Il était une fois Lurdo & Sygbab, deux internautes passionnés de séries tv et de cinéma, et qui cherchaient un endroit où archiver leurs avis (semi) éclairés...
Avec sa saison 1 vraiment agréable à suivre, la famille Parker avait su me donner envie de remettre rapidement le couvert, et de suivre leurs mésaventures désastreuses durant une nouvelle année.
Dont acte, avec cette saison 2 de The Detour se déroulant à New-York : une saison 2 rallongée de 2 épisodes (pour atteindre les 12 épisodes), et toujours supervisée par Samantha Bee et son époux, Jason Jones, qui sont cette fois-ci un peu plus en retrait, dans un rôle de showrunners.
Ce qui, malheureusement, va rapidement se ressentir à l'écran.
The Detour, saison 2 (2107) :
Lorsqu'il décroche un emploi inespéré à New York, auprès de JR (James Cromwell), Nate (Jason Jones) décide d'emmener sa petite famille vivre dans la métropole... mais rapidement, la vie en ville - et les nombreux secrets de son épouse (Natalie Zea) - vont leur compliquer sérieusement la vie...
Dès le début de la saison, on remarque que quelque chose ne fonctionne pas totalement dans l'écriture de celle-ci, une impression qui ne fait que se confirmer au fur et à mesure que les épisodes s'enchaînent.
En effet, si la formule générale ne semble pas changer - les problèmes du quotidien de la famille, avec leurs voisins, les enfants, les soucis professionnels, les petits mensonges, la sœur, etc - le tout narré en flashback par Nate et Robin, interrogés par les forces de l'ordre (en l'occurrence, l'inspection des services postaux, représentés par une Laura Benanti déjantée) - le rythme et le ton paraissent souvent un peu moins maîtrisés.
Au niveau du rythme, notamment, on se demande si la saison n'a pas été rallongée in extremis, forçant les scénaristes à faire un peu de remplissage pour arriver à leurs fins. La saison a ainsi deux sous-intrigues principales : la première tourne autour de Carlos (Jeffrey Vincent Parise), l'époux latino de Robin, et de la paternité réelle de Jareb - de quoi donner lieu à un gros passage au tribunal, qui dure plusieurs épisodes, permet un flashback interactif comme en saison 1, et se conclue de manière convaincante à la mi-saison, par un happy-end qui aurait pu servir de conclusion à cette année ; mais la série repart alors de plus belle pour se concentrer sur le nouveau poste de Nate, sur l'identité réelle de son patron (son beau-père), sur les magouilles de ce dernier, etc, pour se conclure par deux épisodes "vacanciers" emmenant toute la distribution à Cuba.
Une structure en deux parties très claires, un peu décousue, et avec quelques épisodes superflus qui n'apportent pas grand chose à leur intrigue principale respective (je pense notamment à ce qui concerne les voisins et leur accouchement, ou encore à l'épisode sur l'Église parodiant la Hillsong Church, assez vain et gratuit).
Et bien sûr, le point commun à ces deux sous-intrigues ? Robin et ses mensonges. C'est le plus frappant, dès le début de la saison : le personnage de Robin est massacré par les scénaristes, qui forcent tellement le trait qu'ils la rendent franchement antipathique. Caractérielle, menteuse, égocentrique, manipulatrice, geignarde, capricieuse, impulsive, intolérante (l'épisode sur l'Église est dans la continuité de son athéisme de la saison 1, mais avec un curseur poussé au maximum, au point de l'insupportable), ravie de voir son mari souffrir et se faire mal, Robin devient cette année une vraie "épouse de sitcom", très souvent horripilante.
Un autre personnage souffre aussi de cette écriture plus caricaturale : Delilah (Ashley Gerasimovich), la fille, qui en saison 1 était à peu près normale, en comparaison de son frère idiot. Malheureusement, cette année, Delilah devient "excentrique", ce qui se traduit par une Gerasimovich intenable, en surjeu, et par un personnage quasi-méconnaissable.
Vraiment dommage, car au bout d'un moment, tous ces soucis d'écriture s'accumulent, et font que l'on suit les mésaventures des Parker avec beaucoup moins de plaisir qu'en saison 1, surtout dans la seconde moitié de la saison, qui part un peu en vrille. Le budget clairement plus confortable permet de produire une parodie de Hamilton amusante, certes, et envoie (comme je le mentionnais plus haut) la famille à Cuba, mais c'est l'occasion pour les scénaristes de forcer à nouveau le trait, en montrant Robin et Nate comme les clichés ambulants des touristes américains beaufs et indifférents aux habitants du pays qu'ils visitent.
Et quand on découvre enfin le fin mot de toute cette histoire et de tous les mensonges de Robin (ainsi que la nature réelle de cet objet improbable qu'elle cache depuis le début de la saison), on se dit : oui, c'est décalé, c'est plus ou moins amusant, mais tout cela en valait-il bien la peine ?
Pas sûr, tant le format et l'écriture de cette saison ont fait, à mes yeux, beaucoup de mal à certains des personnages du show. Et ce malgré de bons moments assez drôles, comme l'épisode d'Halloween.
Reste à voir si la saison 3 (critique la semaine prochaine) remontera le niveau, avec des personnages envoyés dans le grand nord...
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Après une saison 1 vraiment sympathique et agréable, The Detour était partie, pour sa saison 2, dans une direction bien trop caricaturale et outrancière pour me convaincre, avec des personnages qui avaient perdu 50 points de QI entre les deux saisons, et une Robin devenue insupportable.
Espérons que cette saison 3 permettra de remettre le programme à plat, et de repartir sur des bases plus saines et modérées...
The Detour, saison 3 (2018) :
En fuite pour échapper à l'USPIS et à Edie (Laura Benanti), la famille Parker trouve refuge dans une petite bourgade d'Alaska, où elle s'installe sous de fausses identités, et tente de reconstruire son existence. Mais Edie ne tarde pas à les retrouver, et, pour les faire tomber, elle se fait passer pour l'assistante de Nate, désormais coach de l'équipe de hockey de la ville...
En saison 1, 6 épisodes (sur 10) de la série étaient écrits par Samantha Bee et/ou Jason Jones ; en saison 2, ce nombre était passé à 2 épisodes, ce qui expliquait probablement la différence de ton entre les deux années. Pour cette saison 3, Jones et Bee sont à l'écriture du season premiere... et c'est tout.
Ce qui avait de quoi inquiéter, après une seconde année caricaturale et en roue libre. Par chance, dès les premiers épisodes, on est un peu rassuré : la caractérisation des personnages semble s'être nettement assagie, et on est moins dans l'outrancier qu'auparavant.
Du moins au début. Car rapidement, d'autres soucis se présentent, au premier rang desquels une forte impression d'improvisation et de saison décousue.
Contrairement aux saisons précédentes qui bénéficiaient d'un semblant de fil directeur, ici, la série part dans toutes les directions : un épisode d'introduction, un autre sur le road trip de Nate et son équipe de hockey, un autre servant d'ellipse temporelle de sept mois pendant lesquels Nate travaille sur un navire de pèche (aux côté de Roy Wood Jr., du Daily Show), un flashback sur des vacances catastrophiques du couple en République Dominicaine, un épisode du point de vue d'Edie mâtiné de mockumentaire sur les élections municipales de la ville, un épisode s'attardant lourdement sur la théorie du genre et de l'identité sexuelle, et enfin trois épisodes finaux de cavale en pleine nature, culminant par un face à face avec les autorités dans une ville western peuplée de touristes japonais.
Pour lier tout cela, malheureusement, il n'y a pas grand chose, hormis la traque de la famille par Edie, qui s'entiche de Nate. D'ailleurs, c'est probablement là l'un des problèmes majeurs de la saison (et de la série, dans son ensemble) : Nate est au centre de tout, dans ces épisodes (notamment par le biais d'Edie), et les autres personnages se retrouvent repoussés au second plan.
Jareb est ainsi élu maire de la ville (face à un alpaga... ^^), mais n'a rien à faire ni à dire des 3/4 de la saison ; Delilah n'a plus rien à voir avec la gamine déjantée et excentrique de la saison 2, puisqu'elle est désormais en crise d'adolescence, et qu'elle passe toute la saison absente, ou à se plaindre de ses parents ; et Robin... *soupir*.
Malheureusement, Robin continue directement dans la direction de la saison 2 : toujours plus trash, égoïste, menteuse, jalouse, antipathique, bref, l'archétype même de la nagging wife de sitcom, sans plus avoir les qualités permettant de lui pardonner ses défauts (alors que Nate, lui, s'il est toujours idiot, vantard, maladroit et bas de plafond, est toujours écrit comme doté des qualités d'un père de famille aimant, sincère et protecteur).
Cette caractérisation défaillante et assez aléatoire (en fonction du scénariste, certains épisodes sont assez normaux, alors que d'autres tiennent du mauvais cartoon) rend la saison très inégale, décousue, et parfois même assez frustrante (je pense notamment au moment où, en pleine nature, Nate s'enfonce dans des "sables mouvants", et appelle à l'aide sous le regard indifférent de toute sa famille, qui ne lève pas un doigt pour le secourir et préfère débattre du sexisme de celui qui a de la boue jusqu'au menton : à cet instant, on n'a qu'une envie, qu'ils y passent tous).
Et c'est dommage, parce qu'il y a toujours du bon et du très drôle dans cette série. On s'attache notamment assez rapidement au personnage d'Edie, et à son attirance pour Nate... mais entre ses problèmes de structure, d'écriture, et l'impression globale que cette saison a été plus ou moins improvisée, voire conçue autour de l'emploi du temps de Jason Jones (tous les dialogues/coups de coude qui tournent autour de sa barbe sous-entendent un tournage chaotique), j'ai vraiment eu des difficultés à pleinement apprécier cette troisième année, moins caricaturale que la précédente, mais aussi moins homogène et satisfaisante.
En un mot : c'est frustrant.
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Anthologie anglaise conçue, écrite et supervisée par Charlie Brooker, un scénariste et satiriste britannique déjà à l'origine de la mini-série Dead Set, Black Mirror est rapidement devenue une série culte pour bon nombre de critiques et de spectateurs.
Ce programme utilise en effet un format bien éprouvé et une distribution généralement prestigieuse, pour narrer ses intrigues sombres et pessimistes sur l'avenir de l'humanité, et le rapport toujours plus fusionnel de cette dernière avec la technologie moderne, sous toutes ses formes. De quoi séduire bien des spectateurs en quête de sens, d'analyses et de cynisme, mais... est-ce que le programme est à la hauteur de sa réputation ?
Black Mirror - Saison 1 :
1x01 - The National Anthem :
Lorsque l'une des princesses de la famille royale est enlevée, le Premier Ministre anglais (Rory Kinnear) reçoit une vidéo du ravisseur : s'il ne veut pas que la princesse soit tuée, il devra copuler avec un porc en direct à la télévision. Mais rapidement, l'opinion publique et les médias s'en mêlent...
Un premier épisode qui m'a fait dire "tout ça pour ça". Le problème, en fait, c'est qu'il faut fermer les yeux sur plein de menus détails improbables si l'on veut se laisser embarquer par le postulat de départ de cet épisode ; simple exemple : les autorités reçoivent un doigt tranché portant une bague appartenant à la princesse, et en déduisent immédiatement qu'elle a été blessée par son ravisseur... sauf que plus tard, on apprend que c'est le doigt de l'artiste responsable de l'enlèvement. Le problème, c'est que même sans analyse ADN, il devrait y avoir une différence évidente entre un doigt de princesse manucuré et soigné, et un gros doigt d'artiste sculpteur habitué à travailler de ses mains.
Mais ce n'est qu'un exemple de ces raccourcis qui font que j'ai vraiment eu du mal à adhérer à ce propos caricatural. Oui, j'ai bien compris que c'est de la satire, une satire de la politique prête à tout pour rester populaire, du voyeurisme du grand public, des médias, etc : c'est supposé être caricatural.
Pourtant, l'impression que j'ai eue en regardant cet épisode, c'est presque celle d'être devant un script de Chris Chibnall, avec des personnages unanimement antipathiques, aux réactions forcées, dans des situations artificielles. Et c'est dommage, parce que la réalisation et la montée en tension sont ici plutôt réussies et prenantes... mais dans l'ensemble, bof.
1x02 - Fifteen Million Merits :
Dans un monde alimenté par les efforts constants de ses citoyens pour alimenter en électricité les innombrables écrans qui les entourent, et gagner ainsi des "mérites" indispensables pour profiter d'un peu de confort, Bing (Daniel Kaluuya) s'éprend d'Abi (Jessica Brown Findlay), et la convainc de participer à un radio-crochet télévisé, seul moyen de sortir de cet enfer numérique...
Un épisode qui fait partie de ceux qui ont clairement inspiré Seth MacFarlane pour l'un de ses épisodes de The Orville, et qui, une fois de plus, souffre d'une écriture au trait un peu trop forcé et appuyé.
C'est très bien interprété, la satire des X-Factor et autres Simon Cowell est amusante (Rupert Everett ^^), et dans l'absolu, ce n'est pas inintéressant, mais je trouve toujours que ça manque cruellement de subtilité... et, dans le cas présent, de rythme.
Ce n'est pas mauvais, en soi, mais j'ai de plus en plus peur d'être tout simplement réticent au style d'écriture de Brooker : j'ai systématiquement l'impression que le propos de ces épisodes pourrait être résumé en deux ou trois phrases, mais est ici à la fois tellement dilué et surligné qu'il en perd toute efficacité.
(et je me demande aussi si ce n'est pas la raison qui fait que le show a une telle réputation de profondeur et d'intelligence, et un tel succès public et critique : le spectateur lambda aime se sentir plus intelligent que la moyenne, et il suffit parfois de lui prémâcher le message et les thématiques de son programme pour y parvenir... )
1x03 - The Entire History of You :
Jeune avocat, Liam (Toby Kebbell) découvre lors d'une soirée que son épouse Ffion (Jodie Whittaker) est très proche d'un inconnu, Jonas (Tom Cullen). Jaloux, Liam décide alors d'utiliser toutes les capacités des "grains", des implants mémoriels que tout le monde possède, pour tenter délucider le mystère de cette relation...
Nouveau scénariste, pour un épisode qui délaisse un peu la satire à gros sabots, afin de s'intéresser à un drame plus intimiste, sur fond de technologie mémorielle implantée.
Et il devient rapidement évident qu'on aurait pu écrire quasiment le même script sans l'argument "anticipation" ou la thématique des souvenirs et de la mémoire, un peu trop survolés : il suffit de remplacer les implants mémoriels par des photos ou des vidéos prises au smartphone, par exemple, et le résultat serait grosso modo le même, à savoir une histoire de jalousie qui tourne mal.
Il est dommage que ce script n'aille pas plus loin dans ses idées, et dans sa conclusion, tout comme l'est le fait que les personnages (très bien interprétés au demeurant) restent dans la droite lignée des deux épisodes précédents : assez antipathiques.
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Bilan :
Après ces trois premiers épisodes, je fais un premier bilan assez mitigé de Black Mirror.
Le ton volontairement satirique et pessimiste du programme me laisse dubitatif ; le rythme des épisodes fait que ces derniers manquent étrangement de punch et d'énergie ; et comme je n'aime généralement pas que l'on me tienne par la main lorsque je regarde une série, là, le manque de subtilité et de nuances du propos fait que je reste sur ma faim.
Reste à voir si la saison 2 changera quelque chose à la donne, ou si je continuerai d'avoir l'impression d'assister à une déclinaison (techniquement compétente à défaut d'être particulièrement inspirée) de thématiques et de sujets déjà traités à maintes reprises dans d'autres anthologies du type Outer Limits et compagnie.
Halloween approche lentement, et comme tous les ans, c'est l'heure de l'Oktorrorfest sur le blog des Téléphages Anonymes, avec au programme un marathon de cinéma fantastique et d'horreur pendant un peu moins de deux mois, de mi-Septembre à début Novembre...
The Conjuring 2 :
En 1977, alors qu'ils se remettent tout juste d'une affaire éprouvante à Amityville, le couple d'enquêteurs du paranormal formé par Ed et Lorraine Warren (Patrick Wilson et Vera Farmiga) sont mis au courant d'une affaire toute aussi étrange : à Enfield, en Angleterre, la famille Hodgson est victime de phénomènes surnaturels, centrés autour de la plus jeune des enfants...
Je crois que c'est sans appel : j'ai vraiment énormément de mal avec le cinéma de James Wan.
Insidious et The Conjuring, premiers opus de leurs séries respectives, m'avaient laissé plutôt de marbre à un moment ou deux près (mais l'exorcisme braillard du premier Conjuring m'avait bien agacé), et ce tout en leur reconnaissant une forme particulièrement travaillée et intéressante.
Ce Conjuring 2, lui, m'a mis sur la piste d'une explication.
Une explication à mon rejet du style de Wan, au fait que je ne ressente rien devant ses films, bref, pourquoi est-ce que, malgré son évident sens du cadre et de l'image efficace, les films de Wan finissent par me laisser à leur porte : c'est peut-être bien parce qu'il souffre du syndrôme Michael Bay.
Non pas qu'il mette des explosions partout, mais bien qu'il ne pose jamais sa caméra. La caméra bouge quasi-constamment, d'un plan à l'autre, d'une scène à l'autre, elle virevolte, elle tourne, se met de biais, se redresse, pivote vers un autre personnage, se rapproche, s'éloigne, avance, recule, etc. Ce qui ne se remarque pas forcément trop dans un film d'action made in Bay, tant le rythme fait que ces mouvements participent à l'énergie du tout... mais dans un film d'horreur, il en va autrement, puisque ces mouvements permanents, s'ils peuvent occasionnellement aider à instaurer une certaine tension, ou à "attirer" le spectateur dans l'image, peuvent malheureusement aussi finir par le distraire, la lenteur du rythme et des plans faisant que le spectateur a plus de temps pour les remarquer. Et une fois qu'on remarque cette tendance, on ne voit plus que ça...
