Première saison d'une teen comedy décalée Hulu créée et chapeautée par Evany Rosen, scénariste et actrice comique canadienne, D&JL se veut un programme au croisement de Sliders et de Bill et Ted : une version adolescente et déjantée des aventures interdimensionnelles et du multivers qui sont désormais très à la mode dans la fiction, pour dix épisodes de 25-30 ludiques et assez surprenants.
Davey & Jonesie's Locker, saison 1 (2024) :
Meilleures amies inséparables et à la relation fusionnelle, Davey (Veronika Slowikowska) et Jonesie (Jaelynn Thora Brooks) tentent d'échapper à la dernière situation catastrophique qu'elles ont provoquée dans leur lycée, lorsqu'elles découvrent que leur vestiaire commun est devenu une porte donnant directement sur le multivers, construite par Mr. Schneider (Dan Beirne), leur professeur de sciences et ancien agent interdimensionnel de l'agence MOM. Condamnées à passer d'univers en univers jusqu'à ce que les Schneider de chaque réalité trouvent un moyen de les ramener chez elles, Davey et Jonesie sèment la pagaille dans le multivers, traquées par Cheryl (Emily Piggford), un Delinquent Acquisition Deputy appartenant à la Management Organisation of the Multiverse...
Une bonne surprise, au final, cette version teen show féminin moderne de Sliders/Loki : c'est dynamique, absurde, improbable, ça passe de monde étrange en monde étrange (toujours dans les limites géographiques du lycée) et, par chance, ça n'oublie pas de faire vivre ses personnages et leurs relations, n'ignorant pas de les développer et de les approfondir.
Au cours de la saison, on visite ainsi un univers à l'esthétique très Logan's Run, où Sierra (Erika Swayze), la pimbèche du lycée, règne d'une main de fer sur les autres élèves jusqu'à ce que le duo monte une rébellion ; un univers sans musique où les deux héroïnes organisent (là aussi) une rébellion (mais avec un twist de fin totalement inattendu sur fond de Scatman Jones) ; un univers parodiant les Hunger Games et Mad Max, dans lequel Davey et Jonesie doivent se battre en duel dans une arène (avant de déclencher, oui, encore une rébellion) ; un épisode très réussi qui donne vie au monde imaginaire que les deux filles avaient dans leur enfance (avec un gloumoute bleu en peluche, etc) ; un épisode assez WTF où les oranges sont des êtres vivants doués de télépathie, que Jonesie et Davey vont aider à se rebeller contre l'oppresseur humain ; une grosse parodie décomplexée de Riverdale, qui dégénère en simulation virtuelle opposant un peuple de homards à des hippocampes bipèdes ; un monde où Schneider est un guide spirituel/gourou ; un monde où le lycée est sur une île déserte, et le duo sombre lentement dans la folie ; et un ultime épisode en mode retour à la maison, où toutes les réalités se confondent...
Alors oui, présenté comme ça, ça fait beaucoup de rébellion... mais c'est voulu. Une grosse partie de la série se lit ainsi comme une métaphore de l'adolescence, depuis cette rébellion constante contre les normes, l'autorité et les parents (l'organisation appelée "MOM", qui dépêche des "DAD" pour recadrer les "délinquants juvéniles"), jusqu'au parcours des deux héroïnes, sarcastiques et immatures en début de saison, soudées et motivées à la fin.
Et surtout, le tout ne se prend jamais au sérieux, avec tout un côté méta qui se moque occasionnellement des clichés et des ressorts mêmes du récit (notamment les plages d'exposition et de backstory) : ça permet à la série de rester toujours amusante, toujours dynamique, de faire passer les limites évidentes de son budget, et de trouver un bon équilibre entre premier et second degré.
Une bonne surprise, comme je le disais, attachante et bien interprétée (même si cette interprétation est délibérément exubérante et explosive), qui développe en parallèle une sous-intrigue liant Schneider et Cheryl, et se conclue donc sur un cliffhanger à suivre... dont on verra bien s'il sera un jour résolu.
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