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LES TÉLÉPHAGES ANONYMES

Il était une fois Lurdo & Sygbab, deux internautes passionnés de séries tv et de cinéma, et qui cherchaient un endroit où archiver leurs avis (semi) éclairés...

SEMAINE SÉRIES - Les bilans de Lurdo - Star Wars : The Acolyte, saison 1 (2024)

Publié le 11 Septembre 2024 par Lurdo in Télévision, Action, Aventure, Thriller, Science Fiction, Star Wars, Critiques éclair, Les bilans de Lurdo, Review, USA, Disney, Fantastique

Huit épisodes d'une trentaine/soixantaine de minutes pour une série préquelle se déroulant dans le passé de l'univers Star Wars, à l'époque de la Haute République, et présentée comme une sorte de série d'investigation durant laquelle des Jedi enquêtent sur la mort de l'un d'entre eux aux mains d'un Sith ; mais on va le voir, en réalité, la série parle à peine de cela, et a bien d'autres idées en tête... pour le meilleur et pour le pire.

Star Wars - The Acolyte, saison 1 (2024) :

Lorsque la Jedi Indara (Carrie-Anne Moss) est mystérieusement assassinée, son collègue Sol (Lee Jung-jae) mène l'enquête et découvre rapidement que la responsable (Amandla Stenberg) est liée aux événements s'étant déroulés 16 ans plus tôt sur la planète Brendok, lorsqu'un groupe de Jedi dont Indara et lui faisaient partie a croisé le chemin d'un couvent de sorcières utilisatrices de la Force, et des jeunes jumelles que celles-ci protégeaient... 

Le problème de la franchise Star Wars moderne, c'est soit qu'elle est trop ancrée dans un univers canon indéboulonnable et très nostalgique (principalement chez Filoni), soit qu'elle veut absolument déconstruire le mythe, le passer sous un microscope postmoderne, et défier les attentes pour proposer quelque chose de supposément audacieux et radical (Andor, The Last Jedi).

Le tout en devant composer avec le cahier des charges Disney, qui impose une certaine diversité et représentativité à l'écran et derrière la caméra - pas un mal en soi, quoi qu'en disent les néanderthals du Web... du moins, lorsque c'est bien fait.

Le souci, c'est que dans la majeure partie des cas, tout ce que je viens de citer est laborieux et maladroit, du fanservice avec de gros sabots, de la déconstruction basique et insipide, des récits au rythme brinquebalant, de la mythologie tellement obscure qu'elle ne parle qu'à une poignée de personnes, et de la diversité mécanique qui coche des cases sans rien accomplir de probant.

The Acolyte, c'est un peu tout ça à la fois. Confiée à la scénariste Leslye Headland (Russian Doll), qui a d'ailleurs confié à son épouse l'un des rôles au cœur du récit et a rassemblé pour l'occasion une writer's room principalement composée de femmes et de minorités, The Acolyte semble vouloir raconter l'histoire d'un Ordre Jedi impuissant et désorganisé, sorte de police de l'espace qui commet une bavure en s'en prenant à un pauvre couvent de Wiccanes lesbiennes Sorcières de la Force, doit faire face aux conséquences de ses actes, et finit par étouffer l'affaire.

Une vision postmoderne des Chevaliers Jedi, sorte d'hégémonie religieuse imposant son dogme aux autres utilisateurs de la Force, une organisation figée et aveugle au retour des Siths, bref, une sorte de déconstruction de l'image des Jedis, qui pousse dans ses retranchements ce que George Lucas avait mis en place dans la prélogie... mais le fait sans subtilité aucune.

C'est d'ailleurs le mot d'ordre de la série dans son ensemble : l'absence de subtilité. La série veut présenter un angle non-manichéen, tout en nuances de gris, où les différences de point de vue sont valables et donnent un éclairage différent aux situations (par moment, on pense à Rashomon dans la manière dont "l'incident" est montré au fil de la série), mais ces points de vue sont écrits avec les pieds, les personnages sont tous soit stupides, soit antipathiques, et les réactions de ces personnages n'ont pas grand sens... ou du moins, elles n'ont pas le sens que les scénaristes voudraient qu'elles aient.

Parce qu'au final, plutôt que de s'attacher à tel ou tel personnage, de compatir avec Osha et sa sœur, de s'indigner du comportement des Jedis, de mieux comprendre le côté séduisant du côté obscur opposé à la rigidité monastique des Jedis, de trouver pertinente la métaphore (très actuelle aux USA) des lesbiennes qui veulent devenir mères en ayant recours à la procréation assistée malgré l'hostilité de la société et des autorités, etc... on en vient à se dire que The Acolyte, c'est un groupe de Jedis incompétents et fébriles qui rencontre un couvent de sorcières agressives et manipulatrices, dans un temple qui prend accidentellement feu lorsqu'une gamine mal élevée brûle le livre de sa sœur jumelle (des sœurs qui, une fois adultes, sont de véritables girouettes manipulables). Tout le monde est idiot, et tout le monde mérite ce qui lui arrive.

Des personnages à baffer, donc (mais une diversité appliquée au pied de la lettre : tous les personnages principaux ou secondaires sont issus de minorités, à l'exception de Torbin, le pire Padawan de tous les temps et de figurants sans dialogue - rien de forcément rédhibitoire, mais c'est très artificiel dans sa mise en œuvre), de l'exposition balourde et des platitudes pseudo-spirituelles, un rythme vraiment mou, des costumes et postiches parfois peu probants (Torbin, justement), de la redite (beaucoup d'éléments se contentent de recycler le travail de Lucas et de ses successeurs), une caractérisation à géométrie variable...

Bref, alors que j'étais intrigué par le pilote, j'ai regardé ces huit épisodes avec un agacement croissant, et je ne peux pas dire qu'au final, j'ai accroché à cette production même pas capable de trouver deux fillettes jumelles qui soient identiques... mais tout n'est pas à jeter.

Les combats, notamment, sont très réussis. Ils servent parfois un peu de remplissage, ça se sent, et le montage n'est pas toujours à la hauteur, mais dans l'ensemble, les affrontements sont efficaces, et dans des styles variés. Au niveau effets spéciaux, c'est là aussi plutôt abouti, même si certaines créatures numériques sont au final assez superflues (Bazil, qui lui aussi a droit à son moment WTF quand il sabote sans raison le vaisseau de Sol en pleine bataille).

Et puis, malgré tous les problèmes d'écriture qu'il peut y avoir, Sol reste un personnage attachant, dans le moule de Qui-Gon, et ce grâce à un Lee Jung-jae excellent et toujours juste.

Après, la série se conclut sur une fin ouverte, mais entre son budget exorbitant (spoiler : on ne le voit pas particulièrement à l'écran) et l'accueil hostile du public, était-ce bien la peine de tenter le diable ? Le sort de The Acolyte était quasiment joué d'avance, et l'annulation du programme ne surprend guère...

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