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LES TÉLÉPHAGES ANONYMES

Il était une fois Lurdo & Sygbab, deux internautes passionnés de séries tv et de cinéma, et qui cherchaient un endroit où archiver leurs avis (semi) éclairés...

Les bilans de Sygbab : Supernatural, saison 4 (2008)

Publié le 5 Avril 2020 par Sygbab dans Action, Aventure, Critiques éclair, Comédie, Drame, Fantastique, Horreur, Les bilans de Sygbab, Review, Télévision, Thriller, USA, Supernatural, CW

Après près de deux ans et demi d'absence sur ce blog, Sygbab revient en force à l'occasion de la conclusion de la série Supernatural : une épopée de 15 saisons qu'il va passer en revue à raison d'un bilan par semaine... Mais parfois, il est un peu plus fainéant, d'où le texte plus concis qui va suivre. On ne lui en voudra pas, pour une fois... ^^

Supernatural, saison 4 (2008) :

De retour des enfers sans vraiment savoir comment, Dean découvre qu'il se trouve désormais au cœur d'un combat épique entre les forces du Ciel et de l'Enfer. D'un côté, les anges, parmi lesquels Castiel (Misha Collins), qui tentent d'empêcher l'Apocalypse et la libération de Lucifer ; face à eux, Lilith (Katherine Boecher/Sierra McCormick) et ses démons, ainsi que Ruby (Genevieve Cortese), qui attisent le doute et le malaise entre les deux frères...

Tout comme pour la saison précédente, les ambitions initiales sont assez élevées puisque l’enjeu n'est ni plus ni moins que de libérer Lucifer. Mais le constat que l'on pouvait faire auparavant et pour lequel le bénéfice du doute lié à la grève pouvait s'appliquer se confirme : les scénaristes ne réussissent jamais à vraiment en tirer profit.

En effet, pendant la majeure partie des 22 épisodes, ils essaient de mettre en place une confrontation entre les deux frères en semant les germes de la discorde, avec Sam dans le rôle du vilain et Dean dans le rôle du héros. Si l'idée peut paraître intéressante sur le papier, le traitement des personnages rend le tout indigeste : le premier cité devient clairement antipathique, et son aîné lasse à se lamenter sur son sort. Ce qu'il a vécu en Enfer a certes de quoi tourmenter une âme, mais il n'était pas nécessaire d'appuyer autant le propos.

Ce manque de rigueur d'écriture se manifeste également en ce qui concerne les anges, qui font leur apparition. Rien d'inattendu dans un univers où les démons sont présents depuis le début, ce n'était qu'une question de temps avant que leurs ennemis jurés débarquent. Les thématiques les concernant ont du potentiel : entre les doutes que Castiel nourrit quant aux ordres de Dieu, son père et chef de guerre et les velléités de rébellion d'Uriel, la confrontation entre les deux auraient pu être passionnante.

Pour cela, il aurait fallu qu'ils soient charismatiques mais c'est un gros ratage sur ce plan car le jeu des deux acteurs est souvent figé, et la gestion de leur pouvoir est assez catastrophique. Quand ils affrontent des démons, leur pouvoir n'est que rarement dévoilé (et si c'est le cas, leur représentation n'est pas des plus heureuses) et cela donne lieu à des combats tout à fait classiques. Leur gloire en prend un sacré coup, la faute à une caractérisation approximative (pour ne pas dire grossière par moments).

Il y a tout de même une certaine forme d'unité, puisque la mythologie est au diapason des éléments précités.

Bancale et parsemée d'incohérences, elle semble entériner l'hypothèse selon laquelle elle a été a été modifié au fur et à mesure, sans véritable plan. Un exemple parmi d'autres : Anna (Julie McNiven) évoque lors de sa première apparition l'existence de pas moins de 600 sceaux, en précisant qu'il suffit d'en briser 66 pour libérer Lucifer.

Or, en fin de saison, on nous explique d'abord que seule Lilith peut briser le "dernier sceau". Déjà, c'est difficile à croire : y a-t-il un compteur cosmique quelque part, qui se bloque à 65 tant qu'elle ne fait rien, même si entretemps 100, voire 200 supplémentaires sont brisés ? Mais c'est encore pire quand le twist révèle que c'est en fait la mort de Lilith qui déclenche tout : que se serait-il passé si elle était morte alors que le compteur était à 5, 10, 15 ou 20 ? Ou alors, la solution est de ne pas du tout essayer de comprendre la logique derrière tout ça, sous peine de se donner mal à la tête.

