulé par les Russes et le revendre sur le marché noir. Pour cela, il est prêt à réduire en esclavage tous les hommes des villages alentour, et à risquer la colère de Barney Ross (Sylvester Stallone) en tuant l'un des Expendables...
Après un premier épisode très moyen, mais amusant à suivre, Stallone passe la caméra à Simon West, faiseur habitué des grosses productions d'action (Les Ailes de l'Enfer, Lara Croft : Tomb Raider) : le résultat se voit immédiatement à l'écran, soulageant le film d'un problème du premier opus, à savoir la lisibilité de l'action.
West n'a pas recours à la shaky-cam, il film tout de manière lisible et ample, et si ça manque parfois d'une nervosité ou d'une inventivité qui auraient été les bienvenues (Statham vs Scott Atkins est un beau gâchis), c'est déjà nettement moins agaçant que dans Expendables, premier du nom.
Mais qui dit Expendables dit aussi deux choses : une distribution pleine de gueules cassées du cinéma d'action (outre JCVD, qui compose un personnage excentrique intéressant, il y a Atkins, sous-exploité, mais aussi Chuck Norris, au caméo quasi-parodique, et tout ce petit monde qui rempile, parfois brièvement - Jet Li), et un scénario prétexte plein de trous, de grosses ficelles, et d'humour référentiel plus ou moins pertinent.
Et là, on est servi : le script est un joli gruyère débordant de moments improbables ou à la logique bancale, qui font du métrage une quasi-comédie d'action, aux effets numériques parfois approximatifs, et aux personnages passant leur temps à s'envoyer des répliques goguenardes pas forcément désagréables (sauf quand cela concerne les échanges Willis/Schwarzie, laborieux et forcés au possible).
Et pourtant... malgré tout cela, malgré un Liam Hemsworth qui a le mot "red shirt" tatoué sur le front dès sa première apparition, et malgré une Yu Nan efficace, mais pas indispensable (si ce n'est pour valider le quota d'un acteur asiatique par film de la franchise), cet Expendables 2 est un peu au dessus du premier volet. Plus décontracté, mais aussi plus efficace dans l'action, le tout s'avère agréable à suivre... même si, honnêtement, ça reste du film d'action bas de plafond et qualitativement très inégal.
3.25/6
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Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine, et des critiques d'une vingtaine de lignes, tout au plus.
Power of Grayskull - The Definitive History of He-Man and the Masters of the Universe (2017) :
Un documentaire vraiment complet sur la franchise Musclor/He-Man et les Maîtres de l'Univers, documentaire qui ressemble un peu à une version plus développée et conséquente de l'épisode du The Toys That Made Us de Netflix consacré à Musclor.
On y retrouve toute la genèse de cette gamme de jouets nés d'une ligne de figurines Conan avortée, rapidement devenue la franchise ludique la plus rentable de l'époque ; une gamme reposant intégralement sur le concept de kid empowerment : donner le pouvoir aux enfants, par la simple force d'une épée magique, d'où la phrase récurrente de Musclor "I HAVE THE POWER !".
Quasiment tous les cerveaux et artistes à l'œuvre à l'époque interviennent (J.M. Straczynski !), partageant leurs bons souvenirs des figurines, de leur création, des comic-books rapidement délégués à DC Comics, de la série d'animation, du studio Filmation, et de la création de la série dérivée She-Ra.
Et puis les choses commencent à se compliquer, lorsque la gamme commence à être surexploitée, avec des raccourcis qualitatifs toujours plus visibles (personnages repeints, etc), des stocks insuffisants, une perte de confiance en la marque Mattel... jusqu'à la mise en chantier du film.
Là aussi, le documentaire revient en long, en large et en travers sur le métrage de 1987, avec notamment des interviews de Dolph Lundgren et de Frank Langella, tous deux ravis d'avoir participé au film, mais conscients des limites de ce dernier, limites bien souvent imposées par le studio, par Mattel, et par la technologie de l'époque.
La franchise se délite ensuite, avec son reboot spatial avorté, jusqu'à être remise au goût du jour au début des années 2000, avec un sympathique nouveau relaunch combinant figurines plus modernes, comic-books et nouvelle série animée. À nouveau, un semi échec, qui a cependant débouché, de manière improbable, sur la gamme des Masters of the Univers Classics, à destination des collectionneurs et des fans nostalgiques.
Un très intéressant documentaire, dont on regrettera seulement qu'il n'ait pas eu l'occasion de revenir sur les différentes tentatives de portage cinéma plus récentes, ou sur la série She-Ra de 2018.
4.5/6
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La Famille Willoughby (The Willoughbys - 2020) :
Méprisés et délaissés par leurs parents (Jane Krakowski, Martin Short), les enfants Willoughby (Will Forte, Maya Rudolph, Sean Cullen) décident de s'improviser orphelins, en envoyant leurs parents à l'autre bout du monde. Mais les services sociaux s'emparent d'eux, et ils ne peuvent désormais compter que sur leur ingéniosité et leur lien indéfectible pour s'en sortir, avec l'aide de Linda (Maya Rudolph), leur nourrice excentrique...
Un long-métrage d'animation adapté de livres pour enfants, et produit pour Netflix par les studios Bron Animation (un nom qui n'évoque pas grand chose au cinéphile que je suis, si ce n'est le très médiocre Henchmen), pour une sortie en plein milieu du confinement : pas sûr qu'il y ait vraiment là de quoi justifier l'accueil critique enthousiaste que ce métrage a reçu, mais bon...
Rythme effréné, visuels saturés et acidulés, propos familial gentillet, casting vocal compétent (Ricky Gervais, Will Forte, Maya Rudolph, Terry Crews, Martin Short, Jane Krakowski), direction artistique prononcée, il y avait effectivement là de quoi distraire les enfants cloîtrés à domicile, et je suppose que, pour la plupart des parents, c'était amplement suffisant.
En ce qui me concerne, je n'ai pas franchement accroché à la proposition Willoughbys. En partie parce que le tout m'a paru inutilement hystérique et gentiment décousu, certes, mais aussi et surtout parce que ça m'a semblé étrangement dérivatif : la relation passionnée des parents est clairement modelée sur celle de Gomez et Morticia Addams, les malheurs d'enfants débrouillards évoquent immédiatement les Désastreuses aventures des Orphelins Baudelaire, tout comme la narration sarcastique et désabusée d'un personnage extérieur, la musique au clavecin primesautier rappelle tour à tour Burton et les Addams...
Alors certes, c'est assez réussi visuellement, et c'est suffisamment excentrique pour intriguer, mais dans l'ensemble, la mayonnaise n'a pas pris pour moi, et je suis resté globalement de marbre devant ces Willoughbys décalés.
3/6
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Expendables - Unité Spéciale (The Expendables - 2010) :
Engagés par un agent gouvernemental, Mr Church (Bruce Willis), pour se rendre sur l'île sud-américaine de Vilena et assassiner le Général Garza (David Zayas), un dictateur local, Barney Ross (Sylvester Stallone) et son équipe d'Expendables (Jason Statham, Jet Li, Randy Couture, Terry Crews) découvrent bien vite qu'ils doivent, en réalité, éliminer James Munroe (Eric Roberts), ex-agent gouvernemental ayant retourné sa veste et utilisant des mercenaires pour aider Garza à contrôler son pays d'une main de fer...
Un film d'action qui, il faut bien l'avouer, n'est qu'un gros DTV un peu friqué, où le principal intérêt est ce défilé de visages familiers, tant au rang des premiers rôles qu'au niveau des seconds couteaux (Steve Austin, Charisma Carpenter, Gary Daniels, Mickey Rourke, sans même mentionner Bruce Willis et Schwarzy).
