Oktorrorfest touche aussi le petit écran, avec chaque week-end, durant tout le mois d'octobre, des critiques de séries fantastiques et horrifiques...
L'HalloweenDon't Hug Me I'm Scared, saison 1 (2022) :
Trois amis étranges, Yellow Guy, Duck et Red Guy, habitent ensemble et, régulièrement, ils apprennent des leçons de vie données par des objets animés qui s'adressent à eux en chanson...
On ne présente plus DHMIS, série de six courts-métrages de quelques minutes à peine diffusés entre 2011 et 2016 sur YouTube, et qui ont aussitôt fait sensation dans les milieux informés, de par leur mélange malsain et surréaliste d'émissions pour enfants, d'horreur existentielle, de chansons entêtantes et de marionnettes.
DHMIS, c'est à la fois une satire de la télé éducative pour enfants, une critique du monde de la télévision et du divertissement au sens large, une analyse corrosive de la société moderne, du capitalisme et de concepts globaux comme le temps, l'amour, la créativité, ou encore les rêves, au travers d'un prisme totalement british... et maintenant, c'est aussi une série télévisée en six épisodes d'une petite vingtaine de minutes, diffusés sur Channel 4.
Et la grande question, avec ce passage au petit écran, plus professionnel et mieux financé, c'était clairement : est-ce que DHMIS a su conserver l'essence de ce qui faisait tout son charme ?
Soyons très clairs, la réponse est oui. Certes, le nouveau format donne parfois lieux à quelques flottements, et nécessite un petit temps d'acclimatation, mais dès le premier épisode, on retrouve là tout ce qui faisait la "magie" (ou plutôt le malaise) de Don't Hug Me I'm Scared : les trois amis découvrent l'importance d'avoir un "emploi", et ils finissent à l'usine, l'un à un poste de direction, l'autre en tant que manutentionnaire, et le troisième en pleine réorientation professionnelle.
L'occasion pour la série de partir dans une critique du monde du travail, qui broie (littéralement) ses employés robotiques, et engloutit l'être humain jusqu'à le recracher, des décennies plus tard, tout cela pour une maigre pitance (une pièce !). Vient ensuite un épisode un peu plus faible consacré au concept de la mort, du deuil et des souvenirs (même si le cercueil qui se recompose façon Hellraiser fonctionne toujours très bien), suivi d'un summum de glauque et de malaise dans l'épisode consacré à la notion de famille, avec une famille recomposée et des jumeaux maléfiques qui tentent d'attirer nos trois amis en leur sein.
Dans l'épisode 4, on visite le cerveau de Yellow Guy, avec clin d'œil en claymation aux émissions pour enfants tournées devant un public, et incarnation sinistre de l'anxiété qui ronge tout un chacun à un degré ou à un autre. Puis Red Guy en a assez, et dans l'épisode 5, il décide de quitter la maison pour explorer le monde, même s'il n'en a pas le droit : la série revient à sa dimension métadiscursive, qui se confirme dans l'épisode 6, consacré à l'électricité, lorsque Yellow Guy change ses piles, ce qui lui ouvre les yeux sur la réalité de son univers : il a une illumination, il effectue une ascension (il monte à l'étage de la maison, qu'il n'avait jamais remarqué jusqu'à présent), et il rencontre "Dieu", aka Lesley, une humaine excentrique qui compose et écrit tout ce qui se déroule dans la maison.
De quoi conclure sur une note mémorable, pour une première saison qui parvient à gérer les limites de son nouveau format sans se dénaturer, sans édulcorer son côté cauchemardesque et sanglant, et sans perdre son propos absurde et engagé.
DHMIS, c'est bien, et espérons qu'ils auront droit à une saison 2.
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