À la rigueur, cela aurait pu se justifier par le fait que les Winchester ne peuvent pas prédire quel sera le prochain mouvement de leur adversaire : avec autant de sceaux disséminés un peu partout, sans savoir même où ils se trouvent, la tâche est ardue. Sauf que la plupart du temps, il est difficile de les sentir concernés puisqu'ils passent leur temps sur des affaires lambdas, à gauche et à droite, au lieu d'effectuer des recherches afin d'être mieux documentés sur le sujet.

Cette structure qui laisse la part belle aux loners ne permet pas de ressentir une réelle menace, même si ces derniers sont souvent rattachés à l'intrigue principale (et souvent n'importe comment, d'ailleurs). Il y a tout de même quelques fulgurances : les épisodes de Ben Edlund restent une valeur sûre (le 4.08 Wishful Thinking et son Teddy Bear qui se fait exploser la cervelle est hilarant, le 4.05 Monster Movie et son tournage en noir et blanc sur fond d'histoire vampirique est excellent), et certains concepts comme la réalité alternative ont amusants.

C'est assez léger pour rehausser l'intérêt plus que poli qui doit être accordé à cette saison, dont l'orientation peut faire craindre le pire maintenant que le divin est de la partie.

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Retrouvez aussi toutes les autres séries passées en revue sur ce blog en cliquant ici.

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Les bilans de Lurdo : Avenue 5, saison 1 (2020)

Publié le 4 Avril 2020 par Lurdo dans Aventure, Comédie, Critiques éclair, Les bilans de Lurdo, Science-Fiction, Review, Sitcom, Télévision, HBO

Une comédie spatiale crée par Armando Iannucci, de Veep, et avec une distribution de qualité, le tout sur HBO : forcément, un chef d'œuvre instantané, et un show capable de faire la leçon à The Orville sur comment bien mêler comédie, science-fiction et propos social ? En théorie, peut-être... mais dans la pratique, on en est loin.

Avenue 5, saison 1 (2020) :

Lorsqu'un incident technique rallonge leur croisière spatiale de trois ans, les milliers de passagers de l'Avenue 5 paniquent. Face à eux, l'équipage - Ryan Clark (Hugh Laurie), le capitaine, Billie McEvoy (Lenora Crichlow), une ingénieure, Matt Spencer (Zach Woods), responsable des relations clientèle, ou encore Herman Judd (Josh Gad), le milliardaire capricieux possédant le navire, et son bras droit Iris Kimura (Suzy Nakamura), froide et calculatrice. Seul problème : le vaisseau est totalement automatisé, et l'immense majorité de son équipage, capitaine inclus, est composée d'acteurs. Des acteurs qui vont devoir désormais gérer une crise bien réelle...

Avec ses 9 épisodes de 25-30 minutes et le CV de ses créateurs et acteurs, Avenue 5 avait tout pour plaire. Le produit fini, cependant, est assez laborieux et plat, une impression que l'on ressent dès le pilote, et qui ne fait que se confirmer à mesure que la saison avance.

Jamais particulièrement drôle, jamais particulièrement rythmée, jamais particulièrement pertinente dans sa critique sociale ou politique, jamais particulièrement bien structurée, Avenue 5 semble constamment se chercher, n'osant aller frontalement ni dans un Lord of the Flies spatial, ni dans une sitcom futuriste, ni dans une satire noire et semi-dramatique.

Le résultat est un programme hésitant, aux ruptures de ton bancales, et qui souffre - en ce qui me concerne - d'un problème de taille : des personnages délibérément tous antipathiques, que ce soit au niveau des clients - le couple au bord du divorce (Jessica St. Clair et Kyle Bornheimer), tout droit sorti d'une mauvaise sitcom, en passant par un comédien de stand-up (Himesh Patel) qui n'apporte rien à la série, un ex-astronaute en rut (Ethan Phillips), une cliente envahissante (Rebecca Front) et son mari effacé (Andy Buckley), la spécialiste en effets spéciaux, etc, etc, etc - que de l'équipage - Matt le nihiliste et son humour très noir, Judd qui est écrit comme un mini-Trump gueulard...

Des personnages qui agacent, et qui, malheureusement, souffrent quasiment tous du syndrome de la Flanderisation précoce - un syndrome qui, généralement, ne touche les personnages d'une sitcom qu'au fil du temps, aux alentours de la troisième ou quatrième saison, et qui les réduit progressivement à leurs traits de caractère principaux, toujours plus grossis et mis en avant de manière caricaturale (par exemple, Joey dans Friends, qui perd 30 points de QI supplémentaires à chaque saison). Ici, tous les personnages sont déjà réduits à des traits de personnalités caricaturaux, exprimés de manière intempestive et hystérique, et ils sont tous plus bêtes que leurs pieds.