Quoiqu'il en soit, même sans ce problème de réalisation, reste que ce Conjuring 2 arrive un peu trop tard, puisqu'en 2015, le cas Enfield avait été traité sous forme de mini-série par la chaîne anglaise SkyTv ; une mini-série assez moyenne et oubliable, qui préférait faire passer le côté surnaturel de son récit au second plan, derrière les problèmes de ses personnages, en particulier ceux de Maurice Grosse, l'un des enquêteurs, véritable protagoniste principal du programme.
Entre cette mini-série et les documentaires concernant le cas Enfield, donc, l'histoire commence à être connue par coeur, déjà qu'à la base, elle n'est pas particulièrement originale ou palpitante.
Ici, Wan choisit en prime de la lier aux deux Warren, et de rajouter, en prime, toute une histoire secondaire de nonne démoniaque qui hante Lorraine, et qui est liée à Amityville. Le film tente donc d'en faire beaucoup trop, sans parvenir à instaurer de vraie tension ou de vraie terreur : la première heure consiste ainsi entièrement en une alternance des deux intrigues principales (les Warren et le cas Enfield), des intrigues qui prennent beaucoup trop leur temps, d'autant qu'elles abattent rapidement leurs cartes respectives : le cas Enfield en montrant son fantôme (celui d'un vieux pépé ronchon qui veut regarder la tv en paix, et qu'on cesse de l'importuner : pas vraiment de quoi trembler) et les Warren en faisant de même, avec la nonne maléfique bien moins effrante qu'il n'y paraît, surtout lorsqu'elle court, un peu ridicule, en tenant un cadre de portrait en guise de visage.
La tension ne règne donc pas vraiment, malgré les efforts tourbillonnants de James Wan. À partir de l'heure de métrage, les deux intrigues commencent enfin à se rencontrer, mais le tout ne fonctionne que très ponctuellement : en effet, le script commence très rapidement à ronronner, et on commence à sentir les 120+ minutes du film.
Pire, certains effets sont tellement téléphonés qu'ils tombent à plat, ou ne fonctionnent tout simplement pas : l'apparition du Crooked Man avait du potentiel, par exemple, mais le recours à la transformation numérique et l'effet de ralenti ont tendance à tuer la tension et la frayeur de cette première apparition (la seconde fonctionne un peu mieux).
Reste alors l'affrontement final, et la conclusion de toute cette affaire... mwé. Là aussi, le fait que le démon travesti en nonne ne fasse pas peur du tout (en même temps, les habits de nonne, c'est quitte ou double : soit on a peur, soit on rit), et son exorcisme en trois minutes chrono font que la fin ne convainc pas non plus totalement.
Mais le tout reste néanmoins relativement bien filmé, bien joué (même si Farmiga est comme toujours à la limite du surjeu caricatural... mais bon, c'est son style), et je suppose que c'est efficace, pour peu que l'on accroche aux techniques de Wan.
Même ressenti que le premier = même note.
2.5/6, mais la note serait probablement plus élevée si je n'étais pas tant gêné par le style Wan.
Après près de deux ans et demi d'absence sur ce blog, Sygbab revient en force à l'occasion de la conclusion de la série Supernatural : une épopée de 15 saisons qu'il va passer en revue à raison d'un bilan par semaine...
Supernatural, saison 11 (2015) :
Désormais débarrassé de la marque de Caïn, Dean doit maintenant faire face, avec son frère, à la libération des Ténèbres (Emily Swallow) sur Terre, une menace plus ancienne que l'univers lui-même...
Le format classique de 22-23 épisodes proposé la majorité du temps par les grands networks américains implique généralement de diluer l'intrigue principale. Pour cette raison, l'alternance entre loners et mythologie est un schéma qui a souvent fait ses preuves, mais cela ne peut fonctionner que si certains fondamentaux sont respectés : épisodes stand alone intéressants, fil rouge solide et savamment distillé et personnages qui évoluent.
En se penchant sur les épisodes indépendants, force est de constater que pour une fois, les scénaristes savent réutiliser des éléments passés avec une certaine réussite. C'est notamment le cas avec une affaire qui emmène les Winchester dans une petite bourgade où Bobby et Rufus sont déjà passés quelques années auparavant : outre le plaisir de revoir le duo de vieux briscards grâce à un autre procédé que le voyage dans le temps ou une incursion dans l'au-delà, la superposition des deux enquêtes est appréciable.
Ce qui se passe à Sioux Falls est en revanche plus sombre : Alex est rattrapée par son passé en tant qu'appât pour le nid de vampires qu'elle nourrissait car un néo vampire veut se venger d'elle. Cela met en péril sa nouvelle famille, dont Claire fait désormais partie puisque le shériff Jodie Mills l'a également prise sous son aile. L'ambiance est oppressante, et pour une fois on craint vraiment pour la vie des personnages secondaires.
Ce n'est pas le seul épisode dans cette veine : notre duo se retrouve également en difficulté en essayant de sauver un couple d'une horde de loup-garous, Sam frôlant la mort en se faisant étrangler par l'une des victimes qui fait passer sa survie avant la reconnaissance. À force de les voir affronter des anges et des démons, on pourrait finir par croire qu'ils sont invincibles ; c'est bien de rappeler de temps à autre qu'ils ne sont qu'humains. Petit bémol cependant : le previously est un peu malhonnête en incluant Kate, Garth et Tessa, laissant miroiter leur apparition alors qu'il n'en est rien.
Quoi qu'il en soit, il y a une vraie volonté de se renouveler, et cela se traduit par un sursaut créatif non négligeable : un fantôme qui possède des déguisements (le killer bunny est bien plus flippant que celui des Monty Python dans Sacré Graal), une plongée tragicomique dans le monde des amis imaginaires en revenant sur les aspirations de Sam à une vie normale quand il était encore un enfant, et un épisode remarquable où toutes les prises de vues se font depuis l'Impala, histoire de rappeler son importance dans cet univers.
La question de l'intrigue principale est plus épineuse. La menace représentée par The Darkness - Amara pour les intimes - ne pèse pas réellement sur la saison. Alors qu'elle était dépeinte comme une entité encore plus maléfique que le Diable, elle s'avère en réalité être la sœur de Dieu et veut se venger de ce dernier suite à son confinement.
Dans l'absolu, le fait de ramener les enjeux à hauteur d'homme et de les aborder par le prisme familial n'est pas vide de sens puisque c'est l'une des thématiques principales de la série, et la conclusion qui permet de faire revenir Mary Winchester est plutôt habile. Mais le chemin emprunté pour en arriver là est assez laborieux.
Au menu des réjouissances : les pérégrinations inintéressantes de Rowena qui essaie de reconstituer un clan de sorcières et qui nous fait la fausse joie de mourir, la naïveté de Crowley qui tente de reconquérir ses anciennes troupes en Enfer alors qu'il a constamment été humilié par Lucifer, tandis que ce dernier a investi le corps de Jimmy Novak où il cohabite avec Castiel.
Si on excepte l'incohérence avec ce qui avait été acté auparavant, à savoir qu'il n'y a qu'un seul vaisseau qui peut le contenir sans se dégrader rapidement, c'est une preuve supplémentaire de l'incapacité des scénaristes à gérer Castiel. Misha Collins en fait des tonnes alors que son talent est limité, et le voir s'enfermer dans sa chambre comme un vulgaire adolescent parce qu'il boude après une dispute avec son père est plus désespérant qu'amusant. Et frustrant également, car le 11.10 The Devil in the Details permettait de revoir un Mark Pellegrino toujours aussi charismatique, tout en bénéficiant d'une ambiance qui laissait entrevoir de belles promesses. C'était trop beau, puisqu'elles ne sont pas tenues ensuite.
Reste le cas de Dieu, ou plus exactement Chuck. Cette "révélation" n'est pas exactement une surprise : sa voix-off dans le 5.22 Swan Song ne laissait déjà que peu de doutes sur le sujet, et son apparition finale dans le 10.05 Fan Fiction entérinait cette hypothèse puisqu'il était censé être mort avec l'avènement de Kevin en tant que Prophète. Mais ça reste plaisant de le revoir, et pour une fois le discours méta lors de sa rencontre avec Metatron - qui le met en face de ses responsabilités - est plus subtil que d'habitude.
Il est même plutôt convaincant quand il explique à Dean qu'il a décidé de prendre du recul pour que l'humanité finisse par apprendre de ses erreurs plutôt que de toujours compter sur lui. Mieux encore : sa volonté de faire comprendre à sa sœur la beauté de sa création - la vie - est presque poétique. En revanche, le fait de ne pas tuer Amara en se servant de la notion de balance cosmique alors qu'il a écarté sa sœur par le passé et qu'il a laissé tomber son poste sans se préoccuper de la lutte entre les anges et les démons a tout d'une justification fallacieuse.
Enfin, il faut noter un évènement rare et exceptionnel : Sam et Dean ne passent pas leur temps à s'échanger des reproches mutuels. Au contraire, ils sont sur la même longueur d'ondes et cela rend leur duo d'autant plus sympathique à suivre car plus décontracté, hormis les passages sérieux évidemment. Tout espoir n'est donc pas perdu, et il faut espérer que ce changement soit durable car la galerie de personnages est assez réduite.
Sans aller jusqu'à évoquer une réussite totale, c'est indéniablement une des saisons les plus agréables depuis la saison 2. Il était plus que temps !
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L'Halloween Oktorrorfest touche aussi le petit écran, avec chaque week-end, tout le mois d'octobre, des critiques de séries fantastiques et horrifiques...
Bloodride, saison 1 (Blodtur, saison 1 - 2020) :
Une anthologie norvégienne distribuée par Netflix, en 6 épisodes de 25/30 minutes, uniquement liés par leur ton plein d'humour noir, qui n'est pas sans rappeler les Contes de la Crypte, et par leur séquence d'ouverture, qui voit un sinistre conducteur de bus, au volant de son véhicule, emmenant tous les protagonistes de l'anthologie vers un sort funeste et mystérieux.
01 - Ultimate Sacrifice : mère de famille citadine, Molly (Ine Marie Wilmann) supporte peu son installation à la campagne, dans un petit village étrange où tout le monde semble vraiment attaché à son animal domestique. Jusqu'à ce qu'elle découvre que ses nouveaux voisins sacrifient ces animaux en échange d'une bonne fortune : Molly décide alors de faire de même...
Pas désagréable, un épisode qui évoque vraiment les Contes de la Crypte, mais qui se finit de manière trop prévisible pour son propre bien.
02 - Three Sick Brothers : fraîchement sorti d'un séjour de trois ans en hôpital psychiatrique, Erik (Erlend Rødal Vikhagen) accompagne ses deux frères (Benjamin Helstad, Harald Rosenstrøm) jusqu'au chalet familial pour y faire la fête, mais en chemin, ils croisent une auto-stoppeuse (Mette Spjelkavik Enoksen)...
Une bête histoire de personnalités multiples pas forcément surprenante, parfois surjouée, et qui se paie un flashback récapitulatif qui prend un peu le spectateur pour un idiot.
03 - Bad Writer : Olivia (Dagny Backer Johnsen), riche et privilégiée, prend part à des cours de fiction donnés par un auteur à succès (Synnøve Macody Lund) ; rapidement, cependant, elle s'aperçoit, au contact d'un autre élève (Henrik Rafaelsen) que la réalité de son univers commence à vaciller...
Un épisode qui m'a laissé ambivalent, à jouer la carte du méta dans le méta dans le méta, mais qui a quelques moments amusants, et une fin plutôt efficace.
04 - Lab Rats :lorsqu'il découvre qu'un prototype révolutionnaire a disparu à l'occasion d'un dîner donné chez lui, Edmund Bråthen (Stig R. Amdam), patron intraitable d'une grande entreprise pharmaceutique, décide d'humilier et d'emprisonner tous les autres participants de la soirée (Anna Bache-Wiig, Pia Borgli, Kingsford Siayor, Trond Teigen, Isabel Beth Toming), dont sa femme, jusqu'à ce que le voleur se dénonce.
Un quasi huis-clos pas désagréable, qui a cependant le souci de traîner un peu en longueur, et de se finir de manière un peu trop plate.
05 - The Old School :une jeune institutrice (Ellen Bendu) arrive dans une école de campagne fraîchement rénovée, et réalise bien vite qu'un sombre drame s'est joué là, 40 ans plus tôt - un drame qui se manifeste aujourd'hui à elle sous forme surnaturelle...
Une histoire de fantômes trop classique pour son propre bien, et dont on voit venir la conclusion à vingt kilomètres - cela dit, c'est relativement bien mené, interprété, et ce n'est pas forcément plus mauvais qu'un film Blumhouse lambda.
06 - The Elephant in the Room :lors d'une soirée costumée sur leur nouveau lieu de travail, Paul (Karl Vidar Lende) et Kristin (Rebekka Jynge) se rencontrent puis apprennent bien vite qu'une mort suspecte a eu lieu au sein de l'entreprise, et que leur hiérarchie a probablement enterré cette affaire...
Pas terrible, ce dernier épisode, qui ressemble un peu à un Inside n°9 moins inspiré, avec une chute que l'on voit venir là aussi dix minutes avant qu'elle n'apparaisse à l'écran. Dommage.
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Dans l'ensemble, une anthologie assez peu mémorable, qui ressemble presque plus à un long film anthologique de deux heures coupée en segments de 20 minutes, qu'à une série ayant une unité de ton ou une direction créative. Là, les épisodes n'ont pas vraiment de thématique bien établie, et s'il n'y a rien de vraiment mauvais là-dedans, chaque épisode peine à se montrer à la hauteur de l'ambiance du pré-générique, et de son bus spectral.
Peut-être est-ce cela qui manque à cette anthologie : un véritable septième épisode consacré au bus, et qui développerait plus cette atmosphère abyssale et sinistre.
Mais bon : encore une fois, Bloodride se regarde sans problème, l'approche nordique change un peu du tout venant anglo-saxon qui domine le genre de l'anthologie, mais ça ne restera pas franchement dans les mémoires.
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Suite et fin du passage en revue de la seule et unique saison de The Twilight Zone 2002, remake/relaunch de la mythique série de Rod Serling :
1x34 : Scénario très bête : une tv-réalité Carte aux Trésors, pour une mère dont le fils sert d'enjeu à l'émission. Dénouement hyper convenu, réalisation & écriture très quelconques, et morale anti-tv réalité très peu finaude.
1x35 : Jeffrey Combs, libraire hypocondriaque, qui a le pouvoir incontrôlable de matérialiser sa plus grande peur, à savoir une maladie extraterrestre tirée d'un bouquin de sf. Excellent épisode, au twist très amusant.
1x36 :Identity on Ice, avec Sean Patrick Flanery et Ian McShane, pour cette histoire de savant psychotique dans une station arctique... Mouais... pas trop mal écrit, mais pas passionnant pour autant, puisque la durée de l'épisode casse toute l'efficacité des deux twists successifs.
1x37 : Épisode façon Le Prestige, avec un magicien à la David Blaine désirant connaître à tout prix le secret d'un tour mythique, effectué une seule fois par génération, et se transmettant de légende de l'illusionisme à future légende. Il va donc tout faire pour convaincre son actuel détenteur de le lui céder. Pas inintéressant, avec Lindy Booth dans un petit rôle, mais c'est plombé par des trous dans le scénario, et par un twist très éventé. Dommage.
1x38 : Ugh. Jessica Simpson en babysitter étudiante en psychologie (lol) qui débarque chez une gamine solitaire à la collection de poupées barbie étrangement agressives. On devine la fin dès les premières 90 secondes de l'épisode, et ensuite, ça se déroule sans rythme et sans surprise. Cela dit, Simpson transformée en poupée Barbie, ça a quelque chose d'adéquat.
1x39 : Remake raté d'un épisode classique dans lequel une femme tente de se faire opérer pour être belle... jusqu'à ce qu'on s'aperçoive à la fin qu'elle est naturellement splendide, mais que la beauté dans son univers, c'est être difforme. La réalisation enlève tout intérêt à l'épisode par son manque de finesse, et à part un caméo de The Collector, rien à sauver.
1x40 : Robin Tunney en veuve éplorée qui se met à la photo, et découvre sur ses clichés l'image fantomatique de son mari, qui lui montre la maison de leurs rêves. Tunney est attachante, mais l'histoire, si elle est jolie, est trop classique et lente pour emporter l'adhésion. Le montage musical, d'ailleurs, est assez raté.
1x41 : Jeremy Sisto en présumé condamné à mort, avec Alicia Witt comme avocate. Et il échappe par 4 fois à la mort, aidé par une présence fantomatique... bien interprété, mais on devine assez rapidement où ça veut en venir; d'ailleurs, la fin, si elle est amusante, ne surprend guère.
1x42 : Gil Bellows en soldat disparu en Irak, et qui réapparaît soudain chez lui, pour devenir un père exemplaire. 10 longues minutes pour arriver à la conclusion spectrale qui s'imposait depuis le début, et 10 autres de tergiversations soporifiques débouchant sur du vide...
