Il était une fois Lurdo & Sygbab, deux internautes passionnés de séries tv et de cinéma, et qui cherchaient un endroit où archiver leurs avis (semi) éclairés...
Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine, et des critiques d'une vingtaine de lignes, tout au plus.
Tickled & The Tickle King :
Journaliste néo-zélandais spécialisé dans les sujets légers et insolites, David Farrier pense avoir touché le jackpot lorsqu'il découvre en ligne des vidéos montrant de jeunes éphèbes athlétiques participant à des "compétitions d'endurance aux chatouilles". Amusé et intrigué par le caractère homo-érotique voilé de ces productions, il prend contact avec la maison de production... mais bien vite, il devient la cible d'innombrables menaces légales, de harcèlement téléphonique et physique, et d'insultes homophobes.
Car ces vidéos de chatouilles ne sont que la partie émergée d'un iceberg improbable remontant à plusieurs décennies, et menant à un homme mystérieux aux fonds apparemment illimités, qui entretient un réseau entier à la limite de la légalité, consacré à son fétiche sexuel préféré...
Un documentaire roublard qui a fait le buzz à sa sortie, puisqu'il commence comme un métrage semi-racoleur classique s'intéressant à une niche sexuelle et fétichiste, et se transforme rapidement en enquête passionnante de ce documentariste clairement dépassé par l'ampleur de ce sur quoi il a mis le doigt.
Le documentaire retrace donc son enquête, et le suit alors qu'il se confronte, un peu à la manière de Louis Theroux, aux victimes de ce réseau (des hommes souvent jeunes, naïfs, défavorisés, et se retrouvant confrontés à un outing sauvage dès qu'ils commencent à se poser des questions ou à se montrer difficiles), aux anciens collaborateurs, et aux journalistes ayant enquêté sur le sujet, il y a plus d'une dizaine d'années.
Sans spoiler le documentaire (qui mérite vraiment le coup d’œil), le personnage qui finit par émerger à la tête de ce réseau ne surprendra pas vraiment le spectateur, tant il correspond exactement à ce que l'on s'imagine : riche, intouchable (ou presque), bourré de problèmes psychologiques, n'assumant pas sa sexualité, déjà condamné à une peine négligeable, récidiviste, etc...
Et ce n'est pas son apparition dans The Tickle King (court-métrage d'une vingtaine de minutes servant de conclusion au documentaire, et retraçant la sortie du film en salles/en festival, et les réactions provoquées par celui-ci chez les personnes impliquées) qui change l'image donnée par ce Roi des Chatouilles.
Cela ne retire rien au documentaire, construit de manière solide et surprenante : on se demande bien par moments si tout cela n'est pas de la fiction, tant c'en est grotesque et improbable, et on pourra toujours reprocher une certaine mise en scène du tout début du documentaire, mais dans l'ensemble, Tickled est une vrai bonne surprise dans le registre journalisme d'investigation.
4.75/6
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Noël au manoir enchanté (A Timeless Christmas - 2020) :
Alors qu'il étudie une horloge étrange trouvée lors d'une vente aux enchères, Charles Whitley (Ryan Peavey), inventeur vivant en 1903, se retrouve projeté en 2020 : son manoir est désormais un musée dirigé par Megan Turner (Erin Cahill), et Whitley doit tenter de s'habituer à ce nouvel univers des plus étranges...
Alors oui, on pense forcément à Kate et Léopold dans cette histoire de voyage temporel et de romance, mais je dois dire que ça change un peu du tout-venant des rom-coms festives Hallmark : pas de festival à organiser, de projet commercial de dernière minute à mettre en place avant Noël, de boutique/bâtiment historique à sauver de méchants développeurs immobiliers, etc...
À la place, une romance classique entre un homme du passé et une femme moderne (Outlander fait des émules), à la sauce Hallmark (en cela qu'il y a les passages obligés où Megan fait découvrir à Whitley les traditions de Noël du présent, parce que c'est un ronchon qui n'aime pas Noël), mais sans trop insister sur ce dernier point. Si le film avait été plus rigoureux au niveau du voyage temporel, ça aurait d'ailleurs été une très bonne surprise.
En l'état, c'est cependant un téléfilm très imparfait. Outre l'interprétation un peu récitative du rival de Whitley, au début du film, et quelques anachronismes çà et là, on pourra en effet regretter que le métrage n'exploite jamais vraiment le contraste passé/présent, limité à quelques répliques du genre "qu'est-ce que l'internet ?".
Plutôt que d'être stupéfait par le monde moderne, Whitley s'y adapte instantanément, comprend en moins de dix secondes ce qu'est une télécommande, une télévision, et comment contrôler cette dernière, assimile instantanément un vocabulaire et des expressions modernes, ne s'offusque ni ne s'étonne jamais des mœurs contemporaines, etc.
À l'identique, l'écriture est ponctuellement un peu trop évidente, faisant dire aux personnages des platitudes préfigurant le reste du scénario ("je suis un homme du futur, moi, pas du passé" explique Whitley à ses semblables, au début du film), ou plaçant des moments artificiels (comme la chute de l'escabeau dans la bibliothèque) et honnêtement, ils auraient tout de même pu trouver un moyen de relooker un peu plus Ryan Peavey, histoire de différencier un peu sa version présente de son apparence passée.
Il y a donc du bon et du moins bon dans cette relecture Hallmark d'un thème assez classique, historiquement trop peu exploité par la chaîne. Bien trop sage, ce film ne fait pas grand chose d'original avec son postulat de départ, et c'est bien dommage, puisque le couple principal est plutôt bon, avec une alchimie convaincante. Honorable, mais pourrait mieux faire.
3.5/6
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Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de tous les films de Noël passés en revue sur ce blog dans le cadre de la Christmas Yulefest en cliquant directement sur ce lien (classement alphabétique), ou celui-ci (classement saisonnier)...
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L'aventure intérieure (Innerspace - 1987) :
Pilote rebelle et sarcastique, Tuck Pendleton (Dennis Quaid) participe à un projet révolutionnaire de miniaturisation devant mener à son injection dans le corps d'un lapin. Mais lorsqu'une organisation rivale, menée par le Dr. Margaret Canker (Fiona Lewis), interrompt les opérations, Tuck finit injecté dans le corps de Jack (Martin Short), un caissier névrosé et hypocondriaque qui se retrouve alors à devoir échapper aux hommes de Canker, en demandant l'aide de Lydia (Meg Ryan), l'ex-petite-amie de Tuck...
On prend les mêmes, et on recommence : deux ans après Explorers, Joe Dante s'associe de nouveau à Rob Bottin et Jerry Goldsmith, pour une production Amblin qui, encore une fois, a une légère tendance à se perdre en digression en tous genres, et à s'éparpiller un peu - sauf qu'ici, c'est nettement plus cadré et maîtrisé que dans le film précédent de Dante.
Innerspace est ainsi un one-man show de Martin Short - on accroche ou pas à son numéro d'homme téléguidé - mâtiné de comédie romantique entre Quaid et Meg Ryan (qui, honnêtement, m'a toujours laissé de marbre), et saupoudré d'un argument de science-fiction étrangement passé en filigrane : c'est peut-être ça qui m'a le plus surpris, dans ce métrage.
En effet, passé le début dynamique en mode thriller scientifique, la côté miniaturisation et injection dans le corps humain est quasiment réduit à un gimmick d'une petite voix dans la tête de Jack, pour l'aider à gérer sa nouvelle situation, et à convaincre Lydia de l'aider.
Là, la comédie fantastique s'écarte alors pour céder à la romance, et en guise d'aventure intérieure, on se retrouve plutôt avec une comédie extérieure, tandis que Jack et Lydia sont traqués par des méchants très méchants (l'occasion de placer des caméos des habitués de Dante, ici ou là).
En soi, ça permet au film de rester dynamique et léger, mais on peut s'étonner de voir le côté Voyage fantastique du récit autant en demi-teinte, d'autant que les effets spéciaux de l'intérieur du corps humain sont très réussis. Mais Dante privilégie clairement la romance et le côté comédie décomplexée et caricaturale de son métrage, et encore une fois, on accroche ou pas.
3.75/6
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John Wick - Chapitre 4 (2023) :
Bien décidé à se venger de la Grande Table qui a fait de lui un homme traqué, John Wick (Keanu Reeves) se trouve la cible du Marquis Vincent de Gramont (Bill Skarsgård), un homme sans pitié qui détruit le New York Continental, tue Charon (Lance Reddick) et lance à ses trousses Caine (Donnie Yen), un tueur aveugle, vieil ami de Wick. Seul moyen pour Wick de s'en sortir : réintégrer la communauté des tueurs et défier en duel le Marquis...
Quatrième et dernier volet de la franchise John Wick, après un troisième épisode efficace mais qui aurait peut-être bénéficié de plus de retenue, ce John Wick chapitre 4 est un film marathon, non seulement par sa durée (2 h 40 !), mais aussi par ce que traverse John Wick tout au long du métrage : un enchaînement de longues scènes d'action épiques, parfois très réussies, parfois moins, parfois bien rythmées, parfois prolongées outre mesure.
La routine pour John Wick, en somme, même si à ce niveau de la franchise, on sent tout le monde un peu sur les rotules, à commencer par Keanu Reeves, de plus en plus raide, gêné aux entournures, toujours vaillant mais à l'interprétation de moins en moins impliquée.
À moins que cette interprétation soit un produit de l'écriture des dialogues, qui plus que jamais, ici, m'a semblé laborieuse, pompeuse, chaque réplique étant une phrase pseudo-profonde et philosophique sur la vie, le destin, la mort, etc. J'avoue, sur la durée, ça fatigue un peu, et les ventres mous, ici ou là, se ressentent d'autant plus que tout est fait avec un sérieux papal.
Mais malgré tout, ça reste très agréable à suivre, et pour un film de 2 h 40, on ne regarde pas vraiment sa montre. Tout au plus lève-t-on les yeux au ciel durant la traversée de Paris en mode indestructible, digne d'un Fast and Furious en ce qui concerne la plausibilité du tout, le réalisme, la physique, etc.
Pour être franc, j'ai commencé le film en me disant que ça allait être le John Wick de trop, et puis finalement, c'est une bonne conclusion à la franchise. Ça aurait pu être un peu plus court et plus dynamique, mais tant qu'ils ne sabotent pas le tout en produisant un John Wick 5 et en ramenant à la vie un Keanu fatigué (même si bon, la fin est suffisamment ambiguë pour laisser cette porte ouverte), c'est une fin satisfaisante pour le personnage.
4/6 (mention spéciale à Scott Adkins qui s'éclate en Allemand obèse)
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Babylon 5 - The Road Home (2023) :
Deux ans après la fin de la Guerre des Ombres, sur le point de quitter Babylon 5 pour endosser son rôle de Président, John Sheridan (Bruce Boxleitner) se retrouve propulsé dans l'espace et le temps, et découvre des réalités alternatives, alors même qu'il n'a qu'une chose en tête : rentrer dans sa dimension et retrouver Delenn (Rebecca Riedy)...
Plus de 20 ans après la fin de la franchise Babylon 5, Warner ressuscite ce space-opéra incontournable d'entre les morts et, sous la plume de JMS, le papa de Babylon 5, reprend comme si de rien n'était, mais sous une forme animée (les multiples acteurs décédés parmi la distribution imposant cette solution inélégante mais incontournable).
Au programme, le multivers (décidément très à la mode) à la sauce Babylon 5, soit l'occasion pour JMS de ramener tous les personnages du passé de la franchise pour un dernier baroud d'honneur... et aussi de rebooter la franchise Babylon 5 de manière avouée, en finissant par un discours d'une Ivanova alternative s'adressant peu ou prou au spectateur pour lui dire "on est partis longtemps, mais nous sommes de retour, et pour de bon".
Et après tout, relancer la franchise Babylon 5 dans une réalité alternative passée, au début des aventures de Sheridan et compagnie, pour partir dans une direction autre, sans Ombres, peut être intéressant et économique, surtout sous forme animée, maintenant que les personnages, les décors et les vaisseaux ont été conçus et sont faciles à animer.
Après, reste à voir si la demande existe vraiment au delà des fans les plus hardcore (et même ceux-là ont accueilli le film assez fraîchement - il n'y a pas pire critique que les fans hardcore d'une franchise) : ce n'est pas l'animation relativement sommaire (surtout dans les affrontements spatiaux) qui va taper dans l'œil des spectateurs novices, en tout cas, et ce téléfilm ne tient pas réellement la main de ces derniers pour leur expliquer le pourquoi du comment (même si, techniquement, ça m'a paru assez clair).
Cela dit, je ne me suis pas ennuyé, malgré quelques passages un peu maladroits niveau écriture, notamment vers la fin, et une représentation pas très inspirée des Ombres : en l'état, c'est un bon point de départ pour d'autres métrages animés, mais ça ne restera pas forcément dans les mémoires.
3.75/6
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Deux ans et demi après ses bilans de la saison 1 et de la préquelle, Sygbab repart pour l'Antiquité de Spartacus, afin de conclure son intégrale de la série...
Spartacus, saison 3 - La Guerre des Damnés (Spartacus : War of the Damned - 2013) :
Après avoir triomphé (non sans pertes humaines) de Glaber, la rébellion de Spartacus gagne en force et en ampleur... mais face à Spartacus et à ses amis se dressent le fortuné Marcus Crassus (Simon Merrells) et un jeune Jules César (Todd Lasance).
Exit les machinations politiques, place aux choses sérieuses : ce qui était auparavant, en saison 2, une simple rébellion un peu gênante est devenu un sacré casse-tête pour les personnes évoluant dans les hautes sphères de la République. Pour mettre un terme à cela, un nouveau personnage rentre dans le jeu pour s'opposer à Spartacus, et pas n'importe lequel.
En effet, Crassus diffère de Glaber non seulement par un charisme bien plus évident, mais aussi par une intelligence plus accrue (notamment au niveau stratégie militaire) et une conviction inébranlable, sans pour autant manquer de subtilité quant aux intrigues politiques. Il est donc aussitôt présenté comme un adversaire de valeur, et l'affrontement à distance des deux hommes - avant un dernier combat au corps à corps qui était un passage obligé - est finalement le fil rouge de cette dernière saison.
L'aspect sur lequel se penchent les scénaristes concerne la gestion des hommes de chacun, et Crassus se distingue sur ce point. Contrairement à un Spartacus qui doit peu ou prou aviser au jour le jour en essayant de conserver le moral de troupes dont les rangs ne cessent de grossir avec tout ce que cette surpopulation implique (faim, promiscuité, mœurs pour le moins douteuses), Crassus a le luxe du nombre et n'hésite pas à tenir ses soldats par la peur.
