Généralement, quand une série Netflix voit son nombre d'épisodes coupé en deux en cours de production, c'est mauvais signe : ici, cette nouvelle collaboration entre Melissa McCarthy et son époux Ben Falcone (leurs derniers projets étaient le générique Superintelligence et le mauvais Thunder Force), initialement conçue pour durer 16 épisodes, a été réduite à 8 épisodes de 20-25 minutes en plein tournage.
Et honnêtement, en voyant ces 8 épisodes qui lorgnent fortement sur du Michael Schur mâtiné de Bruce/Evan Tout-puissant et de Good Omens, mais en beaucoup plus bas de plafond et oubliable, ce n'est guère surprenant...
God's Favorite Idiot, saison 1 (2022) :
Employé de bureau discret et réservé, Clark (Ben Falcone) est choisi par Dieu pour devenir son nouveau prophète, au grand dam de ses collègues, et notamment d'Amily (Melissa McCarthy). Mais bien vite, les membres de ce petit groupe disparate deviennent les prophètes de Clark, alors que la destinée divine de ce dernier lui est révélée...
Le problème principal de cette série somme toute regardable, en fait, c'est son ton. Le programme tente d'être un mélange de comédie romantique et de comédie théologique, mais le fait de manière très déséquilibrée : tout semble précipité (une conséquence de la réduction du nombre d'épisodes ?), que ce soit dans la présentation des personnages (Ben Falcone tente d'écrire tous les personnages secondaires comme des personnages de The Office saison 3 ou 4, qui auraient eu plusieurs années pour établir leurs excentricités et trouver leur place), dans l'évolution des événements théologiques, et surtout dans la comédie romantique au cœur de cette saison.
La façon dont le personnage de Melissa McCarthy est ainsi présentée dans la série, en mode rouleau-compresseur, bruyante, épuisante, gueularde, alcoolique, droguée, cabotine, trashy, etc, se marie très mal avec la femme amoureuse et en retrait qu'elle devient rapidement au cours de la saison, effacée devant le personnage de Falcone.
C'est un peu comme si Amily avait été initialement écrite comme un personnage classique et outrancier de Melissa McCarthy, avant d'être repensé en cours de route pour favoriser la romance : ça ne fonctionne pas vraiment, tout est trop simple, trop rapide et trop facile dans l'évolution de cette relation, bref, cette partie conséquente de la série survit à peine grâce à la tendresse dont Falcone et McCarthy font naturellement preuve l'un envers l'autre.
À côté, le côté théologique est un peu brouillon, très judéo-chrétien malgré ses désirs d'universalité, et mélangeant allègrement les noms et les rôles, pour un tout pas désagréable (Leslie Bibb fait un Satan plutôt amusant, idem pour Yanic Truesdale en archange) mais qui tourne fréquemment à vide (les Cavaliers de l'Apocalypse sont peu inspirés et ne servent à rien).
Bref. Dans l'ensemble, huit épisodes qui ne convainquent jamais vraiment, ressemblant un peu trop à un script de film inabouti, transformé en cours de route en série télévisée approximative aux digressions pas toujours très intéressantes ou inspirées (quand toute l'intrigue secondaire d'un épisode tourne autour d'une bougie parfumée qui pue, et qui s'appelle "Génitale", ça donne le niveau général de l'humour, qui a une franche tendance à taper en dessous de la ceinture).
Sans compter le fait que le titre de la série est hors-sujet (Clark est loin d'être idiot), et qu'il manque clairement un dernier acte, qui arrivera peut-être dans la suite de la série... si suite il y a.
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