1x43 : Une bande d'étudiants en vacances en Terre Aztèque, et jouant à une course au trésor via le web, découvrent un antique coffre, contenant une urne remplie de sang. Lorsqu'ils la renversent, le soleil disparaît, et une ère glaciaire s'abat sur Terre. Un seul moyen de l'empêcher : un sacrifice humain. Le pitch est sympathique, les acteurs aussi... mais voilà, c'est écrit par un abruti fini, qui laisse des trous de la taille d'un jumbo jet dans le scénar. Déjà, il annonce le twist final avec de gros néons, en filant au groupe une radio. Peu importe qu'ils soient au fin fond d'une grotte, au coeur d'une montagne, en plein pays aztèque, ils arrivent quand même à capter une radio nationale américaine avec un simple petit récepteur FM à piles... Et juste après, on nous explique que l'oxygène va se raréfier, et ils commencent tous à avoir du mal à respirer, moins de 18 heures après la disparition du soleil... N'importe quoi... En plus, ils tuent Sarah Carter... bande de chiens galeux...
1x44 : Jason Bateman en propriétaire agoraphobe d'un immeuble auquel il fait mettre le feu, tuant involontairement deux enfants... qui viennent le hanter chez lui. Voilà, c'est tout. pas de twist, juste une hantise banale, bien interprétée, mais creuse et inutile.
Bilan final :
Donc, ces 44 épisodes...? Et bien ils sont particulièrement dispensables. Outre Whitaker qui cachetonne sans motivation aucune, il y a souvent un très clair problème de format : en 20 minutes, faire une histoire à twist qui ne soit pas prévisible ou qui soit originale, ça requiert d'excellents scénaristes, ou du moins suffisamment de talent pour brouiller les pistes. Ce que cette incarnation de la série échoue systématiquement à faire.
En même temps, comment brouiller les pistes quand ils n'ont que 4 figurants par épisode, au maximum, que la réalisation est quasi-systématiquement immonde, et que le peu d'ambiance instaurée est systématiquement brisée par un Whitaker hilare sur fond bleu qui vient dire une phrase creuse avant de repartir...?
Restent alors quelques bons épisodes qui généralement sont soit le fruit d'un scénariste compétent (adaptation d'un vieil épisode, ou bien des scénaristes confirmés, comme Behr, ou Crocken, de Star Trek DS9), ou bien sont portés à bout de bras par l'acteur principal, comme dans le cas de l'épisode avec Piven, ou celui avec Linda Cardellini.
C'est mieux que rien, à vrai dire, et je suppose que si l'on n'a jamais vu la série originale, ou si l'on n'est pas familier du fonctionnement de telles anthologies à twist, ce relaunch peut être intéressant, ne serait-ce que pour assister à un défilé de têtes familières... mais bon...
Dans la catégorie "séries obscures pour amateurs de science-fiction télévisée en manque, et qui voudraient combler le désert audiovisuel dans le genre", je voudrais la saison 1 de Starhunter (merci Syg de cette trouvaille ) :
Starhunter 1x01-05 :
- The Divinity Cluster : Starhunter, c'est une série de Sf canadienne, de 2000, avec Michael Paré, qui mène une bande de chasseurs de prime de l'espace, tout en cherchant son fils disparu des années plus tôt. Et c'est amusant, mais on a vraiment l'impression, par moments, de mater un proto-Firefly, entre le vaisseau pourri, le capitaine bougon et hanté par son passé, son bras droit (une black prompte à dégainer), et la chef ingénieur, une jolie jeune femme à la personnalité enthousiaste et juvénile, véritables brouillons de Mal, Zoe et Kaylee.
Sans même parler de l'organisation secrète qu'on nous présente dans ce pilote... et qui visiblement fait des expériences scientifiques, un truc du genre. Les ressemblances sont troublantes.
Par contre, il faut être très clair, c'est plutôt cheap. Visuellement et niveau sfx, c'est grosso modo du niveau de Babylon 5 saison 1. Voire pire, par moments. Et le jeu des acteurs est très aléatoire, dans ce pilote (ça peut s'améliorer, cela dit).
Mais ça a néanmoins du potentiel (l'intrigue de l'épisode, sur un Baltar-like qui découvre un moyen d'exploiter certaines parties surpuissantes du génome humain, était brouillonne, mais pas inintéressante), un univers sans aliens, une tonalité assez décontractée, et un peu de nudité, ce qui ne fait jamais de mal.
- Trust : Le vaisseau se voit chargé de transporter deux criminels au pénitencier le plus proche, mais Percy se laisse séduire par l'un d'entre eux. Bien mieux écrit et interprété que le pilote. Et c'est assez amusant de voir Paré déguisé en browncoat façon Mal Reynolds (ou est-ce l'inverse ? ).
- Family Values : Tiens, une réalité virtuelle dans laquelle l'esprit d'une personne se trouve enfermée après sa mort, et à laquelle on peut accéder via des lunettes spéciales & co. Ça me rappelle à peine le pilote de Caprica... m'enfin bref. Sur la piste d'un couple de criminels gays à l'accent français (enfin, au moins l'un d'entre eux), Paré et Luc sont attaqués par des Reavers Raiders (des mecs normaux s'étant rebellés après avoir été soumis à une expérience scientifique ratée), au sein desquels Paré trouve un jeune garçon de l'âge de son fils. Mais est-ce lui ? Pas désagréable à suivre (la scène de fin est même plutôt jolie), mais les act-breaks sont calamiteux de platitude, il y a un très clair problème de rythme et c'est toujours assez cheap.
- Siren's Song : Des commandos des Forces Spéciales réquisitionnent le Tulip pour transporter leur prisonnière, une jeune femme brune et pâle, aux paroles incohérentes, aux capacités physiques de gymnaste et aux pouvoirs étranges, unique rescapée d'une expérience scientifique foireuse sur une planète nommée Miranda. Hum hum... pourquoi ça me rappelle quelque chose ? Bon, sinon, épisode plutôt décousu et quelconque, avec un badguy à l'accent français affreux, et un Paré qui devrait éviter de prendre trois Xanaxs avant de faire les voix off.
- The Man Who Sold The World : Pendant que Percy se bat contre un virus holographique à bord du Tulip, Mal & Zoe Dante et Luc partent à la chasse au criminel de guerre, un médecin eugéniste autrefois leader d'une rébellion (hum hum). Pas super passionnant ni rythmé, malgré le toutéliage avec l'histoire du Cluster Divin.
Starhunter 1x06-11 :
- Peer Pressure : Le Tulip transporte une scientifique recherchée et son fils ; Percy s'entiche de ce dernier, pendant que Dante se fait manipuler par la mère du jeune homme. Les deux captifs ne jouent pas très bien, mais l'épisode n'est pas désagréable à suivre, principalement parce que Tanya Allen est assez amusante en version plus cynique et moqueuse de Kaylee (et puis un peu d'inceste, ça fait toujours son effet, même si c'est totalement gratuit ).
- Frozen : Pendant que le Tulip transporte Etienne, le contrebandier gay français obsédé de l'épisode sur Mars, l'équipage recueille à son bord un Médecin et sa soeur son fils (victime d'expériences scientifiques gouvernementales lui ayant conféré des capacités étranges), poursuivis par des mercenaires. Pas désagréable, notamment grâce au toutéliage avec l'Orchard, le Cluster, et le fils de Dante.
- Past Lives : L'ex-mari de Luc s'échappe après avoir été victime d'une expérience de l'Orchard. Au Tulip de le capturer, et de le sauver avant que son organisme ne se désagrège. Du développement de personnages (Luc & Dante) pas méga-passionnant (encore une fois, la voix-off de Paré est... monotone), mais qui a le mérite d'exister.
- Order : Un gourou-aux-dents-de-Freddie-Mercury réchappe de justesse au suicide collectif de tout son culte, pour tenter de trouver refuge sur le Tulip passant à proximité. Mais Dante refuse tout net, au grand dam de Luc, qui se laisse séduire par les paroles du gourou. Plutôt sympa, malgré les quelques longueurs habituelles dues au format.
- Cell Game : Percy tombe dans un piège tendu par un concurrent du Tulip ; pendant qu'elle croupit en cellule, Dante se la joue Prison Break pour faire s'évader un criminel d'un pénitencier de haute-sécurité, afin de l'échanger contre Percy. Ça se prend pour Oz sans être jamais convaincant, donc laule.
- Black Light : Un militaire cryogénisé dans l'une des sections inexplorées du vaisseau (wtf !?) revient à la vie, persuadé d'être encore en guerre contre les Raiders, et l'équipage décide d'exploiter sa réputation pour obtenir des infos sur le fils de Dante. Outre le scénario un peu bateau, en partie repris d'un Trek, c'est toujours trop long pour son propre bien, et alors que la dernière partie (Montana & le militaire en infiltration chez les raiders) aurait dû être le point de départ d'une histoire se déroulant au moins sur un second épisode (surtout après les adieux interminables qui ont lieu juste avant), l'épisode fait un 180° instantané, et se termine abruptement de manière ultra décevante. Lame.
Un petit mois de transition sur le blog des Téléphages Anonymes, qui a vu son audience remonter notablement et soudainement (les plus optimistes diront que c'est parce que Noël approche ; les plus cyniques verront une étrange coïncidence entre le début de la remontée d'audience, et le moment exact où, à titre d'expérience, j'ai fait passer le blog en premium), alors que je me prépare à entamer la Christmas Yulefest 2021, notre marathon annuel de films de Noël en tout genre....
Un petit mois, donc, en quantité mais pas forcément en qualité, avec pas mal de nouveautés, et quelques bonnes surprises, mais aussi des déceptions plus ou moins attendues, comme Venom 2 ou Red Notice : ce ne sont pas des films catastrophiques, mais ils sont vraiment bien trop quelconques ou génériques pour dépasser de beaucoup la moyenne.
Et n'oublions pas quelques documentaires moins probants que d'habitude, notamment sur le plan de la forme : L'enfance volée de Jan Broberg, An Unknown Compelling Force, Stuntwomen, autant de métrages potentiellement intéressants, mais un peu desservis par une forme ou une écriture inabouties.
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# Film(s) du mois :
À ma grande surprise, Dune et Shang-Chi, deux films dont je n'attendais pas grand chose, et qui ont su me plaire pour des raisons différentes : d'un côté, un gros travail d'adaptation imparfait mais respectueux et visuellement intéressant, de l'autre, un film divertissant et plein d'action s'inscrivant dans une tradition et un genre qui pourtant ne me parlent pas vraiment, d'habitude.
# Flop(s) du mois :
Lady of the Manor, une comédie ratée signée Justin Long (et ce malgré sa distribution attachante) ; Black Friday, une comédie d'horreur ratée (et ce malgré sa distribution attachante, bis) ; et Injustice, l'adaptation animée des jeux vidéos de combat de NetherRealm et DC Comics... sans intérêt. Paglop, tout ça.
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# Petit écran :
Un mois de novembre qui a surtout servi à conclure les séries en cours depuis la rentrée, entre la fin de saison 1 de Marvel'sWhat If...?, très efficace, la fin de saison 2 de Star Trek Lower Decks, une série toujours inégale, mais qui progresse lentement dans la bonne direction, et des bilans unitaires aux résultats qui varient : Harvey Birdman et son spin-off, Birdgirl, se sont avérés plutôt amusants, tandis que Star Wars Visions, pourtant loué par la critique, m'a laissé globalement demarbre.
Retrouvez aussi les bilans de toutes les séries critiquées jusqu'à présent en ces pages depuis l'index Séries alphabétique qui leur est consacré.
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# À venir :
Un gros mois après le début des films de Noël outre-atlantique, et plusieurs semaines après que les chaînes françaises aient emboîté le pas aux USA, les Téléphages Anonymes passent à l'heure de Noël pour la Christmas Yulefest 2021, et son visionnage intensif de films de Noël : jusque début janvier, au programme, une ou deux critiques quotidiennes de films de Noël, le plus souvent très récents, et occasionnellement, une série ou deux.
Va-t-on battre des records, et visionner plus de films qu'en 2019 (73 !) ou 2020 (68 !), alors même que les chaînes américaines multiplient leur production et que près de 200 nouveaux métrages sont prévus cette saison ? Peu probable, pour la même raison que lors de l'Halloween Oktorrorfest 2021 : j'ai décidé de faire un tri énorme en amont, et de ne plus me laisser déborder par une production à la qualité inversement proportionnelle à sa quantité.
Rendez-vous dès demain, donc, pour les débuts de la Yulefest 2021, des débuts en douceur avant de passer à la vitesse de croisière dès la semaine prochaine...
Dans l'intervalle, vous pouvez retrouver l'historique de toutes les éditions précédentes de la Christmas Yulefest, et des films, téléfilms et séries passés en revue à cette occasion, en accédant aux pages Index Christmas Yulefest alphabétique et saisonnier ; toutes les mises à jour du blog sont disponibles sur la page Updates, et la liste complète de tous les films passés en revue sur ce blog est accessible dans le menu Index de haut de page, ou en cliquant directement sur ce lien (000-1000) et sur celui-ci (1001-2000)...
L'Halloween Oktorrorfest touche aussi le petit écran, avec chaque week-end, tout le mois d'octobre, des critiques de séries fantastiques et horrifiques...
Creepshow, saison 3 (2021) :
Alors que je viens à peine de passer en revue la saison 2 de Creepshow, une saison très inégale diffusée au printemps dernier, voilà que les 6 épisodes de la saison 3 arrivent pour Halloween. Je remets donc le couvert, sans grandes illusions sur la qualité finale du produit : par nature, cette anthologie Creepshow restera toujours fauchée et approximative, et il faut s'y faire.
# 3x01 :
- Mums : parce qu'elle voulait échapper à une vie maritale épouvantable, Bloom (Erin Beute), la mère de Jack (Brayden Benson) est tuée par son mari (Ethan Embry), qui l'enterre dans le jardin. Mais bien vite, Jack découvre que la végétation qui pousse là est assoiffée de sang et de vengeance...
Adapté d'une histoire de Joe Hill, un segment assez dérivatif (ça rappelle fortement la construction et le déroulement de Model Kid !, en saison 2) à l'interprétation assez mitigée, au rythme faiblard, et au côté "ouh, punissons ce méchant redneck sudiste sécessionniste terroriste violent" assez pataud et simpliste. Un bon gros bof.
- Queen Bee : lorsque Trenice (Olivia Hawthorne), Debra (Hannah Kepple) et Carlos (Nico Gomez), trois grands fans de Regina (Kaelynn Harris), apprennent que celle-ci va accoucher dans l'hôpital local, où ils ont leurs entrées, le trio décide de s'y introduire pour assister à l'événement...
Ça partait assez mal, avec des jeunes fans rendus assez insupportables par leur écriture (et un peu par leur interprétation), et un postulat de départ catapulté, et puis ça décolle un peu à partir du moment où la créature fait son entrée, une créature toute en effets pratiques et en latex qui font assez plaisir à voir. Rien d'exceptionnel, mais les effets sont réussis.
# 3x02 :
- Skeletons in the Closet : à l'occasion de l'inauguration d'un musée consacré au cinéma et à l'horreur, une rivalité d'antan renaît entre Lampini (Victor Rivera), le propriétaire de l'établissement, et son concurrent de toujours, Bateman (James Remar), qui menace Lampini de le faire arrêter pour avoir dérobé un cadavre...
Un épisode coécrit par Nicotero et qui, forcément, est entièrement consacré à l'art des maquillages et des accessoires de films d'horreur, à leur importance, à leur caractère iconique et mythique, blablabla.
Forcément. Le problème étant que le tout est affreusement cheap, surtout lorsqu'un squelette s'anime et commence à tuer : Nicotero filme le tout en vue subjective au travers d'un crâne (probablement en plastique), le squelette est animé de manière primitive, et hormis un bref moment d'animation numérique renvoyant à Jason et les Argonautes, le tout trahit constamment un énorme manque de budget, au point de rendre le tout assez risible.
Et je ne parle même pas de cette énorme ellipse bien pataude façon comic-book, en plein milieu, qui permet d'éviter d'avoir à tourner une scène de dépeçage pourtant centrale dans le récit.
- Familiar : après une visite chez un voyant (Keith Arthur Bolden), Jackson (Andrew Bachelor) se persuade qu'une entité maléfique l'accompagne constamment, ce qui amuse fortement sa compagne (Hannah Fierman)...
Un segment plus mesuré, sobre et sérieux, très Tales from the Darkside, mais peut-être trop basique et simple pour son propre bien : ça va droit au but, la créature est assez réussie, mais c'est très convenu et cousu de fil blanc. Mais au moins, ce n'est pas cheap.
# 3x03 :
- The Last Tsuburaya : un collectionneur d'art arrogant (Brandon Quinn) met la main sur l'ultime œuvre inédite de Tsuburaya, un artiste japonais spécialisé dans les monstres, et il décide de détruire l'illustration après l'avoir vue, pour être le seul à en bénéficier...
Mouais. Un épisode assez bavard co-écrit par Paul Dini, et qui ne convainc pas forcément, entre sa créature démoniaque peu probante, ses personnages écrits à la truelle (les personnages féminins, notamment), et son Brandon Quinn (Le Loup-garou du campus) en roue libre.
Ce n'est pas forcément mauvais en soi, mais ça ne m'a pas passionné (d'autant que finalement, on n'est pas très loin du format du segment Familiar : un homme seul, hanté et tourmenté par une figure démoniaque qu'il est seul à voir).
- OK I'll Bite : face à l'hostilité de ses codétenus et de certains gardiens, un prisonnier (Nicholas Massouh) névrosé, fasciné par les araignées et accusé d'avoir euthanasié sa mère malade, n'a d'autre choix que de pratiquer un rituel ancien et de libérer les araignées qu'il élève dans sa cellule...
Mouais (bis). Encore un segment un peu caricatural et brouillon, à l'interprétation inégale, aux effets visuels discutables, à l'exposition maladroite et au récit assez convenu. Pas franchement passionnant ou probant.
