Mini-série documentaire en six épisodes d'une heure, Mr. McMahon est un programme Netflix chapeauté par les producteurs de Tiger King, et qui se veut un portrait sans fard de l'ex-président de la WWE, embarqué dans d'innombrables scandales sexuels et judiciaires...
Mr. McMahon, saison 1 (2024) :
Six épisodes, donc, pour raconter l'ascension et la chute (toute relative - le bonhomme reste milliardaire et intouchable) de Vincent McMahon, le grand manitou du catch sport-spectacle américain, qui au fil des ans a tellement entremêlé sa personnalité réelle à son personnage de patron cruel, manipulateur et sexiste que nul, même pas lui, ne sait plus aujourd'hui où commence l'une et ou s'arrête l'autre.
Depuis son enfance à la dure, mal aimé par son père biologique, jusqu'à ses propres rapports tumultueux avec ses enfants, en passant par son ascension fulgurante à grand coup de débauchage agressif de talent et d'absorption des autres fédérations de catch américaines, le documentaire dresse le portrait d'un homme aux tendances clairement sociopathiques, aux appétits démesurés, et qui, toute sa vie, a tout donné à son travail - la WWE - quitte à briser des vies, à exploiter ses employés et à pousser autrui à la dépendance et au burnout.
Et c'est là que ça commence à coincer, puisque WWE et McMahon sont à ce point indissociables que le documentaire, pendant ses cinq premiers épisodes, opte ni plus ni moins pour une rétrospective de l'histoire de la WWE, de ses origines au mastodonte indéboulonnable actuel.
Les spectateurs connaissant un peu toute cette histoire, ou ayant grandi avec la WWE (et ayant échappé à la lobotomisation et au révisionnisme de la fédération - que Metlzer se fait un plaisir de débunker à plusieurs reprises dans le documentaire), seront en terrain très connu, peut-être même trop.
Difficile, en effet, de ne pas remarquer que presque tous les ex-employés qui témoignent ne se mouillent pas trop, souvent eux-mêmes formatés par des années de machine de guerre et de propagande WWE. Sans oublier que la WWE arrive très bientôt sur Netflix : le documentaire paraît parfois ainsi botter en touche, écrivant une histoire triomphante de la WWE, mais reportant tous les problèmes de la compagnie sur McMahon, ou sur "l'époque qui voulait ça".
Et le tout de donner l'impression de vouloir un peu effacer toutes les aspérités de la WWE, pour préparer le terrain à son arrivée sur la plateforme : oui, il y a eu plein de problèmes dans la fédération au fil des ans, mais maintenant que McMahon est parti, tout va mieux !
Un peu un moyen d'avoir le beurre (les millions de spectateurs de la WWE sur Netflix, sans controverses) et l'argent du beurre (un documentaire sulfureux sur un obsédé sexuel mythomane, menteur et patron indigne) qui ose ponctuellement aborder les sujets qui fâchent (notamment dans le sixième épisode) sans toutefois trop entâcher la réputation de la poule aux œufs d'or qui va bientôt arriver.
On appréciera ou pas. En l'état, c'est carré, professionnel, mais pas forcément plus probant que le documentaire Les neuf vies de Vince McMahon réalisé par Vice en 2022 (qui lui-même recyclait déjà des épisodes de Dark Side of the Ring).
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