Près de deux ans après la fin de la saison précédente de Star Trek Discovery, une saison ronflante et soporifique qui préférait se consacrer aux sentiments et à la vie intérieure de ses personnages plutôt que de raconter quelque chose d'intéressant et de dynamique, voici revenir le programme pour dix ultimes épisodes, présentés comme étant consacrés à une chasse au trésor intergalactique, et délibérément éloignés du ton "emo" et larmoyant (les termes mêmes de la production) de la saison 4... Il va sans dire que je reste dubitatif.
Star Trek Discovery, saison 5 - première partie (2024) :
- 5x01 - Red Directive : Envoyé en mission prioritaire par Kovich (David Cronenberg), l'équipage du Discovery se trouve embarqué dans une course poursuite avec deux voleurs, Moll (Eve Harlow) et L'ak (Elias Toufexis), qui ont récupéré un objet mystérieux de grande valeur dans l'épave d'un vaisseau romulien perdu depuis 800 ans...
Et clairement, ce season premiere a été pensé pour trancher avec le côté émotionnel de la saison précédente, puisqu'on a droit, ici, à une petite heure bourrée d'action improbable et décomplexée. Et vas-y que Burnham fait du surf en combinaison spatiale sur un vaisseau en pleine distorsion, et vas-y que le Disco et un autre vaisseau de Starfleet se plantent dans le sol à la quasi verticale pour protéger une ville d'une avalanche avec leurs boucliers, et vas-y que Burnham et compagnie se lancent dans une poursuite en speederbike dans un désert...
Autant de scènes décérébrées et honnêtement un peu creuses et hors-sujet (avec une Burnham qui lance des one-liners à la pelle) qui ne cachent pas des dialogues bourrés d'exposition maladroite façon "rappelons aux spectateurs les événements de la saison précédente", ni le fait que la saison ressort de ses cartons une intrigue que Next Generation avait à peine effleurée, et qui est éminemment casse-gueule : les Progéniteurs, et l'origine de toute vie humanoïde. Bizarrement, je n'ai pas confiance en Discovery pour traiter un tel sujet de manière subtile...
- 5x02 - Under the Twin Moons : Alors que Saru est sur le point de quitter l'équipage, il accompagne Burnham dans une dernière mission - tenter de trouver le prochain indice dans la course au secret des Progéniteurs, avant que Moll et L'ak ne les prennent de vitesse. Ils arrivent donc sur une planète aux lunes jumelles, défendue par une armée de drones volants...
Après un premier épisode bourrin et gentiment creux, retour aux fondamentaux, avec un épisode assez mollasson et qui ronronne, partagé entre une mission dérivative sur une planète forestière gardée par des drones (coucou l'Arsenal of Freedom), un retour du côté Star Trek Therapy où tout le monde parle à cœur ouvert de ses sentiments, du surjeu de SMG, et toujours un peu trop de toutéliage et de compression de la chronologie et de l'univers, qui font que tout se déroule toujours dans des délais improbablement courts, que tout le monde se connaît (Book qui est de la "famille" de Moll), et que tout finit toujours par se dérouler dans des endroits importants pour tel ou tel personnage (Trill).
Bof. Le Capitaine Rayner (Callum Keith Rennie) est sympa, cela dit. Ce qui n'est pas forcément de très bon augure pour son avenir.
- 5x03 - Jinaal : Le Discovery arrive sur Trill, où Burnham et compagnie découvrent qu'un symbiote de 800 ans possède le prochain indice qui les intéresse, et que sa conscience doit être transférée dans le corps de Culber pour pouvoir communiquer avec lui ; les premiers pas de Rayner en tant que premier officier sont difficiles ; les fiançailles de Saru et T'rina provoquent des remous politiques ; Adira et Gray mettent un terme à leur relation...