À partir de là, difficile d'en attendre plus : l'écriture se plie en quatre pour caser tous ces personnages et ces acteurs emblématiques, c'est parfois forcé au possible, mais c'est un peu là tout l'intérêt du film ; les quelques scènes d'action sont filmées avec les pieds par Stallone, à la shaky-cam, et surdécoupées au point d'en être souvent illisibles, mais quand il ouvre les vannes et fait tout exploser lors de la dernière scène du film, c'est spectaculaire ; les à-côtés sont nombreux, et pas toujours passionnants, mais les acteurs semblent s'amuser, et leurs interactions rigolardes (notamment Statham/Stallone) sont agréables à suivre ; la bande-originale de Brian Tyler est aussi peu subtile que le film, mais elle est efficace...
Bref : en soi, ce n'est pas forcément très bon, Stallone fait un peu peur à voir, entre sa musculature stéroidée, son bouc, son botox, etc, et la réalisation n'est pas convaincante dans l'action... mais ce n'est pas non plus forcément très mauvais, et ça remplit relativement bien son office : montrer des action stars sur le retour, en pleine crise de la cinquantaine, remettre une nouvelle fois le couvert dans une ambiance décomplexée et semi-rigolarde.
3/6
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Pendant deux semaines, comme tous les ans à l'occasion de la Fête Nationale, retour sur un cinéma que je délaisse trop souvent : la comédie française...
Rendez-vous chez les Malawas (2019) :
Pour l'épisode de Noël de son émission vedette, le présentateur baroudeur Léo Poli (Pascal Elbé) emmène quatre stars de la télévision française au bout du monde, en Afrique, pour y rencontrer la tribu des Malawas. Mais sur place, Julien Gosset-Grainville (Christian Clavier), ex-présentateur vedette du journal télévisé, Kévin Queffelec (Michael Youn), footballeur pas très malin, Nathalie Dulac (Sylvie Testud), actrice télévisée populaire mais déglinguée, et Sam (Ramzy Bedia), comique ambitieux mais en perte de vitesse, perdent rapidement tout contact avec la réalité, et se révèlent des monstres d'égo et d'idiotie.
James Huth à la réalisation, Michael Youn à la co-écriture (inspirée par son expérience dans l'émission de Bear Grylls), et des acteurs plus que compétents à l'écran... pour un résultat assez tiède et convenu, à de nombreux niveaux (notamment celui du milieu des médias et de la satire de ce genre d'émissions).
Alors certes, c'est plutôt bien filmé, les images sont jolies, et la bande originale est assez appropriée, mais bizarrement, alors que j'ai une certaine sympathie pour Huth (et pour Ramzy et Youn), j'ai probablement préféré le Safari de Kad et Olivier.
Non pas que ce dernier soit particulièrement mémorable ou excellent, mais il avait pour lui une énergie et un rythme que ces Malawas ne parviennent jamais à trouver.
Mwébof.
2.25/6
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Pendant deux semaines, comme tous les ans à l'occasion de la Fête Nationale, retour sur un cinéma que je délaisse trop souvent : la comédie française...
#JeSuisLà (2019) :
Restaurateur divorcé en pleine crise de la cinquantaine/soixantaine, Stephane (Alain Chabat) s'éprend de Soo (Doona Bae), une artiste coréenne avec laquelle il échange sur Instagram. Sur un coup de tête, il décide alors de partir pour visiter la Corée et rencontrer son interlocutrice... mais sur place, il déchante bien vite.
Une comédie dramatique signée Éric Lartigau, et qui, sous des atours de comédie romantique feel-good, s'avère un constat doux-amer sur l'illusion des réseaux sociaux, et le piège qu'ils peuvent constituer pour les personnes un peu paumées.
Alors c'est sûr, le ton très contemplatif et mélancolique du film, à mi-chemin entre Lost In Translation et The Terminal, ne plaira pas à tout le monde, et le message sous-jacent sur les réseaux sociaux et le web ("carpe diem", tout ça) n'est pas forcément inédit ou exceptionnel.
Mais pour qui se laissera porter par la maladresse et la sincérité de Chabat (comme toujours excellent et naturel), #JeSuisLà est un métrage agréable et dépaysant, possédant cette décontraction "chabatienne" qui fait que le tout se suit sans aucun problème.
4/6
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Pendant deux semaines, comme tous les ans à l'occasion de la Fête Nationale, retour sur un cinéma que je délaisse trop souvent : la comédie française...
Le Prince Oublié (2020) :
Chaque soit, Djibi (Omar Sy) raconte une histoire féérique inventée de toutes pièces à Sofia, sa petite fille de huit ans. Mais plus les années passent, et plus Sofia se détourne de ces histoires, connaissant ses premiers émois de collégienne, et remplaçant, dans son imaginaire, le Prince incarné par son père par un nouveau Prince plus jeune et plus à son goût (Néotis Ronzon). Confronté à la crise d'adolescence de sa fille, Djibi, lui, ne sait que faire, et demande conseil à Clotilde (Bérénice Béjo), sa nouvelle voisine...
Je ne suis pas le premier à le remarquer ou à le souligner, mais en tant que cinéphile assidu, le cinéma de Michel Hazanavicius a toujours tendance à exister comme étant sous influence - que ce soit variation sur un thème imposé, parodie d'un genre, pastiche d'une époque, détournement d'un cinéma, etc, avec systématiquement, une distanciation gentiment ironique et un regard métadiscursif sur son sujet.
Ici, c'est à nouveau la même chose. Sur une trame à nouveau très familière (La crise de préadolescence d'une fillette, qui se répercute directement sur les personnages de son imaginaire, lesquels s'estompent progressivement... où ai-je bien pu déjà voir exactement la même chose ? L'enrobage compte de fées racontés à des enfants, dans lesquels le père de famille est représenté en héros triomphant, pourquoi est-ce aussi familier ?), Hazanavicius tente de construire quelque chose de touchant et de sincère sur une relation entre un père et sa fille, sur le temps qui passe, les changements que la vie amène avec elle, etc.
Le problème, c'est que ça ne fonctionne jamais vraiment. Non seulement le postulat de départ est assez dérivatif, mais le déroulement du tout est, quant à lui, très prévisible, avec des rebondissements et des arcs narratifs téléphonés (la toute fin, notamment, est particulièrement cousue de fil blanc).
Pire, visuellement, ce n'est pas exceptionnel : le monde de l'imaginaire, à mi-chemin entre un studio de cinéma Hollywoodien et les coulisses de Disneyland Paris, tout en carton-pâte et en couleurs saturées, n'est pas terrible, et la direction artistique des personnages qui peuplent le tout est peu inspirée.
Et puis il y a cette romance un peu forcée avec la voisine. Une romance pas particulièrement bien amenée, avec une Bérénice Béjo étrangement intrusive et agaçante, qui s'érige en donneuse de leçons, et n'a pas grande alchimie avec Omar Sy : bref, une relation pas très drôle, pas très attachante, pas très pétillante - pas très charmante.
Décevant (et la musique de Howard Shore ne marque pas particulièrement les esprits).
2.25/6
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Lego DC Shazam : Magie et monstres (Lego DC Shazam : Magic and Monsters - 2020) :
Il y a un nouveau héros en ville : Shazam (Sean Astin), alter-égo surpuissant de Billy Batson (Zach Callison), un jeune orphelin au grand cœur. La Justice League est ravie de faire sa connaissance, même si Batman (Troy Baker) se méfie toujours... mais dans l'ombre, Mr. Mind (Jonny Rees), un ver extraterrestre, contrôle la Monster Society of Evil, composée de divers méchants, qui tous servent un mystérieux maître désincarné (Imari Williams)...
Suite logique du précédent Logo DC (Batman - Family Matters, dont on continue ici la thématique de la famille), Shazam débarque donc dans le Legoverse de DC... et si le résultat n'est pas désagréable, il est un peu mitigé pour moi.
Le souci, en fait, c'est qu'il tente de multiples choses, comme autant d'embryons d'idées de métrage plus long et plus homogène, ce qui donne un côté un peu patchwork au tout : d'un côté, on a l'origin story de Shazam, en flashbacks ; de l'autre, ses premiers exploits et sa rencontre avec la Justice League ; à côté, on a les manigances de Mr. Mind et de la Monster Society ; puis on a la Justice League transformée en pré-adolescents, dans des mini-véhicules ; puis on a le retour de Black Adam (uniquement dans les dix dernières minutes) qui oblige Shazam à partager ses pouvoirs... avec la League ; puis Billy qui retrouve sa sœur Mary... et on a même Lobo en post-crédits.
