Il était une fois Lurdo & Sygbab, deux internautes passionnés de séries tv et de cinéma, et qui cherchaient un endroit où archiver leurs avis (semi) éclairés...
Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine, et des critiques d'une vingtaine de lignes, tout au plus.
Watchmen : les gardiens - Édition ultime (Watchmen : The Ultimate Cut - 2009) :
Lorsque le Comédien (Jeffrey Dean Morgan), ancien super-héros ultra-violent, est retrouvé mort, jeté du haut d'un immeuble, Rorschach (Jackie Earl Healey), justicier paranoïaque et ancien collègue du Comédien, en conclut que quelqu'un en a après les Watchmen, groupe de super-héros désormais démantelé. Il tente alors d'en avertir les autres membres, le Hibou (Patrick Wilson), le Spectre Soyeux (Malin Akerman), Ozymandias (Matthew Goode) et le Docteur Manhattan (Billy Crudup), alors même que le monde est au bord de l'apocalypse nucléaire...
On ne présente plus Watchmen - les Gardiens, adaptation par Zack Snyder et David Hayter du comic-book incontournable de Gibbons et Moore, une œuvre multi-récompensée à l'influence écrasante, réputée inadaptable, et portée à bout de bras par un Snyder fasciné depuis toujours par cette bande dessinée.
Un film fleuve, revisionné ici dans sa version la plus longue (près de 3h30), intégrant une petit demi-heure animée racontant les Contes du vaisseau noir, un interlude façon récit horrifique (narré par Gerard Butler), autrefois intégré tout au long du comic-book, et ici intercalé çà et là de manière assez artificielle.
Et ce qui saute tout de suite aux yeux, en revoyant ce métrage juste après avoir relu l'œuvre originale, c'est l'immense fidélité de l'adaptation au récit de Moore et Gibbons : ce Watchmen cinématographique est très fidèle, visuellement et scénaristiquement. Probablement trop, d'ailleurs.
En fait, Watchmen de Snyder, c'est un peu une grosse photocopie formelle de la bande dessinée originale, une photocopie appliquée, reprenant littéralement certaines des cases de Gibbons... mais passées au filtre "cool et edgy" de Snyder.
Et c'est là que les limites du projet se font vraiment ressentir : chez Snyder, impossible d'avoir de l'action sans qu'elle soit ultra-stylisée, avec des ralentis dans tous les sens, des plans majestueux, et des protagonistes surhumains, qui démolissent tout sans broncher.
Ce qui va totalement à l'encontre du propos original, celui d'un Moore particulièrement méfiant vis à vis du concept de super-héros, et qui insistait sur le fait que tous ses "héros" étaient des humains bourrés de défauts et de contradictions, pas forcément plus éclairés ou justifiés dans leur démarche super-héroïques que le quidam lambda, malgré ce qu'ils voulaient bien en dire.
Ici, les Watchmen sont badass et impressionnants, visuellement modernes et épiques, et c'est un peu passer à côté de la moelle de la bd ; Rorschach, notamment, était, sous la plume de Moore, une incarnation des principes objectivistes poussés dans leurs retranchements, un être extrême, psychopathe, paranoïaque et jusqu’au-boutiste. Sous la caméra de Snyder, lui-même fan avoué d'Ayn Rand, Rorschach est dépouillé de toute ambiguïté, pour être présenté comme un vigilante surhumain détenant la vérité ultime, le seul à avoir raison depuis le début, et quasiment le seul héros du récit.
Le message de Watchmen est ainsi détourné et affadi petit à petit, que ce soit par les choix créatifs de l'adaptation, ou par l'approche de Snyder privilégiant la "coolitude" visuelle au fond.
Pas forcément rédhibitoire - ça reste un blockbuster bien produit et bien mené, même si la version extra-longue tire à la ligne - mais problématique, tout autant que certains choix de casting : si l'immense majorité de la distribution s'en sort très bien, Crudup est éclipsé par des effets numériques qui ont assez mal vieilli (l'animation labiale, principalement), Malin Akerman peine à faire la moindre impression, et, plus embêtant, Matthew Goode manque de présence et de charisme en Ozymandias, en plus de paraître éminemment suspect dès sa première apparition à l'écran.
Dans l'ensemble, cette adaptation de Watchmen est clairement le fruit du travail de quelqu'un de passionné par le matériau d'origine. Malheureusement, c'est aussi une adaptation relativement superficielle, et qui ne semble avoir vraiment saisi qu'une partie des subtilités et des thématiques du récit original, la partie la plus spectaculaire et edgy. Mais après tout, venant de Snyder, et compte tenu de ce qu'il a fait de l'univers DC... ce n'est guère surprenant.
3/6
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Mortal Kombat (2021) :
En grand danger d'être envahie par les armées de Shang Tsung (Chin Han), Empereur d'Outworld, en cas de défaite lors du grand tournoi Mortal Kombat, la Terre ne peut compter que sur un groupe de combattants que tout oppose, réunis par Lord Raiden (Tadanobu Asano) : Cole Young (Lewis Tan), héritier de Hanzo "Scorpion" Hasashi (Hiroyuki Sanada), Liu Kang (Ludi Lin), Kung Lao (Max Huang), Kano (Josh Lawson), Sonya Blade (Jessica McNamee) et Jax (Mehcad Brooks). Mais Shang Tsung a décidé de prendre les devants, et il envoie ses assassins, dont Sub-Zero (Joe Taslim), pour traquer les champions de la Terre avant qu'une mystérieuse prophétie ne se réalise...
Le Mortal Kombat de 1995 n'était pas un grand film, loin de là, et je n'ai jamais eu envers ce métrage (ou envers la franchise dans son ensemble) une affection ou une nostalgie particulière. Mais entre la direction artistique très stylisée, la distribution sympathique et souvent mémorable, le thème musical ronge-crâne et ultra-dynamique et l'action efficace, la version de Paul W.S. Anderson était une adaptation plutôt honorable (mais tout public) du jeu de combat, adaptation qui avait pour qualité principale de rester fun.
Cette version 2021... c'est tout le contraire.
Direction artistique insipide (c'est bien simple, à l'écran, on dirait plus une série Netflix à la limite du fanfilm qu'un long-métrage cinématographique : intérieurs étriqués, extérieurs fades...), distribution transparente et/ou médiocre (ni Raiden ni Shang Tsung, par exemple, n'ont la présence nécessaire pour leur rôle), bande original générique au possible (le thème mythique de Mortal Kombat n'apparaît que par fragments, çà et là, pendant quelques fractions de seconde et dans le générique de fin dans une version "modernisée" très discutable), action très inégale (dans certains combats, le montage et la réalisation multiplient les coupes, les faux raccords, les effets approximatifs), écriture laborieuse (les scènes d'exposition se multiplient et se répètent, les changements apportés au lore des jeux sont totalement inutiles - les tatouages, les pouvoirs, l'absence de tournoi, qui meurt aux mains de qui et comment - Goro, Kung Lao...), bref, l'intégralité du film ne fonctionne vraiment que très ponctuellement, l'espace d'une scène ou deux (Kano est amusant, notamment, et certains moments d'action sont réussis) et fait preuve d'un manque flagrant de personnalité et de style.
En même temps, ce Mortal Kombat est l'origin story d'un personnage inédit dont le spectateur se contrefout royalement, dont la famille et le background sont des parasites à l'histoire globale, qui a pour pouvoir un t-shirt en vibranium une peau en métal qui absorbe l'énergie des coups adverses et la transmet à son porteur, et qui a le charisme d'un poulpe mort (pourtant j'aime bien l'acteur, qui était mémorable dans Iron Fist, par exemple). Donc il ne faut pas s'étonner que tout le film soit à son image.
Alors les fanboys de la franchise adoreront certainement, sur la base d'un fanservice envahissant, qui enchaîne les fatalities gorasses, les références et les punchlines sorties des jeux vidéo... mais le tout reste une vraie déception flemmarde, qui sans son budget serait à peine plus aboutie qu'un Ninjak vs the Valiant Universe, ou que la suite du film original.
2/6
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Soyons francs : la saison 1 de Solar Opposites, série d'animation en 8 épisodes d'une vingtaine de minutes créée pour la Fox (puis sauvée par Hulu) par Justin Broiland (Rick et Morty) et Mick McMahan (Lower Decks) valait principalement pour son intrigue secondaire récurrente dite "du Mur", qui suivait l'évolution de la société recréée dans un terrarium par tous les humains miniaturisés et enfermés là par les aliens du programme.
Une intrigue secondaire plus sérieuse que les intrigues principales, et qui se permettait même quelques moments d'émotion totalement inattendus. En comparaison, les mésaventures de Korvo et de son petit groupe peinaient à passionner ou même à surprendre, se contentant de singer Rick & Morty sans en avoir le nihilisme existentiel ou l'ambition thématique : c'était sympatoche à regarder, mais aussi totalement dispensable.
Pour cette deuxième saison, on prend les mêmes et on recommence, mais avec à nouveau 8 épisodes de 25 minutes, on peut se demander si cette saison 2 va connaître le même sort créatif que précédemment...
Solar Opposites, saison 2 (2021) :
La vie dans le Mur continue paisiblement, désormais sous le contrôle de Tim. Mais un tueur en série commence à décimer la population miniaturisée... À l'extérieur, Korvo et sa bande continuent leur petite vie tranquille.
Une saison 2 qui m'a laissé tout aussi mitigé que la première... voire même plus.
Il faut dire que huit épisodes, c'est très peu pour construire quoi que ce soit, surtout lorsque l'on consacre une partie de ces épisodes au Mur. Un Mur qui, ici, est bien moins efficace et intéressant qu'en saison 1 : les scénaristes font le choix d'utiliser les personnages du Mur pour faire une parodie de procedural générique, avec un ancien scénariste de Bones qui mène l'enquête. Pas particulièrement drôle, pas particulièrement inspiré, tout ça débouche sur un septième épisode consacré à Chérie, qui a (sans surprises) survécu à la saison 1.
On a alors droit à un épisode complet racontant sa survie dans le jardin de la maison, assaillie par un opossum, ainsi que la manière dont elle s'est rapprochée du Duke, lui aussi en vie, alors même qu'elle était enceinte de Tim. Mouais. À vrai dire, cette saison, le Mur ressemblait plus à de la transition et du surplace qu'à quelque chose de vraiment probant.
Et du côté des Solar Opposites (puisque les personnages se surnomment désormais ainsi, résumant ainsi d'un clin d'œil méta et goguenard les scénarios de chaque épisode : "ah, cette semaine, les Solar Opposites partent en camping !"), c'est toujours la même routine, à mi-chemin entre les délires habituels de Rick et Morty, la vie de famille des Simpsons et le jusqu’au-boutisme de Cartman dans certains épisodes de South Park.
On a ainsi un premier épisode durant lequel Korvo et compagnie partent à Londres pour y rencontrer une autre "famille" extraterrestre bien plus orthodoxe qu'eux (avec un début de grosse scène de bataille entre les deux familles... scène interrompue par un post-it du scénariste demandant une rallonge budgétaire pour cette bataille) ; un épisode qui voit Cartman Korvo organiser une force de police (aidée de précogs) pour faire respecter une sorte de prohibition-bis et empêcher les dinner parties des hipsters et de Terry ; une parodie de la rom-com Entre Deux Rives, dans laquelle Korvo envoie (via un portail temporel) des lettres à un Terry enfant, pour changer son moi présent, tandis qu'en parallèle, Yumyulack se conçoit une bite énorme pour bénéficier d'une big dick energy dantesque et dominer ses compagnons de classe (forcément, dans les deux cas, ça dégénère assez vite) ; diverses parodies de films lorsque le groupe se perd dans les bois et recrée une ville de toutes pièces ; une variation sur le thème de Very Bad Trip lorsque Korvo retrouve son Goobler rouge et devient son témoin de mariage ; une histoire de cochon mutant ; et le grand final, qui confronte le groupe à une nouvelle mutation de Pupa, et oblige les Shlorpiens à faire face à leur mortalité.
Honnêtement, rien de désastreux dans tout ça, mais trop souvent, on se dit "tiens, ça me rappelle beaucoup X ou Y, mais en plus superficiel et en moins original". Et c'est probablement là le problème principal de Solar Opposites : son côté très dérivatif, qui empêche de pleinement apprécier ces personnages et leurs mésaventures.
Peut-être que si les scénaristes osaient un fil conducteur plus présent, ou si la série faisait plus de 8 épisodes, cela permettrait de donner plus de corps à la série. En l'état, ça reste amusant, mais plutôt anecdotique, et jamais suffisamment original.
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Dernière ligne droite pour cette série Marvel faisant la jonction entre Endgame et la suite du MCU, et un bilan pour le moment inégal : avec 6 épisodes seulement, le moindre problème d'écriture se ressent plus que de mesure, et c'était notamment le cas des deux précédents épisodes signés Derek Kolstad, au rythme, à la caractérisation et à la fluidité un peu brinquebalants...
Pas forcément surprenant, compte tenu de la production compliquée de la série, interrompue par la pandémie, et repensée sur certains points pendant cette pause forcée, mais reste à voir comment la série va retomber sur ces pieds durant ces deux ultimes épisodes, aux enjeux conséquents.
Falcon et le Soldat de l'Hiver, saison 1 (The Falcon & The Winter Soldier : season 1 - 2021) :
- 1x05 :Suite aux actions de Walker, Sam et Bucky l'obligent à rendre son bouclier, avant de retourner en Amérique, pour faire le point. Mais bien vite, les Flag Smashers fomentent une nouvelle attaque, avec l'aide d'un certain Batroc, dépêché par... Sharon Carter.
Un épisode plutôt agréable, qui résout pas mal de thématiques de la saison, tout en mettant en place un final probablement explosif. C'est le calme avant la tempête, en quelque sorte, avec ce que ça a de bon - les échange Isaiah/Sam et Sam/Bucky, le training montage, la scène d'action d'ouverture - et ce que ça a de moins bon - beaucoup de temps consacré à Sam et à sa famille, son bateau, tout ça.
Certes, ce dernier point est inhérent au fil narratif de la série, avec une mise en parallèle évidente entre la reconstruction de Sam et celle de son bateau ; et par ailleurs, le tout est fait avec suffisamment de bonne humeur pour ne jamais devenir trop lourd. Mais il reste tout de même des problèmes de rythme et de structure des épisodes, qui de plus en plus semblent avoir été remontés et ré-articulés à postériori, plutôt que de la manière dont ils avaient été écrits (ce qui est somme toute logique, puisque c'est exactement ce qui s'est produit, COVID-19 oblige).
Cela dit, la série réserve toujours son lot de surprises, au nombre desquels Julia Louis-Dreyfus en Comtesse Allegra de Fontaine (aka Madame Hydra, dans les comic books) qui semble ici jouer le rôle d'Anti-Nick Fury, pour mettre sur pied un anti-Avengers (Les Thunderbolts ? Les Dark Avengers ?).
Ou encore, le retour inattendu de Batroc, apparemment en collaboration avec Sharon Carter, dont les allégeances réelles semblent de plus en plus floues.
Reste à voir ce que les scénaristes nous ont concocté pour le grand final... mais une chose est sûre : le bouclier en toc de l'US Agent ne fera pas long feu !
- 1x06 : Alors que la menace des Flag Smashers se concrétise et que le conseil du GRC est pris en otage, Sam, Bucky, Sharon et Walker convergent tous sur New York, pour un affrontement dans les airs et sur terre...