Un épisode qui, heureusement, est divisé entre de multiples sous-intrigues (vaguement liées par la notion de connexion émotionnelle et d'empathie, le mot d'ordre de la série, explicité lourdement en voix off en fin d'épisode), ce qui fait qu'on n'a pas trop le temps de s'ennuyer malgré les problèmes d'écriture.
Ma sous-intrigue préférée étant celle de Saru et T'rina, simple, efficace et sobre. Adira/Gray, on s'en fout un peu, je dois dire. Burnham et compagnie nous refont les Mines de Horta quand ils sont confrontés à des monstres volants agressifs (peu plausibles sur Trill) qui protègent en fait leurs petits (Wilson Cruz semble bien s'amuser dans son rôle, cela dit) ; et Rayner se fait sèchement remettre en place par une Tilly totalement déplacée et WTF, parce qu'il n'est pas aussi en contact avec ses émotions qu'elle ne l'est et qu'il est, selon elle, un mauvais officier supérieur (rappelons que Rayner est un ex-Capitaine multidécoré et respecté, et que Tilly... est Tilly).
Et puis il y a ce cliffhanger ultra-médiocre, avec Moll qui s'est "déguisée" (= elle a mis une capuche qui ne cache pas son visage et ses cheveux), est entrée dans les grottes de Trill en pleine cérémonie religieuse et a réussi à déposer un traceur sur Adira... c'est vraiment de l'écriture très médiocre, jamais transcendée par la réalisation.
- 5x04 - Face The Strange : Lorsqu'un chronoptère, insecte saboteur déposé par Moll, bloque le Discovery dans une bulle temporelle, Burnham et Rayner se retrouvent à sauter d'époque en époque, sur le Discovery, uniquement assistés par le Stamets de chaque époque...
Probablement mon épisode préféré de la saison jusqu'à présent, sans que ce soit exceptionnel pour autant : le postulat de départ est assez classique (ST:TNG et Voyager ont déjà utilisé le même), et le tout ressemble un peu beaucoup à un épisode filler qui n'avance pas du tout sur l'intrigue de fond ; ce, en plus de n'être là que pour permettre aux scénaristes de faire la leçon à Rayner, en forçant pour l'occasion les traits de sa caractérisation, et ce afin qu'il finisse par chanter les louanges de Burnham, comme d'habitude dans Discovery.
Après, si l'on ferme les yeux là-dessus et sur le besoin récurrent de la série d'avoir des personnages qui s'autocongratulent et se disent tout le bien qu'ils pensent les uns des autres, c'était assez ludique.
- 5x05 - Mirrors : Burnham et Book retrouvent Moll et L'ak dans une poche interdimensionnelle où se trouve un nouvel indice... à bord de l'ISS Enterprise.
Ouhlà, la bonne sieste de 55 minutes. C'est le problème quand on centre tout l'épisode sur l'histoire de Moll et L'ak, pour faire du couple une sorte de Roméo et Juliette mâtinés de Bonnie & Clyde du pauvre, une sous-intrigue qui combine maquillages assez laids (je suis désolé, mais j'ai de plus en plus l'impression que les spécialistes en maquillages et effets pratiques ne savent plus peindre les masques et les prothèses en latex, qui ressemblent presque systématiquement à du plastique luisant à l'écran), personnages insipides, semi-retcon maladroite (alors c'est à ça que ressemblent les Breens ? C'était bien la peine, tiens), et décors limités (l'intégralité des flashbacks se déroule dans un seul et même hangar).
D'ailleurs, en parlant d'économies budgétaires évidentes, on peut aussi citer le recyclage évident de tous les décors de Strange New Worlds pour l'Enterprise, ou encore le fait qu'il manque toujours certains membres de l'équipage du Discovery, qui plus est kelleyrisés en fin d'épisode de manière assez maladroite.
Et puis n'oublions pas le fanservice, avec cet ISS Enterprise... dont les origines n'ont finalement pas grande incidence sur le récit.
Non, décidément, ce n'était vraiment pas un bon épisode.
(à suivre...)
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