À ce titre, la décimation - acte ignoble, cruel, monstrueux, barbare, et dont toute la violence et l'horreur sont retranscrites dans une scène dégueulasse - est très efficace pour envoyer un message très clair quant au sort qui attend ceux qui subissent une cuisante défaite. Pourtant, il semble qu'il ne le fait pas par pur sadisme, mais simplement parce qu'il pense que c'est le seul moyen d'inculquer une leçon aux garnisons qu'il commande et de les rendre plus fortes pour leurs futures batailles. Mais c'est là tout le paradoxe : s'il est capable d'inspirer peur et respect à tant d'hommes, il est en revanche incapable de contrôler son propre fils. Ce qui était une décision prise en tant que chef de guerre s'est révélé fatal pour son rôle de père.
Il y a comme un parallèle entre les deux hommes. L'élément incontrôlable que devient Tiberius, toujours plus détestable à mesure que la saison avance - et surtout lorsqu'il met Agron à terre et embroche Crixus (dans le dos, dans les deux cas), se retrouve en Crixus. Alors que son statut de champion de l'arène l'avait rendu dur sans pour autant être dénué de subtilité dans sa relation avec Naevia, le personnage est ensuite devenu plus erratique.
Il ne cesse d'aboyer comme un chien fou mais se fait constamment mater par Gannicus ou encore Spartacus. À boire les paroles de son amante, il s'est ramolli, et ne mérite plus vraiment son surnom, The Undefeated Gaul. Il est effacé et ne retrouve ses esprits que dans le dernier épisode où il apparaît, avec un discours qui tient enfin la route en rappelant que cette rébellion a fait vaciller les fondations même de la République romaine, et que rien ne pourra leur enlever. Mais son parcours se termine de manière peu honorable : en exceptant l'incroyable scène où sa tête volant dans les airs se reflète dans l’œil de Naevia, il n'y rien de très héroïque à se faire tuer de cette manière par un jeune con.
La comparaison ne s'arrête pas là pour les deux leaders : chacun possède dans son camp un électron libre car César est le pendant de Gannicus. Il n'hésite pas à dire ce qu'il pense de façon très directe et se consume de passion pour le sexe, l'alcool et autres joyeusetés proposées par la vie. Il possède également une classe folle, et s'impose rapidement comme un personnage indispensable, au au point de passer parfois pour le héros de la série. D'ailleurs, le 3.06 Spoils of War est un hommage aux deux personnages, qui sont largement mis en avant.
Malgré ces similitudes, Spartacus tente par tous les moyens de ne pas ressembler aux Romains en s’astreignant à ne pas se comporter comme eux. Mais il a bien du mal dans cette tentative car la frontière entre les anciens maîtres et les anciens esclaves devient de plus en plus floue. Les actes de vengeance, les viols en tournante, les massacres : voilà autant de méfaits qui deviennent de plus en plus récurrents dans ses rangs. Il finira d'ailleurs par céder à ce principe en créant des jeux funèbres où leurs prisonniers doivent combattre de la même manière qu'on les a forcés à le faire. Cela permet de remettre en avant ses capacités extraordinaires en tant que combattant et de rappeler pourquoi il est à la tête de ce mouvement, tout en soulignant que la liberté qu'ils revendiquent ne les rendra pas forcément meilleurs que ceux dont ils combattent le joug.
L'affrontement entre les deux hommes trouve son point d'orgue dans le dernier épisode, en commençant par une joute verbale. La volonté de Crassus de parler face à face avec son adversaire démontre tout le respect que ce dernier lui inspire, même si le sentiment n'est pas partagé. C'est aussi une façon de faire monter la tension et de corriger une situation incongrue, comme le fait si bien remarquer le romain : après avoir été confrontés l'un à l'autre pendant des mois, il paraissait anormal qu'ils ne se soient jamais rencontrés.
Par la suite, en plein cœur de la bataille finale, l'ancien esclave blesse le Romain lors d'une première escarmouche, mais ce dernier est vite protégé par une poignée de ses soldats, avant un duel qui tourne à l'avantage de Crassus dans des conditions peu glorieuses, car il profite de la fatigue de son adversaire.
Le combat est très bien chorégraphié, et laisse croire à la victoire de Crassus quand il s'empare de l'épée de Spartacus à pleines mains, mais il ne réussit pas à conclure. C'est lorsque ce dernier met un genou à terre qu'il est transpercé par derrière, reproduisant le même schéma que pour d'autres personnages.
Les scénaristes les ont tellement présentés comme étant invincibles qu'on les sent incapables d'être inventifs à ce niveau, en osant par exemple les tuer en combat singulier. Peut-être parce qu'ils avaient tenté cela avec Oenomaus et qu'ils s'étaient plantés...
Ceci étant, la mort du Thrace un peu plus tard est bien écrite, et revient sur les débuts de la série avec un clin d’œil au serpent rouge qui lui a amené tant de malheurs. Mais toutes ces morts, ainsi que celles de Gannicus qui subit le sort de la crucifixion et rejoint en songe la gloire de l'arène et les clameurs de la foule, l'auront été en hommes libres, et c'est leur plus grande victoire.
L'un des seuls rescapés est Agron, qui aura fait preuve d'un sacré courage en allant au combat avec des mains meurtries, et qui se sera révélé un bras droit précieux.Il était difficile d'imaginer un tel dénouement pour ce personnage, après des débuts compliqués.
Si des défauts subsistent encore ici et là et malgré un aspect outrancier qui dérange toujours autant si on n'y a jamais adhéré totalement, il est assez fascinant de voir à quel point la série a su évoluer depuis le catastrophique pilote, en ne cessant de s'améliorer.
Il faut pour cela tirer un coup de chapeau aux scénaristes, qui ont fait preuve de rigueur dans l'écriture pour en arriver là. Ce n'est sans doute pas la série du siècle, mais c'est suffisamment solide pour être apprécié à sa juste valeur. Et en se laissant aller par un enthousiasme somme toute justifié par cette fin de série, on pourrait presque pousser un petit "I am Spartacus !".
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Adaptation des romans d'Andrzej Sapkowski (et des jeux vidéo en étant tirés) narrant les aventures de Geralt le Sorceleur, The Witcher est chapeautée, pour Netflix, par Lauren Schmidt Hissrich (Daredevil, The Defenders, The Umbrella Academy... aïe), et a pris la forme, en 2019, d'une première année de 8 épisodes d'une heure à l'ambition très claire : remplir le vide laissé dans le cœur des fans d'heroic fantasy par la fin de Game of Thrones. Mission accomplie ?
The Witcher, saison 1 (2019) :
Les aventures de Geralt de Rive (Henry Cavill), Sorceleur mutant possédant des pouvoirs magiques et mercenaire chasseur de monstres, qui se trouve embarqué dans un conflit qui le dépasse lorsqu'il croise le chemin de Yennefer (Anya Charlotra), sorcière tourmentée, alors même que le royaume de Nilfgaard décide d'envahir violemment les nations voisines...
Résultats assez inégaux, pour cette première saison du Witcher, une première saison qui adapte plus ou moins diverses nouvelles, et adopte donc une approche décousue et déstructurée de sa narration : la plupart de ces épisodes sont des quasi-stand alones, avec des intrigues relativement closes (Geralt accompagne un groupe dans une quête, Geralt doit tuer tel monstre, etc) mais qui, en filigrane, construisent le monde où vit le Witcher, ses relations avec divers personnages secondaires récurrents, et les événements qui mènent au grand final - le siège de Sodden Hill, défendu par l'ordre des sorcières et des mages contre les troupes de Nilfgaard.
En parallèle des aventures de Geralt et de son barde Jaskier (Joey Batey), on suit donc le parcours initiatique de Yennefer, la bossue devenue sorcière toute-puissante en échange de sa fertilité, ainsi que celui de la jeune Ciri (Freya Allan), jeune princesse du royaume de Cintra, en fuite depuis la destruction de son château par les Nilfgaardiens, et destinée à retrouver Geralt.
Contrairement à ce que j'ai pu lire çà ou là, je n'ai pas trouvé la chronologie déstructurée de la série particulièrement difficile à suivre ou inutilement compliquée : au contraire, j'ai trouvé le tout plutôt clair et lisible, de par la présence d'indicateurs temporels visuels, et de personnages récurrents.
Je n'ai pas non plus trouvé que la série était particulièrement honteuse au niveau de ses effets spéciaux (c'est dans la moyenne du genre) ou de l'interprétation d'Henry Cavill (il est effectivement un peu raide dans un premier temps, mais c'est voulu, et il se détend au fil des années et des épisodes).
Là où ça a coincé un peu plus pour moi, c'est au niveau de l'intérêt des diverses sous-intrigues, ainsi que de certains choix de direction artistique, parfois gentiment kitschouilles. Ainsi, les mésaventures de Ciri sont d'un inintérêt chronique, pas aidées par un passage assez raté chez les dryades (des amazones dignes d'un mauvais épisode d'Hercule ou de Xena, dans des décors à la photographie plutôt laide), et par un rythme mollasson, histoire de faire durer le tout jusqu'au final.
À l'identique, les Nilfgaardiens ne paraissent jamais vraiment menaçants ou dangereux, ou du moins, peinent à acquérir une véritable présence à l'écran, engoncés dans des armures fripées très peu probantes, façon cosplay. Et le design des créatures monstrueuses (faune, strige, dragon) est un peu trop générique pour totalement convaincre.
Et puis, je dois bien l'avouer, j'ai toujours du mal avec la diversité forcée façon Netflix, à l'américaine, qui est plus maladroite et pataude qu'autre chose, altérant le récit et les personnages originaux pour leur apporter une ethnicité différente ; je pense notamment à Fringilla, qui, dans les romans, est une sorcière caucasienne pâle aux yeux verts, ressemblant étrangement à Yennefer au point que Geralt la fréquente un temps, et qui devient ici noire et ouvertement manipulatrice/malfaisante, quitte à rajouter au personnage une caractérisation à la limite du cliché raciste noir = méchant.
À l'identique, le script rajoute de nouveaux personnages exotiques pas franchement utiles (Dara l'elfe), qui souvent ne semblent là que pour assurer un quota de représentativité. Si c'était fait de manière naturelle et plus subtile, aucun problème, mais là, ce n'est pas le cas, et il est difficile de faire abstraction de cette artificialité dans les premiers épisodes de la saison...
Après, l'ensemble reste agréable à suivre : je n'ai pas binge-watché le tout (ce qui explique peut-être pourquoi je n'ai pas eu trop de mal à suivre la chronologie) mais j'ai pris mon temps, au rythme d'un épisode par jour, et je n'ai jamais vraiment eu l'impression que le programme souffrait du syndrome Netflix habituel.
Les acteurs sont, dans l'ensemble, bons, la série conserve un léger sens de l'humour, la nudité n'est pas trop gratuite, les combats à l'épée sont efficaces, et si l'on pourra reprocher un world-building un peu pataud selon les scénaristes, le tout commence à prendre forme une fois que la chronologie se cristallise, à partir de la mi-saison.
Le bilan est donc mitigé positif, avec quelques épisodes qui se démarquent, pas toujours en bien : l'épisode du chevalier hérisson a le souci de recycler un récit traditionnel déjà vu, notamment dans les Monstres et Merveilles de Jim Henson, et d'être tiré vers le bas par la sous-intrigue de Ciri chez les dryades ; à l'inverse, l'épisode de la recherche du dragon dans les montagnes était plutôt amusant, bien que très prévisible ; et puis l'épisode final, particulièrement frustrant, puisque choisissant de placer Geralt dans un semi-coma pendant toute la bataille de Sodden Hill - un choix étrange que de penser que le spectateur est plus intéressé par Yennefer et ses copines défendant d'illustres inconnus, que par le sort et les actions du héros de la série.
C'est peut-être là que la série trahit le fait qu'une showrunneuse ayant fait une partie de sa carrière chez Shonda Rhimes est aux commandes : le programme semble souvent plus intéressé par le destin tragique et les états d'âme de ses protagonistes féminins (au demeurant bien interprétés), plutôt que par Geralt, qui traverse bon nombre d'épisodes en grognant, quasi-impassible.
À nouveau, avec un peu plus de subtilité et de maîtrise, une telle approche pourrait pleinement fonctionner. En l'état, ça reste un peu maladroit, et ça tente parfois trop de lorgner sur les manigances du Trône de Fer pour son propre bien.
Ah, et j'ai failli oublier un point important de la série : sa musique. Important, mais plutôt par son absence, car elle ne m'a pas du tout marqué, entre un thème principal et des sonorités m'ayant immédiatement renvoyé au thème principal de Black Sails, et des chansons de fin de générique assez insipides, le tout m'a semblé plat au possible, sur ce front. Y compris au niveau de Toss a Coin..., qui a fait sensation sur le web au moment de la diffusion de la saison 1, mais qui est honnêtement assez pauvre dans son écriture.
Je serai au rendez-vous d'une saison 2, plus par curiosité de voir s'ils vont trouver leur rythme de croisière que par véritable passion pour la série, mais une chose est sûre : il y a eu bien pire dans le genre fantasy télévisuelle, et finalement, cette saison 1 du Witcher est plutôt honorable.
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N'y allons pas par quatre chemins : oui, la saison 3 de Picard est, pour le moment, nettement au dessus des deux premières années totalement ratées. Peut-être est-ce dû à un nouveau showrunner, peut-être est-ce une illusion simplement provoquée par le facteur nostalgie et fanservice de cette troisième saison, une chose est sûre : c'est nettement plus agréable à regarder. Mais cela ne veut pas dire pour autant que ce soit forcément bon ou bien écrit...
Star Trek Picard, saison 3 (2023) :
- 3x07 : N'ayant plus d'autre option, l'équipage du Titan décide de jouer le tout pour le tout et de tenter de capturer Vadic en la faisant tomber dans un piège...
Mouais. Un épisode frustrant plus qu'autre chose, principalement à cause de son écriture et des raccourcis faciles empruntés par celle-ci. L'introduction, avec caméo de "Tuvok", était sympathique, proposant enfin un peu de tension paranoïaque sur l'identité de chacun ; les hésitations de Crusher à développer une nouvelle arme biologique pour éliminer les Changelins 2.0 étaient logiques et intéressantes... mais voilà, rapidement, ça patauge un peu, ça peine à équilibrer le temps d'antenne, et ça abêtit délibérément certains personnages pour arriver à la fin voulue par les scénaristes.