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Maintenant que le multiversMarvel (le MCM) est officiellement canon (cf Loki), Marvel se lâche, et nous propose sa première série d'animation, What If...?, inspirée des comic-books du même nom (l'équivalent des Elseworlds de DC Comics).
Au programme, neuf épisode de 30-40 minutes, consacrés à différentes réalités alternatives de l'univers Marvel, telles qu'observées (et narrées) par Uatu le Gardien (Jeffrey Wright), observateur pandimensionnel supposément neutre, dont le destin est d'observer les univers sans jamais intervenir...
What If...?, saison 1 - première partie - 1x01 à 1x03 (2021) :
- 1x01 - What If... Captain Carter Were The First Avenger? :Lorsque Steve Rogers (Josh Keaton) est abattu juste avant de recevoir le sérum du Dr Erskine (Stanley Tucci), Peggy Carter (Hayley Atwell) est contrainte de se porter volontaire pour l'expérience, et devient Captain Carter, supersoldat arborant les couleurs de l'Angleterre. À ses côtés, engoncé dans une armure robotique conçue par Stark (Dominic Cooper), Rogers l'accompagne sur le champ de bataille, pour affronter le Crâne Rouge (Ross Marquand), qui veut déchaîner une créature tentaculaire sur Terre...
Une relecture très agréable du premier film Captain America, avec une touche féminine et un flegme british bienvenus, idéaux pour bien mettre à plat les tenants et aboutissants de cette série, et pour se lâcher au travers de scènes d'action fluides et dynamiques, où l'on casse du Nazi à tour de bras.
Est-ce que c'est parfait ? Non, la direction artistique et la synchronisation labiale seront probablement polarisantes, même si personnellement, cela ne m'a pas dérangé outre mesure. Mais l'énergie du tout, et le fait que l'épisode condense en une petite demi-heure un long-métrage de 2 heures fait que l'on ne s'ennuie pas, et que l'on sourit fréquemment, que ce soit devant les pirouettes impressionnantes de Carter en plein combat, les clins d'œil à la continuité établie, ou les répliques des différents personnages.
Dans l'ensemble, un bon point de départ pour What If...?, qui laisse augurer du meilleur pour la suite.
- 1x02 : What If... T'Challa Became a Star-Lord ? : Envoyés par Ego (Kurt Russell) pour enlever son fils sur Terre, les Ravagers de Yondu (Michael Rooker) se trompent et capturent le jeune T'Challa (Chadwick Bozeman). Vingt ans plus tard, persuadé que le Wakanda a été détruit, T'Challa est devenu Star-Lord, une sorte de Robin des Bois de l'espace, et lorsque Nebula (Karen Gillan) vient trouver les Ravagers pour leur proposer un casse, ceux-ci acceptent. Leur cible : les Ambres de la Genèse, un objet cosmique en possession de Tivan (Benicio del Toro), sur Knowhere...
Un What If bien plus léger et déconneur, qui aligne une quantité de caméos improbables au travers d'une variation sur le thème des Gardiens de la Galaxie. Et ça fonctionne plutôt bien, en plus de susciter forcément un petit pincement au cœur en entendant pour la dernière fois Chadwick Boseman dans son rôle iconique.
Ici, libérés de la structure de Captain America imposée à l'épisode 1, les changements apportés à la continuité sont plus francs et plus nombreux. Thanos est devenu pacifiste, Nebula est une femme fatale, Tivan est bodybuildé et très méchant, l'Ordre noir travaille pour lui (l'occasion d'une bataille rangée contre Thanos), Korath est un fanboy de Star-Lord, le récit prend des atours de film de braquage... et l'importance de la famille, qu'elle soit naturelle, adoptive ou de substitution, est une nouvelle fois soulignée, comme elle l'était déjà dans les GotG de Gunn.
Un épisode très sympathique, qui fait honneur à Chadwick et à son personnage, et qui bénéficie grandement d'un doublage assuré par la quasi-totalité des acteurs originaux (Batista excepté - mais mention spéciale à Howard The Duck/Seth Green).
- 1x03 : What If... the World Lost Its Mightiest Heroes ? : Alors que Nick Fury (Samuel L. Jackson) est sur le point de créer les Avengers, ces derniers sont assassinés, un à un, par un tueur invisible. Accusée du premier meurtre, Natasha Romanoff (Lake Bell) s'échappe, et mène l'enquête, alors même qu'une armée d'Asgard menée par Loki (Tom Hiddleston) arrive sur Terre pour venger Thor...
Un épisode en mode whodunit qui, étrangement, semble avoir laissé de marbre bon nombre de critiques anglosaxons, qui ont apparemment même trouvé le tout "ennuyeux à mourir".
Je dis "étrangement", car j'ai plutôt apprécié cette réinvention funeste de Fury's Big Week, une série de comic-books publiés à l'époque des premiers films du MCU, et qui narrait l'emploi du temps surchargé de Nick Fury et du Shield pendant la semaine où se déroulaient, simultanément, Iron Man 2, L'Incroyable Hulk et Thor. On pense aussi au Marvel One Shot mettant en scène Coulson durant la découverte du marteau de Thor...
Ici, l'assassinat de tous les Avengers, les uns après les autres, fonctionne assez bien (le meurtre de Hulk est notamment assez marquant, visuellement), et la mise en avant de Fury et de Natasha permet aux deux personnages de prendre un peu plus d'épaisseur.
Quant au mystère en question, et au responsable de toutes ces morts, il est assez bien trouvé et change un peu la donne (le véritable What If... ? n'est pas vraiment celui du titre de l'épisode), sans être toutefois totalement imprévisible ou surprenant.
Plutôt réussi, donc, comme les deux épisodes précédents.
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Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine, et des critiques d'une vingtaine de lignes, tout au plus.
La Forme de l'Eau (The Shape of Water) :
En 1962, Elisa Esposito (Sally Hawkins), femme de ménage muette officiant au sein d'un laboratoire secret gouvernemental de Baltimore, découvre que le Colonel Strickland (Michael Shannon) mène des expérimentations sur une créature amphibie (Doug Jones) maintenue captive. S'éprenant aussitôt de cet être étrange, Elisa va alors tout tenter pour le libérer, avec l'aide de Giles (Richard Jenkins), son voisin homosexuel, de Zelda (Octavia Spencer), sa collègue afro-américaine, et du Dr. Hoffstetler (Michael Stuhlbard), un espion russe au grand cœur...
Dernier film de Guillermo Del Toro après le très mitigé (pour être gentil) Crimson Peak, The Shape of Water est un peu l'équivalent pour Del Toro de Les Infiltrés pour Scorsese : ce n'est pas son meilleur film, ce n'est pas son film le plus original, mais c'est celui qui a fini par être reconnu par la critique et par les Oscars, et par être multi-récompensé, un peu "pour l'ensemble de son œuvre".
Pas forcément surprenant, cela dit, tant le climat actuel de l'industrie se prêtait à une célébration des thèmes et des personnages de cette Forme de l'Eau : véritable hymne à l'altérité, à la coopération et à l'acceptation d'autrui, le film (réalisé par un Mexicain) nous montre en effet des exclus (un gay, une muette, une noire, un scientifique russe bienveillant) s'associer pour sauver un être différent de l'exploitation par un homme blanc, hétérosexuel, brutal, représentant du patriarcat et d'une certaine idée de la société américaine capitaliste.
De quoi cocher bien des cases sur le bingo des médias américains actuels ; mais il ne faut pas pour autant soupçonner GdT d'avoir fait là un film spécialement calibré pour décrocher des prix. En effet, la Forme de l'Eau est typique de son réalisateur, et brasse des thèmes récurrents chez celui-ci... au point de paraître assez redondant si l'on a déjà vu les autres métrages de Guillermo.
Car pour être franc, si l'on retire la photographie à dominante jaunâtre/verdâtre, qui peut évoquer le travail de Jeunet/Caro, ainsi que la bande originale de Desplat (qui lorgne parfois sur de l'accordéon à la Yann Tiersen), on se retrouve avec deux heures d'une romance assez moyennement convaincante, très balisée, et qui semble recycler pas mal de poncifs de Del Toro (notamment le méchant, qui renvoie clairement au Vidal du Labyrinthe de Pan, y compris au niveau de sa dégradation physique).
D'ailleurs, il est amusant de constater que, finalement, ce SoW tient autant, à des degrés divers, de La Belle et la Bête (la romance), de L'ÉtrangeCréature du Lac Noir, d'Hellboy, que du Labyrinthe de Pan (le destin d'Elisa est très similaire à celui d'Ofelia), voire même... de la Petite Sirène.
Difficile de ne pas penser à ce dernier récit, en effet, tant Elisa semble un reflet du personnage de la sirène. Ariel (on va utiliser le nom donné par Disney, ça sera plus simple) rêve du monde des humains, tombe amoureuse du Prince, et accepte de tout sacrifier - son monde, son quotidien, et sa voix pour être avec lui... Elisa, elle, évoque une sirène ayant déjà troqué sa voix contre une existence parmi les humains : trouvée dans une rivière, déjà muette, elle arbore des branchies cicatrisées, fait des rêves aquatiques, et ne prend du plaisir que dans l'eau. Lorsqu'elle rencontre la créature (vénérée comme un Prince - ou un Dieu - dans son pays), c'est le coup de foudre, et elle sacrifie tout être avec lui, quitte à le rejoindre dans son monde après avoir été transformée...
Pas forcément surprenant (bis) : Del Toro fait régulièrement dans le conte de fées pour adultes (le conte de fées est ici évident, vue la narration d'ouverture, et le côté adulte est renforcé, pour une fois, par un peu de nudité inhabituelle chez GdT), avec des personnages et des situations très manichéennes, et une forme qui prend bien souvent le dessus sur le fond.
Ce qui fonctionne généralement plus ou moins, en fonction de la distribution, du rythme et de l'histoire. Ici, dans l'ensemble, ça ne fonctionne qu'assez moyennement, principalement parce que la romance au cœur du récit semble étrangement sous-développée et distante, au profit d'un Michael Shannon über-méchant et omniprésent.
Le script se plie d'ailleurs en quatre pour rallonger la sauce, notamment avec l'artifice narratif de la cale sèche, qui permet d'éviter de rendre sa liberté à la Créature pendant près d'une demi-heure, le temps que Strickland mène son enquête et que Shannon domine un peu plus le film de sa présence.
C'est dommage, d'autant qu'en parallèle, le script peine à développer son semblant de propos sur la confrontation passé/présent (cinéma vs télévision, illustrations vs photographies, etc), et que GdT se permet quelques digressions jolies, mais pas indispensables (le numéro de danse en noir et blanc, façon The Artist).
Bref, comme souvent avec Del Toro, c'est visuellement très travaillé (même si le filtre vert sur l'image est assez lassant), mais ça manque gentiment de subtilité, et malheureusement, ce côté assez basique et naïf de l'écriture me laisse assez indifférent. D'autant que le jeu parfois assez maniéré de Sally Hawkins ne m'a pas totalement séduit...
3/6 (mais j'ai parfaitement conscience d'être en minorité à avoir trouvé le film très moyen, voire décevant)
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Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de tous les films passés en revue sur ce blog dans le menu Index de haut de page, ou en cliquant directement sur ce lien....
Mettons de côté la semaine Fantasy Rétro, qui a proposé du bon (Legend, toujours aussi mémorable) et du très mauvais (L'Histoire sans fin 3), mais a réussi néanmoins à proposer une bonne qualité globale, preuve d'un certain savoir-faire qui s'est sans doute un peu perdu ; mettons aussi de côté les quelques documentaires de ce mois d'avril (Brian Wilson - Long Promised Road, Iron Fists and Kung Fu Kicks, Hollywood Bulldogs et le making of de Frozen II), globalement intéressants et réussis.
Intéressons-nous plutôt à Tic et Tac, une sorte d'ersatz rigolo de Roger Rabbit chapeauté par les Lonely Island ; Ambulance, le dernier Michael Bay, nerveux et très rythmé, bien que toujours très imparfait ; ou encore Finch, un film d'anticipation post-apocalyptique avec Tom Hanks, assez balisé, mais pas désagréable.
Ce mois de mai, dans l'ensemble ? Plutôt agréable et éclectique, avec un peu de nouveautés, un peu d'oldies, et rien de vraiment désastreux.
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# Film(s) du mois :
Everything Everywhere All At Once et Doctor Strange in the Multiverse of Madness, deux films jouant avec le concept de multivers pour le retourner dans tous les sens de manière très ludique ; et Kuzco, l'Empereur mégalo, un Disney atypique mais sympathique.
# Flop(s) du mois :
La Bulle, une comédie plate et ratée signée Judd Apatow et Netflix ; Supercool, une teen comedy générique et quelconque au possible ; et les Animaux Fantastiques - Les Secrets de Dumbledore, un inutile volet de plus dans une saga qui aurait mieux fait de se limiter à son premier volet...
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# Petit écran :
Beaucoup de Star Trek, ce mois-ci, du bon (les trois premiers épisodes de Star Trek Strange New Worlds) et du nettement plus mauvais (les quatre derniers épisodes de Star Trek Picard, un ratage de plus pour cette série) ; en parallèle, de l'animation, avec l'adaptation des campagnes de Critical Role sous la forme de la série Vox Machina (sympathique, sans plus), et avec le Saturday Morning All Star Hits ! de Kyle Mooney, une parodie décalée et malaisante des dessins animés de notre enfance.
Sans oublier la première saison de Moon Knight, de Marvel, une série qui a su me séduire par sa musique et son atmosphère très à part, comme une version plus accessible et moins prétentieuse de Legion.
Retrouvez aussi les bilans de toutes les séries critiquées jusqu'à présent en ces pages depuis l'index Séries alphabétique qui leur est consacré.
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# À venir :
En juin, les Téléphages Anonymes vont tenter de rattraper un peu de leur retard, notamment en matière de films et de séries (parce que bon, j'avais prévu de regarder The Batman en mai, mais il faut se motiver pour regarder ses trois heures). Au programme, une semaine Mike Myers, avec notamment son Pentaverate ; beaucoup de films divers et variés, la suite de Star Trek Strange New Worlds, la série Obi-Wan Kenobi et peut-être du Orville, du Miss Marvel, et quelques autres séries comme Peacemaker ou Halo (je ne promets rien ^^).
Dans l'intervalle, toutes les mises à jour du blog sont disponibles sur la page Updates, et la liste complète de tous les films passés en revue sur ce blog est accessible dans le menu Index de haut de page, ou en cliquant directement sur ce lien (000-1000) et sur celui-ci (1001-2000)...
La phase 4 du MCU s'est récemment terminée avec Black Panther 2 : le moment est donc venu de se replonger dans les longs-métrages de cette phase compliquée du MCU, avec le recul que nous avons désormais sur ses objectifs, ses réussites et échecs...
Une phase 4 qui, en 2021, a commencé à la télévision, avec la très sympathique et ludiqueWandavision : une réussite globale à peine contrebalancée par des attentes et théories démesurées des spectateurs, et par un final un peu trop classique (une grosse bagarre pleine d'effets spéciaux) affaibli par un tournage bousculé par la pandémie.
Idem pour Falcon & the Winter Soldier, une sorte de Captain America 3.5 pas désagréable, mais gentiment bancal, et au tournage directement et largement impacté par la pandémie. Résultat : des sous-intrigues approximatives, des idées abandonnées en cours de route, des trous de scénario, un rythme cahotique... ça reste tout à fait regardable, mais c'est encore assez balbutiant.
Loki, par contre, est nettement plus homogène et maîtrisée, ayant pour lourde tâche d'introduire la TVA, le concept de multivers, et le personnage qui deviendra Kang au cinéma. Malgré une bonne dose de pandémie, Loki est moins erratique, plus centrée sur son sujet, et plus réussie, même s'il faut bien l'avouer, il reste toujours des problèmes de rythme çà et là...
Et puis Marvel a enfin sorti son premier film de la phase 4... un film Black Widow qui, malheureusement, a un peu semblé arriver après la bataille.
Black Widow (2021) :
En 2016, Natasha Romanoff apprend que le programme de la Chambre Rouge, qui a fait d'elle la Black Widow, est toujours actif. Bien décidée à y mettre fin, elle part pour Budapest, traquée par le Taskmaster, et croise le chemin de sa sœur adoptive, Yelena...
Un thriller d'espionnage dont la filiation avec James Bond est tout à fait assumée (lavage de cerveau, forteresse volant, cascades improbables, criminel mégalo avec une armée d'amazones à ses ordres, etc), mais qui ne parvient qu'en partie à satisfaire, perdant un peu pied, vers la fin du métrage, dans sa surenchère explosive.
Il faut dire que le film partait déjà avec un handicap, celui d'arriver après la bataille - tout le monde sait comment Natasha termine son aventure dans Endgame, et avec cet épisode en flashbacks, les enjeux en sont naturellement diminués. Mais la véritable nature du film (une introduction des personnages de Yelena, du Red Guardian et de Milena) fonctionne tout de même très bien : les personnages sont sympathiques, leurs interactions amusantes, et de manière générale, la composante "famille qui se dispute" est assez efficace.
Tout comme les 3/4 du film, qui, comme je le mentionnais au-dessus, ne s'essouffle un peu vraiment qu'une fois dans la forteresse volante, pas aidé par des effets spéciaux inégaux (les véhicules, en particulier, n'ont fréquemment pas assez de poids et leur physique est approximative dans certaines scènes) qui rendent la toute dernière scène d'action, en chute libre, à peu près aussi probable que James Bond en train de faire du kite surf sur une vague de tsunami.
Après, ce Black Widow reste tout à fait honorable, bien que jonché de petites scories ici ou là (la bande originale de Balfe est, sans surprise, générique et oubliable, en plus d'être clichée ; le générique d'ouverture en mode "cover de Nirvana" me sort par les yeux ; l'histoire des phéromones est bancale ; l'ellipse finale sur Ross idem) qui auraient peut-être pu être remaniées ou évitées si le film n'était pas sortie en pleine pandémie...