On ne peut donc pas s'attacher au moindre d'entre eux, pas même aux plus "normaux", à savoir Hugh Laurie (par ailleurs excellent), Suzy Nakamura et Lenora Crichlow.

Pourtant, çà et là, on trouve dans Avenue 5 des idées amusantes, ou des répliques qui font mouche. Mais le tout fait tellement du surplace, à l'image du navire, que finalement, on les oublie aussitôt. Les seuls moments où la série semble décoller un peu, c'est quand elle crée un peu de tension et de suspense : la fin de l'épisode 4, par exemple, voit le capitaine effectuer une sortie extravéhiculaire pour réparer quelque chose.

Un cliffhanger de fin d'épisode... malheureusement réglé en trois minutes dans l'épisode suivant, qui retombe dans quelque chose d'assez peu intéressant (notamment centré sur le comédien de stand-up). Idem pour l'épisode suivant, consacré à un bip récurrent qui rend tout le monde fou, et qui semble annoncer une pénurie d'oxygène : de quoi rajouter une dose de stress et des moments amusants... qui retombent rapidement en fin d'épisode, lorsque l'explication de ce bip tombe totalement à plat (notamment pour des raisons de logique : le bip est censé avertir l'équipage de la nécessité urgente de recalibrer les systèmes de survie du vaisseau pour prendre en compte une naissance à bord... mais quand, dans les épisodes précédents ou suivants, les corps des passagers passés de vie à trépas ont été expulsés dans le vide, personne n'a pris la peine de recalibrer le vaisseau un seul instant).

Et c'est ainsi tout au long de la saison, un enchaînement d'idées sous-exploitées et de mollesse globale, une mayonnaise qui ne prend pas vraiment (même si le tout s'améliore un peu à mesure que la saison progresse) et ne s'élève jamais au dessus d'une certaine médiocrité frustrante, surtout en regard des moyens et des talents impliqués.

Assez dommage, je dois dire, d'autant que le tout a du potentiel, dans cette illustration de la bêtise absolue du genre humain, mais les scénaristes semblent encore avancer à l'aveugle, incertains de ce qu'ils veulent faire de leur série. À voir si la suite saura redresser la barre de l'Avenue 5...

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Un film, un jour (ou presque) #1177 : Avengement (2019)

Publié le 3 Avril 2020 par Lurdo dans Action, Cinéma, Critiques éclair, Review, Policier, Thriller, UK, USA

Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine, et des critiques d'une vingtaine de lignes, tout au plus.

Avengement (2019) :

Trahi par son frère Lincoln (Craig Fairbrass) et ses associés et transformé en machine à tuer par un séjour de sept ans dans l'une des prisons les plus dangereuses d'Angleterre, Cain (Scott Adkins) n'a qu'une idée en tête à son évasion : se venger. Et pour arriver à ses fins, il prend en otage tous les sbires de Lincoln, et en attendant l'arrivée de ce dernier, il leur raconte son histoire...

Un thriller façon pègre anglaise, avec des tronches toujours plus particulières, et un Adkins qui, lui aussi, se fait une tête recousue de partout, avec en prime des dents à la Joey Starr. C'est simple, efficace, nerveux, et ça se démarque par un récit déstructuré, en flashbacks savamment distillés tout au long du film, par un Adkins qui est un acteur de plus en plus convaincant, et par un gros affrontement final, joliment sanglant.

À noter aussi un thème musical principal qui évoque beaucoup Chi Mai de Morricone, ce qui est loin d'être désagréable.

Un 4/6 tranquille.

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Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de tous les films passés en revue sur ce blog dans le menu Index de haut de page, ou en cliquant directement sur ce lien (000-1000) et sur celui-ci (1001-2000)...

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Un film, un jour (ou presque) #1176 : À Couteaux Tirés (2019)

Publié le 2 Avril 2020 par Lurdo dans Thriller, Cinéma, Comédie, Critiques éclair, Policier, Review, USA

Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine, et des critiques d'une vingtaine de lignes, tout au plus. ​​

À Couteaux Tirés (2019) :

Lorsque Harlan Thrombey (Christopher Plummer), auteur de romans policiers à succès, est retrouvé la gorge tranchée de sa propre main, tous les occupants de son immense manoir sont soupçonnés par les autorités : Linda (Jamie Lee Curtis), la fille aînée, une businesswoman mariée à Richard (Don Johnson), un bon à rien infidèle ; Walt (Michael Shannon), responsable de la maison d'édition de son père, et son épouse Donna (Riki Lindhome) ; Joni (Toni Collette), belle-fille arnaqueuse ; Ransom (Chris Evans), le fils rebelle du clan ; les plus jeunes, Meg (Katherine Langford), étudiante woke et Jacob (Jaeden Martell), troll alt-right ; la grand-mère sénile (K Callan) ; et Marta (Ana de Armas), l'infirmière privée de Harlan. Rapidement, les mensonges de chacun remontent à la surface, mais une question reste posée : qui a engagé le Détective privé Benoit Blanc (Daniel Craig), qui est là pour trouver le coupable de ce qui n'est apparemment pas un véritable suicide ?