Un épisode satisfaisant principalement centré sur de l'action plutôt réussie (léger bémol sur le montage un peu cut des scènes d'affrontement rapprochés, cela dit), entre un Falcon qui endosse son nouvel uniforme made in Wakanda, très fidèle au comic-book (un peu trop, peut-être : je ne serais pas surpris de voir Marvel repenser quelques éléments de la tenue, notamment la cagoule, à l'avenir), Walker qui n'a pas encore totalement sombré dans le côté obscur de la Force (mais cela n'est qu'une question de temps, vu son recrutement par "Val"), et Sharon Carter... qui trahit tout le monde.
J'avoue que sur ce dernier point, je reste un peu dubitatif, tant le changement d'attitude de Sharon est radical par rapport à ses premières apparitions à l'écran... mais je n'ignore pas que Secret Invasion se profile à l'horizon, et que les Skrulls peuvent se cacher partout. À l'identique, je ne m'inquiète pas trop du sort de Batroc, qui pourra toujours revenir un jour ou l'autre, en jouant la carte du "j'avais un gilet pare-balles".
Quoiqu'il en soit, l'épisode se déroule à un rythme plutôt soutenu, jusqu'à son segment de conclusion, qui voit un nouveau status-quo plutôt radical : oui, le nouveau Captain America est un Noir à la tenue fabriquée en Afrique, qui descend du ciel tel un ange, préfère la négociation au combat, et est entouré de toute une communauté d'amis et de proches qui le soutiennent au quotidien. On est loin de Steve Rogers, l'homme hors du temps, qui vivait seul dans son appartement et n'avait d'autre ami réel que son compagnon d'armes, Bucky...
Et puis n'oublions pas ce moment touchant, centré sur Isaiah Bradley, qui a enfin droit à une reconnaissance qu'il pensait inespérée.
Après... je ne peux pas nier que toute la série aurait probablement été plus efficace si les motivations des Flag Smashers avaient été mieux définies, dès le début, et s'il n'y avait pas eu tout ce bricolage en post-production. Mais je vais revenir là-dessus dans le bilan saisonnier.
- Bilan saisonnier -
Un peu comme dans le cas de Wandavision, un bilan mitigé positif pour ce Falcon and the Winter Soldier. Et un peu comme pour la précédente série du MCU, si ce bilan n'est pas totalement enthousiaste, c'est en grande partie dû aux conditions particulières du tournage et de l'écriture du programme.
Il fallait s'y attendre : interrompre le tournage à mi-parcours, et repenser une partie de la série en post-production pour éviter potentiellement un sujet trop d'actualité (la pandémie ?) ne pouvait que donner lieu à des épisodes un peu décousus, au montage laborieux (doublage en post-prod oblige) et au rythme bancal.
En effet, si l'on en croit de multiples indices et sources concordantes (y compris au niveau de la production, qui se contredit allègrement - le showrunner confirme qu'une sous-intrigue importante a été coupée et que la série a été restructurée de 8 à 6 épisodes, la réalisatrice nie en bloc), tout ce qui concerne les Flag Smashers et leurs motivations, notamment, semble avoir été en grande partie retravaillé durant la pause COVID : toutes les scènes tournées en Europe de l'Est après la reprise de la production ont ainsi été repensées et/ou redoublées pour faire disparaître certains éléments de l'écran, et d'autres, présents dans les premiers épisodes (les Flag Smashers qui volent des vaccins, Mama Donya qui meurt d'une maladie pulmonaire...) finissent par être effacés/corrigés en cours de route, à grand renfort de dialogues clairement réenregistrés à postériori et montés sur des reaction shots des autres personnages,
On ne saura probablement jamais vraiment dans quelle mesure la deuxième moitié de saison a été réécrite et transformée en post-production, après la "pause" COVID, mais une chose est sûre : cela expliquerait sans problème combien les motivations des Flag Smashers sont floues, leurs actes manquent de logique, et les rebondissements les concernant sont un peu brouillons.
Heureusement, les Flag Smashers ne sont qu'une partie de la série (certes, la partie la plus faible et décousue), et le reste est nettement plus homogène et compétent : la prise de conscience de Sam, la descente aux enfers de l'US Agent, Bucky qui tire un trait sur son passé, les scènes d'action, les effets spéciaux, etc. Et il y a bien sûr la Comtesse, qui semble monter sa propre équipe de super-héros...
Dans l'ensemble, donc, les points forts de la série (notamment son propos sur le racisme systémique et institutionnel) compensent heureusement pour moi ses faiblesses, des faiblesses inhérentes à la production chaotique du programme.
Deux séries MCU, deux semi-réussites, pour le moment, handicapées à un degré ou un autre par la pandémie. J'attends désormais de voir ce que le studio nous offrira lorsqu'il tournera à plein régime, libéré des contraintes de production et d'écriture imposées par la situation actuelle.
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Mulan (2020) :
Pour éviter que son père vieillissant et blessé ne soit incorporé dans l'armée impériale afin d'affronter les barbares rourans qui attaquent l'Empire, Hua Mulan (Liu Yifei) se fait passer pour un garçon, et rejoint les rangs de l'armée. Là, Mulan, douée d'une maîtrise incroyable du Qi, va sauver l'Empereur de Chine (Jet Li), tout en se battant contre les traditions de son peuple...
Aïe.
Déjà, un aveu : je n'ai jamais revu Mulan depuis sa sortie en VHS, il y a bien longtemps. Et ce visionnage ne m'ayant pas particulièrement passionné (tout en lui reconnaissant des qualités formelles), je n'ai jamais retenté l'expérience, et je n'ai donc absolument aucune nostalgie particulière pour le métrage... ce qui peut expliquer en partie pourquoi je me suis ennuyé comme un rat mort devant ce remake en prises de vue réelles.
Mais pas que. Il serait trop simple de blâmer exclusivement mon absence de nostalgie pour ce film, quand cette version de Mulan accumule tant de défauts : une durée abusive (près de deux heures), un ton beaucoup trop sérieux (adieu Mushu), une bande originale quelconque (adieu les chansons, mais aussi le score de Goldsmith), un montage (et un câblage) médiocre des scènes d'action, des personnages sous-développés, des problèmes de logique interne, une réalisation qui s'amuse fréquemment à basculer sur le côté de manière totalement gratuite... et j'ai failli oublier une Mulan repensée comme une Jedi maîtrisant instinctivement la Force le Qi, meilleure que tous les autres soldats, et confrontée à un Sith une autre sorcière qui tente de la faire basculer du côté obscur (mais qu'elle finit par refaire passer dans le camp du bien au dernier moment, lorsqu'elle se sacrifie pour sauver Luke Mulan - pourquoi ça me semble si familier ?).
Rey Skywalker Mulan, donc, est un peu la cerise sur le gâteau d'un long-métrage particulièrement insipide, dénué d'une grande partie de ce qui faisait l'identité du film original (Mushu, les personnages secondaires, la romance, les chansons, la musique), et bien lissé pour ne choquer personne (la romance, notamment, a été repensée pour que le vague love interest de Mulan ne soit plus son supérieur hiérarchique, parce que... c'était apparemment devenu problématique, blablabla).
Alors certes, la photographie est plutôt jolie, mais à trop rajouter de ralentis pseudo-épiques, de scènes de cheval sur fond vert, et à trop garder un ton ultra-sérieux et raide, comme pour singer les wuxia-pian historiques fidèles au genre (enfin, à la sauce occidentale), le tout s'avère vraiment inintéressant, affaiblit considérablement le message de l'original (Mulan n'est plus une héroïne volontaire, généreuse, empathique et pleine de ressources et d'inventivité, c'est une Jedi qui fait bien la bagarre), lui retire tout son charme et m'a fait décrocher en cours de route.
2/6
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Sans atteindre le même niveau d'intérêt que Wandavision, les deux premiers épisodes de Falcon et le Soldat de l'Hiver ont réussi à convaincre, en donnant une suite intrigante à Avengers Endgame, et en ramenant au premier plan le personnage de Zemo, décidément des plus mémorables...
Falcon et le Soldat de l'Hiver, saison 1 (The Falcon & The Winter Soldier : season 1 - 2021) :
- 1x03 :Décidés à retrouver l'origine du nouveau sérum des super-soldats, Sam et Bucky se tournent vers le Baron Zemo (Daniel Brühl), toujours en prison. Un choix qui les amène ensuite à Madripoor, une ville asiatique rongée par la corruption et le crime...
Un épisode qui fait avancer beaucoup de choses, même s'il m'a paru un peu plus décousu et brouillon qu'à l'accoutumée dans son écriture (signée du créateur et scénariste des John Wick).
Probablement parce qu'il avance à une vitesse assez conséquente, sans se laisser le temps de respirer, ou sans laisser le temps à ses personnages d'exister et d'interagir : ici, on passe de l'Allemagne à Madripoor, puis aux Pays de l'Est, avec de multiples scènes d'actions (pas toujours ultra abouties - la fusillade à Madripoor, avec les coups de feu numériques), etc - en fait, ça donne presque l'impression d'un double épisode condensé en un, une fois dégraissé de tout son tissu connectif.
Pas forcément rédhibitoire, puisqu'il reste suffisamment d'éléments intéressants et dynamiques en place (le retour de Sharon Carter, qui ne semble pas dire toute la vérité à ses compères - serait-elle toujours aux ordres de Fury ? Ou est-elle le Power Broker ?) ou amenés progressivement (les véritables motivations des Flag Smashers, l'histoire du sérum, le caméo de fin d'épisode) pour maintenir l'attention du spectateur.
Mais ça reste un peu décevant, et probablement l'épisode que j'ai le moins apprécié depuis le début de la saison.
Heureusement que Zemo danse comme un dieu.
- 1x04 : Alors que la menace des Dora Milaje plane sur Bucky, Sam et Zemo, le trio retrouve Karli Morgenthau et tente de parler avec elle. Mais Walker et son coéquipier interviennent, et c'est le chaos...
Même scénariste que le précédent, et même impression d'un récit un peu trop décousu, et amputé de transitions ou de scènes plus connectives... mais là, ça passe un peu mieux, parce que le tout avance assez bien, et que Zemo reste un électron libre plutôt sympathique.
Dans l'ensemble, globalement, ça allait, entre l'intro au Wakanda (durant laquelle Sebastian Stan se donne totalement), la visite des Dora Milaje, la frustration croissante de l'US Agent, et la conclusion de l'épisode, logique et joliment sanglante.
Le tout saupoudré de Zemo qui manipule à droite et à gauche, en conservant un flegme assez imparable.
Reste que le problème de cette saison, pour l'instant, ce sont les Flag Smashers : je ne sais pas si c'est dû à un manque de charisme global, à un flou trop longtemps entretenu sur leurs motivations, et à une interprétation inégale (peut-être un peu des trois), mais les Flag Smashers peinent à convaincre en tant que réelle menace. Et comme de nombreuses scènes de dialogues sont ici consacrées à Karli et à ses doutes, ça tire un peu le tout vers le bas.
Bref, un épisode un peu inabouti, à nouveau, mais moins que le précédent, et qui avance nettement sur de multiples fronts. Les deux derniers épisodes de la saison devraient s'avérer plus qu'intéressants.
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Monsieur Link (Missing Link - 2019) :
En 1886, Sir Lionel Frost (Hugh Jackman), chasseur de créatures légendaires, lance un défi au club d'explorateurs dont il aimerait faire partie : il va trouver le Sasquatch, et ramener la preuve de son existence. Mais lorsqu'il rencontre enfin ce Sasquatch (Zach Galifianakis), il s'aperçoit que ce dernier est un être paisible et civilisé qui n'a qu'une envie : voyager jusqu'au Tibet, pour y trouver ses cousins les Yétis. Frost accepte alors de l'y emmener, sans savoir que ses rivaux, au club, ont envoyé sur leurs traces un chasseur de primes (Timothy Olyphant)...
Un film d'animation des studios Laika assez fidèle à la réputation de ce dernier, à savoir des films en stop-motion techniquement bluffants, au service de récits sympathiques et attachants, à défaut de jouer dans la même catégorie que les "grands" studios d'animation.
Ici, avec cette histoire très Tour du Monde en 80 jours, au doublage plutôt bon, on visite le monde de manière ludique et aventureuse, en compagnie de personnages attachants et bien caractérisés (j'ai vraiment apprécié ce Sasquatch timide, poli et gentleman, doublé par Zach Galifianakis), et le tout finit par rapidement trouver un rythme de croisière et un humour agréables.
Après, ça reste du Laika : je n'ai jamais eu (sauf exception), une affinité particulière pour les films du studio, qui manquent toujours d'un petit je-ne-sais-quoi pour vraiment me séduire, et ce Missing Link ne change pas la donne : c'est sympathique, c'est gentillet, c'est impressionnant (techniquement parlant), mais ça ne me marquera pas outre mesure.
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Après The Dark Crystal, place à sa suite télévisée, une série de 2019 produite par Netflix, et annulée au terme de sa diffusion...
The Dark Crystal - Le Temps de la résistance, saison 1 (The Dark Crystal - Age of Resistance - 2019) :
Produit de l'exploitation intensive du Cristal de la vérité par les Skeksis, une corruption étrange s'étend progressivement dans le monde de Thra. Mais lorsque les Skeksis commencent à sacrifier d'autres êtres vivants pour consommer leur force vitale, plusieurs jeunes Gelflings, issus des divers clans vivant sur Thra, unissent leurs forces pour se lever contre le pouvoir de leurs oppresseurs...
Série préquelle au film The Dark Crystal de 1982, Le Temps de la Résistance est un projet assez typique de Netflix, car surfant totalement sur la vague d'une nostalgie des années 80, qui ramène à la vie des propriétés intellectuelles de l'époque, quelles qu'elles soient, en espérant toucher le gros lot.
Ici, c'est donc vers Dark Crystal que Netflix s'est tournée, un choix improbable tant le film original était le dernier chapitre d'une histoire ; ce qui, forcément, pose des problèmes lorsque vient le moment de concevoir une préquelle, un peu comme Lucas l'a découvert lors de la conception de ses propres préquelles.
En effet, lorsque le dernier chapitre de votre histoire (et le monde mystérieux et magique qu'il laisse deviner) est son moment le plus fort et le plus passionnant, quel intérêt, ensuite, de raconter en détails les premiers actes de ce récit, et de répondre à toutes les questions (inutiles) sous-entendues par l'ultime chapitre ?
C'est d'autant plus vrai pour Dark Crystal que le postulat même du film imposait un génocide des Gelflings par les Skeksis : autrement dit, tous les personnages gelflings d'une éventuelle préquelle ne pouvaient que finir par succomber aux Skeksis, à un moment ou un autre...
Cela n'a cependant pas fait peur au réalisateur Louis Leterrier et aux studios Jim Henson, qui ont retroussé leurs manches, et se sont donc attelés à la production de 10 épisodes d'une heure, narrant cette période précise de l'histoire de Thra : lorsque les Skeksis ont commencé à massacrer des Gelflings, et que ces derniers ont commencé à se rebeller.
Un parti-pris créatif qui, d'un côté, laisse perplexe sur l'intérêt intrinsèque de la série (spoiler : la saison donne l'impression de se conclure en queue de poisson, préparant une suite plus belliqueuse qui ne viendra jamais et se concluant par la création des Garthims), mais de l'autre, permet à l'équipe créative de se montrer très ambitieuse, tant scénaristiquement que visuellement parlant.
