Il était une fois Lurdo & Sygbab, deux internautes passionnés de séries tv et de cinéma, et qui cherchaient un endroit où archiver leurs avis (semi) éclairés...
Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine, et des critiques d'une vingtaine de lignes, tout au plus. Et cette semaine, on se concentre sur la romance, à l'occasion de la Saint Valentin...
Spanglish :
Mère célibataire, Flor (Paz Vega), une immigrante illégale mexicaine, trouve un travail chez les Clasky, Deborah (Téa Leoni) et John (Adam Sandler), un couple américain aisé qui ne parle pas espagnol. Bien vite, cependant, la barrière du langage fait que Flor s'installe avec sa fille chez les Clasky, et se rapproche progressivement de John, qui peine par ailleurs à supporter son épouse instable, égocentrique et hystérique...
Une dramédie romantique américaine assez inégale, qui aborde de nombreuses thématiques (différences culturelles, immigration, lutte des classes, intégration, mariage, problèmes psychologiques, parents, enfants, romance, etc), mais ne parvient pas à toutes les approcher avec la même subtilité.
Parfois, cela fonctionne très bien (tout ce qui a trait aux enfants, ou encore la romance jamais consommée entre Sandler et Vega), et parfois, cela vire à la mauvaise caricature (Leoni et sa mère, notamment, et leurs scènes clairement sitcomesques, alors que Leoni assure pourtant dans un rôle déjà particulièrement antipathique et insupportable - d'autant plus que ce personnage me rappelle des personnes que j'ai bien connues IRL).
Ajoutez à cela une réalisation assez transparente, et on se retrouve avec un tout longuet et qui déçoit un peu. Dommage, parce que le tout est globalement plutôt intéressant, et assez bien interprété (la jeune Sarah Steele est mémorable).
3/6
La Saison des Amours (Strawberry Summer) :
Beth Landon (Julie Mond), enseignante en musique dans un lycée et Reine des Fraises de sa ville, invite une superstar de la musique country, Jason Keith (Trevor Donovan) à se produire lors du Festival des Fraises local. Mais Keith est un bad-boy à la réputation calamiteuse, et lorsqu'il arrive, Beth comprend vite que, derrière son attitude, le chanteur est quelqu'un de torturé, et qui cache un profond secret pouvant bouleverser sa carrière. Pourtant, ensemble, l'enseignante et la star de la country vont apprendre à se connaître, et à se faire confiance...
Un téléfilm Hallmark particulièrement country et... euh... je m'aperçois que je n'ai absolument rien à en dire. Rien de bien, en tout cas.
C'est clairement l'un de ces téléfilms romantiques Hallmark faits avec un budget minimaliste, avec un couple d'acteurs principaux inconnus, peu charismatiques, mais suffisamment beaux et compétents pour faire illusion, et confiés à une équipe technique bon marché.
Ici, outre l'histoire inintéressante au possible, et les seconds rôles (Shelley Long en tête) qui en font trois tonnes, cela se traduit surtout par un montage déficient, qui change d'axe et de sujet toutes les deux secondes, ou à chaque fin de phrase, tentant ainsi d'insuffler un rythme de blockbuster à des scènes et à un film qui n'en ont pas besoin.
Résultat, tout sonne faux et forcé, et instinctivement, on perçoit que quelque chose ne tourne pas rond d'un point de vue technique. À oublier très vite.
1.5/6
Un Prince Pas Très Charmant (Fixing Pete) :
Pete (Dylan Bruno), journaliste sportif, est un véritable cliché ambulant de l'homme beauf, sexiste et macho, sans le moindre raffinement ; Ashley (Brooke Burns), elle, est l'une de ses collègues, qui présente une rubrique de relooking ultra-populaire. Lorsque leurs patrons leur demandent de s'associer, pour qu'Ashley relooke Pete dans le cadre de sa rubrique, les deux reporters s'insurgent, d'autant que le courant ne passe pas du tout entre eux. Jusqu'à ce qu'ils apprennent mieux à se connaître...
Le titre français de cette rom-comHallmark résume bien le tout : on est dans un conte de fées, avec personnages caricaturaux, musique envahissante, rebondissements totalement prévisibles et basiques, et protagoniste masculin assez peu attachant.
Non pas que cette version masculine de My Fair Lady soit mal jouée, mais tout y est tellement générique et insipide qu'au final, on oublie les 3/4 du récit à peine le métrage terminé.
Et Stacy Keibler y est sous-exploitée, en plus.
2/6
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Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de tous les films passés en revue sur ce blog dans le menu Index de haut de page, ou en cliquant directement sur ce lien....
Halloween, c'est terminé, et jusqu'à la fin de la semaine, on achève l'Oktorrorfest sur le blog des Téléphages Anonymes, avec au programme la fin de ce marathon de cinéma fantastique et d'horreur qui a duré un peu moins de deux mois, de mi-Septembre à début Novembre...
Scooby-Doo : le Mystère Commence (Scooby-Doo ! The Mystery Begins) :
Après une échauffourée ayant eu lieu à bord du bus scolaire, quatre adolescents - Fred (Robbie Amell), Velma (Hayley Kiyoko), Daphne (Kate Melton) et Shaggy (Nick Palatas) - doivent passer du temps en colle dans leur lycée de Coolsville. Ils sont alors attaqués par des esprits menaçants, qui saccagent l'établissement : accusés à tort par leur proviseur, les quatre nouveaux amis sont suspendus, et décident de s'associer pour découvrir le véritable responsable de cet incident...
Un téléfilm faisant office de préquelle aux deux opus cinématographiques avec Sarah Michelle Gellar et compagnie, ce Mystery Begins est assez moyen, pour ne pas dire médiocre : si Freddy, Shaggy et Velma (asiatique, mais attachante au possible) sont assez bien castés, Daphne est par contre assez insipide, et peu convaincante dans sa tenue et dans son rôle.
À l'identique, le Scooby Doo numérique est raté, comme le reste des effets numériques, et les bruitages sont particulièrement médiocres (et occasionnellement mal synchronisés), ce qui n'aide pas un scénario ultra-basique (et surnaturel...) à surnager.
Néanmoins, l'énergie des acteurs sauve un peu le tout, et permet à ce téléfilm d'atteindre (de justesse) la moyenne.
3/6
Scooby-Doo et le Monstre du Lac (Scooby-Doo ! Curse of the Lake Monster) :
À l'occasion des vacances d'été, Scooby, Fred (Robbie Amell), Velma (Hayley Kiyoko), Daphne (Kate Melton) et Shaggy (Nick Palatas) partent pour le country club de l'oncle de Daphne, Thornton Blake V (Ted McGinley), pour y travailler pendant quelques semaines. Mais le club est alors attaqué par une créature étrange, sorte de crapeau bipède stéroïdé, qui s'en prend aux vacanciers. Aussitôt, le Scooby Gang mène l'enquête... mais Velma est étrangement absente, et Shaggy, lui, commence à éprouver pour elle plus que de la simple amitié...
Second téléfilm préquelle aux deux films cinématographiques, cette suite montre une certaine évolution par rapport à Le Mystère Commence : le cast est nettement plus à l'aise que dans le premier opus, leur relookage est nettement plus convaincant, et ils sont plus "mûrs" (Daphne a gagné en formes, en tenues moulantes, en charme et sa couleur capillaire est nettement plus naturelle ; Fred a gagné en muscles, en action, et finit torse nu ; Velma porte des tenues plus stylées, et est toujours adorable au possible ; l'accent est mis sur les relations amoureuses Daphne/Fred et Velma/Shaggy...) ; les effets spéciaux sont nettement meilleurs (notamment Scooby) ; les passages musicaux sont décalés et humoristiques (le générique de fin façon 60s, avec en prime un défilé des méchants les plus emblématiques du show, fait très plaisir), et les guest stars (Ted McGinley, Nichelle Nichols, Marion Ross, Richard Moll, Michael Berryman) sont elles aussi très sympathiques.
Après, ces améliorations "techniques" sont contrées par quelques problèmes assez agaçants : les relations amoureuses sont trop présentes, et prennent le pas sur le reste du script ; le script, justement, est toujours ultra-basique et télégraphié, digne d'un épisode de 25 minutes délayé au possible ; et le pire, je crois, c'est qu'encore une fois, on a droit au Scooby Gang confronté à une vraie menace surnaturelle... alors que le Scooby Doo original, c'est, réduit à sa plus simple expression, une dénonciation du surnaturel et de l'obscurantisme superstitieux : avant, le surnaturel était l'exception, désormais, c'est la norme. Malheureusement.
Les tribulations de Georgie (Ed Gamble) et Poppy Carlton (Amy Hoggart), aristocrates britanniques assez mal placés dans l'ordre de succession du trône de Grande Bretagne, et qui, à la mort de leur père, grand américanophile, décident de visiter les USA en compagnie de l'urne de leur géniteur, afin de mieux comprendre ce pays étrange.
Je ne suis pas forcément très amateur du genre des caméras cachées, ou de la cringe comedy, qui a pour principe de rire en voyant des personnages se ridiculiser à cause de leur égo ou de leur manque de tact social, entre autres (cf le travail de Ricky Gervais/Stephen Merchant, par exemple), tant ce genre d'humour peut rapidement devenir cruel et gratuit (et exploiter le temps et l'énergie de personnes innocentes dont on se moque).
En effet, quand ces deux styles se combinent, comme dans les longs-métrages de Sasha Baron Cohen (Borat, Bruno), cela peut rapidement s'avérer très inégal, en fonction du talent de l'artiste, de ses intentions, et des réactions que celui-ci parvient à obtenir de ses interlocuteurs.
Ici, Almost Royal marche directement dans les traces de Cohen, avec ces deux aristocrates imbuvables - Georgie, le grand dadais un peu niais et ahuri, à la remarque toujours déplacée, et Poppy, égocentrique absente, vaniteuse et superficielle - qui traversent les USA avec plus ou moins de bonheur.
Dans l'ensemble, les deux acteurs (comédiens de stand-up et, pour Hoggart, correspondante au sein du show Full Frontal with Samantha Bee) s'en sortent très bien, incarnant toujours constamment leurs personnages, même dans les situations les plus compliquées et improbables.
Le programme, lui, est plus inégal. La faute à un schéma structurel qui change à mi-parcours, entre la première et la deuxième saison : la première saison était axée sur des villes, sous un format road trip. Georgie et Poppie visitaient ainsi une ville par épisode, commençant à Los Angeles, pour finir à Nashville, en passant par Boston, le Texas, New York, Detroit et Washington DC. Cela donnait à chaque épisode une unité de ton et de lieu, et une plus grande véracité, puisque les autochtones étaient abordés dans la rue, avec plus ou moins de succès en fonction des régions.
À contrario, la saison 2 fait le choix d'axer ses épisodes autour de thèmes : la beauté, la nature, les sports, la romance, le futur, les forces de l'ordre, le monde du travail et les fêtes américaines. Dans chaque épisode, les deux protagonistes visitent des lieux, des entreprises, des personnes situées aux quatre coins du pays, en rapport avec le thème de la semaine, le tout parsemé de morceaux d'une interview (façon Raphaël Mezrahi) avec un invité hebdomadaire : Mario Lopez, Laura Bell Bundy, Dennis Rodman, Michael Uri, George Takei, Jimmy Tatro, Whitney Port, Liza Vanderpump.
Le problème est immédiatement évident. Non seulement les épisodes semblent plus artificiels, sans réelle unité de lieu ou d'environnement, mais en plus, les interviews sont particulièrement frustrantes, car coupées en micro-extraits de 30 secondes, laissant tout juste le temps d'une ou deux punchlines, sans plus.
Une saison 2 finalement assez décevante, et l'on se demande souvent pourquoi le duo visite tel ou tel endroit, ou interroge telle ou telle star de la D-list, qui semble parfois ne pas être dupe de l'imposture.
Cela dit, le tout reste assez sympathique à suivre, et avec à peine une vingtaine de minutes par épisode, pas le temps de s'ennuyer, ou de se lasser du format. J'avoue avoir ponctuellement été tenté de faire avance rapide sur certains épisodes : non pas par ennui ou agacement, mais plus par gêne pour les personnes à l'écran. Ce qui prouve que le concept marche, mais qu'il frôle les limites de ma tolérance à ce genre de comédie.
Reste que, de manière plus générale, le changement de structure n'était pas une très bonne idée, et, si tant est que le show soit renouvelé par BBC America pour une troisième saison, j'espère qu'il reviendra à quelque chose de plus proche de la saison 1.
Noël approche, et comme tous les ans, c'est l'heure de la Christmas Yulefest sur le blog des Téléphages Anonymes, avec au programme un marathon de cinéma festif pendant toutes les fêtes de fin d'année...
Les 3 Rois Mages (2003) :
Petit garçon ne croyant plus en Noël car il n'a pas reçu de cadeau, Jim écoute l'histoire que lui raconte son grand-père : celui-ci lui narre en effet les aventures de Melchior, Gaspard et Balthazar, trois sorciers antiques réunis par une étoile mystérieuse, et qui doivent mettre de côté leurs différences pour retrouver les attributs royaux, afin de les offrir au Roi des Rois, sur le point de naître en Galilée ; pour les aider en chemin et leur permettre de contrer les plans des maléfiques Hérode et Belial, ils pourront compter sur l'assistance de Sarah, une rebelle, et Tobias, fils de Jason...
Un film d'animation espagnol, supervisé par un réalisateur et des animateurs ayant autrefois travaillé chez Disney, ce qui confère au métrage une animation assez réussie, dans un style parfois réminiscent de Don Bluth ou de Disney (la direction artistique est cependant plus inégale, surtout au niveau des personnages).
Tout n'est cependant pas parfait au niveau visuel, puisque les décors un peu ternes et en retrait manquent parfois de profondeur, de détails et de relief, ce qui donne l'impression de personnages marchant devant une toile de fond esthétique mais plate ; à l'identique, on repère ça et là des facilités d'animation assez grossières, comme des silhouettes animées et copiées-collées à de multiples reprises (je pense par exemple aux loups dupliqués).
Dans l'absolu, cependant, l'animation reste le dessus du panier des métrages de ce type (à savoir des sous-Disney en 2D aux ambitions notables) ; quel dommage alors que le reste de la production desserve à ce point les efforts investis dans le visuel de ce long-métrage.
En effet, les bruitages sont souvent trop en retrait, et empêchent de vraiment croire à la réalité physique du monde montré à l'écran ; le doublage français est particulièrement inégal, voire parfois mauvais ; la bande-originale est très répétitive et dérivative (sans que je parvienne à vraiment mettre le doigt sur ce dont elle s'inspire) ; et, last but not least, le script est particulièrement problématique.
Car on aurait pu se dire qu'en narrant la quête des Rois Mages, les scénaristes auraient tenté de coller un minimum à la légende biblique. Et bien non, puisque ce métrage s'avère une film d'aventures façons "Les Rois Mages Begins", et mélange de nombreuses mythologies dans une quête pseudo-épique, et assez brouillonne. Probablement la faute de la réécriture complète du script intervenue en cours de production, afin de changer la direction du métrage.
Entre les innombrables personnages secondaires inutiles (mention spéciale au duo Tobias/Sarah, uniquement là pour assurer le quota de romance du film, et pour placer une fille "sexy" aux lèvres collagénées et à l'air idiot dans un récit biblique qui n'en avait pas besoin), les rebondissements improbables (les pièges du Temple final, à la Indiana Jones), les méchants caricaturaux, et les péripéties finalement assez décousues, ce Trois Rois Mages ne convainc jamais vraiment, et manque cruellement de merveilleux, de magie, ou même de religieux (surtout compte tenu du sujet).
2.5/6, pour les efforts (certes insuffisants) fournis, notamment au niveau de la direction artistique.
Deuxième étoile à gauche (Second Star to the Left - 2001) :
La veille de Noël, un paquet cadeau tombe du traîneau du Père Noël, et atterrit dans une grange, où vivent Archie (Hugh Laurie), Babs et Duke, trois animaux curieux. Rapidement, mené par le lapin Archie (dont l'existence fermière l'ennuie profondément), le trio décide de livrer eux-même ce colis mystérieux avant le petit matin, et de vivre une aventure inattendue qui va changer leur vie...
Un joli film d'animation de 30 minutes, diffusé sur la BBC en 2001, la veille de Noël.
C'est assez charmant, avec une animation et un design global plutôt stylisés (Archie ressemble un peu à Bugs Bunny dans ses mouvements et son apparence), pour un résultat gentillet, sans plus, qui manque un peu de substance, souffre d'une illustration musicale inégale, et qui laisse Hugh Laurie un peu trop en roue libre. Mais pour les plus jeunes, c'est sympathique.
Il y a plus de 2000 ans, Bo (Steven Yeun), un petit âne rêvant d'aventure, quitte son étable en compagnie de son compère Dave (Keegan-Michael Key), un pigeon, et se lance dans une épopée improbable pour aider Marie (Gina Rodriguez) et Joseph (Zachary Levi) à rejoindre Bethléem...