Ça part un peu dans tous les sens, et c'est un peu brinquebalant (comme Family Matters, qui avait le même scénariste), avec un ton fluctuant entre sérieux et one-liners ridicules, une écriture de Superman/Lois/Clark/Perry White tout droit sortie des Superman de Donner (avec en prime un Superman débitant constamment des proverbes de paysan), un Batman enfant qui est, tout simplement, une version miniature du Batman de Will Arnett, et des héros et des méchants qui échafaudent des plans peu convaincants pour parvenir à leurs fins.
Alors encore une fois, c'est loin d'être désastreux, et ça plaira aux plus jeunes, mais entre son origin story redondante, et cette écriture laborieuse, je n'ai pas trouvé ça excessivement convaincant.
3/6
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Deux ans et demi après ses bilans de la saison 1 et de la préquelle, Sygbab repart pour l'Antiquité de Spartacus, afin de conclure son intégrale de la série...
Spartacus, saison 3 - La Guerre des Damnés (Spartacus : War of the Damned - 2013) :
Après avoir triomphé (non sans pertes humaines) de Glaber, la rébellion de Spartacus gagne en force et en ampleur... mais face à Spartacus et à ses amis se dressent le fortuné Marcus Crassus (Simon Merrells) et un jeune Jules César (Todd Lasance).
Exit les machinations politiques, place aux choses sérieuses : ce qui était auparavant, en saison 2, une simple rébellion un peu gênante est devenu un sacré casse-tête pour les personnes évoluant dans les hautes sphères de la République. Pour mettre un terme à cela, un nouveau personnage rentre dans le jeu pour s'opposer à Spartacus, et pas n'importe lequel.
En effet, Crassus diffère de Glaber non seulement par un charisme bien plus évident, mais aussi par une intelligence plus accrue (notamment au niveau stratégie militaire) et une conviction inébranlable, sans pour autant manquer de subtilité quant aux intrigues politiques. Il est donc aussitôt présenté comme un adversaire de valeur, et l'affrontement à distance des deux hommes - avant un dernier combat au corps à corps qui était un passage obligé - est finalement le fil rouge de cette dernière saison.
L'aspect sur lequel se penchent les scénaristes concerne la gestion des hommes de chacun, et Crassus se distingue sur ce point. Contrairement à un Spartacus qui doit peu ou prou aviser au jour le jour en essayant de conserver le moral de troupes dont les rangs ne cessent de grossir avec tout ce que cette surpopulation implique (faim, promiscuité, mœurs pour le moins douteuses), Crassus a le luxe du nombre et n'hésite pas à tenir ses soldats par la peur.
À ce titre, la décimation - acte ignoble, cruel, monstrueux, barbare, et dont toute la violence et l'horreur sont retranscrites dans une scène dégueulasse - est très efficace pour envoyer un message très clair quant au sort qui attend ceux qui subissent une cuisante défaite. Pourtant, il semble qu'il ne le fait pas par pur sadisme, mais simplement parce qu'il pense que c'est le seul moyen d'inculquer une leçon aux garnisons qu'il commande et de les rendre plus fortes pour leurs futures batailles. Mais c'est là tout le paradoxe : s'il est capable d'inspirer peur et respect à tant d'hommes, il est en revanche incapable de contrôler son propre fils. Ce qui était une décision prise en tant que chef de guerre s'est révélé fatal pour son rôle de père.
Il y a comme un parallèle entre les deux hommes. L'élément incontrôlable que devient Tiberius, toujours plus détestable à mesure que la saison avance - et surtout lorsqu'il met Agron à terre et embroche Crixus (dans le dos, dans les deux cas), se retrouve en Crixus. Alors que son statut de champion de l'arène l'avait rendu dur sans pour autant être dénué de subtilité dans sa relation avec Naevia, le personnage est ensuite devenu plus erratique.
Il ne cesse d'aboyer comme un chien fou mais se fait constamment mater par Gannicus ou encore Spartacus. À boire les paroles de son amante, il s'est ramolli, et ne mérite plus vraiment son surnom, The Undefeated Gaul. Il est effacé et ne retrouve ses esprits que dans le dernier épisode où il apparaît, avec un discours qui tient enfin la route en rappelant que cette rébellion a fait vaciller les fondations même de la République romaine, et que rien ne pourra leur enlever. Mais son parcours se termine de manière peu honorable : en exceptant l'incroyable scène où sa tête volant dans les airs se reflète dans l’œil de Naevia, il n'y rien de très héroïque à se faire tuer de cette manière par un jeune con.
La comparaison ne s'arrête pas là pour les deux leaders : chacun possède dans son camp un électron libre car César est le pendant de Gannicus. Il n'hésite pas à dire ce qu'il pense de façon très directe et se consume de passion pour le sexe, l'alcool et autres joyeusetés proposées par la vie. Il possède également une classe folle, et s'impose rapidement comme un personnage indispensable, au au point de passer parfois pour le héros de la série. D'ailleurs, le 3.06 Spoils of War est un hommage aux deux personnages, qui sont largement mis en avant.
Malgré ces similitudes, Spartacus tente par tous les moyens de ne pas ressembler aux Romains en s’astreignant à ne pas se comporter comme eux. Mais il a bien du mal dans cette tentative car la frontière entre les anciens maîtres et les anciens esclaves devient de plus en plus floue. Les actes de vengeance, les viols en tournante, les massacres : voilà autant de méfaits qui deviennent de plus en plus récurrents dans ses rangs. Il finira d'ailleurs par céder à ce principe en créant des jeux funèbres où leurs prisonniers doivent combattre de la même manière qu'on les a forcés à le faire. Cela permet de remettre en avant ses capacités extraordinaires en tant que combattant et de rappeler pourquoi il est à la tête de ce mouvement, tout en soulignant que la liberté qu'ils revendiquent ne les rendra pas forcément meilleurs que ceux dont ils combattent le joug.
L'affrontement entre les deux hommes trouve son point d'orgue dans le dernier épisode, en commençant par une joute verbale. La volonté de Crassus de parler face à face avec son adversaire démontre tout le respect que ce dernier lui inspire, même si le sentiment n'est pas partagé. C'est aussi une façon de faire monter la tension et de corriger une situation incongrue, comme le fait si bien remarquer le romain : après avoir été confrontés l'un à l'autre pendant des mois, il paraissait anormal qu'ils ne se soient jamais rencontrés.
Par la suite, en plein cœur de la bataille finale, l'ancien esclave blesse le Romain lors d'une première escarmouche, mais ce dernier est vite protégé par une poignée de ses soldats, avant un duel qui tourne à l'avantage de Crassus dans des conditions peu glorieuses, car il profite de la fatigue de son adversaire.
Le combat est très bien chorégraphié, et laisse croire à la victoire de Crassus quand il s'empare de l'épée de Spartacus à pleines mains, mais il ne réussit pas à conclure. C'est lorsque ce dernier met un genou à terre qu'il est transpercé par derrière, reproduisant le même schéma que pour d'autres personnages.
Les scénaristes les ont tellement présentés comme étant invincibles qu'on les sent incapables d'être inventifs à ce niveau, en osant par exemple les tuer en combat singulier. Peut-être parce qu'ils avaient tenté cela avec Oenomaus et qu'ils s'étaient plantés...
Ceci étant, la mort du Thrace un peu plus tard est bien écrite, et revient sur les débuts de la série avec un clin d’œil au serpent rouge qui lui a amené tant de malheurs. Mais toutes ces morts, ainsi que celles de Gannicus qui subit le sort de la crucifixion et rejoint en songe la gloire de l'arène et les clameurs de la foule, l'auront été en hommes libres, et c'est leur plus grande victoire.
