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LES TÉLÉPHAGES ANONYMES

Il était une fois Lurdo & Sygbab, deux internautes passionnés de séries tv et de cinéma, et qui cherchaient un endroit où archiver leurs avis (semi) éclairés...

Les bilans de Lurdo : QUINZAINE SAINT VALENTIN - Schmigadoon! - saison 1 (2021)

Publié le 13 Février 2022 par Lurdo in Review, Critiques éclair, Comédie, Télévision, Fantastique, Romance, USA, Les bilans de Lurdo, Musique, Sitcom, Apple, St Valentin

Un pastiche semi-parodique des comédies musicales de l'âge d'or d'Hollywood, avec deux acteurs principaux talentueux et attachants, produit par Lorne Michaels du SNL, réalisé par Barry Sonnenfeld, et possédant une distribution remarquable, ainsi qu'un budget très confortable (Apple TV oblige) pour ses six épisodes d'une trentaine de minutes... ça ne peut être que sympathique et divertissant, non ?

Schmigadoon, saison 1 (2021) :

Pour tenter de se ressourcer et parce que leur couple commence à battre de l'aile, Josh (Keegan-Michael Key) et sa petite-ami Melissa (Cecily Strong), deux médecins new-yorkais, partent en randonnée dans la nature... mais ils se perdent rapidement, et découvrent la bourgade de Schmigadoon, un village magique où tout le monde se comporte comme dans une comédie musicale vieillotte. Seul moyen de quitter Schmigadoon : trouver le grand amour.

Et effectivement, dès le générique d'ouverture à l'ancienne, on comprend le projet de Schmigadoon : à la fois une parodie et un hommage au genre de la comédie musicale et de ses clichés, directement inspirée de Brigadoon, et avec une distribution talentueuse emplie de visages familiers (Alan Cumming, Fred Armisen, Dove Cameron, Kristin Chenoweth, Jane Krakowski, Martin Short...), pour le meilleur et pour le pire.

C'est peut-être là que ça coince un peu : entre son ton très sarcastique et moqueur (les autres séries de Lorne Michaels, comme 30 Rock, ne sont pas loin), ses comédiens cabotins, ses décors volontairement très studio, et son humour inégal (le mode de vie suranné de la bourgade, pourtant totalement intégrée et diverse, 2021 oblige ; le maire de la ville, gay refoulé, s'appelle Menlove, par exemple), le tout ressemble souvent à un sketch XXL du Saturday Night Live.

Ce qui n'est pas forcément rédhibitoire, d'autant que le rendu visuel est très fidèle aux œuvres copiées par la série, et que toute la distribution se donne à fond dans le programme et dans les numéros musicaux. De quoi satisfaire les fans du genre, qui passeront le plus clair de ces six épisodes à pointer du doigt telle ou telle référence visuelle, musicale ou scénaristique.

Les autres, cependant, auront peut-être plus de mal avec un script et une caractérisation plutôt compressés : fréquemment, durant le programme, on se dit que la série devait être initialement plus longue, et que la COVID a dû passer par là, tant les réactions des personnages sont artificielles, forcées par la narration (et pas dans un sens "c'est comme ça aussi dans les comédies musicales, c'est voulu").

C'est principalement dommageable pour le couple principal, dont le parcours ultra-compressé finit par sonner creux et factive : durant les multiples flashbacks et tout au long de la série, Josh est présenté comme un personnage grincheux, ne voulant pas s'engager et ne faisant pas le moindre effort dans sa relation (il refuse tout ce qu'on lui propose, ce qui, au passage, sous-exploite franchement Keegan-Michael Key).

Donc forcément, quand arrive l'épisode final de la saison, et que c'est Melissa qui lui fait des excuses larmoyantes, lui expliquant qu'elle  a réalisé qu'elle était trop exigeante, qu'elle va arrêter de tenter de le faire changer, et tout, on se demande bien d'où ça sort, et on ressent un certain malaise.

Il y a un certain gouffre entre ce que la série nous dit de ses personnages, et ce qu'elle nous en montre, et le résultat, c'est une certaine dissonance entre les intentions de Schmigadoon, et la réalité du programme.

Voilà ce qui fait de Schmigadoon un divertissement estival agréable (la série a été diffusée l'été dernier), mais finalement très oubliable et superficiel : tout le monde semble s'amuser, certains numéros sont impressionnants (Chenoweth, notamment, a droit à une chanson de 5 minutes tournée en un seul plan séquence), mais l'écriture reste trop limitée pour vraiment fonctionner (surtout dans un contexte de COVID), et la dynamique globale sonne faux, peut-être plus faux encore que celle des comédies musicales dont la série s'inspire.

Dommage, car avec deux épisodes en plus, et un peu plus de profondeur, ça aurait pu donner un pastiche mémorable.

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