Il n'y a ainsi pas vraiment un moment problématique, mais c'est un ensemble de petites décisions scénaristiques, çà et là, qui font qu'on finit par lever les yeux au ciel : la réécriture révisionniste de Starfleet en organisation génocidaire refusant de donner le vaccin au virus touchant les Changelins (ce qui retconne aussi un bout de Deep Space Nine) ; Jack qui parvient à télécommander Sydney grâce à ses nouveaux pouvoirs (pas très convaincant à l'écran, tout ça) ; Picard et Beverly qui décident de tuer Vadic de sang froid (WTF) ; toute la dichotomie Data/Lore (Spiner s'amuse bien, au demeurant) qui ne sert que d'artifice maladroit pour compliquer la situation, et disparait totalement du scénario au moment où le Titan en aurait le plus besoin ; ou encore tout l'équipage du Titan qui perd 90 points de QI au dernier moment de l'épisode, et qui tombe aux mains de Vadic de la manière la plus idiote possible...
Bref, ça se regarde, les acteurs sont investis, mais les problèmes d'écritures sont omniprésents, cette semaine, et je crains le pire pour la fin de saison.
- 3x08 : Aux commandes du Titan, Vadic menace d'exécuter des prisonniers si Jack Crusher ne se rend pas...
J'imagine que l'objectif de cet épisode était d'établir une tension palpable et durable, de mettre en péril chaque membre d'équipage, bref, de mettre la pression aux personnages comme au spectateur.
Mais honnêtement, ça n'a pas vraiment fonctionné sur moi. La faute à de gros raccourcis (tout le monde se promène dans le Shrike comme dans un moulin), à une écriture très bavarde avec des personnages qui en disent trois fois trop pour pas grand chose, à des interludes plus légers amusants (les retrouvailles Deanna/Worf) mais qui empêchent toute tension globale, à des scènes inutiles (Raffi qui se bat contre deux maychantes parce qu'il faut bien lui donner quelque chose à faire, *soupir*) et surtout à une résolution catapultée, histoire d'assurer un retour à la normale avant la fin de l'épisode.
Cette pauvre Amanda Plummer, notamment, se retrouve expulsée du Titan et de la série d'une manière bien peu cavalière, après avoir heureusement eu l'occasion de faire son numéro et de tenter de transcender des dialogues pas forcément très différent de ceux d'un terroriste lambda de 24 heures chrono (honnêtement, toute la prise d'otage, les échanges de Vadic avec les membres d'équipage paniqués, etc... bof).
Reste que voilà, les Changelins (enfin, Vadic et les cascadeurs-masqués-cliquetants-lui-servant-de-sbires-dont-on-ne-saura-jamais-ce-qu'ils-étaient-réellement), c'est réglé (tout ça pour ça !), passons à la suite (parti comme c'est, probablement les Borgs, encore et toujours, même si Picard aurait dû depuis longtemps deviner qu'ils étaient responsables, en apprenant que son fils entend une voix féminine/des voix qui lui parlent et qui veulent le rejoindre), mais mentionnons cependant que le face à face Data/Lore était plutôt réussi, dans son ensemble (même si le manque de budget se ressentait). Et puis il y avait Spot, ce qui fait toujours plaisir.
- 3x09 : Jack Crusher découvre qu'il a hérité de modifications génétiques infligées par les Borgs à son père, et fuit le Titan pour aller à la rencontre de la Reine ; le plan des Changelins et de Borgs se concrétise et menace toute la Fédération...
Les Borgs. Voilà voilà. Encore et toujours les Borgs. *soupir*
Bon, c'était globalement prévisible, et encore une fois, ça donne le sentiment d'un gros "tout ça pour ça" (on parie qu'on n'entendra plus parler des Changelins, maintenant ?), mais bon, passons.
Passons aussi sur "personne n'a entendu parler des Borgs depuis plus de dix ans !" alors qu'ils étaient là en saison 2, sur le plan ultra-capillotracté du plan global des Changelins et des Borgs (ça sent le scénariste qui avait plusieurs idées de saison, et qui a fini par les fusionner à l'arrache) ou la stupidité confondante de Starfleet qui synchronise tous les vaisseaux de sa flotte de manière informatique, sans vraiment voir plus loin que ça (et sans prendre en compte toutes les occasions similaires dans l'histoire de la franchise).
Passons, parce que plus que jamais, cet épisode joue la carte du fanservice, quitte à frôler l'overdose, puisque le tout culmine par l'équipage original, à bord de l'Enterprise D (qui est "analogique", lol), pour une ultime mission désespérée contre les Borgs. La musique de la série retentit, la réalisation se fait contemplative, l'émotion est là, c'est formidable, et en plus on a eu droit à l'Enterprise F et à l'Amiral Shelby ! Oui, j'avoue, même moi j'ai ressenti un petit frisson de nostalgie devant cette fin d'épisode.
Sauf que voilà, pour en arriver là, il a quand même fallu rendre Starfleet et la moitié des personnages (y compris Jack) assez stupides, il a fallu tuer Shaw (monumentale erreur, honnêtement), il a fallu retconner la continuité établie çà ou là, utiliser de grosses ficelles plus symboliques que cohérentes (tout le truc sur la borgification qui ne touche que les jeunes, histoire de les opposer aux vieux que sont nos héros), bref : encore et toujours, l'épisode donne l'impression d'avoir été écrit avec une fin en tête ("Picard et son équipage de l'époque à bord de l'Enterprise D contre les Borgs"), et le reste des événements assemblés à rebours pour y parvenir.
Je n'ai honnêtement pas de grandes espérances pour le season finale... on verra bien.
(à suivre...)
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Pendant une semaine, place à l'héroïsme, à la fantasy, aux mythes et à l'aventure sur le blog des Téléphages Anonymes...
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Suite de la première saison de cette série internationale en 22 x 45 minutes adaptant de façon assez libre les aventures de Conan le barbare, après un premier tiers de saison très chaotique, et à l'intérêt plus que discutable...
Conan, saison 1 (Conan The Adventurer, season 1 - 1997) - deuxième partie :
Armé de son épée atlantéenne et épaulé par ses amis Otli (Danny Woodburn), Bayu (T.J. Storm) et Zzeban (Robert McRay), Conan continue d'arpenter le royaume à la recherche du maléfique Hissah Zuhl (Jeremy Kemp)...
1x09 - The Curse of Afka : Lorsqu'ils rencontrent Katrina (Lydie Denier), une belle danseuse gitane, Conan et ses compères sont dépouillés de leur argent, mais rapidement, ils se trouvent mêlés aux manigances du sorcier Zingara (Scott Ripley) et du Prince Shadizar (Anthony De Longis), rivaux à la recherche d'un artefact maudit...
Une grosse escort quest de 45 minutes, avec des gitans menteurs, une Lydie Denier habituée des séries de la maison de production à l'origine de Conan (et à l'accent assez calamiteux), une roulotte à double fond, un Otli amoureux, un Sorcier maniéré, un Prince interprété par la doublure fouet de Harrison Ford (et le Blade des Maîtres de l'Univers), et une visite de Karella, toujours dans les bons coups.
Pas forcément désagréable, ni mémorable, mais la nonchalance de Conan est assez amusante, dans l'ensemble, et le groupe conserve une bonne alchimie, y compris avec Karella.
1x10 - Impostor : Le sorcier Evad (Joseph Rye), aux ordres de Zhul, crée un double maléfique de Conan qui sème le chaos sur son passage et dans le pays... jusqu'à ce que le véritable Conan soit mis au courant de la situation, et décide de réparer sa réputation. Mais Evad a d'autres plans, et prévoie de trahir son maître...
Un épisode gentiment je-m'en-foutiste, avec une pseudo-intrigue du doppelgänger maléfique qui est évacuée en 15-20 minutes, pour laisser toujours plus de place à Dave Evad le sorcier efféminé (comme la plupart des sorciers de cette série !) et à sa compagne/apprentie/souffre-douleur, Ega (Renee Graham), une écervelée un peu idiote et pas très bonne actrice, avec laquelle il passe son temps à se disputer, comme un Luthor avec Miss Tessmacher (mais en plus débiles).
Ajoutez à cela un Zhul qui improvise des incantations en babillant comme s'il était un nourrisson, un golem métallique qui tire des lasers (et fait très Power Rangers), et un Bayu qui, jusqu'à présent, se battait comme une panthère (avec bruitages félins dignes de Manimal à la clef), mais qui désormais, décide de se battre comme un singe, sans raison... et voilà, un épisode étrangement décomplexé et fait de bric et de broc.
1x11 - Amazon Woman : Conan et compagnie croisent le chemin d'Aura (Jacqueline Collen), une amazone protégeant un bébé, et tentant de protéger le fils de Prada (Brian Cousins). Mais Zorga (Brian Cousins), le frère jumeau de Prada, est prêt à tout pour le tuer, sur les ordres de Zhul...
Pas terrible, cet épisode. Ça commence comme une variation sur Conan and the Amazon, une nouvelle publiée un an ou deux avant l'épisode, et mettant en scène une amazone et des jumeaux, ça continue comme une variation sur le Prince et le Pauvre, et ça se finir en relecture de la mort de Valeria, avec Conan qui pleure sa belle au pied d'un bûcher funéraire.
C'est décousu, l'amazone n'est pas très convaincante (en plus d'être clairement doublée par un homme lorsqu'elle se bat, après s'être transformée dans une armure intégrale cachant son visage), sa relation avec Conan est quelconque, les guests ne sont pas non plus très probants... bof, en somme.
1x12 - Homecoming : Bayu, Otli et Zzeban arrivent dans le village natal de Bayu, où ce dernier reçoit un accueil des plus hostiles : il y retrouve Surette (Mari Morrow), son ancienne petite-amie, désormais en couple avec Drakk (Michael Worth), son rival de toujours, et qui élève Keeta (Kiami Davael), une fillette ressemblant étrangement à Bayu. Et pour ne rien arranger, Lukar (Fawn Reed), la sœur de Bayu, a accepté d'épouser le maléfique Lord Senn (David Amos), pour que ce dernier épargne le village...
Un autre épisode "économie de budget", avec un Conan absent de 95 % de l'épisode (et qui débite ses dialogues sans grande conviction), et un récit centré sur Bayu, sa famille, etc. Et étrangement, ça fonctionne à peu près sur tous les plans, permettant de donner un peu d'épaisseur à un personnage jusque là limité à ses arts martiaux et à son mauvais caractère. On regrettera seulement que la tragédie finale soit un peu redondante avec celle éprouvée par Conan dans l'épisode précédent.
1x13 - The Taming : Redevable du Roi Orad, qui lui a autrefois sauvé la vie, Conan et ses amis secourent sa fille, la Princesse Hana (Julie St. Claire), capturée par un sorcier. Seul problème : non seulement la princesse est une mijaurée insupportable, promise au musculeux Prince Tamul (Xavier Declie), mais en plus, elle est la cible de Lizor (Patrick Lambke), meneur d'un bataillon d'hommes-serpents implacables...
Un épisode plutôt léger et amusant, principalement centré sur les réactions de la bande face à la princesse mégère (ce n'est pas sans raison que le titre anglais renvoie directement à la Mégère apprivoisée de Shakespeare), et sur les combats entre la troupe de Conan et des hommes-serpents.
Le premier point, s'il est rapidement répétitif, fonctionne à peu près, malgré un Conan semi-absent, et un Xavier Declie à l'accent français à couper au couteau. Le second point, lui, est plus inégal, principalement parce que les hommes-serpents sont assez risibles (des cascadeurs encapuchonnés avec un masque de lézard acheté dans un magasin de déguisement), mais aussi parce que Conan, soudain, se prend pour Musclor, brandissant son épée vers le ciel et demandant la toute-puissance de Crom, dans un déluge d'éclairs.
M'enfin dans l'ensemble, ça restait assez distrayant (et il y a un véritable effort de chorégraphie des combats de la part de Robert McRay, ça fait plaisir).
1x14 - Red Sonja : Lorsqu'ils tentent d'aider une caravane en difficulté, Conan et ses amis ignorent qu'elle est envoyée par le vieux Roi Vog (Robert Culp), désireux d'obtenir la vie éternelle grâce aux pouvoirs du jeune sorcier Lutai (Billy Parrish), transporté en captivité. Rapidement, ils croisent alors le chemin de Sonja la rousse (Angelica Bridges), guerrière implacable voulant libérer Lutai, et persuadée que Conan et ses compères ne lui seront d'aucune aide...
Un épisode mollasson et pas très intéressant, avec une Red Sonja bimbo pas très bien interprétée (et à l'origine réinventée), une Baru (Kiki Shepard) qui ne sert à rien en sbire des méchants, un Robert Culp à la fausse barbe risible, et beaucoup de sous-péripéties quelconques.
Tout au plus retiendrai-je le caméo d'Amy Buchwald (l'épouse de Danny Woodburn IRL) en guerrière sauvage qui s'éprend d'Otli pendant quelques scènes. Dommage qu'elle ait été aussi vite évacuée, cela aurait été amusant de la voir apparaître de manière récurrente dans d'autres épisodes.
1x15 - Shadows of Death : Poursuivie par le général Morgot (Jose Escondon), sbire de Zhul, Karella est secourue par Conan et ses amis, qui, désormais traqués par les troupes de Sergeas (Kevin P. Stillwell), sont alors contraints de se réfugier sur l'île voisine de Vilayet, surnommée l'Île des Ombres.
Un épisode adaptant librement la nouvelle Shadows of the Moonlight de Robert Howard, en en conservant les grandes lignes (la malédiction, les statues, les rêves, etc), en se débarrassant des points les plus problématiques à adapter sans argent (à savoir le singe géant, remplacé par l'esprit d'un bodybuilder vengeur qui se téléporte comme dans Star Trek), et en rajoutant une bonne dose de torture des compères de Conan aux mains de Sergeas.
Pas désagréable à suivre, principalement parce que le tout a un peu de structure, et que la relation Karella/Conan est toujours sympathique, mais les ajouts scénaristiques sont régulièrement un peu maladroits, à l'image des cinq dernières minutes de l'épisode, interminables de remplissage.
1x16 - The Child : Ayant à peine échappé à de dangereux cannibales, Conan et sa troupe tombent sur une caravane en flammes, attaquée par des inconnus, et ils y trouvent Mirimane (Mickey Cottrell), une femme mortellement blessée, mais en plein labeur. Car l'enfant qui va naître est le futur Messie d'un Dieu unique à venir, et Hissah Zuhl a ordonné à ses troupes, menées par Sinjin (Deron McBee), de le tuer dès que possible...