3.5/6
(critique originale publiée sur ce blog en 2021, à lire ici)
Entre Black Widow et Shang-Chi, retour à la case télévision, avec What If ?, série d'animation explorant différentes réalités du multivers, pour un programme dynamique, amusant, et bien mené, probablement la meilleure série du MCU à ce jour. Puis...
Shang-Chi and the Legend of the Ten Rings (2021) :
Héritier de Xu Wenwu, leader criminel des Dix Anneaux, Shang-Chi vit à San Francisco, sous l'identité de Shaun, un simple voiturier. Mais lorsqu'il est attaqué par des sbires de son père, Shaun doit désormais faire face à son destin exceptionnel, ainsi qu'aux mystérieux pouvoirs que son père tire de dix anneaux métalliques tombés du ciel...
Un agréable hommage au cinéma chinois (que ce soit les wu xia pian ou les films d'action hong-kongais de la grande époque) appliqué au MCU, et un moyen pour Marvel de se racheter un peu pour Iron Fist et son blondinet mollasson, en proposant des combats dynamiques et spectaculaires, ainsi qu'un grand final full CGI (comme d'habitude) ici nettement plus original et agréable, puisqu'avec des dragons et autres bestioles magiques.
Et c'est bien ce qui fait tout le charme de ce Shang-Chi : c'est dépaysant, et ça s'assume. La distribution est attachante, le bestiaire intrigant, l'histoire plutôt solide, le méchant n'est pas monodimensionnel, il y a un vrai thème musical, le fanservice Marvel reste discret, le côté bilingue du métrage est bien intégré, bref, c'est plutôt agréable à suivre, et, pour quelqu'un comme moi qui en a un peu assez de voir des films occidentaux scénarisés et réalisés par des weebs biberonnés aux mangas et fascinés par le Japon, les yakuzas ou les samuraïs, un peu de spiritualité et de style chinois ne font pas de mal à voir.
Après, il reste toujours quelques défauts, comme des effets véhiculaires toujours inégaux, un passage du temps pas très bien retranscrit... mais pour peu qu'on ne soit pas allergique aux films d'arts martiaux et à la Chine, Shang-Chi reste pour moi l'un des films de la Phase 4 les plus aboutis.
4.25/6
(critique originale plus complète publiée sur ce blog en 2021, à lire ici)
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Et comme toujours, retrouvez l'ensemble des notes des films du MCU et du DCEU (ainsi que des liens directs vers leurs critiques) sur notre page de bilan global...
Suite de la saison 2 de Star Trek Strange New Worlds, après trois premiers épisodes très inégaux, dont se détache clairement celui du procès d'Una, bien au dessus des deux autres...
Star Trek - Strange New Worlds, saison 2 :
- 2x04 - Among the Lotus Eaters : Alors que M'benga, Pike et La'an descendent sur Rigel VII, une planète primitive au développement parasité par une source extérieure, les trois officiers découvrent qu'un ancien membre de l'équipage est désormais Roi de la planète, et que tous ses habitants (ou presque), ainsi que l'équipage de l'Enterprise en orbite, sont victimes de radiations effaçant progressivement leurs souvenirs...
Un épisode écrit par Kristin Beyer (co-scénariste sur Discovery et auteure de romans Voyager) qui lorgne très fortement sur les épisodes "à l'ancienne", façon TOS (la mission sur Rigel VII est d'ailleurs un renvoi direct au pilote refusé de TOS, The Cage et à sa version "flashback" dans The Menagerie) : postulat de départ à l'ancienne, décors extérieurs à l'ancienne, musique à l'ancienne, enjeux à l'ancienne... et malheureusement, rythme à l'ancienne, pour un épisode un peu mollasson qui aurait gagné à être raccourci de 5-10 minutes.
Après, ce n'était pas désagréable pour autant, avec notamment un focus secondaire sur le couple de Pike (dommage que sa compagne soit un peu transparente, il y aurait eu moyen de choisir une actrice plus attachante ou charismatique) et sur Ortegas qui parvient à lutter contre cet Alzheimer de l'espace pour piloter le vaisseau et le sauver.
Mais ça s'arrête là.
- 2x05 - Charades : Alors que Spock doit se préparer à une cérémonie rituelle avec sa fiancée et ses futurs beaux-parents, il est pris dans une anomalie spatiotemporelle et voit sa moitié vulcaine éradiquée. Désormais totalement humain, et en prise avec des émotions qu'il ne sait pas contrôler, Spock doit réussir à tromper sa belle-famille... tout en résistant à son attirance pour Chapel.
Un épisode plutôt comique de la série, centré sur Spock, sa relation avec T'Pring et ses sentiments pour Chapel... et ça fonctionne plutôt bien, je dois dire, aidé par des beaux-parents détestables, une Mia Kirshner attachante en Amanda Grayson (même si elle n'a que onze ans d'écart avec Ethan Peck), un Anson Mount à la nonchalence qui fait toujours mouche, et un Peck qui maîtrise désormais bien son Spock, à la fois son versant humain et son côté vulcain. Sans oublier Jess Bush, toujours très efficace en Nurse Chapel (même si les choix capillaires de son personnage me dérangent toujours un peu).
Après, ce n'est pas un chef d'œuvre en soi, et il reste quelques maladresses, mais entre les Kerkhovians très "administratifs" et la tirade finale de Spock sur sa mère, réussie, ça passe globalement plutôt bien.
- 2x06 - Lost in Translation : Alors que l'Entreprise assiste le Farragut dans la mise en ligne d'une station de collecte de deutérium, au cœur d'une nébuleuse, Uhura commence à être victime d'hallucinations mises sur le compte du surmenage. Mais bien vite, il apparait que ces hallucinations cachent tout autre chose...
Un épisode intéressant, qui n'est pas sans rappeler des récits au postulat similaires, que ce soit du côté de Next Generation ou de Voyager, par exemple, avec des entités qui vivent sur un autre plan que les humains et tentent de communiquer d'une manière initialement incompréhensible.
Ici, le titre de l'épisode dévoile un peu trop à l'avance le pourquoi du comment, mais ce n'est pas bien grave, puisque l'intrigue de fond est en partie prétexte à confronter James T. Kirk au reste de l'équipage, ce qui permet à Paul Wesley de donner un peu de substance à son interprétation du personnage - la production aurait pu faire un effort au niveau du casting ou de la ressemblance, mais l'écriture est là pour prendre le relais, et ce Kirk est déjà plus convaincant ici, dans ses interactions avec ses (futurs) membres d'équipage.
À côté de cela, Celia Rose Gooding prouve une nouvelle fois que son Uhura est particulièrement sympathique (j'ai envie de dire, bien plus que Zoe Saldana dans le rôle, mais c'est probablement dû à l'écriture) et qu'elle est bonne actrice, presque toute la distribution a des petites scènes, çà et là (Una et Pelia qui se disputent, Sam Kirk jaloux de son frère, La'an troublée par Kirk, la rencontre Spock/Kirk, etc), et le tout se regarde très bien, même si le scénario, en soi, ne révolutionne rien.
Agréable, dans l'ensemble, et la saison continue à reprendre un peu de poil de la bête après ses trois premiers épisodes inégaux.
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L'Halloween Oktorrorfest touche aussi le petit écran, avec chaque week-end, durant tout le mois d'octobre, des critiques de séries fantastiques et horrifiques...
The Midnight Club , saison 1 (2022) :
Spécialisée dans l'accueil des adolescents atteints d'une maladie incurable et fatale, la clinique Brightcliffe, dirigée par le Dr Stanton (Heather Langenkamp), héberge, au milieu des années 90, huit jeunes aux maladies et aux tempéraments variés : Kevin (Igby Rigney), lycéen sportif et souriant ; Anya (Ruth Codd), au caractère sarcastique et acariâtre et en fauteuil roulant ; Sandra (Annarah Cymone), religieuse et naïve ; Spencer (Chris Sumpter), gay et atteint du SIDA ; Cheri (Adia), riche héritière mythomane ; Natsuki (Aya Furukawa), au tempérament discret et dépressif ; Amesh (Sauriyan Sapkota), récemment arrivé et passionné de technologie et de jeux vidéo ; et Ilonka (Iman Benson), la dernière arrivée, une jeune femme intelligente et curieuse. Ensemble, chaque soir à minuit, ils se réunissent pour se raconter des histoires qu'ils ont inventées, qui leur permettent d'exorciser leurs peurs et leurs démons... mais petit à petit, des phénomènes mystérieux commencent à se produire, et Ilonka décide de mener l'enquête.
Nouvelle production Mike Flanagan, à ne pas confondre avec Midnight Mass, la série préalable de Flanagan : ici, le réalisateur/scénariste adapte les romans pour adolescents de Christopher Pike (apparemment incontournables outre-Atlantique) en 10 épisodes d'une cinquantaine de minutes, avec pour objectif une horreur plus accessible, notamment pour le public d'origine des livres.
Et une chose très claire apparaît rapidement au spectateur avisé : tant Pike que Flanagan se sont largement inspirés (Flanagan le reconnaissant ouvertement en interview) de la série canadienne Fais-moi peur pour donner forme à ce Club de Minuit (qui renvoie directement à la Société de Minuit de la série). Le résultat, c'est un peu ce que le revival récent de Fais-moi peur a tenté d'accomplir ces dernières années (sans parvenir à trouver le bon équilibre) : un programme confrontant les jeunes membres du Club au surnaturel, avec en parallèle, des histoires secondaires narrées par les protagonistes.
Ici, cela donne globalement des épisodes divisés en deux portions : d'un côté, une grosse moitié consacré aux histoires racontées par les adolescents, des histoires qui sont chacune adaptées d'une nouvelle de Pike, qui possèdent chacune des styles visuels, narratifs et formels différents, qui sont interprétées par tous les acteurs de la série (avec des perruques parfois peu convaincantes), et qui en disent long sur l'état d'esprit du narrateur, ses peurs, ses sentiments, etc.
Et à côté, l'histoire d'Ilonka, qui mène l'enquête sur la secte ayant autrefois vécu au manoir, et qui, petit à petit, tombe sous la coupe de Shasta (Samantha Sloyan), une naturopathe dont la communauté est installée non loin, dans les bois. Une Shasta qui flatte constamment Ilonka, qui l'encourage, qui la couvre de compliments, jusqu'à ce que, progressivement, l'adolescente, persuadée d'être plus intelligente que tout le monde, finisse par paraître égocentrique, entêtée, menteuse, voire même antipathique et blessante, dans sa quête sans fin d'un remède magique à sa maladie et à celle des autres.
Une évolution du personnage narrativement cohérente (après tout, on parle d'une ado de 18 ans facilement influençable et désespérée), assez fidèle au récit original, mais qui rend les derniers épisodes un peu frustrants, je dois dire, d'autant que le récit global, délibérément très young adult, est assez cousu de fil blanc (tous les rebondissements sont très prévisibles).
C'est probablement pour cela que la série a été assez moyennement bien reçue par la critique et les spectateurs : contrairement aux autres programmes de Flanagan, The Midnight Club est clairement un récit jeunesse, fidèle aux inspirations de Flanagan et au matériau d'origine. Ce qui, forcément, pour ceux qui s'attendaient à un programme particulièrement adulte, aux thématiques profondes et sombres (elles le sont pourtant, une fois passé le vernis young adult), peut décevoir.
J'étais d'ailleurs parmi les spectateurs dubitatifs, ayant regardé le premier épisode à sa diffusion, l'année dernière, et ayant laissé le reste de la série de côté pendant plus de six-huit mois, un peu déçu par l'orientation Fais-moi peur du tout. Et puis j'ai de nouveau laissé sa chance au programme, et j'ai fini par être séduit par cette distribution compétente, par ces personnages blessés et meurtris par un destin funeste, par ces récits courts parfois inégaux, mais toujours ludiques, et par le propos global sur la mort, la maladie, la solitude, le regard des autres, le deuil, l'espoir, etc.
Ce n'est pas parfait (ça aurait probablement pu être plus dynamique et rythmé, comme souvent chez Flanagan), mais ça reste bien écrit, bien produit, bien interprété, et régulièrement touchant.
Après, on regrettera que la promesse initiale par Netflix d'une deuxième et ultime saison ait mené les scénaristes à laisser des portes ouvertes, et à botter en touche sur l'intrigue de fond, pour lui préférer une résolution émotionnelle plus satifaisante dans l'immédiat. Maintenant que Netflix a annulé la seconde saison, cependant, beaucoup d'éléments narratifs restent en suspens, ce qui ajoute inévitablement à la frustration du spectateur...
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The Haunting of Bly Manor (2020) :
En 1987, Dani (Victoria Pedretti) accepte un poste de gouvernante dans le manoir de Bly, en la possession de Henry Wingrave (Henry Thomas), un businessman absent et excentrique. Là, elle rencontre Miles (Benjamin Evan Ainsworth) et Flora (Amelie Bea Smith), la nièce et le neveu orphelins d'Henry, dont elle a désormais la charge, ainsi que Jamie (Amelia Eve), la jardinière, Hannah (T'Nia Miller), la responsable de la maisonnée, et Owen (Kamal Khan), le cuisinier, qui l'accueillent à bras ouverts. Mais rapidement, Dani s'aperçoit qu'un malaise inexplicable règne à Bly, et qu'une présence surnaturelle hante les lieux...
Après sonHaunting of Hill Housede 2018, une adaptation libre du roman de Shirley Jackson qui préférait se concentrer sur le portrait d'une famille en plein deuil plutôt que verser dans un déluge de jump scares et autres effets faciles, Mike Flanagan a remis le couvert pour Netflix, avec The Haunting of Bly Manor, une adaptation à nouveau très libre du Tour d'écrou d'Henry James.
On retrouve ici bon nombre d'éléments de Hill House : outre une partie de la distribution, Flanagan a ici aussi recours à une narration particulièrement déstructurée, avec des flashbacks, des personnages qui, constamment, passent du souvenir à la réalité, des scènes montrées sous un angle différent, etc. On retrouve aussi un sens certain de la mesure et de l'économie de moyens (toujours ce souci du détail, avec des fantômes discrets cachés dans de nombreux plans), ainsi qu'une direction d'acteurs impeccable, notamment au niveau des plus jeunes acteurs (paradoxalement, si Victoria Pedretti, l'actrice principale, est excellente, elle m'a aussi semblé peut-être un peu trop constamment à fleur de peau).
On retrouve aussi (et c'est moins probant) un nombre d'épisodes assez élevé (9 épisodes de plus d'une heure), qui a tendance à alourdir un peu le récit. C'était déjà un souci de Hill House et de ses dix épisodes, qui traînaient un peu sur la fin, et avaient ainsi tendance à se perdre légèrement dans de la surexposition pas forcément utile.
Un problème inhérent au format Netflix, et ici un peu minimisé par un nombre d'épisodes en baisse (la série suivante de Flanagan pour Netflix, Midnight Mass, continue dans cette direction, avec sept épisodes au compteur), mais un problème qui persiste néanmoins, et qui fermera probablement la porte de Bly Manor à bon nombre de spectateurs réticents au rythme et au format de la série (ainsi qu'aux longs monologues chargés d'émotion typiques de l'écriture Flanagan) ; par exemple, il est vite évident que l'épisode tout en flashbacks sur les origines du fantôme de Bly (épisode qui adapte une autre nouvelle de Henry James, dans un noir et blanc numérique pas forcément très probant) aurait probablement mieux fonctionné en étant intégré tout au long de la saison, par petites touches, plutôt qu'en bloc juste avant le final. Idem pour la narration en voix off, un peu trop présente et didactique.
Autre point potentiellement gênant pour une frange du public : à l'instar de Hill House, Bly Manor n'est pas une série d'horreur qui fait peur, c'est un drame familial et émotionnel qui utilise le surnaturel et les codes des histoires de fantômes pour narrer l'histoire compliquée et multi-générationnelle de personnages traumatisés et endeuillés. Ça parle d'amour, de pardon, de possessivité, de souvenirs qui vous hantent, de manipulation, d'espoir, etc... mais niveau horreur, c'est léger.
Donc forcément, qui s'attend à des jump scares, à des fantômes effrayants, à de la tension constante, etc, sera bien déçu à l'arrivée. Et il faut probablement chercher là la raison de l'accueil critique nettement plus mitigé qu'a reçu le programme à sa diffusion : Bly Manor a beau être bien interprété, produit, dirigé, et conçu, le focus sur l'émotion et la romance au détriment du frisson, et le rythme lent de ces neuf épisodes, ont fait que spectateurs et critiques n'ont pas été autant séduits par cette nouvelle production Flanagan.
Et effectivement, malgré toutes les qualités du programme, on ne peut nier quelques défauts de structure et d'écriture évidents. Bly Manor est une mini-série ambitieuse, notamment sur un plan thématique, mais la carte blanche fournie habituellement par Netflix à ses showrunners et réalisateurs (ainsi que le cahier des charges du diffuseur, en ce qui concerne le format et la durée de ses productions) s'avère une fois de plus un peu trop lourde pour le bien du programme.
En 6 épisodes, avec une structure un peu remaniée, ça aurait probablement été plus efficace... en l'état, c'est intéressant, mais un peu inégal.
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Un bilan saisonnier assez compliqué à écrire, car une série assez difficile à cerner. The Young Pope souffle en effet constamment le chaud et le froid, passe régulièrement d'un grotesque ridicule à des moments de grâce improbables, alterne les idées inspirées avec les métaphores pataudes, le somptueux avec le kitsch, le bon goût avec le mauvais goût, et s'avère, en fin de compte, une expérience des plus frustrantes.