Une assez bonne surprise, puisque je me méfiais particulièrement de cette énième adaptation de la Nativité, et de son approche "la crèche du point de vue d'un petit âne" très dérivative (cf ces films, entre autres).
Je craignais quelque chose de très religieux et prosélyte - surtout compte tenu des producteurs et du studio - et je redoutais un film d'animation fauché et laborieux.
Heureusement, ce métrage confié à Cinesite est plutôt convaincant, sur le plan technique : c'est joli, bien animé, assez rythmé, et si c'est parfois assez dérivatif, le tout se regarde sans le moindre problème, et possède même un certain capital sympathie. À l'identique, le doublage est convaincant : Steven Yeun, Gina Rodriguez, Zachary Levi, K-M Key, Patricia Heaton, Kristin Chenoweth, Tracy Morgan, Tyler Perry, Aidy Bryant, Christopher Plummer, Ving Rhames... autant de noms qui n'ont plus à faire leurs preuves, et qui s'acquittent bien de leur tâche.
Non, là où le bât blesse, c'est au niveau de l'illustration musicale - non seulement le score musical du film est insipide au possible, mais en plus, tout le film est parsemé de chansons R’n’B insérées aléatoirement, sans rapport avec la scène autre que "c'est une chanson de Noël, mettez-la là". On se retrouve notamment, sur la toute fin, avec la naissance du petit Jesus sur fond de R’n’B à la boîte à rythme tirée des 90s, avec une Mariah Carey qui fait ses vocalises... forcément, ça casse la féérie et le merveilleux.
Alors entre ces chansons qui empêchent absolument toute immersion, et toute la sous-intrigue des trois dromadaires des Rois Mages, qui ne sert à rien, n'est jamais drôle (avec son Tracy Morgan en roue libre) et ne sert qu'à brosser la communauté afro-américaine dans le sens du poil (en plaçant des célébrités comme Oprah Winfrey dans le film), on se retrouve avec un dessin animé qui ne sombre jamais dans le prosélytisme pataud, et qui parvient à rester amusant et distrayant, mais qui souffre aussi de problèmes très clairs.
Des problèmes inhérents à sa nature de film évangélique ayant le postérieur entre deux chaises, tentant d'apporter (sans y parvenir) un nouvel éclairage à un récit balisé de bout en bout, tout en l'édulcorant un peu et en le résumant à tous ses clichés habituels, et en en faisant un film d'aventures pour enfants, avec un humour et des péripéties pas forcément très inspirées.
3/6 (ça pourrait être pire)
Hôtel Transylvanie - The Fright Before Creepmas :
Bien décidée à rendre l'esprit de Creepmas à sa tante Lydia, Mavis se rend chez Krampus, et dérobe le cadeau de Creepmas que Lydia n'a jamais reçu lorsqu'elle était petite...
Un double épisode festif qui, à l'instar des autres épisodes de la saison, est sympatoche, mais un peu creux. Alors certes, l'ambiance est intéressante et inventive, mais le show a toujours les mêmes problèmes d'écriture et d'intérêt chronique, sans même parler du doublage très très polarisant de Dracula, qui narre ici l'épisode en voix off.
Anecdotique, en somme.
3/6
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Comme toujours, retrouvez la liste complète (et mise à jour avec les titres français) des films de Noël déjà passés en revue sur ce blog les années précédentes, en consultant notre Index Christmas Yulefest disponible ici...
Après une première saison lorgnant très fortement sur Frank Drebin et l'humour des ZAZ, Angie Tribeca avait fait volte-face, en saison 2 (cf la critique des deux premières saisons sur ce blog), et était partie dans quelque chose de moins déjanté et de plus sérialisé... mais pas forcément de beaucoup plus convaincant.
Angie Tribeca, saison 3 (2017) :
Alors que Geils (Hayes MacArthur) est pressenti pour une promotion importante, et qu'Angie (Rashida Jones) songe à rendre son badge pour s'occuper de leur enfant, une série de meurtres sanglants ébranle la ville : Calvin Sniglet (Rob Riggle), un dangereux défenseur des animaux, s'en prend aux grands chasseurs de la région, et menace tous les citoyens. Angie n'a alors d'autre choix que de rendre visite au Dr. Thomas Hornbein (Chris Pine), un psychopathe emprisonné, pour tenter de mieux cerner l'esprit de Sniglet...
Et cette saison 3 tente, visiblement, de trouver un juste milieu entre le rythme improbable des gags absurdes de la saison 1 et la sérialisation de la saison 2 ; ici, en guise d'intrigue de fond, on a l'enquête de Tribeca sur Calvin Sniglet, et la promotion à venir de Geils : deux sous-intrigues traitées de manière superficielle et décousue, mais finissant par se rejoindre dans un épisode final qui divisera (puisque rendant toute la saison caduque).
C'est bien là le souci de la saison, en fait : à trop tenter d'avoir l'absurdité d'un ZAZ ou d'un Sledge Hammer, et la sérialisation d'un Brooklyn 99, le show se retrouve le postérieur entre deux chaises, et semble hésiter à s'engager vraiment dans l'une ou l'autre direction.
Les guest stars répondent pourtant toujours présentes - qu'ils soient des habitués ou des petits nouveaux, la liste des invités est toujours assez longue - Alfred Molina, Heather Graham, Mary McCormick, Jack McBrayer, Timothy Omundson, Jessica St. Clair, Rob Rigle, Nate Torrence, Randall Park, Michele Dockery, Natalie Portman, Rachel Dratch, Robert Pine, Constance Zimmer, Stephen Root, Lizzy Caplan, John Michael Higgins, Ed Helms, Ernie Hudson, Billy Gardell, Peggy Lipton, et last but not least, Chris Pine qui se déchaîne en pseudo-Hannibal Lecter - et l'idée de décliner Angie Tribeca en Angie Tribeca Miami/Angie Tribeca New York/Angie Tribeca Nouvelle Orléans était amusante et dépaysante... malheureusement, elle n'est pas assez exploitée, et sur les dix épisodes de la saison, la traque de Rob Riggle est totalement oubliée pendant près de cinq épisodes.
Autrement dit... la série reste égale à elle-même : c'est tout à fait regardable, suffisamment absurde pour arracher au minimum un sourire par minute, mais cela reste toujours assez inégal, et très dépendant du scénariste en charge de chaque épisode. Certains maîtrisent ainsi parfaitement l'équilibre absurde/intrigue, d'autres font dans le délire ZAZ le plus improbable et épuisant, et d'autres enfin sont bien trop épris du côté policier, et peinent à intéresser.
Une saison très hétérogène, donc, à l'image de la série dans son ensemble : c'est loin d'être mauvais ou désagréable, mais on sent toujours que le programme se cherche, peine à trouver un ton consistant, et lutte occasionnellement à tenir la distance.
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Retrouvez aussi toutes les autres séries passées en revue sur ce blog en cliquant ici et ici.
Après une saison 1 lorgnant très fortement sur Police Squad, une saison 2 choisissant une approche plus modérée et sérialisée, et une saison 3 tentant maladroitement de combiner les deux, voilà la saison 4 d'Angie Tribeca, une nouvelle fournée diffusée d'un bloc fin 2018, avec encore un changement radical de direction au programme.
Angie Tribeca, saison 4 (2018) :
Tout juste sortie de vingt années de prison pour usurpation d'identité, Angie retrouve son équipe, une équipe qui a bien changé, puisque Geils et Tanner ne sont plus là. À leur place, Maria (Kiersey Clemons), et AJ Geils Jr. (Bobby Cannavale), le fils adulte d'Angie. Désormais rebaptisée Special Division Force, l'escouade agit maintenant sous les ordres du Vice-Président Joe Perry (Matthew Glave), autrefois responsable de l'emprisonnement de Tribeca...
Et en effet, cette saison se déroule 20 ans après la précédente, une fois Angie sortie de prison.
Ce qui entraîne un renouvellement partiel de la distribution : Angie revient (avec une coupe de cheveux plus courte, et totalement synthétique), Atkins (Jere Burns) aussi (atteint d'un parasite qui le dévore de l'intérieur - une sous-intrigue qui ne va nulle part), Scholls (Andrée Vermeulen) idem (mais avec toujours plus d'antipathie pour Angie)... et avec eux, le petit fils du chien Hoffman, Geils Jr (le fils d'Angie, vingtenaire interprété par le quasi-quinquagénaire Bobby Cannavale), et Maria (Kiersey Clemons), une sorte de mentaliste millenial ultra-perceptive.
Toute cette petite équipe est désormais réunie sous l’appellation Special Division Force (SDF ^^), un groupe officieux au code moral douteux, travaillant directement sous les ordres du Vice President Perry, et qui, dans chaque épisode, se confronte, en infiltration, à des affaires toujours plus étranges.
Et c'est là que la nouvelle direction de la série entre en jeu : cette année, après avoir navigué entre sérialisation poussée et humour ZAZ, le show s'essaie à la parodie directe.
Chaque épisode voit ainsi la série parodier, avec ses guest stars, un genre ou un film en particulier (Grey's Anatomy, avec Eliza Coupe ; 21 Jump Street & Glee, avec Isla Fischer et Dove Cameron ; le monde des e-sports avec Jimmy Tatro et Gillian Jacobs ; Le Diable s'habille en Prada avec Anjelica Huston - et un caméo de Deon Cole ; Wall Street avec Jim Rash et Rose Byrne ; Fargo et No Country for Old Men avec Tony Cavalero ; Scandal avec Gina Torres et Heather Graham ; Erin Brockovich et Boston Legal avec John Michael Higgins et Harry Hamlin ; Indiana Jones & Benjamin Gates ; Air Force One, Face/Off et Esprits Rebelles avec Kathryn Hahn et Carol Burnett), et la série prend progressivement de faux airs de film de Friedberg et Seltzer (la série des _______ Movie).
Ce qui n'est pas forcément une bonne chose, et ce quand bien même une intrigue récurrente centrée sur Pierre Cardin (Taran Killam), diplomate/espion français voulant reprendre aux USA les terres cédées lors de la vente de la Louisiane servirait de fil rouge (souvent absurde et non-sensique) à la saison.
Le problème, en fait, c'est que cette succession de parodies ne fonctionne, comme souvent, que très ponctuellement, et que la série a un peu de mal à équilibrer sa nouvelle direction, et ses gimmicks habituels. Certains des épisodes, ainsi, tournent à vide, avec un abus de vannes littérales tel que l'on n'en avait pas vu depuis la saison 1, et des gags tellement mécaniques que leurs chutes en sont télégraphiées, tandis que d'autres se prennent un peu trop au sérieux dans leur enquête et finissent par paraître mollassons.
Pourtant, Angie Tribeca reste globalement sympathique, principalement parce que tout le monde a conscience de jouer dans une série farfelue, et qu'un évident souci du détail rend les parodies assez réussies (surtout dans le cas de Fargo et de Wall Street).
Mais comme dans les saisons précédentes, il semble toujours manquer un petit je-ne-sais-quoi pour vraiment rendre Angie Tribeca homogène, et éviter que la série ne ressemble à un succédané d'autres œuvres absurdes plus maîtrisées.
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Lors de sa diffusion sur Netflix, l'année dernière, j'étais resté étrangement mitigé devant la première moitié de la saison 4 de Kimmy Schmidt. Une ultime saison qui surfait de manière prononcée sur le mouvement #MeToo pour "confronter Kimmy aux horreurs de la société moderne et du genre masculin", comme je le disais alors, afin de tenter de faire mûrir et évoluer ses personnages... malheureusement, un manque certain de finesse et de subtilité dans cette approche rendait le tout un peu laborieux, et surtout, privait le show de son optimisme et de sa positivité habituels, inhérents à son personnage principal.
Unbreakable Kimmy Schmidt, saison 4 - deuxième partie (2019) :
Et dans un premier temps, la série semble décidée à continuer dans la même direction que lors de la première moitié de la saison : entre Jacqueline confrontée aux millenials (présentés comme trop apeurés par le politiquement correct de la société actuelle pour oser séduire les femmes de leur âge, mais s'avérant tous être de gros porcs profitant des cougars en manque d'amour et de sexe), Titus emporté par le #MeToo/scandale Weinstein des marionnettes (avec caméo de Ronan Farrow et de Jon Bernthal en prime) et le retour de Bobby Moynihan, l'incel MRA désormais amoureux, qui veut se démarquer du reste de son mouvement, la saison a de nouveau recours aux mêmes ficelles un peu grosses, et un peu trop pataudes.
Et puis, à mi parcours, arrive un double épisode, façon réalité alternative : et si Kimmy, dans ses jeunes années, n'était pas montée dans le van du Révérend ?
Un double épisode longuet et un peu vain, qui présente une Kimmy arrogante, ambitieuse et vaniteuse, qui finit par épouser un Titus superstar, homosexuel refoulé ayant rejoint une pseudo-Scientologie. Jacqueline, elle, y est une mère de famille white trash ayant épousé un Mikey lui aussi refoulé, et qui finit par séduire (un temps) Donald Trump (une caricature médiocre, pour un caméo médiocre) ; et enfin, Lillian, qui devient chef de gang latino dans son quartier... avec, pour conclusion, la mort de Kimmy et Titus aux mains d'un tueur en série. Certes.
Après ce double épisode peu convaincant (trop long, mal rythmé, manquant d'idées), la série n'a plus que trois épisodes pour se conclure : les scénaristes précipitent alors un peu le tout, en amenant Zachary Quinto en agent tout droit sorti d'Entourage (un personnage qui sert de love interest à Jacqueline, désormais agente - presque - à succès), en ramenant Xan pour un bref caméo, Sheba pour une leçon de vie, en faisant décrocher à Titus un rôle dans le Roi Lion, et en rebellant Kimmy contre sa startup, forcément maléfique.
La conclusion de la série arrive alors, malheureusement trop prévisible et facile : tout le monde a droit à son happy end grâce à Kimmy, qui renforce là le fait qu'elle trouve le bonheur en aidant autrui heureux.
Kimmy publie son livre, devient un succès d'édition, et renoue avec sa mère ; Titus est devenu une star de Broadway, et a fondé une famille avec Mikey ; Jacqueline file le parfait amour avec son collègue ; et Lillian, après s'être faite remarquer en manquant d'exploser avec son appartement, est devenue une célébrité new-yorkaise. Tout va bien dans le meilleur des mondes, en fait.
Je l'avoue, je n'ai pas été particulièrement convaincu par cette demi-saison de conclusion. Ce n'est pas mauvais, ça reste amusant, et ponctuellement, c'est même hilarant (j'ai bien aimé le passage sur Cats, notamment), mais dans l'ensemble, il se dégage tout de même de cette fin de série une impression de facilité et de précipitation.
Loin de moi l'idée de vouloir qu'une sitcom légère et optimiste se termine de manière sombre et triste, mais tout de même : j'en attendais plus qu'un simple "et ils vécurent tous heureux et eurent beaucoup d'enfants..." un peu maladroit et forcé, surtout après une saison assez inégale dominée par le #MeToo et un engagement parfois quasi-militant.
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Retrouvez aussi sur ce blog les bilans de la saison 1, de la saison 2 et de la saison 3, ainsi que toutes les autres séries passées en revue sur ce blog en cliquant ici et ici.
Casse-Noisette et les Quatre Royaumes (The Nutcracker and the Four Realms - 2018) :
À la recherche d'une clé lui permettant d'ouvrir le dernier cadeau de sa défunte mère, Clara (Mackenzie Foy) suit un fil doré tendu, à l'occasion de Noël, par son parrain, Drosselmeyer (Morgan Freeman), et aboutit dans un monde magique et improbable. Là, elle rencontre un soldat, Phillip (Jayden Fowora-Knight), et les figures royales qui dirigent trois des quatre Royaumes, au nombre desquelles l'excentrique Fée Dragée (Keira Knightley). Bien vite, Clara découvre alors que sa mère était la Reine de ce pays étrange, et qu'en son absence, la maléfique Mère Gingembre (Helen Mirren) y fait régner le chaos. Une Mère Gingembre qui possède justement la clé que cherche Clara...
Bon. Alors visiblement, en guise d'adaptation de Casse-Noisette, Disney a ici opté pour quelque chose de totalement différent : à la fois une suite, une fusion du récit original et du ballet, et un mélange bancal entre les Alice de Tim Burton (l'esthétique étrange du monde de Mère Gingembre, la destinée de l'héroïne qui finit par endosser une armure et par partir au combat, la grande bataille finale...), Star Wars Épisode VII (difficile de ne pas penser au duo Rey/Finn quand on découvre cette Clara dotée de toutes les qualités - volontaire, ingénieuse, dynamique, capable de se battre, de tout réparer, etc - accompagnée de ce Casse-Noisettes afro-américain qui ne sert à rien de tout le film), Pirates des Caraïbes (les deux gardes/cautions comiques du film), Un Raccourci dans le Temps (l'esthétique très clinquante, et la volonté évidente de "diversifier" certains personnages pour assurer les quotas) et Narnia (certains décors, et le schéma global du récit). Que des films Disney, d'ailleurs, ce qui donne vraiment l'impression que la Souris possède un générateur automatique de scripts pour ces blockbusters pour enfants...