Un épisode assez étrange, qui mélange beaucoup de comédie façon Quatre hommes et un couffin à une approche étrangement judéo-chrétienne de la religion, avec ce futur Messie, ce Dieu unique appelé à remplacer Crom et tous les autres Dieux), et Hissah Zuhl qui tente de le tuer dès sa naissance (d'ailleurs, je m'étais fait la remarque plus tôt dans la saison, mais c'est désormais une évidence : Zuhl est monté sur roulettes, et se déplace en glissant dans toutes ses scènes, comme sur un Segway, ce qui est assez involontairement amusant, je dois dire...).
Ajoutez à cela un certain nombre de scènes clairement filmées sur fond vert (probablement pour éviter d'exposer le bébé aux éléments du "désert") et des scènes d'action encore moins convaincantes que d'habitude (Deron McBee donne des coups qui passent systématiquement à trente centimètres de leur cible), et voilà, un épisode bizarre qui conclue de manière bancale ce deuxième tiers de saison.
Suite et fin de la saison, dimanche prochain...
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Brimstone : Le Damné, saison 1 :
Un générique est toujours important pour donner le ton. Celui de Brimstone s'en sort très bien à ce niveau, puisqu'il résume parfaitement l'intrigue générale. Jugez plutôt :
Si vous êtes amateurs de séries fantastiques, celle-ci est faite pour vous. C’est intelligent, bien écrit, et les deux personnages principaux - servis par des acteurs exceptionnels - sont excellents.
Pourtant, ce n’était pas gagné : le concept de l'adversaire de la semaine, avec un héros qui ne peut pas mourir puisqu’il y est déjà passé, paraît fortement limité de prime abord notamment car le côté "il ne doit en rester qu'un" rappelle Highlander. Rajoutons à cela l'aspect policier dont les enquêtes baignent dans le surnaturel histoire de donner l'impression de regarder un X-Files bis, et il n'y a pas de quoi être convaincu.
Mais très vite, la série trouve son propre ton, et devient unique en son genre. Pour faciliter l’immersion dans cet univers particulier, les premiers épisodes se concentrent sur la quête d'Ezekiel, qui veut absolument retrouver sa femme. Les thèmes traités sont donc en étroite relation avec le viol de cette dernière, d’autant plus qu’il croise une nouvelle fois la route de Gilbert Jax.
Puis, petit à petit, les motivations des âmes damnées sont au coeur des débats, en mettant en avant la mince frontière qui existe entre le Bien et le Mal : certains apparaissent comme des victimes, d'autres ont sincèrement envie de se repentir.
Mieux encore, les scénaristes s'amusent avec les pouvoirs des évadés de l'Enfer, ainsi que sur la manière dont Ezekiel se débarasse d'eux. Dans le même temps, les enquêtes qu'il mène en free-lance ne sont pas basées sur un schéma rigide puisqu'il doit démasquer ses cibles en partant du peu d'informations que le Diable lui fournit quand il lui assigne ses missions.
Plus la série avance, plus les épisodes sont inventifs, et deviennent même jouissifs après l'épisode 8, qui marque un tournant dans l'intrigue. Quant aux deux derniers, ce sont véritablement des bijoux.
Tout cela serait nettement moins passionnant si les personnages n’étaient pas à la hauteur. Le duo formé par le Diable et Ezekiel contribue en grande partie à cette réussite car ils ont une réelle alchimie, et leurs dialogues sont toujours crôles, incisifs et d'une justesse remarquable. Ezekiel a de l'humour, une belle gueule et un charisme monstrueux, mais le Diable n'est pas en reste.
Il est présenté sous la forme d’un grand enfant enjoué qui s’amuse à faire de petites farces, et comme un fin gourmet qui se délecte des pires atrocités commises par les hommes, mais il s'avère surtout d'une grande lucidité.
Bien que rabat-joie dans sa propension à trop souvent rappeler à Ezekiel où se trouvent ses priorités - ce dernier n'hésite d'ailleurs pas à lui dire qu'il est lourd -, il apporte toujours des commentaires judicieux sur une situation donnée, et se trouve même être la voix de la raison en plus d'une occasion. Une ironie qui ne s'arrête pas là puisqu'à force de sauver des vies, son protégé passe pour une sorte d'ange-gardien...
Au vu du sujet, la religion fait partie intégrante des fondements de la série, et ce de manière assez logique. La réflexion constante autour du Bien et du Mal amène de nombreuses questions : si faire le Bien est récompensé et faire le Mal est puni, est-il possible de se racheter ? Est-ce une circonstance atténuante d'être un bourreau après avoir été une victime ? Peut-on pardonner les pires individus ?
Les réponses ne sont jamais évidentes, et c'est là qu'intervient le père Horn, un prêtre noir aveugle qui va très vite être au courant de la nature d'Ezekiel et devenir son confident afin de lui donner des conseils avisés.
Deux autres personnages viennent représenter les autres aspects de la série. Tout d’abord, Ezekiel croise souvent la route du sergent Ash, qui lui fournit bon nombre d’informations utiles à ses enquêtes et dont le charme ne le laisse pas indifférent. Il côtoie également Max, une jeune femme qui vit dans le même immeuble que lui et qui va se révéler être une très bonne amie malgré son coté fantasque.
La galerie de personnages est donc suffisamment diversifiée pour créer des interactions différentes, intéressantes dans la mesure où elles permettent de dévoiler plusieurs facettes du personnage principal.
N'ayant pas foulé le sol de la Terre depuis 15 ans, ses réactions étonnées devant Internet, le fax, le cybersexe, les jeux vidéos ou encore la nécessité d'avoir un mandat pour fouiller une maison sont autant de rappels de la part des scénaristes sur l'évolution constante et toujours plus accrue de notre monde. Un soin du détail appréciable en guise de cerise sur le gâteau, qui rend l'ensemble encore plus crédible, et donc forcément sympathique.
Mais avant tout, cette histoire est celle d’un homme juste mais pas parfait, et dont la vie - et la mort - a été chamboulée par l’atroce viol qu’a subi sa femme, ce qui l’a mené à commettre à son tour un crime qui le tourmente même dans son après-vie car il regrette cet acte guidé par une colère noire non contenue. Un homme encore éperdument amoureux de sa femme, avec qui il espère vivre encore des moments fabuleux s’il réussit dans sa mission...
Halloween approche lentement, et comme tous les ans, c'est l'heure de l'Oktorrorfest sur le blog des Téléphages Anonymes, avec au programme un marathon de cinéma fantastique et d'horreur pendant un peu moins de deux mois, de mi-Septembre à début Novembre...
Home Movie :
David Poe (Adrian Pasdar), pasteur, et son épouse psychologue, Clare (Cady MCClain) s'installent à la campagne avec leurs deux enfants, Jack et Emily (Austin & Amber Joy Williams), des jumeaux, nés le 31 Octobre. Mais un soir d'Halloween, voilà que Jack et Emily commencent à se comporter bizarrement, une attitude qui ne fait qu'empirer au fil des semaines, et que leurs parents chroniquent au quotidien par le biais de leur caméra familiale.
Premier long-métrage de Christopher Denham (acteur dans Argo et Forgetting the Girl, entre autres, mais aussi co-scénariste du mauvais Area 51 d'Oren Peli, et scénariste/réalisateur du faiblard Preservation, en 2014), qui est ici à la fois réalisateur et scénariste de ce found footage façon vidéo de famille, au budget clairement limité.
Et malheureusement, Denham n'a pas le talent nécessaire pour compenser ce budget étriqué, puisque le rendu à l'écran est assez faiblard, à la fois trop proche d'une DV mal étalonnée/éclairée (mais bien cadrée) pour vraiment faire "home movie" (peut-être que si le film avait été déplacé dans les 80s/90s, et filmé avec les moyens de l'époque, ça aurait été plus intéressant), et pas assez professionnel pour vraiment rendre le visionnage agréable.
Bref. Un found footage sur des enfants maléfiques, auxquels est confronté Adrian Pasdar et sa femme, et qui, pour une raison que je ne m'explique pas, a reçu énormément de bonnes critiques, notamment de la part des sites spécialisés outre-atlantique.
Alors peut-être que je suis passé totalement à côté, mais j'ai trouvé le tout profondément médiocre, entre :
# Pasdar qui se force à jouer un père pasteur toujours hyperactif, immature, survolté, quasi-insupportable, qui filme tout, tout le temps, sans raison ni logique, se déguise constamment, fait le clown devant l'objectif, et apprend à ses enfants à faire des choses essentielles comme de crocheter des serrures et de faire des noeuds complexes (deux choses qui vont forcément e retourner contre lui plus tard dans le métrage).
# son épouse psychologue qui ne réagit jamais pendant tout le film, et accuse son mari de maltraiter les enfants quand ça commence à dégénérer.
# l'absence totale de réaction des deux parents face aux actes de leurs enfants : à mi-film, les enfants ont déjà tué et torturé toutes sortes d'animaux, et crucifié le chat... et pourtant, les parents ne semblent pas plus troublés que ça, et la vie de famille continue normalement, avec Pasdar qui fait l'idiot, et les parents qui ne réalisent pas que leurs enfants sont des monstres.
# les rebondissements un peu trop capillotractés et/ou prévisibles : les enfants sont retrouvés dans le même lit, couverts de morsures, mais plutôt que d'essayer de découvrir (ne serait-ce que visuellement) si ces morsures en question ont été faites par des enfants ou par un adulte, la mère accuse directement son mari, comme je l'ai mentionné plus haut, et ce sans raison particulière.
# les choix visuels assez discutables : le film est montré dans l'ordre chronologique, mais on n'échappe pas aux moments "omniscients", avec une caméra que personne n'est vraiment en train de tenir, qui n'a aucune raison d'être allumée ; il y a des jump cuts, des avances rapides, des rembobinages, des effets de montage inexpliqués...
# certains effets sont forcés, comme ces gamins qui se téléportent subitement dans une pièce, juste histoire de faire sursauter un personnage, et de laisser sous-entendre qu'ils ont des pouvoirs démoniaques (alors que pas franchement).
# et cette fin un peu bordélique et pas toujours très logique : les enfants sont supposés avoir drogué leurs parents en leur faisant manger de la soupe, mais jamais on ne voit ces derniers la manger, justement...
En résumé, j'avoue avoir regardé le tout sans grande passion, d'autant que les effets assez pauvres, le rythme mollasson malgré la durée très limitée, et les rebondissements prévisibles n'aident pas à s'immerger dans le tout. Mais encore une fois, peut-être que je suis passé à côté, et peut-être que toutes ces scènes anémiques auraient dû me terroriser ou m'angoisser...
(un peu à l'image du dîner en famille durant lequel les jumeaux se rebellent et jettent des couverts par terre : une scène plate, qui n'a pas grand intérêt intrinsèque... si ce n'est que j'ai adoré la réaction du chien familial, dans un coin de l'image, qui après avoir sursauté une fois ou deux, décide qu'il en a ras le bol de ces cons d'humains qui le dérangent pendant sa sieste, et quitte tout simplement le tournage en allant directement rendre visite à l'équipe derrière la caméra)
Pendant un mois, à l'occasion de la Fête Nationale, retour sur un cinéma que je délaisse trop souvent : la comédie française...
Un Homme à la Hauteur (2016) :
Avocate talentueuse et sculpturale, Diane (Virginie Efira) reçoit un soir un appel d'Alexandre (Jean Dujardin), un homme drôle, intelligent, riche et cultivé, qui a retrouvé le téléphone portable qu'elle avait perdu. Rapidement, le duo se rapproche, mais il subsiste un problème : Alexandre mesure 1m36, et cela complique fortement les relations de Diane avec ses proches.
Adaptation d'un film argentin, cette comédie romantique française repose entièrement sur deux choses : son couple principal, et les effets spéciaux permettant de rendre crédible la taille de Dujardin.
Et si le couple Dujardin/Efira fonctionne plutôt bien (malgré des dialogues et un script parfois assez laborieux), les effets spéciaux posent un gros problème. Problème de cadrages, de rapetissage, de proportions, de tenues, de positions, la taille de Dujardin change constamment, n'est jamais homogène et tout simplement jamais vraiment crédible (dans l'immense majorité des scènes de romance et de dialogue, Dujardin semble simplement être assis 50 centimètres plus bas qu'Efira, et le reste du temps, il semble sur fond vert).
Ce qui pourrait passer, à la limite, si le reste du film était prenant, attachant et réussi. Malheureusement, il est assez difficile de s'identifier ou d'apprécier cette romance de personnages richissimes et privilégiés, avocate et chefs de cabinet d'architecte très aisés, qui dépensent sans compter, à base de jets privés, d'argent à gogo, de soirées privées, de vernissages, etc
Et comme à part ça, le film est particulièrement balisé et mollasson, avec des personnages secondaires assez moyens (tout ce à trait à Cédric Kahn est forcé au possible), une illustration musicale assez "publicitaire" et un propos basique et simpliste sur le handicap et la différence... on se retrouve avec un film inégal, qui aurait bénéficié d'être moins élitiste et plus abouti d'un point de vue technique.
2.5/6
Brice 3 (2016) :
Une décennie après avoir trouvé sa vague et sa sirène, Brice (Jean Dujardin) est retombé dans ses mauvaises habitudes, et vit à nouveau une routine des plus insipides, à attendre une vague qui ne vient jamais. Mais lorsqu'il reçoit un appel à l'aide de Marius (Clovis Cornillac), et qu'on l'expulse de sa caravane, il n'a d'autre choix que de rejoindre son ami à l'autre bout du monde... après un détour par Hossegor, pour y confronter Igor (Bruno Salomone).
Le premier Brice de Nice était une comédie sympathique et décalée, qui partait d'un best-of des sketches du personnages pour développer, avec une certaine poésie absurde, l'histoire d'un personnage immature et benêt à la recherche de ses rêves ; avec en prime des numéros musicaux amusants, un travail plutôt drôle sur les bruitages, et un Cornillac à fond dans son personnage. Du 3.75 ou 4/6, en somme, pour peu qu'on adhère au personnage et à son style d'humour.
Cette suite, qui arrive 12 ans plus tard (Dujardin est un peu fatigué, mais ça passe à peu près), adopte dès son introduction un tout autre angle d'attaque : celui du narrateur non fiable, en l'occurrence un vieux Brice grabataire qui raconte sa vie à une bande d'enfants sceptiques (ça donne un peu l'impression de se retrouver devant l'une des vidéos de Papy Grenier, mais bon...).
Ce qui permet bon nombre de ruptures dans le récit, et d'innombrables fantaisies numériques et imaginaires (comme un passage animé façon Dragon Ball Z) durant lesquelles Brice raconte n'importe quoi.