The Young Pope, saison 1 :
Jeune quadragénaire séduisant, discret et tempéré, le cardinal Lenny Bernardo (Jude Law) est, contre toute attente, élu nouveau Pape au grand dam du Cardinal Voiello (Silvio Orlando), qui tire toutes les ficelles de Rome en secret. Mais dès son élection, Bernardo, désormais rebaptisé Pie XIII, révèle son vrai visage, celui d'un homme caractériel et intransigeant, hanté par son enfance, et à la vision de l'Église particulièrement radicale et traditionaliste. Aussitôt, Pie XIII entame une transformation intégrale de l'Église, désireux de rendre à cette dernière son aura sinistre et menaçante, et de ramener par la force et la peur la Foi dans le coeur des gens...
Co-production italo-franco-espagnole diffusée chez nous sur Canal + et outre-Atlantique sur HBO, The Young Pope est la création de Paolo Sorrentino, réalisateur et scénariste italien, et présente en 10x55 minutes les premiers mois du règne de Pie XIII, depuis sa première apparition publique, jusqu'à... sa dernière ?
Impossible d'affirmer que ce Young Pope est une série mal interprétée : Jude Law s'en donne à coeur joie, et la plupart des seconds rôles (y compris français - Cécile de France, Ludivine Sagnier) sont justes, avec une mention spéciale à Silvio Orlando, impeccable en Cardinal Voiello. Difficile aussi d'affirmer que la série est mal filmée : Paolo Sorrentino sait clairement y faire derrière la caméra, il sait composer un plan (j'ai par exemple le souvenir marquant d'une opposition visuelle Pope/Voiello utilisant le décor pour souligner, de manière frappante, la supériorité de l'un sur l'autre), il sait retranscrire exactement à l'image ses intentions (quelles soient comiques, oniriques, symboliques ou dramatiques) et la plupart du temps, sa réalisation sait parfaitement souligner le faste et le clinquant de l'univers papal et de l'Église Catholique.
Malheureusement, les problèmes de cette série se situent ailleurs, pour moi. Car le Young Pope est une série profondément italienne, avec un sens du grotesque et de l'outrancier typique des artistes de ce pays, et surtout, comme je l'ai mentionné en introduction, elle manie constamment le chaud et le froid, d'une manière qui plaira à certains, et en rebutera d'autres (moi, notamment).
Une autre série dramatique plus conventionnelle aurait articulé cette première saison sur l'ascension au pouvoir de Lenny Belardo, culminant sur son élection : de quoi donner lieu à des jeux de pouvoir, à des manigances, etc, une sorte de House of Cards dans l'univers de la religion catholique.
Ici, il n'en est rien : comme la série et Sorrentino refusent formellement de se conformer aux schémas habituels de la télévision, et désamorcent systématiquement la moindre intrigue dramatique, le show commence par l'élection de ce pape, et suit ses premiers mois sur le trône pontifical : toute opposition à Pie XIII (notamment Voiello) est assez rapidement écrasée, les manigances et jeux de pouvoir disparaissent très rapidement, et Pie XIII semble vite invincible. La série devient alors contemplative, se concentrant le plus souvent sur les mesures radicales du Pape, et sur son obsession récurrente pour ses parents qui l'ont abandonné, enfant.
On devine là l'arc narratif (si tant est qu'on puisse le qualifier ainsi) sous-tendant la saison 1 : tellement obnubilé par son abandon par ses parents hippies, Lenny se venge sur la Terre entière, et ce n'est qu'en retrouvant l'Amour (avec un grand A, au sens religieux et philosophique du terme) qu'il parviendra à comprendre la vraie nature de sa vocation, et à accomplir son destin.
Du moins, c'est ce que l'on croit comprendre en fin de saison, et encore, ce n'est pas certain. Car Sorrentino se disperse beaucoup, et la série ressemble souvent plus à une suite de vignettes impressionnistes et métaphoriques qu'à un récit structuré comme on en a l'habitude.
En effet, autour de Lenny et de ses décisions caractérielles, Sorrentino brode un portrait corrosif et moqueur de l'Église, composée d'innombrables névrosés ayant tous un secret traumatisant, Lenny y compris. Une vision désacralisée guère surprenante venant de ce réalisateur et scénariste, qui refuse donc ici toute structure narrative normale, et préfère prendre systématiquement le contre-pied des attentes du spectateur, pour mieux le surprendre... quitte à ce que le show en souffre un peu.
L'arrivée d'un jeune Pape ? Oui, il est jeune, mais il est aussi caractériel, ultra-radical et ultra-croyant, manipulateur, autoritaire, vaniteux, incontrôlable, immature, bref, Pie XIII se trouve au croisement d'un méchant de James Bond et de Donald Trump (il y a d'ailleurs d'improbables similarités entre l'arrivée au pouvoir de Trump et de Lenny). Et en plus il est clairement présenté comme un Saint aux pouvoirs surnaturels...
Voeillo le cardinal machiavélique, manipulateur et comploteur, présenté comme le principal antagoniste de la série dans ses premiers épisodes ? En fait, un religieux progressiste, presque sympathique et qui a bon fond, qui a compris que jouer les politiciens permettait de faire avancer certaines causes, et qui finit par se faire rapidement écraser par le Pape...
Les tentations féminines ? Le Pape les rejette toutes. Les complots de ses ennemis ? Ils échouent tous, et tout le monde finit par rentrer dans les rangs. Une visite en Afrique, pour rencontrer une simili-Mère Teresa ? Lenny n'y va que pour démolir cette dernière pour ses péchés. Quelqu'un tente de manipuler Lenny en lui présentant de faux parents ? Lenny s'en aperçoit instantanément, on nous montre immédiatement qui est le responsable, et l'intrigue se termine là. Le Cardinal Dussollier, le meilleur ami d'enfance du Pape ? Il finit assassiné après avoir pris part à un plan à trois avec la femme d'un mafieux (quota nudité assuré !), et ne sert que de catalyseur au parcours du Pape. La possibilité de la création d'une Église rivale par un stigmatisé illuminé ? L'homme disparaît mystérieusement suite à l'intervention du Pape... sans conséquences. Le mentor de Lenny (excellent James Cromwell) qui estime que ce dernier lui a volé la papauté ? Il tombe malade, décède, et ne sert lui aussi que de catalyseur à la prise de conscience du Pape.
Etc, etc, etc : il en va de même à chaque niveau de cette série, qui préfère largement jouer la carte du symbolisme tantôt limpide tantôt abscons (avec des visions, des métaphores, des moments aléatoires et très contemplatifs) plutôt que celle d'une narration et d'un récit conventionnels. On se retrouve souvent avec des sous-intrigues et des personnages abandonnés en cours de route (Voiello finit par être relégué au second plan de la série, toute l'intrigue d'Esther et du bébé est liquidée hors-champ, Cécile de France disparaît pendant trois ou quatre épisodes (sans que cela ne change quoi que ce soit, vu que son personnage n'apporte rien d'essentiel), la rencontre tendue avec le Premier Ministre italien ne débouche sur rien...), au profit d'effets de réalisation et d'images fortes (il est indubitable que certaines scènes marquent tant elles flattent l'oeil - la prière dans la piscine, ou en Afrique, etc), mais qui peuvent aussi lasser au bout d'un moment.
À l'identique, l'obsession récurrente de Lenny pour ses parents adoptifs - c'est son traumatisme fondateur, qui revient sans cesse sous forme de visions, et qui le motive, depuis son plus jeune âge, à prendre sa revanche sur le monde - a fini par m'agacer. Il y a une sorte de manque de subtilité, dans The Young Pope, qui m'a rebuté : c'est volontairement une série outrancière et grotesque (certaines des tirades du Pape le font ressembler à un Tony Montana sous cocaïne, en surjeu total, avec en plus une posture et des costumes ridicules qui empêchent de le prendre au sérieux), cherchant à faire rire de l'Église, à choquer et à provoquer en poussant ses idées dans ses derniers retranchements, mais le problème, c'est qu'une fois qu'on a cerné ces idées, le show tourne un peu à vide.
Ainsi, plus la série s'est écartée du format dramatique conventionnel, au fil de la saison, pour tenter de faire basculer Lenny vers une figure plus tragico-mélancolique (avec crise de Foi, visions, etc), et plus j'ai eu du mal à avancer dans ces épisodes. D'autant que la fin de saison correspond au moment où le show freine un peu des quatre fers, pour s'autoriser des digressions pas forcément surprenantes (initialement de 8 épisodes, la saison s'est vue rallongée en cours de production), mais pas non plus forcément indispensables.
Cela dit, à ce stade de la série, à moins d'être doté d'un caractère masochiste et complétiste (comme moi), soit l'on est totalement sur la même longueur d'onde que Sorrentino, et on adore tout ce que le show propose, soit l'on a déjà arrêté de regarder le programme. C'est d'ailleurs assez dommage, puisque sur la toute fin, le parcours de Pie XIII fait (un peu plus) sens. De manière assez radicale, qui laisse présager une saison 2 (intitulée The New Pope, apparemment) bien différente.
Quoiqu'il en soit, si je ne peux pas nier les qualités esthétiques et audacieuses du programme, je ne peux pas dire que j'aie vraiment trouvé cette expérience satisfaisante. J'ai lu, çà ou là, des comparaisons de ce Young Pope avec des séries comme John From Cincinnati, où il ne faut pas trop chercher un sens aux images, et où il faut se laisser porter.
Soit. Il n'empêche qu'entre l'illustration électro assez insipide ; un trait parfois beaucoup trop forcé et caricatural (oui, j'ai ri en voyant le Pape se préparer sur du LMFAO, j'avoue) et ses ruptures de ton brutales, qui font vraiment passer la série d'une farce grotesque à quelque chose de mortellement sérieux ou philosophique au sein d'un même épisode ; et un travail métaphorique volontairement ambigu, qui enchaîne symbolisme profond et pertinent avec des images surréalistes creuses et aléatoires, on finit par avoir du mal à cerner les intentions de Sorrentino, et on hésite : est-ce que le tout est une oeuvre parfaitement maîtrisée, mais difficile d'accès et réservée à un public averti, ou est-ce que c'est une saison particulièrement imparfaite et brouillonne, comportant de nombreux défauts d'écriture et de structure, et pas tout à fait à la hauteur de sa réputation, dans certains cercles, de meilleure série de l'année, si ce n'est de la décennie ?
Personnellement, je penche plutôt pour l'option b), mais je ne saurais vraiment me prononcer. Une chose est certaine : il y a du bon dans ce Young Pope, et la série ne laisse pas indifférent. Néanmoins, malgré les points positifs (interprétation, réalisation, direction artistique, humour), je risque de ne pas tenter l'expérience d'une saison 2 de ce qui semblait clairement conçu comme une mini-série au dénouement sans appel.
Young Dracula, saison 3 (2011) - deuxième partie :
3x07-13 :
- 07 : Influence notable de Harry Potter sur cet épisode, qui voit Vlad se rapprocher de son côté obscur, incité par le grimoire du destin, qui lui parle en parseltongue murmures mystérieux, et l'amène au contact du Miroir du Rised. Là, Vlad est avalé dans la glace par des gargouilles/faunes très réussies, et il est confronté à son double maléfique, un affrontement dont il ne ressort pas indemne. En parallèle, Ramanga, l'un des leaders des clans vampiriques (un immense black menaçant tout en cuir) arrive à l'école, et exige de voir l'Élu : l'occasion pour Ingrid de jouer double jeu, et de tenter de trahir sa famille en séduisant Ramanga ; à Dracu et compagnie de tenter de contrer ces plans machiavéliques... en déguisant Renfield en Vlad. Un épisode bien équilibré entre sérieux dramatique et déconnade.
- 08 : De retour du miroir, et dominé par son côté maléfique, Vlad devient enfin l'Élu, avec ses pleins pouvoirs : il terrorise son père, sa soeur, l'école, tente de rendre Erin jalouse en séduisant une autre élève... la situation est intenable. Vlad manque de tuer sa soeur, commande la mise à mort de son père, et ne doit son salut qu'au sacrifice d'Erin, qui le sauve du Mal absolu. Le tout mis en parallèle d'une visite de l'inspectrice académique à l'école, qui panique McCauley et Dracula. Un peu moins bien équilibré, mais amène les éléments nécessaires du départ en exil de Vlad, et du traumatisme d'Ingrid.
- 09 : À nouveau (arf) un semi clip-show, justifié cette fois-ci par la thérapie d'Ingrid aux mains du Dr Seward, une psy qui l'oblige à revivre en flashbacks tous les moments de la série durant lesquels elle est passée au second plan, après son frère. De quoi récapituler et approfondir la psychologie, les complexes et la haine d'Ingrid, afin de motiver sa radicalisation imminente. En parallèle, Erin découvre le secret du grimoire du destin : le sang d'une tueuse (en l'occurrence, le sien), fait apparaître des mots sur les pages blanches du livre.
- 10 : Triple retour, dans cet épisode. Tout d'abord, celui d'une Ingrid normale, en mode happy-fourbe au lieu d'angry-fourbe ; le retour de Vlad, désormais en contrôle de sa part obscure ; et enfin celui de Van Helsing Jr et de sa mère, laissés lobotomisés par les Dracula en fin de saison 2. Ici, la famille de Vlad fait tout pour savoir si, oui ou non, le duo est toujours sous leur emprise... mais les Van Helsing sont en réalité en infiltration, prêts à tout pour exterminer le clan Dracula. Les pièces de l'échiquier de fin de saison se mettent en place, le frère d'Erin conclue une alliance avec Ingrid, et Dracula manipule son fils et le tuteur de celui-ci.
- 11 : Radicalisée, Ingrid décide de rendre aux vampirettes leur place dans le monde, et prend la tête d'un mouvement féministe extrémiste, lorsqu'elle transforme toute une équipe de cricket féminine en vampirettes à son service. Leur mission : tuer Vlad. De son côté, Erin se fait prendre en flagrant délit de fouinage, et est obligée de révéler sa vraie nature à tous, tandis que Vlad sombre lentement sous l'influence d'Ingrid et de son tuteur, qui commencent à décrypter les premières pages révélées du Grimoire (en réalité le testament d'un vampire antique tout puissant) ; plus légères, les tentatives de séduction de la directrice de l'école par Papa Dracula. Efficace, dans le genre Roméo & Juliette au pays des vampires, et ce au niveau des deux générations.
- 12-13 : Double épisode chaotique, dans lequel tout se cristallise. Erin est contrainte de rejoindre les Van Helsing, faute de parvenir à prouver aux Dracula sa sincérité ; Renfield rejoint les rangs des vampirettes d'Ingrid lorsqu'il découvre son armée de schoolgirls vampires... et qu'il réalise qu'avec toutes ces filles en uniforme, il va maintenant pouvoir refaire le clip de Hit me Baby one more time, avec lui-même dans le rôle (et le costume) de Britney ^^ ; tout le monde se trahit dans tous les sens ; Ingrid revêt une combinaison tout en latex façon dominatrice ; jusqu'à ce qu'enfin Vlad et Erin se retrouvent, et que le sang d'un tueur soit versé sur le grimoire, achevant de compléter ses pages.
Belle intensité dramatique, qui culmine lorsque le Grimoire s'avère être un piège du Seigneur Vampire Ancien, qui avait magiquement adopté la forme du livre, et attendait qu'on le nourrisse suffisamment pour revenir à la vie. C'est donc le cas, et aussitôt, il débute un duel avec Vlad pour la position d'Élu. Heureusement, Vlad parvient à fédérer tout le monde, tueurs comme vampires, pour éviter un bain de sang à l'échelle nationale...
Une saison 3 finalement assez convaincante, malgré les nombreux écueils qu'elle a dû naviguer (résumer les deux premières saisons pour le spectateur néophyte, gérer le vieillissement des acteurs, etc), et quelques petits passages à vide. Vlad prend une belle ampleur, et est crédible en vampire devenant de plus en plus puissant ; sa romance avec Erin, en filigrane, fonctionne assez bien elle aussi ; Ingrid fait un peu du surplace, en espérant que la saison prochaine continue sur la voie de la radicalisation ; et Dracula est, comme toujours génial, notamment dans sa romance hésitante avec la jolie McCauley.
Bref, comme son public, la série a grandi, passant de sitcom fantastique pour enfants à dramédie plus sérieuse et sombre, un peu comme pouvait l'être Sarah Jane Adventures dans certains épisodes. Les audiences ont suivi (+30/+50%), et la saison 4 est en tournage, donc il n'y a qu'une chose à dire : bien joué.
Cette année, Bound For Glory prend place au Japon, L'occasion pour la TNA de co-produire le show avec Wrestle One, ce qui a des avantages comme des inconvénients : niveau avantages, on a une facilité logistique accrue (puisque c'est Muta/Wrestle 1 qui gère tout sur place), une image de marque internationale accrue, et un show à l'ambiance radicalement différente des shows US traditionnels ; Malheureusement, au rayon inconvénients, qui dit PPV co-produit dit booking complexe interdépendant.
Traduction : impossible de fixer une carte définitive avant la dernière minute, une situation encore complexifiée par les enregistrements récents d'Impact. Résultat : une carte de PPV assez légère en matches de championnat, et à la présence partiellement limitée des catcheurs américains, obligés de partager l'affiche avec leurs collègues japonais.
Il n'en aura pas fallu plus pour que l'internet s'indigne, entre les critiques habituels qui ont vu là le signe de la mort imminente de la TNA, les fanboys agacés par le manque de prestige des matches du PPV, et les râleurs qui n'en ont rien à foutre du Japon, du décalage horaire obligeant à différer de quelques heures la diffusion du PPV aux USA, etc.