Et le résultat est malheureusement particulièrement creux et brouillon : un film d'aventure aux personnages souvent sous-développés, sans substance, ni la moindre magie, malgré des décors physiques assez impressionnants. Faut-il y voir là le résultat de la genèse compliquée du film (le réalisateur original, suédois, a fini par céder la place à Joe Johnston pour un mois de tournage complémentaire) ? Ou bien de la volonté de Mickey & co de transformer le récit pour éviter de faire des souris/rats les grands méchants du récit, contrairement à l'original ? ^^
Quoi qu'il en soit, le film ne fonctionne jamais vraiment. C'est certes un beau spectacle visuel (pour peu que l'on adhère au rococo ambiant et aux visuels surchargés), et Keira Knightley porte le film sur ses épaules en cabotinant ouvertement, avec une interprétation maniérée et une voix de Betty Boop, mais la mayonnaise ne prend jamais, et ce Casse-Noisette et les Quatre Royaumes (titre d'autant plus paradoxal qu'encore une fois, Casse-Noisette fait ici de la figuration) ressemble in fine à un film créé par comité, sans réelle direction créative ou visuelle, et visant à satisfaire le plus grand nombre.
C'est plat, ça n'a pas grande identité, ça n'a pas grand rapport avec le récit initial, et c'est creux : on oublie.
2 + 0.25 pour Mackenzie Foy, qui, dans le rôle principal, n'a rien à se reprocher = 2.25/6
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Pendant une semaine, place à l'héroïsme, à la fantasy, aux mythes et à l'aventure sur le blog des Téléphages Anonymes...
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Nouvelle série d'animation en 10 x 22 minutes, signée Genndy Tartakovsky, créateur à l'origine de Star Wars - Clone Wars (la mini-série d'origine) et de Samurai Jack, ce Primal est diffusé depuis le mois d'octobre 2019 sur Adult Swim, et a reçu de nombreuses éloges critiques qui, comme on va le voir, sont plus que méritées...
Primal, saison 1 - première partie (Genndy Tartakovsky's Primal, season 1 - 2019) :
Le quotidien préhistorique de Spear, un homme des cavernes ayant perdu sa compagne et ses enfants, et de Fang, une femelle tyrannosaure dont les petits ont été tués, et qui finit par accompagner Spear dans ses aventures...
On ne présente plus le style Genndy Tartakovsky, et son savoir-faire en matière tant d'animation que de caractérisation et d'action : ici, ce savoir-faire est d'autant plus mis en évidence que la série est dépourvue de dialogues (au mieux, il y a quelques grognements, çà et là), et que tout se doit de passer par l'animation et l'expressivité des personnages, par leurs interactions, et par leurs postures.
Et c'est un véritable succès, sur ce plan. Un succès brutal, sanglant, et sans concessions (dès l'épisode pilote, il y a des morts d'enfants, et le dernier épisode de la mi-saison, Rage of the Ape-Men, est un festival de gore et de tripes), mais dont il se dégage aussi une véritable mélancolie, une poésie brutale qui nous renvoie directement à un passé lointain, et à une étrange harmonie entre l'homme et la nature.
La relation entre Spear et Fang, qui se crée dans le pilote et se développe dès le second épisode, River of Snakes, est ainsi un mélange de respect, de peur et de coopération dans un monde où la survie est plus que difficile.
Rapidement, cependant, cette relation devient celle d'un homme et de son compagnon animal (et la caractérisation de Fang, peu ou prou celle d'un gros chat sauvage, rend la créature immédiatement attachante et compréhensible du public moderne), une relation interdépendante qui trouve son apogée dans l'épisode Terror Under the Blood Moon, un épisode qui aurait été tout à fait à sa place dans un Conan : la population d'hommes-singes émaciés terrorisés par les énormes chauves-souris qui sortent la nuit, et emmènent leurs victimes dans leur montagne, où vit une araignée géante ; Spear, capturé par les bêtes et sauvé par Fang, etc...
Primal flirte ainsi occasionnellement avec la fantasy barbare, comme dans ce dernier épisode de la demi-saison, lorsque les deux compères sont faits prisonniers par une tribu simiesque qui les offre en pâture à leur champion, un champion transformé en un monstre difforme et sanguinaire par une potion étrange : un épisode un peu trop gratuitement violent à mon goût (c'est bien le seul de la saison à voir autant de tripes, de crânes dépecés, et de massacres en gros plan et au ralenti), mais qui se finit sur un cliffhanger efficace.
Cela dit, l'épisode le plus marquant de cette saison reste néanmoins, pour moi, le troisième, A Cold Death, qui confronte Spear et Fang à l'hiver, à la neige, et à un troupeau de mammouths. Un épisode qui parvient à se montrer à la fois touchant et implacable (le pauvre mammouth vieillissant et malade, délaissé par les siens), limpide et poétique (les mammouths qui rendent hommage à leur disparu), le tout en étant superbe visuellement.
Bref, Primal est une véritable réussite, tant dans sa simplicité que dans sa maîtrise, et j'attends donc avec une véritable impatience la seconde moitié de la saison, prévue pour l'automne.
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Bill & Ted Face The Music (2020) :
Quinquagénaires paumés n'ayant jamais réussi à unir le monde avec leur musique, Bill (Alex Winter) et Ted (Keanu Reeves) reçoivent la visite de Kelly (Kristen Schaal), la fille de feu Rufus : ils n'ont que 75 minutes pour écrire leur tube absolu, et sauver l'univers, qui tombe en morceaux. Aussitôt, Bill et Ted partent vers le futur, pour tenter de voler leur chanson à leurs versions futures ; de leur côté, Billie (Brigette Lundy-Paine) et Thea (Samara Weaving), leurs filles, partent dans le passé, pour tenter de réunir le plus grand groupe de tous les temps, en recrutant des superstars passées de la musique...
Déçu par ce revival de la franchise Bill & Ted, un revival qui arrive presque 30 ans après l'amusant Bogus Journey, et qui malheureusement semble trop souvent fatigué pour vraiment emporter l'adhésion.
En fait, ce Face The Music ressemble étrangement au premier film, et donne parfois l'impression qu'il a été conçu comme un reboot/sequel de l'original, avec un cast féminin, comme c'était récemment à la mode (voir par exemple Charlie's Angels, Ghostbusters, la franchise Star Wars, etc) : un tiers du film est en effet consacrée aux filles de Bill et Ted qui parcourent l'espace-temps pour réunir les grandes figures historiques de la musique, un peu comme leurs pères le faisaient dans Excellent Adventure... le second tiers, lui, consiste en des sauts temporels de Bill et Ted, qui vont rendre visite à leurs doubles futurs (l'occasion pour Reeves et Winter d'enfiler des perruques et des combinaisons en latex improbables, ce qui était probablement plus amusant à tourner que ça ne l'est à l'écran).
Ces deux sous-intrigues ne se rejoignent (en Enfer) qu'au bout d'une heure de film (et c'est d'ailleurs à cette occasion que la Mort ressurgit dans l'histoire), juste à temps pour un grand final feel good, plein de bons sentiments, qui permet à la musique d'unir le monde, et aux filles de Bill et Ted de sauver l'univers... pourquoi pas.
Le problème, en fait, c'est qu'une étrange impression d'inabouti et d'inachevé se dégage du tout, comme si le script de Billie & Thea's Excellent Adventure s'était transformé, à mi-parcours en ce Bill & Ted Face the Music, et que de multiples éléments de l'histoire des deux filles étaient passés à la trappe (notamment leur caractérisation, inexistante).
À l'identique, alors que les deux premiers films débordaient d'énergie adolescente et rebelle, pour ne pas dire métalleuse, ici, on est sur une voie bien plus rangée. Plus vraiment de métal au programme, d'ailleurs, mais de la musique pop-rock plus générique et passe-partout, et un rythme plus pépère - je suppose que c'est inhérent à l'âge des deux personnages principaux, en pleine crise de la cinquantaine, et aux couples dans la tourmente... mais ça peine à donner de l'énergie au film.
Et puis il y a des éléments qui ne fonctionnent pas du tout, comme ce robot assassin et ses états d'âme : on sent qu'ils veulent en faire quelque chose de drôle, un gag récurrent, mais ça tombe à plat, jamais assez développé ou dynamique pour être amusant.
Décevant, donc, et probablement le film que je préfère le moins des trois Bill & Ted.
3/6, en étant indulgent.
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Au fil de ses deux premières saison de 26 minutes, Future Man aura bien changé. Après une première saison décomplexée, à la fois graveleuse, référentielle et dynamique, la série a ainsi viré de cap, pour nous proposer une seconde saison nettement moins convaincante, car assez statique et plus axée sur l'aspect dramatique des relations entre les personnages.
Reste que la promesse de la fin de saison 2 - le trio enfermé dans une prison, et devenant les nouveaux "candidats" d'un jeu façon Running Man - était intrigante, et avec un nombre d'épisodes réduits (8 épisodes seulement) et la présence accrue de Seth Rogen, on pouvait s'attendre à quelque chose de différent...
Future Man, saison 3 (2020) :
Écoutant une voix sortie de nulle part et qui prodigue des conseils à Josh (Josh Hutcherson), ce dernier, Tiger (Eliza Coupe) et Wolf (Derek Wilson) parviennent à échapper au Diecathlon, ce jeu télévisé ayant pour objectif de les punir d'avoir bouleversé la bonne marche du temps. Désormais traqué par les autorités de régulation temporelles, par leur cyborg indestructible et par Susan (Seth Rogen), le présentateur du Diecathlon, le trio traverse les époques, à la recherche de Haven, un havre de paix où ils pourront se cacher. Mais les trois compères ne sont plus ceux qu'ils étaient au début de leur aventure, et leurs aspirations sont désormais bien différentes...
Et bizarrement, cette saison 3 ressemble un peu à une fusion des deux premières fournées d'épisodes : de la saison 1, Future Man reprend des voyages temporels improbables, très Legends of Tomorrow, avec nos protagonistes qui passent par la France, le Japon, la Russie, le Québec colonial, et reviennent en 1999, avant de rejoindre Haven, une bulle temporelle où sont réfugiés toutes les célébrités de l'Histoire, sauvées juste avant leur mort par l'un des clones de Josh. On a droit aussi à un "gentil" Ben Laden, à une histoire d'amour avec James Dean, à un immense vagin lumineux dans le ciel, à une chèvre plus que sage, etc... le tout dans une certaine bonne humeur assez agréable à suivre.
De sa saison 2, cependant, la série garde aussi un côté décousu, et un rythme en dents de scie : après un début sur les chapeaux de roue - l'évasion, les voyages temporels -, la saison freine des quatre fers au Québec, s'égarant dans des sous-intrigues pas toujours abouties, et dépendant d'une caractérisation très aléatoire du trio de tête. Et puis arrive Haven, cette bulle temporelle où tout reste inchangé et immobile - et la série aussi.
Ce n'est pas que c'est désagréable à regarder : les aventures sexuelles de Josh avec toutes les stars sont hautement risibles, les personnages décalés, et visuellement, il y a des expérimentations intéressantes, mais à nouveau, les scénaristes semblent décidés à séparer le trio de tête, qui évolue sans se croiser vraiment, entre Tiger qui médite avec sa chèvre, et Wolf qui devient fou.
Heureusement, la fin de saison redonne du peps à tout le monde, en reformant le trio, en permettant enfin à Josh de briller un peu (lui qui a été humilié pendant des dizaines d'épisodes) et en confiant aux protagonistes une ultime mission plus nerveuse et efficace.
Alors certes, il ne faut pas forcément s'attendre à beaucoup de rigueur au niveau de la mécanique temporelle et de la logique, mais puisque la série décide de se conclure sur une note vraiment réjouissante, on finit par se laisser emporter par le tout : le trio finit ses jours en 1999 où, à en croire les quelques scènes "six mois plus tard", Wolf devient un Bruce Wayne-bis (avec majordome, costume et bat-signal), Tiger trouve enfin la paix intérieure avec un compagnon inattendu, et Josh... reste Josh.
Sans oublier ce générique final amusant qui révèle que la série n'est qu'une adaptation white-washed d'une histoire "vraie" totalement improbable.
Bref : dans l'ensemble, Future Man est une série assez légère et agréable à suivre, principalement grâce à sa distribution très impliquée, et à son format court. La série n'a pas forcément la rigueur scénaristique ou rythmique nécessaire pour en faire un programme indispensable (surtout avec cette saison 2 un bon cran en dessous de la première, voire de la troisième) mais ce n'est pas pour autant honteux ou mauvais - il y a là suffisamment d'idées débiles et déjantées pour conserver l'intérêt du spectateur, et la production reste à la hauteur des ambitions des scénaristes.
Toutes les séries comiques ne peuvent pas en dire autant.
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Looper (2012) :
En 2077, la pègre contrôle les voyages temporels, et a pris l'habitude d'envoyer les personnes dont elle veut se débarrasser 30 ans dans le passé, pour qu'elles y soient abattues dès leur arrivée par des Loopers, des tueurs à gages spécialement formés ; ces derniers, à la fin de leur carrière, sont eux-mêmes renvoyés dans le passé, pour y être tués par leur version plus jeune, et ainsi faire disparaître toute trace de leur existence. Cependant, l'un des Loopers, Joe Simmons (Bruce Willis), est bien décidé à ne pas se laisser abattre et à changer le cours du temps : lorsqu'il est renvoyé en 2047, il parvient à échapper à sa version plus jeune (Joseph Gordon-Levitt), qui le prend en chasse...
Revisionnage de ce métrage signé Rian Johnson (Star Wars : The Last Jedi, Knives Out) et qui, avec ce thriller de science-fiction, offre probablement à Bruce Willis l'un de ses derniers rôles probants - ou du moins, pour lequel l'acteur s'implique un minimum.
Honnêtement, pendant près d'une heure, le métrage s'avère un bon thriller, inventif, nerveux et original, qui propose une version intéressante du voyage temporel, et une scène assez glaçante durant laquelle la version jeune d'un Looper est torturée tandis que son double futur voit ses membres et autres appendices lui être amputés un à un, alors qu'il tente de s'enfuir.
On pourrait grincer un peu des dents devant le maquillage de Gordon-Levitt, supposé le rapprocher physiquement de Willis mais un peu trop artificiel, ou devant les problèmes logiques de cette vision du voyage temporel (Rian Johnson ne s'embarrasse jamais trop de logique dans ses films, et c'est à nouveau le cas ici), mais techniquement, le film fonctionne et est agréable à regarder... jusqu'à un certain point.
Ce point, c'est à mi-chemin, lorsque les enjeux du film changent, et que Joseph Gordon-Levitt se retrouve dans une ferme paumée : soudain, le métrage devient une resucée de "It's a Good Life", avec un enfant aux pouvoirs télékinétiques tout-puissants et au caractère difficile (le petit acteur est d'ailleurs excellent), sa mère dépassée par les événements (Emily Blunt), et, histoire de rattacher le tout au reste du film, Bruce Willis qui tente de tuer l'enfant avant qu'il ne devienne un dictateur incontrôlable dans son futur.
Passons sur le fait que tout ce côté "télékinésie" semble vraiment provenir d'un autre script, et ce dès sa vague mention dans la première demi-heure de Looper... le problème, à vrai dire, c'est que le film freine subitement des quatre fers à l'arrivée dans la ferme, alors que Joe tombe amoureux, se rapproche de l'enfant, etc.
Le métrage bascule ainsi dans une toute autre direction à laquelle je n'ai pas accroché, d'autant qu'elle met encore plus en évidence les problèmes et paradoxes inhérents à la vision du voyage temporel de Rian Johnson (un Rian Johnson qui évacue toute tentative d'explication d'un revers goguenard de la main, sans surprise, par un Bruce Willis qui dit quasiment qu'il est préférable d'éteindre son cerveau plutôt que de tenter de comprendre les règles de ce voyage temporel).
Une première heure à 4/6, une deuxième heure à 2.5/6, pour un total frustrant, à
3.25/6
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Anthologie animée en 8 épisodes de 11 minutes, The Boys presents : Diabolical se propose de raconter de petites histoires prenant place dans l'univers des Boys, la série d'Amazon... ou presque, puisqu'on est plus là dans une série de courts-métrages inspirés de l'univers de The Boys, sans forcément appartenir à la même continuité.
The Boys presents - Diabolical, saison 1 (2022) :
- 1x01 - "Laser Baby's Day Out" :un employé de Vought tente de sauver un bébé doté de pouvoirs incontrôlables...
Plutôt sympathique, ce court muet écrit par Evan Goldberg et Seth Rogen, et animé dans le style des vieux cartoons façon Warner et compagnie. C'est ultra-gore et violent, mais le contraste fonctionne bien avec le style innocent, et le slapstick inhérent au genre.
- 1x02 - "An Animated Short Where Pissed-Off Supes Kill Their Parents" : un groupe de supers aux pouvoirs lamentables décide de se venger de Vought et de leurs parents en tuant ces derniers...