C'est bien dommage, franchement, parce que ça retire toute forme de réalisme au récit, qui devient un gros cartoon du début à la fin, notamment dans sa seconde partie, lorsque Brice affronte son double maléfique qui a créé un Briceland à Hawaii, où il règne en maître incontesté : le film perd tout enjeu réel, et on se doute très rapidement de la pirouette finale, qui tombe un peu à plat.
Après, ça reste sympatoche à regarder, sans rien d'exceptionnel, même s'il faut signaler que Bruno Salomone a plus à faire que dans le précédent (ce qui est toujours appréciable), qu'on a droit à une mini-réunion des Nous Ç Nous (ce qui fait toujours plaisir), et que ni Alexandra Lamy ni Élodie Bouchez ne reprennent leurs rôles (dommage... mais même Cornillac ne fait guère plus ici que de la figuration, éclipsé par le double rôle de Dujardin).
En somme, c'est très moyen, tout ça, c'est une suite tout à fait superflue, et un peu comme pour le premier film, ça mérite un
2.75 ou 3/6, selon que l'on adhère à cette nouvelle direction ou non.
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Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de tous les films passés en revue sur ce blog dans le menu Index de haut de page, ou en cliquant directement sur ce lien...
Toute la semaine, Les Téléphages Anonymes passent la carrière télévisuelle & cinématographique de Frank Castle en revue, pour le meilleur... et pour le pire.
The Punisher :
Indirectement responsable de la mort du fils du mafieux Howard Saint (John Travolta) au cours d'une opération, Frank Castle (Thomas Jane), un agent du FBI sur le point de prendre sa retraite, devient la cible de la pègre de Floride. Laissé pour mort lors de vacances à Porto Rico, Castle survit pourtant, et, décidé à venger le massacre de sa famille, il s'installe dans un immeuble, où il a pour voisins Joan (Rebecca Romijn), Bumpo (John Pinette) et Dave (Ben Foster) et où, endossant l'identité du Punisher, il entreprend d'éliminer un à un les hommes de Saint.
Réalisé et co-écrit par Jonathan Hensleigh (un scénariste éprouvé, notamment sur Jumanji, Die Hard 3 ou Armageddon) et plus ou moins adapté de l'arc Welcome Back, Frank d'Ennis/Dillon, et du Punisher - Year One d'Abnett et Lanning, ce Punisher interprété par Thomas Jane est très loin de faire l'unanimité, et est assez peu apprécié par les fans du personnage.
Parfois, pour des raisons légitimes, qu'elles soient conceptuelles, techniques, thématiques (la Floride et Porto Rico à la place de New York, le ton bâtard du film, tour à tour violent, comique, romantique, etc) et parfois pas du tout (certains reproches faits au film proviennent directement des comic-books sources : la scène de la torture à la glace, les voisins... ; Travolta n'est pas mauvais du tout)... mais une chose est sûre : l'adaptation est loin d'être vraiment convaincante.
Commençons par les problèmes les plus évidents, à savoir au niveau technique : le film est très long, l'origin story de Castle dure 45 minutes, le récit est assez pauvre en action, et la réalisation est particulièrement poseuse et laborieuse : on sent que Hensleigh a voulu se faire plaisir, avec des cascades à l'ancienne, et une iconisation visuelle du personnage, mais l'homme est piètre réalisateur, et chacun de ses plans "iconiques" paraît forcé et télégraphié, au point d'en être risible (le plan final, notamment, en est un exemple parfait).
Et cela se combine à un autre problème : Thomas Jane. J'apprécie cet acteur, il a l'air sympathique IRL, c'est apparemment un vrai fanboy passionné de comics et de cinéma de genre... mais il n'est tout simplement pas à sa place en Frank Castle, malgré tous ses efforts.
(et honnêtement, ce n'est pas en présentant son personnage déguisé en trafiquant blond décoloré à l'accent des pays de l'est à couper au couteau que l'on va le prendre au sérieux).
Un bon réalisateur et/ou un bon scénariste aurait pu compenser son regard un peu bovin, ou rendre sa performance virile plus subtile et pertinente, mais là, ce n'est pas le cas : Jane fait tout son possible, mais systématiquement, la réalisation et le script le desservent.
Et l'un des nœuds de ce problème, c'est le problème récurrent d'adaptation du personnage de Frank Castle. Comme dans le Punisher 1989 (et dans l'univers Marvel Ultimate), ce Castle est un homme de loi, un père de famille doux et aimant qui défend l'ordre et la justice au quotidien, et qui est victime de maychants très maychants qui lui en veulent personnellement à cause de son métier de gentil très gentil.
Et non seulement cela enlève le côté "violence aléatoire et imprévisible" de ses origines papier (dans lesquelles Frank, militaire de carrière, était abattu avec sa famille au milieu de Central Park, en plein pique-nique, pour avoir assisté, par hasard, à une mise à mort de la mafia au milieu du parc), mais en plus, ça donne un visage humain à la mission de Frank : avec cette approche, Castle ne se lance plus dans une croisade folle pour exterminer le Crime avec un grand C, mais il veut simplement se venger de celui qui a commandité l'assassinat des siens.
Cette version 2004 pousse d'ailleurs le tout à son paroxysme : ce n'est plus seulement Castle et sa femme/ses enfants qui sont abattus, c'est toute sa famille (plus d'une trentaine de personnes), au cours d'une fusillade générale, avec poursuites en voitures, cascadeurs anonymes qui virevoltent, etc. Plutôt que de renforcer l'impact de ce drame, tous ces rajouts l'amoindrissent, et rendent cette partie du film presque too much.
Et se pose aussi le problème de l'après : après avoir tué Saint et ses sbires, et avoir mis un terme à sa croisade personnelle, que reste-t-il à Frank ? Ailleurs, le Punisher n'aurait pas hésité une seule seconde, et serait parti à l'assaut des autres familles du crime. Ici... il songe à se suicider, puis se reprend in extremis, et décrète qu'il va punir tous les criminels, quels qu'ils soient.
(sauf que dans Dirty Laundry, la suite semi-officieuse de ce Punisher 2004, que je chroniquerai dès demain... Castle est revenu sur ses dires, et rechigne à punir du méchant. Oups.)
En somme, au niveau conceptuel, ce Castle émotif, torturé, à la mission et à la volonté fluctuantes, bref, ce Punisher Begins pose quelques problèmes. D'autant qu'il passe les trois-quarts du film à se contenter de faire ce qu'il faisait au FBI : enquêter, piéger les gens, faire pression sur ses ennemis, faire des filatures, etc. Ce Punisher ne punit pas beaucoup, mais il manipule autrui : c'est une approche intéressante, et pas forcément erronée, mais qui est très peu satisfaisante niveau action.
Face à lui, les mafieux, donc, assez compétents (bien qu'un peu trop développés, présence de Travolta oblige), et des antagonistes ponctuels sous-exploités (le joueur de guitare, le Russe) et très caricaturaux, uniquement là pour amener des scènes d'action un peu trop cartoonesques pour leur bien (et bourrées de problèmes de continuité).
En fait, une fois Castle devenu le Punisher, le film peine à trouver un ton homogène, avec ses voisins tirés des comics, mais qui arrivent bien trop tôt dans la vie de Castle pour fonctionner comme dans la bande-dessinée, et justifier leur existence.
En résumé, on a un cadre géographique hors-sujet ; un protagoniste manquant cruellement de charisme ; une réalisation médiocre et poseuse ; un script laborieux, au ton fluctuant ; une violence très limitée à une scène ou deux ; de l'humour déplacé ; et un Punisher manquant de la folie et du jusqu'au-boutisme du personnage original, car trop manichéen et rangé dans le camp des gentils.
En soi, cela donne un film qui n'est pas calamiteux, et fonctionne même ponctuellement, mais au final, ce n'est pas bon, loin de là.
Du 2/6, auquel se rajoute d'office un demi point pour son excellent thème musical, et son générique d'ouverture.
Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine (tant que j'arriverai à tenir la cadence ^^), et des mini critiques d'une dizaine de lignes, tout au plus.
Crazy Amy (Trainwreck) :
Amy (Amy Schumer) est une journaliste talentueuse qui refuse absolument de s'engager amoureusement, et cumule les histoires sans lendemain ; jusqu'au jour où elle doit faire l'interview d'Aaron (Bill Hader), un médecin aux innombrables qualités, qui s'éprend d'Amy. Mais la jeune femme n'est pas certaine de vouloir franchir le pas, et abandonner ainsi son style de vie...
(Attention, léger coup de gueule inside....)
Lorsque Jurassic World est sorti, un peu plus tôt cet année, le web féministe s'est insurgé (comme à son habitude) : comment les scénaristes osaient-ils écrire un personnage féminin de mère de famille, dont la seule utilité dans le récit était de rappeler à sa soeur carriériste que se marier et fonder une famille était la clef du véritable bonheur !? Mais étrangement quand arrive ce Trainwreck, et que le personnage de la soeur de l'héroïne n'a aucune autre utilité dans le récit que de montrer à l'héroïne délurée que le mariage (ou du moins une relation stable et durable) et une vie de famille, c'est la clef du bonheur, personne ne bronche. Pire, le film est applaudi pour être représentatif du féminisme moderne de son interprète principale et scénariste. Alors que bon...
Récapitulons : pour ceux qui ne la connaissent pas, Amy Schumer, c'est un peu une version 2.0 de Sarah Silverman : une comédienne aux sketches crus, qui parle ouvertement de sexe et de tous les sujets réputés tabous aux USA, et qui a décroché un show tv sur le cable américain.
Contrairement à Silverman (plus "enfantine", fantaisiste, musicale et parfois vulgaire), cependant, Schumer est plus acide dans ses commentaires, plus sexuellement débridée et plus engagée ; et toujours contrairement à Silverman, dont le physique conventionnellement attirant (brune, mince, forte poitrine, plutôt jolie) lui avait attiré moults critiques de la part des cercles féministes ("elle n'a du succès que parce qu'elle est bien foutue et qu'elle dit des gros mots"), Schumer est plus... passe-partout : jeune femme blonde un peu ronde, au visage de Cabbage Patch Kid, elle se moque souvent de son propre physique, et, à en croire les multiples portraits d'elle faits aux USA, elle est plus "approchable", et nettement moins "menaçante" pour un public féminin, qui peut s'identifier plus facilement à elle. Il n'en faut pas plus pour que les médias américains n'en fassent leur nouvelle coqueluche, et l'érigent en égérie féministe de la femme moderne imparfaite, qui assume tous ses penchants et ne se laisse pas marcher sur les pieds par les hommes.
Et toujours pour les retardataires, revenons brièvement sur Judd Apatow, passé en une décennie de scénariste tv prometteur à producteur/scénariste/réalisateur de cinéma post-hipster, nombriliste et générateur de hype creuse dans les médias, un homme ultra-sensible à la critique, et surtout qui, sous des atours d'auteur graveleux et pseudo-rebelle (à base d'humour vulgaire et de marijuana), met en avant, dans ses films, une vision très conservatrice de la vie, de l'amour, du mariage et de la société, une vision selon laquelle tout le monde finit plus ou moins par se ranger, et par vivre dans le bonheur de la famille nucléaire et des bonnes valeurs américaines.
C'est ce propos plus ou moins moral qui fait souvent dire aux amateurs d'Apatow que ses comédies sont profondes, ou ont des choses à dire. Et oui, en effet, c'est le cas, elles disent des choses... des choses finalement assez traditionnalistes, dissimulées sous un apparat de vannes graveleuses, de guests-stars connues, et le plus souvent, de scènes superflues qui gonflent artificiellement la durée des films Apatow.
Guère surprenant alors que Trainwreck porte à ce point la marque de ses deux géniteurs ; d'Amy Schumer, on a le postulat de départ qui est peu ou prou celui qu'elle adopte sur scène : une jeune femme délurée, un "trainwreck" qui ne croit pas à l'amour, qui couche, qui boit, et qui fait constamment la fête, en assumant sa vie et ses moeurs ; on a aussi un certain sens du trash, et, malheureusement, des séquences entières qui donnent l'impression d'être des sketches recyclés de l'émission tv de Schumer, et qui laissent penser que l'actrice/scénariste a encore des progrès notables à faire dans le domaine de l'écriture cinématographique.
De Judd Apatow, le film a sa durée interminable, ses guests inutiles (toute la séquence de l'intervention commentée comme un match de sport fait vraiment pitié, et ressemble à un mauvais sketch du SNL... ce qui tombe bien, puisque le film a recours à quatre ou cinq comédiens venant de l'écurie de Lorne Michaels), et donc, son propos global, qui donne l'impression d'avoir des choses à dire sur l'engagement, le couple, l'amour, etc, mais en fait se cantonne à prendre le "ne me jugez pas, connards" du début du film, pour le vider de toute sa substance, puisque pour être heureuse en amour, Amy finit par changer totalement, et par abandonner tout ce qu'elle était au début du film.
Le plus génant, à vrai dire, c'est qu'on se retrouve au final avec une comédie romantique générique et balisée au possible, digne d'un téléfilm Hallmark ou Lifetime (à une ou deux blagues trashy près), mais en plus long et mal rythmé ; elle n'a en fait pour seule originalité que de prendre le postulat de départ de bon nombre de rom-coms - l'homme immature, refusant de s'engager amoureusement, et qui se consacre à son job ; la femme romantique qui va lui faire voir la lumière et le faire changer - en inversant le sexe des personnages.
Ce qui, sans surprise, s'avère insuffisant pour rendre le métrage intéressant, d'autant que ni Schumer (à la fois trop caricaturale pour être attachante, et pas assez pour rendre le film vraiment corrosif et satirique) ni Bill Hader (qui est particulièrement quelconque dans son rôle) ne sont des protagonistes sympathiques, et forment donc un couple qui peine à captiver, noyé dans d'innombrables diversions et scènes qui ne fonctionnent pas.
Cette comédie romantique est donc blindée de clichés, et beaucoup trop sage et prudente pour rester dans les mémoires. Mais pas de panique ! Tout comme Apatow et Schumer, souvent qualifiés de génies et de plumes révolutionnaires dans leurs domaines respectifs, ce film fait l'unanimité outre-atlantique : c'est un chef d'oeuvre, c'est réaliste, c'est crédible, c'est génial !
Petite pause dans l'intégrale de Black Mirror, qui peine clairement à me convaincre, et changement de crémerie, pour passer de Netflix à Amazon - ou, pour être plus précis, à Channel 4, qui a mis en chantier cette anthologie dont Amazon a racheté les droits américains et mondiaux.