Entre les effets numériques, les décors naturels, les multiples marionnettes, la musique enveloppante, on ne peut nier que la reconstitution de l'univers de Dark Crystal est dès plus spectaculaire et réussie : le monde de Thra est chatoyant, luxuriant, peuplé d'innombrables créatures, petites et grandes, aggressives et paisibles, etc.
Comme dans le film d'origine, on a l'impression d'un univers vivant, et c'est bien là la plus grande réussite de cette série : une passion pour ce monde, ces personnages, qui se retranscrit à tous les niveaux de la production et qui donne vie à l'écosystème de Thra.
Malheureusement, derrière cette apparence séduisante, le programme tourne parfois à vide. Pas forcément de par son manque d'enjeux (encore que), mais plus parce que, victime d'une combinaison de Netflix bloat (plus de 10 heures pour raconter ce qui aurait très bien pu tenir en 5 heures) et d'une surmultiplication des personnages (le casting vocal, au demeurant très efficace, est long comme le bras, et la série présente tellement de personnages qu'on finit par en oublier la moitié en cours de route), le programme peine fréquemment à passionner.
Alors certes, j'avoue que l'absence de véritable facteur nostalgie, dans mon cas, a probablement joué en défaveur de cette série (si ça avait été une série Labyrinth, je pense que je me serais certainement montré plus indulgent ^^), tout comme le fait que j'ai toujours trouvé les Gelflings particulièrement raides et inexpressifs...
(d'ailleurs, parenthèse, mais les Gelflings 2.0 sont un vrai progrès par rapport à ceux du film original, plus divers, mieux animés et plus vivants, aux expressions renforcées par le numérique... mais paradoxalement, la seule qui se démarque vraiment de ses semblables, c'est Deet, notamment grâce à son doublage par Nathalie Emmanuel, et à sa relation avec l'attachant Hup)
Mais tout de même : au delà du facteur Madeleine de Proust et de l'indéniable réussite visuelle et artistique, cette série Dark Crystal m'a laissé mitigé : je salue indéniablement le travail abattu et l'ambition du projet, mais je ne peux m'empêcher de penser qu'au format mini-série de 6 x 60 minutes, le Temps de la Résistance aurait été bien plus efficace.
Le récit aurait ainsi été débarrassé de toutes ces digressions inutiles (Andy Samberg en Skeksis excentrique, mouais, pourquoi pas, mais de manière générale, la série est bien trop fascinée par les magouilles des Skeksis pour son propre bien), de tous ces moments un peu trop référentiels (L'Ascendance des Arathims qui s'exprime comme les mains de Labyrinth, Seladon qui bascule du côté obscur et se relooke façon Legend, le double glaive du pouvoir très Musclor, les manigances familiales à la Trône de Fer...) et de cette impression de montée en puissance très progressive (dans la deuxième moitié de la saison) qui freine des quatre fers en arrivant sur la ligne d'arrivée.
En l'état, cette série est frustrante, comme un projet qui aurait trop longtemps mijoté sur les fourneaux, trop souvent changé de forme et de format, et qui finalement se serait cristallisé sous un aspect un peu bâtard, narrativement inégal et laborieux, mais visuellement et créativement remarquable.
Cet aspect visuel compense presque les faiblesses du récit, et nul doute que les spectateurs nostalgiques seront prêts à pardonner ces dernières, pour le simple plaisir de retrouver le monde de Thra. De mon côté, je suis resté un peu sur le banc de touche, à observer le tout sans être vraiment passionné ou captivé, tout en reconnaissant les qualités artistiques du projet.
Et à ce titre, je ne suis pas forcément surpris du non-renouvellement d'un programme à ce point coûteux, mais finalement commercialement peu viable, tant c'est un programme de niche, s'adressant à une tranche démographique très particulière et restreinte.
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Après la première saison de Wandavision, un coup d'essai réussi mais auquel le tourbillon de spéculations du web a fini par faire du mal, place à la nouvelle série du MCU, une série emboîtant directement le pas à Avengers Endgame, et centrée sur Sam Wilson et Bucky Barnes, pour un programme plus axé sur les buddy movies d'antan...
Falcon et le Soldat de l'Hiver, saison 1 (The Falcon & The Winter Soldier : season 1 - 2021) :
- 1x01 :Alors que le monde peine à se remettre du Blip et de l'absence de Capitaine America, Bucky Barnes (Sebastian Stan) et Sam Wilson (Anthony Mackie) tentent de retrouver une vie normale, et de sortir de l'ombre du héros défunt. Le premier est ainsi en thérapie imposée par le gouvernement, tandis que le second, lui, continue d'aider les autorités à traquer des terroristes, avec l'aide de Joaquin Torres (Danny Ramirez), de l'Air Force. Mais bientôt, la menace d'un nouveau groupe terroriste, les Flag Smashers, se fait de plus en plus pesante...
Un épisode de mise en place au ton plus sombre et plus dramatique que la moyenne des métrages Marvel : en reprenant juste après Endgame, la série fait le choix de faire le point sur le monde post-Blip, un monde qui, visiblement, est plus tendu et chaotique que jamais, avec des menaces terroristes inédites qui surgissent à droite et à gauche.
Ce qui donne lieu à une ouverture dans l'action, façon James Bond, qui voit Falcon affronter les troupes de Batroc en Tunisie : c'est spectaculaire, digne d'un long-métrage, et ça permet de donner au spectateur une bonne dose d'action, avant de retourner vers quelque chose de plus posé.
En l'occurrence, Sam, qui d'un côté peine à aider financièrement sa sœur, et de l'autre renonce à l'héritage de Cap en offrant le bouclier de ce dernier au Smithsonian ; et en parallèle, Bucky, en pleine thérapie, qui tente de faire amende honorable auprès de ses anciennes victimes, et de retrouver une vie "normale".
Pour l'instant, les deux hommes sont encore séparés, et évoluent en parallèle. Mais nul doute que l'arrivée des Flag Smashers (apparemment dotés de super-pouvoirs) et celle de l'US Agent (désigné par le gouvernement comme remplaçant de Cap, et héritier de son bouclier) vont rapidement changer la donne.
- 1x02 : Toujours à la poursuite des Flag Smashers, Sam reçoit l'assistance inattendue de Bucky, qui lui reproche d'avoir abandonné le bouclier de Cap au gouvernement. Et justement, le nouveau Captain America (Wyatt Russell) intervient pour les aider, alors même qu'ils sont confrontés à des terroristes aux pouvoirs surhumains, dignes d'un super-soldat.
Un second épisode des plus intrigants, puisqu'il joue ouvertement la carte de la nuance, à la fois au niveau des réactions de Sam (qui analyse et prend toutes les situations avec du recul) qu'au sujet de tous ses personnages secondaires, ce qui déjoue un peu les attentes du spectateur.
John Walker, l'US Agent ? Un militaire doué, mais tout ce qu'il y a de plus normal, et fidèle à son drapeau. Les Flag Smashers ? Des terroristes super-soldats un peu dépassés par les événements, qui volent des ressources médicales pour les apporter à des camps de réfugiés, et qui semblent agir en contact avec un mystérieux Power Broker (et qui reçoivent des menaces par texto ?). Zemo ? Toujours en prison, et donc loin de toute cette agitation.
Et en établissant des parallèles évidents entre Walker et Steve Rogers (un sidekick afro-américain, un patriotisme sans faille, une volonté de bien faire, les relations publiques que son nouveau titre entraîne, et même la réutilisation du thème Star-Spangled Man en mode marching band), le show évite de placer le Cap 2.0 en position d'antagoniste direct (même si la menace persiste çà et là) : une décision intelligente pour brouiller les pistes à de multiples niveaux.
Le tout dans un épisode plus léger, aidé par les disputes constantes de Sam et Bucky, par une jolie scène d'action sur le toit de deux camions, et par l'apparition inattendue d'Isaiah Bradley (Carl Lumbly), aka le Black Cap des comic books, un super-soldat noir utilisé par le gouvernement américain durant la guerre de Corée.
De quoi remettre une nouvelle fois la race de ses protagonistes sur le devant de la scène, tout comme le rappelle au passage l'intervention des policiers lors d'une dispute publique entre Sam et Bucky, lorsque les officiers s'en prennent immédiatement à Falcon et traitent Bucky comme une victime sur la simple base de la couleur de leur peau respective.
Efficace, et je me demande comment Zemo va s'intégrer à tout ça - si ce n'est en révélant de nouveaux secrets relatifs aux expériences sur les super-soldats aux deux héros.
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Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine, et des critiques d'une vingtaine de lignes, tout au plus.
Dark Crystal (The Dark Crystal - 1982) :
Ravagée par les Skeksis, qui ont mis la main sur le Crystal de la Vérité leur permettant de vivre éternellement et l'ont exploité jusqu'à le fissurer, la planète Thra est au bord de l'extinction écologique. Jen, ultime représentant de la race des Gelflings, reçoit alors de Maître UrSu, qui l'a élevé, un dernier message d'espoir : une conjonction céleste va bientôt avoir lieu, et, à cette occasion, Jen est destiné à retrouver un éclat perdu du Cristal, afin de guérir ce dernier, et de mettre un terme au règne de terreur des Skeksis. C'est là le début d'une quête épique et dangereuse...
Un cas assez à part dans le cadre de ma cinéphilie, puisque je n'ai pas revu ce Dark Crystal depuis plus de 30 ans, et que je n'en garde aucun souvenir. Pourtant, je suis plutôt fan du travail de Jim Henson et de Brian Froud (Labyrinth reste l'un de mes films préférés), mais quelque chose m'a toujours empêché de me replonger dans l'univers des Gelflings et de Skeksis, et je n'ai par conséquent jamais eu la moindre nostalgie pour le film, pour ses personnages, pour son univers, etc.
En le revoyant aujourd'hui, la première chose qui me frappe (et ce, dès les premières secondes du métrage), c'est la musique de Trevor Jones, une musique très particulière, mais qui dès ses premières notes, me met étrangement mal à l'aise. Je ne me l'explique pas, mais, plus que les créatures, les Skeksis décatis, l'ambiance générale, etc, ce sont ces quelques notes d'ouverture du thème principal qui me troublent, et ont tendance à me rebuter.
Peut-être est-ce là la raison pour laquelle je n'ai jamais eu envie de revoir le film... mais pas que : j'ai toujours eu du mal avec son script un peu trop basique dans son application du monomythe, avec son protagoniste insipide et inexpressif au possible, avec sa narration omniprésente qui alourdit cette aventure, et avec le design un peu brouillon des Skeksis (les scènes d'intérieur des Skeksis ont un peu tendance à être à la fois surchargées - l'apparence et les tenues des Skeksis - et ternes - couches de tons gris et marrons sur couches de tons gris et marrons).
Pourtant, en soi, Dark Crystal est une œuvre indubitablement ambitieuse, et visuellement somptueuse. L'univers de Thra est splendide, regorge de vie et d'inventivité, et possède un certain charme suranné, qui n'est pas sans rappeler celui des forêts de studio de Legend. L'attention portée au moindre détail de cet univers par l'équipe Henson est palpable, et d'un point de vue technique, le film est une réussite.
Reste que l'univers de Dark Crystal et son histoire ne parviennent toujours pas à m'enchanter, et à m'ôter ce sentiment de malaise que j'éprouve avant même la première apparition à l'écran du moindre personnage. Peut-être que la série préquelle y parviendra.
À voir ce dimanche...
4/6
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Godzilla vs Kong (2021) :
Lorsque Godzilla commence à attaquer sans raison les installations de l'entreprise de technologie Apex, c'est la panique chez les humains. Un plan de derniers recours est alors mis en place : utiliser Kong, toujours sur Skull Island, pour guider une expédition vers le centre de la Terre Creuse, et y trouver une source d'énergie capable de vaincre Godzilla. Avec l'aide de Jia (Kaylee Hottle), une fillette sourde native de Skull Island, et du Dr Ilene Andrews (Rebecca Hall), sa mère adoptive, les humains partent à l'aventure... mais Godzilla se dresse sur leur chemin, et Apex cache un sombre secret tout aussi menaçant.
Malgré quelques belles images, le premier Godzilla (de Gareth Edwards) m'avait particulièrement frustré, refusant de montrer son monstre pendant les 3/4 du film, sacrifiant le seul personnage intéressant du lot très tôt dans le métrage, et proposant des kaijus ennemis assez laids et génériques.
Kong : Skull Island (de Jordan Vogt-Roberts) m'avait déjà un peu plus séduit, malgré son côté pastiche 70s fréquemment trop appuyé et, une nouvelle fois, des personnages humains sans grand intérêt. Histoire de continuer sur la lancée, Godzilla : Roi des Monstres (de Michael Dougherty) s'était avéré un volet à peu près équivalent à Kong : Skull Island - ce qui concernait les monstres, leur mythologie, leurs affrontements, leur mise en image et en musique, tout cela fonctionnait très bien ; mais tout ce qui concernait les humains tombait trop souvent à plat, malgré une distribution sympathique et quelques idées intéressantes.
Reste que le MonsterVerse que Legendary mettait en place avait du potentiel, et que l'affrontement des deux Titans avait de quoi intriguer.
Là, pour Godzilla vs Kong, on change la donne, probablement en réaction des résultats critiques et financiers mitigés de Roi des Monstres : Adam Wingard (Blair Witch, Death Note) passe aux commandes, ILM n'est plus du tout impliqué dans le film, le directeur des effets spéciaux des précédents métrages n'est plus là, et le métrage fait moins de deux heures (ce qui change beaucoup des précédents films à rallonge).
Et malheureusement, malgré l'étrange indulgence critique dont le film a fait preuve en ligne (surtout en comparaison de la volée de bois vert que Roi des Monstres avait reçue), il faut se rendre à l'évidence : ce Godzilla vs Kong est un superbe ratage.
À commencer par ses choix esthétiques. Ils plairont probablement à certains, mais pour ma part, j'ai totalement été rebuté par ces néons fluos qui imprègnent le moindre plan, avec des couleurs hyper-saturées et contrastées : plutôt que de donner du style à l'image, ça donne un côté fauché et cache-misère à ce qui est filmé... pas aidé par un ton parfois goguenard et des effets numériques vraiment très inégaux.
Que ce soit les environnements numériques, le rendu des créatures, leur animation, les incrustations des acteurs, etc, on est en effet un bon cran en dessous des films précédents (déjà qu'eux-même étaient très inégaux, à trop sous-traiter les effets spéciaux à de multiples sous-studios étrangers), et tant Kong que Godzilla paraissent régulièrement brouillons, et mal finalisés.
Peut-être plus gênant, Kong et Godzilla ont clairement été repensés pour pouvoir s'affronter physiquement : leur taille, dans les films précédents, à été revue respectivement à la hausse et à la baisse, de manière à ce qu'ils soient tous deux de stature équivalente ; ils ont perdu beaucoup de leur masse (à certains moments, quand on voit Godzilla piquer un sprint en agitant ses petits bras, on se dit qu'on est bien loin du Titan lent et animal des films précédents), Godzilla charge instantanément son laser, et les monstres sont animés de manière bien plus cartoony (Kong qui baille et se gratte le postérieur en se levant, Godzilla qui ricane en gros plan après avoir touché Kong de plein fouet, Kong qui remet son épaule démise en place comme Mel Gibson dans l'Arme Fatale...).