Parodie de Red Band Society par Justin Roiland, on retrouve ici le style et le ton des œuvres de ce dernier, comme Rick et Morty, ainsi qu'un paquet de noms familiers au doublage (Roiland, Kevin Smith, Kenan Thompson, Gary Anthony Williams, Christian Slater, Ben Schwartz, etc), pour un résultat amusant et bourrin, sans plus.
- 1x03 - "I'm Your Pusher" : Butcher s'introduit chez OD, dealer de drogues des plus grands superhéros...
Un épisode dans le style et la continuité des comic-books d'origine, écrit par Garth Ennis himself, avec là encore un casting vocal mémorable (Kieran Culkin, Dominique McElligott, Kevin Michael Richardson, Michael Cera, Jason Isaacs, Simon Pegg, Antony Starr), pour un résultat efficace dans la droite lignée de la bande dessinée.
- 1x04 - "Boyd in 3D" : un homme timide essaie un produit expérimental Vought qui lui confère un physique d'Apollon, ce qui lui permet de séduire sa voisine...
Chris Diamantopoulos, Kumail Nanjiani et Nasim Pedrad (entre autres), au casting vocal de cet épisode écrit par la scénariste de la série Broad City, au style visuel supposément européen, et qui adopte globalement un ton comique pour une satire des réseaux sociaux et du culte de l'apparence. Pas désagréable, même si anecdotique, et manquant un peu de mordant (sauf sur la toute fin).
- 1x05 - "BFFS" : une jeune femme consomme du Compound V, et découvre qu'elle peut parler à ses déjections...
Aïe. Un style anime, et Awkwafina au scénario et au doublage (ainsi que Seth Rogen et Chace Crawford), pour un épisode à l'humour de stoner pipi-caca qui ne m'a pas du convaincu.
- 1x06 - "Nubian vs Nubian" : une fillette tente d'empêcher le divorce de ses parents superhéros avec l'aide de leur adversaire de toujours.
Amusant, ce segment écrit par Aisha Tyler, qui double l'un des personnages principaux aux côtés de Don Cheadle. Sans plus.
- 1x07 - "John and Sun-Hee" : un homme de ménage de Vought dérobe du Compound V pour soigner sa femme, atteinte d'un cancer... mais ce dernier prend vie et devient incontrôlable.
Andy Samberg surprend à l'écriture d'un segment d'inspiration asiatique à la fois poétique, grotesque et violent. Plutôt réussi.
- 1x08 - "One Plus One Equals Two" :la première mission de Homelander vire au désastre...
Un épisode in-continuity, doublé par les acteurs de la série, et qui s'avère plutôt efficace, à défaut de surprendre.
- Bilan -
Dans l'ensemble, une anthologie intéressante à suivre, principalement parce qu'elle propose des styles visuels et narratifs totalement différents, mais qui s'intègrent bien dans l'univers de The Boys. Une bonne surprise, donc, même si le tout reste forcément un peu inégal, reposant fréquemment sur un gore et une violence immatures pour choquer le spectateur, sans forcément aller beaucoup plus loin que cela.
Mais bon, c'est un peu devenu la marque de fabrique de tout ce que produisent Goldberg et Rogen (et donc de la série The Boys, déjà assez grâtinée sur ce plan dans sa forme papier) donc on ne peut décemment pas être surpris quand ces caractéristiques (ainsi que l'humour en dessous de la ceinture) se trouvent un peu amplifiées par le format animé.
Et puis honnêtement, même pas 90 minutes au total, ça passe comme une lettre à la poste.
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Série en 10 épisodes d'une petite demi-heure diffusés à partir de mars dernier sur HBO Max, OFMD se veut une relecture rigolarde de la vie d'un fameux gentleman pirate, Stede Bonnet, relecture chapeautée par le créateur de la série People of Earth, et Taika Waititi, que l'on ne présente plus.
Our Flag Means Death, saison 1 (2022) :
Les mésaventures de Stede Bonnet (Rhys Darby), un aristocrate nanti qui décide d'abandonner son existence aisée pour devenir pirate dans les Caraïbes, en 1717, à bord de son navire, le Revenge. Une décision qui l'amène à croiser le chemin de Barbe-Noire (Taika Waititi) et de ses hommes...
Et très vite, on comprend le choix de la couleur rose pour le titre de l'affiche du show : OFMD est en effet ouvertement LGBTQ+, et ce à de multiples niveaux. Rapidement, en effet, on réalise qu'au delà du côté "bande de pirates incapables menés par un dandy hors de son environnement", OFMD raconte une histoire d'amour improbable, voire même plusieurs histoires d'amour improbables.
Ici, la romance entre Oluwande (Samson Kayo) et "Jim" (Vico Ortiz), une femme éprise de vengeance qui se travestit en homme pour devenir pirate ; ailleurs, les rapports homosexuels assez tendres et naturels entre plusieurs des membres d'équipage du Revenge, notamment Lucius (Nathan Foad), le scribe de bord ; ailleurs encore, l'admiration et la jalousie très affectueuses (mais inavouées) qu'Izzy Hands (Con O'Neill) éprouve envers son capitaine Barbe-Noire ; et puis, bien entendu, la relation principale qui se noue entre Bonnet et Barbe-Noire, une relation d'amitié et d'amour qui trouve ses racines dans le malaise existentiel ressenti par les deux hommes, qui se complètent autant qu'ils ne diffèrent.
Une relation qui évolue donc au fil de la saison, à mesure que Bonnet (qui reste le personnage principal), se défait peu à peu de ses traumatismes (son premier homme tué, ses complexes liés à son enfance, son mariage malheureux) jusqu'à assumer totalement son nouveau destin de pirate dans le final. Alors même que Barbe-Noire, lui, retombe dans ses pires travers et dans ce qui ressemble fortement à une dépression post-rupture, lançant des pistes intéressantes pour la saison prochaine.
En tant que série comique, OFMD fonctionne plutôt bien, sans être pour autant un summum d'hilarité : on est dans la fantaisie excentrique plus que dans la gaudriole, et les guests stars qui apparaissent dans le programme sont au diapason. Leslie Jones, Fred Armisen, Kristen Schaal, Nick Kroll, Tim Eidecker, Will Arnett, autant de visages familiers qui viennent apporter une touche de folie légère, à un récit pourtant bien ancré dans l'émotion de ses personnages.
Our Flag Means Death est donc une série assez intéressante, donc, même si la série ne révolutionne pas forcément les récits de pirates (Black Sails est passé par là avant, au niveau relation LGBTQ entre pirates) et que ses décors étriqués donnent un vrai côté studio parfois un peu cheap à ce qui se déroule à l'écran.
Mais dans l'ensemble, cette série décalée est très agréable à suivre, les acteurs sont attachants (notamment tout l'équipage de bras cassés), Waititi est impérial en Barbe-Noire, et le cliffhanger de fin donne envie de voir la suite.
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Sitcom Hulu en 8 épisodes d'une petite demi-heure, Reboot surfe sur la vague des... reboots, en imaginant les coulisses d'une vieille sitcom remise au goût du jour par une plateforme de streaming, pour un public plus moderne. Toute ressemblance avec un La Fête à la maison, 20 ans après, par exemple, ne serait pas vraiment fortuite, et c'est en partant de ce postulat que l'un des créateurs de Modern Family nous propose ce programme à la distribution sympathique... mais qui s'avère finalement assez anecdotique.
Reboot, saison 1 (2022) :
Hannah (Rachel Bloom), une scénariste engagée et lesbienne de films indépendants, propose à Hulu de rebooter la sitcom Step Right Up dans une version plus moderne et adulte, mais avec la distribution originale : Reed (Keegan-Michael Key), acteur de formation classique dont la carrière post-sitcom est au point mort ; Clay (Johnny Knoxville), comédien de stand-up alcoolique au casier judiciaire désormais chargé ; Zack (Calum Worthy), ancien enfant star désormais trop vieux pour ses rôles d'adolescent ; et Bree Marie Jensen (Judy Greer), ex de Reed, qui a quitté le monde de la comédie après le programme pour épouser un noble européen, et est désormais divorcée et sans argent. Mais pour y parvenir, Hannah va devoir composer avec Gordon (Paul Reiser), le showrunner original de la sitcom... et accessoirement son père.
Forcément, de par sa nature même, un tel programme ne pouvait être que largement méta et nombriliste : la série se moque des sitcoms ringardes, se moque des acteurs capricieux, se moque des vieux scénaristes juifs aux blagues éventées, se moque des plateformes de streaming et de leurs décisions arbitraires, se moque des jeunes scénaristes remplissant tous les cases démographiques de la diversité contemporaine, bref, se moque du monde de la télévision, tout en en faisant partie, et en peinant malheureusement à faire preuve d'originalité.
Reboot, en effet, est particulièrement générique. Sur un postulat assez dérivatif (Studio 60 s'est déjà cassé les dents sur un exercice similaire, par exemple), la série ne parvient pas à convaincre ou à susciter l'hilarité. Retirez la distribution efficace et dynamique (même si honnêtement, on grince un peu des dents, dans le premier épisode, devant le topless totalement gratuit et inutile de Judy Greer, qui mérite mieux, avec cette scène, que d'être le quota nudité de toute cette saison), et rapidement, il apparaît que la satire est faiblarde (toutes les vannes sur la diversité, sur le test de Bechdel, etc, c'est du vu et revu), que l'humour l'est tout autant, et que si ces huit épisodes se regardent facilement, il ne subsiste au final de tout cela que les moments plus sincères et "dramatiques", durant lesquels les personnages sortent de leur caricature, à des fins de shipping ou d'évolution de leurs relations.
Cela ne surprend guère de la part d'un producteur de Modern Family, et en soi, le fait que ces moments fonctionnent est une bonne chose (la fin de saison, par contre, mise tout sur l'émotion, et ça marche assez moyennement, puisque ça retombe dans des clichés éculés de sitcom), mais tout de même.
On aurait pu s'attendre à mieux, y compris au niveau de la sitcom dans la sitcom, tant Step Right Up, que ce soit dans sa version originale ou dans son remake, ressemble au plus basique de ce que la télévision américaine peut produire dans le genre, quand bien même les personnages passeraient leur temps à répéter à quel point le reboot chapeauté par Hannah est adulte, mature et intelligent.
Un bon gros mwébof, en somme.
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Mini-série de huit épisodes diffusés en 2006 sur la chaîne TNT, Rêves et Cauchemars est passée assez inaperçue à son apparition sur les petits écrans américains. Ne bénéficiant ni du budget ni de la publicité des autres adaptations télévisuelles de King, cette mini-série a beau posséder une distribution intéressante, elle est en effet un peu trop inégale pour convaincre totalement.
Dans le désordre, quelques impressions de visionnage :
1x02 - Crouch End :
Un couple en vacances à Londres se perd à Crouch End, portail vers une dimension lovecraftienne...
Je me souvenais un peu de la nouvelle originale, du moins de quelques passages... et là, et bien... c'est Masters of Horror 2.5. Avec ce que ça sous-entend qualitativement. Jeff Beal à la musique, sympathique... le couple est très attachant, c'est assez joli visuellement... mais effectivement, c'est du lovecraftien très classique, en moins bien, et sans réelle tension : les sfx sont moches, les persos ont des réactions peu naturelles face aux évènements (ils perdent instantanément pied... ou alors c'est qu'ils surjouent constamment, je sais pas - surtout Forlani, qui a dû prendre des cours de comédie à la Tom Welling School of Acting), la réal alterne le bon et l'hideux, ça passe d'un truc à un autre sans s'y attarder, et la fin ne fonctionne pas très bien, la faute aux mauvais SFX du chat... Paglop, donc.
2/6
1x01 - Battleground :
L'affrontement sanguinaire entre un tueur à gages, et les petits soldats envoyés par sa dernière victime, patron d'une entreprise de jouets...
Une nouvelle dont je me souvenais très bien... et cette version, écrite par le fils Matheson, et réalisée par le fils Henson, est assez marrante. William Hurt est bon, Mia Sara passe à l'écran, l'absence de dialogue ne gêne pas du tout, les sfx sont plutôt bons... Par contre, l'épisode aurait clairement gagné à être amputé des 10 premières minutes illustrant le meurtre, qui auraient facilement pu être résumées en quelques phrases au début de l'épisode, pendant le passage de Hurt à l'aéroport... et un peu plus de rythme n'aurait pas été le malvenu... mais c'est quand même fun.
4/6
1x05 - The Road Virus Heads North :
Un auteur de romans d'horreur achète un tableau sinistre dont il s'inspire... mais bientôt le tableau commence à montrer les images d'évènements dramatiques réels.
Aucun souvenir de la nouvelle si ce n'est le pitch de base... La version épisode, elle, est très bof. La réalisation est très moyenne, pleine d'effets bancals, le rythme n'est pas génial, et l'adaptation est dénuée de rythme ou de suspense : on devine le dénouement dès le premier changement du tableau, et après, tout se déroule de manière systématique, presque machinale, avec des mini-intrigues secondaires, et des personnages qui ne servent pas à grand chose, si ce n'est à donner un peu de profondeur au perso de Berenger... L'absence de conclusion n'aide pas, tout comme la musique trip-hop/jazz/je sais pas quoi, gentiment soûlante... Bref...
2/6
1x04 - The End of the Whole Mess :
Agonisant, un réalisateur narre l'expérience menée par son frère, un vrai génie, décidé à mettre un terme à la violence de la société, quel qu'en soit le prix...
Absolument aucun souvenir de celui-là non plus, donc un épisode abordé avec un esprit frais... Bon point, la présence de Ron "Office Space" Livingston. Et dans une moindre mesure, celle de Henry "E.T." Thomas, même si sa tête me rappelle trop le désastreux Chocolate. À part ça, des sfx très limités... heureusement, car s'ils devaient tous être comme le bébé qui parle, ça aurait été un vrai carnage. Je me demande d'ailleurs s'ils n'ont pas concentré tous le budget effets spéciaux dans le premier épisode, pour le coup. Sinon, un très chouette épisode, assez touchant, et très bien interprété.
4.5/6
1x03 - Umney's Last Case :
Un écrivain s'insère dans son nouveau roman, pour tenter d'obliger son personnage principal, Umney, à prendre sa place dans la vie réelle...
Ah, celui-là, je l'ai adoré. En même temps, je suis fan de l'ambiance noire des 30s, et de Macy donc, là, c'était parfait pour moi, avec ce face à face auteur/création. Pas parfait, cela dit, avec quelques moments de surjeu un poil trop flagrant, mais rien de rédhibitoire. Et puis la réal était jolie.
4.5/6
1x06 - The Fifth Quarter :
La chasse au trésor d'un détenu, prêt à tout pour mettre la main sur de l'argent volé et dissimulé...
Aucun souvenir de la nouvelle non plus. Un épisode sans aucun passage surnaturel, ça fait un choc, mais pourquoi pas. Bowman s'amuse à faire comme dans Day Break, il rajoute des effets purement gratuits, comme du ralenti, des jump-cuts, des trucs comme ça... pas utile. Sinon, l'histoire en elle-même est pas déplaisante, mais loin d'être exceptionnelle. C'est solide, porté par de bons acteurs, mais en fin de compte (attention, paradoxe) il se passe plein de choses sans que rien vraiment ne se produise de manière crédible (tout arrive sans réelle difficulté, il arrive, il bute un gars, il repart, le tout en 4 minutes chrono, ça s'enchaîne, c'est trop rapide, et trop survolé... il y aurait pourtant de quoi en faire un long-métrage, de cette histoire, en développant un peu). Un épisode moyen.
3/6
1x08 - You Know They Got A Hell Of A Band :
Un couple arrive à un endroit assez étrange, où les fantômes des stars de la musique sont tous présents...
Beaucoup plus space, celui-là... mais pas moins fun, avec Steven Weber qui débarque avec sa femme dans une ville étrange au milieu de nulle part, où vivent toutes les stars disparues du rock'n'roll... une ville que l'on ne quitte pas facilement. Très (trop ?) Twilight Zone, effectivement, comme ils le font remarquer...
4/6
1x07 - Autopsy Room Four :
Mordu par un serpent venimeux, un homme perd conscience, et entre dans un état catatonique, qui l'amène à assister impuissant à sa propre autopsie...
Voix-off un peu saoûlante, mais ça se laisse regarder, sans plus. La scène du serpent dans l'ascenseur est particulièrement moche et ratée, mais à part ça, c'est parfois amusant. De là à en faire un épisode de 45 minutes....
3/6
Bilan :
Sur huit épisodes, le bilan est très mitigé : près de la moitié des épisodes peine à atteindre la moyenne, tandis que l'autre moitié ne s'élève finalement pas très haut (deux épisodes sympas, sans plus, et deux bons épisodes qui ont tout de même des défauts évidents). Cela dit, ce n'est pas pire que le bilan des Masters of Horror et autre Fear Itself, donc après tout... et le générique et sa musique, très Tales from the Crypt dans l'esprit, sont très sympathiques, ça aide.
Loi n°3 de la Tweencom : si chez Mickey tu veux prospérer, les talents musicaux de tes interprètes aux épisodes tu devras intégrer, pour la promotion croisée avec Disney Records assurer.