L'un des seuls rescapés est Agron, qui aura fait preuve d'un sacré courage en allant au combat avec des mains meurtries, et qui se sera révélé un bras droit précieux.Il était difficile d'imaginer un tel dénouement pour ce personnage, après des débuts compliqués.
Si des défauts subsistent encore ici et là et malgré un aspect outrancier qui dérange toujours autant si on n'y a jamais adhéré totalement, il est assez fascinant de voir à quel point la série a su évoluer depuis le catastrophique pilote, en ne cessant de s'améliorer.
Il faut pour cela tirer un coup de chapeau aux scénaristes, qui ont fait preuve de rigueur dans l'écriture pour en arriver là. Ce n'est sans doute pas la série du siècle, mais c'est suffisamment solide pour être apprécié à sa juste valeur. Et en se laissant aller par un enthousiasme somme toute justifié par cette fin de série, on pourrait presque pousser un petit "I am Spartacus !".
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DC Showcase 2020 (2020) :
Retour de l'anthologie made in DC Animation, qui avait déjà donné lieu à Superman/Shazam, et qui se consacre, sous la forme de courts-métrages de 15 minutes environ, aux personnages plus obscurs de l'univers DC Comics. À commencer par...
- DC Showcase - Adam Strange : Sur une colonie minière lointaine, les habitants sont attaqués par une race insectoïde sortie de terre. Seul Adam Strange (Charlie Weber) peut les en empêcher, malgré le drame qui l'a plongé dans l'alcoolisme et le désespoir...
Ambiance pure SF pour un récit en flashbacks assez convenu, qui a le problème de ne pas en expliquer assez sur Adam Strange (Qu'est-ce que les rayons zéta ? Pourquoi est-ce que Strange leur est assujetti comme Sam Beckett aux sauts quantiques, ou les Sliders à leur minuteur ? Et pourquoi les Thanagariens sont-ils responsables de la tragédie ayant touché sa famille ?), et de miser principalement sur un protagoniste réticent et noyant ses problèmes dans l'alcool.
Pas forcément rédhibitoire, mais pas non plus totalement probant : ça parlera clairement plus aux fans du personnage, déjà familiers avec son coin de l'univers DC.
- DC Showcase - The Phantom Stranger : Le Phantom Stranger (Peter Serafinovicz) suit le destin d'une jeune femme qui, dans les années 60, rejoint un groupe de hippies pour une fête avec Seth (Michael Rosenbaum), un homme aux pouvoirs étranges vivant dans une demeure en ruines...
Bruce Timm aux commandes de ce court-métrage à l'esthétique Batman : TAS/Superman : TAS, ce qui fait vraiment plaisir : les traits sont épurés, c'est coloré, c'est mémorable, et le tout se marie justement très bien à cette période 60s, frôlant parfois une esthétique Scooby-Doo de l'époque (le montage psychédélique ^^)... en beaucoup plus sombre.
Vraiment beaucoup aimé ce segment avec son introduction façon Rod Serling, et son style très prononcé.
- DC Showcase - Sgt. Rock : Le Sgt. Rock (Karl Urban) est placé à la tête d'un commando de créatures surnaturelles pour une mission au fin fond de l'Allemagne, dans un vieux château où les Nazis tentent de lever une armée de cadavres...
Alors là, malgré Bruce Timm à la réalisation, j'ai trouvé ça vraiment plat et générique. Visuellement, ça aurait mérité d'être plus nerveux et dynamique, notamment lors des scènes de guerre, et d'avoir un style, tout simplement : là, on a l'impression que ce Sgt. Rock a été fait avec des bouts de ficelle, avec les restes du budget des trois autres courts, ce qui se traduit par une animation assez médiocre, un Sgt. Rock ultra-générique, et des monstres à la direction artistique assez quelconque.
Pas très convaincant, donc.
- DC Showcase - Death : Vincent (Leonardo Nam), un artiste tourmenté, croise le chemin d'une jeune femme mystérieuse (Jamie Chung), qui l'aide à faire la paix avec ses démons intérieurs...
Court-métrage chapeauté par Sam Liu, et qui adopte donc le style anime/New 52 des longs-métrages du DCAMU, ce qui, je l'avoue, m'a un peu rebuté. C'est dommage, parce que ce récit à l'ambiance très mélancolique et pluvieuse est plutôt réussi, avec une illustration musicale qui joue pour beaucoup dans l'atmosphère générale.
Après, ça reste très prévisible, et le tableau final aurait mieux fait de rester invisible à l'écran, car pour le coup, ce portrait de la Mort signé Jae Lee est assez quelconque, voire moche.
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Deux ans et demi après ses bilans de la saison 1 et de la préquelle, Sygbab repart pour l'Antiquité de Spartacus, afin de conclure son intégrale de la série...
Spartacus, saison 2 - Vengeance (2012) :
Menée par Spartacus (Liam McIntyre), la rébellion des esclaves continue, et commence à faire trembler la République de Rome. Face à lui, Glaber (Craig Parker) et ses troupes, pour un affrontement sans pitié ni diplomatie...
Le changement d'interprète n'est pas une nouveauté dans les productions estampillées Raimi et consorts : il n'était pas rare, notamment dans Hercules ou Xena, de voir des personnages secondaires changer de tête au fur et à mesure que les saisons passaient.
Mais cela est déjà plus problématique quand il s'agit de personnages principaux comme Naevia, et plus encore du lead du programme. Andy Whitfield était monumental, totalement habité par son rôle, et il a été compliqué de trouver aussi charismatique suite à sa maladie. Et c'est là la première satisfaction : Liam McIntyre s'en tire avec les honneurs, en convainquant dès le début (bien aidé par une scène d'ouverture, dè le season premiere, qui le met tout de suite dans le bain).
C'était recommandé - voire nécessaire - puisque le statut de Spartacus évolue, apprenant à devenir chef de guerre dans des conditions pas toujours évidentes (car il est loin de faire l'unanimité). Son commandement et ses choix sont souvent remis en question, ce qui permet aussi de faire passer la pilule à propos d'une rébellion qui paraissait être née inopinément.
Les raisons de douter sont d'ailleurs tout à fait compréhensibles pour ceux qui le suivent : entre le fait de vouloir faire trembler les fondations de Rome pour venger sa femme, puis ensuite de risquer la vie de tous pour retrouver Naevia, il est compliqué de croire que la cause qu'il défend est noble et justifiée. Heureusement, dans un rôle d'électron libre qui lui sied, Gannicus intervient pour dire ses quatre vérités et secouer un peu tout le monde.
Voilà l'autre bonne idée : se servir de Gods of the Arena pour faire revenir un personnage charismatique, tout en conservant ce qui avait été mis en place auparavant. C'est notamment le cas par rapport au passif qui existe entre lui et Œnomaus - ce dernier ayant perdu de sa prestance depuis qu'il n'est plus doctore.
Les scénaristes ont tellement conscience de la prestance de Gannicus qu'ils vont même jusqu'à l'opposer à Spartacus sans déclarer de vainqueur entre les deux, pour éviter de ternir leur réputation. C'est un atout majeur, qui vient s'ajouter aux "figures" de cette révolte sanglante parmi lesquelles Agron prend du galon.
Dans la lignée de la fin de la première saison, il y a une maîtrise un peu plus évidente des interactions entre les personnages. Cela concerne aussi Ashur, reconverti en bad guy pour l'occasion, qui se retrouve à la tête d'une milice anti-gladiateurs - idée excellente, il faut le reconnaître - composée de mercenaires brutaux, à l'image du monstre égyptien qui ne fera pourtant pas long feu contre Gannicus, dans le final.
Glaber s'impose aussi, dans un style légèrement différent de celui de Batiatus - et fort heureusement d'ailleurs, car le profil du Romain dévoré par son ambition personnelle et prêt à tout pour gravir les échelons aurait pu être redondant. En revanche, Lucrecia n'est pas à la fête : il n'était pas forcément nécessaire de la transformer en faire-valoir d'Ashur ou d'Illythia pour souligner encore plus la déchéance totale de la maison de Batiatus. Certes, le contraste est marqué avec Gods of the Arena et elle n'a finalement que ce qu'elle mérite, mais elle n'existe pas vraiment dans cette saison.