Au programme, 10 épisodes de 45-50 minutes, supervisés par Ron D. Moore (Battlestar Galactica, etc), et adaptant directement des récits de Philip K. Dick pour le petit écran...
- Real Life -
Dans un futur proche, Sarah (Anna Paquin) est une policière traumatisée par une fusillade récente ; à l'initiative de sa compagne, Katie (Rachelle Lefevre), elle utilise alors une technologie révolutionnaire pour s'immerger dans une vie virtuelle, celle de George (Terrence Howard). Inventeur de génie, George est à l'origine de cette technologie, et se remet du meurtre de sa femme Katie, soutenu par son collègue Chris (Sam Witwer) et une amie (Lara Pulver). Rapidement, cependant, la question se pose : lequel de ces deux mondes est réel, et lequel est le produit de cette technologie virtuelle...
Adaptation très très libre de la nouvelle Reconstitution Historique, de K. Dick, cet épisode est le seul signé de la plume de Moore, et bénéficie d'une distribution assez conséquente.
Niveau production, les brefs aperçus que l'on a du monde futur sont assez crédibles, l'interprétation n'est pas mauvaise (Paquin est en sous-jeu dépressif, mais c'est voulu) et le tout est assez bien filmé, mais il faut bien avouer que le tout manque gentiment de punch, se conclue un peu platement et s'avère un peu trop basique pour vraiment susciter le doute ou la curiosité.
D'autant que Moore fait le choix de donner une réponse à la question "réel ou virtuel ?" posée par l'épisode, et que le spectateur aura probablement eu le temps/l'occasion d'envisager 25 rebondissements finaux plus originaux et marquants que la conclusion choisie par Moore.
- Autofac -
Dans un monde post-apocalyptique dominé par les machines et par leurs usines automatisées, Emily (Juno Temple) et les autres survivants sont bien décidés à mettre un terme au status-quo. Pour cela, ils capturent un robot émissaire, Alice (Janelle Monáe), et la forcent à les emmener au cœur de l'usine principale, pour la saboter de l'intérieur...
Un épisode écrit par Travis Beacham (Pacific Rim) à partir de la nouvelle Autofab, réalisé par Peter Horton, et qui ressemble un peu à un sous-Terminator assez mollasson et fauché, notamment au niveau des costumes des androïdes, et un peu aussi au niveau des effets en image de synthèse.
Pour ne rien arranger, l'épisode repose entièrement sur son double rebondissement final, assez largement téléphoné, et qui pose presque plus de questions qu'il n'en résout.
Le tout se regarde donc assez passivement, sans jamais passionner, surprendre ou faire réfléchir (le propos sur la société de consommation est franchement assez creux et survolé), et heureusement que Monáe et Temple sont là, jouent bien et sont charismatiques, parce que sinon, ce serait globalement sans grand intérêt.
- Human Is -
Alors que la Terre est dévastée par la pollution atmosphérique, les humains conquièrent d'autres planètes à la recherche d'un moyen de purifier leur air. Lors d'une telle mission, l'équipe du Colonel Silas (Bryan Cranston) - un homme dur et distant, qui maltraite émotionnellement son épouse Vera (Essie Davis) - est massacrée. Avec l'un de ses hommes, Silas est le seul survivant, mais à son retour sur Terre, Vera découvre qu'il n'est plus le même homme, et qu'il est désormais attentionné et doux...
Adaptation assez plate de la nouvelle Définir l'humain/Être Humain, c'est..., cet épisode s'avère malheureusement bien trop daté et fauché pour fonctionner.
En résumé, c'est le film Intrusion (avec Johnny Depp), mais avec une forme de vie extraterrestre relativement bienveillante : c'est balisé de bout en bout, la direction artistique est très inégale (franchement, ce passage dans les bas-fonds où Vera se livre à une orgie, c'est assez risible), la réalisation plutôt laide (énormément de mises au point partielles, qui rendent la moitié de l'image et les personnages légèrement flous), et dans l'ensemble, ça n'apporte rien de vraiment mémorable.
C'est bien interprété, cela dit.
- Crazy Diamond -
Dans un monde en pleine déliquescence, Ed (Steve Buscemi) travaille pour une entreprise qui produit des humanoïdes synthétiques, les Jacks et Jills, ainsi que les consciences quantiques qui leur donnent vie. Un jour, il tombe sous le charme vénéneux d'une Jill (Sidse Babett Knudsen) en fin de vie, qui lui propose de dérober pour elle des consciences afin de les revendre au marché noir, et de s'offrir une nouvelle existence...
Alors là, pour le coup, l'anthologie Electric Dreams n'a jamais aussi bien porté son nom, puisqu'on est en plein dans un univers onirique et improbable, aux teintes saturées, à l'interprétation décalée et forcée, à l'écriture volontairement barrée (c'est un scénariste habituel de Terry Gilliam qui est aux commandes), à l'illustration musicale improbable (du Pink Floyd, des passages chantés, etc), à la narration un peu décousue, aux costumes décalés, etc, ce qui donne, au final, l'impression d'un monde radicalement différent et vraiment étrange.
Et c'est aussi là que ça coince. Car si cet épisode réussit à donner corps à son monde, un monde obsédé par la vie, la mort, la décomposition, la peur de vieillir et de la stagnation ; un monde aux règles et aux détails vraiment inhabituels, quasi illogiques ; un monde surchargé de couleurs qui paraît constamment à la limite de l'artificialité constante.... il peut aussi fortement rebuter.
Que ce soit sa direction artistique particulière (le réalisateur est à l'origine de la série Utopia, déjà bien barrée dans le genre) qui fait régulièrement décors de studio, ses thématiques pas très subtiles assénées dans ses dialogues, son interprétation très particulière, ou encore sa conclusion gentiment satirique et son script tout simplement bordélique, il y a de quoi rebuter.
Certains trouveront donc probablement cet épisode polarisant totalement imbuvable, d'autres adoreront et adhèreront totalement au néo-noir déglingué et multi-colore du tout, et à son côté "conçu sous l'emprise de substances illicites".
Personnellement, je me trouve un peu entre deux, mais une chose est sûre : ça n'a rien à voir avec la nouvelle Service Avant Achat supposément adaptée.
Un mois d'avril plutôt éclectique sur le blog des Téléphages Anonymes, avec un peu de tout, mais paradoxalement, pas énormément de métrages mémorables...
Comme je le disais, un mois assez éclectique, mêlant nouveautés 2022 (Morbius, Treize à la douzaine, Metal Lords, Le Secret de la cité perdue, 355, Sonic 2...), quelques films plus anciens (Vacances très mouvementées, L'Homme qui en savait trop peu, Evolution), des documentaires en tous genres (The Great Hip Hop Hoax, Big Fur, Catnip Nation, Lemmings), de l'animation (DC Showcase - Constantine, 100 % Loup, Teen Titans Go ! See Space Jam), et un petit week-end spécial Pâques...
Le tout, pour un résultat assez mitigé, puisque rien ne m'a paru être très mémorable, certainement pas les nouveautés 2022. Pas forcément surprenant, en soi, mais assez décevant, et tout cela donne lieu à un mois très anecdotique, aussi vite vu qu'oublié.
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# Film(s) du mois :
Pas grand chose à signaler, ce mois-ci : The Great Hip-Hop Hoax, un documentaire improbable sur un pseudo-groupe de hip hop californien venant en réalité d'Angleterre ; Metal Lords, une teen comedy Netflix plutôt agréable à suivre ; et Max et Emmy : Mission Pâques, un dessin animé festif approprié à la saison...
# Flop(s) du mois :
Malgré ma sympathie pour la série et les personnages, Teen Titans Go ! See Space Jam n'a pas grand intérêt ; 355, un pseudo film d'action/espionnagegirl power ; et surtout Black Easter, un film de science-fiction religieux qui gâche tout son potentiel en se consacrant tout entier à un message prosélyte typiquement américain...
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# Petit écran :
Ce mois-ci, la suite de la saison 2 de Picard (toujours très décevante), la saison 3 de Miracle Workers (assez amusante même si totalement aléatoire), la première saison du Cuphead Show (qui m'a étrangement déçu), la première saison de Heels (je n'ai pas non plus été particulièrement convaincu, malgré mes affinités avec la distribution et le sujet) et The Boys - Diabolical, une déclinaison animée amusante de la franchise The Boys.
Retrouvez aussi les bilans de toutes les séries critiquées jusqu'à présent en ces pages depuis l'index Séries alphabétique qui leur est consacré.
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# À venir :
Le mois de mai commence, et avec lui, une semaine Fantasy rétro, consacrée à une série de films de fantasy familiale 80s et 90s ; pour le reste du mois, comme toujours, du cinéma plus ou moins récent (The Batman, Finch, La Bulle...), des documentaires, de l'animation, etc, etc, etc.
Et bien entendu, des séries tv, entre la fin de Picard, la saison 1 de Moon Knight, La légende de Vox Machina, et quelques autres surprises...
Dans l'intervalle, toutes les mises à jour du blog sont disponibles sur la page Updates, et la liste complète de tous les films passés en revue sur ce blog est accessible dans le menu Index de haut de page, ou en cliquant directement sur ce lien (000-1000) et sur celui-ci (1001-2000)...
Et voilà, l'Halloween Oktorrorfest 2015 est enfin terminée sur le blog des Téléphages Anonymes, et cette année, ce sont 225 titres qui ont été chroniqués par mes soins au cours de ces deux mois de cinéma fantastique et d'horreur.
Comme toujours, énormément de bouses et autres navets sont passés devant mes yeux, qu'ils soient dans le genre found-footage, possession/exorcisme, anthologies, ou encore films de zombies ; comme l'année dernière, très peu de nouveautés 2014/2015 valent vraiment le déplacement (une note de 4/6 ou supérieure), mais on peut tout de même noter Deathgasm, Wyrmwood, Vampires en toute intimité (titre français de merde), ou, plus surprenant (en cela que je n'en attendais strictement rien), The Diabolical.
Dans la catégorie "entre deux" (à savoir ces films inégaux, mais qui méritent quand même le coup d'oeil, et notés entre 3 et 3.5/6), on retiendra surtout quelques quasi-réussites honorables qui attirent la sympathie grâce à une approche, une distribution ou un concept accrocheurs, comme Gravy, Last Shift, Catacombes, It Follows (qui malgré ses nombreux défauts et sa surhype critique reste un moment de cinéma intéressant), et Digging Up The Marrow.
Quoi qu'il en soit, me voilà rassasié du genre pour une nouvelle année complète, jusqu'à l'Oktorrorfest 2016 ; et promis, l'année prochaine, je ferai un tri plus sélectif avant de me lancer dans ce marathon !
Dans l'intervalle, vous pouvez toujours retrouver ces 225 chroniques (ainsi que toutes les chroniques des années précédentes) sur cette page dédiée (aussi accessible par le menu/index de haut de blog), ou bien directement cliquer sur ces petites balises bien pratiques, au cas où seule la cuvée 2015 vous intéresse :
Chair de Poule (2015), La Digne Héritière (2010), You Cast a Spell on Me (2015) & Scary Godmother (2003/2005)
Et maintenant que l'Oktorrorfest 2015 est terminée, retour temporaire du blog à la rubrique "Un film, un jour (ou presque) !", pour quelques films récents pas encore chroniqués par mes soins, dont les critiques vont remplir ces pages jusqu'à fin Novembre.
Car avec le premier Décembre commencera le Christmas Yulefest 2015, et son marathon quotidien de films de Noël en tous genres (avec probablement une petite exception pour la sortie du prochain Star Wars).
Suite du passage en revue de la seule et unique saison de The Twilight Zone 2002, remake/relaunch de la mythique série de Rod Serling :
1x23 : Un livreur malchanceux (Christopher Titus) découvre après un accident que tous ses problèmes sont provoqués par un homme en combinaison orange, employé d'une énorme bureaucratie du destin. Pas vraiment de chute ou de fin digne de ce nom, dommage, c'était sympathique.
1x24 : Un malade au stade terminal a un accident au cours de son ultime course à la Fast & Furious, dont il sort guéri, au prix de la vie de son meilleur ami, qui pilotait. Jacob's Ladder, ze riteurn, donc pas grand intérêt.
1x25 : Method Man en voyant, Linda Cardellini en journaliste qui se tourne vers la voyance pour décider de son avenir, et en devient accro. Le Satan de The Collector en gay flamboyant est , le reste est assez quelconque, mais Cardellini porte tout l'épisode sur ses épaules.
1x26 : Une fleuriste harcelée par un homme bizarre qui lui annonce qu'il veut la tuer... mais quand elle vérifie, il s'avère que le mec en question n'a jamais bougé de la boutique où il travaille. Assez bof, niveau intérêt. Pas de rythme.
1x27 : Un rappeur millionnaire a des flashbacks d'une vie dans laquelle il est en prison et assassin... et évidemment, on devine bientôt que tout le twist de l'épisode repose là dessus, et que sa vraie vie n'est pas celle qu'il pense... téléphoné au possible.
1x28 : Voilà enfin un épisode très réussi ! Eddie Kaye Thomas et Marisa Coughlan entrent en possession d'un magnétophone permettant de remonter 5 minutes dans le passé... dont acte, pour tricher au casino... Très chouette, et signé d'un scénariste de Deep Space 9.
1x29 : Un taggeur tue un peintre de rue pour pouvoir entrer dans un gang, et il a des remords lorsque le meurtre apparaît en peinture sur un des murs de la ville. Franchement ? Ras-le-bol des histoires de criminels et de gangs afro-américains... pas passionnant, en plus.
1x30 : Une institutrice commence soudain à voir des lueurs annonçant la mort de certains de ses élèves. Elle tente alors d'empêcher un nouveau Columbine. Pas mauvais, bien qu'un peu classique et prévisible.
1x31 : Une suite directe d'un des épisodes de la série classique, celui avec le gamin omnipotent et colérique qui martyrise une petite ville. Bill Mumy (Lennier !) reprend son rôle de quand il était petit, et sa fille joue le rôle de sa fille (elle est mimi tout plein, la petite Mumy), qui a des pouvoirs plus puissants que son père. Un très bon épisode sans morale ou twist particulier, écrit par Behr, de DS9
1x32 : Second remake d'un épisode classique, Les Monstres de Maple Street. L'original était excellent dans sa description de la Red Scare, celui-ci joue plus sur la paranoïa post-11/09, la peur du terrorisme, et le climat de haine que ça provoque. Pas mauvais, mais l'adaptation contemporaine, les effets de réalisation ratés, et le changement de twist final, qui perd énormément de sa force, le rendent beaucoup moins efficace que l'original. Andrew McCarthy est excellent.
