Episode IX : Action Men, the greatest heroes of them all !
Loi n°10 de la Tweencom (rappel) : Règle du sidekick : bien souvent, le/la lead de la tweencom est affublé(e) d’un(e) sidekick comique, faire valoir au physique moins conventionnel, à l’interprétation plus exagérée, et délibérément laissé en retrait. Et presque aussi souvent, c’est parce que le/la sidekick est bien plus talentueux(se), attachant(e), et tout simplement charismatique que le/la lead.
Corollaire (rappel) : Lorsqu’un sidekick commence à éclipser son lead, le moment est venu de lui donner sa propre série… pour, bien souvent, que l'on s’aperçoive qu'il ne fonctionne pas en solo ou en lead.
The Troop (2009 - ?)

The Middlemen (not) in Black, version s1 : charisme écrasant, et décors hors de prix...
Koicé ?
Le monde qui nous entoure est empli de monstres en tous genres, tous plus dangereux les uns que les autres… à Lakewood, une équipe de chasseurs de monstres protège la communauté en secret : The Troop, composée de trois adolescents, supervisés par le directeur-adjoint du lycée, par ailleurs ancien Trooper à la retraite…
Aveckicé ?
Nicholas Purcell, dans le rôle du comic-book geek maladroit qui rejoint l’équipe dans le pilote : pas particulièrement charismatique, mais il remplit son office de référent pour le jeune public ; David Del Rio en Felix Garcia, nerd latino (il porte des lunettes, c’est forcément un nerd !) gaffeur et inventeur de génie, qui est kelleyrisé au début de la s2. L’acteur se donne à fond dans son rôle, et reste le plus intéressant de la bande ; Gage Golightly est Hayley, la cheerleader surbookée, intelligente, talentueuse, parfaite, blablabla… une actrice solide aux faux airs occasionnels d’Ashley Judd, en plus joufflue, mais bon, ça ne va pas beaucoup plus loin ; John Marshall Jones (Mr. Stockley), en proviseur peureux/chef de la Troop, très fun et clairement l’acteur le plus sympa du lot ; Cadence Nash (la sympathique Malese Jow, de la série Unfabulous, sur laquelle je reviendrai plus tard), qui débarque en s2, dans le rôle d’une Faith-bis qui cache en fait des origines métissées monstre-humaine, et se transforme occasionnellement ; et enfin Matt Shively (de True Jackson VP), dans le rôle du remplaçant de Felix, un certain Kirby, clown maladroit et enthousiaste, issu d’une famille fortunée, et qui adore déguisements ridicules et looks improbables…
Koiçavo ?
Amusant de découvrir ce show après Supah Ninjas, tant le schéma global, et certains personnages sont globalement identiques. Mais là où Supah Ninjas s’inspire des classiques du comic-book pour les réinterpréter sans se prendre au sérieux, The Troop lorgne plutôt du côté de Men In Black et de The Middleman, saupoudré d’un peu des loners de Buffy saison 1, voire du Loup-Garou du Campus pour le ton général.
Avec le créateur de The Secret World of Alex Mack (un teen show fantastique des 90s) à la barre, Nickelodeon se tourne ainsi une nouvelle fois vers un format court, en caméra mobile, écrit avec un second degré certain : chaque épisode est une nouvelle chasse au monstre, des monstres en images de synthèse plus ou moins réussies (budget limité oblige), tandis que les trois protagonistes tentent de mener de front leur vie de monster hunters et leur quotidien scolaire.
Et force est de constater que ça se regarde plutôt bien, en théorie : c’est dynamique, les personnages secondaires ont une existence (même si on doit voir la petite soeur de Jake dans une demi douzaine d’épis maximum, en une saison et demi), c’est relativement bien joué, ça se permet régulièrement de l’absurde (les épisodes festifs, avec génériques modifiés ; le génie du mal/éponge spontex parlante, qui a un accent anglais, et met sur pieds un plan d’évasion digne de Minus et Cortex ; les vampsters, mi-vampires, mi-hamsters, au look Jersey Shore, etc), ça minimise au maximum le shipping en s1 (en s2, déjà nettement moins), et la prod semble éprouver un malin plaisir à recouvrir de slime ses acteurs à la moindre occasion…
De plus, le show assume joyeusement son côté référentiel : les monstres et les situations sont très souvent volontairement dérivatifs (en vrac : un jabberwocky ; des Tremors ; une dryade poisonivyesque, avec des arbres à la Evil Dead ; un cube de gelée acide tout droit sorti de Ad&d ; un mini-godzilla ; des poupées possédées qui détruisent tout le jour de Noël, Gremlins-style ; des Trolls ; un épisode à la The Thing/Bodysnatchers ; une maison hantée avec une créature qui se nourrit de la peur ; le lapin de Sacré Graal ; un double robotique ; les Martiens de Mars Attacks ; des créatures qui vivent dans les miroirs ; l’équipe qui utilise un flashouilleur de mémoire pour effacer leurs traces des esprits des témoins… sauf que là, le flashouilleur est une bestiole adorable en CGI...).
Tout devrait donc être aussi enthousiasmant que l’est Supah Ninjas... et pourtant, ce n’est pas le cas. Je pourrais très bien incriminer la musique quelconque, le générique insipide, ou les scénarios finalement assez convenus. Mais en réalité, le vrai problème, c’est le trio principal, affreusement dénué de charisme (encore que, à la limite, Del Rio s’en sort).