Cependant, tout n'est pas parfait. L'intrigue peine à représenter la menace grandissante de Spartacus et ses hommes : quelques palabres à Rome pour envoyer Glaber s'occuper de leur cas n'y suffisent pas, tout comme évoquer au détour d'un dialogue le fait que des raids ont lieu dans plusieurs villes dans un rayon proche du Vésuve, avec pour objectif de terroriser la populace.
Quelques uns sont tout de même montrés à l'écran, l'un d'entre eux se produisant dans un bordel où la plupart des individus présents se se font envoyer ad patres les couilles à l'air. Il n'y a là rien de glorieux, et ce n'est pas à l'honneur des rebelles, alors même qu'on essaie ensuite de nous faire croire qu'ils sont meilleurs que les Romains car ils épargnent quelques personnes éparses, dont Illythia. Mais dans ce dernier cas, cela n'a rien à voir avec la grandeur d'âme dont Spartacus essaie de faire preuve...
Un évènement marquant vient pourtant remettre les choses en perspective et marque un véritable tournant : la destruction de l'arène de Capula tourne définitivement la page de ce qu'était la série, pour se tourner vers ce qu'elle est devenue. Le final enfonce le clou avec une cinglante victoire contre les hommes de Glaber.
Maintenant que les motivations des uns et des autres sont plus claires, que le ralliement derrière Spartacus est plus crédible, et que les relations entre les anciens esclaves ont pris de l'épaisseur, il semble que la série semble sur les bons rails pour que la suite soit explosive. Mais il y aura certainement en face un nouveau Romain assoiffé de pouvoir et prêt à tout pour l'obtenir...
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Dragons 3 - Le Monde Caché (How To Train Your Dragon 3 : The Hidden World - 2019) :
Un an après que Hiccup (Jay Baruchel) ait retrouvé sa mère, l'harmonie règne à Berk... mais dans son rôle de chef, le jeune homme réalise finalement que la présence des dragons dans la communauté met à la fois en danger les habitants de celle-ci et la sécurité des dragons. D'autant que Grimmel (F. Murray Abraham), un chasseur de dragons sanguinaire, est bien décidé à exterminer Toothless, le dernier Night Fury, et à capturer toute la faune de Berk...
Retour de la franchise Dragons après un deuxième volet qui, pour être franc, ne m'a pas laissé un souvenir impérissable (non pas qu'il soit mauvais - au contraire, je l'avais visiblement apprécié à sa sortie - mais je m'aperçois aujourd'hui qu'il ne m'a pas du tout marqué, au point de probablement revoir sa note sérieusement à la baisse le jour où je le reverrai) ; un retour qui a pour objectif de boucler une boucle, de terminer un cycle, et de fermer, pour de bon, le livre de l'histoire de Toothless et de Hiccup.
Ce troisième film beigne ainsi dans une atmosphère douce-amère, celle d'un passage à l'âge adulte, une coming-of-age story qui voit Toothless se trouver une compagne, les dragons quitter Berk, et Hiccup épouser Astrid : la fin d'une époque, qui se fait au travers d'un métrage dynamique, amusant, et même touchant vers la fin... mais dont on ne peut s'empêcher de penser qu'il peine à nouveau à retrouver la magie et l'alchimie du premier film.
D'ailleurs, c'est probablement là le problème de toute cette trilogie : le premier film se suffisait à lui-même, et ses suites ne sont, finalement, qu'anecdotiques et superflues. Il suffit de voir comment ce troisième volet gère les quelques personnages du second opus (ils sont globalement inutiles) pour se dire que finalement, les scénaristes de la saga Dragons n'avaient, eux non plus, pas grand chose de plus à raconter en dehors de la relation Hiccup/Toothless.
Une relation émouvante et sincère, certes, qui donne encore lieu ici à quelques beaux moments, mais qui finalement, n'était pas forcément suffisante pour être le squelette sur lequel bâtir toute une franchise et un univers.
Après, ça reste techniquement impeccable et visuellement bluffant, mais bon...
3.75/6
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The Knight of Shadows - Between Yin and Yang (Shéntàn Pú Sōnglíng Zhī Lánruò Xiānzōng - 2019) :
Chasseur de démons excentrique, Pu Songling (Jackie Chan) traque les monstres à l'aide d'une équipe de démons étranges et repentis, et de son pinceau magique, lui permettant d'emprisonner et de plier à sa volonté les forces du mal. Lorsque plusieurs jeunes femmes d'un village sont enlevées par la démone Nie Xiaogian (Zhong Chuxi), Songling fait alors équipe, un peu malgré lui, avec Fei (Austin Lin), un officier de police pas très doué : le duo rencontre ainsi Chixia (Ethan Juan), un autre chasseur de démons... épris de Xiaoqian, et bien décidé à sauver son âme.
Film en costumes de fantasy chinoise adapté des Contes étranges du studio du bavard de Pu Songling, débordant de visuels improbables, de monstres grotesques et de personnages excentriques, ce Knight of Shadows s'est avéré une assez bonne surprise, tout compte fait. Il faut dire que je n'en attendais absolument rien, et que j'ai abordé le tout en espérant quelque chose de vaguement regardable (et de suffisamment éloigné des Monster Hunt pour ne pas ressembler à une vulgaire copie).
Et effectivement, c'est regardable. Voire même, c'est assez divertissant.
Knight of Shadows n'est toutefois pas dénué de problèmes : découpé en deux parties distinctes, il peine un peu à maintenir son rythme et son intérêt de manière homogène.
La première partie, centrée sur Jackie Chan et sur l'enquête de ce dernier, est plutôt amusante et décomplexée, portée par un Chan et un Austin Lin qui semblent prendre un certain plaisir à jouer le tout de manière caricaturale et malicieuse. Oui, les gentils démons sont clairement à destination des enfants (le démon qui pète, notamment), et oui, les câblages sont parfois voyants, mais le monde dans lequel ces personnages évoluent est immense, visuellement convaincant (les effets numériques sont plutôt bons, dans l'ensemble), et la comédie est à peu près ce à quoi l'on pouvait s'attendre de la part du cinéma asiatique.
On a même droit à une scène d'arts martiaux made in Jackie Chan, à l'ancienne, avec une chaise : c'est bref, mais ça fait plaisir.
Le dernier tiers du film, cependant, bascule dans une toute autre direction, lorsque tous les personnages passent dans la dimension où les démons sont emprisonnés : là, la comédie et l'excentricité du début du film font place à un déluge d'effets spéciaux, dans un monde tout-numérique, avec des affrontements de super-pouvoirs dignes d'un anime (voire de DBZ).
On y perd grandement en capital-sympathie, les personnages passent un peu à la trappe, mais cela dit, le tout donne alors lieu à des images spectaculaires et vraiment travaillées, qui font que l'on ne s'ennuie pas jusqu'à la fin de ces 1h49 (en réalité, le film est plus près des 90 minutes que des deux heures).
En somme, comme je le disais plus haut, une relative bonne surprise. Je ne classerai pas ce film dans mon top 10 de l'année, mais la bonne humeur générale, l'imagination et l'inventivité de la direction artistique, les effets spéciaux, la bande originale et l'enthousiasme de Jackie Chan permettent au tout de rester agréable à suivre, du début à la fin.
3.75/6
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Après près de deux ans et demi d'absence sur ce blog, Sygbab revient en force à l'occasion de la conclusion de la série Supernatural : une épopée de 15 saisons qu'il va passer en revue à raison d'un bilan par semaine...
Supernatural, saison 14 (2018) :
Maintenant que Lucifer n'est plus, les Winchester ont fort à faire : Dean est possédé par l'archange Michael, Nick bascule du côté obscur, le Paradis menace de s'effondrer, et l'Ombre rôde dans le Néant, menaçante...
Ou de l'art de ruiner le travail effectué précédemment. Il semblerait en effet que les scénaristes aient perdu le guide du voyageur interdimensionnel, et qu'ils l'aient troqué contre le suivant : L'écriture par des nuls.