Le résultat, c'est que toute la présence, la masse et la taille des monstres, soigneusement travaillées dans les films précédents, sont ici totalement oubliées, pour quelque chose qui ressemble plus à un film de kaijus à l'ancienne, où les monstres (surtout Mechagodzilla) ressemblent à, et réagissent comme, des humains se battant dans des décors géants (sauf qu'ici, au lieu d'être des humains en costume, ce sont des humains en capture de mouvements, qui ont été remplacés par des créatures numériques... ou du moins, c'est ce que à quoi tout ça ressemble).
Ajoutez à cela des humains toujours aussi insipides et mal exploités (les rares personnages des films précédents sont soit absents, soit font de la figuration - au point qu'on se demande si 30 minutes de film ne sont pas tombées au montage), de l'humour plat, une bande originale synth-wave totalement hors sujet de Junkie XL (qui répète encore et encore une sorte de thème bootleg de Godzilla jamais à la hauteur de l'original), des morceaux (de la country, Elvis...) utilisés pour injecter un peu de légèreté, et un net virage dans la sci-fi déglinguée (les vaisseaux anti-gravité, le voyage vers le centre de la terre, le mécha façon Pacific Rim) qui empile les facilités et les trous de scénario, et voilà : le film de trop dans ce MonsterVerse.
En une phrase : un film de kaijus trop caricatural qui rate ses humains (mais bon, ça, on en a l'habitude) et qui rate ses monstres...
1.5/6 (pour la petite fille adorable et pour Rebecca Hall, qui fait tout son possible)
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Y a-t-il (enfin) un pilote dans l'avion ? 2 (Airplane II : The Sequel - 1982) :
Alors que le Mayflower, la première navette lunaire commerciale, s’apprête à décoller pour la Lune avec à son bord de nombreux passagers et son ex-compagne Elaine (Julie Hagerty), Ted Striker (Robert Hays) s'échappe de l'asile psychiatrique où il est enfermé depuis qu'il a sauvé un avion de ligne, et monte à bord. Mais lorsque, suite à un problème technique, l'ordinateur de bord se rebelle et prend le contrôle de l'appareil, Ted doit - à nouveau - intervenir...
Une suite directe au précédent Airplane, confiée au réalisateur et scénariste de Grease II, et qui remplace ici les ZAZ à tous leurs postes : par chance, le résultat est loin d'être désastreux, et s'avère une suite honorable à son modèle, même s'il est difficile de ne pas voir là quelque chose de particulièrement formulaïque.
En effet, tout au long de cet Airplane II, on a très fréquemment l'impression d'une copie studieuse et appliquée des ZAZ, qui aurait bien noté toutes les formes d'humour et les types de gag de l'original, et en rejouerait la partition fidèlement, en doublant (voire triplant) les doses, mais sans le sens de l'inattendu et de la surprise de la team ZAZ - si le rythme de plusieurs gags à la minute du premier film est respecté (et amplifié), ces gags sont souvent téléphonés à l'écran quelques secondes avant qu'ils n'arrivent, bien trop évidents, et assez répétitifs.
À trop appliquer à la lettre l'humour ZAZ, ce Airplane II en vient parfois à en exposer les ficelles, au détriment de son efficacité : comme dans tout, il faut de la mesure et du dosage, et ici, il aurait peut-être fallu faire du tri dans les gags conservés à l'écran, pour éviter de trop répéter les mêmes ressorts comiques. Ainsi, prendre une métaphore ou une expression commune au pied de la lettre (que ce soit de manière visuelle, ou au travers d'une réplique), par exemple, ça passe une fois ou deux au cours d'une même scène ; quand on le fait dix fois dans un film, ça commence à se remarquer, mais ça peut aller si la méthode est variée ; dans Airplane II, ce type de gag est quasiment utilisé une fois toutes les 2 ou 3 minutes, au point d'en devenir télégraphié.
Bref, une suite amusante, mais aussi plus répétitive et prévisible, parfois même étrangement méchante et noire dans son humour, parfois un peu trop aléatoire et random (alors que chez les ZAZ, les gags en arrière-plan avaient souvent un rapport avec l'action au premier plan, ou au minimum une cohérence de lieu et/ou de thème, ici, on a occasionnellement l'impression que le scénariste s'est dit "tiens, il faudrait un gag en arrière-plan, mais je n'ai pas d'idée, piochons dans un recueil générique de vannes"), et qui s’essouffle un peu sur la durée à trop singer son aînée... jusqu'à l'arrivée de Shatner, dans la dernière ligne droite.
Un Shatner qui s'éclate clairement et s'amuse à parodier (de manière assez ludique) son Capitaine Kirk, entre autres (alors même que la parodie de Mission Impossible, avec Peter Graves, tombait totalement à plat plus tôt dans le film).
Inégal, mais pas désagréable.
3.5/6
#PasZAZ #NotZAZ
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Monster Hunter (2020) :
Alors qu'ils recherchent des soldats mystérieusement disparus, Natalie Artemis (Milla Jovovich) et son escouade militaire (TI Harris, Meagan Good, Diego Boneta, Jin Au-Yeung...) se retrouvent propulsés dans un monde étrange, où humains et monstres doivent cohabiter, bon gré mal gré. Avec l'aide du Chasseur (Tony Jaa), Artemis tente alors de survivre dans cet environnement hostile...
J'ai une vague expérience de la série de jeux Monster Hunter (et par vague, j'entends que je n'y ai joué que quelques heures à peine), mais je suis certain d'une chose : à aucun moment la série vidéoludique ne se centre sur des soldats contemporains, qui tentent de défourailler du monstre à coups de fusils d'assaut et de grenades. Et donc, logiquement, à aucun moment le personnage de Milla Jovovich n'était l'héroïne des jeux...
Mais ce n'est guère surprenant de se retrouver devant cette adaptation médiocre signée Paul WS Anderson, déjà responsable d'avoir transformé la franchise Resident Evil en série d'actioners débiles mettant en vedette sa femme (Milla, donc, pour ceux qui ne suivent pas) dans un rôle totalement inventé pour elle, à deux doigts du personnage de fanfic self-insert.
Ici, à la limite, on peut dire que malgré l'insertion de Milla Jovovich, femme militaire badass et indestructible qui botte des culs et tient facilement tête à Tony Jaa, le tout ressemble un peu plus au jeu et à son univers... en plus toc (les armes et les costumes font cosplay), en plus terne (l'image est délavée et jaunâtre, avec quelques minutes de verdure au milieu), en plus con (Ron Perlman qui débite de l'exposition et cabotine avec une perruque anime) et en plus testostéroné (le seul Palico du film est le Mewscular Chef, pas très bien animé mais bodybuildé, et qui en prime flirte avec Jovovich).
Après, ça reste du Paul WS Anderson : ça se regarde si l'on éteint son cerveau, si l'on accepte les nombreuses scènes dérivatives (Coucou Alien(s) ! Coucou Stargate !), si l'on ferme les yeux sur les effets spéciaux très inégaux (les monstres sont réussis, malgré leur design générique ; certaines autres scènes - le bateau, notamment - nettement moins), sur les ralentis abusifs et sur la musique électro assez hors-sujet, et si l'on oublie le montage épileptique des scènes d'action, tout droit hérité des derniers Resident Evil (en plus lisible, toutefois, même si ça frôle fréquemment le montage ultra-cut façon Edgar Wright, appliqué à tout et n'importe quoi).
Ça se regarde, malgré tout cela, malgré un rythme faiblard (mise en place de 20-30 minutes, gros ventre mou, et grand final décomplexé opposant un Rathalos à une armée contemporaine) et malgré une conclusion bancale, qui se termine en queue de poisson, pour teaser une suite.
Une fin de métrage qui, de plus, fait le choix de conclure sur une note comique, avec le Mewscular Chief qui passe à l'assaut en miaulant... certes. Pas forcément la meilleure impression sur laquelle laisser le spectateur, après un film à ce point bancal et approximatif.
Reste que ce Monster Hunter se place environ dans la moyenne des films Resident Evil : c'est de l'à peu près, ça propose quelques idées et images intéressantes, mais ça s'arrête là.
2.25/6
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Raya et le dernier dragon (Raya and the Last Dragon - 2021) :
Pour lutter contre les forces maléfiques qui envahissent lentement son royaume depuis que les divers clans le formant se sont déchirés et que les derniers Dragons protecteurs ont disparu, Raya (Kelly Marie Tran) arpente le pays à la recherche des fragments d'une pierre précieuse renfermant la magie des dragons. Avec l'aide de Sisu (Awkwafina), la dernière des dragonnes, et d'un groupe hétéroclite de compagnons, Raya va tout tenter pour sauver la planète de la destruction...
Dernier Disney en date, sorti à la fois sur Disney + et en salles, Raya et le dernier dragon se voulait un pas de plus dans la direction de la diversité et de la représentativité ethnique, ce qui n'est jamais une mauvaise chose.
Léger bémol pour moi, cependant : une absence totale d'affinité ou de réel intérêt de ma part pour l'esthétique sud-asiatique dont s'inspire grandement ce métrage animé pour donner naissance à son univers, un univers au carrefour des cultures et qui n'a pas été sans m'évoquer le monde d'Avatar, le dernier maître de l'air, notamment pour ses divers clans que l'héroïne tente d'unir.
Après, je mentirais en disant que je n'ai pas été agréablement surpris : contre toute attente, et malgré un récit assez balisé (principalement dans sa dernière ligne droite), j'ai trouvé le tout plutôt sympathique, tant au niveau de ses personnages secondaires (j'ai un faible pour Tuk Tuk, le chien-tatou de l'héroïne) que de son récit et de son esthétique.
Awkwafina, notamment, est comme toujours excellente dans son rôle, et ce quand bien même les dialogues et les expressions un peu trop modernes de sa dragonne (et de Raya elle-même, d'ailleurs) jurent un peu avec le décorum de cet univers de fantasy asiatique (c'était probablement voulu, mais en l'état, c'est à la fois trop peu pour fonctionner, et un peu trop pour être imperceptible - le postérieur entre deux chaises, en somme).
Bref, Raya, c'est techniquement très réussi (Disney oblige), c'est bien doublé et c'est divertissant (sans oublier l'avantage de ne pas avoir de chansons insipides toutes les dix minutes) ; cependant, tout cela ne suffit pas forcément pour en faire autre chose qu'un énième long-métrage Disney compétent, bien produit mais finalement pile dans la moyenne du studio - ça ne marquera pas forcément éternellement les mémoires et ça ne sera jamais un nouveau classique du genre... mais après tout, est-ce vraiment ce qu'on lui demandait ?
Un petit 4/6
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Zack Snyder's Justice League (2021) :
Les efforts de Batman (Ben Affleck) et de Wonder Wolan (Gal Gadot) pour former la Justice League avant que Steppenwolf, émissaire de Darkseid, ne parvienne à réunir les trois Mother Boxes lui ouvrant la porte de notre planète...
# LE CONTEXTE #
On connaît l'histoire de cette Snyder Cut :
- comment Snyder, endeuillé par la mort de sa fille, a quitté le tournage de son Justice League en cours de route, laissant derrière lui une Assembly Cut non terminée de plus de 5 heures, là où il s'était contractuellement engagé à réaliser un film de 120-150 minutes ;
- comment la Warner, face à cette situation, a ouvert son chéquier pour que Joss Whedon, auréolé du succès des deux premiers Avengers, s'occupe de finaliser le film, et de le rendre commercialement viable (comprendre : de le rapprocher un peu des standards Marvel) ;
- comment la version Whedon, hybride de deux styles incompatibles, a été fraîchement reçue par la critique et les spectateurs, et a déçu au box-office ;
- comment les fans les plus hardcore de Snyder (un véritable Snyder Cult, pour qui Snyder est un Dieu vivant du cinéma, la Warner le pire des démons, et Whedon un disciple de Satan) ont fait campagne pendant des années pour forcer le studio à #ReleaseTheSnyderCut, allant jusqu'à harceler, doxxer, insulter, etc, toute personne vaguement liée de près ou de loin à la Warner ou au monde des superhéros ;
- comment Snyder, gros roublard et provocateur assumé, a soigneusement entretenu cette campagne à grands renforts d'affirmations approximatives et parfois contradictoires (sur la durée de sa Cut, sur son état de finalisation, sur son contenu), de photos de tournage, et de sous-entendus ;
- et enfin comment, à la recherche de contenu à buzz à diffuser sur leur plateforme de streaming naissante, les studios Warner ont fini par céder, et par donner 70 millions de dollars à Snyder pour produire cette Snyder Cut.
Pour certains, donc, il faut voir dans cette Zack Snyder's Justice League une victoire concédée à un réalisateur arrogant, persuadé de la profondeur de son œuvre et de l'avant-gardisme de sa vision grimdark des comics (vision adolescente et immature périmée depuis les années 90), ainsi qu'au pan le plus radical et toxique de sa fanbase, équivalent de QAnon pour le cinéma de divertissement - même complexe de persécution, même tendance à voir des conspirations partout, même vénération d'une figure messianique, même recoupement avec les cercles les plus alt-right du web (MRA, Comicgate, Gamergate, 4chan, Parler, etc, dont certains membres les plus médiatiques ont même droit à des remerciements dans le générique de fin de cette version), même tendance à brandir quelques bonnes causes comme autant de boucliers leur permettant de détourner l'attention de leurs actes les plus odieux et même certitude de détenir la vérité unique sur le monde, sur les valeurs vraies de la société, etc.
Pour d'autres, la réhabilitation d'un auteur visionnaire à l’œuvre fondatrice sacrifiée sur l'autel de l'argent par un studio incompétent, manipulateur, raciste et idiot, trop préoccupé par le succès indigent des blockbusters bas-de-plafond et gamins de la concurrence pour appréhender l'intelligence et la profondeur mythologique de l'approche Snyder.
Et puis il y a ceux qui considèrent ce Justice League comme une expérience intéressante, très similaire à la Donner Cut de Superman 2, qui permet à un film clairement malade et charcuté de renaître de ses cendres, et de présenter une vision homogène de son projet artistique.
Bon, pas de surprise, ce projet artistique est un projet made in Snyder : c'est ultra-pompeux, ultra-sérieux, bourré de ralentis et d'images désaturées, c'est dark and gritty, bref, si l'on est réfractaire au style du bonhomme, ce n'est pas ce Justice League 2.0 qui va y changer grand chose.
Mais, sans véritable surprise aussi, ce JL 2.0 est nettement meilleur que la version salles.
# LE FILM #
Quatre heures de métrage, six chapitres et un épilogue, un format 4/3 étriqué (et encore, on a échappé au noir et blanc !) : cette Justice League n'est pas un film à proprement parler. C'est un concept, un projet artistique, un fourre-tout décadent impossible à sortir en salles, bourrés de moments superflus (durant les premières parties, surtout), dans lequel Snyder a mis tout ce qui lui faisait plaisir, et tout ce que les fans lui ont demandé au fil des ans. Ça tombe bien : depuis Batman vs Superman, les fans de Snyder ont pour mot d'ordre « plus il y en a, mieux c'est », et Zackounet ne fait que répondre à leur demande.
Cela dit, on comprend sans peine que la Warner ait paniqué en découvrant les cinq heures de la copie de travail de Snyder.