Les deux recrues de la saison 2, et le duo de la s1 : petit effort de présentation...
Ce qui pose forcément un certain problème d’attachement du spectateur à la distribution : on regarde les épisodes distraitement, sans s’ennuyer, mais sans non plus s’intéresser particulièrement au sort des personnages, dont les interprètes n’ont pas de véritable présence à l’écran.
Un problème que la prod semble avoir remarqué, puisqu’après leur première saison, et malgré une fin de s1 façon "réunion de tous les monstres vus précédemment, et vengeance d’un ennemi récurrent", le show est repensé de fond en comble. Exit Felix (le moins transparent du groupe), qui est kelleyrisé après deux épisodes, sans réelle explication, et place à Malese Jow et Matt Shively : pas forcément une mauvaise idée en soi, les deux acteurs ayant déjà fait leurs preuves, et étant assez sympathiques.
Avec eux, nouveau générique (encore plus naze et sans rapport, musicalement : la chanson autotunée parle de devenir riche et célèbre, d'être une superstar... hors sujet total!), nouvelles dynamiques entre les personnages (beaucoup plus de shipping, notamment) et nouvelle réalisation, à base de split-screens, de ralentis, et d’effets visuels dynamiques. Pas forcément toujours ultra-convaincant, dans un premier temps : les sfx semblent en prendre un petit coup dans l’aile au passage, le récit se fait beaucoup plus premier degré (pendant quelques épisodes uniquement), et Shively est rapidement remplacé, pendant deux épisodes, par Étienne, l'un des persos récurrents du show.
Et juste ensuite, le show enquille les guest stars made in Nick : si Gibby de iCarly est assez fun en monstre pêteur à queue baladeuse, Daniella Monnet, de Victorious, doit se contenter de reprendre le rôle tenu par Victoria Justice en s1, avec quelques variations. Puis c’est Ashley Argota, de True Jackson, qui s’invite, dans un rôle assez moyen…. Tout ça, c’est bien gentil, mais comme à côté, le shipping devient envahissant, Malese Jow ne sert à rien, et les sfx continuent d’être faiblards, ça n’aide pas. Essai loin d’être transformé, donc, pour cette seconde saison suspendue en cours de diffusion…
Perte de Santé mentale :
Rien de bien méchant, même si occasionnellement, on grimace un peu devant la pauvreté de certains effets, des décors, et les astuces de montage et de caméra utilisées pour cacher la misère. Mais ça reste globalement honorable visuellement, à défaut d’être très ambitieux ou original.
Et c’est probablement pour cette raison que, contrairement à Supah Ninjas, ça ne m’a pas plus séduit que ça. Ça, et le fait que les épisodes les plus sérieux (notamment le début de s2) tournent assez souvent à vide, peinant à vraiment décoller (ce qui contraste d’autant plus avec les épisodes les plus délirants, souvent funs).
Aaron Stone (2009 - 2010)

