Crazy Bear (Cocaine Bear - 2023) :
Dans les années 80, lorsque des dizaines de kilos de cocaïne tombent de l'avion d'un trafiquant, en vol au dessus d'un parc national américain, personne ne peut se douter qu'une ourse passant par là allait ingérer cette drogue, et se lancer dans un massacre sanglant sur tous les humains (Keri Russell, O'Shea Jackson Jr., Christian Convery, Alden Ehrenreich, Jesse Tyler Ferguson, Brooklynn Prince, Isiah Whitlock Jr., Kristofer Hivju, Hannah Hoekstra, Aaron Holliday, Margo Martindale, Ray Liotta...) présents là pour une raison ou une autre...
En 2006, avant que le monde ne sache vraiment ce qu'était un meme, est sorti en salles Snakes on a Plane, un métrage dont la bande annonce décomplexée avait immédiatement fait le buzz, présentant un Samuel L. Jackson énervé et des serpents à bord d'un avion. La promesse était celle d'un film amusant et décalé, un jeu de massacre pêchu et sans limite, bref, un film ludique et rigolard... mais le résultat était plus proche d'un thriller mollasson et insipide, aux rares fulgurances amusantes, mais globalement assez décevant.
Ici, avec Cocaine Bear, c'est un peu le même schéma. Avec son buzz démultiplié par le Web et les réseaux sociaux (remember Sharknado, une daube infâme devenue "culte" grâce à la magie de l'ironie des internautes), ce film offrait au premier abord une proposition très similaire à celle de Snakes on a Plane : une version déglinguée d'un fait divers assez triste (un petit ours qui découvre 30 kilos de cocaïne dans la forêt, et meurt dans d'atroces souffrances après l'avoir ingérée), avec une ourse énorme cocaïnomane agissant comme un méchant de slasher dans une comédie horrifique décomplexée.
Et le résultat est très similaire à la déception de SoaP. Devant la caméra d'Elizabeth Banks, et sous la plume de Jimmy Warden (co-scénariste de The Babysitter : Killer Queen), ce Crazy Bear tombe lourdement à plat. Pas tant pour les effets numériques très discutables de l'ourse, qui manque fréquemment de poids, ou pour la reconstitution bancale des années 80 (quand Jesse Tyler Ferguson déboule avec sa perruque fauchée, aïe), mais plutôt pour de véritables problèmes d'écriture et de mise en image, dont découlent des soucis de ton, de rythme, et d'efficacité.
C'est bien simple, le film ne semble jamais savoir équilibrer ses différentes orientations : ici, il passe une bonne demi-heure à présenter pléthore de personnages secondaires caricaturaux, souvent insipides, dont une mère et deux préados qui deviennent le noyau émotionnel (théorique) du métrage ; là, il cache son ourse et la laisse faire ses meurtres hors champ, pour mieux en afficher frontalement un ou deux lors de certaines scènes exubérantes, qui semblent sorties d'un autre film, plus assumé ; ailleurs, il fait de la comédie faiblarde, n'ayant jamais le rythme, l'énergie ou la folie pour donner corps à cet univers aux traits très appuyés et à l'interprétation cabotine ; occasionnellement, il donne dans le cartoon, avec une ourse cocainée qui fait des anges avec ses pattes par terre et rampe sur le dos quand elle renifle de la coke ; et puis il s'essaie aussi au thriller/policier décalé, façon frères Coen du pauvre, avec ces trafiquants incapables, ces policiers, et notamment un heel turn totalement inutile et random d'un personnage en cours de route.
Le résultat, c'est un film qui, s'il fonctionne lors de brèves scènes, semble étrangement timide avec son sujet, et n'est globalement ni très drôle, ni très horrifique, ni très captivant ou tendu.
Le film a beau avoir été hypé sur la base de son travail, et avoir fait les gros titres du Web et des réseaux sociaux à sa sortie, il reste un essai non transformé... le troisième successif pour Elizabeth Banks en tant que réalisatrice.
2.25/6
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Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de tous les films passés en revue sur ce blog dans le menu Index de haut de page, ou en cliquant directement sur ce lien (000-1000) et sur celui-ci (1001-2000)...
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