Chez les Téléphages Anonymes, de fin septembre à début novembre, on fête Halloween et l'Oktorrorfest, un marathon quotidien de cinéma fantastique et d'horreur...
Candyman (2021) :
Victime de leur terrible réputation, le quartier de Cabrini-Green et ses HLM, à Chicago, ont été rasés et gentrifiés, accueillant désormais artistes et bobos en tous genres en lieu et place de familles afro-américaines défavorisées. Peintre en panne d'inspiration, Anthony (Yahya Abdul-Mateen II) entend alors parler de la légende urbaine du Candyman, symbole vengeur de l'oppression blanche sur le peuple noir, qui aurait traumatisé le quartier des décennies plus tôt : revigoré, l'artiste reprend alors son travail, alors même que son corps se transforme progressivement, et qu'autour de lui, des meurtres sanglants se produisent...
Ouhlà que j'avais peur, avant de lancer ce film : encore une production Jordan Peele (incapable de faire un film ou une série sans la transformer en plaidoyer militant, pataud et maladroit de justice sociale) et encore un remake d'un film semi-culte (je ne suis pas le plus grand fan de l'original, qui avait cependant pour lui une bande originale de Philip Glass et un Tony Todd impérial), bref, de quoi être méfiant, et s'attendre à un métrage balourd insistant lourdement sur l'opposition blanc/noir, sur les différences de classe, sur la violence et le racisme, les préjugés, etc.
Et c'est effectivement un peu le cas, entre cette description de la violence policière ambiante, ces dialogues maladroits et didactiques, une certaine prétention artistique de ces personnages (la critique caucasienne qui ne s'intéresse à l'art afro-américain qu'à partir du moment où il est imprégné de souffrance et de douleur, c'est du discours vis à vis des critiques du niveau de Shyamalan dans la Jeune fille de l'eau *soupir*) et cette réécriture du mythe du Candyman, pour lui donner de multiples visages, et en faire l'incarnation de l'âme noire opprimée, de la violence aveugle générée par le racisme systémique et sociétal américain, blablabla.
Mais les problèmes de race sont, pour une fois, logiques et pertinents, car présents depuis le début de la franchise ; certes, ils sont toujours traités maladroitement, comme souvent dans les films produits par Peele, mais ils font sens, et permettent de ramener le mythe du Candyman à la vie de manière plus ou moins intéressante.
Et puis j'avoue, avec 90 minutes au compteur, pas le temps de trop s'ennuyer avec ce film, qui se permet quelques jolis interludes en ombres chinoises/marionnettes, et se lie directement (bien qu'à nouveau assez maladroitement) au film de 1992.
Assez agréablement surpris, en somme, sans être totalement convaincu.
C'est bien interprété (Yahya Abdul-Mateen II est un peu sous-exploité, cela dit... comme la majorité de la distribution, en fait), l'ambiance est plutôt pesante et efficace, la réalisation travaillée (beaucoup de jeux de miroirs) et les quelques meurtres sanglants (même si l'on sent que faire un slasher de base n'intéressait clairement pas la production), mais l'écriture bancale sacrifie la peur et la tension au propos social, et tire un peu le tout vers le bas, en produisant in fine un film probablement trop ambitieux et pas assez maîtrisé pour son propre bien.
Mais je m'attendais à bien pire.
3.75/6
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Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de tous les films passés en revue dans le cadre de l'Oktorrorfest dans le menu Index de haut de page, ou en cliquant directement sur ce lien...
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