Tout comme on comprend aussi la colère de Ray Fisher en voyant le plus gros de l'intrigue de Cyborg, son personnage, être condensée au maximum par Whedon, alors qu'elle est développée en long, en large et en travers chez Snyder (malheureusement, elle n'y dépasse pas vraiment le stade du double cliché "jeune Afroaméricain en colère" souffrant d'un "père absent", et Fisher ne fait pas vraiment preuve d'un grand charisme au travers de ce personnage numérique et perpétuellement mécontent).
Par contre, on comprendra un peu moins toutes ces critiques ébaubies qui voient ici un métrage radicalement différent de la version Whedon. Les grandes lignes et le déroulement de la version 1.0 sont les mêmes, les rebondissements aussi, la caractérisation idem, et, au pire, la version Whedon apparaît comme une version abridged de celle de Snyder, qui a toujours quelques problèmes de logique interne et d'éléments inexplicables.
En rajoutant énormément de tissu connectif, la Snyder Cut rend son récit nettement plus cohérent et fluide, ce qui n'est pas forcément surprenant pour qui avait vu la version longue de Batman vs Superman : avec sa demi-heure supplémentaire, celle-ci développait plus ses personnages et son récit, rendant ce dernier plus logique et homogène. Ici, notamment, des scènes comme la prise des Boîtes par Steppenwolf se trouvent étoffées, et fonctionnent nettement mieux.
Mais comme la VL de BvS, la Snyder Cut souffre aussi des choix créatifs de ses auteurs : les événements de la JL 2.0 découlent toujours des idées stupides de BvS, sans jamais vraiment les corriger (même par rapport à la Whedon Cut). Batman reste un Ben Affleck engoncé dans une tenue pataude en mousse, à la traîne derrière ses collègues ; Superman reste une figure messianique qui prend des poses chrétiennes et arrive juste à temps pour démolir sans efforts le big bad ; le film doit toujours intégrer tous les membres secondaires de la League à son récit sans qu'ils aient eu droit à des origin stories ; Flash continue d'être un nerd asocial aux traits d'humour bancals ; et, Snyder oblige, Wonder Woman reste ultra-violente, explosant des mercenaires contre les murs dans des gerbes de sang avant de se tourner vers une fillette terrorisée et de lui asséner en souriant un message girl power se voulant rassurant.
Il faut être très clair : à la vision de cette version longue, n'importe quel spectateur un peu objectif et ayant des notions de rythme et de montage repère immédiatement pléthore de scènes à couper ou à raccourcir. Que ce soit du côté d'Aquaman (les chanteuses qui reniflent son pull, son plongeon au ralenti façon pub de parfum), de Themyscira (la flèche et son rituel, certains dialogues redondants), de Cyborg (qui a deux flashbacks différents pour raconter ses deux traumas - son accident, et l'absence de son père à son match de foot), de Lois (qui passe tout le film à déprimer), de Steppenwolf (qui a plusieurs appels en visio avec DeSaad, histoire d'insister sur le fait que Steppenwolf est bien un sbire incapable se trouvant en bas de l'échelle hiérarchique des maychants, comme si le fait qu'il batte en retraite à chaque confrontation contre la League ne rendait déjà pas tout cela évident), de Flash (le sauvetage d'Iris et de la saucisse), de Silas Stone (énormément de scènes à Starlabs, qui n'apportent pas grand chose au récit), du Martian Manhunter (deux scènes totalement inutiles), etc.
C'est bien simple, en combinant tous ces moments (typiques d'un director's cut où le réalisateur a carte blanche et ne se préoccupe pas du rythme et de la durée du film) aux innombrables ralentis snyderiens qui occupent le plus clair de la première moitié du film, ainsi qu'aux visions baptisées Knightmare sans intérêt intrinsèque (si ce n'est ouvrir la porte à une nouvelle campagne en ligne du Cult, toujours plus toxique), il est probablement possible d'exciser entre 30 et 45 minutes de cette Justice League 2, si ce n'est une bonne heure en redynamisant un peu de nombreuses scènes qui trainent en longueur.
Soit un métrage final qui ferait dans les trois heures : nettement plus acceptable, d'un point de vue narratif, et mieux rythmé. Alors certes, cela resterait une version visuellement étriquée par le 4/3, et dont l'approche ultra-sombre et violente, interdite aux moins de 17 ans, rendrait une exploitation salle impossible (prendre des personnages superhéroïques emblématiques, et se débrouiller pour en faire un film que les enfants ne peuvent pas voir, c'est la méthode Snyder), mais l'unité thématique et conceptuelle du tout aurait probablement plus convaincu que le côté patchwork déglingué de la version salles.
Et contrairement à la VL de BvS, qui perdait en rythme et en énergie ce qu'elle gagnait en cohésion et en logique, cette VL de Justice League reste globalement meilleure que la version cinéma. Mais Snyder a clairement eu un avantage de taille, ici : il a pu s'appuyer sur toutes les critiques adressées à la version Whedon, et sur tous les désidératas des fans, pour tenter de bricoler une version bâtarde combinant son Assembly Cut, la version salles et une hypothétique version rêvée, le tout pour relancer la machine et amener son Cult à poursuivre sa campagne et à #RestoreTheSnyderVerse.
Mouais. Tout ça pour en arriver là, en somme. Zack Snyder's Justice League est un bien meilleur film que la version Whedon, c'est indubitable (pas difficile, cela dit), mais reste un métrage malade, toujours tiraillé entre diverses intentions commerciales, prétentions artistiques et exigences de fans totalement incompatibles. C'est mieux que rien (ou que la 1..0), mais ce n'est commercialement pas viable (le film est impossible à sortir en salles en l'état), et ça demande que l'on adhère à l'approche très polarisante de Snyder, à ses choix "artistiques" et musicaux et à sa vision des superhéros DC... ce qui est loin d'être le cas de tout le monde.
3.5/6
(grosse déception que le Darkseid de Snyder, un Darkseid qui bat en retraite après avoir pris un coup de hache, et au design trop élancé)
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Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine, et des critiques d'une vingtaine de lignes, tout au plus.
Et cette semaine, le blog se met à l'heure de l'Irlande, pour célébrer la Saint Patrick !
Lucky (2019) :
Leprechaun malheureux depuis que l'or de ses ancêtres a été dérobé par un dragon, Happy McSweeney (Gunnar Sizemore) et ses amis - Shannon (Kira Kosarin) l'elfe aventureuse, Reggie (Flula Borg) le gremlin destructeur et Sammy (Ron Funches) le géant bienveillant - découvrent que ce trésor est aux mains du maléfique Houlihan (Mark Hammill)... et ils décident de le récupérer.
Un moyen métrage de 42 minutes produit par et pour la chaîne Nickelodeon par d'anciens scénaristes et animateurs de chez Dreamworks, ce Lucky n'est pas désagréable à suivre, loin de là : c'est plutôt bien produit, visuellement amusant et ludique, avec un univers sympathique et bigarré, et un rythme soutenu.
Peut-être un peu trop, d'ailleurs, puisqu'on retombe vite dans une frénésie gratuite typique d'une certaine catégorie de dessins animés pour enfants, et qui dissimule un peu, derrière une énergie surmultipliée, les faiblesses de son écriture. Ici, en l'occurrence, je ne peux pas dire que j'aie été convaincu par Reggie, le personnage supposément comique et chaotique du métrage, dont les tentatives d'humour tombent fréquemment à plat.
Par chance, le doublage est globalement plutôt bon (même si Flula Borg atteint ici aussi ses limites), et la musique punk celtique donne un peu de punch au tout... mais bon, ça reste relativement anecdotique.
3.5/6
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Le Peuple loup (Wolfwalkers - 2020) :
En 1650, sous l'autorité de l'implacable Lord Cromwell, la ville irlandaise de Kilkenny vit cloîtrée derrière des murs, à l'abri des hordes de loups vivant dans la forêt toute proche. Mais Robyn, la fille de Bill Goodfellowe, le chasseur de loups de la ville, n'a qu'une idée en tête : accompagner son père en forêt, malgré son refus, et l'aider dans sa chasse. Elle brave alors l'interdit, et croise le chemin de Mebh, une fillette vivant avec les loups, car capable, comme sa mère, de se transformer la nuit en l'un de ces animaux...
Qui dit Irlande et film d'animation dit bien entendu Brendan et le Secret de Kells, ainsi que Le Chant de la Mer, collaborations entre le réalisateur et scénariste irlandais Tomm Moore, et le compositeur Bruno Coulais : des films d'animation empreints de tradition et d'atmosphère celtique, particulièrement réussis tant visuellement que thématiquement.
Et donc Moore et Coulais remettent le couvert avec ce Wolfwalkers, sorti directement sur la plateforme Apple Tv aux USA, et qui s'inscrit directement dans la continuité artistique et thématique des deux autres films du réalisateur : c'est beau, c'est poétique, c'est enchanteur et magique, et ce n'est pas sans rappeler Kells, avec cette ville fortifiée entourée d'une forêt sauvage et pleine de mystère.
Seul bémol, peut-être, un côté très prévisible de son dernier acte, qui fait que l'on voit venir bien à l'avance la dernière ligne droite du film ; et peut-être aussi le manque de communication entre Robyn et son père, qui est parfois tellement forcé (avec les personnages qui s'interrompent systématiquement alors qu'ils sont sur le point de s'expliquer des éléments importants de l'histoire) qu'il en devient un peu frustrant.
Un poil (de loup) en dessous des deux films précédents, donc, en ce qui me concerne, mais cette légère faiblesse est amplement compensée par le graphisme et l'animation du métrage, vraiment remarquables.
4.25/6
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Après son intégraleAgents of SHIELD, Sygbab revient aux fondamentaux, avec un incontournable de la science-fiction télévisuelle...
Firefly, saison 1 (2002) :
Les mésaventures des membres de l'équipage du Serenity, un vaisseau dirigé par le Capitaine Mal Reynolds (Nathan Fillion), qui se trouvent embarqués dans des événements qui les dépassent lorsqu'ils accueillent à bord des passagers aux nombreux secrets (Summer Glau, Sean Maher, Ron Glass)...
L'univers dépeint dans Firefly dénote dans le paysage de la science-fiction, et ce pour plusieurs raisons. En premier lieu, la fédération de planètes existante - nommée l'Alliance - est composée uniquement de la race humaine qui a colonisé l'espace, ce qui implique une absence totale d'aliens.
C'est un monde proche du nôtre - impression renforcée par le fait que la langue la plus parlée soit le mandarin -, possédant néanmoins une évolution technologique plus avancée. Son autre particularité est de marier les genres en donnant une touche western à l’ensemble (alliant ainsi les flingues aux vaisseaux spatiaux) avec bonheur car cela fonctionne parfaitement.
Entre les planètes à l'apparence stérile à cause de leurs empilements de bâtiments tous aussi gigantesques les uns que les autres, et les coins perdus dans le désert et la poussière, il y a un monde d'écart, et l'équipage du Serenity vit entre deux. Mal et ses compagnons d'infortune sillonnent l'espace à la recherche du premier travail disponible, qu'il soit honnête ou non : le plus important, c'est qu'il rapporte de l'argent.
Aux contraintes de devoir régulièrement être employés s'oppose l'avantage indéniable d'être totalement libres et indépendants. Cette volonté est justifiée par le fait que Mal et Zoé ont combattu ensemble dans le camp des Browncoats dans la guerre qui a vu la victoire de l'Alliance et qu’ils ne peuvent se résoudre à faire partie de ce système.
Par extension, ce passé commun explique également la loyauté indéfectible qu’il a envers ses troupes : pas question de les abandonner, leur vie passe avant le respect d'un contrat si qui que ce soit est mis en danger. Interprété par un Nathan Fillion ultra charismatique, le capitaine a une morale et un honneur qui lui sont propres, évidemment imposés par les circonstances.
Lors du pilote, l'ironie veut qu'en essayant de passer inaperçus pour les besoins d'un petit boulot, l'équipage embarque à son bord un médecin en fuite dont la sœur a subi des expérimentations du gouvernement, tous deux étant activement recherchés par l'Alliance.
Le mystère entourant River constitue le cœur de la mythologie de la série et aussi sa plus grande frustration car elle commençait à peine à être développée au moment où la série a été fauchée en plein vol, suite à son annulation.
Assez discrète pendant une bonne partie de la saison du fait d'interactions très limitées avec les autres membres de l'équipage - entre autres parce que les séquelles de ce qu'elle a subi l'ont amenée à se replier sur elle-même et qu'elle est par conséquent considérée comme étant un peu folle -, River se révèle sous un jour nouveau dans War Stories. La réplique « no power in the verse can stop me », concluant une scène impressionnante dans laquelle elle tue les yeux fermés trois hommes situés à des endroits différents, suggère que c'est une machine à tuer en sommeil.
Quoi qu'il en soit, au vu des méthodes employées par les effrayants hommes aux gants bleus dans Ariel, les secrets qu'elle renferme doivent être d'une importance capitale. Dans ce même épisode, Simon découvre que le cerveau de sa sœur a été charcuté à plusieurs reprises, notamment pour lui ôter la partie permettant de contrôler les émotions. Cela explique bien des choses sur son comportement… Malheureusement, ce sont autant d’éléments qui resteront en plan.
C’est bien dommage, mais c’est le seul point noir - totalement indépendant de la volonté de l’équipe scénaristique - et le reste est réjouissant. Après des débuts timides, la série gagne progressivement en rythme et ne s'essouffle pas jusqu'à la fin. Ce qui fait la réelle différence, c'est l'attachement aux personnages.
Grâce à un très bon casting et à l'alchimie entre les membres d'un équipage pourtant très disparate, les épisodes restent agréables même quand il ne se passe pas grand-chose car l'humour est omniprésent. Les moments cocasses sont légions (quasiment à chaque fois que Jayne ouvre la bouche, par exemple), et c'est ce même humour qui permet de désamorcer certaines situations dramatiques.
Cette façon de faire passer la violence de manière presque décontractée trouve son point d'orgue dans War Stories quand Mal et Wash se chamaillent à propos de Zoé sous la torture, tandis que Niska y prend un plaisir sadique. Il y bien d'autres exemples, mais en faire une liste exhaustive ne serait pas forcément judicieux car cela ne rendrait pas justice aux situations évoquées.
Ce mélange entre drame et comédie n'est pas incongru dans une série de Whedon puisque c'était déjà l'une des forces de Buffy et Angel, mais c'est sans doute encore mieux maîtrisé ici. Pour étayer ce propos, le cas de Jaynestown est représentatif : alors que la grande majorité de l'épisode est hilarante et donne même lieu à l'un des grands moments de la série grâce à la chanson The Hero of Canton, la fin est beaucoup plus sérieuse et s'interroge sur le besoin de la communauté qu'ils ont côtoyée de croire en un héros, quand bien même Jayne en est à l'opposé.
Sa motivation principale reste l'argent, ce qui l'amènera à trahir son capitaine dans Ariel avant que ce dernier mette les choses au point avec une grande fermeté. Mais Mal savait à quoi s'attendre, puisqu'il l’avait engagé alors que ce dernier le tenait en joue, en lui proposant plus d'argent que ce qu’il gagnait.
Ce retour dans le passé s'effectue dans Out of Gas, qui propose deux niveaux de flashback différents, l'un d'entre eux revenant sur les origines de la constitution de l'équipage. Outre Jayne, Kaylee est recrutée elle aussi dans des conditions un peu particulières, après une partie de jambes en l'air avec le mécano incompétent dont Mal s'était attaché les services.