Bref, malgré le fait que la TNA produit des Impacts de qualité depuis des mois, que son produit est en ce moment qualitativement bien meilleur que celui de la WWE, et que sur le papier, la carte de BFG est tout à fait honorable, le show était la risée de tous sur le web.
- Vidéo d'intro assez réussie, et je dois dire que Storm fait un leader de groupe tout aussi convaincant que Bray Wyatt.
- Le public japonais est motivé, ça surprend.
- Manik vs Tanaka. Un match méthodique mais assez efficace (malgré quelques moments approximatifs), avec un public aux réactions naturelles pour le Japon (ce qui me convient parfaitement, puisque j'ai toujours apprécié ce genre de public attentif mais réactif).
- Récap d'un match de championnat de la Team 3d en 2007.
- Ec3 tease un nouveau sidekick pour Impact, et est particulièrement confiant pour son match de ce soir.
- EC3 vs Hama. EC3 qui trolle le public au micro, et promet de bodyslammer Hama ; EC3 qui trolle Hama en jouant au sumo ; EC3 qui se fait démonter par son adversaire ; EC3 qui vole une victoire assez quelconque, au final. Rien de plus qu'un comedy match, comme prévu.
- Récap de match de championnat de 3D en 2009.
- MVP explique que le Japon, c'est le summum du monde du catch.
- MVP vs Sakamoto. MVP trolle un peu Sakamoto avec un "Where's Tensai ?" amusant. Un match plutôt solide, on sentait bien que MVP a l'habitude de travailler au Japon, dans le style local.
- Joe est confiant.
- Joe vs Low Ki vs Hayashi. X-Div Title. Les caméramen semblaient un peu débordés par l'action incessante, mais rien de vraiment dommageable pour cet excellent match de X-div. Joe au micro en post-match, pour un remerciement mi-anglais, mi-japonais.
- Récap de Bully passant Dixie au travers de LA table.
- Tommy Dreamer ravi d'avoir one last match avec Team 3D.
- El Hijo del Pantera & Andy Wu vs Kodama & Jiro. Très chouette tag match acrobatique.
- Récap de la carrière de la Team 3D, et de l'induction de Team D dans le HOF.
- Dreamer & Abyss vs Team 3D, Hardcore Match. Public déchaîné, clairement derrière 3D. Lent, mais sympathique et fun pour ce que c'était (surtout avec ce public réactif), et une fin honorable pour la Team 3D, s'ils décident de quitter la compagnie là-dessus.
- 3D remercie tout le monde (ça sent le départ imminent, d'autant qu'en live, ils ont apparemment annoncé qu'ils défiaient le Bullet Club, aka la sous-NWO de la NJPW).
- Velvet est contente d'être au Japon (elle peut dire merci à son mec d'avoir joué de son influence en sa faveur, parce que sinon, elle n'aurait pas été là...), et veut la ceinture.
- Havok vs Velvet, KO Title. Les mouvements offensifs de Velvet sont vraiment risibles, je dois dire... elle se bat comme si elle avait peur de se casser un ongle. Le public japonais semblait être fan, cela dit. Un squash rallongé artificiellement, et avec un finish sorti de nulle part.
- Excellente promo de Storm.
- Storm & Sanada vs Muta & Tajiri. Un tag match assez méthodique, et classique.
- Passage à tabac de Muta par Storm et Manik, qui sont mis en déroute par la Team 3D.
Un PPV que tout le monde donnait comme mort-né sur le web, sans intérêt, creux et signe de la mort imminente de la TNA, mais qui en fait était plutôt solide, match des KOs excepté. Bon, ce PPV ne gagnera pas de prix, et il est typiquement japonais dans son rythme et la présentation du produit in-ring, mais dans sa globalité, j'ai nettement préféré ce show au précédent ONO filmé au Japon : le précédent était 50/50 bon/médiocre, celui-ci est nettement plus homogène.
Pendant un mois, à l'occasion de la Fête Nationale, retour sur un cinéma que je délaisse trop souvent : la comédie française...
Cinéman (2009) :
Régis Deloux (Franck Dubosc), un professeur de mathématiques à l'égo surdéveloppé, découvre soudain qu'il a le pouvoir de voyager dans tous les films de son choix, à la place de leur héros. Sa mission : secourir au plus vite la belle Viviane (Lucy Gordon) des griffes du maléfique Douglas Craps (Pef)...
Une bouse spectaculaire, voire même un ratage hors-du-commun, tel qu'on en voit trop rarement, même dans le cinéma français.
C'est bien simple, malgré le postulat de départ intéressant (une variation sur Last Action Hero et La Rose Pourpre du Caire), il n'y a AUCUNE blague, vanne et AUCUN gag qui fonctionne dans ce film ; il n'y a AUCUNE structure narrative digne de ce nom : il n'y a AUCUNE scène intéressante (à part peut-être l'ouverture façon film muet, et encore, c'est plombé par une illustration musicale hors-sujet)...
Et le pire, c'est que Yann Moix, le scénariste/réalisateur de cette daube, en a parfaitement conscience : le film a été un calvaire à tourner, tant Moix était bouffé par son égo, et il a beau reporter une partie du blâme sur les acteurs lui ayant fait défaut (Poelvoorde, Dupontel), sur les techniciens du film, sur les producteurs, sur la météo, etc... le film est tout simplement un plantage. Et il en est totalement responsable.
Le scénario est décousu, plein de trous, l'écriture indigente, la réalisation est plate, insipide, la post-synchronisation est désastreuse (le film a été entièrement remonté et redoublé suite aux premiers montages calamiteux), Dubosc est totalement en roue libre et insupportable, l'illustration musicale ringarde et décalée tombe à plat, la photographie est immonde, la progression narrative est inexistante, les seconds rôles ne servent à rien (Anne Marivin, par exemple)...
Bref, c'est une merde.
0.25/6
Merlin : L'Enchanteur (2012) :
Mini-série française en deux parties, diffusée sur TF1, et revisitant le mythe de Merlin, d'Arthur et de toutes les légendes les entourant, sur un ton vaguement décalé. Par le scénariste de L'Enquête Corse et de Mission Pays Basque, et le réalisateur de... euh... téléfilms et autres séries françaises.
# Première partie : L'Enchanteur désenchanté
Après dix années passées à servir à la cours du Roi Pendragon (Wladimir Yordanoff), en tant que tuteur du prince Arthur (Arthur Molinier), Merlin (Gérard Jugnot) songe à prendre sa retraite. Mais l'arrivée de la Fée Viviane (Josephine de Meaux) et de son fils Lancelot chamboule la donne, et perturbe Merlin, au point de lui faire perdre ses pouvoirs...
Bon, alors tout de suite, ça part très mal. Passons sur la direction artistique (à la fois inexistante et dérivative), sur les costumes (un mauvais cosplay du Seigneur des Anneaux), sur les décors en carton pâte (rochers en polystyrène sur fonds verts, salles mal éclairées), sur les effets spéciaux (tout droit sortis des années 90, avec mention spéciale au simili-Milou transformé en troll), sur la musique synthétique pseudo-épique, etc... qui sont tous indigents et dignes d'une production italienne des années 90 (et encore, je pense que La Caverne de la Rose d'Or était plus réussie et homogène que ce téléfilm).
Passons sur l'interprétation tour à tour ampoulée, ânonnante, fausse, cabotine ou fainéante (Jugnot, notamment, fait du Jugnot, ni plus ni moins, tandis que 80% des autres acteurs sont à côté de la plaque).
Non, le pire, c'est le fait qu'une bonne part de ces premières 90 minutes soit consacrée à la romance insipide de Merlin et Viviane, et que cela soit fait au travers d'exposition maladroite, de scènes plates et inintéressantes, d'un subterfuge initial inutile, et d'une écriture laborieuse.
Tout le reste, Arthur, Guenièvre, Morgane, Excalibur, c'est presque accessoire à côté de l'histoire de Merlin, ce qui, d'un côté, est assez logique, mais de l'autre, pose aussi la question : quel intérêt ?
# Deuxième partie : Le Secret de Brocéliande
Toujours épris de Viviane, Merlin n'a plus de pouvoirs depuis 7 ans. Mais lorsque Morgane (Marilou Berry), jalouse de Guenièvre (Cristiana Capotondi), transforme celle-ci en statue, la sorcière obtient d'Arthur qu'il consomme un philtre d'amour avec elle. Puis Vortigern (Michel Vuillermoz) capture Viviane pour forcer Lancelot (Jean-Baptiste Maunier) à trouver le Graal pour lui, ce qui force Merlin à trouver une solution à sa panne magique...
Je ne pensais pas qu'il soit possible de faire moins intéressant que la première partie, et pourtant, si. Déjà, la résolution du cliffhanger, suivie d'une ellipse de 7 ans et d'une demi-heure de mise en place sur Viviane qui invente le lave-vaisselle (!), casse bien le peu d'énergie que ce téléfilm aurait pu avoir.
Et puis ensuite, ça continue avec tous les défauts de la première moitié, auxquels se rajoutent les agaçants Razmoks (de pseudo-hobbits du pauvres, à la coupe au bol, aux costumes ridicules, au QI de poulpe mort et qui parlent avec un accent risible), Lancelote (Lancelot qui change magiquement de sexe... pourquoi ? L'acteur n'était plus disponible ? M'enfin dans l'absolu, Alexandra Cismondi, sa remplaçante est peut-être la plus juste de tout le lot, donc ce n'est pas forcément un mal), Alice Pol en vendeuse bimbo de Graal, un duo de méchants en roue libre, une narration décousue et bancale, des enjeux en carton, et un rythme inexistant.
En somme, ce n'est toujours pas drôle, toujours assez mal joué, toujours très plat, et franchement (ça vaut pour les deux parties du téléfilm), ça n'a aucun intérêt, surtout quand Kaamelott revisitait les mythes arthuriens avec beaucoup plus d'humour, d'originalité et de pertinence. Et ce pour une once du budget et de la promotion.
Note d'ensemble : 1/6 pour le chien.
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Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de tous les films passés en revue sur ce blog dans le menu Index de haut de page, ou en cliquant directement sur ce lien...
Ce serait un euphémisme que de dire que la première moitié de la saison 2 de Legion, chroniquée ici la semaine dernière, m'a déçu. Car autant la saison 1 pouvait justifier toutes ses errances et excentricités visuelles et formelles par le fait qu'une énorme partie du récit prenait place dans la tête de David, autant cette saison 2, elle, se déroule dans le monde "réel"... et pourtant, Noah Hawley et son équipe ont fait le choix d'en rajouter encore une couche dans le surréalisme, dans le bizarre, l'étrange et le décalé.
Ce qui fait que le spectateur, pour peu qu'il ait du mal à accrocher à la destinée des personnages présentés à l'écran, se retrouve confronté à un barrage d'images quasi-nonsensiques dont on ne peut nier la qualité esthétique, qui donne l'impression que Hawley a quelque chose à dire, et une direction bien précise en tête, mais qu'il ne parvient pas forcément à transmettre ses objectifs à son public.
Il n'est donc guère surprenant de lire, au fil de la saison, d'innombrables avis pouvant être résumés à "je ne comprends pas tout, voire même, je ne comprends rien du tout, mais c'est beau, et comme je suis sûr que la fin de saison rendra le tout très clair, je trouve ça génial"...
Legion, saison 2 - suite et fin (2018) :
Malheureusement, au terme de cette saison 2, je dois dire que cette confiance aveugle qu'ont certains fans en Noah Hawley me semble relativement mal placée.
Non pas qu'elle soit totalement infondée : effectivement, Hawley avait quelque chose en tête, et voulait narrer l'évolution progressive de David en Legion, son alter-ego semi-maléfique. C'est suffisamment répété au fil de la saison : le héros devient le méchant, et le méchant, le héros.
Ou du moins, il voulait donner l'impression de narrer cette évolution, ce heel turn, alors qu'en fait (pour reprendre un meme de l'ère Moffat de Doctor Who), Hawley lies.
En effet, cette évolution de David en un Legion surpuissant et incontrôlable n'est jamais vraiment convaincante... et pour cause : elle repose en très grande partie sur la relation sentimentale existant entre Syd et David, une relation qui explose cette année, et qui - malheureusement - ne m'a jamais vraiment convaincu.
D'autant que, durant la promotion de cette saison, Hawley a souvent répété qu'à ses yeux, c'était Syd la véritable héroïne de cette saison, et que cela allait devenir clair au fil des épisodes, en parallèle du basculement progressif de l'attitude des personnages de la série envers David.
Le problème, c'est que Syd ne suscite jamais la sympathie du spectateur, y compris lorsque, sur la fin de saison, elle accuse David de "viol" (techniquement psychique).
Car même en mettant de côté mon semi-rejet de Rachel Keller et de son interprétation inégale, l'écriture de ce personnage fait que l'on ne se range jamais de son côté, que ce soit à cause de ses flashbacks la montrant tout aussi manipulatrice que David (voire même bien pire que lui), de sa jalousie risible envers son double du futur, de sa naïveté et de son acceptation totale de ce que "Melanie" lui montre, ou de sa tentative de meurtre sur David à la fin de la saison, façon Minority Report : contrairement à ce qu'affirme Hawley (et à ce qu'elle dit elle-même), Syd n'est pas l'héroïne de cette histoire, mais plutôt son antagoniste (c'était d'ailleurs la prédiction de multiples spectateurs à mi-saison, après l'épisode lui étant consacré : Syd allait devenir une mutante maléfique, et David allait devoir la sauver/la tuer).
Et justement, dès lors que l'on écarte tous les effets de manche de la réalisation et du montage, le sous-texte de la saison est assez clair : le Shadow King manipule tout le monde, et amène l'intégralité de la Division 3 à se retourner contre David pour éviter qu'il ne détruise le monde (sur la base de la seule parole de Future Syd...). À fin de saison, David (présenté comme un méchant en devenir) est en fuite avec Lenny, et tout le monde est à ses trousses.
C'est un concept clair, efficace, et percutant... en théorie.
Sauf que pour en arriver là, la série brouille tellement les pistes, elle s'échine tellement à se perdre dans des digressions improbables, à faire réagir ses personnages de manière illogique, à utiliser des raccourcis incertains, etc, que lorsque la fin de saison arrive, et que tout se cristallise enfin (notamment au terme d'un duel assez spectaculaire dans le désert), la chute manque cruellement d'efficacité.
Car en dépit de tous les efforts du script pour rendre le tout confus, et donner à la Division 3 un semblant de justification en paraissant faire perdre tout contrôle à David, je n'ai jamais quitté le camp de David, spontanément rangé à ses côtés...
Et au lieu d'être trahi par la Division 3, je me suis senti un peu trahi par les scénaristes ; des scénaristes qui ont pris le chemin le plus compliqué pour arriver à un résultat simple et limpide, qui se sont perdu en cours de route, qui sont devenus victimes de leur propre ambition, et qui ont préféré troquer l'efficacité de leur récit contre des expérimentations visuelles et structurelles toujours plus excentriques.
Ils ont fait de cette saison une saison de transition, sans réelle résolution, ils ont privilégié l'esthétique au fond, ils ont "oublié" en chemin pas mal de pistes ou de personnages (pauvre Ptonomy), et même s'ils en gardent clairement sous le coude, le problème, c'est qu'après une dizaine d'épisodes n'allant (presque) nulle part et faisant beaucoup de surplace, j'en suis au même point que David, et j'ai fortement envie de faire comme Cartman dans South Park : dire "Screw you guys, I'm going home !".
Legion, ça reste ultra-ambitieux et travaillé, vraiment original, mais ça a passé le point de non-retour pour moi, et au terme de cette saison déséquilibrée, frôlant régulièrement la prétention et la vanité dans sa forme et dans son écriture, je pense que je vais m'arrêter là.
(et sans surprise, les avis que je mentionnais en ouverture de bilan se sont changés en "je n'ai pas tout compris, mais je suis sûr qu'ils expliqueront tout la saison prochaine, donc je trouve ça génial !" ^^)
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Retrouvez les critiques de la saison 1 en cliquant ici et ici, ainsi que toutes les autres séries passées en revue sur ce blog en cliquant ici et ici.
Sygbab regarde (beaucoup) la tv, Sygbab écrit (parfois) des bilans : retrouvez-les sur le blog des Téléphages Anonymes !
Tru Calling - Saisons 1 & 2, Bilan Général :
Si vous avez entendu du bien de la série, ce n'est pas pour rien : elle est plutôt sympathique, grâce à une mythologie bien développée et des personnages intéressants. Elle comporte également quelques noms connus au sein de sa production, parmi lesquels Jane Espenson (Buffy, Battlestar Galactica, Star Trek : Deep Space Nine, ...) et Richard Hatem (Miracles). Pourtant, cela débute de manière assez moyenne, avec une succession d'épisodes dont le schéma rigide laisse penser que le show sera vite limité : un mort demande de l'aide à Tru, la journée recommence, et elle mène sa petite enquête en courant (beaucoup) dans toute la ville pour sauver des gens.
La seule variation apportée se situe au niveau des circonstances qui l'amènent à se trouver en présence de cadavres, sachant que c'est le plus souvent à la morgue que cela se produit. Dans la mesure où c'est son lieu de travail, c'est plutôt commode et ça offre une certaine originalité à un concept usé jusqu'à la corde qui voit le personnage principal tenter de modifier le futur car il connaît déjà ce qu'il réserve. Cela n'aboutit pas à des scripts exceptionnels, mais il y a toujours un petit quelque chose qui rend le tout agréable à regarder. Ce n'est pas forcément par rapport à l'empathie que Tru ressent pour les personnes qu'elle tente d'aider (le traitement est d'ailleurs assez maladroit), mais plutôt parce que les personnages sont attachants et vivent bien ensemble à l'écran.
