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LES TÉLÉPHAGES ANONYMES

Il était une fois Lurdo & Sygbab, deux internautes passionnés de séries tv et de cinéma, et qui cherchaient un endroit où archiver leurs avis (semi) éclairés...

Les bilans de Lurdo : Weirdsister College (Amandine Malabul / The Worst Witch, saison 4 - 2001)

Publié le 7 Décembre 2011 par Lurdo in Les bilans de Lurdo, Critiques éclair, Review, Télévision, Oktorrorfest, Fantastique, Halloween, Jeunesse, Worst Witch, Comédie, Drame, Romance

Weirdsister College, saison 1 (Amandine Malabul / The Worst Witch, saison 4) :

Un spin-off assez étrange, qui demande un temps certain d'adaptation, mais qui s'avère étonnamment satisfaisant, en fin de compte. Millie a maintenant 16 ans (il me semble), une coupe de cheveux calamiteuse, elle continue ses études au Weirdsister College de Cambridge (l'équivalent du lycée des sorcières, quoi), où elle se retrouve en colocation avec son ennemie jurée, Ethel (Felicity Jones, au relookage goth qui ne laisse pas insensible, reprend ici son rôle de la saison 1 de The Worst Witch), et Cas (Abeille Gélinas), une canadienne qui joue mal et de toute façon ne sert à rien dans la série, si ce n'est assurer le quota co-production uk/canada.

Elles suivent donc des cours dispensés par le Proviseur Thunderblast (Charmian May), vieille dame sévère mais juste ; Starfinder (Eric Loren), le chercheur américain jeune et dynamique ; Shakeshaft (John Rogan), le vieux sorcier gâteux qui a connu le Moyen-Âge ; Wendle (Jaye Griffiths), la chercheuse/conseillère des nouvelles arrivantes ; et "The Beetle" (Jenny Galloway), la garde-chiourme de service, une petite grosse en uniforme qui sert aussi de comptable et d'équivalent à Miss Hardbroom dans cette série.

Autour de ce petit monde gravitent deux apprentis sorciers (l'équivalent des jumeaux Weasley de Potter) ; Deirdre Swoop (une ancienne déjà apparue dans The Worst Witch ; c'est d'ailleurs la seule de TWW à revenir de manière régulière, Hardbroom et Enyd, relookée en punkette, ne faisant que des caméos plus ou moins rapides) ; le love interest moldu de Millie, et sa mère, qui tiennent le café local ; et surtout Hobbes (Bobby Barry), le bad boy de service, qui semble constamment faire un cosplay de Severus Rogue, en plus jeune et charismatique, toujours en train de mijoter des plans machiavéliques visant à accroître son pouvoir personnel, le plus souvent avec l'aide d'Ethel, qui a un faible pour lui.

C'est d'ailleurs ce qui rebute un peu au premier abord. Outre le nouvel environnement, les deux-trois premiers épisodes ont tendance à s'axer sur les sentiments des personnages, et sur le triangle Millie/Ethel/Hobbes. Ajoutez à cela une illustration musicale agaçante (Paul K. Joyce n'est plus de la série, et on se retrouve avec des instrumentaux qui frôlent parfois les signatures musicales de Premiers Baisers), et on peut alors craindre le pire pour la suite.

Mais en fait pas du tout. Millie et Ethel font rapidement la paix (une paix relative, certes), le côté soap adolescent disparaît quasiment, et on renoue rapidement avec les habitudes de The Worst Witch : une construction de saison maîtrisée, avec notamment ici une influence plus prononcée de la saga Harry Potter.

Ce n'est, après tout, que justice : Rowling s'étant allègrement inspirée de The Worst Witch pour sa saga, au tour de Weirdsister (la série est de 2001 : quatre tomes de Potter étaient déjà sortis) de faire de même, en prenant inspiration de Potter sur ce qui y est le meilleur, et qui faisait drastiquement défaut à The Worst Witch : des enjeux globaux.

En l'occurrence, Weirdsister construit ses enjeux de manière assez subtile. Si à première vue, les épisodes indépendants semblent s'enchaîner, relatant la vie au jour le jour de l'école (un test très similaire au Sorting Hat de Potter ; un tournoi équivalent à la Coupe de Feu, mais en interne ; le café local qui est sur le point de fermer, etc), et les expériences louches de Hobbes (qui réanime une gargouille de pierre, ou s'infiltre dans les rêves de Millie), on s'aperçoit en fait en arrivant à la fin de la saison, avec le triple épisode de conclusion, que tout était habilement amené depuis le pilote, et que l'arc narratif de ces treize épisodes tenait en deux mots : Foster Effect.

Le Foster Effect (déjà mentionné à plusieurs reprises dans TWW), c'est le retour de bâton qui menace quiconque utilise ses pouvoirs pour un gain ou son plaisir personnel. Et dans une école, ce Foster Effect s'accumule à chaque leçon. Pour l'évacuer, tout un système de sorts et de tuyauteries existe à Weirdsister (d'où un épisode où ce système tombe en panne), mais ça reste un handicap majeur à la pratique de la magie. Ce qui motive l'arrivée du chercheur américain, qui passe toute la saison à expérimenter en compagnie d'une sélection d'élèves, mêlant science et magie pour se débarrasser du Foster Effect.

Et les scénaristes de fournir dans chaque épisode des bribes d'informations sur ce Foster Effect, ses conséquences, son application, ses règles, etc. Et quand arrive un épisode plutôt réussi à base de voyage temporel (Whatever Happened Happened, à la Lost), dans lequel on découvre que Shakeshaft (qui d'ailleurs ressemble trait pour trait, la barbe en moins, au Dumbledore des versions ciné de Potter ; il y a de l'inspiration dans l'air...) n'est pas gâteux, mais juste dépressif, car nostalgique de sa fiancée, morte au quinzième siècle alors que lui devenait immortel dans une expérience ratée, on s'aperçoit que la série retombe sur ses pattes.

L'expérience en question, c'était sur le Foster Effect, et elle avait coûté la vie au collègue de Shakeshaft. Aussi quand, dans le cadre des recherches de l'Américain, Hobbes reproduit les conditions de l'incident, il ouvre la porte à la destruction de Weirdsister, ainsi qu'à une entité maléfique habitant les murs du château depuis des siècles, et désirant se venger...

C'est simple (et probablement assez mal expliqué par mes soins), mais ça donne du liant aux 13 épisodes de la série, que l'on regarde d'un autre oeil après cela.

Et si même Weirdsister College (une série pour enfants/ados, au budget microscopique, annulée après sa première saison de 13x22 min., sans ambition aucune, et écrite par des scénaristes polyvalents absolument pas spécialisés dans le genre), parvient à mettre en place une mythologie cohérente et organique, qui n'a pas recours aux retcons en tout genre, est régulièrement développée, et ne se fait pas au détriment des personnages...

... alors à la place des équipes de production de bon nombre de séries américaines bancales et sur-budgetées, j'aurais honte.

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