Loi n°4 de la Tweencom : à l’identique, pas plus d’un bruit organique (pet, vomi, etc) par épisode tu ne pourras employer.
Loi n°5 de la Tweencom : si le shipping à tout prix tu devras favoriser, pas plus d’un seul baiser par saison tu ne pourras utiliser : chastes et purs tes personnages à tout prix devront rester.
Exception : si chez Nickelodeon tu es employé, les lois 3 à 5 tu peux oublier, et comme bon te semble tu peux faire.
Jonas (2009-2010)
Un clown, une blonde, un tombeur à sourcils, une fangirl obsessive, et un romantique introverti : le plus supportable n’est pas forcément celui qu'on croit…
Koicé ?
Les frères Jonas qui jouent le rôle des frères Lucas qui forment le groupe Jonas qui sont des superstars mégacélèbres qui vont quand même au lycée, mais qui sont trop beaux, trop populaires, trop occupés, et trop talentueux.
Aveckicé ? Les frangins Jonas, plutôt bons acteurs ; une blonde quelconque, pas mauvaise, mais sans aucun charisme, dans le rôle de leur styliste/amie d’enfance ; une fangirl hystérique, jouée par Nicole Anderson, qui assure son personnage ; des agents, des parents, un petit frère… qui tous disparaissent en saison 2.
Koiçavo ? Initialement conçue comme une version masculine de Hannah Montana – où Miley Cyrus est superstar de la musique la nuit, et lycéenne incognito le jour – la série Jonas était sensée mettre en scène les Jonas, trois musiciens qui se servent de leur carrière musicale pour couvrir leur double vie de super-espions.
Pas de bol, entre la conception du projet, et son tournage, les Jonas deviennent les nouvelles méga-stars de la chaîne : plus question de les représenter comme de simples musiciens en galère. La solution de Disney ? Un show à la Entourage, sur leur quotidien de superstars.
Reste qu’avec un sujet comme "le dernier groupe à la mode pour tweens en chaleur", on pouvait craindre le pire : en l’occurrence, un soap pour ados insipide, dans lequel les trois frangins seraient adulés et irrésistibles.
Aussi, grosse surprise en découvrant la saison 1 du show, tant l’influence de Parker Lewis y est présente : alors oui, les Jonas sont des superstars adulées qui vont encore au lycée, et leurs clips occupent deux bonnes minutes par épisode (merci l’avance rapide), mais le reste du temps, c’est filmé à la caméra mobile, sans rires enregistrés, avec des effets musicaux et vidéos absurdes, des persos qui parlent à la caméra, des péripéties rythmées, et pas mal de gags visuels.
Bref, c’est regardable et gentillet, bien que loin d’être dénué de scories, et le thème musical a un refrain qui s’avère finalement assez ronge-crâne au bout d’une poignée d’épisodes.
Malheureusement, le show se fait pilonner au baromètre d’audience par Nickelodeon, que ce soit par iCarly, ou par la série concurrente, Big Time Rush. Résultat : Disney décide de tout chambouler pour la saison 2.
Adieu les parents et le frère, bonjour une tante saoulante et un voisin envahissant, les Jonas débarquent à LA, et tout le show ne tourne plus qu’autour de leurs histoires d’amour super méga trop compliquées avec les deux filles, leur carrière, etc… le tout filmé au premier degré, comme un mauvais épisode d’Entourage. À se pendre, donc. Et il faut attendre un caméo de David Henrie (de Wizards of Waverly Place) dans les derniers épisodes, pour enfin retrouver un peu du cartoon de la saison 1, le temps de quelques scènes.
Perte de Santé mentale : Relativement négligeable en s1 ; ambulance directe vers l’asile d’Arkham en s2.
Big Time Rush (2009 - ?)
Le mec normal, l’intello, le producteur has-been, le beau gosse égocentrique, et le teubé qui porte toujours un casque... sauf sur la photo :\
Koicé ?
Quatre ados joueurs de hockey un peu teubés passent un casting, et deviennent le nouveau boys band/projet d’un producteur has-been en perte de vitesse. Ils emménagent alors à L.A., dans un hôtel, accompagnés de la mère de l’un d’entre eux, et de sa petite sœur précoce et machiavélique.
Aveckicé ? Une foultitude de persos. En tête d’affiche, le quatuor du boys band : ils chantent juste, il dansent bien, ils sont assez bons comédiens, et n’ont pas peur de passer pour des idiots… mais ça s’arrête là (ça manque pas mal de charisme tout de même, dans un premier temps). La mère de famille, gentiment déjantée. Ciara Bravo, géniale et très attachante dans le rôle de la petite sœur ambitieuse et manipulatrice. Les petites amies des quatre mecs, toutes dans le ton du show. Le producteur has-been, sorte de clone du catcheur Bully Ray, avec le même caractère, et une assistante/bras droit/souffre douleur qui le mêne pourtant à la baguette. Un trio de mannequins méprisantes et distantes, qui fascinent les mecs du groupe. Le responsable de l’hôtel, machiavélique. Guitar Dude, un dude qui joue de la guitare en arrière plan. Buddha Bob, le responsable de l’entretien de l’hôtel, une sorte d’homme des bois assez particulier. Et Mr Griffin, le big boss de la maison de disques, un mec bodybuildé et autoritaire toujours entouré d’une armée de sbires. Sans oublier des dizaines de guests, de Snoop Dogg à Fabio en passant par Erik Estrada, Russell Brand, John Cena, ou Lorenzo Lamas en Dr Hollywood, le playboy-chirurgien des stars.
Koiçavo ? Pour comprendre le show, il faut savoir qu’il a été mis en chantier par la chaîne Nickelodéon quelques mois après le début de la saison 1 de Jonas ; par conséquent, comme souvent dans la guéguerre qui oppose les deux chaînes, BTR est directement inspiré du show concurrent : ton décalé, caméra fixe, pas de rires enregistrés, et un ton qui ressemble fortement à ce qui pouvait se faire dans Parker Lewis.
Sauf que voilà : là où Jonas a toujours été limité par les barrières imposées par Disney Channel, Nickelodeon lâche totalement la bride à l’équipe de BTR. Le résultat est immédiat : Big Time Rush tient plus du cartoon vivant (un mélange improbable de Parker, de Stella, de Spinal Tap, de Big Wolf on Campus, et des épisodes concepts de Community) que de la série de boys band pour minettes.
Attention : ça reste un produit pensé pour établir en parallèle la carrière musicale de BTR. Et qui dit boys band, dit soupe musicale (encore que là aussi, le générique finit par être assez accrocheur… probablement parce que sa mélodie revient régulièrement en ponctuation musicale, durant les épisodes). Mais là, contrairement à la série Jonas, il n'y a que très rarement de clip musical de deux minutes en milieu d’épisode : au pire, on voit vaguement la conception des chansons dans une scène, vingt secondes d’enregistrement, et l’épisode continue. Et ce de manière infréquente (ou alors, les chansons du groupe servent d’accompagnement à un mini-montage qui fait avancer l’épisode).
Parce qu’à vrai dire, il n’y a pas vraiment le temps de souffler, ou de s’attarder, avec ce show. Tout va vraiment à 200 à l’heure, appuyé par des bruitages omniprésents, et un score là aussi cartoonesque, qui fait sienne la technique du mickeymousing, parfois jusqu’à l’overdose.
Mais ça joue toujours avec le médium télévisé (le bon vieux "personnage sort une demi-seconde du cadre = changement de costume", notamment), ça n’hésite pas à en briser les conventions, ça esquive les clichés, les relations (même amoureuses) sont assez bien traîtées, il y a des tonnes de personnages secondaires et récurrents, et puis bon, outre la gamine excellente (qui me rappelle une jeune Selena Gomez, dans son jeu), les quatre leads sont écrits comme de gros boulets gentiment débiles (le teubé du groupe, qui porte un casque de hockey vissé sur la tête pendant toute la saison 1), qui s’en prennent régullièrement plein la tronche (vive le slapstick !). Ça change des Jonas.
Bref, c’est joyeusement absurde, l’épisode spécial Halloween est très fun (avec l'intello du groupe zombifié qui perd tous ses membres un à un), ça ne se prend jamais au sérieux, ça place des références ciné et 80s assez bien vues, et de toute façon, une série qui ne coupe pas au montage Russell Brand en train de demander à ce qu’on lui organise une fête privée pleine de "saucisses", qu’elles soient petites ou grosses, du moment qu’il y en a partout, ça mérite le coup d’œil.
Et n'oublions pas, début 2012, un téléfilm/super-épisode d'une heure, Big Time Movie : ici, les influences sont plus qu'évidentes. Le quatuor (et son entourage) part en concert à Londres, et se trouve embarqué dans une improbable histoire d'espionnage à la James Bond/Johnny English, les quatre chanteurs en profitant pour reprendre de nombreux titres des Beatles. On pense donc forcément constamment aux Fab Four, aux Monkees, et le tout se rejoint dans une ambiance joyeusement légère et décomplexée, au croisement d'une ambiance british, et du ton BTR. Ça fait toujours plaisir.
Perte de Santé mentale : Aucune, à moins d’une allergie mortelle à quelques secondes de musique boys-band par épisode. Au contraire, même, j'avoue m'être plus marré devant une saison et demi de ce show nawak et déjanté (pour moi un héritier tout à fait digne à Parker Lewis) que devant les trois dernières de HIMYM… mais bon, tout le monde n'accrochera pas au rythme survolté.
Loi n°1 de la Tweencom (rappel) : Chez Mickey, on n’aime pas les ados normaux, et leur quotidien. Résultat : tous les persos des séries Disney ont des pouvoirs, viennent du futur, sont des méga-stars, sont über-talentueux, chanceux, etc…
Loi n°2 de la Tweencom (rappel) : La maison de production It’s A Laugh s’occupe de toutes les sitcoms Disney depuis 2005. En règle générale, leurs shows sont des sitcoms de studio, à caméras multiples, rires enregistrés, dans des décors assez peu convaincants, au générique chanté par une star de la série et/ou de la chaîne, et à la distribution plutôt solide et diverse.
Corollaire (rappel) : Lorsque It’s A Laugh trouve un format/sujet facile à exploiter, il le garde. Et le répète ad nauseam, en en variant à peine le style.
Loi n°3 de la Tweencom (rappel) : si chez Mickey tu veux prospérer, les talents musicaux de tes interprètes aux épisodes tu devras intégrer, pour la promotion croisée avec Disney Records assurer.
Loi n°7 de la Tweecom (rappel) : Le monde de la sitcom Disney est comme un vase clos, vivant en autarcie : tous les acteurs tournent sur des plateaux voisins, tout le monde se connaît, tout le monde couche avec tout le monde, tout le monde se dispute avec tout le monde, et les crossovers sont innombrables. (cf AB Productions)
Loi n°10 de la Tweencom (rappel) : Règle du sidekick : bien souvent, le/la lead de la tweencom est affublé(e) d’un(e) sidekick comique, faire valoir au physique moins conventionnel, à l’interprétation plus exagérée, et délibérément laissé en retrait. Et presque aussi souvent, c’est parce que le/la sidekick est bien plus talentueux(se), attachant(e), et tout simplement charismatique que le/la lead.
Corollaire (rappel) : Lorsqu’un sidekick commence à éclipser son lead, le moment est venu de lui donner sa propre série… pour, bien souvent, que l'on s’aperçoive qu'il ne fonctionne pas en solo ou en lead.
Pair of Kings (2010 - ?)
Des décors somptueux, des costumes de qualité, une distribution enthousiasmante : Pair of Kings, c’est trop bien.
Koicé ? Deux jumeaux, Boomer et Brady (un noir enrobé et un blanc maigrichon) apprennent qu’ils sont les héritiers du trône de l’île exotique de Kinkow. Ils embarquent alors pour leur royaume, où ils deviennent l’autorité suprême, sous le tutelage de leur conseiller, le puissant Mason, de sa fille Mikaela, experte en combat, et sous l’œil jaloux de Lanny, un cousin éloigné complotant en compagnie de son poisson parlant.
Aveckicé ? La grande parade des sidekicks ! En commençant par un échappé de Hannah Montana : Mitchel Musso, en Brady, qui reprend basiquement un rôle similaire à celui d’Oliver dans HM, et qui s’en sort exactement pareil. Autre sidekick promu lead, Doc Shaw, qui débarque de son rôle foireux en guest dans The Suite Life on Deck, et devient ici Boomer... le même, en tout aussi peu intéressant ; De iCarly, où il jouait le fils d’un des voisins, nemesis de Spencer, Ryan Ochoa… qui en gros, reprend un rôle identique à celui de Rico dans HM ; apparaissant aussi dans Zeke & Luther, Geno Segers, décrit à juste titre comme la voix de James Earl Jones dans le corps de The Rock ; et enfin, elle aussi débarquée de The Suite Life on Deck, Kelsey Chow, jeune métisse sino-américaine qui assure son rôle sans problème.
Koiçavo ? Absolument rien. Sur la saison que j’ai regardée (une grosse vingtaine d'épisodes, pris au hasard sur la s1 et le début de la s2), c’est cheapissime, pas drôle, sans intérêt et assez bas de plafond, avec une marionnette-poisson ridicule, et des décors de studio encore plus fauchés que la norme Disney. De plus, tout l’intérêt du show repose (théoriquement) sur l’attachement des spectateurs aux acteurs, depuis leurs rôles précédents : or comme Musso, Ochoa et Shaw, sans être mauvais, sont absolument transparents et oubliables, ça n'aide guère... (et leur chanson de générique est naze).
Perte de Santé mentale : J’ai zappé avant d’avoir eu le temps de mesurer.
Zeke and Luther (2009 - 2011)
Lords of Dumbtown...
Koicé ? Le quotidien d’un duo de glandeurs-skateurs, Zeke & Luther, qui tentent de devenir les meilleurs skateurs du monde, et font face à leur rival Kojo, et aux manigances de Ginger, la petite sœur machiavélique de Zeke.
Aveckicé ? Hutch Dano (Zeke), issu de The Suite Life on Deck, où il jouait le petit ami campagnard de Bailey ; Adam Hicks (Luther), le rouquin qui jouait le voisin envahissant des Jonas dans la s2 de leur show ; Daniel Curtis Lee (Kojo), issu quand à lui du Ned's Declassified School Survival Guide de Nickelodeon ; et Ryan Newman (Ginger), qui jouait jusque là la mini-Miley dans les flashbacks d’enfance de Hannah Montana.
Koiçavo ? En 1996, Dan Schneider (de Nickelodeon) participe à la création de Kenan & Kel, une sitcom centrée sur le quotidien de deux jeunes afro-américains, et de la peste de petite sœur de l’un d’entre eux. Une série dans laquelle les deux personnages s’adressaient régulièrement directement au public du studio où la sitcom était tournée.
En 2004, Schneider, toujours lui, recycle ce concept (composante afro-américaine exceptée), dans Drake & Josh, un carton absolu de la chaîne Nickelodeon, qui mettait donc en scène deux ados (blancs, cette fois-ci) et la petite sœur machiavélique de l’un d’entre eux (interprétée à l’époque, par une jeune Miranda Cosgrove, la Carly de iCarly). Comme dans Kenan & Kel, Drake & Josh s’adressaient ponctuellement au public du studio.
En 2009, Disney décide de recycler le tout, à son tour, en y intégrant une composante "sk8er". Sauf que, comme le show ne peut être tourné en studio (les cascades de skates, dans des décors fermés et minimalistes, ce n’est pas top), Disney délaisse exceptionnellement It’s A Laugh pour se tourner vers une autre maison de production, Turtle Rock : le choix est alors fait de tourner en caméra unique. Et donc Zeke et Luther de s’adresser régulièrement à la caméra, façon reportage à la The Office, en lieu et place d’un public de studio.
On se retrouve ainsi avec une comédie affreusement plate et peu inspirée, honorablement interprétée, mais écrite sans talent ou originalité. Parfois, une pointe de décalage à la Scrubs/Parker Lewis semble surgir, mais elle est très rapidement étouffée au profit de cascades en skate, et d’intrigues insipides. Trois saisons, donc, et puis s’en va, la faute à des audiences déclinantes... et probablement à ce générique bancal, vaguement chanté à la mode ska-punk par les deux leads qui, malheureusement, ne savent pas chanter (et encore, la version postée est une version réenregistrée pour la s2, l'originale est pire).
Perte de Santé mentale : Pas particulièrement perdu de points de Q.I. devant la trentaine d’épisodes regardés... mais c’est parce que je faisais autre chose en même temps tant c’était sans intérêt.
On le sait tous : jusqu'au récent Aquaman (et dans une moindre mesure, Wonder Woman), DC/Warner pataugeait au cinéma, en comparaison de son concurrent Marvel. En confiant les rênes de son univers cinématographique à Zack Snyder, DC/Warner avait opté pour une approche réaliste, sombre et violente de ses super-héros, très similaire à la mode du dark & gritty qui avait fait beaucoup de mal à l'industrie des comics, dans les années 90. De quoi se démarquer initialement de la concurrence de Marvel, au ton plus léger et bigarré, malheureusement sans vraiment convaincre spectateurs et critiques.
