Treize à la douzaine (Cheaper by the Dozen - 2022) :
Paul (Zach Braff) et Zoey (Gabrielle Union) Baker forment un couple mixte à la famille nombreuse, composée de leurs enfants biologiques (communs ou issus d'unions précédentes), d'un enfant adopté et d'un neveu à la réputation sulfureuse. Tout ce petit monde vit en quasi-parfaite harmonie, entouré de Kate (Erika Christensen), la mère excentrique de certains des enfants de Paul, et de Dom (Timon Kyle Durrett), superstar de football américain et père de certains des enfants de Zoey. Jusqu'à ce qu'un investisseur décide de financer le projet culinaire de Paul et Zoey : voilà que le couple et toute sa petite troupe partent s'installer dans une banlieue cossue, au grand dam de leurs nouveaux voisins...
Deuxième adaptation du roman de 1948 (après une première version, par la Fox, en 2003, qui mettait en vedette Steve Martin, et ne m'a laissé absolument aucun souvenir - ce qui, à en juger par les critiques de l'époque, n'est guère surprenant), cette version de Treize à la douzaine a été conçue par Kenya Barris, scénariste afro-américain (Shaft, de Sacrées sorcières, d'Un prince à New-York 2, de la série Black-ish et de ses spin-offs et assimilés...) un peu devenu le scénariste noir par défaut aux USA, auquel on fait appel pour apporter une touche black authentique™ à certains projets.
Et c'est donc sans surprise que l'on retrouve ses thématiques habituelles de manière très prononcée dans ce métrage qui, soyons francs, tient plus du téléfilm Disney que de la sortie cinéma : on retombe sur les mêmes ficelles opposant un quartier de caucasiens aisés à une famille afro-américaine nombreuse et bruyante, les préjugés, le malaise, l'humiliation raciale, bref, tout le laïus habituel de Barris sur l'expérience noire américaine, culminant en un discours assez cringe fait par Dom à Paul, dans lequel il explique à ce dernier qu'il a beau avoir épousé une femme noire et élevé des enfants noirs et métissés, jamais il ne comprendra l'oppression, la souffrance et l'humiliation constante subies par le peuple noir aux USA tout au long de l'histoire, bla bla bla...
Un discours ultra-premier degré fait par un footballeur américain richissime et athlétique à un cuisinier fauché, maigrichon et juif, et qui voit forcément ce dernier s'écraser devant le poids de l'expérience vécue noire... on pourrait aussi citer toutes les microagressions mises en scène au long du film, et auxquelles le personnage de Gabrielle Union fait systématiquement face avec du sarcasme quasi-agressif, qui ne la rend pas très attachante en soi (on peut comprendre ses réactions, mais l'écriture est un peu trop brute de décoffrage - même si encore une fois, tous les blancs du film finissent par s'excuser platement et respectueusement).
Même en mettant toute la composante raciale de côté, cela dit, il reste de vrais problèmes de structure, d'écriture et de production du métrage : narration fainéante en voix-off pour présenter tout le monde, utilisation de morceaux de r'n'b et de rap pour surligner de nombreux gags et autres scènes, interprétation assez inégale des nombreux enfants, rendu à l'écran très télévisuel (pour ne pas dire sitcom), et rythme en dents de scie...
Bref, le film ne convainc pas particulièrement, et ressemble vraiment beaucoup trop à une suite/reboot de la franchise produite directement pour la vidéo. Ça occupera peut-être les plus jeunes pendant une centaine de minutes, à la limite...
2.25/6
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Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de tous les films passés en revue sur ce blog dans le menu Index de haut de page, ou en cliquant directement sur ce lien (000-1000) et sur celui-ci (1001-2000)...
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