1x33 : Épisode écrit, réalisé et interprété par Eriq LaSalle, sur un malade au stade terminal, qui, après un accident, se retrouve à Memphis, la veille de l'assassinat de Martin Luther King, et doit choisir entre venir en aide à King, ou aider la famille qui l'a recueilli. Plutôt réussi.
Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine, et des critiques d'une vingtaine de lignes, tout au plus.
Ad Astra (2019) :
Lorsque la Terre est victime d'impulsions électro-magnétiques récurrentes issues de l'espace, Roy McBride (Brad Pitt), un astronaute stoïque et impassible, est recruté pour partir à l'autre bout du système solaire, afin d'y retrouver son père Clifford (Tommy Lee Jones), porté disparu lors d'une mission vers Neptune à la recherche de l'existence d'une forme de vie extraterrestre ; un Clifford qui pourrait bien être responsable de ces impulsions destructrices, et que Roy n'a pas revu depuis son adolescence...
Après The Lost City of Z, je crois que c'est désormais très clair : je n'accroche pas au style James Gray, réalisateur et co-scénariste de ce métrage. Un métrage qui, sous prétexte de raconter une grande aventure spatiale dans la lignée de Solaris, Interstellar, Gravity, 2001, et tutti quanti, narre en fait le parcours d'un homme seul, froid et distant, qui a consacré sa vie à son travail, et qui est alors confronté à son père, aux choix similaires et à la réputation écrasante. Une quête de sens contemplative, un face à face avec la solitude, une redécouverte des émotions masculines, une confrontation des thématiques de l'abandon, de la vulnérabilité, etc, etc, etc : on peut voir plein de choses dans Ad Astra.
Le problème, en fait, c'est que toutes ces choses sont a) amenées avec la subtilité d'un tractopelle (la voix off constante de Brad Pitt, ses examens psychiatriques, les platitudes lénifiantes que le script lui fait dire, les références symboliques...) et b) qu'elles ont toutes été abordées ailleurs, parfois sous d'autres angles, et en mieux.
C'est bien simple, Ad Astra m'a constamment renvoyé aux références citées plus haut (ainsi qu'à Apocalypse Now), mais à aucun moment je me suis dit "tiens, c'est une approche intéressante de telle ou telle thématique". Paradoxalement, ce sont dans les à côtés que le film m'a le plus intéressé : sa séquence sur la Lune, avec les pirates, m'a un peu rappelé les bandes dessinées de Picsou et compagnie à la recherche de roches précieuses, un petit côté pulp pas désagréable du tout, mais bien trop bref ; sa représentation du voyage spatial comme une industrie ultra-commerciale, avec de grandes enseignes, etc, m'a intrigué.
Malheureusement, tout tourne autour de McBride, de sa dépression et de son traumatisme œdipien, et en retour, tout le reste en pâtit : l'aspect scientifique du film est une vaste pantalonnade à géométrie variable (un peu comme la fidélité historique de City of Z), les personnages secondaires sont tous sous-développés (Donald Sutherland, Ruth Negga, Liv Tyler) ou délibérément abêtis (l'équipage de la fusée martienne), le rythme est (au mieux) nonchalant, avec une ou deux séquences d'action un peu forcées et placées çà et là pour réveiller le spectateur (la Lune, donc, mais aussi le singe), et Gray semble totalement adhérer à une philosophie opposée au "show, don't tell" que l'on recommande aux réalisateurs, puisqu'il passe son temps à expliquer verbatim les sentiments, les gestes et la psychologie de son héros, plutôt que de laisser le spectateur tirer ses propres conclusions des images.
En résumé, autant je n'ai absolument rien à reprocher au film sur son aspect visuel (c'est beau, c'est maîtrisé, c'est spectaculaire - nettement moins sur petit écran, cela dit) mais tout le reste m'a laissé de marbre, et pas parce que "je n'ai rien compris". J'ai compris le fond du film, mais je l'ai trouvé le tout vraiment générique - et honnêtement, je commence à en avoir un peu assez de ce type de métrages, façon "un homme paumé part à l'autre bout du monde/de l'univers pour faire sa psychanalyse et trouver, au final, une sorte de paix intérieure".
2.5/6
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Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de tous les films passés en revue sur ce blog dans le menu Index de haut de page, ou en cliquant directement sur ce lien (000-1000) et sur celui-ci (1001-2000)...
Pendant deux semaines, à l'occasion de la Saint Valentin, place aux grands sentiments et à la séduction, avec des critiques quotidiennes de films romantiques...
Amour et quiproquos (Anything for Love - 2006) :
Cadre dans l'immobilier à Chicago, Katherine Benson (Erika Christensen) ne pense qu'à son métier, et n'a pas le temps de trouver l'amour. Jusqu'à ce que son assistante, Debbie (Ali Liebert), l'inscrive sur un site de rencontre, en utilisant sa propre identité. Ailleurs, Jack (Paul Greene), infirmier célibataire, connaît le même sort lorsque son meilleur ami Reggie (Patrick Gilmore) lui crée un profil imaginaire. Bientôt, Katherine et Jack se rencontrent, et tombent amoureux... mais chacun ignore la véritable identité de l'autre, et Charles (Antonion Cupo), l'ex de Katherine, est bien décidé à faire tout capoter.
Un téléfilm Hallmark assez frustrant, car évitant bon nombre de clichés pendant 50 minutes, et se montrant alors assez agréable à suivre, avec un couple qui se forme, qui a de l'alchimie, des personnages principaux agréablement développés, et une Ali Liebert toujours éminemment attachante.
Et puis, à partir de cette barre des 50 minutes (où se produit une crise cardiaque particulièrement forcée), le script commence à vraiment prendre l'eau de toute part, à enchaîner les quiproquos artificiels, les coïncidences, les mensonges, et à ramener l'ex et sa vengeance terriblement bancale. Sans oublier Reggie, le meilleur pote bedonnant aux techniques de drague foireuses, mais qui séduit pourtant le personnage d'Ali Liebert au premier coup d’œil. On se demande encore comment.
En somme, il y a ici une grosse moitié de film sympathique, qui s'écroule cependant dans la seconde partie, et qui finit juste en dessous de la moyenne. Dommage.
2.75/6
Crash Pad (2017) :
Lorsque Morgan (Christina Applegate), la femme plus âgée avec laquelle il a une aventure, lui explique qu'elle est mariée à Grady (Thomas Haden Church), et que cette histoire extraconjugale ne peut pas durer, Stensland (Domhnall Gleeson), un loser paumé et glandeur, s'indigne. Bien décidé à se venger, il finit cependant par sympathiser avec un Grady meurtri, qui finit par s'installer dans l'appartement miteux du jeune homme, et en profite pour lui montrer ce qu'est la vie d'un homme, un vrai.
Un métrage indépendant qui n'est pas vraiment une rom-com, mais plutôt une stoner/slacker comedy reposant cependant intégralement sur l'amour et les sentiments éprouvés par les membres de ce triangle amoureux déjanté et improbable.
À partir de là, c'est au spectateur de voir s'il adhère ou non à ce mélange très particulier, qui se repose intégralement sur la bonne alchimie de son trio principal (et de Nina Dobrev, qui fait à peine plus que de la figuration) : avec son parcours semi-rédemptif à la conclusion évidente (le couple se réconcilie, Stensland se rapproche de Dobrev), le film mise tout sur le décalage provoqué par cet Irlandais glandeur plongé dans une intrigue digne d'une sitcom américaine, et contraint de cohabiter avec un macho américain à grosse moustache.
Le problème, en fait, c'est que le ton décomplexé et caricatural du film rend son protagoniste geignard et immature immédiatement antipathique, et que, du moins en ce qui me concerne, je n'ai jamais vraiment adhéré au ton du métrage (malgré ses occasionnelles séquences amusantes et inventives).
Un bon gros bof, en ce qui me concerne, malgré une interprétation compétente et des caméos de Britt Irvin et d'Aliyah O'Brien.
2.25/6
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Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de tous les films passés en revue sur ce blog dans le menu Index de haut de page, ou en cliquant directement sur ce lien (000-1000) et sur celui-ci (1001-2000)...
Premier portage cinéma de la saga, en couleurs, ce qui est tout aussi déstabilisant que lors du pilote avorté de la série. Instantanément, en effet, le maquillage des acteurs paraît beaucoup plus outrancier et artificiel, alors que réciproquement, tout ce qui est décors et environnement gagne en crédibilité.
Au programme : Les Munsters apprennent qu'ils viennent d'hériter d'un manoir anglais, et du titre qui va avec. Ils embarquent donc pour la Grande-Bretagne, au grand dam de cousins jaloux, prêts à tout pour leur prendre le titre, et continuer d'utiliser le manoir pour leur trafic de fausse monnaie.
Une exemple typique d'adaptation fidèle, mais pas particulièrement réussie : oui, ça ressemble à ce que la série pouvait avoir comme scénarii, et les personnages sont fidèles à eux-mêmes, avec en plus quelques apparitions d'acteurs connus (le Dr Bombay de Bewitched, ou encore Big Moustache de la Grande Vadrouille)... mais le tout est affreusement plat et peu rythmé. On passe trois plombes sur le navire de croisière, avec Grandpa transformé en loup et mis en quarantaine, ou avec Marilyn (qui a encore changé d'interprète, et est désormais une rouquine affreusement transparente) qui tombe amoureuse d'un homme à bord ; on se retrouve ensuite dans le manoir, avec une exploration longuette des souterrains, piégés... et on finit par une course automobile façon Satanas & Diabolo entre les familles du coin, l'occasion pour les Munsters de tuner un peu plus leur dragster.
Bref, le tout est très très moyen.
The Munsters Revenge (1981) :
On prend les mêmes (ou presque), et on recommence, quinze ans après. Début des années 80 : motivé par le succès de la réunion tv de la Famille Addams, quelques années plus tard, on met en place ce téléfilm réunion pour les Munsters, dans lequel les Munsters sont placés en état d'arrestation après qu'un criminel-scientifique ait utilisé et animé les mannequins de cire du musée local (où se trouve des modèles des Munsters au grand complet) pour commettre des braquages. Au reste de la famille, aidé du nouveau petit ami de Marilyn, un policier, fils du commissaire de la ville, de sauver Grandpa et Herman, en cavale.
Gros coup de vieux pour Yvonne de Carlo, et pour Grandpa ; Fred Gwynne, lui, s'en sort nettement mieux, ne paraissant pas changé depuis les 60s. Les autres persos ? Hum... disons qu'un gamin rital trop vieux avec du duvet en guise d'Eddie impertinent, ça ne le fait pas du tout, et que Marilyn, relookée 80s, est encore moins bien castée que d'habitude, et d'autant plus transparente. Reste que ce télefilm se regarde tranquillou, que la bande fait une escale amusante en Transylvanie, et que le concept de la fête d'Halloween donnée par les Munsters à tous leurs cousins rappelle beaucoup le Halloween with the New Addams Family... m'enfin bon, ce n'étais pas désagréable.
The Munsters Today (1988-1991) :
Les Munsters se cryogénisent en 1966, se réveillent en 1988 (ce qui contredit le téléfilm précédent, de 1981, et clairement placé à cette époque), et reprennent leur vie comme si de rien n'était. Un show introuvable, hormis quelques épisodes sur youtube, des épisodes qui te détruisent les neurones, te bousillent les yeux, et ne sont guère plus que du cosplay immonde, malgré Lee Meriwhether en Lily Munster.
Reste alors Here Come The Munsters, téléfilm de 1995 introuvable sur la famille qui renoue avec le beau-frère Norman Hyde, et qui croise au passage tous les acteurs originaux dans un caméo savoureux. Malgré un Herman beaucoup trop humain, et un Grandpa assez moche, ce que j'en ai vu semblait honorable, et à la limite, dans la continuité du show original.
Ce qui n'est pas le cas du téléfilm de l'année suivante, The Munsters' Scary Christmas, tout aussi introuvable, mais dont la distribution semble clairement défaillante et hors-sujet.
Halloween approche lentement, et comme tous les ans, c'est l'heure de l'Oktorrorfest sur le blog des Téléphages Anonymes, avec au programme un marathon de cinéma fantastique et d'horreur pendant un peu moins de deux mois, de mi-Septembre à début Novembre...
Zombieworld :
Histoire de continuer dans les navets zombiesques, zou, Zombieworld, une anthologie-compilation de courts d'une durée très variable (deux ou trois minutes à 15-20), dans laquelle divers réalisateurs et scénaristes issus des quatre coins du globe racontent l'apocalypse zombie à leur manière, sous l'égide de Dread Central.
Alors déjà, avant de commencer, je tiens à préciser que certaines copies du métrage sorties en Blu-Ray (lesquelles ? Débrouillez vous !) ne contiennent pas, probablement pour des questions de droit, les deux meilleurs courts-métrages du lot, tous deux espagnols, et tous deux plus longs que la moyenne.
Je parle ici de Fist of Jesus (disponible sur Youtube), qui nous montre un Jesus nonchalant qui ramène Lazarus à la vie, et déclenche ainsi par erreur une invasion de zombies en Galilée. Assisté du trouillard Judas, Jesus doit alors se battre à mains nues (et à grands coups de poissons et de croix) comme une armée de morts-vivants nonsensiques : c'est fun, c'est très Braindead dans l'esprit, c'est décomplexé, bref, ça fait plaisir ; l'autre court, c'est Brutal Relax, lui aussi visible sur Youtube, et qui nous montre les vacances à la plage d'un psychopathe berserker en manque de détente. Forcément, il tombe en pleine invasion de zombies-démons aquatiques verdâtres, et le tout dégénère en un massacre organisé, et en une bagarre anthologique (tournée générale de baffes à la Bud Spencer pour tout le monde) sur le sable.
En résumé, deux courts-métrages au budget pas forcément très généreux, mais bien construits, distrayants et originaux.
On ne peut malheureusement pas en dire autant du reste du film, particulièrement médiocre et peu inspiré.
Dark Times est ainsi un court filmé en vue subjective, relativement dynamique, mais qui reste assez bateau ; d'autant que Dead Rush (le court ayant inspiré le film du même nom) arrive un peu plus tard dans ce Zombieworld, et propose exactement la même chose, pas forcément en mieux, et en tout aussi mollasson que la version long-métrage.
I am Lonely, court irlandais, lorgne fortement sur Shaun of the Dead, en proposant le monologue d'un homme qui se retrouve seul après la mort de son colocataire. Gros bof ; Dead Stop montre la mort d'un agent de police vue depuis la caméra embarquée de sa voiture... et c'est tout ; Home présente la survie d'une jeune femme australienne, seule dans une ferme, et qui garde son fiancé zombifié enchaîné dans une pièce : quelques moments inintéressants, mais c'est assez mal filmé dans l'action.