Un long métrage écrit et réalisé par Rian Johnson, déjà à l'œuvre sur Star Wars : The Last Jedi, dont on retrouve ici deux caractéristiques principales : des envies de déconstruction et de subversion d'un genre bien précis, et un propos engagé sous-jacent amené avec la finesse d'un tractopelle.

C'est étrange, car en théorie, ce Knives Out avait tout pour me plaire : une distribution enthousiaste et sympathique (content de voir Ana de Armas avoir enfin un vrai premier rôle), un genre (le murder mystery façon Christie mâtiné de Columbo) que j'affectionne particulièrement, et un scénariste/réalisateur compétent, à défaut de maîtriser totalement ses ambitions.

Et l'accueil critique unanime laissait présager le meilleur. Et puis non, je suis ressorti (je devrais dire "on est ressortis" puisque je ne l'ai pas regardé seul, et que nous avons tous partagé des impressions similaires) un peu déçu.

Un peu déçu par un film qui se croit bien plus malin qu'il ne l'est réellement, par un récit qui souffre de problèmes de rythme (à partir de la lecture du testament/la sous-intrigue de Fran, il y a un joli ventre mou qui laisse amplement le temps au spectateur de devenir comment tout cela va se terminer), par un métrage qui sous-exploite une partie de sa distribution (on aurait pu totalement couper du film les adolescents et Riki Lindhome, ça n'aurait absolument rien changé), par le manque de subtilité de la métaphore sur l'Amérique d'aujourd'hui (littéralement "les immigrants/enfants d'immigrants au grand cœur vont hériter de l'Amérique, pendant que les connards WASP égoïstes qui composent cette dernière se retrouveront à la rue"), et par le vrai manque de charme du produit fini.

Les critiques semblent en pâmoison devant Knives Out, qui est à les en croire un chef d'œuvre de subversion et un script tellement malin et original qu'il a été nommé aux Oscars. Personnellement, j'ai vu là un pastiche gentillet de murder mystery, ayant fâcheusement tendance à exposer les rouages de ce genre à des simples fins de déconstruction et de clins d'œil métadiscursifs (le flic qui se moque ouvertement de la poursuite en voiture, les références pop), et ne les remplaçant malheureusement pas par un récit particulièrement original ou surprenant (même problème que pour son Star Wars en fait : ça déconstruit, mais ça ne reconstruit rien de vraiment intéressant derrière).

J'irais même jusqu'à dire que le tout finit par être assez prévisible, notamment parce que le script a tendance à téléphoner bien souvent ses effets et ses rebondissements (c'est d'autant plus prononcé sur la fin : le couteau, l'appel de l'hôpital...), que ce soit par certaines lignes de dialogues ou plans d'insert incongrus n'ayant d'autre utilité que de préparer le terrain pour le final.

En somme, je suis resté sur ma faim, avec l'impression que le récit aurait pu encore surprendre, avec quelques rebondissements supplémentaires. L'interprétation est globalement compétente (dans le genre un peu outré d'un Cluedo), c'est (sans surprise) plutôt bien filmé, mais je suis resté sur ma faim, et ce n'est pas encore ce métrage qui me réconciliera totalement avec Rian Johnson...

3.5/6

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Un film, un jour (ou presque) #1175 : Joker (2019)

Publié le 1 Avril 2020 par Lurdo dans Cinéma, Comédie, Critiques éclair, DC, Drame, Review, Thriller, USA

Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine, et des critiques d'une vingtaine de lignes, tout au plus. 

Joker (2020) :

Arthur Fleck (Joaquin Phoenix), comique de stand-up raté vivant avec sa mère (Frances Conroy) dans un appartement miteux de Gotham, souffre de nombreux problèmes psychologiques, et notamment d'une tendance à éclater spontanément de rire aux pires moments possibles. Jusqu'au jour où il ne supporte plus d'être une victime perpétuelle, et trouve dans la violence et le crime un moyen de s'extraire de sa condition...