Cela peut paraître dur, mais il suffirait de lister toutes les mauvaises idées qui émaillent ces 20 épisodes pour se rendre compte que c'est un festival d'erreurs de débutants. Parmi elles, commençons par la fin : toutes les dimensions parallèles existantes ne sont que des versions de l'histoire qu'écrit Dieu, avant de passer à autre chose lorsqu'il s'en désintéresse. La question de leur existence pouvait effectivement se poser, mais il y a parfois des éléments qu'il est bon de ne pas vouloir expliquer du moment que le principe est divertissant, sous peine de se prendre les pieds dans le tapis.
Cela remet donc Chuck sur le devant de la scène, mais entre le personnage décontracté et légèrement égocentrique présenté auparavant et le nombriliste forcené qui veut absolument que son œuvre se termine comme il l'a prévu, il y a un pas qui n'aurait pas dû être franchi. Pire : les scénaristes revisitent une fois de plus l'histoire des Winchester en en faisant des pantins manipulés depuis le début. La rétro-continuité est un procédé envisageable quand il est utilisé avec parcimonie mais Supernatural a déjà épuisé tous ses jokers en la matière...
Ce nouveau Deus Ex Machina tombe à pic pour tenter de masquer les insuffisances chroniques d'une intrigue bien laborieuse. Le fil rouge reste avant tout l'évolution de Jack, qui est malheureusement assez catastrophique. Le principe d'absorber la grâce de Michael pour compenser la parte de la sienne - volée par son père - et de perdre une partie de son âme n'est pas mauvais en soi, mais le personnage méritait mieux. Alors qu'il aurait été beaucoup plus intéressant de suivre son apprentissage de la vie sans aucun pouvoir, avec une naïveté qui donne du sang frais en début de saison quand il participe aux enquêtes, sa lente progression vers l'absence de Bien (selon l'expression de Castiel) est un cliché qui aurait pu être évité. Gardons le côté positif : il est bien loti par rapport à Mary.
En effet, à quelques exceptions près, le traitement des personnages féminins a souvent été assez désespérant dans la série et on atteint là le summum. Elle n'aura quasiment pas existé dans cette saison puisqu'elle est rapidement évacuée, avant de réapparaître pour se faire tuer de manière honteuse, hors champ.
Alors qu'elle avait un statut de femme forte bien établi, elle devient juste une compagne pour le "Bobbycalypse" qui prend de la distance pour pleurer la mort de son fils (en matière de ficelle scénaristique pour se débarrasser d'un personnage, ça se pose là), une mère de famille dans le 300ème épisode - au demeurant réussi car la famille Winchester y est touchante - qui voit le retour de Jeffrey Dean Morgan avec en prime un énième paradoxe temporel, et une victime facile pour ajouter au lourd fardeau que Sam et Dean portent déjà. Quelle déchéance...
Le cas de Nick est également problématique. Accepter qu'il ait survécu à la mort de Lucifer est déjà une épreuve difficile, être en accord avec son développement se révèle en revanche presque insurmontable. Illustrer la difficulté de sa réinsertion en le représentant comme un psychopathe en situation de manque - qui se sert de l'excuse de la vengeance de sa famille pour tuer à tort et à travers et qui cherche à tout prix à retrouver la puissance de Satan - est sans nuance, et amène à penser qu'il n'y a pas eu beaucoup de réflexion autour de cette intrigue du moment qu'elle justifie la présence de Mark Pellegrino à l'écran et qu'elle soit une caution morale lorsque Jack le tue sans hésiter.
Quitte à passer en revue la gestion des différents protagonistes, il faut également évoquer Michael. Le plan de l'Archange, qui possède Dean le temps de quelques épisodes (Jensen Ackles s'en donne d'ailleurs à cœur joie dans un style complètement différent, c'est toujours ça de pris) est plutôt alléchant sur le papier : constituer une armée de monstres pour éliminer toute opposition. Dans les faits, c'est complètement raté.
Michael n'est qu'un poltron qui se cache pour éviter la Kaia de The Bad Place dont la lance peut, comme par enchantement, le blesser (encore un tour de passe-passe bien commode), un faible qui se retrouve confiné dans l'esprit de Dean sans que cela soit très crédible, et un adversaire indigne qui se fait tuer par Jack sans difficulté. Il aura au moins été d'utilité publique en tuant tous les chasseurs du monde de l'Apocalypse : ces derniers ne servent à rien, et n'apparaissent que sporadiquement alors qu'ils sont censés occuper le bunker à longueur de temps.
Quant au final, il ressemble à s'y méprendre à celui de la saison 2, à ceci près que ce sont des âmes plutôt que des démons qui s'échappent de l'Enfer. Un nouveau reboot, en quelque sorte, puisque nos héros devront probablement faire face à divers fantômes et autres manifestations spirituelles qu'ils ont déjà rencontrés. Si la gestion est la même que pour cette horrible saison à oublier, cela n'augure rien de bon.
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Avec ce quatorzième bilan, l'intégrale Supernatural prend des vacances, le temps que la diffusion de la saison 15 reprenne outre-atlantique, et dans l'intervalle, Sygbab va repartir dans l'Antiquité, pour achever, dès le week-end prochain, ses bilans Spartacus...
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Série en 8 épisodes d'une vingtaine de minutes, diffusés sur Hulu, Solar Opposites est un side-project de Justin Roiland et Mike McMahan, deux des créatifs derrière Rick et Morty ; initialement vendu à la Fox, le tout a fini sur Hulu, où deux saisons ont directement été commandées, histoire de surfer sur la popularité de R&M... car, on va le voir, Solar Opposites ressemble bien souvent à un spin-off de Rick et Morty, voire à une version plus facile d'accès du programme de Cartoon Network...
Solar Opposites, saison 1 (2020) :
Peu de temps avant la destruction de leur planète, Korvo (Justin Roiland), un scientifique, Terry (Thomas Middleditch), et les deux jeunes Jesse (Mary Mack) et Yumyulack (Sean Giambrone), ont été envoyé sur Terre pour la coloniser avec l'aide de Pupa, un blob jaunâtre destiné à se transformer un jour en créature destructrice. Mais la Terre est habitée par les humains, et en attendant que Pupa adopte sa forme finale, les Shlorpiens doivent s'habituer à la vie au sein de l'humanité...
C'est en effet un ressenti bizarre que l'on éprouve dès les premiers instants de la série, lorsque l'on entend le personnage de Korvo (par ailleurs narrateur du générique) s'exprimer avec la voix si reconnaissable de Roiland. D'autant que, à quelques éructations et tendances alcooliques près, Korvo, le scientifique génial, n'est pas si éloigné que ça de Rick, que ce soit dans sa vision cynique de l'humanité, que dans ses rapports avec Terry, son compère immature et un peu lent.
Il en va de même pour le style graphique, pour la musique, pour le rythme, l'énergie, la violence et pour l'écriture - à un détail près, cependant : il n'y a pas vraiment le côté méta-discursif et le second degré de lecture de Rick et Morty, qui semblent clairement apportés par Dan Harmon.
Ce n'est pas pour autant que Solar Opposites est vide de sens ou creux, attention. C'est simplement que la série, dans l'ensemble, ressemble fréquemment à une version "light" de R&M, une sorte de spin-off officieux dans la forme et dans le style, qui vient se greffer sur un postulat de départ très Troisième Planète après le Soleil.
Idem pour les sujets abordés par Solar Opposites, des sujets qui rappellent, dans leur traitement, bien des équivalents dans la série-mère.