À la télévision, cependant, il en allait tout autrement, avec un Marvel aux résultats très limités et aux séries à la peine, tiraillées entre l'univers cinématographique isolé, et la concurrence d'un Ike Perlmutter jaloux et égoïste, dirigeant d'une main de fer la branche télévisuelle de Marvel, et s'opposant constamment à Kevin Feige, responsable cinéma. Face à eux (et à leur succès télévisuel très discutable - les séries Marvel/Netflix sont bancales et quasiment toutes annulées, Agents of SHIELD vivote faiblement), DC a su créer un univers partagé chapeauté par Greg Berlanti, un univers au ton nettement plus léger, et au succès qui ne se dément pas.
Certes, l'univers Arrow/Flash/Legends of Tomorrow/Supergirl est loin d'être parfait, mais il est nettement au-dessus de son homologue cinématographique, et lorsque DC a décidé de lancer sa propre plate-forme de VOD exclusive, le choix de la firme s'est naturellement porté sur Berlanti pour superviser toute une nouvelle fournée de séries et de héros. En l'occurrence, Titans, l'adaptation des Teen Titans, groupe de jeunes super-héros très populaires, notamment si l'on prend en compte ses incarnations animées qui, depuis 15 ans, sont une présence indéboulonnable du petit écran...
Titans, saison 1 :
Traquée par une mystérieuse organisation, Rachel (Teagan Croft), une jeune adolescente aux sombres pouvoirs, finit par croiser le chemin de Dick Grayson (Brenton Thwaites), inspecteur de police à la double vie secrète. Rapidement, le duo rencontre alors Garfield (Ryan Potter), capable de se transformer en animaux, et Kory (Anna Diop), une femme amnésique transformant la lumière du soleil en flammes destructrices. Ensemble, les quatre héros vont tenter de résoudre le mystère entourant Rachel, avant qu'il ne soit trop tard...
Le seul problème de ce Titans, en réalité, c'est que ce projet semble avoir été mis en chantier alors que Snyder dirigeait encore le pendant cinéma de DC, et, par conséquent, la série en subit directement l'influence tonale : pour faire bref, ces Titans, c'est la "rigueur" d'écriture (et les perruques) des séries Berlanti combinée au dark & gritty bourrin du Snyderverse, au "rythme" des séries Marvel/Netflix, le tout chapeauté par Akiva Goldsman et par Greg Walker, un ancien de Smallville.
Voilà : cela devrait suffire à vous donner une bonne idée de ce à quoi vous attendre avec ce programme. Si cependant cela ne vous parle pas vraiment, pas de panique, je vais développer point par point (mais pas forcément dans l'ordre).
En commençant par les bases : les Teen Titans (quelle que soit leur incarnation, papier ou animée) sont une équipe colorée, dynamique, et dégageant une atmosphère souvent joyeuse et positive. C'est ainsi que plusieurs générations de spectateurs et de lecteurs les ont connus, et s'attendaient à les voir portés à l'écran : avec un ton correspondant justement parfaitement à l'univers partagé habituel des autres séries Berlanti.
Mais comme chez DC/Warner, on va toujours à contre-courant, la firme a, dès sa première image promotionnelle, vite fait comprendre que Titans ne correspondrait pas du tout aux attentes, et serait une production sombre, violente, et edgy - en d'autres termes, Titans, saison 1, c'est le ton du Snyderverse, sur le petit écran... et avec, en prime, les occasionnelles fautes de goût des séries Berlanti.
Ainsi, si vous avez toujours voulu voir une Starfire en mode Jason Bourne, amnésique, vêtue comme une prostituée des années 70, brûler des gens grâce à ses pouvoirs pyrokinétiques ; un Dick Grayson tourmenté et accro à la violence, qui rejette Batman et sa formation extrême, mais démolit des méchants à tour de bras, dans de grandes gerbes de sang et de fractures, et n'hésite pas à ordonner l'explosion d'un asile et de ses occupants ; un Beast Boy dont les transformations se font à grands renforts d'os qui craquent, et qui est paniqué à l'idée de se laisser consumer par ses instincts animaliers (spoiler : il finit par le faire, par dévorer un maychant, et Starfire l'encourage même à le faire) ; une Raven gamine et paumée, qui fait un mauvais cosplay de Natalie Portman dans Léon...
Si vous avez toujours rêvé de voir un Batman présenté comme un être sadique et cruel, qui traumatise des enfants pour en faire ses soldats et leur implante un traceur à leur insu ; un Jason Todd (Curran Walters) ultra-rebelle qui massacre des policiers et des bad guys sous l'anonymat de son masque, pour se venger de ce qu'il a subi durant sa jeunesse ; un Hawk (Alan Ritchson) impuissant, névrosé et bourré de médicaments, à l'origin story dramatique à base de pédophilie et d'accident ayant coûté la vie à son frère ; une Dove (Minka Kelly) à la perruque et au costume immondes, plongée dans le coma en cours de saison, et privée elle-aussi de sa mère dans un accident...
Bref, si vous voulez de la tragédie, de la noirceur, des environnements sous-éclairés (au point d'être parfois illisibles à l'écran), du mélodrame à gogo, du sexe (qui reste tous publics, tout de même), du sang, de la colère, de la violence, et des insultes, alors cette version des Titans devrait être faite pour vous.
Et en soi, pourquoi pas : tout comme l'approche du Snyderverse, c'est une approche qui peut être intéressante, en théorie, si elle est bien traitée.
Seulement voilà : sur 11 épisodes de cette saison 1, il y a environ 6 épisodes de contenu, au maximum. En cela, la série rejoint les séries Marvel/Netflix, qui faisaient beaucoup de remplissage... sauf qu'ici, ce remplissage est d'autant plus visible que des épisodes entiers de cette saison 1 sont consacrés à d'autres personnages. On a ainsi un épisode consacré à la Doom Patrol, un et demi centrés sur Hawk & Dove, un sur Dick et Todd enquêtant sur une affaire totalement détachée de l'intrigue principale... ajoutez à cela un récit qui prend largement son temps et fait beaucoup de surplace, et l'on se retrouve avec une série qui, bien souvent, ressemble à une collection de backdoor pilots visant à recycler d'autres projets avortés, ou à les tester avant leur mise en chantier officielle (ce qui s'est produit pour Doom Patrol).
De quoi être rapidement frustré par l'approche créative du tout, d'autant que les personnages sont loin d'être traités sur un pied d'égalité : cette saison, c'est Robin, Raven (et les autres), puisque Dick Grayson est clairement la star du programme, histoire de capitaliser sur ses liens avec Batman, sans jamais pouvoir montrer ce dernier (sauf dans l'épisode final de la saison, mais uniquement en silhouette).
Le fil conducteur de la série, lui, est donc Raven et ses origines, des origines qui lui valent d'hériter de Rachel Nichols en mère, et, dans le rôle de Trigon, le démon destructeur de mondes, la menace ultime de tout l'univers, le géant cornu aux yeux multiples... Seamus Dever, le flic irlandais de Castle. Tout de suite, on revoit ses ambitions à la baisse (et j'aime bien l'acteur, mais là... non).
Ce qui laisse à Beast Boy (réduit à une transformation en tigre) et à Starfire (qui rejoue la même partition de l'amnésie et des tenues disco lamées pendant ces 11 épisodes - et ce, quand bien même les producteurs avaient passé leur temps à jurer que Starfire allait revêtir une tenue plus super-héroïque en cours de saison... ) une part congrue de la saison, éclipsés par leurs collègues, par leurs antagonistes (les cultistes de Trigon, assez peu inspirés), et par les guests stars (la fliquette de début de saison, qui ne sert que de chair à canon ; le bref passage de Donna Troy, la Wonder Girl de service, vers la fin de la saison ; sans compter un certain clone kryptonien qui vient dire bonjour en post-générique de fin de saison, et qui revient un peu à mettre la charrue avant les boeufs).
Titans est donc un programme schizophrène, qui tente de faire 250 choses à la fois : établir un univers partagé pour la plate-forme de VOD DC, réinventer les Titans en personnages dark, gritty et sexy (Starfire/Robin, au lit au bout de quelques épisodes), lancer de potentiels spin-offs, créer l'équipe des Titans sans Cyborg, réussir à rendre crédible des costumes approximatifs et peu inspirés, ainsi qu'une histoire de prophétie démoniaque, essayer de remplir 11 épisodes avec un contenu insuffisant, et tenter de dissimuler le fait que la série tente de présenter, par le biais de Dick Grayson, une intrigue condamnant une certaine forme de violence gratuite, tout en s'y adonnant avec complaisance tout au long de ses 11 épisodes.
Les amateurs de comics 90s et du Snyderverse y trouveront probablement leur compte. Les autres, peut-être moins. Tout n'est pas forcément à jeter dans ces Titans : les épisodes signés Richard Hatem sont plutôt bons, l'interprétation de Diop est excellente, et Thwaites, lorsqu'il peut enfin sortir de sa caractérisation colérique, fait un bon Dick Grayson (Croft est nettement plus inégale en Raven) ; ponctuellement, la direction artistique se marie bien avec le propos du scénario...
Mais en ce qui me concerne, cette version alternative et grimdark des Teen Titans (et de l'univers DC) est assez symptomatique de ce qui ne fonctionne pas chez DC : cette vision adolescente et immature de leurs personnages, qui privilégie l'attitude et la "coolitude" à quelque chose de cohérent et de bien structuré.
Nul doute, cependant, que la série aura ses ultra-fans, prêts à la défendre à la vie à la mort.
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Retrouvez aussi toutes les autres séries passées en revue sur ce blog en cliquant ici et ici.
Sygbab regarde (beaucoup) la tv, Sygbab écrit (parfois) des bilans : retrouvez-les sur le blog des Téléphages Anonymes !
Gilmore Girls, Saison 2 :
Pour qu'un drama fonctionne, il est impératif que le statu quo ne s'installe pas, sous peine de perdre l'intérêt des téléspectateurs. C'est donc sans surprise que Lorelai ne va pas au bout de son engagement avec Max et annule leur mariage au dernier moment. L'installer aussi prématurément dans une relation durable aurait été une erreur et aurait impacté deux éléments clés de la réussite de la série : ses errements sentimentaux et sa dynamique avec Rory.
Ce faisant, Lorelai ne déçoit pas seulement le pauvre Max, qui paie le fait d'être l'homme parfait et qui va peu à peu disparaître des radars, mais également sa mère. Dans le cas d'Emily, la déception est double : elle avait déjà dû digérer le fait que tout le monde soit au courant de cet événement avant elle et de ne pas l'avoir appris de la bouche de sa fille.
Bien évidemment, cela ne facilite pas leur relation compliquée, malgré les efforts de l'une et de l'autre pour créer un lien qui n'a jamais existé. Malheureusement, l'ingérence d'Emily dans la vie de sa fille est beaucoup trop axée sur une extravagance financière que Lorelai rejette, puisqu'elle a tout fait pour s'extirper de ce faste et qu'elle s'en est toujours sortie par ses propres moyens.
Elle cherche essentiellement une reconnaissance pour ce qu'elle a accompli, ce qu'elle n'a que trop rarement, et à demi-mots. Elle la trouvera peut-être auprès de son père, qui s'avoue impressionné par ses capacités lorsqu'il essaie de lancer sa propre entreprise, après avoir pourtant critiqué la façon dont elle se conduit lors d'un entretien téléphonique avec un des fournisseurs de l'Independance Inn.
Richard a d'ailleurs la part belle dans cette saison, avec un développement pour le moins inattendu. Il ne s'agit pas seulement de la remise en question de toute une vie dédiée à la même compagnie - il la balaie d'un revers de la main - qui l'amène à se redéfinir, mais également de la bonne humeur qui en découle et d'un trait qu'on ne lui connaissait pas vraiment jusqu'alors : un sens de l'humour assez fin, plutôt étonnant pour un homme souvent si guindé et à cheval sur les principes. Tout cela provoque des remous dans son couple, avec une réflexion assez juste sur l'ajustement nécessaire lorsqu'un des conjoints a l'habitude d'être seul au domicile conjugal et doit de nouveau composer avec la présente permanente de l'autre.
Les intrigues mentionnées remplissent donc leur rôle en rompant un certain équilibre, tout en conservant une règle immuable qui est de ne pas tendre vers le spectaculaire. De plus, cela se fait au service des personnages, en les étoffant un peu plus à chaque fois. Pourtant, la limite est parfois très fine et il est difficile d'éviter certains écueils. À ce titre, l'arrivée de Jess aurait pu être une catastrophe : ballotté entre une mère qui ne veut pas de lui et un oncle qui a du mal à s'adapter, dans une ville où il ne connaît personne, il devient une sorte d'électron libre qui perturbe la tranquillité de Stars Hollow, sans jamais être véritablement agaçant.
Certes, il provoque des dissensions dans la communauté, et joue beaucoup sur la provocation. Mais derrière se cache un jeune homme doué, cultivé, cependant trop libre et indépendant pour essayer de se conformer à des règles édictées par la société, et doté d'une certaine forme d'humour lorsqu'il réalise ses "farces".
C'est pour toutes ces raisons que Rory s'attache à lui, devenant avec Luke la seule personne à le défendre alors que tout le monde se ligue contre lui, y compris sa mère. Cette attirance avait déjà été quelque peu ébauchée lorsqu'elle avait embrassée Tristan, mais il fallait un autre type de bad boy, plus sensible, plus crédible, et aussi plus charismatique. À ce propos, Tristan évacue rapidement la scène pour laisser de la place, il aurait en effet été inutile de gérer trois soupirants.
Pour autant, cela rend Rory parfois assez insupportable dans le rôle de l'adolescente qui n'écoute pas les conseils des plus âgées, qui lui disent de se méfier car elles sont toutes passées par cette phase-là, et son comportement avec Dean est parfois indigne. Telle mère, telle fille : apparemment, un homme qui fait tout pour les rendre heureuses ne leur suffit pas. Heureusement qu'elles sont belles, drôles, et qu'elles ont un immense capital sympathie : on leur pardonne aisément ces défauts.
Ces éléments se retrouvent ans la situation de Lorelai : outre sa rupture avec Max, elle nie l'attachement évident qu'elle a pour Luke et se rapproche au fur et à mesure de Chris. Sans que celui-ci soit véritablement un bad boy au même titre que Jess, il n'en reste pas moins qu'il ne représente pas non plus un modèle de stabilité. Difficile cependant de lui reprocher quoi que ce soit dans cette saison : souhaitant être actif dans la vie de sa fille, il tient ses engagements (alors qu'à plusieurs moments, tout porte à croire qu'il va une fois de plus décevoir) et il remet de l'ordre dans sa vie en trouvant un emploi fixe.
Si ce n'est le petit détail Sherry, tout est en place pour que Lorelai soit séduite par la possibilité de constituer avec lui la famille dont elle et Rory ont toujours rêvé. À ceci près que le détail se transforme en responsabilité gigantesque pour Christopher. Ce retournement de situation est somme toute assez convenu, mais il faut bien admettre que les raisons que Chris avance pour retourner auprès de Sherry sont tout à fait justifiées : comment pourrait-il manquer à nouveau l'évolution d'un enfant, alors qu'il n'a pas été là pour Rory et qu'il cherche à rattraper le temps perdu ? C'est ce qui sauve souvent la série : la justesse du propos permet de ne pas s'attarder sur le caractère commun d'un événement.
Sur le plan de la structure, il faut noter quelques tentatives de sortir le show de sa routine : entre l'épisode où Richard visite Stars Hollow, Lorelai qui emmène Rory à Harvard au détour d'un road-trip inopiné ou Emily qui emmène sa fille au spa, l'idée fait son chemin. On peut observer aussi une sorte d'alternance pour les intrigues qui concernent Rory : en général, si un épisode se concentre sur ses déboires sentimentaux, le suivant s'intéresse à sa scolarité, sans manquer de la confronter à la diabolique Paris.
Cette dernière ne rate jamais une occasion de lui pourrir la vie d'une manière ou d'une autre dans son délire compétitif toujours aussi exacerbé. Il est en tout cas assez rare que les deux facettes de la vie de Rory entrent en collision. Ce qui ne fait que renforcer l'aspect impossible de la relation entre Lane et Henry, qu'on ne voit finalement jamais ensemble.
Le développement de cette dernière est sans doute l'élément le moins réussi, car finalement assez chaotique : difficile de savoir vers quoi s'oriente le personnage, entre cheerleader et batteuse. Enfin, il n'est pas innocent que la saison se termine sur un mariage (Sookie et Jackson font leur petit bonhomme de chemin tranquillement et sont absolument adorables) alors que celui promis la saison d'avant n'a pas eu lieu.
Malgré les petits défauts évoqués ici et là, cette seconde saison entérine la réussite de la première en réussissant à se renouveler, ce qui n'est pas toujours mince affaire. Mais il faut dire qu'elle a un atout imparable : Kirk. Tout est dit.