Adorable, elle est aussi une optimiste invétérée, un peu rêveuse, et considère son capitaine comme son grand-frère. Par ailleurs, sa relation avec Simon est finement écrite et c’est à souligner car de fait, elle n’est pas envahissante à l'écran.
L'autre ajout concerne Inara, qui permet au Serenity d'avoir une certaine respectabilité partout où le vaisseau se déplace, grâce au statut de cette dernière. Le flashback revenant sur le moment où elle conclue un accord avec Mal est parfaitement représentatif de ce que sera ensuite leur relation : un amour un peu vache, qui les amène à se chamailler sans cesse, incapables de s'avouer à eux-mêmes ou à l’autre qu'ils éprouvent des sentiments. Quant à Wash, sa moustache est très drôle, et le fait que Zoé ne l'aimait pas au départ est un clin d'œil sympathique.
Généralement, chaque protagoniste a son petit moment de gloire dans chaque épisode et tout le monde évolue de concert, ce qui est une véritable gageure quand il faut gérer autant de personnages à la fois. À part River dont le cas a déjà été évoqué, il y a une exception : Book.
Peu présent, il restera jusqu'à la fin entouré d'une aura de mystère car, à plus d'une reprise, il fera preuve de talents insoupçonnés et fort utiles, et son passé (avant d'être prêtre) suscite beaucoup de questions. Mais comme tous, il est bien caractérisé, et cela rend savoureuses les relations entre les personnages. La vie de ce groupe, composée de fous rires, de frictions et de moments de solidarité dans l'adversité, transpire à l'écran.
Il y a donc tout ce qu'il faut pour une série de qualité : des épisodes qui tiennent la route, une montée en puissance progressive, un fil rouge ayant du potentiel, et des personnages crédibles et intéressants. Quel dommage qu'elle n'ait pas eu le temps de s'installer à l'écran, car elle aurait sans doute atteint d'autres sommets. Mais avec le traitement qui lui a été réservé par la FOX, il était bien difficile de faire mieux...
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Après le changement de format de la saison 6, l'intégrale Agents of SHIELD de Sygbab touche enfin à sa fin, en même temps que la série...
Marvel : Les Agents du SHIELD, saison 7 (Marvel's Agents of SHIELD, season 7 - 2020) :
Bien décidés à empêcher l'invasion de la Terre, Coulson et son équipe remontent le temps pour tenter d'intercepter les Chromicons et d'empêcher ces derniers d'altérer l'histoire établie à leur profit...
Alors que les Chromicons étaient presque en arrière-plan lors de la précédente saison, leur volonté de faire de la Terre leur nouvelle planète d'accueil devient le fil rouge de cette nouvelle année. Leur stratégie pour accomplir cette mission sans s’engager dans un conflit ouvert est ambitieuse : en altérant la ligne temporelle, ils souhaitent se débarrasser du S.H.I.E.L.D. car visiblement, ce serait la seule organisation susceptible de les gêner dans l'atteinte de leur objectif...
L'enjeu est de taille, ce qui oblige donc nos héros - presque ordinaires mais pas tous humains - à être une fois de plus sur le pont pour préserver ce pour quoi ils se sont battus. Il y a de quoi être sceptique car le concept est casse-gueule, d'autant que jusqu'à présent, les voyages dans le temps n'ont pas été gérés au mieux dans la série. Or, de manière assez miraculeuse - ou dans un sursaut d'orgueil -, l'équipe créative décide enfin d'adopter un ton plus léger en proposant des épisodes qui se distinguent en grande majorité les uns des autres, même si la trame de fond est toujours présente.
Le prétexte est assez malin : afin de suivre les Chromicons dans le passé, la fine équipe embarque dans le Zephyr, amélioré pour l'occasion par Enoch, Fitz et Simmons dans le futur. Doté de technologies très avancées, il permet de localiser l'époque et le lieu où seront leurs ennemis, avec toutefois un défaut majeur : les sauts temporels peuvent intervenir à tout moment à cause d'un dysfonctionnement.
Enoch en est d'ailleurs victime dès le deuxième épisode, se retrouvant seul en 1931 car il n'a pas pu monter à temps dans le vaisseau. Il réintègre l'équipage près de 40 ans plus tard, alors qu'il aurait pu retrouver ses compagnons d'infortune dès 1955, mais ces derniers étaient trop occupés à se servir de lui comme relais téléphonique plutôt que de le localiser. Ce comique de répétition présent dans le 7.04 Out of the Past est bien senti, et c'est l'une des rares fois où Enoch s'approche de l'exaspération.
Cet épisode a la particularité d'être tourné en noir et blanc - ce qui lui donne un certain cachet - et de réécrire la mort de Daniel Sousa, figure déjà connue dans cet univers par le biais du spin-off centré sur Peggy Carter. Apparu dans le 7.03 (dans lequel il démasque Simmons qui se faisait passer pour la célèbre agente du SSR), il devient malgré lui membre de l'expédition qui doit garantir un futur dont il n'est pas censé faire partie.
Son arrivée est une bonne idée car il est issu d'une époque où les méthodes sont différentes et cela rend savoureuses ses interactions avec ses nouveaux collègues. Il sait se rendre utile, sauve Daisy d'un mauvais pas, et donne l'impression d'avoir toujours été là. De la même manière, sa relation naissante avec Daisy semble couler de source. Une vraie réussite, grâce au charisme et au jeu sobre d'Enver Gokaj, très bon dans le rôle.
Pendant qu'il apprend à s'adapter, d'autres doivent composer avec le passé. C'est le cas de Mack et Deke, qui restent bloqués plusieurs mois en 1976. Le 7.07 The Totally Excellent Adventures of Mack and the D raconte leurs déboires et se transforme rapidement en festival de références croustillantes avec des Chromicons reconstruits façonShort Circuit ou encore Coulson emprisonné dans une télé et doté d'un avatar à la Max Headroom.
C'est également l'occasion de voir le Deke Squad, une belle brochette de bras cassés rassemblés dans l'optique de reconstruire le S.H.I.E.L.D. De prime abord, Mack a de sérieux doutes sur le bien-fondé de l'opération et en fait part à son comparse sur un ton virulent, avant de s'apercevoir que celui qu'on pourrait considérer comme le boulet de service s'occupe régulièrement de son alter-ego plus jeune.
C'est le début de la réhabilitation du personnage de Deke, beaucoup plus supportable quand sa sensibilité et son altruisme sont mis en avant, et qui trouvera une conclusion satisfaisante à l'approche du final en restant dans cette nouvelle chronologie pour que ses amis puissent retrouver la leur.
Il était évident que toutes ces incursions dans le passé finiraient par chambouler le déroulement de certains évènements, et ce dès le début puisque la première action des Chromicons est de prévenir Wilfred Malick de sa déchéance à venir afin d’accélérer la prise de pouvoir d'Hydra. Le débat est vif : faut-il le tuer ? Mack s'y oppose fermement, mais Daisy va à l'encontre de ses directives en demandant à Deke de l'éliminer. Celui-ci ne peut s'y résoudre mais finit par prendre cette lourde responsabilité bien plus tard, alors que Freddy est bien établi à la tête du S.H.I.E.L.D et d'Hydra.
Outre les implications morales de ce choix, les conséquences sont catastrophiques car cela donne de bonnes raisons à Nathaniel Malick - encore en vie dans cette ligne temporelle - de s'allier aux Chromicons et d'appliquer le fameux adage Discovery requires experimentation de Whitehall pour s'approprier les pouvoirs de Daisy. Cette variation intéressante est rendue possible par la volonté des scénaristes de revisiter la série, et il s'avère être un adversaire très dangereux.
Pour pimenter le tout, ll se rend à Afterlifepour disposer des inhumains à sa guise et surtout pour convaincre Kora de rejoindre sa cause. Il s'agit ni plus ni moins de la sœur de Daisy et la confrontation qui s'annonce est un crève-cœur pour cette dernière car l'occasion de reconstruire sa famille - sans son père toutefois puisque Calvin est aux abonnés absents - fait long feu : Jiaying meurt également dans cette ligne temporelle, alors qu'elle n'était pas aveuglée par une haine sans limite et qu'elle avait aidé Yo-Yo à retrouver ses pouvoirs en identifiant la cause comme étant psychologique et non physiologique.
En revanche, le pouvoir de Kora qui consiste à manipuler l'énergie est un peu fourre-tout : elle peut créer des rayons surpuissants qui détruisent tout sur leur passage, redonner la vie, et même servir d'amplificateur pour n'importe quel signal... Ce dernier point est d'une importance capitale dans le final puisqu'elle diffuse aux Chromicons le don d'empathie dont May s'est retrouvée nouvellement dotée depuis qu'elle est elle aussi revenue à la vie (même si sa mort fut de courte durée).
C'était donc le grand plan de Fitz et Simmons, qui n'ont vu qu'une seule solution après avoir longuement étudié toutes les possibilités qui s'offraient à eux : foutre la timeline en l'air dans le but que Kora donne des émotions à leurs adversaires au dernier moment pour les inciter à rendre les armes, tout en s'assurant que leurs camarades survivent afin qu'ils puissent utiliser le voyage quantique pour retourner dans leur chronologie...
Il y a des réminiscences d'Avengers Endgame dans tout ça, mais c'est encore plus tiré par les cheveux. Tout au plus peut-on admettre qu'il était effectivement préférable que Simmons ne puisse pas se souvenir des détails, sinon elle aurait eu des migraines au quotidien, tout en se demandant comment un plan aussi précis a pu se dérouler comme prévu sans qu'elle puisse donner de directives.
Même si Fitz est un génie - miraculé, les séquelles apparues suite à son séjour au fond de l'océan ont vite été évacuées de la série - et qu'il a disposé de plusieurs années pour étudier le timestream (suffisamment pour avoir une fille avec Gemma), c'est tout de même étrange qu'il ait pu entrevoir ce que Sybil n'a pas prédit avec le même outil, alors qu'elle le maîtrise à la perfection depuis bien plus longtemps. En l'état, les explications données ne sont pas vraiment convaincantes, mais il faut malheureusement s'en contenter.
Reprogrammé à cette occasion pour protéger le secret de Gemma quel qu'en soit le prix, Enoch est prêt à tuer pour suivre ses instructions. Il le fait d'ailleurs à plusieurs reprises, sans que cela soit définitif puisque le 7.09 As I Have Always Been est un exercice de style bien connu, un Groundhog Day (jour sans fin) bien tenu dans lequel il se sacrifie en donnant de son plein gré une pièce qui fait partie intégrante de sa machinerie pour réparer le Zephyr. Même si la résolution est un peu facile (les personnages nous y préparent en répétant à plusieurs reprises le terme Phlebotinumdans l'épisode), cela offre une belle sortie au personnage, qui fait là ce qu'il y a de plus humain.
Pour les autres protagonistes, le final fait un tour d'horizon du devenir de chacun lors d'une réunion virtuelle : May est professeur dans une académie nommée en hommage à Coulson, Leo et Gemma se sont retirés et construisent leur vie de famille, Mack est toujours directeur et compte Yo-Yo dans son équipe, et Daisy continue à explorer l'espace en compagnie de Kora et Sousa, probablement au sein de l'organisation S.W.O.R.D. sans toutefois que cela soit mentionné.
Des fortunes diverses qui semblent parfois imposées (le cas de May est le meilleur exemple) mais qui confèrent une note positive à cette conclusion. Quant à Coulson, il profite de la vie et peut s'envoler une dernière fois avec une nouvelle version de L.O.L.A., histoire de rappeler qu'il a la classe en toutes circonstances.
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Après une saison 5 assez mitigée, l'intégrale Agents of SHIELD de Sygbab se poursuit et s'approche de sa conclusion...
Marvel : Les Agents du SHIELD, saison 6 (Marvel's Agents of SHIELD, season 6 - 2019) :
Un an après la mort de Coulson, le SHIELD se reconstruit lentement sous la direction de Mack ; de leur côté, Daisy, Jemma et les autres tentent de retrouver Fitz, perdu dans l'espace dans une stase cryogénique...
Cette saison se démarque tout d'abord par son format plus court que les précédentes, puisqu'elle est dotée de seulement 13 épisodes au lieu des 22 habituels sur les grands networks américains. Cela présente normalement deux avantages : une réduction des coûts d'ensemble qui permettent éventuellement d'investir un peu plus dans les effets spéciaux, et une intrigue qui va à l'essentiel.
Ce qui se traduit d'ailleurs à l'écran par (enfin) des scènes en extérieur (après la claustrophobie extrême de la saison 5, ça fait du bien de voir la lumière du jour), et quelques plans dans l'espace un peu plus réussis même si ce n'est pas non plus extraordinaire. L'écriture, quant à elle, est parfois assez bancale - ce qui n’a plus rien d’étonnant.
Trop d'éléments reposent sur une suspension d'incrédulité accrue, à commencer par la recherche de Fitz qui pose plusieurs problèmes majeurs. Le premier est évidemment le paradoxe temporel que cela crée : cette version de Léo est celle qui est cryogénisée à bord du vaisseau d'Enoch afin de pouvoir sauver ses amis dans le futur.
Plutôt que de s'embarrasser à répondre à des interrogations légitimes, seul la théorie du multivers de Deke est avancée comme explication, cette dernière partant du principe que chaque choix engendre une dimension parallèle dans laquelle les évènements se déroulent d'une manière différente. C'est un peu tiré par les cheveux mais c'est le lot des voyages temporels.
L'autre point à relever concerne la gestion des voyages interstellaires : en l'espace d'un an, l'équipage constitué autour de Simmons et Daisy a parcouru la totalité de la galaxie, et le retour de l'Inhumaine sur Terre est très rapide. Visiblement, le S.H.I.E.L.D. a réussi à développer une technologie plus efficace que le warp...
Que la Lighthouse dispose d'une certaine richesse de connaissances est une chose, mais il est difficile de croire que l'agence se soit restructurée en si peu de temps alors qu'elle était considérée comme une organisation terroriste et qu'elle n'avait plus de soutiens politiques.
Alors que cela atténue également l'impact de sa mort lors du final de la saison 5, Il faut cependant reconnaître que les scénaristes réussissent à compenser en rendant le personnage de Fitz jaloux de lui-même puisqu'il a raté beaucoup de moments importants, surtout son propre mariage.
C'est amusant de le voir considérer qu'il ne sera jamais le premier mari de Gemma, et de s'enquérir de la nuit de noces. Cette révélation est amenée de manière intéressante grâce au 6.06 Inescapable, dans lequel les deux tourtereaux partagent une prison mentale créée par les Chronicoms, qui voient en ces deux Terriens une possibilité d'inventer une machine temporelle leur permettant de sauver leur planète.
Ce dernier est construit pour jouer sur leurs peurs et leurs doutes, exacerbe certaines tensions, et met surtout en avant le lien qui les unit. C'est appréciable de constater que l'aspect feuilletonnesque est enfin associé à des épisodes sortant un peu de l'ordinaire, même si ce n'est pas toujours réussi.
C'est le cas du 6.03 Fear and Loathing on the Planet of Kitson qui ressemble à du Farscape au rabaisavec des personnages qui délirent sous l'influence d'une drogue hallucinogène, ou du 6.04Code Yellow qui a la mauvaise idée d'être centré sur Deke, patron richissime d'une start-up dont toutes les idées ont été volées.