On ne présente plus ce Joker, carton au box-office qui a fait le buzz pour de bonnes et de mauvaises raisons, à sa sortie, film d'un Todd Phillips controversé, fanboy absolu de Martin Scorsese (comme le prouvait son film précédent, War Dogs, qu'un critique américain avait résumé par "Scorsese for bros"), qui voulait à tout prix rendre hommage à son modèle en mettant en chantier un remake de La Valse des Pantins... sans parvenir à intéresser la Warner, trop préoccupée par l'idée de retrouver le succès avec ses films de super-héros, alors en déroute.

Un Todd Phillips roublard, qui n'a jamais caché son mépris pour les films dits "de comic-book" et qui, en accord avec sa star et son producteur (Scorsese lui-même) a alors décidé de feinter, et de faire son remake en lui apposant le titre Joker (et en l'entourant vaguement d'un décorum Batman/Gotham City) : de quoi satisfaire le studio, ravi de redorer là son blason avec un projet économique et artistique, et le réalisateur lui-même, content d'être pseudo-subversif et de faire un "vrai film" dissimulé derrière des apparences de métrage pop-corn creux.

Autant dire que je n'étais pas pressé à l'idée de regarder ce "cheval de Troie" cinématographie, ce métrage tellement hypé par une certaine frange du public et des critiques que cela en venait à être contre-productif et repoussant... et finalement, cette mauvaise blague passe plus ou moins bien.

Alors ça reste clairement une pâle imitation du style de Scorsese, depuis ce New-York Gotham 70-80s crasseux, poisseux et corrompu jusqu'au parcours de Fleck, modelé sur celui de Rupert Pupkin et de Travis Bickle, en passant par la présence de De Niro dans un rôle photocopié sur celui de Jerry Lewis dans La Valse.... Ça reste aussi clairement un film aux prétentions artistiques et poseuses, comme en témoignent de nombreux plans à la symbolique lourde, ou uniquement là pour permettre à Phoenix de faire son numéro d'acteur dansant.

Et effectivement aussi, le toutéliage à l'univers DC semble souvent amené à la truelle, entre la sous-intrigue de la paternité de Wayne Sr, et une énième reconstitution de la mort des parents Wayne, ici indirectement liée au chaos généré par le Joker.

Mais dans l'ensemble, aidé par l'interprétation habitée de Phoenix, le film tient plutôt la route en tant qu'épisode Elseworlds, ces version alternatives des personnages DC Comics, détachées de toute continuité et uniquement là pour permettre aux scénaristes de se lâcher et de réinventer les icônes de la marque.

C'est exactement ce que Phillips a fait ici : réinventer le Joker en en faisant un protagoniste sombre et poisseux d'un film de Scorsese ultra-sérieux, au narrateur peu fiable, le tout sur une musique grinçante assez souvent agaçante.

Est-ce que c'est pour autant un film d'exception méritant tous ces louanges ? Non, franchement pas.

Est-ce que le trait est un peu trop forcé dans le pathétisme et le misérabilisme ? Probablement, oui, avec un Phoenix qui, ponctuellement, tourne un peu à vide en cherchant à rendre son Fleck toujours plus barge.

Est-ce que le tout ressemble un peu trop souvent à du cosplay de Scorsese, une copie studieuse et un peu pataude d'un élève se prosternant aux pieds de son maître ? Tout à fait.

Est-ce que le propos du film sur l'insurrection populaire, la rébellion, les élites pourries et méprisantes, érige (volontairement ou non) le Joker en figure révolutionnaire et anarchique, un modèle à suivre par des hordes de spectateurs ne disposant pas forcément des clés permettant d'analyser le film ? On peut se poser la question et se demander si Phillips, qui aime s'imaginer en pseudo-rebelle d'Hollywood, a bien mesuré l'ampleur de ce qu'il faisait là (ou s'il est resté à la surface de son script).

Mais honnêtement, je m'attendais à pire. Joker reste une relecture intéressante de ce personnage, relecture à la fois ancrée dans son époque, et perpétuellement en recherche de nostalgie. Une relecture un peu hypocrite (puisque tout est du point de vue d'un homme fou et malade, on pourrait éventuellement résumer le tout comme un gros "ce n'était qu'un rêve" rendant la moindre tentative d'analyse du film vaine et inutile) et cynique, pleine de défauts et manquant de subtilité, mais qui aurait pu s'avérer bien pire.

3.5/6

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Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de tous les films passés en revue sur ce blog dans le menu Index de haut de page, ou en cliquant directement sur ce lien (000-1000) et sur celui-ci (1001-2000)...

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