Sygbab regarde (beaucoup) la tv, Sygbab écrit (parfois) des bilans : retrouvez-les sur le blog des Téléphages Anonymes !
Gilmore Girls, Saison 4 :
Entre l'ouverture du Dragonfly Inn à gérer pour Lorelai et l'adaptation à l'Université pour Rory, les nouveaux défis que doivent relever les deux jeunes femmes sont immenses et ont un impact sur leur relation fusionnelle. Si dans les premiers épisodes Rory revient très souvent à Stars Hollow le week-end, elle se retrouve rapidement débordée par les cours, et n'a presque pas le temps d'appeler sa mère. De son côté, Lorelai monte son nouveau business quasiment à elle seule, ne pouvant compter sur Sookie. Cette période est donc une épreuve pour les deux protagonistes, puisqu'elles ne peuvent plus se soutenir comme auparavant.
C'est la limite de leur dépendance affective : elles se manquent mutuellement, et l'épisode où elles craquent toutes les deux - Rory sur l'épaule de Dean et Lorelai sur l'épaule de Luke - en est la parfaite représentation. La façon dont le thème est traité réconcilie quelque peu le téléspectateur avec les scénaristes quant au choix de Yale : il est évident que mère et fille ont du mal à couper le cordon, et l'éloignement qu'aurait entraîné un départ de Rory à Harvard aurait sans doute été destructeur. De toute évidence, elles ne sont pas prêtes pour gérer une telle situation.
Si cet aspect est mis en avant, il est en revanche assez paradoxal de constater que la construction du Dragonfly et la vie de Rory à l'Université constituent des intrigues assez diffuses, dans le sens où certaines idées développées ici et là ne sont pas poursuivies. Il suffit de penser à Marty pour s'en convaincre : alors qu'une amitié semble se développer entre lui et Rory, il est par la suite oublié. Il en est de même pour le journal de Yale : après les critiques de Doyle concernant l'article que Rory a écrit à propos d'un ballet, la transformation de son style d'écriture n'est jamais évoquée de nouveau. Ce dernier point est d'ailleurs particulièrement gênant, car le journalisme est son rêve et au bout de quatre saisons, il est difficile de savoir où elle en est exactement; si ce n'est qu'elle doit encore progresser.
Enfin, sa colocation avec Paris - pourtant pleine de potentiel - n'apporte strictement rien. Au contraire, cette dernière est horripilante, et sa relation avec Asher Fleming n'a aucun intérêt. Cette histoire entre un professeur âgé et une jeune femme "innocente" était un écueil tout à fait évitable... S'il avait encore été là, Terrance lui aurait sans doute conseillé de ne pas se lancer dans cette aventure... Mais comme d'autres, il disparaît aussi vite qu'il est apparu.
Dans le rayon des disparitions, le fait qu'Adam Brody ne soit plus présent nécessite de trouver une explication, et de dénicher un autre membre pour le groupe de rock de Lane & co. Et là, c'est un véritable contre-pied, avec l'introduction de Gil, dont l'âge pose quelques problèmes au départ. Cette intrigue prend au fur et à mesure un peu plus d'importance et c'est une bonne chose : outre Brian et Zack qui sont assez drôles ensemble, cela s'inscrit dans la continuité du développement de Lane.
Les changements dans sa vie sont radicaux : elle travaille en tant que serveuse chez Luke, décide de se consacrer à la musique, et finit par emménager avec Brian et Zack après avoir été plus ou moins expulsée de chez elle par sa mère. Malgré le peu de liberté dont elle jouissait, la réalité de ce qu'elle a perdu la rattrape vite, ce qui annonce là aussi une adaptation difficile. Il est en tout cas intéressant de s'apercevoir que Mrs Kim a des failles, même si montrer ses sentiments est pour elle une faiblesse qu'elle ne peut se permettre.
Ce que ne peut pas se permettre Richard, c'est de perdre ses clients. Pour ne pas se retrouver devant cette possibilité, il réintègre son ancienne compagnie après les menaces du père de Jason, laissant le fils avec une réputation complètement ruinée. À vouloir jouer avec le feu et vouloir mettre son père en colère en rejoignant Richard, il fallait sûrement s'attendre à ce dénouement pour Jason.
Cette volonté de vouloir s'émanciper de ses parents tout en recherchant ce qui pourrait les rendre fous se retranscrit aussi dans la décision de Lorelai de poursuivre sa relation avec ce dernier. Tout les oppose, et il fait partie d'un monde qu'elle a toujours rejeté : cela ne pouvait pas fonctionner, et le fait que Jason veuille intenter un procès contre Richard tombe à point pour rompre avec lui. Mais les remous de cette histoire qu'elle a voulu cacher sont bien plus importants qu'elle ne pouvait l'imaginer et sont sans doute à l'origine de la séparation de ses parents. Une fois encore, malgré son énergie et sa bonne humeur, Lorelai apparaît comme une égocentrique immature.
Peut-on donc en vouloir à Rory de ne pas savoir où elle en est au niveau sentimental, quand sa mère est elle-même perdue ? Alors qu'elle semblait avoir retrouvé de la stabilité, Dean et Jess réapparaissent tour à tour. Le premier se rapproche de plus en plus et finit dans son lit - ce qui ne fait que confirmer que son mariage était tout sauf honnête -, le second lui avoue qu'il l'aime avant de lui proposer de venir vivre avec lui.
De quoi rendre la jeune femme confuse et incapable de prendre une décision raisonnée. Mais les apparitions sporadiques des deux rivaux - qui n'en seront pas venu aux mains cette fois-ci - ainsi que leur absence au générique laissent penser qu'une conclusion ne saurait tarder, pour que Rory passe à autre chose et ne s'embarque pas dans des relations trop compliquées à gérer.
La multiplication des intrigues a cependant un effet pervers : la maîtrise des scénaristes n'est plus la même qu'auparavant. La preuve en est avec Nicole, qu'on ne voit quasiment pas alors qu'elle est la femme (!) de Luke, ou encore Jackson, qui est presque absent alors qu'il vient de devenir père. Ce manque de fluidité peut aussi s'expliquer par des ajustements nécessaires entre les personnages qui s'en vont et ceux qui arrivent (parmi eux Liz et TJ, une perspective peu réjouissante puisqu'ils sont aussitôt agaçants), mais un recadrage s'impose.
À trop se focaliser sur le côté drama, Stars Hollow est mis de côté alors que la vie de cette communauté est l'essence même de la série. Heureusement, l'épisode centré sur les peintures vivantes offre des scènes fabuleuses en nous replongeant dans cette atmosphère unique, mélange d'excentricité et de joie de vivre.
La lumière viendra peut-être de la relation naissante entre Lorelai et Luke, qui a enfin franchi le pas après bien des tergiversations. Ou peut-être de Kirk, qui a enfin une petite amie et qui se charge bien entendu de le faire savoir à tout le monde, avec force répétition. Quand il n'est pas en train de se ridiculiser comme il sait si bien le faire.
Quoi qu'il en soit, il va falloir faire mieux car cette saison donne, comme la précédente, l'impression d'être une transition vers une nouvelle ère qui a du mal à se mettre en place. Et il faudrait penser à développer Michel un peu plus : Kirk est largement suffisant comme sidekick.
Nouvelle série HBO diffusée en 2 fournées de 6 épisodes, The Nevers était supposée être le grand retour télévisé de Joss Whedon, qui a créé le show, showrunné la première moitié de la saison, et réalisé quelques épisodes.
Sauf que #MeToo, Ray Fisher, Snyder Cult, Charisma Carpenter, la COVID et tout et tout : mis en face de ses actes (des actes qui ne surprendront personne de familier avec la carrière du bonhomme, tant il était de notoriété publique, chez les fans de Whedon, que le bonhomme avait parfois un caractère de control freak et de petit chef autoritaire et abrupt sur les plateaux de tournage) et de conditions de production intenables pour lui, le créateur a préféré rendre les armes, et a laissé cette série fantastique aux atours steampunk à d'autres personnes, considérées moins toxiques que lui.
The Nevers, saison 1 - première partie (1x01 à 1x06 - 2021) :
En 1899, après qu'un étrange aéronef ait survolé le ciel de Londres, de nombreuses personnes (en majorité des femmes) entrent en contact avec une force surnaturelle. Possédant désormais des dons uniques et incroyables, ces "Touchés" font l'objet du mépris de leurs semblables... mais Amalia True (Laura Donnelly), elle aussi touchée d'un don de précognition, s'est associée à Penance Adair (Ann Skelly), inventeuse géniale désormais capable de percevoir les flux électriques, pour ouvrir un orphelinat, où elle accueille les Touchées dans le besoin, pour les prendre sous leur aile. Face à elles, Maladie (Amy Manson), une criminelle folle, et de multiples complots qui se nouent et se dénouent, au grand dam des Touchées innocentes...
Reste que ces six premiers épisodes ont été produits sous la supervision de Whedon, et qu'on y retrouve partout ses empreintes... pour le meilleur et pour le pire.
Car honnêtement, dès le pilote (écrit et réalisé par Whedon) et pendant toute la demi-saison, on retrouve bon nombre de figures et de ficelles habituelles du bonhomme, au point que ça en devient un peu gênant : entre l'héroïne bagarreuse (Laura Donnelly est excellente dans le rôle, mais j'avoue avoir eu du mal à me défaire de l'impression que Whedon aurait bien voulu avoir Krysten Ritter, et s'est rabattu sur sa doublure lumière), entourée de tout un groupe de jeunes femmes aux pouvoirs improbables (la saison 7 de Buffy n'est pas loin, avec toutes les Potentielles réunies autour de Buffy, Willow et compagnie), le conseil d'hommes misogynes qui décide de l'avenir du monde et de la société (le conseil des observateurs), la bricoleuse rousse qui s'éprend d'un mec british un peu coincé (coucou Kaylee et Simon, coucou Wesley), le cliché du Kill your darlingss (avec une certaine mort surprise qui intervient dès l'épisode 3), la méchante pâle et totalement folle qui ressemble comme deux gouttes d'eau à cette chère Drusilla, et dont l'amante finit par rejoindre le camp des gentils comme Spike en son temps - et j'en passe et des meilleures - on est en terrain très familier.
Trop, probablement, pour qui est habitué au travail de Whedon et à ses multiples inspirations issues du monde du comic-book, et notamment des X-men (mais aussi de Rising Stars de J.M. Straczynski), en plus de l'habituelle métaphore "féministe" littérale du girl power que Joss ressort à chaque projet.
Ajoutez à cela de la nudité gratuite et racoleuse made in HBO (en même temps, pour le moment, le personnage de Swann, sorte de Littlefinger victorien, semble n'être là que pour ça) et une écriture assez inégale, et l'on comprend vite que ces six premiers épisodes ne m'ont pas vraiment convaincu. Ça ne partait pourtant pas trop mal, une fois abstraction faite de cette impression de déjà vu : The Nevers est plutôt bien produit, bien interprété, la direction artistique est convaincante et les effets spéciaux tout a fait honorables.
Mais dès le troisième épisode (le premier à n'avoir pas été écrit par Whedon ou par Jane Espenson, mais par un scénariste relativement débutant sous contrat avec HBO et ayant fait ses armes sur Lovecraft Country), l'ennui pointe le bout de son nez, avec un rythme qui s'étire (forcément, avec des épisodes qui dépassent l'heure de métrage), et des digressions pas très intéressantes.
Trop de sous-intrigues éparpillées, trop de personnages sous-développés, trop de factions nébuleuses, on devine rapidement que la production de la série, en pleine pandémie et effectuée avec une équipe de scénaristes sous-expérimentés (à part Espenson et Whedon, tous les scénaristes de la série sont débutants), a été compliquée. Comme le prouvent rapidement les grosses ficelles employées çà et là, culminant en un épisode 5 (filmé par Whedon) qui a failli être, pour moi, l'épisode de la rupture.
Ellipse temporelle d'un mois depuis l'épisode précédent, personnages, relations et termes sortis de nulle part sans avoir jamais été expliqués au spectateur, on en vient à se demander si cet épisode 5 est un gros ratage d'une écriture se voulant délibérément déconstruite et mystérieuse (mais confrontée aux impératifs d'un tournage en pleine pandémie), ou si c'est le résultat d'un épisode manquant, éliminé lors de la production pour une raison ou une autre (la pandémie, à nouveau ?).
(et puis je ne parle même pas de son twist final façon Keyser Söze du pauvre, à la fois totalement prévisible - tant par la réalisation de Whedon au moment de l'exécution, toute en plans très larges et très louches, que par l'insertion au forceps dans le récit du personnage de cette journaliste suspecte, clairement délibérément sous-maquillée et affublée, de manière visible, d'une perruque - et manquant d'impact, car arrivant à cinq épisodes à peine du début du programme)
Et puis la demi-saison se termine en tirant toutes ses cartouches et en jouant son va-tout dans un ultime épisode de toutéliage signé Espenson, qui centre tout son récit sur Amalia, et en profite pour nous faire des révélations à son sujet. Des révélations qui lorgnent très fortement, une nouvelle fois, sur les X-men (Bishop n'est pas loin, Days of Future Past non plus) ou sur bien d'autres récits utilisant le même ressort narratif : "Amalia" (en fait, "Zephyr", interprétée par Claudia Black) est un soldat qui vient du futur pour sauver le passé (on pouvait s'en douter au vu de ses dialogues cryptiques dans les épisodes précédents), et elle a été transportée dans le corps de la véritable Amalia au moment du suicide de cette dernière...
Pas désagréable, en soi, et ça reste bien interprété, mais il est difficile, à nouveau, de ne pas être directement renvoyé aux influences évidentes du programme, des mutants de Marvel au futur dystopien de Dollhouse, en passant par Rising Stars ou les 4400, pour ce qui finit par être un gloubiboulga de voyage temporel, d'extraterrestres, super-pouvoirs, etc... et c'est bien ce qui finit par tuer cette première demi-saison de The Nevers.
Trop familier, trop décousu, pas assez développé, maîtrisé ou structuré (Est-ce la faute du départ de Whedon ? De la pandémie ?), le programme peine donc à emporter l'adhésion - nul doute qu'il se trouvera une fanbase dévouée, comme toutes les séries de genre (et d'autant plus les séries de Whedon), mais pour ma part, la recette est un peu trop réchauffée pour me plaire, et je ne suis pas certain de remettre le couvert pour la suite de la saison (qui, rappelons-le, se déroulera sous la direction de Philippa Goslett, la nouvelle showrunneuse).
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Encore trop influencé par une relecture récente du comic-book, j'avais été laissé sur ma faim par la première saison des Boys d'Amazon (critique ici), une saison chapeautée par Eric Kripke (Supernatural), et qui partait dans une direction radicalement différente de la version papier.
Contrairement à l'œuvre de Garth Ennis, qui utilisait son récit pour parler de l'industrie des comics, de ses liens historiques avec la propagande, et pour casser tous les tabous en poussant la provocation toujours plus loin, Kripke avait fait le choix étrange de délaisser les Boys du titre pour se concentrer sur les super-héros de la série : des Supes nettement plus détaillés, développés, présents à l'écran et humanisés que l'équipe de Butcher, ce qui changeait drastiquement la donne, les intentions et l'approche d'un programme plus lisse, et ce pour le meilleur et pour le pire.
The Boys, saison 2 (2020) :
Désormais traqués par Vought, les Boys se terrent, tentant de rendre publique l'existence du Composé V, alors même que la multinationale passe aux mains d'un nouveau cadre impassible et calculateur, Stan Edgar (Giancarlo Esposito). De leurs côtés, les super-héros continuent leur petit bonhomme de chemin, Homelander (Antony Starr) trouvant bien vite une compagne digne de lui en la personne de Stormfront (Aya Cash), une super-héroïne intégrant les Sept, et possédant un caractère bien trempé...
Nouvelle saison de The Boys, donc, avec toujours Kripke aux commandes, pour huit épisodes d'une heure. Et malheureusement, les grandes lignes de la saison 1 sont ici préservées, avec des Supers qui monopolisent l'essentiel du temps du programme.
On l'a compris, ce qui intéresse Kripke, ce n'est pas tant le parcours de ses personnages humains, de ses Boys, la radicalisation de Hughie ou le développement organique de son opposition à Butcher (des éléments clés du comic-book), que l'occasion de produire une grosse satire super-héroïque lui permettant de parodier à volonté les univers Marvel et DC (sans jamais oser aller aussi loin que le comics sur ce point, cependant) et de se moquer de la popularité du genre, en leur associant au passage un propos assez problématique.
Kripke l'a dit en interview : pour lui, Trump, l'alt-right, tout ça, c'est une conséquence plus ou moins directe de la popularité des films Marvel, et de l'omniprésence de la figure super-héroïque dans notre société ; une figure qui, selon lui, infantiliserait le spectateur, et le placerait en position de victime attendant un sauveur, qu'il soit doté de super-pouvoirs ou d'une rhétorique populiste.