Par exemple, on a Korvo et Terry qui donnent vie à leur personnage de télévision préféré pour qu'ils deviennent leur meilleur ami, une situation qui finit par dégénérer et se transformer en mélange de kaiju movie et de The Thing ; ailleurs, toujours dans un désir d'être acceptés par les humains, ils injectent des nanites espions dans l'eau potable de la ville, pour découvrir les secrets de tous leurs voisins et se faire élire au conseil de quartier... mais les nanites acquièrent l'indépendance et, sous forme humanoïde (et avec la voix d'Alan Tudyk), se présentent eux-aussi aux élections ; on a aussi Korvo qui devient magicien ultra-populaire à l'aide de sa technologie, ou qui crée une femme robot, pour tenter de comprendre la guerre des sexes terriens (un robot qui finit par devenir incontrôlable et par massacrer le patriarcat sur du Katy Perry) ; les deux jeunes, eux, tentent de se faire aimer des autres élèves, et utilisent des spores pour hypnotiser leurs camarades... mais ça dégénère tout autant ; et puis il y a cette fin de saison façon Retour vers le Futur, avec un voyage temporel qui part en vrille...
C'est bien simple, la plupart des épisodes fonctionnent sur le même schéma éprouvé de spirale infernale, où un postulat de départ excentrique dégénère jusqu'à entraîner de la destruction frénétique à grande échelle. Soit peu ou prou une formule qui a fait ses preuves dans Rick et Morty.
C'est probablement là le souci de Solar Opposites : c'est sympathique, c'est compétent, on n'a pas le temps de s'ennuyer, mais ça reste un peu en surface de ce que cela propose, là où R&M a un degré de lecture supplémentaire.
Ce n'est pas rédhibitoire pour autant, pour une raison principale : une sous-intrigue récurrente qui s'étale sur toute la saison, et qui a même droit à un épisode complet. En début de saison, on découvre en effet que les deux jeunes extra-terrestres conservent, dans leur chambre, une sorte de terrarium géant, où vivent des humains miniaturisés. Des humains toujours plus nombreux, et qui finissent par s'organiser en une sorte de société post-apocalyptique, où un dictateur fait régner la terreur, et où une rébellion s'installe.
Et paradoxalement, c'est cette sous-intrigue qui donne un peu d'épaisseur au programme ; utilisant tous les clichés du genre, de l'heroic fantasy au post-apo, cette sous-intrigue parvient à être surprenante, sanglante, touchante, et à donner corps à un univers complet, existant en parallèle des intrigues principales du programme.
Solar Opposites est donc, pour le moment, un projet un peu bâtard : jamais au niveau de Rick & Morty, elle lui ressemble pourtant comme deux gouttes d'eau, mais un peu comme si l'on avait pris Rick et Morty, et qu'on avait tenté de faire rentrer le programme dans un moule "sitcom".
J'ai même envie de dire que certaines sous-intrigues semblent parfois tout droit sorties des Simpsons : Lisa Jesse qui tente de trouver un plafond de verre à briser pour sa classe sur le féminisme, ses rapports avec Bart Yumyulack, ou encore Maggie Pupa, la créature quasi-muette qui rampe en arrière-plan et à qui il arrive bien des mésaventures...
Ce n'est pas mauvais, loin de là, mais avec 8 épisodes à peine, c'est un peu... superficiel. Restera à voir la suite.
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Mortal Kombat Legends - La Revanche de Scorpion (Scorpion's Revenge - 2020) :
Une fois par génération, le sorcier Shang Tsung (Artt Butler) organise un grand tournoi entre les meilleurs combattants de tous les royaumes, pour déterminer, in fine, qui dominera l'univers. Rayden (Dave B. Mitchell), déité protectrice du royaume de la Terre, a ainsi choisi Liu Kang (Jordan Rodrigues), Sonya Blade (Jennifer Carpenter) et l'acteur Johnny Cage (Joel McHale) pour défendre notre planète ; Quan Chi (Darin De Paul), un sorcier fourbe, a lui sélectionné Hanzo Hasashi (Patrick Seitz), un ninja assassiné par son rival Sub-Zero (Steve Blum), et l'a doté de pouvoirs infernaux, le rebaptisant Scorpion...
Un long-métrage d'animation assez surprenant, car globalement inattendu, et confié aux équipes de Warner Animation et de DC, dont on retrouve une grosse partie des habitués derrière la caméra et au doublage. Un long-métrage qui lorgne très fortement sur un remake animé des grandes lignes du film de 1995 (musique exceptée, malheureusement), mâtinée d'une origin story du personnage de Scorpion - origin story un peu maladroite et basique, avec quelques relents de Hellraiser, mais pas désagréable dans l'ensemble.
La caractérisation des personnages est respectée, Joel McHale est très amusant en Johnny Cage, le fanservice bat son plein (énormément de répliques, de mouvements, etc, renvoient directement au reste de la franchise, parfois de manière un peu trop gratuite), et le tout s'avère bien plus stylisé que la moyenne des productions DC Animated, avec notamment des combats ultra-dynamiques... et fidèles en tous points au jeu. Comprendre par là que tout est particulièrement gore et violent, avec moments rayons x et blessures apparentes au programme.
C'est peut-être là que ça a un peu coincé pour moi : j'aime bien la franchise, mais je ne suis pas très fan de la direction toujours plus graphique et brutale des derniers opus, et de leurs finishers anatomiquement détaillés. Donc forcément, comme ce film en reprend totalement les codes, ce débordement de sang (clairement inutile, dans l'absolu) m'a rapidement lassé.
C'est dommage, d'autant que le reste est plutôt agréable à suivre.
4.5 - 0.5 pour l'avalanche de gore, le fanservice un peu superflu, et l'absence du thème désormais culte = 4/6
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Supernatural, saison 13 (2017) :
Désormais chargés de protéger le Nephilim Jack (Alexander Calvert), Sam et Dean ont fort à faire pour lutter contre Lucifer et Asmodeus, ce dernier étant bien décidé à faire basculer le jeune homme dans le camp du Mal, et déchaîner ainsi les pires démons sur la Création...
Une saison que l'on pourrait rebaptiser Slidernatural - saison 1(3), car, après avoir puisé dans le surnaturel, le fantastique, le paranormal et lorgné sur la science-fiction avec de nombreux voyages temporels, l'introduction des mondes parallèles dans cet univers fourre-tout était inéluctable. L'idée était lancée dans le final de la saison précédente de manière à faire rebondir l'intrigue, et cela devient l'un des éléments principaux du nouveau fil rouge puisque Lucifer et Mary Winchester - que Dean pensait un temps morte - s'y trouvent. Une opération de sauvetage s'engage, mais la question est de savoir comment parvenir à ouvrir un nouveau portail.
Les scénaristes s'amusent ainsi autour de ce concept et la première tentative est réalisée par Jack dans le 13.09 The Bad Place, épisode qui détourne habilement son possible passage du côté obscur prédit par Dean. Il réussit à franchir la barrière, mais pendant ce temps les deux frères sont envoyés dans un autre monde, où vit une créature gigantesque.
Cependant, il ne faut pas rêver : pas question d'explorer ce monde, il s'agit juste d'un prétexte pour que les Wayward Sisters aillent les sauver ! La réunion de la bande à Jody dans le 13.10 est un hommage réussi aux personnages féminins de la série, trop souvent mis de côté. C'est fun, drôle, les interactions sont bien écrites, il y a de l'action, et ça repose sur des bases déjà établies auparavant : voilà un backdoor pilot bien plus abouti que l'abominable 9.20 Bloodlines.
Mais ça ne s'arrête pas là : dans leur quête du Sceau de Salomon - artefact nécessaire à la réalisation d'un sort permettant d'ouvrir un autre portail, merci aux Men of Letters et à leur documentation extensive -, nos héros doivent affronter un Dieu d'une autre dimension.
Ce dernier se présente sous les traits d'une jeune femme avant de révéler sa vraie nature, celle d'un monstre tentaculaire aux allures de cauchemar, presque tout droit venu de l'imagination de Lovecraft (finalement, il était à côté de la plaque en s'intéressant au Purgatoire). Dean fait alors une petite incursion dans le monde de l'Apocalypse avec... Ketch, revenu d'entre les morts grâce à un sort similaire à celui qui avait sauvé Rowena la première fois.