Teleportal est ultra-fauché, et montre un joueur de FPS se faire aspirer dans son jeu de zombies, pour y mourir aussitôt : le court dure encore moins longtemps que cette phrase, donc pas grand chose à en dire, franchement ; Marathon Apocalypse, qui arrive durant le générique de fin, se limite à la course d'une jeune femme dans les bois.
Certified, le meilleur du lot, sur un postier qui apporte une lettre recommandée à une maison isolée, et est accueilli par une petite fille ayant une histoire macabre à raconter, est aussi le seul à ne pas avoir de zombies, et à se rapprocher d'un Contes de la Crypte, avec un rendu visuel bien plus professionnel que la moyenne ; How to Survive the Zombie Apocalypse, un trio de courts en provenance des pays de l'Est, est une sorte de Zombieland fauché, ultra-dérivatif, et pas très drôle ; et Zombie News, le fil conducteur du métrage, montre un présentateur tv se transformer lentement en zombie à mesure que l'apocalypse zombie se prolonge, et qu'il doit tenir l'antenne. De la comédie pas drôle, et prévisible.
D'ailleurs, c'est ça le vrai fil conducteur de ce Zombieworld : l'absence d'idées, l'absence d'originalité, l'absence de rythme... et l'absence de budget (mais ça, ça se comprend). Quand les meilleurs segments d'une telle anthologie sont ceux qui ne sont pas inclus dans le produit final, et dans une moindre mesure, celui qui ne parle pas vraiment de zombies, autant dire que c'est un échec retentissant.
1/6 (pour la copie que j'ai vue, dans son ensemble ; les meilleurs courts méritent un bon 4/6 individuel)
Après Bandersnatch, un épisode interactif amusant dans son concept, mais finalement peu marquant, Charlie Brooker remet le couvert, pour une mini-saison 5 de Black Mirror, mini-saison de trois épisodes à peine.
Black Mirror 5x01 - Striking Vipers :
Amis de longue date, Danny (Anthony Mackie) et Karl (Yahya Abdul-Mateen II) se sont perdus de vue, le premier se mariant avec Theo (Nicole Beharie), et le second connaissant une vie de célibataire endurci. Ils renouent à l'occasion d'un barbecue, et se donnent rendez-vous en ligne, pour jouer à un jeu de combat virtuel révolutionnaire, Striking Vipers X. Bien vite, cependant, les deux hommes éprouvent de l'attirance sexuelle pour l'avatar de l'autre joueur (Pom Klementieff, Ludi Lin)...
Sorte de pendant masculin du San Junipero de la saison 3, ce Striking Vipers donne l'impression d'être né d'un concept assez basique, celui du jeu vidéo comme troisième roue du carrosse dans un couple. Un concept sur lequel se greffent un propos sur l'infidélité, un degré de lecture supplémentaire sur le genre et l'attirance sexuelle, et bien plus encore... autant d'idées et de notions intéressantes, mais pas forcément toutes bien traitées.
Le vrai problème, à mon sens, est le choix du protagoniste. Le parcours de Danny est ainsi assez clair et simple : il est hétéro, marié, et il prend son pied en couchant avec l'avatar féminin de son adversaire. Ni plus, ni moins. C'est là que l'épisode rate un peu le coche, en se concentrant sur Danny, qui n'a pas une évolution particulièrement passionnante : son problème, c'est plus de tromper sa femme, que de le faire avec un homme prenant l'apparence d'une femme dans un univers virtuel.
Le parcours de Karl est plus intéressant : d'apparence hétéro, il prend du plaisir virtuel en couchant avec l'avatar masculin de Danny, mais ne ressent aucune attirance pour lui IRL. Probablement bisexuel à un certain degré, il devient obsédé par le jeu, qui comble chez lui un certain manque, et il adore endosser le rôle d'une femme, avec ce que cela implique de différences physiques et sensorielles. C'est Karl qui cristallise toutes les thématiques LGBTQ relatives à l'identité sexuelle, etc, et malheureusement, Karl n'est pas le sujet de l'épisode : son évolution se fait presque hors-champ, alors que le récit aurait gagné à inverser les rôles.
Autre problème, l'esthétique du monde virtuel ne convainc guère, trop cheap et ressemblant à un mauvais cosplay pour être satisfaisante. Cela tire un peu le récit vers le bas, et ça n'aide pas vraiment à s'immerger dans l'univers dépeint. Déjà que le rythme de l'épisode (qui prend un certain temps à démarrer) est assez mollasson...
Au final, malgré ses ambitions, Striking Vipers n'est pas plus marquant que cela : l'épisode se regarde assez bien, ses thématiques et sa fin heureuse sont modernes et agréables, mais ça s'arrête là. On aurait aimé que Brooker aille encore un peu plus loin, et pousse son concept dans ses ultimes retranchements...
Black Mirror 5x02 - Smithereens :
Au bord de la crise de nerfs, Chris (Andrew Scott) se fait passer pour un chauffeur de VTC, et prend en otage Jaden (Damson Idris), un jeune employé de l'entreprise de réseaux sociaux Smithereens. Sa seule exigence : pouvoir s'entretenir au téléphone avec Billy Bauer (Topher Grace), le créateur américain de Smithereens...
Une histoire de prise d'otage assez basique et cousue de fil blanc, dont les enjeux sont rapidement évidents au spectateur (ce n'est pas la première fois que l'on voit ce type d'intrigue, où le patron d'une multinationale est rendu responsable de la mort de quelqu'un par l'esprit malade d'un proche), mais qui parvient à maintenir l'intérêt grâce à son interprétation excellente, à sa tension, et à sa mise en contraste amusante des forces de police britanniques (à l'enquête lente mais probante) avec les connaissances étendues des employés de Smithereens (qui savent tout, de tout le monde, et disposent de moyens technologiques dignes des services secrets).
En résumé, ça se regarde (principalement grâce à la distribution), mais ça ne casse pas des briques.
La critique des réseaux sociaux addictifs et omniscients est légère, et Brooker, à nouveau, tente de jouer la carte émotion, à la fin, en faisant revenir (comme à son habitude) un élément détaché de l'intrigue (la mère éplorée), introduit de manière pataude et voyante au début de l'épisode.
Mouais.
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Retrouvez aussi les critiques des saisons précédentes de Black Mirror sur ce blog en cliquant ici...
Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine, et des critiques d'une vingtaine de lignes, tout au plus.
Fuck You All - The Uwe Boll Story (2018) :
Documentaire de 97 minutes revenant sur la carrière d'Uwe Boll, qui arrive exactement alors que la carrière de Boll est au plus bas (le bonhomme est "à la retraite"), pour tenter de dépeindre le réalisateur allemand comme un électron libre, un artiste iconoclaste refusant toute convention, un anarchiste méprisant le système, etc, etc, etc.
Ce qui a du mal à passer lorsque l'on connaît un peu les sommes faramineuses que l'homme a engrangées en pondant à la chaîne des adaptations miteuses de jeux vidéo, pour pas cher, en bénéficiant de subventions de l'état allemand, et en créant le buzz autour de sa personne.
Le documentaire se partage ainsi entre interviews avec Boll (effectuées à différentes périodes de sa carrière) et avec ses défenseurs (collègues et acteurs qui sont tous fans du bonhomme) et détracteurs, même si ces derniers finissent par admettre une certaine admiration pour le bonhomme et son œuvre.
Il en ressort l'image d'un homme sympathique et sans filtre, un bon père de famille incapable de contrôler son impulsivité, et surtout, un passionné de cinéma capable de parler des heures des qualités et des défauts des films des autres, mais (de l'aveu même de l'un de ses collaborateurs de longue date) totalement incapable d'appliquer ces connaissances à son propre travail.
Le vrai problème, si l'on en croit tous les intervenants, c'est que si Uwe est un excellent producteur et bateleur, capable de réunir de l'argent sur une promesse ou sur son bagout, il est un piètre réalisateur, car le côté technique du métier ne l'intéresse guère.
D'où d'innombrables tournages sans script, sans préparation, sans intérêt de sa part, uniquement là pour engranger un maximum d'argent avec des films qui créent le bad buzz. D'autant que Boll, particulièrement caractériel et contradicteur, n'est ni plus ni moins qu'un gros troll, qui avait bien compris que plus on parlait de lui, plus ses films étaient vus, et plus il gagnait de l'argent (même si sa réputation était démolie au passage).
Et il n'est guère surprenant de constater qu'au moment même où ces subventions ont disparu, où le monde du DTV a perdu en vitesse au profit de la VOD, Boll a totalement disparu des écrans radars, pour se recycler en restaurateur à Vancouver.
Malgré cela, tous les intervenants du film l'apprécient : ses amis acteurs, parfois poussés à bout, ne lui en veulent pas ; ses critiques le regardent d'un œil amusé ; ses collègues font une liste exhaustive de tous ses défauts... mais ils ne regrettent aucun de leurs films tournés ensemble.
Sans être vraiment une entreprise de réhabilitation du personnage Uwe Boll (car c'est ce qu'il est devenu au fil des ans : un personnage en représentation constante), le documentaire semble tenter de nuancer le portrait au vitriol qui a souvent été fait de Boll.
Sans y parvenir totalement, car Uwe reste un provocateur puéril et pseudo-rebelle, qui a tout fait pour attirer l'attention, avec un sens de la révolte et de l'humour digne d'un gamin en pleine crise d'adolescence. Impossible d'oublier cela quand certains des compères de Boll parlent de lui comme d'un visionnaire, ou nous ressortent la bonne vieille excuse de "tous les critiques n'ont pas de légitimité tant qu'ils n'ont pas eux-mêmes tourné de film".
Cela dit, au moins, les proches et amis de Boll semblent tous d'accord : si Uwe a pris sa retraite dans la restauration, ce n'est clairement pas définitif, et il reviendra au cinéma le jour où il aura trouvé un moyen de refaire de l'argent.
On a hâte. Ou pas.
3.75/6 (malgré son côté très orienté, c'est agréable à suivre)
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Glass :
À la recherche de Crumb (James McAvoy), psychopathe aux personnalités multiples, l'invulnérable David Dunn (Bruce Willis), désormais justicier à plein temps avec l'aide de son fils (Spencer Treat Clark), est capturé par les hommes du Dr Ellie Staple (Sarah Paulson). Psychiatre, celle-ci semble déterminée à prouver que Crumb, Dunn et Elijah Price (Samuel L. Jackson) ne sont que des humains normaux, et elle entame alors une thérapie de groupe pour les trois hommes...
Sorte de film-conclusion pour les personnages d'Incassable et de Split, ce Glass se voulait l'apothéose des deux films précédents, une rencontre au sommet entre des acteurs et des personnages mémorables, chapeautée par un Shyamalan motivé.
Malheureusement, comme souvent avec ce cher Manoj lorsqu'il est en confiance et laissé à ses propres oeuvres, il s'est pris les pieds dans le tapis de manière spectaculaire, laissant ses prétentions intellectuelles prendre le dessus sur ce qui aurait pu donner une oeuvre satisfaisante, tant émotionnellement que thématiquement.
C'est bien simple, une grosse partie du métrage ne fonctionne tout simplement pas : en faisant de Sarah Paulson une psychiatre tentant de convaincre Crumb, Dunn et Glass qu'ils sont normaux, qu'ils n'ont pas de pouvoirs et ne sont que des humains aux problèmes psychologiques, Shyamalan semble vouloir déconstruire encore plus le mythe du super-héros, à grands renforts de discours pompeux et didactiques qui peinent à intéresser.
D'autant que le spectateur, lui a déjà vu les deux films précédents, et est parfaitement conscient de la réalité des pouvoirs des protagonistes : par conséquent, tous les dialogues, toutes les tentatives d'analyse, bref, tout le passage dans l'asile (une grosse, grosse partie du film) ne sert tout simplement à rien, si ce n'est à faire plaisir à Shyamalan, qui peut ainsi étaler en long, en large et en travers son écriture analytique et théorique.
Seul problème : sans personnages forts et charge émotionnelle leur étant associée, tous ces discours tournent à vide.
Et là, dans Glass, les personnages sont vraiment maltraités par le scénariste. Dunn/Willis est sous-exploité, comme toujours monolithique, mais presque un personnage secondaire dans ce métrage ; Glass/Jackson, lui, est absent de la moitié du film et/ou dans un état végétatif ; reste alors Crumb/McAvoy, certes impérial dans son interprétation, mais à la limite de la roue libre, et qui bouffe l'écran au détriment du reste de la distribution.
Paulson, elle, fait son truc habituel sans grand panache, même lors des rebondissements du scénario (attention, spoilers) : outre le fait que Manoj relie directement la naissance de Crumb à celle de Dunn (ce qui est une extension thématique d'Incassable), on y apprend que Paulson est membre d'une société secrète surveillant en secret les êtres possédant des super-pouvoirs (les Guetteurs de la franchise Highlander, en résumé) pour mieux pouvoir les contrôler.
C'est là que le film, déjà bien bancal et peu intéressant, bascule vraiment, puisque l'on réalise que c'est elle le véritable protagoniste du métrage... et que c'est elle qui s'en sort triomphante (le sort réservé aux trois personnages dotés de pouvoirs donne vraiment l'impression que Shyamalan voulait simplement se débarrasser de cette saga). Le réalisateur-scénariste a beau tenter un ultime rebondissement (pas très crédible, quand on sait à quel point le web a tendance à crier "fake news" à la moindre image étrange), ça ne fonctionne pas vraiment, et Glass se termine platement.
Ajoutez à cela une réalisation assez inégale - Shyamalan filme occasionnellement à la go-pro, à la caméra de surveillance, en vue subjective, en caméra embarquée, etc (notamment pour préparer son rebondissement final), mais tous ces styles se marient mal, et sont d'ailleurs parfois visuellement assez laids -, une bande originale peu mémorable, et un rythme mollasson, et voilà, un ratage à la mécanique grinçante et laborieuse, froid et sans grande subtilité.
C'est frustrant de voir à quel point l'égo de Shyamalan (il fait ici son caméo dès le premier quart d'heure du film) et son intellect mettent des bâtons dans les roues de ses métrages. De plus en plus, Shyamalan semble appartenir au groupe de ces réalisateurs ayant tout donné dans leurs premiers films, et qui, depuis, peinent à retrouver le souffle, le succès et l'intérêt de leurs premiers métrages (cf aussi Ridley Scott, Stephen Sommers, Richard Kelly, etc)...
2/6
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