C'est une opinion hautement discutable, qu'il évoque dans la série par le biais de Stormfront, la super-héroïne dissimulant initialement ses opinions d'extrême-droite sous une ironie et un cynisme d'influenceuse millenial qui utilise les réseaux sociaux pour se présenter comme une rebelle au franc-parler, contrastant ainsi avec l'establishment et le côté policé des autres Supers.
Une Stormfront qui, malgré quelques modifications (dont un gender-swapping assez caractéristique de la série, qui tente visiblement de donner une place plus importante aux femmes dans un récit paradoxalement appelé The Boys), garde l'esprit de son pendant dessiné (un véritable super-nazi ayant rejoint Vought) et devient la compagne de Homelander, dans une relation malsaine qui occupe une bonne moitié de saison.
Car oui, comme je le disais en ouverture, on a à nouveau fréquemment l'impression que la série devrait s'intituler The Seven, et pas The Boys : contrairement aux comics, le protagoniste principal de la série, c'est ici Homelander, pas Hughie. Le programme consacre ainsi le plus clair de son temps aux super-héros, toujours plus humanisés et "adoucis", entre la paternité de Homelander, sa relation avec Stormfront, ses jeux de pouvoirs, les errances de Deep et de A-Train au sein d'une simili-Scientologie, le mystère Black Noir, les problèmes sentimentaux et moraux de Maeve (qui tourne un peu en rond depuis le début de la série), le désenchantement de Starlight, et tout ce qui est centré sur Vought.
Les Boys, eux, restent aussi anecdotiques qu'en saison 1, voire plus encore : totalement dépassés par les événements, ils restent particulièrement passifs, planqués, et les scénaristes décident d'en profiter pour développer un peu leurs motivations et leur passé... mais ça ne fonctionne pas vraiment. Trop sérieux, trop mélodramatique, on peine à s'intéresser à ces personnages parfois sous-développés (Mother's Milk est toujours totalement inexistant) qui sont totalement inefficaces face à leurs ennemis. La romance de Hughie et Annie ? Frenchie et son traumatisme ? Génériques au possible. Kumiko et son frère ? Une digression trop brève. Butcher et sa femme ? Inutile, surtout compte tenu de la fin de cette sous-intrigue.
Privés du Compound V et de l'invulnérabilité qu'il leur confère dans les comics, les Boys de la série sont encore trop souvent superflus et spectateurs, ne survivant que parce que les scénaristes les ont dotés de plot armor, et ne parvenant à leurs fins que grâce à l'aide de super-héros plus ou moins bienveillants (ce qui va un peu à l'encontre du concept même des Boys, une équipe de barbouzes supposément dangereux et redoutables, prêts à tout pour dézinguer du Supes).
Si elle se regarde assez facilement, cette saison frustre, pas très bien gérée au niveau du rythme (gros ventre mou malgré le nombre d'épisodes limité), des thématiques (la série n'a jamais été très subtile dans sa satire, et la mise en images de certains passages, cette saison, est plutôt balourde - je pense notamment à cette ouverture d'épisode consacré à un fan de Stormfront qui se radicalise à force de trop regarder Faux News, et de lire les réseaux sociaux, le tout sur une reprise dépressive de What a Wonderful World), des choix créatifs (la série tente constamment de jongler entre ses propres intrigues, et une fidélité aux grandes lignes du comics - le résultat est inégal, au mieux, et parfois décevant, cf. Black Noir) et de ses péripéties.
D'autant que la série semble aussi revenir sur certaines décisions de la saison 1 : le personnage de Jennifer Esposito est ainsi immédiatement kelleyrisé de manière sanglante, et Stan Edgar, lui, est tout simplement un copier-coller du Stillwell du comic-book - mais comme la série a déjà utilisé Stillwell pour Elizabeth Shue, en s1, les voilà bien embêtés en saison 2, et contraints de créer un nouveau personnage (ce qui ne les empêche pas de continuer à gender-swapper les personnages du comic-book, avec cette fois-ci Mallory ; je suppose qu'ils ont un certain quota de personnages féminins principaux à respecter !)
Pourtant, il y a du bon, dans tout ça : Antony Starr est toujours excellentissime, Aya Cash fait du Aya Cash, Shawn Ashmore est convaincant dans un petit rôle (l'interprétation est globalement solide, de toute façon), il y a un certain contraste intéressant dans toutes ces notions de paternité récurrentes tout au long de la saison, et de manière globale, le show est très bien produit et visuellement convaincant, avec une fin de saison dynamique.
Mais The Boys, c'est aussi une série qui parodie et critique ouvertement (tant à l'écran qu'en interviews) certains éléments et clichés de la culture super-héroïques ("Dans Avengers Endgame, le moment où toutes les super-héroïnes se retrouvent simultanément à l'écran pour un moment de féminisme forcé, c'était très naze !"), avant de les utiliser exactement à l'identique un peu plus tard, au premier degré (le passage à tabac de Stormfront par les trois héroïnes, ou toute la conclusion de la sous-intrigue des pouvoirs de Ryan, notamment, qui renvoie au fils de Superman dans Superman Returns).
Une sorte de moyen un peu hypocrite d'avoir le beurre et l'argent du beurre, de ménager la chèvre et le chou, qui participe de cette approche qui me dérange toujours un peu dans la satire de ce programme : cette satire, souvent facile, un peu superficielle et creuse, prêche les convaincus (en ligne, la moindre critique un peu mitigée de The Boys reçoit des volées de bois vert et de "c'est trop intelligent et corrosif pour vous, vous n'avez pas dû comprendre la subtilité du programme", souvent en provenance d'un public qui, justement, prend de haut les films Marvel ou DC), tout en cédant fréquemment à ce qu'elle dénonce.
Critiquer le fanservice et les défauts de la concurrence, c'est amusant, mais quand on y a soi-même recours à longueur de saison (Love Sausage, Terror le chien, etc), ça dessert un peu le propos.
Et la conclusion de la saison 2 est un peu à cette image : après un épisode un peu bordélique et bâclé, fin heureuse pour tout le monde (ou presque), mais l'un des rares personnages secondaires positifs de la saison (un clone de la politicienne progressiste AOC) se révèle être soudain un grand méchant aux pouvoirs jusque là cachés ; un twist de dernière minute pas forcément ultra-cohérent sur tous les plans, et assez cliché dans l'absolu, mais l'honneur est sauf, et la thèse de Kripke est rendue transparente : "Le pouvoir corrompt, et tout le monde est pourri, surtout ceux qui se présentent comme vertueux".
Une morale assez cynique et désabusée, finalement plutôt en phase avec l'Amérique de notre époque. Et au delà de toutes les digressions inutiles du programme, cette vision cynique du monde est peut-être le point sur lequel la version télévisée de The Boys ressemble le plus au comic-book dont elle s'inspire...
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L'Halloween Oktorrorfest touche aussi le petit écran, avec chaque week-end, du 1er octobre à début novembre, des critiques de séries fantastiques et horrifiques...
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Petit passage par la case anglaise, pour cette anthologie sombre et décalée créée par Reece Shearsmith et Steve Pemberton, deux des membres de la troupe déjà responsable de Psychoville et du Club des Gentlemen.
Sans surprise, cette anthologie de quatre saisons (pour l'instant) donne dans le glauque, dans l'humour noir, et dans le malsain, au travers de six épisodes d'une petite demi-heure par année de diffusion : des épisodes totalement déconnectés, mais qui partagent un lien avec le chiffre 9, et qui sont l'occasion pour bon nombre d'acteurs de se joindre aux showrunners/acteurs/scénaristes, pour s'essayer à des concepts et des scénarios frôlant parfois l'expérimental...
- Saison 1 -
1x01 - Sardines :Dans la demeure familiale de Rebecca (Katherine Parkinson), la jeune femme et son compagnon (Ben Willbond) organisent une fête pour célébrer leurs fiançailles. Mais rapidement, une partie de cache-cache sardine commence à dégénérer à mesure que plusieurs de leurs proches les rejoignent dans leur cachette, et que les langues se délient...
Un premier épisode sympathique, qui donne assez bien le ton de la série, et montre sa volonté de jouer avec les formats, mêlant le théâtre à la télévision et au cinéma. Ici, en l'occurrence, tout se déroule dans une armoire, avec une unité de lieu qui permet de faire monter la pression, et de révéler progressivement des secrets et des vérités toujours plus malsaines.
On saluera la présence toujours agréable de Katherine Parkinson (The IT Crowd), et on regrettera une chute finale un peu faiblarde.
1x02 - A Quiet Night In : Eddie et Ray (Pemberton et Shearsmith), deux cambrioleurs incapables, tentent de dérober un tableau dans la demeure de Gerald (Denis Lawson) et Sabrina (Oona Chaplin), un couple au bord de l'explosion.
Un nouvel épisode très expérimental, puisque presque intégralement dépourvu de dialogues, et pourtant jamais ennuyeux ou répétitif : les deux acteurs principaux parviennent à rendre le tout drôle et prenant, faisant de cet épisode l'un des plus mémorables et réussis de ces deux premières saisons.
1x03 - Tom & Gerri : Auteur frustré et instituteur mécontent, Tom (Shearsmith) croise le chemin de Migg (Pemberton), le sans-abri vivant devant chez lui, lorsque ce dernier lui ramène son porte-feuille perdu. Rapidement, cependant, Migg exerce de plus en plus d'influence sur Tom, au grand dam de la petite amie de ce dernier, Gerri (Gemma Arterton)...
Un troisième épisode nettement plus sombre et moins drôle que les précédents, mais néanmoins sympathique, notamment pour ses invités (Arterton, notamment, mais aussi Conleth Hill, dans un tout petit rôle). On regrettera cependant un déroulement plutôt prévisible, et une conclusion qu'on voit largement venir à l'avance...
1x04 - Last Gasp : Lors d'une visite hospitalière en compagnie de son assistant Si (Adam Deacon) et d'une responsable d'association caritative (Tamsin Greig), Frankie Parsons (David Bedella), une pop-star, décède subitement dans la chambre de la petite Tamsin (Lucy Hutchinson), alors qu'il vient de gonfler un ballon. Rapidement, les adultes présents réalisent que le dernier souffle de Frankie vaut une fortune, et ils commencent à se disputer...
Un épisode regardable, avec notamment un moment amusant (lorsque les personnages tentent de prononcer le prénom de la fillette... prénom qui est aussi celui de l'une des actrices) qui sent vraiment le vécu, mais dans l'ensemble, c'est l'un des épisodes les plus faibles de la saison, en partie à cause d'un manque évident de chute marquante et percutante.
1x05 - The Understudy : Tony (Pemberton) est une star du West End, et la vedette de Macbeth. Jim (Shearsmith), sa doublure, rêve quant à lui d'un rôle plus conséquent, et, motivé par sa fiancée Laura (Lyndsey Marshal), elle-même dans la pièce, il décide de faire tout son possible pour se faire une place sous les projecteurs...
Un épisode inspiré par Macbeth, et construit en cinq actes, pour un tout qui n'est pas désagréable, mais qui peut paraître un peu décousu (on sent que le script a été réécrit encore et encore par les scénaristes, à la recherche d'un angle d'attaque pertinent), et prévisible. Rien de mauvais, mais rien d'exceptionnel.
1x06 - The Harrowing : Engagée par Hector (Shearsmith) et Tabitha (Helen McCrory), un couple étrange, pour surveiller leur demeure gothique en leur absence d'un soir, Katy (Aimee-Ffion Edwards) découvre bien vite que la demeure glaciale abrite à l'étage le frère handicapé du couple, Andras (Sean Buckley), qui ne doit être dérangé sous aucun prétexte...
Dernier épisode de la saison 1. Et quel épisode, puisque Shearsmith et Pemberton se lâchent totalement et produisent ici un récit d'horreur gothique totalement premier degré et jusqu'au- boutiste, joliment glauque et oppressant. Très réussi.
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Deux épisodes excellents (le second et le dernier), quatre autres épisodes nettement plus moyens et/ou prévisibles, mais pas désagréables pour autant : de quoi donner une première saison sympathique, sans être exceptionnelle. Place à la suite...
- Saison 2 -
2x01 - La Couchette :À bord d'un wagon-lit français, Maxwell (Shearsmith), un médecin anglais, tente de dormir, mais il est constamment dérangé, tout d'abord par Jorg (Pemberton), un Allemand ivre et flatulent, puis par Kath (Julie Hesmondhalgh) et Les (Mark Benton), un couple anglais, et enfin par Shona (Jessica Gunning), une Australienne, Hugo (Jack Whitehall)... et par un cadavre.
Un épisode de reprise qui renvoie au premier épisode de la saison précédente, avec un fort sentiment de claustrophobie, accentué par la présence du cadavre encombrant. Plutôt amusant, mais aussi plus anecdotique et léger que d'autres, à nouveau à cause d'un script un peu prévisible.
2x02 - The 12 Days of Christine : À intervalles réguliers de 13 mois, douze jours marquants de la vie de Christine (Sheridan Smith) aux côtés d'Adam (Tom Riley), qu'elle rencontre lors des fêtes de la Nouvelle Année. Une vie qui, rapidement, sombre dans un chaos étrange, alors qu'un homme inconnu (Shearsmith) apparaît et disparaît de chez elle, sans explication.
Pas très inspiré, celui-là, avec son parti-pris Échelle de Jacob/Carnival of Souls, qui oriente clairement l'épisode vers quelque chose de nettement plus dramatique, et de très peu comique ou macabre.
Pour peu qu'on ait une certaine connaissance du genre, on devine rapidement comment tout cela va se dérouler, ainsi que le fin mot de cette histoire. Et il faut dire aussi que l'actrice principale arbore une perruque particulièrement laide pendant tout l'épisode, pour faciliter ses changements de coupe de cheveux au fil du temps, ce qui n'aide pas franchement à crédibiliser le tout, ou à brouiller les pistes.
Pas mauvais, en soi, mais très frustrant.
2x03 - The Trial of Elizabeth Gadge : Au 17ème siècle, deux chasseurs de sorcières réputés, Warren (Shearsmith) & Clarke (Pemberton) sont convoqués par le Magistrat (David Warner) de la petite bourgade de Little Happens, pour enquêter sur le sort d'Elizabeth (Ruth Sheen), accusée de sorcellerie...
Une farce totalement absurde, à mi-chemin entre les Monty Python et les films de la Warner, et qui prend le contre-pied total de l'épisode précédent, en optant pour de la comédie pure et dure (avec en prime une pointe de surnaturel), et en opposant ses deux chasseurs de sorcières à un village de profonds abrutis. Plutôt agréable, tout ça.
2x04 - Cold Comfort : Andy (Pemberton) rejoint le personnel d'une ligne de soutien psychologique, où il côtoie son superviseur George (Shearsmith), la pipelette Liz (Jane Horrocks), et Joanne (Nikki Amuka-Bird), employée consciencieuse. Mais lorsqu'une adolescente suicidaire les contacte, les choses dégénèrent rapidement...
Un épisode filmé en mode caméra de surveillance avec split-screen, beaucoup plus sérieux que drôle, et qui possède une conclusion vraiment noire et sans appel. Pas forcément l'épisode le plus mémorable, en fin de compte, mais néanmoins assez intéressant.
2x05 - Nana's Party :Angela (Claire Skinner) accueille sa famille à l'occasion de l'anniversaire de sa mère de 79 ans, Maggie (Elsie Kelly) ; mais Jim (Pemberton), le mari d'Angela, est bien décidé à faire une blague à Pat (Shearsmith), son beau-frère farceur, et il se cache dans un faux gâteau d'anniversaire...
Un épisode avec une structure d'in media res pas forcément pertinente ou efficace, puisque tout ce qui à trait à l'ambulancier est particulièrement prévisible, et que le tout finit par manquer de mordant.
De manière globale, la montée en pression de tout l'épisode est assez réussie, mais la chute, malheureusement, n'est pas à la hauteur, et déçoit un peu.
2x06 - Séance Time : Accueillie par Hives (Shearsmith), Tina (Sophie McShera) arrive dans la villa victorienne de Madame Talbot (Alison Steadman), une voyante, pour que cette dernière lui lise l'avenir. La séance semble alors basculer dans le surnaturel, jusqu'à ce que Hives révèle que Tina est la victime d'une caméra cachée dont il est le producteur. Mais lorsque Pete (Pemberton), une nouvelle victime, entre en scène, le canular dégénère, et un véritable esprit vengeur s'invite dans l'émission...
Un épisode très réussi (plan final excepté), qui parvient à ménager comédie et épouvante, et à instaurer une ambiance prenante et angoissante. Bien joué.
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Une jolie fin de saison, pour une cuvée 2015 assez inégale, car légèrement trop prévisible, et manquant un peu d'expérimentations. Certes, Pemberton et Shearsmith jouent occasionnellement avec la structure narrative de certains épisodes, mais c'est fait de manière un peu trop évidente pour convaincre totalement, et ça manque d'humour pour compenser (2x03 excepté).
Cela dit, le 2x02 est considéré par beaucoup comme un chef-d’œuvre tragique et glaçant, alors qu'il m'a vraiment laissé de marbre, donc...
(à suivre...)
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