Cela prouve une fois de plus l'incompétence du S.H.I.E.L.D., si toutefois c'était encore nécessaire. Avoir laissé Radcliffe s'approprier la Framework par le passé n'a visiblement pas servi de leçon, personne n'a imaginé qu'il était dangereux qu'une autre personne connaissant l'existence de cette technologie soit dans la nature, sans autre surveillance qu'un agent infiltré pour garder un oeil sur lui.
Un dispositif qui ne sert d'ailleurs à rien puisque même Mack - le nouveau patron, faut-il le rappeler - ne semble pas au courant des agissements du petit-fils de Fitz et Simmons. Quant à ses motivations pour avoir monté sa compagnie en monnayant des idées qui appartiennent en grande partie à son grand-père, elles ne sont pas convaincantes.
Il se plaint d'être mal aimé et d'avoir perdu tous ses repères car le monde dans lequel il vivait n'existe plus, mais ce n'est pas évident de s'en émouvoir dans la mesure où le personnage est ouvertement écrit comme un boulet insupportable, et ce depuis son apparition dans la saison précédente. Il oublie également qu'il a commencé par trahir ceux qu'il considère aujourd'hui comme sa famille...
Dans la lignée des choix étranges, on peut se demander s'il était utile de faire réapparaître Coulson sans que ce soit vraiment lui, alors que sa mort est encore fraîche dans les mémoires. C'est presque de l'acharnement thérapeutique envers les différents protagonistes, qui doivent faire face à un individu qui a le même visage, la même voix, mais qui est un tueur sans vergogne et dont l'enveloppe corporelle contient en réalité une entité venant d'une autre dimension, dotée de surcroît de pouvoirs immenses...
L'idée était visiblement de proposer un personnage aux antipodes de Coulson pour souligner l'ironie de la situation, mais c'est abordé sous un angle beaucoup trop sérieux et les tentatives pour nous faire croire qu'il reste quelques traces de l'ancien directeur ne fonctionnent pas. Quant à ses acolytes, ils peinent à exister, ce qui n'est pas étonnant puisque même l'étape de la caractérisation n'est pas franchie.
L'effet est raté, à tel point que la perspective de revoir Coulson en tant qu'androïde qui possède sa mémoire semble nettement plus intéressante.
Toutefois, l'explication de l'origine de Sarge - puisque c’est le nom de ce « double » - est reliée aux monolithes. Les propriétés de deux d'entre eux étaient déjà connues (un portail spatial pour l'un et temporel pour l'autre), le troisième serait celui de la création. C'est pour les retrouver qu'Izel traverse la galaxie et qu'elle veut aller sur Terre, après avoir tenté sa chance sur Chronyca-3, la planète des Chromicons.
Ce sont les deux fils rouges, bien que celui des Chromicons soit un peu plus secondaire car il sert surtout à établir le cliffangher du dernier épisode, qui donne une nouvelle orientation pour la saison finale. L'accent est plus mis sur la quête d'Izel, entité non corporelle provenant d'un royaume où ont été créés les monolithes.
Développer cette partie de la mythologie part d'une bonne intention, mais comme souvent l'exécution n'est pas au rendez-vous. Son pouvoir de possession, lié à sa nature, est redondant par rapport à Hive. La seule différence, c’est qu’elle a aussi donné cette capacité aux Shrike, créatures qui transforment leurs hôtes en zombie…
La belle aubaine pour faire des référence à Romero et se dédouaner en faisant des personnages des porte-paroles pour dire : "Hé, mais après tout, pourquoi pas, vu qu'on ratisse large et qu'on ne cherche plus à essayer de trouver un sens à tout ça".
Dans sa structure, cette saison ne ressemble pas aux autres, elle ne peut pas vraiment être comparée sur les mêmes critères. Dans l'intervalle, il faut noter les efforts consentis pour relancer l'intrigue, même si tout est loin d'être parfait.
Il y a encore trop de facilités, et ces constants changements de direction n'aident pas à donner l'impression d'une grande cohésion interne malgré un nouveau « toutéliage ». En revanche, pour une fois, les évènements de la saison suivante semblent devoir se dérouler dans la foulée, sans avoir besoin de recourir aux ellipses habituelles.
Espérons qu'elle offre une conclusion satisfaisante à une série plus que chaotique.
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L'intégrale Agents of SHIELD de Sygbab continue, avec cette semaine, un petit coup de mou dans le programme...
Marvel : Les Agents du SHIELD, saison 5 (Marvel's Agents of SHIELD, season 5 - 2017) :
Après leur victoire sur Aida, Coulson et ses agents sont enlevés et se réveillent à bord d'un vaisseau spatial, en 2091 : la Terre a été détruite, et l'humanité est au mains des Krees...
Claustrophobes, s'abstenir ! Placée sous le signe de restrictions budgétaires évidentes, cette saison se déroule de manière quasiment exclusive dans des décors intérieurs étriqués et avec une photographie sombre qui va de pair. Bien entendu, l'intrigue doit être ajustée en fonction pour le justifier et c'est tout d'abord l'option d'une excursion dans l'espace qui est retenue, faisant écho au cliffhangher du final de la saison 4.
Il y a un twist : l'équipe se retrouve projetée dans un futur dystopique où la Terre a été détruite, obligeant les derniers survivants à vivre sur une de ses parcelles contenant la Lighthouse, un méga bunker créé par le S.H.I.E.L.D. Ce dernier renferme une société dirigée d’une main de fer par les Kree en la personne de Kasius, secondé par Sinara.
Neuf épisodes durant, l’asservissement de l'espèce humaine - qui accepte son sort sans broncher car elle est au bord de l'extinction - entraîne une accumulation de clichés, soit autant de raisons de mettre des bâtons dans les roues des principaux protagonistes qui veulent mettre un grand coup de pied dans la fourmilière.
Mais le fait qu'aucune résistance ne se soit jamais organisée est compréhensible : Kasius est un lâche qui inhibe les Inhumains pour mieux les vendre au plus offrant - se débarrassant de la menace qu'ils peuvent représenter de la même manière - et dont les tendances psychopathes l’amènent à commettre un fratricide sans aucun remord.
Quant à Sinara, elle ne recule devant rien pour inspirer la crainte. Le gros bémol, c'est que leur caractérisation n'est pas très fine, surtout en ce qui concerne la seconde nommée : il n'était peut-être pas nécessaire qu'elle contrôle des boules de métal, histoire de souligner de manière appuyée que c'est elle qui porte des couilles.
Le voyage dans le temps n'aide pas non plus à apprécier cette première partie car il est difficilement compréhensible. D'ailleurs, si les scénaristes se sentent obligés de rappeler par la voix de Noah qu'ils ont déjà expliqué les tenants et les aboutissants en long, en large et en travers lorsque l'équipe retourne à son époque, c'est bien qu'il y a un problème.
Ça ne tient pas la route pour plusieurs raisons. La première, c'est que ce futur repose sur les prédictions de Robin, la fille de l'Inhumain au contact duquel Daisy avait eu une vision de la mort d'un de ses collègues en fin de saison 3. Étant donné qu'elle est censée voir des évènements qui vont se produire avec certitude, comment imaginer que ceux-ci peuvent être empêchés ? Ensuite, le concept d'une boucle temporelle dans laquelle les personnages se retrouvent bloqués suite à de nombreuses tentatives pour modifier leur déroulement n'est pas très convaincant.
Le point qui bloque le plus concerne l’ancienne prophétie évoquant leur apparition dans le futur. Elle a inspiré la croyance qu'ils seraient les sauveurs du monde, mais comme la Terre est déjà en morceaux et que la seule option est de s'assurer que ce futur n'ait jamais lieu pas, en quoi le fait de ne plus exister peut-il constituer un motif d'espoir ?
La suite n'est pas tellement plus reluisante. Recherchés par les autorités car ils sont de nouveau considérés comme des terroristes, Coulson & Cie sont bien contents de rester planqués dans... la Lighthouse, qui devient la principale unité de lieu. Leur nouveau défi est de trouver une solution pour stopper la destruction du monde, sans avoir de pistes à ce sujet. Les mauvaises idées s'enchaînent alors, comme la révélation à propos du général Hale, à la tête d'Hydra.
Malgré un flashback revenant sur son endoctrinement au sein de l'organisation alors menée par Whitehall, le personnage n'intéresse pas et souffre de la comparaison avec les leaders qui l'ont précédée. Que dire de sa fille Ruby, complètement ratée ? Qu'elle est cruelle et sadique, que c'est une adolescente immature et colérique, et c'est à peu près tout. La seule chose qu'elle a à son actif, c'est de couper les bras de Yo-Yo (une scène d'ailleurs choquante) et d'éclater la tête de Werner von Strucker, réapparu de manière bien éphémère. Dans ces circonstances, difficile de s'émouvoir de sa mort.
Pour couronner le tout, l'équipe créative semble à bout de souffle en multipliant les références aux saisons précédentes, réintroduisant d'anciens éléments comme des clés de l'intrigue : le projet Deathlok, le sérum Centipede qui donnait sa force à Garrett, le gravitonium que Talbot s'approprie pour devenir un super vilain en un temps record, réussissant à maîtriser ses nouveaux pouvoirs alors que d'autres galèrent pendant des mois ou des années...
Même le 5.12 The Real Dealsouffre d'un défaut d'écriture alors qu'il s'agit du centième épisode, un événement marquant toujours très important dans une série. Le concept de la manifestation physique des peurs des personnages n'est pas mauvais en soi, mais ça flirte plus d'une fois avec la ligne jaune et plus particulièrement quand Coulson fait face à un avatar de Mike Peterson. L'échange qui suit remet en question la réalité de tout ce qui lui est arrivé, rappelant d'autres exercices de style similaires comme l'épisode Normal Again dans Buffy. Un manque d'originalité regrettable dans cet épisode symbolique, aggravé par le mariage à l'arrache de Fitz et Simmons qui fait office de conclusion. Il faut bien donner un peu de bonheur aux shippers...
À l’inverse, la cohabitation forcée des personnages principaux a une conséquence directe sur leur relation car ils se heurtent plus régulièrement aux opinions contraires de leur collègues, et leurs nerfs sont mis à rude épreuve. Dans la foulée, des conflits depuis longtemps larvés éclatent au grand jour, et le moral des troupes est au plus bas.
Fitz est toujours hanté par son double maléfique dans la Frameworket dérive en prenant des décisions radicales, Yo-Yo doit gérer le traumatisme provoqué par la perte de ses bras, Coulson se délite peu à peu et refuse une deuxième extension de vie par des voies non naturelles, May se montre plus vulnérable et humaine...
Tout part à vau-l'eau, et Daisy est incapable de diriger l'équipe. Dans l'adversité, Mack se révèle alors comme un socle moral en critiquant durement les actions de ses amis et en répétant à qui veut l'entendre que le S.H.I.E.L.D. a d'autres valeurs, ce qui rend son choix en tant que nouveau leader plutôt logique.
Ce côté plus intimiste permet donc une véritable évolution des personnages, et donne un réel impact aux adieux de Coulson dans le final. Par ailleurs, sa relation avec May est finalement très bien traitée, plus subtilement qu'on aurait pu le penser.
Malgré ce point positif, dans l'ensemble, cette saison est un coup d'arrêt, d'autant plus regrettable que, jusqu'à présent, la série s'améliorait constamment.
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Pendant deux semaines, à l'occasion de la Saint Valentin, place aux grands sentiments et à la séduction, avec des critiques quotidiennes de films romantiques...
Desperados (2020) :
Frustrée de n'avoir aucune réponse du séduisant Jared (Robbie Amell) plusieurs jours après qu'ils aient couché ensemble, Wesley (Nasim Pedrad) lui envoie, avec l'aide de ses meilleures amies Brooke (Anna Camp) et Kaylie (Sarah Burns), un e-mail d'insultes particulièrement chargé. Cependant, elle apprend soudain que Jared vient de sortir d'un coma de plusieurs jours, et qu'il est dans un hôpital mexicain : contre toute attente, elle décide alors de partir sur place avec ses amies, afin de tenter d'effacer l'e-mail avant que Jared ne sorte de l'hôpital et ne le lise...
Aïe.
Difficile de faire tenir la route à une comédie romantique de ce type (parce que oui, malgré ses atours de comédie déglinguée à la Bridesmaids, ça reste une comédie intégralement motivée par les sentiments de l'héroïne, et qui développe une romance évidente avec Lamorne Morris en parallèle de son récit principal) lorsque l'on écrit un personnage ressemblant à cette Wesley : égocentrique, impulsive, imbuvable, frustrante, insupportable, épuisante, en manque désespéré d'affection et d'attention - l'héroïne de ce métrage est (délibérément, puisque cela lui revient un peu en pleine tête vers la fin du film) une véritable tête à claques antipathique, très bien incarnée par une Petrad avec laquelle j'ai déjà du mal depuis le SNL (et encore plus depuis qu'elle s'est injecté du collagène dans les lèvres pour tenter de percer en tant qu'actrice comique).
En même temps, il faut bien avouer qu'elle est dans le ton du métrage, qui est bruyant, exubérant, sans la moindre finesse, à tendance trashy et vulgaire (Wesley se prend un pénis de dauphin en plein visage, elle est régulièrement accusée de pédophilie, elle vomit sur un autre personnage, etc) ; Desperados est ainsi clairement une comédie "de vacances", dans laquelle les trois actrices principales (et le reste de la production) se mettent en pilotage semi-automatique, pour aller tourner un film au soleil du Mexique.
Ajoutez à cela un rythme assez inégal et mollasson, Netflix oblige (on n'atteint pas les 120 minutes de rigueur sur la plate-forme, mais un bon 105 minutes), et voilà, une comédie semi-romantique plutôt ratée, qui a changé de mains à de nombreuses reprises avant d'être enfin produite pour le streaming.
(D'ailleurs, je me demande même si Desperados n'était pas, à l'origine, une comédie de springbreak : ça expliquerait plein de choses, notamment l'immaturité des personnages, leurs réactions et leurs déplacements géographiques assez improbables vers le Mexique, le type d'humour du film...)
2/6
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Marvel : Les Agents du SHIELD, saison 4 (Marvel's Agents of SHIELD, season 4 - 2016) :
Peu après la signature des accords de Sokovie, les Agents du SHIELD, toujours dirigés par Coulson, doivent faire face à de nouvelles menaces, tour à tour surnaturelles, artificielles et virtuelles...
Advienne que pourra : malgré une gestion du rythme aléatoire au moment de conclure, la structure feuilletonnante des deux dernières saisons est reconduite, en étant cette fois poussée à l'extrême dans la mesure où les épisodes indépendants sont inexistants.
Il existe cependant une différence : là où auparavant plusieurs intrigues se mêlaient au point de créer la confusion quand il s'agissait de relier tous les fils, le déroulement des évènements est ici plus linéaire avec trois parties distinctes qui s'enchaînent néanmoins : la tentative de réhabilitation du S.H.I.E.L.D. et la collaboration avec Ghost Rider, les réplicants et la réalité virtuelle.
Le début de saison reprend sur la recherche de Daisy - que la presse a affublée d'un nouveau surnom, un sujet de moquerie pour ses collègues et amis tant elle collectionne nombre d’identités différentes - et met un peu de piment en nous apprenant que l'agence a désormais un nouveau directeur, faisant de Coulson un simple agent.
Une situation qu'il a déjà connue du temps de Fury mais qui ne modifie pas réellement ses habitudes étant donné qu'il s'oppose régulièrement aux décisions de non nouveau patron, en la personne de Jeffrey Mace.
