Chez les Téléphages Anonymes, de mi-septembre à début novembre, on fête Halloween et l'Oktorrorfest, un marathon quotidien de cinéma fantastique et d'horreur...
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I Saw the TV Glow (2024) :
Depuis ses plus jeunes années, Owen (Justice Smith), un jeune garçon réservé et mal dans sa peau, trouve refuge dans une série télévisée culte pour adolescentes, The Pink Opaque, qui lui a permis de rencontrer Maddy (Brigette Lundy-Paine), une jeune lesbienne livrée à elle-même et maltraitée par son beau-père. Inséparable, le duo s'est immergé dans l'univers étrange de la série, au point de parfois confondre fiction et réalité... et quand Maddy refait surface dans la vie d'Owen après une décennie d'absence, la vie médiocre de ce dernier commence à se fracturer.
J'aurais dû m'en doter. Un film A24 dramatico-horrifique, encensé par tous les critiques américains et dégoulinant de néons et d'éclairages queer... ça ne pouvait être que de l'horreur "transcendée" (ou elevated, comme on aime à le dire outre-atlantique).
Et effectivement, on est en plein dedans. Réalisatrice trans, film qui est (de l'aveu de sa créatrice) une grosse métaphore sur la transexualité, sur le mal-être adolescent, sur le fandom télévisuel en tant qu'échappatoire à une réalité oppressante (en l'occurrence, le film est bourré de références à Buffy, avec en prime un caméo d'Amber Benson, parce que forcément, Tara, icône lesbienne et tout et tout), sur la répression de son moi intérieur, etc, forme très stylisée et arty, propos abscons, bande originale excentrique...
Pas surprenant de voir une telle réception critique, tant le métrage coche toutes les cases de ce qui plait à la critique US (dont une part non négligeable, notamment sur les sites plus jeunes ou de genre, a le même parcours trans mal dans sa peau/fan de Buffy et de pop culture/école de cinéma - il n'y a qu'à voir la couverture médiatique qu'a reçu The People's Joker de la part de nombreux sites généralistes aux USA)... mais j'ai trouvé ça assez agaçant, en fait.
Pas sur un plan visuel (la photographie et la lumière sont maîtrisés, avec une atmosphère vaporeuse, baignée de néons et de brouillard artistique), et les thématiques ne sont pas non plus inintéressantes, mais au niveau du reste : l'interprétation est maniérée, ampoulée, forcée, le rythme est lancinant, la narration est décousue, les personnages peu attachants, le côté méta (Owen s'adresse au spectateur, face caméra, sans raison) est brouillon, la fin botte en touche, et dans l'ensemble, ça n'est pas de l'horreur... si ce n'est de l'horreur existentielle inhérente à l'expérience trans.
Et mon problème, c'est que d'un côté, cette expérience filmique désagréable sur tous les plans est délibérée (et donc, en cela, le film atteint ses objectifs de retranscrire le malaise d'un jeune queer en quête d'évasion et d'identité, paumé, et qui trouve refuge dans le pouvoir hypnotisant du petit écran - ce qui, je suppose, fait du métrage un succès), mais d'un autre côté, c'est particulièrement pénible à regarder, jamais satisfaisant, et jamais suffisamment subtil pour que le message ne paraisse pas maladroit.
Je n'ai pas aimé. Du tout, même. Mais en même temps, je ne suis clairement pas le public visé, et je n'ai jamais eu que peu de patience pour les films A24 et leur réception surestimée, donc bon...
2/6
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Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de tous les films passés en revue dans le cadre de l'Oktorrorfest dans le menu Index de haut de page, ou en cliquant directement sur ce lien...
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