Cette assertion n'est évidemment pas valable pour Meredith, qui est caractérisée de manière assez grossière et ne parvient jamais à exister. On comprend alors aisément pourquoi les scénaristes s'en sont vite passés tant elle n'apportait rien. À l'inverse, les trois hommes qui gravitent autour de Tru sont dignes d'intérêt, même si Luke n'est pas aussi bien exploité qu'il aurait pu l'être. Le couple qu'il forme avec Tru est cependant assez touchant et les deux acteurs ont une bonne alchimie ; cela permet d'oublier que cette relation a pour but principal d'illustrer les sacrifices de l'héroïne, qui met de côté vies sentimentale et scolaire pour mener à bien sa mission.
Harrison, quant à lui, détonne avec son côté insouciant associé à son statut de petit voyou combinard au grand coeur. Il est dans la confidence assez rapidement et sa réaction est à l'opposé de ce que l'on pourrait attendre puisqu'il voit aussitôt le côté pratique de la situation. Enfin, Davis, l'excentrique un peu geek sur les bords et connaissant des difficultés sur le plan social, est un atout majeur. Son aide et son soutien sont inestimables, et il fait souvent parler la voix de la sagesse. Il distille régulièrement des informations sur le pouvoir de Tru et de sa mère : ces revélations participent de la mythologie mise en place et sont gérées avec parcimonie, ce qui permet d'entretenir un certain mystère.
C'est à partir de la mi-saison que les scénaristes commencent à s'amuser avec leur concept, en proposant notamment un épisode type "journée sans fin" quasiment incontournable dans toute série fantastique qui se respecte, et qui a tout à fait sa place ici. Les situations évoluent également, pendant que Tru prend conscience qu'elle ne peut pas sauver tout le monde et que parfois la personne qu'elle doit aider n'est pas celle qu'elle croit. C'est ensuite l'arrivée de Jason Priestley qui change la donne, déjà parce qu'il est excellent, et surtout parce que le personnage qu'il incarne intrigue rapidement.
Les insinuations constantes de Jack incitent à penser qu'il en sait plus qu'il ne le dit, et on le soupçonne rapidement d'être une sorte de nemesis. C'est le cas, mais d'une manière inattendue puisque l'idée d'une balance cosmique fait surface : les morts que Tru évite doivent être compensées. Deux points de vue s'entrechoquent : d'un côté la possibilité de sauver des gens qui n'auraient pas dû mourir, de l'autre la volonté de laisser les choses en l'état car cela entraîne des conséquences fâcheuses sur l'univers lui-même. Ce qui n'est rien d'autre que le premier dialogue dans la crypte entre Tru et Jack : il y avait là un sacré effet d'annonce.
Cela apporte un regain d'intérêt à la série à plusieurs niveaux. Elle évite ainsi le manichéisme et propose une réflexion sur la meilleure manière de procéder en bousculant l'ordre établi. Finalement, qui de Tru ou de Jack a raison ? En devant accepter que les morts le restent, ce dernier n'a-t-il pas une mission bien plus dure que celle de Tru, qui se montre parfois arrogante ?
Elle décide notamment de sauver Jensen qui n'a rien demandé, alors que Jack est déchiré lorsqu'il lâche la main de Megan, qui lui a demandé son aide et dont il est tombé amoureux (dans ce qui est sans conteste le meilleur épisode de la série). Le ton est différent, et leur confrontation offre beaucoup plus de possibilités qu'auparavant.
En revanche, le personnage de Jack perd des points à cause de son association avec le père de Tru - assez antipathique au demeurant, puisqu'il a fait tuer sa femme - et de leurs manigances pour infiltrer le réseau de connaissances de sa fille afin de saper son travail. Pour autant, l'importance de préserver de l'ordre dans l'univers apparaît petit à petit primordiale ; le pétage de plombs progressif de Jensen soutient cette thèse. Malheureusement, il n'y aura jamais de réponse, alors que l'avancée mythologique était conséquente, notamment avec l'inversion des rôles entre Tru et Jack qui permet d'apprendre que ce dernier voit la dernière journée de la personne décédée, ce qui explique qu'il en sache autant.
Mais toute série n'est pas parfaite, et celle-ci comporte bel et bien des défauts. En premier lieu, le fait que les proches de Tru meurent tous est redondant et souligne beaucoup trop (voire même surligne) la difficulté de sa mission et les conséquences qu'elle peut avoir sur ceux auxquels elle tient. On peut aussi regretter l'abandon de l'enquête de la journaliste, alors que Tru venait de lui dire la vérité et que, ne la croyant pas, elle promettait de tout faire pour découvrir son secret.
Cela aurait pu rendre les choses plus compliquées pour Tru, qui aurait dû se battre sur plusieurs fronts à la fois. Enfin, l'idée de replacer Tru dans un contexte étudiant au début de la saison 2 n'est pas mauvaise en soi, mais ses camarades sont totalement transparents donc ça ne fonctionne absolument pas. Toutefois, au regard de la façon intelligente dont le show a évolué, cela ne gâche en rien le visionnage.
Encore une série qui fait partie du cimetière de la FOX, annulée bien trop vite et qui mérite le détour.
L'Halloween Oktorrorfest touche aussi le petit écran, avec chaque week-end, de mi-Septembre à début Novembre, des critiques de séries fantastiques et horrifiques...
Stranger Things, saison 2 :
Un an après les événements ayant touché Hawkins, la ville continue son petit bonhomme de chemin. Eleven est de retour dans notre monde, cachée par Hopper dans une cabane ; Will se remet péniblement de ce qu'il a traversé, et continue d'être étrangement relié à l'Upside Down ; Max, une jeune fille au frère aîné brutal, arrive en ville et divise la petite bande des garçons ; et une entité surnaturelle fait planer une ombre menaçante sur la ville, s'étendant dans l'ombre et sous terre...
Loin de m'enchanter autant que la plupart des critiques, nostalgiques d'années 80 illusoires, ne l'étaient, la première saison de Stranger Things m'avait laissé sur une impression mitigée, celle d'un produit ultra-calibré pour jouer la carte du fanservice, très dérivatif et un peu creux, car assez mal rythmé, mais qui bénéficiait en même temps d'une production impeccable, et d'une distribution principale attachante et juste.
Et comme l'essentiel de la saison était centrée sur les enfants, cela rendait Stranger Things plutôt agréable à regarder, sans être pour autant un chef d’œuvre d'écriture, de terreur, ou même quelque chose de particulièrement captivant.
Sans surprise, la saison 2 s'inscrit dans la droite lignée de la première, sur tous les plans. Ici, les frères Duffer décident de jouer la carte de la suite bigger louder, très inspirée par l'évolution de la franchise Alien, de Alien (avec son monstre unique) à Aliens (avec son armée de monstres, ses tunnels visqueux, ses soldats suivis au radar, son lance-flamme, et son Paul Reiser).
Niveau fanservice et hommage, on retombe donc en plein dedans (on peut aussi citer un peu du Vol du Navigator et de Gremlins pour la relation de Dustin et de Dart), quitte à assommer le spectateur de références et de clins d’œil patauds, et ce dès le premier épisode.
J'ai ainsi eu un mal de chien à m'intéresser à la mise en place longuette des premiers épisodes de la saison, qui se contente d'enchaîner pendant plusieurs dizaines de minutes les gimmicks des années 80, comme pour tenter d'hypnotiser le spectateur et de le plonger dans une transe nostalgique réceptive.
Morceaux d'époque à gogo, jouets, déguisements, Halloween, coupes de cheveux, programmes télévisés, etc : on a droit à un bombardement 80s, saupoudré d'une bande originale synthétique qui, cette fois-ci, m'a paru plus pataude et déplacée qu'autre chose, comme si elle peinait à trouver sa place de façon naturelle.
Et comme si cela ne suffisait pas, les scénaristes prennent la décision de consacrer une bonne partie de ces premiers épisodes aux adultes, aux adolescents (triangle amoureux toujours aussi insipide, avec en prime une fixette tardive de Nancy sur Barb, pour laquelle on peut ne pas remercier les frustrées du web), et aux nouveaux arrivants.
La bande des gamins est divisée (notamment par Max et par Dart), elle est éparpillée, et Eleven, elle, est séparée du reste des personnages pendant le plus clair de la saison (mention spéciale à l'épisode 7, quasi-indépendant, qui la confronte à un groupe de pseudo-punks risibles : un épisode qui ressemble à un backdoor pilot, et qui casse totalement l'énergie et l'élan que le show avait enfin réussi à accumuler à ce moment de la saison), après un retour de l'Upside Down un peu trop facile pour être convaincant.
Et qui dit pas d'Eleven à Hawkins dit beaucoup de remplissage : on a donc Max et son frère ultra-cliché et ridicule, comme je le disais, deux personnages-fonctions qui n'ont aucun intérêt intrinsèque, et ne servent qu'à faciliter/compliquer la tâche des autres enfants ; Dustin et son petit monstre ; Will qui a des visions, et finit par être possédé par l'entité (de quoi recycler toutes les scènes habituelles des films d'exorcisme) ; Winona Ryder toujours en mode fébrile, mais qui en sort occasionnellement lors de scènes avec Bob (Sean Astin), plutôt amusant bien qu'écopant d'un destin funeste des plus télégraphiés ; Paul Reiser en scientifique tentant de réparer les erreurs du passé ; Nancy et Jonathan qui passent tout leur temps à culpabiliser pour Barb, et à vouloir la venger en jouant les lanceurs d'alerte (une sous-intrigue totalement imbuvable et soporifique, qui semble trahir l'incapacité des scénaristes à écrire quoi que ce soit d'intéressant pour ces deux personnages)...
Pendant une bonne moitié de saison, Stranger Things semble ainsi ronronner, incapable de vraiment reproduire la magie (toute relative) de la saison 1, et de gérer de manière convaincante tous ses personnages. Puis la machine (clairement un diesel) donne l'impression de se mettre enfin en branle à l'approche de la mi-saison... jusqu'à l'arrivée de l'épisode 7, qui donne un sérieux coup de frein à tout cela (en même temps, les origines d'Eleven étaient loin d'être un élément intéressant ou indispensable à mes yeux) ; mais heureusement, la saison se termine de manière nettement plus nerveuse et convaincante (voire même touchante, pour le bal hivernal), même si elle n'évite pas quelques scènes ridicules relatives à Billy, le grand-frère de Max.
Dans l'ensemble, la saison 2 de Stranger Things m'a donc déçu, alors que je n'en attendais, à la base, pas forcément grand chose.
Trop de digressions, trop de personnages inutiles ou sous-exploités, trop de séparation entre les membres du groupe, trop de maladresses dans l'écriture... de manière surprenante, ce sont des duos comme Hopper/Eleven, ou Dustin/Steve qui s'avèrent les plus mémorables, et les plus intéressants dans leurs interactions.
Alors certes, la série reste très bien produite, bien interprétée, les créatures de l'Upside Down sont toujours visuellement très cauchemardesques, et le capital sympathie de la plupart des personnages principaux fait que l'on reste attaché à leur sort, mais... franchement, ça tire un peu trop souvent à la ligne, et les rebondissements éventés sont tellement légion (le retour in extremis d'Eleven, la mort de Bob, la réapparition finale de Dart...) qu'ils franchissent allègrement la limite très ténue entre hommage aux années 80 et grosses ficelles honteuses.
L'Halloween Oktorrorfest touche aussi le petit écran, avec chaque week-end, tout le mois d'octobre, des critiques de séries fantastiques et horrifiques...
[Dark/Web], saison 1 (2019) :
Alors qu'ils reçoivent des mails étranges de Molly (Noemi Gonzalez) , une amie de lycée qu'ils n'ont pas revue depuis des années, des individus aux profils différents - Ethan (Brian Ellerding), journaliste au chômage, Sam (Lana McKissack), influenceuse web, et James (Michael Nardelli), enseignant au fond du trou - décident de mener l'enquête, sans se douter que leurs appareils technologiques vont les trahir...
Pseudo-anthologie en 8 épisodes diffusés sur Amazon, et issue de l'imaginaire des créateurs du film de science-fiction Cercle, [Dark/Web] joue sur les peurs et les incertitudes liées au web, au monde moderne, et à la technologie, pour mettre en place un programme qui semble fortement lorgner sur Black Mirror et compagnie...
Ayant pour fil conducteur l'enquête des amis de Molly, la série s'articule ainsi autour de ces segments, entrecoupés de courts-métrages de 10-15 minutes s'intéressant aux menaces des nouvelles technologies, et supposés être des récits de fiction inclus par Molly dans les mails envoyés à chacun de ses amis. Une structure pas forcément inhabituelle (V/H/S faisait de même avec ses vidéos) mais qui ici est parfois étrangement déséquilibrée, et pas aidée par des épisodes à la durée très variable, pouvant aller de 25 minutes à plus d'une heure...
1x01 - Un conducteur de vtc au bout du rouleau découvre que son appli lui parle directement, lui révèle tous les secrets de ses passagers, et l'incite à les punir...
Pas désagréable, mais une interprétation très inégale des passagers, et un sujet pas forcément très original. À noter Julie Benz, qui fait la voix de l'application.
1x02 - Une serveuse de fast-food devient mondialement connue sur le web lorsqu'une star publie sa photo sur sa page de réseau social - mais cette célébrité inattendue attire sur elle l'attention du dark web...
Assez mauvais, gentiment surjoué (la post-synchro des clients, et de manière générale, les voix-off, sont calamiteuses), et à la conclusion plutôt idiote.
1x03 - Un hôpital empli de zombies, des survivants, et un jeu vidéo...
Un épisode bizarre, plus centré sur les trois protagonistes que sur la "nouvelle", ce qui se traduit par un segment très court écrit, réalisé et interprété par Zelda Williams ; un segment anthologique qui semble se terminer en queue de poisson, et être totalement déconnecté du reste.
1x04 -Un veuf sexagénaire a besoin d'un nouveau cœur en urgence, sa fille lui en trouve un sur le marché noir, mais lorsque le greffé commence à avoir des visions étranges, il ne sait pas s'il est possédé, ou si c'est la culpabilité qui le ronge...
Alors là, un bon gros WTF, puisque l'épisode dure 54 minutes, qu'il est cousu de fil blanc, que le segment en lui-même se termine en queue de poisson après avoir été prévisible de bout en bout, et surtout, qu'une place inutile est laissée aux trois protagonistes habituels qui rendent visite à un patient dans un hôpital psychiatrique.
À noter, un caméo de Robert Davi en chirurgien louche.
1x05 -Un jeune homme arrive chez une cougar, pour passer la nuit avec elle...
Retour à une durée plus classique, pour une histoire cousue de fil blanc (on devine la chute de ce segment très Contes de la Crypte dès son titre pas très finaud), avec Clare Kramer en lingerie, et une réalisation maniérée.
Au niveau du fil conducteur, on a droit à une présentation précipitée d'Amy, la petite amie lesbienne hackeuse rebelle habillée de cuir de Molly, la disparue : un joli cliché ambulant, pas très convaincant, et qui n'apporte pas grand chose à des personnages toujours aussi antipathiques.
1x06 - La vie et la carrière de Molly, avant sa disparition.
Un épisode d'une trentaine de minutes, intégralement narré en flashback, et consacré au personnage de Molly, et à son poste au sein de l'entreprise de sécurité informatique de Nicholas Brendon. Pas forcément désagréable, bien qu'un peu surjoué çà et là.
1x07 -Une jeune femme studieuse se laisse convaincre par sa colocataire bimbo d'essayer une application de rencontre à la mode, et rencontre quelqu'un, mais rapidement, elle devient la victime d'une rumeur virale l'accusant d'être atteinte d'une STD, et elle voit son corps se transformer...
67 minutes d'épisode, plus déconnecté que jamais : le récit (axé body horror) est efficace, mais très balisé et bien trop long (Dora Madison est excellente, cela dit), en plus de se perdre dans un propos bancal sur la créativité, la narration, etc (ça s'ouvre sur une explication du test de Bechdel, quand même) et d'avoir un thème très similaire à celui du 1x04 (la culpabilité, etc) ; et le reste n'est pas très intéressant, avec des personnages toujours plus stupides et agaçants.
1x08 -Accompagnés par Amy, et les autorités à leurs trousses, le trio découvre une trappe secrète menant au cadavre de Molly, décédée devant ses écrans, face à une intelligence artificielle qu'elle avait dérobée à son entreprise...
Une conclusion d'une demi-heure, assez inaboutie, car à la fois télégraphiée (dès le début du premier épisode de la saison, on pouvait déjà plus ou moins deviner les tenants et les aboutissants de l'histoire), et pas très bien écrite ou interprétée. Résultat : lorsque vient le moment de la grande décision des protagonistes, on est très loin de se ranger à leurs côtés, et on a même un peu tendance à les trouver énervants (l'interprétation y est pour beaucoup).
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En résumé, une semi-anthologie vraiment peu convaincante, entre ses personnages antipathiques, son propos gentiment éventé (Black Mirror a déjà fait pareil, en mieux), sa direction d'acteurs mitigée, son rythme décousu, etc.
Dark/Web donne ainsi souvent l'impression que ses créateurs (l'un d'eux est aussi scénariste/réalisateur et interprète de l'un des personnages principaux) ont refourgué leurs courts-métrages à Amazon, et qu'ils ont recyclé un pitch de long-métrage inabouti et/ou brodé autour de leurs courts une vague histoire de conspiration, d'intelligence artificielle et d'e-mails, histoire d'en faire "une anthologie d'anticipation".
Un projet vraiment bâtard et bancal, au final, pas vraiment satisfaisant ou original.
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Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de toutes les séries passées en revue sur ce blog en cliquant directement sur ce lien...