Nouvelle figure de l'organisation choisie dans le but de redorer le blason de celle-ci auprès du public, il est d'abord présenté comme un Inhumain doté d'une très grande force physique, mais il est en réalité sous influence d'un sérum que Talbot expérimente en espérant que cela aura les mêmes effets que pour Captain America. Il lui manque tout de même du charisme, et on peut se demander pourquoi inventer un tel mensonge à son sujet car il aurait été plus fédérateur de dire la vérité à son sujet. The Patriot n'est pas à son avantage la plupart du temps, et son sacrifice dans la réalité virtuelle ne change pas vraiment la donne.
Outre la résurgence des Watchdogsqui se font plus virulents pour éliminer les Inhumains, l'aspect le plus intéressant des 9 premiers épisodes concerne Ghost Rider. Paradoxalement, il aura fallu une série pour rendre le personnage intéressant après deux films catastrophiques centrés sur lui, même s'il ne s'agit pas de la même incarnation. Gabriel Luna est crédible dans le rôle, son histoire n'est pas trop tirée par les cheveux, et les effets spéciaux sont honorables.
Ces derniers devaient peser sur le budget car Robbie Reyes disparaît dans une autre dimension pour mettre un terme aux agissements de son oncle, dont les ambitions démesurées nourries par le Darkholdont eu pour conséquence l'invalidité de son frère lors d'une tentative de règlement de compte, quand ils étaient plus jeunes. Cet évènement lui a également coûté la vie, avant qu'il ne conclue un marché avec le diable.
Un pacte qui laisse les membres du S.H.I.E.L.D. assez sceptiques dans un premier temps, mais ils finissent par s'en accommoder, tant le monde dans lequel ils vivent est complètement fou. Même si on peut regretter que le personnage soit plus Driver que Rider, son passage remarqué laisse une bonne impression.
Quant au Darkhold, il est au centre de toutes les attentions. Son apparence fait penser à un grimoire, mais plutôt que d’être utilisé pour se plonger dans les arcanes de la magie noire, il représente surtout l'assouvissement d'une soif scientifique inextinguible. Il s’agit donc d’un artefact extrêmement dangereux, qui amène plusieurs concepts : la phase interdimensionnelle des ex-collègues d'Eli Morrow, la folie créatrice de Radcliffe autour des androïdes et la réalité virtuelle d'Aida (Mallory Jansen).
L'initiative est louable, mais pas dénuée de défauts d'écriture. C'est notamment le cas pour Radcliffe, pour lequel il est difficile d'y voir clair car le fait qu'il soit ou non du « bon côté » est aléatoire, en fonction des besoins de l'intrigue. D'ailleurs, le fait qu'il puisse développer ses recherches sans que personne ne supervise quoi que ce soit n'est pas crédible une seule seconde ; en ayant connaissance de ses antécédents, le S.H.I.E.L.D. devrait l'avoir à l’œil.
Tout s'arrange quand on apprend qu'il a fait tout ça pour trouver une porte de sortie à son ex-femme, gravement malade. Tout s'arrange... ou pas, si l'on trouve que cette caractérisation tardive n'existe que pour dédouaner le personnage et le rendre plus sympathique.
En programmant Aida pour qu'elle soit à même de lire le Darkholdet ainsi bénéficier du savoir qu'il renferme sans en subir les conséquences sur sa psyché, ce qu'il pensait être une brillante idée se retourne contre lui. D'abord serviable et obéissant à ses directives, sa création s'approprie la Framework, simulation d'entraînement initialement développée par Fitz et étendue à un monde virtuel par Radcliffe, pour l'utiliser à sa guise.
Les scénaristes combinent alors plusieurs thématiques connues dans le domaine de la science-fiction, avec plus ou moins de succès : le fantasme consistant à numériser la conscience humaine pour s'affranchir des contraintes physiques, la rébellion des machines et leur quête d'humanité. L'âme et l'amour sont les deux éléments mis en avant pour différencier l'homme de la machine, mais les sujets sont évoqués brièvement au détour de quelques dialogues sans les approfondir. L'approche est plus orientée sur le côté ludique, avec le What If engendré par la capture de Coulson, Mack, Mace et Fitz.
Le postulat de départ est intéressant : amputé de son plus grand regret, la vie de chaque individu connaît une trajectoire complètement différente. Là où il faut une sacrée suspension d'incrédulité, c'est pour admettre que tous ces destins radicalement modifiés aboutissent à un monde dans lequel Hydra est au pouvoir et impose son joug (mais il faut avoue que l’écran-titre revisité - Agents of Hydra - est bien senti).
Qu’à cela ne tienne : c'était presque un passage obligé pour redistribuer les cartes et proposer une vision différente des personnages, à commencer par Ward qui fait partie de la résistance, remplacé par Fitz dans le rôle du salaud absolu. Cette expérience va d'ailleurs laisser des traces tant ce dernier est rongé par la culpabilité des horreurs qu'il a commises, bien qu'il s'agisse d'une extrapolation. Même si cela peut paraître agaçant car sa relation avec Simmons est encore remise en question, c'est pour une fois bien amené.
Idem pour Mack : lorsqu'il explique à Yo-Yo qu'il a eu une fille morte au bout de 4 jours, cela passe pour une tentative de mettre de la distance entre les deux, mais comme elle est vivante dans la Framework, il s'agit d'un véritable ressort dramatique qui crée chez lui un dilemme. Partir ou rester, telle est la question, et dans un premier temps il choisit la seconde option.
Il revient à la raison grâce à Yo-Yo, qui paraît déjà éperdument amoureuse alors que leur relation ne fait que commencer. Visiblement, tout le monde se contrefout des recommandations qui visent à limiter la "fraternisation" entre les agents : Bobbi/Hunter auparavant, Fitz/Simmons, Mack/Yo-Yo, et maintenant Coulson/May...
Un possible développement amoureux entre les deux est suggéré de manière plus qu'appuyée, allant jusqu'à un flashback pour montrer que cela ne date pas d'hier. C'est dommage de s'engager sur cette voie, leur relation amicale fondée sur un grand respect mutuel est bien plus enrichissante. Cela démontre en tout cas un flagrant manque d'imagination concernant les interactions entre les protagonistes.
À l'inverse, les références aux évènements passés sont plus récurrentes. Coulson demande à May de lui parler de sa mort car lui ne s'en rappelle pas, le projet T.A.H.I.T.I. est mentionné à plusieurs reprises, les personnages évoquent parfois le caractère abracadabrantesque des évènements qu'ils ont vécu...
C'est un parti-pris qui fait plaisir car cela dissocie peu à peu la série de l'univers cinématographique, tout en créant une cohérence interne. Ces efforts sont à saluer, et s'associent à une volonté de rendre l'intrigue plus limpide : tout n'est pas parfait, mais il y a de bonnes intentions et les ingrédients d'un divertissement tout à fait honorable sont présents.
Après 4 saisons, il était quand même plus que temps !
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Après un début de saison redonnant un peu espoir, cette troisième saison de Discovery est retombée dans ses travers habituels, toujours plus centrée sur Michael Burnham (tout en prétendant ne pas l'être) et gâchant toujours ses points positifs par un recours aux grosses ficelles bien voyantes, et aux facilités scénaristiques gentiment honteuses.
Sans oublier un manque cruel d'enjeux et de direction, qui laisse présager d'une conclusion de saison des plus décevantes...
Star Trek Discovery 3x13 (2020) :
- 3x13 - That Hope Is You, Part 2 : Alors que le Discovery, commandé par Osyraa, tente d'échapper à la Fédération, l'équipage fédéral essaie de reprendre le navire. Pendant ce temps, Saru s'efforce de convaincre Su'Kal de quitter son holodeck, avant qu'il ne soit trop tard...
Avec ce grand final saisonnier, Discovery nous gratifie d'un déluge d'action creux et cache-misère.
Car malheureusement, c'est bien tout ce qu'est ce final saisonnier : une compilation d'idées inabouties, de métaphores ratées, de résolutions foireuses, et de glorification de Michael Burnham, qui sauve tout le monde, joue les action heroins, et suscite l'admiration béate de tout le monde, y compris du réalisateur (ce bon vieux Osunsanmi, qui ne peut s'empêcher de commencer une scène sur trois par une caméra tourbillonnante inutile), qui fait des ralentis sur le visage de SMG, pour bien que le spectateur puisse profiter de sa grandeur et de son aura.
Oui, cet épisode m'a largement énervé. Pas forcément du fait de la mise au rebut de Saru, évacué sur sa planète natale avec Su'Kal, ni de l'accession au poste de capitaine de Burnham (c'était tellement évident et télégraphié depuis des épisodes et des épisodes que j'avais largement eu le temps de m'y préparer, et ce malgré la mise en images assez risible de son arrivée sur la passerelle - et de nouveaux uniformes franchement peu seyants)... mais bien par la faute de tout le reste.
Entre les robots qui n'auront servi à rien (si ce n'est à un sacrifice en carton uniquement là pour faire du mélodrame facile - en même temps, difficile d'y croire quand les scénaristes font semblant de sacrifier tout le senior staff d'un seul coup), la résolution basique du Burn (oui, c'était bien la mort de la mère de Su'Kal qui a déclenché chez lui le Burn... ce qui m'amène à me demander pourquoi Su'Kal n'a pas connu une autre crise au moment de la maturité kelpienne, comme tous les autres représentants de son peuple), Osyraa qui redevient une méchante basique et générique, le Discovery qui résiste sans problème à un assaut combiné de toute la flotte de la Fédération, toute la sous-intrigue de Gray/Adira qui débouche sur une métaphore pataude sur la représentativité et la visibilité des LGBTQ+, l'intérieur du Discovery (et ses turbolifts) plus grands que trois Galaxy-class réunis, ou encore la fausse bonne idée de faire de Book un spore driver "parce qu'il est empathe", ce final (signé de la showrunneuse) est un festival de bruit et de fureur (beaucoup d'action et d'effets spéciaux) ne parvenant pas à dissimuler les failles et les faiblesses de l'écriture de la série, ainsi que sa vénération imméritée envers Burnham.
Alors oui, Saru/Su'Kal, c'était plutôt réussi et très bien interprété, mais c'était aussi tellement noyé dans le reste qu'au final, ça finissait par perdre de son intérêt et de son efficacité.
Un final tout simplement raté, et qui se finit par un laïus sur le besoin d'être connecté (et une citation de Roddenberry) à peine lié aux événements de la saison et aux thématiques de celle-ci (pour peu qu'il y en ait vraiment eu).
- Bilan saisonnier -
Je vais le faire assez bref, ce bilan : privée de la nostalgie fanservice de la saison 2 (l'Enterprise, Spock, tout ça) et relocalisée dans un futur lointain, Discovery avait une chance de se réinventer et de trouver enfin sa voix (et sa voie).
Pas de chance, après un début de saison intéressant (malgré des similitudes évidentes avec Andromeda - d'ailleurs, la Sphère qui s'incarne dans le vaisseau, c'est un peu Romy, hein), cette troisième année de Discovery est retombée de plein pied dans ses mauvaises habitudes, se prosternant constamment devant l'autel de Michael Burnham, et peinant à construire le moindre arc global convaincant.
Résolution du Burn médiocre, grande méchante caricaturale, sous-intrigues forcées (la promotion de Tilly), caractérisation faiblarde de la moitié de la distribution, kelleyrisation maladroite de Saru et de Georgiou - bref, l'écriture de Discovery est toujours aussi superficielle, malgré sa nouvelle showrunneuse, et cela reste, depuis trois ans, le problème majeur du programme.
M'enfin bon, au moins, Oded Fehr était excellent, tout comme Doug Jones et Bill Irwin. Et David Ajala n'était pas mauvais, lui non plus. Mais c'est peu.
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Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine, et des critiques d'une vingtaine de lignes, tout au plus.
Enola Holmes (2020) :
Sœur cadette de Sherlock (Henry Cavill) et de Mycroft (Sam Claflin) Holmes, Enola (Millie Bobby Brown) a été élevée par sa mère Eudoria (Helena Bonham Carter), loin de tous, dans le manoir familial. Jusqu'à ce que Eudoria disparaisse du jour au lendemain, laissant Enola seule à la charge de ses deux frères : rapidement, Enola découvre des indices laissés par sa mère, et après s'être échappée, elle part pour Londres et commence à suivre la trace de sa génitrice...
Long-métrage Warner récupéré par Netflix "grâce" au confinement, cet Enola Holmes était donc prévu pour une sortie en salles, et pour lancer une nouvelle franchise pour adolescents, inspirée des romans d'Arthur Conan Doyle, et adaptée de la série de livres Enola Holmes, écrits par Nancy Springer.
Et honnêtement, sans en avoir lu la moindre ligne, mais à la simple vision de ce métrage, difficile de ne pas percevoir un petit côté fan-fiction self insert dans ce personnage d'adolescente garçon manqué, qui fait mieux tout que tout le monde (y compris son grand frère Sherlock), et va, par ses actions, transformer la société dans un sens progressiste et moderne.
Effectivement, en se renseignant un peu, on apprend que Springer, comme Enola, était elle-même garçon manqué, plongée dans les livres (notamment les Sherlock Holmes de ACD), aux deux grands frères distants et bien plus âgés qu'elles, et dont la mère passionnée de botanique est devenue absente à partir de son adolescence (mais pour cause de maladie). « Write what you know », nous disent les anglo-saxons, et je ne serais donc pas surpris que Springer, aujourd'hui septuagénaire, ait eu le personnage d'Enola en tête depuis des décennies...
Le problème, comme je le disais, c'est que ça donne à tout ça des atours de fanfic un peu friquée, jamais vraiment transcendée par le rythme inutilement rallongé du tout (c'est dynamique, mais ça dure tout de même deux heures), ou par le propos féministe assez balourd : utiliser le personnage de la petite sœur de Sherlock pour souligner la misogynie et le patriarcat oppressif de l'époque victorienne, c'est intéressant, mais avoir deux personnages (dont une minorité) qui font successivement la leçon à un Sherlock bredouillant, en lui renvoyant son privilège de white male à la tête... c'est maladroit dans la forme.
D'autant qu'à côté, le film reste étrangement évasif sur "la Réforme" pour laquelle toutes ses femmes se battent à leur niveau, et qui "menace la Société anglaise" : on en parle vaguement, on en comprend vaguement les enjeux, mais ça s'arrête là. Enfin bref, passons.
Sur la forme, outre sa durée excessive, Enola est plutôt intéressant, et s'inscrit clairement dans les traces des versions les plus modernes de Holmes, Guy Ritchie en tête. Millie Bobby Brown (par ailleurs excellente) s'adresse fréquemment, face caméra, au spectateur, le montage est délibérément très nerveux, à base de coupes, d'ellipses, de flashbacks très (trop) fréquents et d'astuces de montage, la réalisation (pas toujours très esthétique) sert le propos... bref, ça fonctionne. Tout comme la distribution, dans l'ensemble.
On aura probablement plus de réserves vis à vis du Sherlock interprété par Henry Cavill, qui semble assez boudiné dans des tenues que sa musculature menace de faire exploser, et de Mycroft, assez caricatural dans le rôle de Méchant Oncle. Louis Partridge, lui, est joyeusement transparent dans le rôle du jeune nobliau, et sa romance balbutiante avec Enola a de quoi faire décrocher le spectateur, çà et là.
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