Aaron Stone saison 1 : c’te tronche…
Koicé ?
Charlie Landers est un super gamer, le meilleur joueur du monde du jeu Hero Rising, où il apparaît sous les traits d’Aaron Stone le super combattant. Il a un frère un peu plus jeune, Jason, qui lui attire toujours des ennuis, Emma une voisine asiatique batteuse-gameuse, et une mère compréhensive... un jour, Mr Hall, le mystérieux patron de Hall industries, et créateur du jeu Hero Rising, enlève Charlie, et fait de lui "Aaron Stone", super espion à l’équipement futuriste, identique en tous points à l’avatar de Stone dans le jeu. Sa mission : défendre le monde libre contre les forces de l’Omega Defiance, un groupe d'anciens associés de Hall voués à sa destruction, et à l’exploitation maléfique de la technologie de Hall. Pour aider Aaron, STAN, un androïde chauve déjanté, et Emma, en réalité une super techno-geek-scientifique, qui crée tous les gadgets d’Aaron Stone.
Aveckicé ?
L’excellent Kelly Blatz dans le rôle titre : l’acteur est dynamique, expressif, juste, et athlétique. Et comme en plus il se débarrasse de sa coupe de cheveux ridicule avec la s2, tout va bien ; Jean-Paul Manoux en STAN, un hybride de Data et du doyen de Community : là aussi, l’acteur est tout à fait à la hauteur, et tient très bien son rôle ; Tania Gunadi en Emma, la techno-geek-inventeuse : pas mauvaise non plus, mais le personnage est tellement cliché et convenu, avec perruque multicolore, etc, qu’elle devient rapidement transparente et sans intérêt ; David Lambert, solide en Jason, le little bro’ envahissant et énervant, mais pas trop ; Martin Roach en Mr Hall, dont le rôle consiste à avoir une grosse voix et à jouer tout le temps dans l’ombre.
En s1, le Big Bad est le Dr Necros (Mif), un vilain chauve qui ressemble beaucoup à Hall, et est assez bien interprété ; autre antagoniste, Elias Powers (interprété solidement par Malcolm Travis), qui a créé le jeu Hero Rising pour Hall, avant de virer psychopathe.
En s2, le big bad est Damaged (Greg Byrd), un psychopathe aux pouvoirs télékinétiques, se cachant derrière un masque d’Halloween déchiqueté. Là aussi, l’acteur assure le perso.
Autour de Charlie/Aaron, un paquet de persos secondaires plus ou moins récurrents : les deux sidekicks comiques indiens, qui passent de joueurs de Hero Rising à überhackerz/spécialistes informatiques qui aident Aaron dans ses missions ; plusieurs girlfriends potentielles de Charlie, qui apparaissent dans une poignée d’épisodes ; la girlfriend potentielle collante de Jason ; la proprio du comic-book shop où travaille Charlie le jour ; un übernerd cliché qui bosse au comic-book store….
Koiçavo ?
En fait, Aaron Stone a connu, à mes yeux, un peu le cheminement inverse de The Troop : là où The Troop a un capital sympathie immédiat (dû à son ton décalé), mais finit par tourner parfois à vide, tout en manquant de focus, Aaron Stone connaît une première saison très très moyenne, voire quelconque, pour commencer à trouver son rythme de croisière à la fin de celle-ci.
La première saison d’AS raconte ainsi le combat d’Aaron contre l’Omega Defiance de Cronos et de ses lieutenants. Jamais vraiment convaincants, ceux-ci ont des looks assez cheaps, les scénarios sont assez moyens, et niveau action, ça assure le strict minimum. Rien de mauvais, mais rien d’exceptionnel non plus. Blatz fait son truc, mais son personnage reste un Marty Stu en puissance : super gamer, super skateur, super yamakasi, super chanteur, super sportif, super guerrier, super biker, blablabla ; STAN nous refait tout Data en moins inspiré ; le grand méchant cabotine... et si les sfx sont assez bons, les séquences 3D du jeu vidéo Hero Rising sont fauchées : bref, le tout se regarde très distraitement, d’autant que le ton très premier degré du show contraste un peu avec le budget du tout (bon, il y a un caméo de Chris Jericho, mais ça ne suffit pas).

Et puis, à la fin de la saison 1 (21 épisodes), les scénaristes ont la bonne idée de développer un semblant d’arc et de continuité. Ils commencent enfin à révéler les origines de Hero Rising, à expliquer celles de l’Omega Defiance, bref, ça commence à acquérir un semblant de substance.
En s2 (14 épisodes), la tendance se confirme. En changeant d’optique, la série devient encore plus premier degré, mais avec un budget mieux maîtrisé : les effets s’améliorent, le jeu en 3D aussi, et surtout la série introduit de nouveaux ennemis, évadés des laboratoires de l’Omega Defiance : une bandes de mutants freaks aux pouvoirs et aux looks improbables, qui se réfugient brièvement dans un cirque abandonné, et y décident de détruire Hall et l’Omega Defiance, chacun de leur côté.

Aaron Stone saison 2 : impossible de regarder STAN sans s’imaginer les costumes du proviseur de Community.
Stone se trouve alors contraint de lutter contre ces êtres étranges, éparpillés aux quatre coins du globe, tandis que Damaged, un freak aux pouvoirs de télékinésie, fait de même de son côté, essayant quant à lui de recruter les évadés dans son combat contre Hall. On a ainsi une intrigue de fond, assez sympathiquement menée, et très comic-book dans l’âme, qui se déroule en parallèle de la vie quotidienne de Charlie & son frère, rythmée par les updates du jeu vidéo Hero Rising.
Alors certes, l’über-nerd du comic-book store est assez gonflant, avec sa coupe de cheveux playmobil, et le recours systématique aux images du jeu vidéo n’apporte pas grand-chose, mais ça passe encore…
Perte de Santé mentale :
Regardable en s1, mais très dispensable, la série est assez sympa à suivre en s2, son format court, et son budget augmenté assurant un show action/aventure assez sérieux et divertissant, avec une continuité agréable.
Maintenant, c’est aussi ce qui a signé la perte de la série : production indépendante diffusée par Disney (d’où le caméo de Jason Earles, le frangin de Hannah Montana, dans un épisode), le show coûtait clairement trop cher à produire, en regard de son audience limitée (diffusion sur Disney XD - la chaîne pour garçons de Disney - oblige) et de son genre moyennement fédérateur et fidélisateur.
Bref, pas de perte de santé mentale, et un show honorable, sans le moindre shipping, bouclé en 35x20 minutes à peine, avec une fin réussie, pleine d’action et d’énergie, et avec un cliff assez frustrant. Dommage qu'il mette juste un certain temps avant de trouver son équilibre...
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