Après le film de 2008, limité dans son ampleur et sa durée, mais relativement fidèle aux livres de Black/DiTerlizzi, place à une série en 8 épisodes de 35-45 minutes, co-production Paramount et Disney pour Disney+ adaptant en théorie ces mêmes ouvrages. Mais, nous allons le voir très vite, quand une série produite par Paramount ne trouve pas sa place sur Paramount+, est refusée par Disney+, et échoue sur Roku Channel, c'est en soi un assez mauvais signe...
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Les Chroniques de Spiderwick, saison 1 (2024) :
L'affrontement de la famille Grace (Joy Bryant, Noah Cottrell, Lyon Daniels, Mychala Lee), fraîchement installée dans le manoir Spiderwick, contre Mulgarath (Christian Slater), un ogre métamorphe qui veut s'emparer du grimoire ancestral de la famille Spiderwick...
On va faire simple et direct : il n'y a que huit épisodes dans ce programme... et il m'aura fallu plus d'un mois pour en venir à bout. Un calvaire.
Et de suite, évacuons le sujet qui en fâche certains : oui, cette version de Spiderwick est dans la droite lignée des tendances actuelles du streaming en matière de diversité et de représentativité, avec une distribution principale afroaméricaine, des personnages secondaires plus divers, quelques mentions du racisme de la société américaine (certaines très maladroites) et une brève intégration de la tradition native-américaine dans l'univers féérique (Mulgarath mentionne qu'on l'a aussi appelé wendigo, et qu'une tribu locale a aidé à le combattre... il y a 150 ans).
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Mais c'est tellement peu important dans l'ensemble que cette mise au goût du jour n'est à aucun moment un réel facteur dans la qualité du programme. Le problème de celui-ci, en réalité, c'est que cette adaptation, chapeautée par Aron Eli Coleite (Heroes, The River, Daybreak, Star Trek Discovery et... Locke & Key), n'a globalement plus rien à voir avec les livres d'origine, une fois sorti du postulat de base.
Je ne saurais même pas par où commencer, en fait : la maison (à l'architecture bien trop excentrique pour être crédible) n'est plus protégée par une barrière magique ; tous les enfants ont été vieillis pour devenir des ados lycéens, avec ce que ça implique de relations, de groupes d'amis, de fêtes, etc ; Jared devient un petit délinquant rebelle souffrant de troubles du comportement ; Mulgarath se fait passer pour le psy de Jared (!), séduit la mère de ce dernier (!), a des problèmes de voisinage (!), et tente de justifier ses actions en se présentant comme un écoterroriste défendant la Terre contre les méchants humains (!) ; Simon tombe amoureux de la "fille" de Mulgarath (!), un être féérique annonciateur de mort imminente qui a pris l'apparence d'une adolescente ; Mallory est en compétition avec une escrimeuse jalouse pour les attentions d'une prof d'escrime aveugle en combinaison BDSM (qui est une demi-naïade) ; Jared se constitue un groupe d'amis neurodivergents patients de l'hôpital psychiatrique local ; la tante Grace, internée, s'échappe et devient vite une vision florale récurrente qui guide les héros ; Thimbletack est un lutin hostile, manipulateur et antipathique : Mulgarath est responsable d'une épidémie de sommeil comateux parmi des dizaines d'habitants de la ville... mais ça ne semble pas affoler grand monde.
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Ah, et puis la série devient rapidement une sorte de quête pour les adolescents, qui doivent retrouver (un peu à la manière des clés dans Locke & Key, qui a largement inspiré cette version de Spiderwick, en particulier dans tous ses défauts, son manque cruel de tension, la bêtise profonde des personnages) les dizaines de pages magiques du grimoire, éparpillées et cachées en ville et dans les environs.
Seulement voilà... même cette quête, pourtant d'apparence simple et directe (il serait facile d'articuler un épisode = une page, par exemple), finit par être un gros bordel à peine cohérent. Toute la série est en effet centrée sur Mulgarath/Christian Slater, qui fait de son mieux pour créer un méchant mémorable, mais autour de lui, tout le dessert.
Les sous-intrigues sont catapultées, les rebondissements expédiés (les ados découvrent la véritable nature du psy avant même la mi-saison), la caractérisation débile (Simon devient l'allié de Mulgarath parce qu'il est amoureux, Jared est un petit con paranoïaque au constant sourire en coin, personne ne réagit jamais de manière logique), l'interprétation est très inégale, bref, la série cahote de l'avant, et plus le temps passe, moins l'écriture parait cohérente et maîtrisée.
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Alors quand une série fantastique tient à ce point le fantastique à bout de bras (on en parle beaucoup, mais on le voit peu, et il n'y a aucun sens de l'émerveillement - tous les personnages acceptent le monde féérique sans broncher, en mode "okay, cool, et alors ?"), brise aussi souvent ses propres règles et semble persuadée que le véritable sujet du programme, c'est "l'acceptation d'autrui et des problèmes psychologiques de chacun au sein d'une unité familiale, qu'elle soit biologique ou recomposée", forcément, ça coince. Surtout quand les errances du scénario rendent tous les personnages plus bêtes que leurs pieds, et que l'interprétation très inégale n'aide pas du tout.
La série se termine en cliffhanger, comme si une suite était prévue... mais pour être très franc, il vaudrait mieux plutôt oublier très vite cette adaptation ratée, in name only, et rester sur le souvenir de l'adaptation cinématographique.
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