La sorcière rousse revient elle aussi dans le jeu, et, de manière très surprenante, prend enfin de l'épaisseur. Alors que sa volonté de tuer des reapers semblait faire partie d'une manigance pour nuire à l'ordre établi, ses préoccupations sont beaucoup plus terre-à-terre : elle veut tout simplement faire revenir son fils car elle a pris conscience qu'elle n'a jamais été là pour lui comme une mère devrait l'être.
Mais lorsque Billie - fraîchement promue comme remplaçante de la Mort après avoir été assassinée par Castiel - lui demande de tuer Sam pour obtenir ce qu'elle souhaite, elle ne peut s'y résoudre. De personnage insupportable à personnage touchant, voilà une évolution remarquable et très appréciable, qui s'inscrit dans une volonté nouvelle de valoriser les personnages féminins.
Cette tendance à faire revivre des personnages par des moyens détournés se confirme dans les grandes largeurs : outre la réapparition de Gabriel, torturé par un Asmodeus charismatique, le monde de l'Apocalypse contient en son sein une autre version de Bobby ainsi que de Charlie.
Sans critiquer le concept des univers multiples (Star Trek avait son univers miroir, par exemple), c'est à double-tranchant : d'un côté cela atténue l'impact émotionnel ressenti lors de la mort de Bobby, mais ça permet d'oublier celle de Charlie qui avait été gérée n'importe comment. C'est également une occasion de réécrire l'histoire de la série dans un monde sans les Winchester, et de tester quelque chose de nouveau : Supernatural devient presque une série chorale, plus feuilletonnante qu'auparavant puisque les loners se font rares.
Il faut bien avouer que cela fait du bien de ne plus se focaliser uniquement sur les problématiques de Sam et Dean. Les ambitions d'Asmodeus qui veut prendre le pouvoir en Enfer, la volonté de Lucifer d'avoir une relation avec son fils, le questionnement constant de Jack - le fait qu'il passe directement à l'âge adulte est une très bonne idée - qui s'efforce de trouver sa place et de rendre fier sa famille d'adoption : voilà autant de thématiques bien traitées dans l'ensemble.
Les scénaristes ont compris qu'ils ne sont pas de taille lorsque les enjeux sont démesurés et qu'ils sont plus à l'aise en abordant le côté humain des personnages : cela a des effets bénéfiques. D'autant que pour une fois, cela s'applique aussi à Castiel, qui se sent responsable de Jack. Son statut d'ange semble en revanche menacé, puisqu'ils ne sont plus qu'une poignée.
Le final n'évite pourtant pas quelques écueils regrettables. Malgré une montée en pression progressive (pendant laquelle les Winchester récupèrent un à un les éléments qui permettront à Rowena d'ouvrir le portail vers le monde de l'Apocalypse, et réunissent autour d'eux leurs alliés les plus puissants), ce qui en découle n'est pas de la plus grande cohérence.
Par exemple, le retour de Lucifer et de Michael dans notre réalité est expliqué par le fait qu'ils ont réalisé le même sort, mais où ont-ils trouvé le sang d'un homme saint dans un monde ravagé par la violence ? De même, lors du climax, Dean propose à Michael d'investir son corps pour vaincre le Diable, mais pourquoi cela fonctionnerait pour cette version de l'Archange alors que les deux frères ne sont jamais nés dans son univers ?
En dépit de cette conclusion étrange qui voit également Jack se faire voler ses pouvoirs par son père - dont la fourberie ne faisait pas l'ombre d'un doute -, la ligne directrice est limpide, voire ludique par moments.
Et sur ce plan, il est bien sûr impossible de ne pas parler du 13.16 Scoobynatural : l'explication de ce délire animé tient la route, la filiation entre Supernatural et Scooby-Doo paraît d'une évidence absolue, et le scénario joue à merveille sur la mécanique des deux séries en respectant le caractère des différents personnages. Un véritable tour de force.
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Les Trolls 2 - Tournée Mondiale (Trolls World Tour - 2020) :
Lorsque la Reine Barb (Rachel Bloom) des Trolls du Rock décide de conquérir les autres royaumes trolls pour imposer le rock comme seule musique dominante, Poppy (Anna Kendrick) et Branch (Justin Timberlake) décident d'aller prévenir les autres royaumes - le funk, le classique, la techno, et la country - avant qu'il ne soit trop tard...
J'avoue, j'ai un vrai problème avec ce film d'animation sorti directement en VOD à cause du coronavirus. J'avais déjà quelques réserves sur le premier film, mais là, malgré des digressions humoristiques absurdes que n'auraient pas renié les Teen Titans ou Bob l'Éponge, malgré une technique toujours assez aboutie, et malgré un message assez généreux, sur la tolérance, la cohabitation, la célébration des différences, et le fait qu'on soit plus forts tous ensemble, en nous nourrissant des opinions d'autrui... j'ai du mal à ne pas y voir quelque chose d'un peu cynique et de mécanique.
Probablement parce que tout le film repose sur l'affirmation des différences musicales, comme je le disais, et sur le fait que tous les styles musicaux s'appauvrissent lorsqu'ils s'isolent, tandis qu'ils s'enrichissent lorsqu'ils puisent les uns dans les autres.
Un message qui, sur le papier, est tout à fait honorable. Le seul vrai souci, c'est qu'en pratique, il est mis en application de manière assez douteuse et aseptisée. Avec, comme parfait exemple de ce problème, les grands méchants de ce film. La tribu des hard-rockers, des trolls métalleux (avec Grand-papa Ozzy)... qui entonnent joyeusement du rock FM tellement lissé en post-production qu'on dirait de la pop moderne.
Et il en va de même pour tous les styles musicaux utilisés dans le film : ils sont tellement passés à la moulinette du tous publics et de l'auto-tuning qu'ils se ressemblent tous, et qu'on finit par se dire que les enjeux du film sont bien dérisoires et hypocrites, puisque tous les trolls écoutent plus ou moins la même soupe surproduite.
Une impression encore renforcée par le déroulement mécanique du film : le passage chez les autres tribus musicales, la relation compliquée des deux protagonistes, la résolution superficielle... tout paraît un peu sous-développé, un peu mécanique, pas aidé par cette direction artistique toujours ultra-saturée et faussement enthousiaste et joyeuse.
On l'aura compris : ce Trolls World Tour ne m'a pas convaincu, loin de là. Cela dit, le film occupera les plus jeunes, et les spectateurs désireux de se poser 90 minutes devant un film jukebox qui permet d'éteindre son cerveau. C'est toujours ça de pris, je suppose.
2.25/6
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Lancelot, le Premier Chevalier (First Knight - 1995) :
Lorsque le Roi Arthur (Sean Connery), sur le point d'épouser la belle Lady Guenièvre (Julia Ormond), maîtresse du fief de Leonesse, découvre le talent de combattant et l'astuce de Lancelot (Richard Gere), vagabond désabusé, il décide d'en faire un chevalier de sa Table Ronde, afin d'obtenir son aide dans son combat contre le maléfique Malagant (Ben Cross). Mais il ignore que Guenièvre n'est pas insensible au charme de Lancelot, et que cette romance va mettre à mal le royaume de Camelot...
Mouais bof.
Un film arthurien sans magie, sans Merlin, sans surnaturel, entièrement centré sur la romance de Guenièvre et Lancelot (mais sans grande alchimie à l'écran), avec un Arthur sous-développé (auquel le spectateur est tout de même censé s'attacher "parce que c'est Sean Connery"), des chevaliers de la Table Ronde inexistants (aucun des chevaliers de légende n'est présent, et donc, on s'en contrefout), des scènes de bataille nocturnes sous-éclairées, des duels à l'épée qui perdent en crédibilité à mesure que le film avance, une post-synchronisation approximative des extérieurs, une réalisation molle de Jerry Zucker (!), une direction artistique toute en tons bleu lavande, et une musique de Jerry Goldsmith composée en urgence et enregistrée en trois jours après le départ de Maurice Jarre...
Une musique grandiloquente, héroïque, et un peu répétitive, mais qui est probablement la seule chose que je sauverais de ce métrage très plat, qui m'a fréquemment donné envie de faire autre chose tandis que s'écoulaient ses 2h15.
2/6
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